Tip:
Highlight text to annotate it
X
Par les Pages de nos Opéras Favoris
Camarades, veuillez regarder cette représentation télévisée de l'opéra d'Edouard Frantzevitch Napravnik, "Doubrovski."
Dans la collection "Par les Pages de nos Opéras Favoris."
Livret de Modeste Tchaïkovski, d'après le roman de Pouchkine.
Personnages et interprètes :
Andreï Doubrovski - Artiste émérite de la République Guiorgui Doudarev
Vladimir, son fils - Artiste émérite d'Union Soviétique Sergueï Yakovlévitch Lemeshev
Kirill Pétrovich Troékourov - Artiste émérite d'Union Soviétique Alexeï Pétrovitch Ivanov
Macha, sa fille - Véra Kudriavtseva
Prince Veréïski - Pavel Mokéïev
Chef de la Police du District - Mikhail Turemnih
Assesseur - Vladimir Popov
Desforges, Français - Artiste émérite de la République Nikolaï Timchenko
Chabachkine, clerc - Roman Krasnoïourchenko
Yégorovna, nourrice - Anna Vassilieva
Arkhip, serf de Doubrovski - Evguenï Kornéïev
Grichka, serf de Doubrovski - Ivan Zorine
Anton, serf de Doubrovski - Léonid Boldine
Tania, servante de Macha Troékurova - Ruslana Oreshkina
Choeur et orchestre du Théâtre Académique Musical de Moscou Stanislavski - Nemirovitch-Dantchenko
Direction d'Orchestre - Piotr Slavinski
Chef de Choeur - Artiste émérite des Arts Alexandre Stepanov
Réalisateur - Vitali Golovine
Painter - Vladimir Vakhroméïev
Premier violon - Eugenia Koritova
Maître de Ballet - Ludmila Youdina
"Moi, ta vieille nourrice, prends la liberté de t'informer de la santé de ton papa.
Il est très mal. Reviens-nous, mon petit faucon.
Il paraît que la justice va faire de nous la propriété de Troékourov.
Je reste ta fidèle servante, Arina Yégorovna Bouziryova."
"...de la santé de ton papa."
"Il est très mal."
"...la propriété de Troékourov."
"...nourrice Bouziryova."
Vladimir Doubrovski lut plusieurs fois avec agitation ces lignes assez inintelligibles.
L'idée de perdre son père lui causait une profonde douleur.
Le soir même, il entreprit les démarches nécessaires pour obtenir une permission,
et trois jours plus ***, il était déjà en route.
Du relais de poste à Kistiénovka, le vieux cocher Anton le conduisit par des chemins de traverse,
et ils lièrent conversation.
"Dis-moi, je te prie, Anton,
quelle affaire mon père a-t-il avec Troékourov ?"
"Dieu seul le sait, mon petit père Vladimir Andreïevitch ;
On dit que notre maître a eu une dispute avec Kirill Pétrovitch,
et celui-ci l'a cité en justice,
bien qu'il se fasse souvent justice lui-même."
"Ce Kirill Pétrovitch fait donc chez vous tout ce qu'il veut, il me semble."
"En effet, maître."
Une dizaine de minutes plus ***, la calèche entrait dans la cour du domaine.
(Andreï Doubrovski) Alors je ne rêve pas !
Dieu m'a permis
de te revoir encore une fois !
Mon fils.
Volodia...
Mon cher...
Oui...
Oui, je suis bien vieux,
Et des larmes de joie coulent de mes yeux,
je n’espérais plus
te revoir...
(Yégorovna) Notre maître est exténué.
Andreï Gavrilovitch, vous
feriez mieux de vous mettre au lit !
Vous semblez si malade ! Et si vous vous trouviez mal ?
Non ! Non !
Je ne peux pas me coucher maintenant...
J'ai tant de choses à lui dire...
Laisse-nous,
ne nous dérange pas...
Va...
Sache
que ce n'est pas la maladie qui m'a fait tort,
mon fils,
ni la vieillesse,
Ni le poids des ans...
Ce qui détruit mon esprit et mon corps,
Ce sont la méchanceté et l'hostilité des gens.
Vladimir,
on a insulté ton père !
Vous ?!
Qui a osé vous insulter ?!
Donnez-moi son nom,
afin que je vous venge !
Oui,
j'ai été offensé par l'un de mes amis les plus proches,
parce que je ne courbe pas la tête
pour me soumettre à des ordres tyranniques.
Qui vous a offensé ?
Troékourov!
Kirill Pétrovitch?
Oui !
C'est bien lui.
Je n'en crois pas mes oreilles.
Qui aurait pu croire que notre amitié
s'achèverait aussi vite !
Nous rêvions tous deux
que Macha et toi
seriez unis par le mariage...
Ainsi, toujours amis dans nos vieux jours,
l'automne de notre vie
en matin de printemps
se serait transformé,
Et la tranquillité et l'amour
auraient vu nos solides liens sans cesse
renouvelés.
Mais alors,
un jour,
le maître de son chenil m'a offensé par une plaisanterie de mauvais goût.
J'ai pensé que, comme autrefois,
il aurait puni son serf,
qu'il ne m'aurait pas laissé insulter,
car nous sommes égaux de rang et de statut.
Je ne suis pas un bouffon,
je suis un homme noble !
Mais au lieu de cela, entouré de sa cour
d'esclaves soumis et d'amis serviles,
il a osé se moquer de moi,
et à propos de quoi ?
De ma pauvreté...
Je ne laisserai personne rire de moi !
Je ne laisserai personne se jouer de mon honneur
et je ne me laisserai pas enlever les droits qui me sont dûs !
Et Troékourov,
avide de vengeance,
a tout mis en œuvre-
qui l'aurait cru !—
pour me priver
de ce que Dieu m'a donné, par héritage de ma famille.
Une bande de juges corrompus
a rendu son verdict :
me retirer mes paysans,
mon domaine,
et me priver de mes droits héréditaires.
Je suis épuisé
et je n'ai plus la force
de lutter avec eux ;
Et à présent, comme un faible,
comme un animal aux abois,
je suis sans défense, à l'approche de la mort...
Mon fils !
Mon fils, je te charge
de me venger de nos ennemis.
Je te charge de rétablir
mon honneur bafoué, insulté !
Punis la violence et la méchanceté,
trouve le meilleur moyen d'obtenir vengeance,
fais que je puisse en paix
descendre dans ma tombe,
et, vengé,
enfin reposer.
Père, je te le promets, - Mon fils, je te charge
Je prendrai revanche de tes ennemis. - de me venger de mes ennemis.
De tout mon cœur, je souhaite rétablir - Je te charge de rétablir
ton honneur bafoué ! - mon honneur bafoué !
Punir la violence et la méchanceté, - Punir la violence et la méchanceté,
trouver la meilleure vengeance, - trouver la meilleure vengeance,
et te laisser descendre en paix dans la tombe - qu'en paix, je descende dans la tombe
- et, vengé, - et, vengé,
en paix - en paix
reposer. - reposer.
Je t'ai tout dit...
Maintenant je suis si las,
mon cher...
C'est l'heure du repos.
Et toi, va...
honorer les restes [i.e. visiter la tombe] de ta défunte mère...
J'irais volontiers avec toi,
mais, tu le vois,
je n'ai pas la force...
Oh, mon fils!
Alors, tu ne les laisseras pas insulter ma tête chenue,
n'est-ce pas ?
Tu ne les laisseras pas ?
Oh, Père!
A partir de maintenant, mon seul souci, ma seule pensée sera :
te protéger,
et te donner la joie et la paix !
Promets-tu ?
(Arkhip) Yégorovna!
Où es-tu ?
Yégorovna!
Qu'y a-t-il ?
Regarde, voilà le Général qui vient...
On dirait bien... Oui ! C'est lui !
Peut-être qu'il ne fait que passer...
Non, il vient probablement chez nous.
Et notre maître se repose !
Comment puis-je le déranger ?
(Gricha) Arkhip! Troékourov est là...
Arrête de crier !
Nous savons déjà, nous savons...
Vois, le maître dort...
Seigneur...
Père ! Réveille-toi !
Un invité inattendu est arrivé pour toi.
Qui ? Qui ?
Oh, maître, je ne sais comment te dire...
Le Tribunal, ou quoi ?
Parle vite...
Non, Père...
(Troékourov) Andreï, salut !
Eh bien, ne te fâche pas !
Ce n'est pas en ennemi,
mais en ami que je suis venu te voir...
Ecoute,
notre querelle est résolue :
Le Tribunal m'a rendu maître de Kistényovka [i.e. la propriété de Doubrovski].
O, Seigneur, sauve nous et prends pitié!
Par la loi, tout ce qui est ici m'appartient !
O, Seigneur, sauve nous et prends pitié!
Tu vois,
vieillard,
je disais la vérité :
je suis tout-puissant ici,
et toi,
tu ferais mieux de ne pas être en désaccord avec moi...
J'ai gagné.
Mais mon courroux est satisfait,
et je ne veux pas profiter du droit que m'a donné le Tribunal.
Je t'ai donné une leçon,
et je ne veux plus te causer d'autre mal.
Je suis venu dans l'intention
de te rendre tout ce qui est tien.
Je renonce à tes biens,
entends-tu ?
Je le répète à haute voix, devant tous,
je te rends tout ce qui t'appartient...
Pourquoi restes-tu muet ?
Ou es-tu devenu sourd
et ne m'entends-tu pas ?
Ou devrais-je te demander pardon ?
Très bien...
J'avais tort...
Pardonne-moi, Andreï.
Soyons amis de nouveau, comme autrefois !
Non,
non !
Jamais !
Tu prends donc les choses ainsi, Andreï !
Ta punition n'a pas été suffisante, apparemment...
Je te chasserai d'ici,
et tu reviendras vers moi en suppliant,
à genoux...
Va-t-en !
Va-t-en,
hors d'ici !
Il s'est évanoui !
Père !
Andreï Gavrilovitch!
Aie pitié de nous, pécheurs,
O Seigneur!
Amis,
allons-nous le laisser insulter notre maître ?
En avant !
Attaquons...
Mettons-le dehors !
Arrière !
Avez-vous oublié...
que vous êtes mes serfs à présent ?
Très bien !
Je m'en vais,
mais attendez que je vous châtie demain !
Hors de mon chemin !
Que s'est-il passé ici, vous tous ?
(Gricha, Anton, Arkhip) Troékourov est venu,
et a eu une dispute avec notre maître...
Le Tribunal lui a accordé, écoute bien,
Kistényovka et nous, vos gens...
Et mon père ?
Ton père était enflammé de colère,
et ses forces l'ont trahi.
Maître, ton père se meurt...
Dieu de Justice,
donne-moi du courage !
Mon père,
Andreï Gavrilovitch,
selon la volonté de Dieu,
n'est plus.
Priez pour lui !
L'enterrement eut lieu trois jours plus ***.
La visite de Troékourov et l'accueil qu'on lui avait fait
étaient déjà connus de tout le voisinage,
et les politiciens locaux prédisaient qu'il en résulterait de lourdes conséquences.
Ce qui doit être sera.
Mais ce serait bien triste que Vladimir Andréïévitch ne devienne pas notre maître.
C'est un brave jeune homme, personne ne dirait le contraire.
Et qui sera donc notre maître, si ce n'est pas lui ?
Kirill Pétrovitch n'aurait pas dû être si colérique.
Kiril Petrovich est bien trop arrogant.
Vanité, vanité !
L'office des morts sera aussi, un jour, chanté pour Kirill Pétrovitch,
comme aujourd'hui pour Andreï Gavrilovitch;
l'enterrement sera peut-être plus imposant,
plus de gens y seront invités ;
Mais ne sommes-nous pas tous égaux aux yeux de Dieu ?
(Assesseur) Pourquoi criez-vous ainsi ?
Quels imbéciles !
Vous avez l'ordre de vous disperser !
(Chabachkine) Vous feriez mieux de leur répéter le décret, pour les mettre en garde...
Bien,
je vais le faire...
Hé, vous, écoutez ceci !
Ecoutez, je vous répète
ce que je vous ai déjà dit.
"Par la décision de la cour de justice du district,
Kistényovka ainsi que sa population
appartiennent à présent
au Général en Chef
Kirill Pétrovitch Troékourov!"
Entendez-vous ?
Et celui qui le représente ici,
c'est monsieur Chabachkine!
Celui qui le représente ici, c'est monsieur Chabachkine !
Compris ?
Obéissez-lui en tout
ce qu'il ordonnera...
Et surtout, vous, les femmes,
aimez-le et honorez-le,
parce qu'il a pour vous
beaucoup d'intérêt !
Quel bouffon !
Ha, ha, ha!
C'est vrai...
Il a pour vous
beaucoup d'intérêt...
Oh, oui !
"Tombe amoureuse de moi, Katioucha,
Impie ! Homme damné ! - (Chabachkine) Je t'offrirai une bague !
Nous vivrons ensemble en parfaite harmonie
Libertin ! Et ivrogne ! - (Chabachkine) toute la nuit, et tout le jour aussi !
(Chabachkine) Tombe amoureuse de moi, Katioucha—"
Sans Dieu !
Homme damné !
Libertins
Et ivrognes ! - Libertins!
Et ivrognes !
Libertins!
Damnés !
Impies !
Qui a osé ouvrir la bouche ?
Silence !
Comment osez-vous !
C'est une révolte !
C'est une révolte !
Sans Dieu !
Damné !
Libertins !
Sans vergogne !
Attrapez-le !
Frappez, frappez-le !
Avançons hardiment !
Entourons-les !
Frappons !
Frappons !
Frappons !
(Vladimir) Insensés !
Reprenez vos esprits !
Arrêtez !
Arrêtez,
mes amis,
que faites-vous ?
Livrez-les nous, ici et maintenant !
Insensés,
reculez !
Ou bien sur moi aussi,
vous pourriez lever la main ?
Non, maître,
pour toi
nous serions heureux de mourir.
Donne l'ordre,
nous passerons à travers le feu ou l'eau,
nous subirons tous les tourments !
Alors écoutez...
Rentrez chez vous.
Vous vous perdez,
moi aussi,
et toutes nos affaires !
Croyez-moi, je
ne les laisserai pas vous offenser...
Le temps de la punition
n'est pas encore venu !
Bien, rentrons chez nous,
amis...
Si ce sont là tes ordres...
nous rentrons...
Rentrez chez vous
pacifiquement et tranquillement !
Adieu,
notre bienfaiteur,
adieu,
adieu,
que Dieu te bénisse !
Ainsi, tout est fini...
Le Destin inexorable
m'a condamné à être un orphelin...
Hier encore, j'avais du pain et le toit qui m'a vu naître,
et demain, je connaîtrai la pauvreté !
Je devrai vous quitter,
tombes sacrées,
ma maison, et souvenirs de mon enfance.
Je partirai, sans foyer,
triste,
sur les chemins de la privation et du malheur !
Voilà tout ce qu'il me reste !
Maman !
Maman !
O, donne-moi l'oubli, ma chère,
réchauffe-moi contre ton cœur
et, flottant dans les rêves de mon enfance,
rends-moi mon bonheur d'autrefois !
Une terrible souffrance me tourmente...
Regarde, comme l'on me fait du mal !
Toi, me berçant de nouveau,
par tes tendres caresses apaise mon tourment !
Que s'élève, comme un ange bienfaiteur,
ton sublime, céleste
amour,
et, réchauffant mon cœur,
le choyant,
que je m'éveille
de nouveau près de toi !
Oh, permets-moi, ma chère,
de trouver l'oubli !
Oh, laisse-moi...
...le trouver !
(Chabachkine) Bois...
Bois, je te dis...
Hé, toi là !
Danse !
(Chabachkine, Assesseur et Clercs) "Ah, mon porche tout neuf,
mon porche tout neuf,
un porche tout neuf,
avec un érable et un treillis !
Je ne passerai pas sous ce porche,
je ne le passerai pas avec ma bien-aimée !"
Ils recommencent !
Et c'est là même,
où mon père est mort,
où ma mère a vécu,
où tout m'évoque sa mémoire !
Non !
Non !
Je dois mettre un terme à cela !
Être patient et attendre,
cela m'est impossible !
"Une jeune fille est venue
par les portes de chêne,
les portes de chêne,
de l'entrée au treillis !"
Qu'ils soient maudits !
Pourquoi ai-je empêché mes gens, tout à l'heure,
de les mettre tous en pièces ?
Quoi ?
Ils souillent
mon sanctuaire ?
Non,
oh non !
C'est assez d'humilité, à présent !
Si je les faisais périr dans le feu, tous ?
Non, non !
Je suis fou !
Partez...
Partez, pensées horribles !
Mon âme, calme-toi !
Mon âme, calme-toi !
Avec résignation,
prends le chemin d'épines !
Oui,
le matin est plus sage que la nuit...
Je dois me reposer.
Non, je n'ai pas la force d'entrer là...
Là où, aujourd'hui, reposait le cercueil,
sont à présent des ripailles, et des festivités !
Qui va là ?
Que voulez-vous ?
(Anton) Nous voulions savoir s'ils étaient tous dans la maison.
Pourquoi ces haches ?
Comment nous en passer...
Les clercs sont bagarreurs !
Qui es-tu ?
Je suis Arkhip, le forgeron...
Pourquoi n'êtes-vous pas couchés ?
Comment dormir !
Quel repos nous reste-t-il !
Vous êtes soûls...
Soûls...
Non !
Dieu nous est témoin, que nous n'avons pas bu une goutte d'alcool...
Oh,
pourquoi boire,
alors que ces clercs sont nos maîtres,
et chassent de la maison nos maîtres légitimes,
et, festoyant,
déshonorent par leurs cris
le lieu où le cercueil se tenait ce matin.
Ô, Dieu !
Même les serviteurs sont outragés,
et moi...
Moi, son propre fils, j'hésite et j'ai peur...
Je vois, c'est la volonté de Dieu !
Finissons-en avec eux sur le champ, et ce ne sera dommage pour personne !
Non,
je ne vous laisserai assassiner personne !
Mais si vous voulez aider à ma vengeance,
alors, faites ce que je vais dire !
Nous sommes tous prêts, pour toi, à passer par le feu ou par l'eau !
Où est Yégorovna ?
Dans sa chambre.
Allez la chercher...
Et faites sortir tous nos gens de la maison,
qu'il n'y reste pas une âme.
Et toi, apporte ici de la paille
ou du foin
et dispose-le sous les escaliers...
Chut !
Chut !
Ne dis pas un mot,
il ne faut pas les réveiller...
Et ouvrez les portes, pour les clercs !
Du Diable si j'ouvre ! Je vais les fermer à double tour !
Mon petit, que prépares-tu ?
Silence !
Eh bien, mes braves,
tout le monde est-il là ?
Tout le monde, maître, tout le monde !
Avez-vous laissé les portes ouvertes, pour les clercs ?
Oui.
Donne-moi le feu !
Hélas,
hélas,
Créateur !
Que prépares-tu ?
Ma vengeance !
Vengeance!
Maintenant, tu seras ma maison, toi, forêt, toi, champ,
la terre sera mon lit,
le ciel mon toit !
Adieu, humilité,
voilà la liberté !
Je suis libéré de mes chaînes !
Adieu, humilité,
voilà la liberté !
Je suis libéré
de mes chaînes !
Adieu, mes enfants !
Maintenant, je pars, là
où le Seigneur me guidera...
Tu es notre père, nous irons avec toi !
Nous mourrions plutôt que de te laisser !
(Chabachkine, Assesseur et Clercs) A l'aide ! A l'aide !
Bientôt,
de nouveaux rapports fournirent de quoi alimenter les rumeurs et la curiosité.
Des brigands firent leur apparition,
répandant la terreur dans tout le voisinage.
Les mesures que prit contre eux le gouvernement
s'avérèrent
vaines.
Il n'y avait plus de sécurité, ni sur les routes
ni dans les villages.
Plusieurs troikas, remplies de brigands,
sillonnaient la province même en plein jour.
Les manoirs et les domaines étaient pillés,
et incendiés.
Le chef de la bande
était réputé pour son intelligence,
son audace,
et une sorte de
générosité.
On racontait sur lui des merveilles.
Le nom de Doubrovski était sur toutes les lèvres.
Une chose était remarquable :
les domaines et les propriétés de Troékourov étaient épargnés.
Les brigands n'avaient pas attaqué la moindre de ses granges,
ni arrêté un seul de ses chariots.
(Macha Troékourova) Je me suis avancée trop loin...
Je ferais mieux d'attendre ici...
Oh, comme c'est beau, ici !
Quel délice !
Tout est mystérieux
et respire un calme lumineux...
Tout semble immobile...
Une légère brise se lève,
agitant nonchalamment
les feuilles des cîmes...
Je me sens merveilleusement bien,
et légère,
et un peu effrayée...
Dans ton clair silence,
dans ton éclat calme,
forêt, tu ne dors jamais,
tu gardes tes secrets...
Les feuilles ne sommeillent jamais,
mais écoutent avec délices
les secrets du Ciel,
rempli de merveilles...
Avec vous,
mon âme s'emplit de lumière,
écoutant avidement,
entendant des secrets.
Dans le clair silence,
dans ton éclat calme,
forêt,
tu ne dors jamais,
tu gardes tes secrets...
Forêt, tu ne dors jamais,
tes secrets,
tu les gardes...
(Tania) Maria Kirillovna!
Maîtresse, où êtes-vous ?
Hélà, les filles !
Par ici,
venez par ici!
Notre jeune maîtresse est ici...
Eh bien, mademoiselle, voilà où vous aviez disparu,
comme si vous vous cachiez de nous.
Etes-vous indisposée ?
Non,
je me suis laissée aller à rêver,
oubliant tout le reste...
Vraiment...
Je ne sais pas ce qui s'est passé !
Vous êtes simplement fatiguée...
Oh, non !
J'ai répondu quand vous m'avez appelée !
Nous n'avons rien entendu
et avons vraiment cru vous avoir perdue.
Comment pourrait-on se perdre ici ?
Eh bien, et les champignons ?
C'est une telle passion pour nous, vous aurez du mal à nous suivre!
Approchez,
montrez-moi les champignons...
Voici des bolets au chapeau retourné, - Voici des armillaires, des lactaires jaunes, - Voici des lactaires jaunes, des armillaires,
un bolet au chapeau orange— - Voici des bolets au chapeau retourné— - un bolet au chapeau orange—
Les amies, sauve qui peut ! Doubrovski !
Doubrovski ?!
Attendez, cela suffit !
Je plaisantais, simplement !
Ah, Tania...
Tania...
Pourquoi...
Pourquoi as-tu parlé de lui ?
Avant cela,
je me sentais si bien !
Mais vous n'avez rien à craindre,
maîtresse...
On dit qu'il...
Je ne le crains pas...
Oh, ce n'est pas le bouleau
dans la sombre, sombre forêt, - Dans la sombre forêt...
qui répand sur l'herbe,
sur l'herbe,
ses larmes amères !
Il ne nous aurait assurément pas touchées,
car il n'est pas l'ennemi des faibles,
mais leur ami.
Quand ce nom revient à ma mémoire,
je ne peux retenir mes larmes...
Vois un peu qui est là... - (Filles) C'est une jeune fille
Des jeunes filles, on dirait...
Pas si fort...
Elles ont l'ouie fine !
Ô, Reine des Cieux, mère de Dieu !
Mais c'est la demoiselle en personne ! - (Filles) Pour son cher...
Qui ?
La fille de Troékourov... - (Filles) Pour son cher soupirant,
Pardonnez-moi, maîtresse,
je ne pensais pas vous troubler ainsi. - (Filles) qui pleure amèrement,
Ah, Tania, - (Filles) Amèrement...
c'est parce que ses souffrances sont un sévère reproche
qui sera sur nous pour toujours !
Voilà l'heure du châtiment pour nos ennemis ! - (Filles) Elle pleure.
Dis à nos hommes : - (Filles) Ah!
Qu'ils se rassemblent
près d'ici.
Je sifflerai pour vous avertir...
Va !
Oh, si seulement je le rencontrais !
Crois-moi,
Tania,
je n'aurais pas peur,
non !
Je
lui dirais,
comme à un frère,
comme à un ami,
que de tout mon cœur, j'ai pitié de lui,
que pour moi il n'est pas un brigand,
mais une victime de l'avarice des hommes...
Que, même si cela me coûte la vie,
le péché de mon père
sera expié par moi,
que chaque jour, je supplie le Créateur
et la Sainte Vierge de m'aider
à le sauver de la mort et de la damnation !
Je lui apporterais l'absolution,
le réconcilierais au Bon et au Vrai...
Et, touché par mes prières,
il abandonnerait
pour toujours
le brigandage !
Qu'entends-je !
Dieu Puissant !
As-tu transmis mes ordres ?
Oui,
mais où sont...
Où sont les jeunes filles?
Hélas !
Elles sont parties !
Nous les rattraperons !
Non, Arkhip, ce n'est pas nécessaire...
Et pas un mot de tout ceci à quiconque,
il le faut...
Leur as-tu tout expliqué ?
Non, j'ai seulement ordonné de se tenir prêt.
Parfait !
Ils ont commencé à s'amuser là-bas...
Ils ont attrapé je ne sais quel Allemand,
il est si drôle !
Fais-les tous venir ici !
Les gars, tout cela est si drôle !
Ha, ha, ha, ha, ha, ha!
C'est à mourir de rire !
Ha, ha, ha, ha, ha, ha!
(Desforges) Pitié!
Pitié!
Je...
Je suis...
Je suis un pauvre diable...
Oui, oui, vraiment ! - Ha, ha !
Oui, oui vraiment ! - Ha, ha !
Pour vous être agréables,
messieurs,
messieurs les brigands—
Je...
Je quitterai la Russie !
Ha, ha!
Oui oui, vraiment ! - Ha, ha !
Oui oui, vraiment ! - Ha, ha !
Mais...
Mais gardez-moi la vie, - Ha, ha!
messieurs,
messieurs les brigands!
Tout ceci est si drôle !
Ha, ha, ha, ha, ha, ha!
C'est à mourir de rire !
Ha, ha, ha, ha, ha, ha!
Pitié !
Pitié !
Je...
Tout cela est si drôle !
Ha, ha, ha, ha, ha, ha!
Vous !
Silence,
le maître est là !
Que signifient ces cris, diables ?
Menez-le ici !
Le Maître veut avoir une discussion avec lui.
Il est si drôle !
Dieu est témoin !
Mes braves, écoutez !
Je vous demande,
non comme un ordre,
mais au nom de notre amitié,
de conduire cet homme,
sans lui faire de mal, hors de la forêt.
Il m'a fait une immense faveur...
De plus, il est orphelin, comme nous tous,
et il mérite notre compassion.
C'est un instituteur
et il se rendait pour travailler chez Troékourov,
mais je l'ai déchargé de ses fonctions...
Il va retourner dans son pays...
Je lui ai donné de l'argent
et celui qui osera le lui prendre
deviendra mon ennemi mortel !
Sois sans crainte...
Nous ne le toucherons pas...
Merci !
Mes amis, je vous quitte un moment...
Arkhip m'accompagnera.
Anton!
Pendant mon absence,
tu prendras le commandement !
Adieu, mes braves.
Si j'ai besoin de vous,
je vous appellerai.
Adieu !
Adieu !
Et souvenez-vous :
ne touchez pas au français !
Adieu, notre petit père,
Adieu, - Adieu,
notre cher maître !
Dieu te garde !
Reviens vite !
Bien, partez...
Adieu, monsieur Desforges !
Adieu,
adieu!
Mon bienfaiteur !
Les voici !
Les voici !
Pour cela, je serais capable
de donner ma vie entière !
Je vais, en hâte, là-bas, où sont
mon extase, mon paradis, mon bonheur,
vers ma beauté,
ma Sainte,
mes rêves
d'un monde merveilleux !
A Pokrovskoïé !
Suis-moi !
Doubrovski, en possession des papiers d'identité du gentilhomme français,
se présenta hardiment chez Troékourov.
"Viens ici, Macha."
"Bien, Papa."
"Dis à ce Monsieur
que c'est bien - je l'engage
seulement à condition qu'il ne s'avise pas de faire la cour aux servantes."
"Papa..."
"S'il l'osait seulement, ce fils de chien, je le..."
"Papa..."
Un mois environ avait passé
et nul ne soupçonnait
que le jeune et modeste français
était en réalité
le terrible brigand.
Les leçons de musique
occupaient Maria Kirillovna.
Elle s'ennuyait sans Desforges,
et en sa présence, elle faisait sans cesse attention à lui,
lui demandant son opinion sur tout,
et étant toujours d'accord avec lui.
Elle n'en était peut-être pas encore tout à fait amoureuse ;
mais au premier obstacle qui surviendrait,
ou au premier coup du sort,
la flamme de la passion
était prête à jaillir dans son cœur.
"Ne jamais la voir ni l'entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais, fidèle, toujours l'attendre,
Toujours, toujours l'aimer.
Ouvrir les bras et, las d'attendre,
Sur le néant les refermer.
Mais d'un amour
toujours,
toujours plus tendre,
Toujours,
toujours
l'aimer !"
Prince, voyons !
Où vous hâtez-vous ?
(Prince Veréïski) Non, je dois être chez moi avant la nuit...
Eh bien, vous êtes inflexible !
Mashuta [un diminutif de Maria]!
Le Prince vient faire ses adieux.
Mais, en entendant votre voix,
et votre merveilleux chant,
j'étais prêt
à changer ma résolution.
Et qui est-ce ?
Un français, le précepteur de Sacha [le fils illégitime de Troékourov],
et un maître, vous pouvez m'en croire !
Pas comme nos gens d'ici !
Je peux me vanter de l'avoir ici.
Oui, j'ai eu de la chance, avec ce précepteur !
Bien que, je l'avoue, j'y mette le prix,
mais je ne regarde pas à la dépense,
quand le résultat est au rendez-vous...
Il est intelligent, et connaît beaucoup de choses !
En bref, c'est un homme qui peut bien faire toute chose !
Et courageux gaillard !
Hier, je m'ennuyais, et j'ai tenté de lui faire une farce.
Dans une certaine chambre, où je garde un ours,
j'ai ordonné à mes serviteurs de le jeter...
Oh, père !
Souvent, je m'amuse à faire cette surprise à l'un de mes voisins !
Mais lui a réagi différemment :
A peine les portes avaient-elles été fermées,
et je n'avais même pas eu le temps de rire,
qu'en un instant, avec un pistolet, il a abattu l'ours raide mort !
Oui, le brave garçon, il a su réagir.
Et a-t-il tremblé,
a-t-il eu peur ? - Pas une seconde !
Oui, c'est vrai ;
Bien qu'il soit français,
il faut bien avouer que ce n'est pas un lâche !
Nul homme d'âme noble
ne permettrait qu'on le traite comme un bouffon !
De l'humiliation, un esprit libre
saura toujours se protéger !
(Doubrovski) Son jeune sang bouillonne, embrasé d'une impérieuse ardeur, - (Troékourov et le Prince) Son jeune sang bouillonne d'une ardeur
(Macha) Je sens mon sang qui bouillonne, embrasé d'une impérieuse ardeur, - (Doubr.) l'exaltation de son premier amour, - (Troékourov et le Prince) impérieuse,
(Macha) l'exaltation -(Dou.) bouillonnant d'une impérieuse ardeur, -(Troékourov) l'exaltation -(Pr.) bouillonnant d'une impérieuse ardeur,
(Macha) de mon fervent amour ! - (Doubr.) l'exaltation de son premier amour ! - (Troékourov) de son premier amour ! - (Prince) l'exaltation de son premier amour !
Tuer un ours n'a pas grand mérite,
ce n'est pas un exploit de savoir tirer.
(Doubrovski) [pour lui-même] Est-ce dans le rôle de l'époux, de l'ami, que tu veux apparaître ?
Macha, chante au Prince pour lui dire au revoir,
avec lui,
un duo de ton choix.
Mais le Prince n'en a pas manifesté le désir.
Auprès de vous, je ne désire rien...
Je ne suis que l'esclave de la volonté du maître...
Je suis un prêtre
et vous, ma divinité !
"Ne jamais la voir ni l'entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais, fidèle, toujours l'attendre,
Toujours, toujours l'aimer.
Ouvrir les bras et, las d'attendre,
Sur le néant les refermer.
Mais encore, toujours les lui tendre,
Toujours,
Toujours l'aimer...
Ah !
Ne pouvoir que les lui tendre,
Et dans les pleurs se consumer !
Mais ces pleurs, toujours les répandre,
Toujours,
Toujours l'aimer !
Ne jamais la voir ni l'entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais d'un amour toujours, toujours plus tendre,
Toujours,
toujours
l'aimer !"
Bravo,
bravo!
Bien que je n'aime pas cette musique mélancolique...
Autrefois, de mon temps, nous ne chantions pas cela...
Je vous prends au mot.
Prince, chantez-nous vous-même quelque chose.
Non, il se fait ***, il se fait ***...
Je dois partir...
Je ferais mieux de passer par la forêt,
la montagne est dangereuse.
Avez-vous peur ?
Non, pas du tout...
Doubrovski,
dit-on, a disparu.
Attends que je mette la main sur toi, Prince!
Personne n'aime la forêt la nuit !
Je ne vous laisserai pas partir aussi ***
sans mes serviteurs comme escorte.
Macha, dis au précepteur
de préparer les chevaux.
Comment ose-t-il me donner des ordres !
Ecoute,
Machenka,
je dois te faire part d'une nouvelle.
Tu seras, je l'espère, heureuse de l'apprendre...
Aujourd'hui, le Prince m'a fait l'honneur
de me demander ta main...
Ne dis rien pour le moment...
Sache que j'ai accepté.
Bien sûr, pour le moment tu dois être très affectée,
mais,
à la réflexion, tu comprendras
que ce mariage est parfait.
Le Prince est, il est vrai, un peu âgé.
Mais il est intelligent,
riche, gentil, plaisant et cultivé.
En outre, il est absolument charmé par toi
et sera un mari parfait, et tendre !
Eh bien, pourquoi ne réponds-tu pas ?
Tu sais parfaitement, ceci dit,
que je ne tolèrerai pas tes objections !
Oh, Papa! Je ne l'aime pas...
Oh, ça n'a pas de sens ! Tu ne l'aimes pas pour le moment,
mais tu apprendras à l'aimer, quand tu seras devenue princesse !
Non,
Papa,
non, jamais !
Oh, non !
Je n'apprendrai jamais à l'aimer !
Songez que
je suis jeune...
Devrai-je, contre ma conscience,
brûlant d'indignation devant mon fiancé,
mentir à l'église, devant l'autel ?
Que me sont la noblesse et la gloire ?
La richesse ne signifie rien pour moi !
Le pouvoir m'oppresse !
A quoi me servirait le luxe ?
Il n'y a pas de bonheur dans le luxe...
Je hais le Prince, je le haïrai toujours,
en tant que fiancée, puis en tant qu'épouse !
L'éternel refrain insensé des jeunes filles !
Nous l'avons entendu mille fois !
Avant le mariage,
vous toutes
reprochez à votre père sa cruauté !
Il suffit !
J'ai parlé,
et cela sera ainsi !
Non !
Non, père,
je vous en prie, écoutez moi !
Je vous implore, au nom de tout ce qui vous est sacré !
Oh, père !
Mon cher !
Mon cher !
Ayez pitié !
Ayez pitié !
Lâche-moi, et laisse-moi partir !
Je ne vous laisserai pas !
Je suis prête à tout !
Restez !
Tu oses me menacer !
Oui ! J'ose !
Sachez ceci :
Je ne serai jamais l'épouse du Prince !
J'oublierai mon devoir de fille,
je fuirai la maison,
je couperai mes cheveux, entrerai au monastère,
et si je vous suis si ignoble,
je serai sauvée
de vos mépris
par la tombe !
Tu es folle !
As-tu oublié qui je suis !
Je te ferai t'en souvenir !
Ecoute bien :
Demain, tu seras l'épouse du Prince !
Oh, je suis si seule !
Oh, je suis si malheureuse !
"Ne jamais la voir ni l'entendre,
ne jamais tout haut la nommer ;
mais d'un amour
toujours, toujours plus tendre,
toujours,
toujours
l'aimer !"
Qu'est-ce ?
Un billet ?
Il sait tout !
Comment ?
Pourquoi ?
Lui, lui me protègera !
Oui, oui,
il me reste un ami !
Mais qui est-il, pour écrire avec tant d'assurance ?
Qui que tu sois,
je t'aime passionnément !
Mon cœur
a deviné juste :
Je ne suis pas seule ici !
Oh, non ! J'ai un ami fidèle !
Oui ! Le Ciel, me prenant en pitié,
m'a envoyé quelqu'un pour me délivrer
de ce tourment !
J'accepte ta protection,
et je te confie ma vie,
à la fois ma vie
et mon honneur,
je te les confie !
La cour assidue du Prince Veréïski
n'était plus un secret pour personne dans le voisinage.
Kirill Petrovich - Longue vie à toi !
reçut les félicitations, - Hourra ! Hourra !
et le mariage fut préparé. - Longue vie à toi !
Hourra !
Hourra !
Hourra !
Hourra !
Nous vous souhaitons beaucoup d'années de bonheur !
Hourra !
Hourra !
Ah ! Un invité de marque,
notre Capitaine Surintendant !
Bienvenue !
D'où viens-tu donc ?
(Surintendant) De la ville, pour affaires.
Eh bien, mon cher, tu tombes à un moment inopportun.
Nous sommes en plein banquet...
Ce n'est pas le moment pour les affaires !
Tu devrais plutôt boire avec nous à la santé des fiancés...
Oublier le travail...
Je serais ravi d'oublier,
mais le problème est que,
si j'oubliais ainsi en votre compagnie,
je crains que quelque chose de grave ne se passe,
aussi grave pour moi que pour vous, messieurs.
Encore ce Doubrovski ?
Oui, j'ai appris qu'il a quitté la montagne,
et que même, peut-être, parmi vous
il est en train de passer du bon temps.
Doubrovski, ici ?
Tu aimes plaisanter, je vois...
Doubrovski, entendez-vous ?
Doubrovski est ici...
Ha, ha, ha, ha!
Encore Doubrovski ?!
Qu'y a-t-il ?
Où est Doubrovski ?
Est-il apparu de nouveau ?
Tué ? Qui, dites-moi ?
Il a assassiné trois hommes !
Où ? Quand ?
Ah, quelle horreur !
Où est Doubrovski ?
A la santé des futurs époux !
Ha, ha, ha, ha!
Quelle plaisanterie !
Il a voulu nous faire peur !
A la santé des futurs époux !
Ha, ha, ha, ha!
Qui
est ce personnage ?
Un français, un instituteur.
En êtes-vous bien certain ?
A quoi penses-tu donc, plaisantin ?
Puisque je te dis
que c'est un français.
Oui,
un français :
Desforges !
Comment pourrait-il être Doubrovski ?
Et pourquoi pas ?
Tu es fou,
je vois !
Voilà que tout à coup, Desforges
est Doubrovski !
Soyez discret, je vous prie,
Général.
On pourrait nous entendre
et alors, tout serait perdu !
Tu es un excentrique, mon brave !
Un plaisantin,
voilà ce que tu es !
Bien,
Macha,
maintenant, avec ton fiancé, mène les invités,
sur le rythme de cette Polonaise, jusque dans la maison.
Pardonne-moi, père,
mais je ne peux pas m'occuper des invités...
Je ne me sens pas bien...
Pas bien ?
Ridicule !
Vides excuses !
Je vous en prie !
Occupe-toi des invités. Quelles bêtises tu dis !
Attends, Kirill Pétrovitch,
Tu as oublié :
ce n'est pas seulement toi,
mais moi aussi, qui ai mon opinion à faire connaître.
Ô, mon ange,
fais-moi confiance,
laisse-moi dorénavant
être pour toujours l'esclave
de chacun de tes désirs...
Sauvez-vous,
maître,
dans une heure nous serons encerclés.
Le Surintendant a tout découvert.
Fuyons sans perdre une seconde !
Non,
je ne peux pas,
je dois voir à Macha.
Dis aux autres de venir pour me protéger.
Fuyons, pendant qu'il est encore temps !
Non, te dis-je. - Nous sommes perdus.
Quand tu auras prévenu les autres,
fais-le moi savoir !
Va !
Monsieur Desforges, est-ce vous ?
Oui,
c'est moi...
Qui êtes-vous ?
Un homme malheureux,
malmené par le destin
et par les hommes...
Un orphelin sans maison...
Je...
Je suis...
Doubrovski !
Vous...
Doubrovski ?
Mon Dieu !
"Oh, si seulement je le rencontrais,
je n'aurais pas peur de lui...
Non ! Je lui dirais,
comme à un frère, comme à un ami,
que de tout mon cœur, j'ai pitié de lui,
que pour moi, il n'est pas un brigand...
Que, même si cela me coûte la vie,
je veux expier le péché de mon père...
Que chaque jour, je supplie le Créateur
et la Sainte Vierge de m'aider
à le sauver de la mort et de la damnation.
(Macha et Vladimir) Je lui apporterais l'absolution,
le réconcilierais avec le Bon et le Vrai,
et, touché par ma supplique,
et touché
par ma supplique,
il abandonnerait pour toujours le vol !"
Mais qui es-tu
pour lire ainsi les secrets de mon cœur,
au plus profond de mon âme ?
Je t'ai vue
par hasard, dans la beauté
de la forêt silencieuse ;
Là, j'ai entendu ces paroles,
ta sainte,
innocente conversation.
Avant cette rencontre, j'étais un monstre,
mais j'ai vu tes yeux clairs
et maintenant, à tes genoux,
je dépose mes prières et mes chants,
mon adoration et la joie de mon renouveau.
Je suis vaincu,
j'ai changé !
Dans mon âme affligée
de nouveau vivent
la bonté et les larmes,
les larmes
et l'amour !
Dans la brume de mes souvenirs merveilleux,
comme une nébuleuse lumière,
se dressent dans les ténèbres
les traits de ton visage.
Tu es le visiteur, dans mes lumineux
et merveilleux songes,
d'une douceur paradisiaque et d'une céleste
langueur,
que, depuis longtemps, je vois apparaître
dans le silence.
Tu es venu,
et tout alentour tout a commencé à briller,
et j'ai compris,
et j'ai compris
que dans mes songes
et dans la réalité
je n'ai fait que t'appeler
toute ma vie !
M'aimes-tu ?
Oui, je t'aime.
Mon bel ange !
M'aimes-tu ?
Oui, je t'aime.
Oh, moment béni !
Tu restaures,
tu guéris
mon âme tourmentée, ruinée !
A cette heure de réconciliation,
de larmes et de pardon,
dans le silence mystérieux
de la nuit.
Aspirer pour toujours
à la Vérité, humblement,
toute ma vie,
toute ma vie !
Te soutenir à jamais,
à jamais, humblement,
toute ma vie,
toute ma vie !
Toute !
Dans un langoureux silence, - Dans un langoureux silence,
un rêve d'extase - un rêve d'extase
dans le calme de la nuit, - dans le calme de la nuit,
tu restaures,
tu guéris
l'affliction
de mon âme !
Il est temps !
Adieu !
Tu ne seras jamais la femme du Prince !
Prends cet anneau.
Si tu as besoin d'avoir recours à moi,
apporte-le ici,
et place-le dans le creux de ce chêne.
Je saurai quoi faire !
Adieu !
Créateur,
sauve-le !
Sainte Marie, protégez-le.
Ils viennent par ici !
O, Seigneur,
où me cacher ?
Je n'ai plus de force...
Je
meurs...
Tout est perdu...
Ô, Macha,
Macha!
Oh, où es-tu ?
Oh, si seulement au moment des adieux,
je pouvais te voir, juste un instant !
Oh, Macha,
où es-tu ?
Qui m'appelle ?
Vladimir !
Mon Dieu !
Suis-je folle ?
Est-ce toi,
mon Vladimir ?!
Macha !
Ma joie...
Mon bonheur...
Oh, ma douce,
bien-aimée,
je
meurs !
C'est impossible,
je ne peux y croire...
Oh, mon misérable sort !
A peine j'entrevoyais la félicité du Paradis,
à peine avais-je dit :
"Je suis à toi à jamais, Macha !"
Que la séparation est cruelle...
Adieu...
Je meurs...
Mon Vladimir,
réveille-toi !
Je suis là avec toi !
Rien, personne ne nous séparera !
Je suis à toi !
Vladimir!
A l'aide !
A l'aide !
Il se meurt !
Sauvez-le !
Sauvez-le !
Que s'est-il passé ?
Une voix de femme appelait à l'aide.
Il y a deux personnes ici, comme mortes...
Où cela ?
De la lumière !
Allumez une lumière !
Allons, faites place !
Ecartez-vous !
Ecartez-vous !
Ma fille !
(Prince) Doubrovski?
Silence...
Silence...
Il va se réveiller.
N'approchez pas !
Je ne le laisserai à personne,
il est à moi !
Oh, mon Vladimir,
mon époux !
Réveille-toi... Je suis là !
Es-tu mienne ?
Tienne,
et jamais je ne serai à aucun autre.
A cette heure de réconciliation, - A cette heure de réconciliation,
de larmes et de pardon - de larmes et de pardon
dans le silence de la nuit, - dans le silence de la nuit,
tu restaures, - tu restaures,
tu guéris - tu guéris
mon âme affligée ! - mon âme affligée !
Mienne... - Tienne !
Vladimir !
Ô, Seigneur...
Ô, Seigneur,
sauve-nous,
sauve-nous et prends pitié !
Mais Doubrovski ne l'entendait plus.
La douleur causée par sa blessure,
et la violente agitation de son âme
l'avaient privé de toutes ses forces.
Ils partirent tous sans rien emporter avec eux,
et sans verser une seule goutte de sang
pour venger le sang de leur chef.
Les terribles visites,
incendies et pillages
cessèrent.
Les routes redevinrent sûres.
Une information circulait, selon laquelle Doubrovski ne se trouvait plus parmi les brigands.
Selon un autre rapport,
Doubrovski avait fui à l'étranger. �