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Au début, ils sont venus chercher les communistes
Je n’ai rien dit parce que je n’étais pas communiste.
Ensuite ils ont pris les Juifs
Je j’ai rien dit non plus, car je ne suis pas Juif
Et puis ils sont venus chercher les ouvriers
N’étant ni ouvrier, ni syndicaliste, je me suis tu.
Puis ils se sont pris aux catholiques
Je suis protestant, alors je n’ai rien dit
Et finalement, ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester
Le 16 mars 2007
Ils ont exécuté mon mari Daniel Torres et ma fille de 16 ans, Roque Julio.
C’est la Brigade 16 à Yopal qui les a exécutés.
La récompense est de 3’815’000 pesos (€1.250)
pour abattre un membre ou un groupe de la guérilla
Les militaires m’ont dit qu’il y avait eu une embuscade et que deux insurgés étaient morts.
Il est clair que certains secteurs qui cherchent à décrédibiliser la politique de la « Sécurité démocratique »
ont trouvé dans ce problème l’opportunité parfaite
pour présenter des dénonciations sans aucun fondement
dans le but de falsifier les chiffres et décrédibiliser notre armée
Les deux guerrilleros morts dans la ferme
étaient mon mari et mon fils
Et ils n’étaient pas du tout guerrilleros.
Ils travaillaient à la ferme
parce qu’ils étaient agriculteurs et travaillaient avec le bétail
Pourquoi les ont-ils tués?
Parce que ma fille avait été témoin
de deux assassinats qui ont eu lieu dans le village, en 2005 et 2006.
Mon fils avait dénoncé ces deux crimes.
Et il l’a payé de sa vie.
de ce qu’ils étaient en train de faire
avec les civils du village.
Mais ils n’ont pas été les seuls
Bien d’autres sont morts dans les mains de l’armée gouvernementale
Ce n’est pas juste
Qui est responsable
de cette vie que nous vivons
Le gouvernement … le Président que nous avons
C’est le seul responsable de tout ceci
Nous sommes face à un phénomène
et une stratégie généralisée
de disparition, d’exécution, pour ainsi dire.
Regardez les chiffres annuels
En 1996, un seul cas de violation des droits humains
En 1997, 8
En 1998, 4
En 1999, 6
En 2000, 4
En 2001, 3
En 2002, 12
En 2003, 37
En 2004, 93
En 2005, 125
En 2006, 223, en 2007, 397
En 2008, 112
Il y a un rapport de la “Defensoria del Pueblo” qui dit
qu’ils ont reçu à ce jour près de 100 dénonciations à ce sujet
contre les membres de la force publique.
Je m’appelle Paola Sanabria, je suis un membre de la famille de l’une des victimes de « falsos positivos » (« fausses preuves »)
Mon père s’appelle Eiver Mendoza. C’est l’homme qui m’a élevé.
Il est mort le 24 mars.
Selon la version officielle il est mort au combat
Ils l’ont assassiné et déguisé en guérillero.
Ce n’est pas facile, vous comprendrez, un père est un père.
Comme l’armée donne une récompense pour chaque insurgé abattu
c’est clair que pour eux c’est plus facile de tuer des civils
de les déguiser et les faire passer pour des membres de la guérilla
On nous dit que l’armée c’est les héros de Colombie
dans la réalité, on en a peur.
A leurs côté, on devrait se sentir protégé, mais la vérité…
Non. Moi j’en ai vraiment peur.
Casanare: Exhumation d’un génocide
Ils ont exécuté mon mari
Et pour ça ils ont reçu 3'815'000 pesos.
Décrédibiliser la force publique
procéder à des homicides sélectifs
Ils l’on tué
Ils l’ont fusillé
Falsos positivos
Brigade 16
Déformer la réalité
Ils lui ont quitté la vie
Qui les a fait disparaître
Ils les ont fait disparaitre
Ils l’on fait disparaitre
Autodéfenses paramilitaires
Tortures
Liens avec l’armée
Ils étaient coordonnés
Ils marchaient main dans la main
Ils étaient les mêmes
Ils étaient complices
De la Brigade 25
Trop de morts
Ils les ont tués ici
C’est clair qu’ils les ont tués
Celui-ci était mon fils
Ils l’ont tué
La BP
Briser l’association paysanne Acdainso
Le Gaula
Assassins
Dites-moi si vous avez vu mon fils
Il est étudiant en médecine
Il s’appelle Augustin, c’est un bon garçon
Même s’il peut être un peu têtu
Ils l’on détenu
Mais je ne sais pas qui
Jaira avait 17 ans et Luis 19 ans.
Ils étaient étudiants au collège
Luis, ils l’ont pris dans la maison de sa sœur.
Ils sont entrés par la force, ils ont défoncé les portes, ils l’on sorti de la maison
Jairo, ils l’on pris dans la rue
Il était 6h du soir et il se promenait par là
Ils l’on pris à cette heure-là.
Ils ne sont jamais réapparus.
Avec le fonctionnaire on est allé à la Brigade pour leur demander
Ils ont répondu qu’ils ne savaient pas
Mais que la nuit dernière, dans un affrontement
Il y avait eu plusieurs morts
Mais personne ne savait ce qui s’était passé
Personne ne nous a donné d’explication
On a cherché partout mais personne ne nous a donné d’explications
C’est seulement le troisième ou quatrième jour…
Qu’un paysan allant traire ses vaches
dans un champ proche du pont de la rivière Chamezano
A trouvé les corps.
Ils ont été terriblement… massacrés
Ils leurs ont arrachés les ongles
Il est prouvé que l’armée était dans la zone au moment des faits
Ils ont assassiné les garçons
C’est ainsi
que la violence a débuté
Et nous la vivons depuis 15 ans dans notre municipalité
Ils ont été les premières victimes. Et nous,
Nous avons été ceux qui ont payé la première part
Eux, ils arrivaient ici
Ils prenaient les gents
Quelques fois, ils étaient attachés
D’autres fois non
Une fois qu’ils étaient loins, ils leur faisaient ce qu’ils voulaient
Mon mari a disparu le 9 février 2003
Ici, dans la municipalité de Chaméza
Il fut enlevé par un groupe de paramilitaires
Ils l’ont enlevé et
On ne sait plus rien de lui
Et avec mon mari, ils ont fait disparaitre
22 autres personnes de la municipalité
Ma fille, ce sont les paramilitaire qui l’ont tuée
Ils l’ont prise au pont d’Unete
Ils l’ont emmenée à Tauramena et l’ont tuée
Au moment des faits, le comandant était le capitaine Guerrero
L’armée et les paramilitaires étaient très amis
Ils buvaient des bières ensemble
Ils entraient dans le village
L’armée se chargeait de leur donner les listes
des gents qui sortaient et entraient au village
Durant le jour, il y avait l’armée et la police, mais…
Mais ils ne nous protégeaient pas.
En 2002
Les paramilitaires ont séquestré mon mari
Ils l’ont pris
Ils l’ont gardé 8 jours
Ils l’ont maltraité, torturé
Et ce même jour ils nous ont déplacés de notre village
Nous avons dû adandonné la ferme, les animaux, tout.
Nous, on avait confiance en l’armée
On pensait qu’ils allaient nous protéger
Mais un jour, nous nous sommes rendus compte
Que le capitaine de l’armée et les paramilitaires se parlaient,
Se saluaient. Alors on s’est dit:
“C’est grave…
Se sont tous les mêmes”
Il n’y a aucun salut
“Que quelqu’un me dise si il a vu mon mari”
Demande une femme
“il s’appelle Ernesto X, il a 40 ans”
Il travail comme surveillant dans un commerce de véhicules
Il portait une chemise foncée et un pantalon claire
Il est sorti avant-hier
Et n’est pas rentré
Et je ne sais pas quoi penser, jamais cela ne m’était arrivé »
Dans mon cas, sept membres de ma familles ont disparus
Parmi eux mon père, ma mère
2 frères et 3 oncles
Ils les ont fait disparaître entre février et mars 2003
Dans les mains des paramilitaires
Mon mari a disparu le 18...
Oui, le 18 février 2003
Mon fils s’appelle Carlos Andrés Barrera Pedraza
Il était étudiant pour devenir véterinaire
A l’Université de Sogamoso.
Il a disparu le 28 février 2003
sont les Autodéfenses paramilitaires qui l’ont enlevé
Le 20 février 2003
Jusqu’à présent je n’ai pas eu une seule
Explication de ce qui s’est passé
Mon plus grand désir
C’est de savoir…
S’il est en vie
Ou s’ils l’ont tué
Savoir où ils ont laissé le corps pour aller chercher les restes
Ici, au Casanare opéraient les ACC
- Autodéfenses paysanes du Casanare -
Dirigées par Martin Llanos
Ces paramilitaires sont entrés dans la zone fin 2002
Début 2003
Et commencèrent une lutte pour prendre la région
Les paramilitaire ont fait disparaitre mes 2 fils
Le 2 février 2003
Et jusqu’à présent je ne sais pas où ils sont
Je sais seulement qu’ils ont disparu
Et jusqu’à aujourd’hui on ne sait pas ce qui s’est passé
Depuis le jour où nos êtres chers ont disparu
Nous avons été menacés par ces mêmes groupes
paramilitaires
À la même époque
Nous avons été menacés
Para les troupes de l’armée que nous rencontrions
Je ne veux pas que l’on voit mon visage
Parce que j’ai peur
Tout le monde à beaucoup à dire
Mais, à cause de la peur,
On n’ose pas parler
Durant cette même époque
Ils m’ont recruté pour le service militaire
Je suis allé au bataillon de Tauramena Le bataillon 44
Au début j’ai pensé que
éventuellement puisque j'étais à l'armée
Je pourrai obtenir un aide quelconque
Ou qu’ils pourraient m’aider à sauver les membres de ma famille
Alors j’en ai parlé à mes supérieurs ce qui s’était passé avec ma famille
Et je leur ai demandé qu’ils m’aident à les libérer de ce groupe paramilitaire
Chaque fois que j’en parlais à mes supérieurs
Ils se moquaient de moi
Et me critiquaient
Insinuant que les disparitions de Chamaza et Recetor
Avaient été bénéfiques pour eux
Parce que les paramilitaires avaient fait disparaitre
Qui se prétendaient paysans de la région.
A moi, ce qui m’a le plus fait mal, c’est de savoir que
Les paramilitaires qui sont entrés
Avaient des liens avec l’armée
Parce que l’armée était présente ici, à Recetor
Et malgré ça les paramilitaires entraient et prenaient les gens..
Ils entraient toujours ici
armés
Ils faisaient leur marché et l’armée les escortait.
Avec l’armée…
Ils faisaient partie d’une seule et même bande
Parce que l’armée était présente dans la municipalité
À l’intérieur du village
Et les paramilitaire y étaient aussi. Ici même.
Et ne craignaient pas du tout que l’armée s’en prenne à eux.
Ils se coordonnaient, tout le monde le savait
C’est de notoriété publique qu’ils se coordonnaient
Alors, comment aurions-nous pu demander à l’armée
Qu’ils nous aident et nous protègent
S’ils étaient identiques
Bon. Ce n’est un secret pour personne
Que la guérilla opéraient ici avant que n’entrent les paramilitaires
Et les entreprises pétrolières étaient déjà venues pour faire des réunions
La guérilla, quand ils nous réunissaient
Nous disaient
De ne pas laisser
Les entreprises de pétrole entrer dans la région
Parce que les entreprises pétrolières
entraient avec des autorisations du gouvernement
Sans nous consulter
Et pour cette raison il fallait entrer en grève, en résistance.
Parce que lorsque s’installait une compagnie
En premier, ils envoyaient
Les autodéfenses pour faire
le “nettoyage”, comme ils disent
C’est comme ça que ça s’est passé
Et peu de temps après, est entrée la compagnie Petrobras
Et après l’arrivée de ces compagnies commença ce nouvel ordre public
Avant les gens pouvaient sortir jusqu’à l’heure qu' ils voulaient
Dans la nuit, aller à leurs fermes
Il ne se passait jamais rien
Avec l’arrivée des compagnies par ici
Arrivèrent directement des personnes avec de mauvaises intentions
Qui interdisaient à tout le monde de marcher durant la nuit
et à n'importe quel moment on rencontrait sur les chemins des personnes mortes.
A mon mari, ils ne l’on pas tué ici à la ferme
Il est mort à Aguazul
Mon frère, oui, ils l’ont tué à la ferme
Le cas de “faslos positivos”
C’est comme ça qu’ils ont tué mon mari
Ça s’est passé le 24 mars 2008
À Monterralo
Dans les mains de l’armée nationale
Plus exactement, la Brigade 16
Pour sécuriser les puits de pétrole La British Petroleum paie l’armée
A partir de ça
La seule chose que nous avons reçu ce sont des menaces de la part de l’armée.
8 jours après la mort de mon mari On a été menacés.
Ces jeunes qui étaient ici
La force publique les a pris
ils les ont emmenés attachés
Attachés
Ils les ont battus, c’est sûr
L’autre jeune, celui de la maison
Ils l’on laissé partir
Et quand il était déjà loin
il a entendu des coups de feu
Ils disent que c’était un affrontement
Mais là-bas il n ‘y avait personne
Il dit qu’il n’y avait rien là-bas.
Le jeune dit qu’il a entendu des coups de feu, des bombes.
C’est alors que l’hélicoptère arriva
C’est clair qu’ils l’ont tué et qu’ils l’ont emmené á Yopal.
Hier, j’ai reçu de nouveau des menaces
Hier, à 7h40, ils ont appelé ma fille
Je ne comprends pas pourquoi l’armée fait de telles choses
C’est qu’ils sont en charge de protéger la communauté, les paysans
Mais ce sont des assassins
Quand le Président est venu à Yopal
Il a exigé que l’armée
Lui donne
des résultats
Il leur a demandé des comptes
Où sinon qu’ils démissionnent
Alors ils ont commencé à tuer des paysans en les faisant passer pour des guérrilleros.
Paysans soi-disant insurgés et
bon, pour le gouvernement ils étaient en train d’en finir
Avec l’insurecction. Mais ils mentaient, ils tuaient des paysans.
Et comme à cette époque les gens avaient peur de dénoncer
Parce qu’ils tuaient n’importe qui
Quand le pauvre hausse le ton
Hausse le ton pour dénoncer
Ils le traitent de guerrillero
De guerrillero. Il est toujours maltraité,
ses droits sont piétinés
Comme s’il n’était pas un être humain
Et comme syndicaliste sa vie ne vaut pas un centime
Pour l’égalité des droits
Pour les droits nous devons continuer de lutter
Unis comme un seul
Unis, organisations et syndicats
Manifestant à cœur ouvert
Ils ne nous ont jamais fait taire
Et nous savons nous defendre des êtres malveillants
C’est ça la situation
La situation de mon pays si cher
D’où aujourd’hui s’élève la voix
S’élève la voix de tout un peuple qui souffre
Par la voix d'un chanteur qui va de par les chemins
Porté par le vent de la liberté des ouvriers et paysans
Les gens se sont organisés
Pour réclamer les droits
Et le militant qui exigeait ses droits
Et qui comme il était le plus impliqué, a été le premier
Qu’ils ont tué
La personne qui parle et qui exige est la première qu'ils font disparaître
Ils nous ont tué plusieurs dirigeants
Qui cherchaient la manière de parler avec la BP
Avec les grandes entités
Mais je ne sais pourquoi
Ces leaders ils les ont fait disparaitre
Voyez, vous la force publique
Qui êtes à Tauramena, là où est la base militaire
Tout le temps
Et les paramilitaires dans les collines,
Comment prétendent-ils qu’ils ne savent pas où ils sont
Mon fils s’appelait Nelson Raúl Pinto,
Il avait 18 ans
Je ne sais pas ce qui lui est arrivé
Il s’est perdu en 2002
Il est allé à Yopal
Et n’est jamais revenu
Je n’ai reçu aucunes nouvelles
Même pas s’il est vivant ou mort
Moi, j’ai bon espoir qu’il soit vivant
Mais au fond de moi je sais que non
Je sais qu’il n’est plus vivant
Jamais je n’ai déposé plainte
Aux autorités parce que
J’ai toujours eu l’espoir que
Peut-être, un jour, il rentrerait
Et j’ai toujours l’espoir bien que, aujourd’hui, plus vraiment
Et jusqu’à aujourd’hui on n’a pas eu de nouvelles de lui. Rien
Alors, je ne sais plus
Je ne sais pas qui…
Aurait pu le tuer, qui aurait bien pu le prendre
Mais je crois que ce sont les paramilitaires
En 1998
a débuté la persécution
Des paysan par les troupes
L’armée, la Brigade 25
J’allais avec deux jeunes et une personne
Qui souffre de déficience mentale
On allait au champ
Quand, en chemin, on a rencontré l’armée
Ils nous ont séparés, chacun dans un coin
Et ils nous ont battus avec la crosse de leurs fusils
Ils nous ont donné des coups comme ils voulaient
Et pourquoi?
Parce qu’on ne leur disait pas où était la guérilla
Parce que justement on ne se savait pas
Ici, les gents travaillent dans leur ferme
Ils ne surveillent pas les gens
Cette fois-ci, ils m’ont dit que si je les dénonçais
Ils viendraient pour me prendre
Alors je suis rentré à la ferme
Dans ces temps-là, ils emportaient n’importe quelle personne
Il leur suffisait de l’arrêter et ensuite de le présenter comme subversif
Et les militaires en tiraient des bénéfices
Ils reçoivent une promotion
Ils reçoivent vacances
Pour chaque personne qu’ils prennent
Ils reçoivent beaucoup d’argent
Et aussi quand ils commettent des assassinats
J’y ai été et leur ai posé des questions
Ils m’ont répondu:
Ils m’ont répondu: « on ne peut rien vous dire
La seule chose c’est que
Il y eu un affrontement et que nous avons tué un subversif”
J’ai répondu: “et quel subversif,
C’était mon fils”
Alors, ils m’ont traité très mal
Ils m’ont traitée de vieille “salope”
Que mon fils était un guérillero
Je leur ai répondu: « il n’était pas du tout guérillero »
Il est allé au champ
Remontant la rivière
L’armée était dans la zone. Ils l’ont suivit
Ils l’on rattrapé
Et l’ont roué de coups
De làs-bas, ils l’ont redescendu
En le frappant
Et revenu dans la plaine, ils l’ont jeté dans un buisson
Et ils l’ont fusillé
Ensuite ils ont dit qu’il y avait eu un affrontement, et qu’ils l’avaient abattu
Ce jeune vivait à la maison
Et il ne possédait rien, ni arme, ni rien d’autre.
Cette fois-ci ils ont « légalisé » l’opération
En le déguisant et lui mettant des armes
Et ils l’ont emmené en hélicoptère
Ils l’ont emmené, c’était en 2005
Lorsque les compagnies commencèrent à arriver tout le monde était content
Parce que les compagnies paient bien
allaient chercher leurs grosses paies
Mais tout ça, c’est des mensonges
Bien sûr, y’a de l’argent
Mais il y a eu trop de morts pour tout ça
Cette guerre commence dans des temps immémoriaux
Quand les Muiscas et Quimbayas se tuaient par convoitise
Les conquistadors espagnols
Ils sont arrivés sans prévenir, pillant et réduisant à l’esclavage
À beaucoup d’indigènes
Mais les guerriers ont changés
Aujourd’hui c’est l’insurrection contre les troupes d’Etat
Bandes de jeunes contre les groupes de milice
La guerre des narcos, la guerre entre tueurs à gage
La guerre des races et entre les classes sociales
Celle des chasseurs contre les animaux
Et ça, c’est une société
Faite largement à coup de plomb
Dans laquelle ont régné les guerres pour les terres et pour l’or
Guerres misérables, sourdes, jamais déclarées
Où le résultat c’est la mort et les familles déplacées
Parce que bien que du puit du El Morro
Il sort au environ de 14'000 barils de cru quotidiennement
Au El Moro, il manque cruellement d’un médecin permanent et de routes carrossables
Les paysans n'ont pas d'énergie électrique
Et le raccordement au gaz est très minimal
Et tout se paie au tarif fort
L’association paysanne Acdainso s’est formée
17 ou 18 villages en on fait partie
Et ils ont lutté
De manière permanente Acdainso a lutté pour les droits des travailleurs
Et ils ont obtenus des choses
Comme le respect à la communauté
Ils ont obtenus que se respecte les travailleurs
Et l’environnement
Et ça n’a pas été facile de négocier avec la British Petroleum
A la BP ça ne leur convenaient pas qu’ils s’organisent
Que les dirigeants bougent les communautés
Qu’ils se rebellent, en quelque sorte
Jusqu’à ce que la BP…
J’imagine que comme Acdainso devenait un obstacle permanant
On ne sait pas…
En utilisant quels moyens
Ils ont commencé à persécuter les responsables d’Acdainso
Et il a commencé à y avoir des morts
En 2004, ils ont tué notre camarade Oswaldo Vargas
C’en était fini de Acdainso
Alors on a créé une autre association: Asojuntas
Parmenio a été élu président de Asojuntas
Le 7 mai 2005
Et le 10 mai, c’est à dire 3 jours plus ***, ils l’ont assassiné
Il descendait à la maison pour déjeuner. Il rentrait
Quand il est arrivé au chantier, ils l’attendaient
Ils étaient plusieurs
Ce jour-là, ils lui ont quitté la vie
Et celle d’un autre camarade qui allait en moto
Ils voulaient qu’il ne reste rien de Acdainso
Porque Acdainso fue una asociación que…Parce que Acdainso était une association qui…
Qui a mis la BP en échec
En échec, et à plusieurs reprises
On a bien dû faire deux ou trois grèves
Et la dernière dura plus ou moins 45 jours
On a exigé des droits pour les travailleurs
Parce qu’ils étaient mal payés
Ils contaminaient les écosystèmes
La rivière Cravo et son affluent La Guatoca
Ils déforestaient à tout va
Avec la mort de mon frère et de l’autre jeune
Tout le monde a fermé les yeux, à cause de la peur
Alors ça ouvert le chemin pour la BP
Et tranquillement. Ils avaient obtenus ce qu’ils voulaient
Mais ici, tout ce qui peux se dire contre une multinationale, n’a aucun écho
Parce qu’en pratique, dans les campagnes, les multinationales
Remplace l’Etat.
L’Etat colombien, malheureusement,
Et ici dans la campagne du Casanare, n’a aucune présence.
La mort de mon frère on la doit à la Brigade 16, au Gaula.
Le 16 avril 2008
Le DAS et l’armée m’ont arrêté
À Teislandia, dans la juridiction de Tamara.
Depuis ce jour là, j’ai été victime d’une persécution de la part des autorités,
Et ils n’ont cessé de me créer des ennuis
Que ce soit à la maison ou à la ferme.
Des ennuis à moi-même et à ma famille.
Des fois ils campent proche de ma maison
Ou alors je les trouve à la ferme.
Je ne peux plus me promener seul.
Il y a eu quelques personnes
Qui voulaient me rencontrer seul. Je ne sais pas pourquoi.
Je ne sais pas ce qu’ils me voulaient.
Ca me préoccupe.
J’ai peur parce que
Avec tous ces cas de “falsos positivos” qui sont apparus,
On ne sait jamais, ils pourraient attenter à ma vie.
Ici, dans les alentours
Dans la région de Campo Hermoso
Ici, dans la juridiction de Tamara
On a découvert plein de cas
Par exemple, des civils tués par le Gaula et l’armée
Il y a en a 4 cas.
Un Jeune qui travaillait dans une ferme
Ils l’ont enlevé et l’on fait passer pour un guérillero
En lui mettant une tenue de camouflage.
L’Etat a dû dédommager les familles
Et de ça, on s’en rend bien compte,
Par exemple, ils y ont arrêté un civil, lui ont enfilé un camouflage
Et ils l’on tué.
A ce même type, ils lui avaient offert 300 millions de pesos
Pour laisser entrer la compagnie pétrolière dans la réserve indigène.
Mais il n’avait pas accepté.
Il ne voulait vendre sa communauté.
Alors, ils l’ont tué.
Entre le piedmont et les plaines orientales Le département du Casanare
A le malheur de posséder une extraordinaire richesse pétrolifère
Ce qui le convertit en une cible privilégiée de la violence étatique
Et paraétatique.
Et cette précieuse ressource énergétique a également eu pour fonction
D’être une formidable source de pouvoir
Pour les entreprises multinationales.
L’empressement à extraire ne s’est pas arrêté
même face aux droits fondamentaux des habitants du Casanare,
Et ils ont utilisé tous les moyens
Pour éliminer les obstacles qui les éloignaient de cet or noir.
Sur une population de 300’000 habitants,
Durant ces 20 dernières années
Ont disparus plus de 2’600 personnes
Et des milliers d’assassinats.
Le monde se divise entre ceux qui ont la parole
Et ceux qui doivent demander la permission de parler.
Face à un gouvernement qui pratique le pardon et l’oubli
pour ces propres actes et ceux de ses laquais,
les victimes, aujourd’hui, rompent le silence,
rejettent le sentiment de peur
et prennent la parole.
Au niveau national, certain thèmes
Sont très prisés :
la guérilla, les otages,
Les otages, l’échange de prisonniers
la politique, les militaires.
Mais tout ce qui s’est passé, ici, a aussi des répercussions humaines.
Et ce qui s’est passé ici, se doit aussi d’être connu
et devrait recevoir l’importance qu’il mérite.
Nous, les victimes, la seule chose que nous voulons
C’est que se sache la vérité.
Que l’on nous aide à élucider tous ces cas.
Que justice se fasse.
Pouvoir faire jaillir la vérité.
Qu’il y ait une vérité et une justice.
Et ainsi une réparation
Pour les dommages que ces groupes nous ont occasionnés
À nous, les familles des disparus.
Je ne suis pas d’accord avec la loi de « Justicia y Paz »
Parce que je sens bien qu’elle ne rend pas justice.
Dans le sens où ce qui se passe
C’est que l’on trompe le peuple.
tous complices pour fomenter ces atrocités
alors maintenant ils ballaient tout avec cette loi de Justica y Paz…
Ça ce n’est pas possible.
Le gouvernement pardonne et oublie
C’est parce qu’il ne ressent pas ce que nous ressentons, nous, les familles des victimes.
Nous, comme familles des victimes, on ne peut pas…
On ne peut pas pardonner.
Au gouvernement, ça leur arrangerait que …
Qu’on leur pardonne et que l’on oublie
Parce qu’ils ne ressentent pas la douleur
Ca ne leur fait pas mal de faire ça aux paysans.
Ça, c'est ce que je cultive dans ces méandres du Rio Ariporo, des bananes et du yuca.
C’est pour cela que je reste au Casanare.
Le maïs
Ici il y a du maïs
J’ai des bananes,
Et du yuca, planté sur un demi-hectare.
Et de ceci on vit bien.
31 octobre et 1er novembre 2009. Marche Nacionale au Casanare
On nous a invités ici
À Chameza
à la mémoire douloureuse de ce qui s’est passé il y a 20 ans.
Le 31 octobre 1989
Quand les frères Jairo Antonio et Luis Alvaro Acosta
Ont été violemment sortis de leurs maisons
soumis à de barbares tortures
Et exécutés par des fonctionnaires d’un Etat
Qui avait été créé pour protéger la vie
Et non pour la détruire.
Pour eux, ça n’avait été que le début de l’horreur.
Pendant que les grands médias de communications
Se gargarisaient de la découverte
des grands champs d’hydrocarbure à Cusiana et Cupigua,
et de la signature des accords avec les entreprises multinationales
Qui auront à exploiter ces richesses pour le grand bénéfice du pays.
Ces contrées se sont ainsi vues progressivement
controlées par les militaires et paramilitairesqui ont semé la mort et la désolation
Dans des populations qui auraient dues avoir été
les premières bénéficières de ces richesses.
Grande est la tentation d’oublier le passé
Afin que ces horreurs cessent de nous tourmenter
tels des fantômes
qui hantent les jours qui nous restent à vivre.
Mais comment construire un futur digne
et solidaire
si le passé n’est pas soumis
a la justice.
Il ne sera jamais possible de construire des responsabilités face au futur
sur des bases d’irresponsabilités face au passé.
La paix n’est pas uniquement l’absence de guerre
comme le dit l’Eglise dans de nombreux documents.
La paix est le fruit de la justice,
La paix chrétienne est le fruit de la justice.
Et nous sommes certains que la violence
ne sera pas totalement éradiquée
si l’on ne construit pas la justice
parce que la justice est la racine de la paix.
Même dans la mort,
Même dans la torture,
L’espoir demeure.
Un espoir qui passe par le droit à la mémoire,
Par le droit à se souvenir
N’ayons pas honte de notre passé, de notre communauté
De la lutte de nos avons menée.
Non à l’impunité, non à la torture,
Non aux crimes d’Etat.
Mais nous, les victimes de Colombie, nous avons l’autorité éthique et morale
D’avoir le droit à un pays libre et souverain.
Avec cette marche, nous voulons aider
toutes les familles de cette région
pour que, avec désir, force et courage
ils continuent cette lutte. Recherchant la vérité,
recherchant la justice,
recherchant la reconstruction de tout ce qui a été détruit.
Egalement nous vivrons avec la conscience
de la société de laquelle nous sommes issus
C’est ainsi et pas autrement
Grâce à l’extermination
De Tous ceux qui ont été violement privés de leur vie.
Parce que leurs rêves ont été anéantis,
Parce que leur énergie vitale,
leurs projets de vie et de société ont été ruinés.
La réalité qui nous entoure est
Una réalité illégitime et perverse.
Mais s’il y a quelque chose qui est resté sans doute
c’est bien que toute cette orgie d’horreur et de cruauté
avait des intentionnalités précises,
conséquence ultime
de la politique d’Etat.
L’inceste des grands intérêts du capital
Par la superposition des agendas
montre la coïncidence irréfutable
L’établissement des multinationales pétrolifères dans la région
Et le développement de la terreur.
Mais je veux vous dire:
La peur paralyse, la peur aveugle.
Par l’amour que nous portons à notre pays, à nos êtres chers
nous résistons à la peur des menaces,
nous résistons à la peur de ceux qui, au nom de Dieu, justifient
que l’on assassine un peuple.
On peut tuer les gens
mais on ne peut pas tuer les pensées.
Travaillons pour la mémoire,
pour la vérité et la justice.
Et à un Etat
Qui entretient des relations directes avec les paramilitaires,
les trafiquants de drogues et le crime organisé
Nous luis disons: assez!
Assez de morts, assez d’impunité.
Hier soir j’ai entendu des explosions
Des tirs de fusils et de révolver.
Des voitures accélérant, freinant, des cris.
Des bruits de bottes dans la rue.
Des coups à des portes, des bruits de plats brisés.
Passait au même moment une série télévisée
C’est pour cela que personne n’a regardé dehors
Où vont les disparus?
Cherchez dans les rivières, sous les buissons
Pourquoi les ont-ils fait disparaître ?
Parce que nous ne sommes pas tous égaux
Et quand les disparus reviendront-ils?
A chacune de nos pensées
Comment pouvons-nous leur parler?
Avec l’émotion du cœur.