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Je m'appelle José Fuster,
je vis ici à Jaimanitas.
Nous sommes dans ma maison atelier où je vis depuis près de 30 ans.
Quand je suis arrivé ici, c'était une petite maison de bois.
J'ai alors décidé de changer tout le cadre et c'est comme ça que j'ai commencé à fabriquer ce rêve.
J'avais vu le parc Güell, l'œuvre de Brancusi en Roumanie
et beaucoup d'autres choses, mais pour moi c'était des choses presque impossibles.
Mais tous les rêves doivent se réaliser doucement, lentement pour ne pas échouer.
J'ai donc construit, petit à petit, mon espace et mon rêve.
Cette idée est née de mon épanouissement artistique.
Chaque jour, j'essaie de me dépasser et de faire quelque chose de spectaculaire.
Je crois que l'art, c'est ça: essayer de toujours faire mieux, de créer sans cesse quelque chose.
J'ai donc voulu faire de mon atelier un lieu où je puisse vivre à l'intérieur d'une œuvre
Picasso, c'est mon père spirituel.
Parce que Picasso nous ressemble. Les gens de Malaga,
de cette partie de l'Espagne, ont beaucoup de choses en commun avec les Caraïbes.
Je crois que c'est en fait une source d'inspiration en ce qui concerne le travail,
non pas d'un point de vue thématique, mais de celui de la façon de faire.
Picasso représente une étape très importante de l'histoire de l'art.
Il a eu beaucoup d'influence
même après sa mort, après la fin de la période moderne, pendant la période postmoderne.
L'art contemporain reprend des thèmes de Picasso.
Eh bien je trouve magnifique que Picasso,
cet homme qui a révolutionné la peinture, revive en moi.
Je tente de suivre ses pas en reprenant le thème de la joie de vivre,
le thème des musiciens,
ce genre de choses, pour leur donner une continuité.
C'est comme jouer dans un orchestre et inviter Gaudí, Brancusi,
tous ces grands noms, à se joindre à ma symphonie.
Ils sont donc tous présents: Picasso est mon père spirituel
et Gaudí, mon oncle préféré.
Je dis ça parce que je n'écarte aucune bonne influence artistique.
Mon environnement familial n'a rien de particulier.
Ma famille est très ordinaire
et j'ai toujours évolué dans ce milieu, celui des gens simples.
Je crois que c'est pour ça que je suis devenu ce que je suis,
et je fais en sorte que mon art reflète toutes ces personnes et respecte mes vraies origines.
Ce projet n'a pas seulement lieu dans ma maison,
c'est le projet de tous les voisins.
C'est une œuvre à laquelle le peuple participe,
les voisins sont mes complices.
Ce sont des personnes extraordinaires,
ils ne sont pas communs. Ce sont des architectes, des ingénieurs,
mais étant donné les circonstances ici à Cuba, ils n'ont pas d'argent.
Je suis de ceux à qui la vie a donné le don de peintre, de faire des tableaux pour lesquels on me paie,
mais je ne me crois pas pour autant supérieur à eux.
Je leur demande ce qu'ils veulent que je fasse
et j'investis. Je mets mon argent au service de la communauté
et j'y gagne beaucoup en tant qu'artiste.
Tout a commencé par un projet proposé par l'assemblée
et soutenu par le génie, c'est comme ça qu'on l'appelle,
pour la construction de la maison.
À partir de là, une idée a surgi dans le cadre du projet
et la maison a été construite en grande partie grâce à lui.
Nous sommes vraiment très contents, et je parle au nom de tous les voisins,
parce que ces œuvres ont donné à notre quartier une touche très spéciale.
Ça nous permet aussi d'apprendre et de découvrir les œuvres réalisées par d'autres artistes.
Je participe de manière populaire et démocratique.
Tout ce que j'ai fait, on me l'a demandé, chaque jour je reçois de nouvelles demandes,
je n'impose rien à personne.
Ça me fait plaisir de voir qu'on aime ce que je fais.
Je ne leur donne pas raison, mais certains m'ont critiqué
et m'ont dit que c'est un hommage à moi-même.
Qu'est-ce que je peux y faire? C'est la vie.