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Alan Borovoy : Évidemment, plus on a de l'expérience, plus on sait ce qui est nécessaire. À cette
époque -- je parle du milieu des années 1960, nous avons appris les difficultés que
rencontrait un groupe de médecins indiens. Les médecins qui venaient d'Inde et du Pakistan
ne pouvaient pas être agréés pour exercer la médecine en Ontario. Ils n'étaient pas
autorisés à se présenter aux examens qu'ils auraient pu réussir.
Nous nous sommes donc penchés sur le Code tel qu'il était rédigé à l'époque, et
nous n'y avons trouvé aucune disposition relative à l'agrément de professionnels
ou autres. Ainsi, si une forme de discrimination était commise, il s'agissait d'un domaine
d'intérêt public non prévu par le Code. C'est pourquoi nous avons commencé à mener
campagne pour que les choses changent.
Nous nous sommes adressés à la Commission ontarienne des droits de la personne pour
lui demander d'avoir l'obligeance de mener une enquête à ce sujet. Puis nous avons
commencé à réclamer un changement d'ordre législatif. Je me souviens qu'en 1967, la
Commission recevait la Convention internationale des Commissions des droits de la personne
en Amérique du Nord. C'était l'année du centenaire du Canada.
Le juge Bora Laskin de la Cour d'appel de l'Ontario y avait été invité comme conférencier
d'honneur. Un jour, il m'a appelé. J'avais été l'un de ses étudiants. Il me demandait
de venir à son bureau pour lui raconter ce que je faisais dans le domaine.
Je lui ai tenu un discours axé sur la nécessité de combler ce vide juridique dans le Code
des droits de la personne. Pour moi, assis dans son bureau, la situation avait un charme
tout particulier : je pérorais et lui prenait des notes. Un véritable renversement de situation
par rapport à l'époque où j'étais son étudiant à la faculté de droit. Mais c'était
une belle expérience. Il a prononcé un discours puissant prônant ce changement de la loi.
Peu de temps après, le Code des droits de la personne était modifié de manière à
inclure cette disposition.