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Corée du Nord: «anéantissement», «riposte militaire massive» ou «guerre économique»?
Le secrétaire à la Défense, « Mad Dog » James Mattis, a confirmé lors d’une conférence de presse que la « menace nord-coréenne sur les USA entraînera une « riposte militaire massive »,
tout en prenant la précaution de dire que « Nous ne cherchons pas à anéantir la Corée du Nord – Bien des options sont envisagées. (soulignement ajouté).
Mattis a indiqué que le président Trump « désire être informé de chacune des “nombreuses options militaires envisagées” » :
« Toute menace contre les États-Unis et ses territoires, y compris Guam, ou contre nos alliés, entraînera « une riposte militaire massive, qui sera efficace et énorme. »
L’anéantissement était l’objectif de la guerre de Corée (1950-1953). et « Mad Dog » James Mattis a été responsable de l’anéantissement de Falloujah (Irak) en 2004.
Le général à la retraite James Mattis a reçu le quolibet de « Mad Dog » pour avoir commandé les U.S. Marines dans la bataille de Falloujah, en Irak, en avril 2004.
Dans cet assaut, les membres du Corps des Marines ont tiré sur des ambulances et des travailleurs humanitaires. Ils ont bouclé la ville,
empêchant ainsi les civils de fuir. Ils ont posé pour des photos de trophées avec des personnes qu’ils avaient tuées (…).
Durant le siège de Falloujah, que j’ai couvert comme journaliste intégré, les Marines ont tué tellement de civils que le stade de soccer municipal a dû être transformé en cimetière. (soulignement ajouté)
La désignation par Trump de « Mad Dog » comme secrétaire à la défense n’est aucunement mise en doute. D’après Felicity Arbuthnot :
L’invasion étasunienne donnait froid dans le dos, touchant « une maison après l’autre, une pièce après l’autre » et semant la mort et la destruction dans l’ancienne et fière « ville des mosquées ».
Un correspondant a écrit que : « Avant l’attaque de Falloujah, il n’y avait rien eu de tel depuis l’invasion et l’occupation de la majorité du continent européen par les nazis – la canonnade
et le bombardement de Varsovie en septembre 1939 le bombardement terrifiant de Rotterdam en mai 1940. »
Il poursuivait plus loin : « (…) la bataille de Falloujah ne s’est faite que dans un sens. La supériorité militaire et technique des USA contre la résistance (était) aussi grande, sinon plus,
que l’avantage de l’armée étasunienne sur ses opposants amérindiens dans les années 1870 et 1880. » (1)
Soixante-dix pour cent des maisons et des échoppes ont été rapportées détruites, celles encore debout étant sérieusement endommagées.
Le médecin irakien Ali Fadhil a décrit une ville : « (…) complètement dévastée, de la destruction partout. Elle avait l’air d’une ville fantôme.
Falloujah était une ville moderne; aujourd’hui, il n’y a plus rien. Nous avons passé la journée à passer dans les décombres de ce qui était le centre de la ville; je n’ai vu aucun immeuble fonctionnel.
» (City of Ghosts, The Guardian, 11 janvier 2005)
Anéantissement 2.0 avec « Mad Dog » Mattis aux commandes
Aujourd’hui, « Mad Dog » Mattis dirige le Pentagone, donc responsable à ce titre des armes nucléaires tactiques et stratégiques,
et menace un pays au complet d’une « riposte militaire massive ». Les mêmes motivations criminelles prévalent, mais à une échelle plus vaste.
Des criminels de guerre occupant de hautes fonctions. Qui menace qui déjà?
La Corée du Nord a perdu 30 % de sa population en raison du tapis de bombes étasuniennes qui lui est tombé dessus durant la guerre de Corée.
Ne nous berçons pas d’illusions : c’était une politique d’anéantissement total.
Le général étasunien Curtis Lemay avait dit par la suite :
« Après avoir détruit 78 villes de la Corée du Nord et des milliers de villages, et tué un nombre incalculable de civils (…) Sur une période d’environ trois ans, nous avons tué, je dirais, 20 % de la population. »
« Nous sommes allés là-bas faire la guerre, et fini par incendier chaque ville de la Corée du Nord, d’une façon ou d’une autre (…). (voir Pyongyang ci-dessous)
Guerre économique
Pour sa part, le vice-président Pence a laissé entendre lors d’un point de presse que l’objectif immédiat était de geler les échanges commerciaux avec la Corée du Nord, qui est en fait une politique d’isolement économique total.
Cela se ferait au moyen d’un régime de sanctions visant à « cesser de commercer avec tout pays qui fait affaire avec la Corée du Nord ».
Ce qui est maintenant sur la table à dessin des USA, c’est de geler les échanges commerciaux avec la Corée du Nord, qui se font à 90 % avec la Chine.
« Si elle est mise en œuvre, cette option signifierait un arrêt des échanges commerciaux des USA avec la Chine,
qui a donné son appui aux sanctions économiques contre la Corée du Nord, mais qui demeure un partenaire clé de l’État voyou. »
Cette citation (CNN, 3 septembre 2017) frise le ridicule. Des sanctions dirigées contre la Chine entraîneraient des contrecoups contre les USA, ce qui pourrait perturber l’économie de consommation « Made in China ».
La Chine va-t-elle plier sous les menaces de Washington? Pékin contrôle 90 % du commerce avec la Corée du Nord,
mais la République populaire de Chine (RPC) est aussi le partenaire commercial le plus important des États-Unis.
La Chine ne dépend pas des importations étasuniennes, bien au contraire. L’économie des USA repose sur l’importation.
La base industrielle et manufacturière des USA est faible et dépend largement des importations en provenance de la RPC.
Imaginez ce qui pourrait arriver si la Chine réagissait aux menaces de Washington en décidant du jour au lendemain de réduire sensiblement ses exportations de marchandises « Made in China » aux USA.
Cela serait immensément dévastateur, perturberait l’économie de consommation et créerait un chaos financier.
Les produits « Made in China » constituent l’épine dorsale du commerce de détail aux USA
et soutiennent de façon indélébile la consommation des ménages dans pratiquement toutes les grandes catégories de marchandises comme les vêtements,
les chaussures, le matériel, les produits électroniques, les jouets, les bijoux, les installations fixes, les aliments, les télés, les téléphones mobiles, etc.
Le consommateur étasunien vous le dira : la liste est longue.
« La Chine fabrique 7 téléphones cellulaires sur 10 vendus dans le monde ainsi que douze milliards et demi de paires de chaussures (plus de 60 % de la production mondiale).
En outre, la Chine fabrique plus de 90 % des ordinateurs dans le monde et 45 % de la capacité en construction navale. » (The Atlantic, août 2013)
Make America Great again : Made in China. Pas une très bonne idée pour le Donald!
Harakiri économique
Ce genre de chantage économique de la part de l’administration Trump à l’encontre de la Chine ne fonctionnera pas. Il va tomber à plat.
Les sanctions étasuniennes contre la Chine auront des répercussions sur les USA. Les États-Unis ne peuvent renoncer à leurs importations de produits fabriqués en Chine.