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En attendant que l'heure sonne,
l'heure héroïque du combat,
chantons et buvons et buvons courte et bonne !
Chantons et buvons et buvons courte et bonne !
C'est la devise du soldat !
Chantons, buvons,
jouons, dansons !
En attendant que l'heure sonne,
l'heure héroïque du combat,
chantons, buvons, oui, buvons courte et bonne !
C'est la devise du soldat !
Buvons ! Dansons !
Ô mon Fritz,
que tu m'affliges
en m'apprenant ton départ !
Va, je ferai des prodiges
pour revenir
sans retard !
Allez, jeunes filles, dansez et tournez,
vous, dans vos familles, vous, vous resterez,
mais nous, pauvres hommes, bientôt nous irons,
pour de faibles sommes braver les canons !
Si le sort funeste ne peut s'éviter,
du temps qui nous reste sachons profiter.
Vidons notre verre
en brave guerrier,
et tant pis, ma chère, si c'est le dernier !
Ô filles jolies, ô braves garçons,
tournons et valsons, valsons et tournons !
Valsons, valsons !
Tournons et valsons, valsons et tournons,
comme des toupies, comme des totons !
Tournons, valsons,
comme des toupies, comme des totons !
Quand, prenant les armes, nous nous en irons,
que de cris, de larmes et de pâmoisons !
N'ayez peur, mes belles, nous vous écrirons,
et de nos nouvelles nous vous donnerons.
Votre cœur, je pense, restera constant,
malgré notre absence, mais en attendant,
vidons notre verre, prenons un baiser,
et tant pis, ma chère, si c'est le dernier !
Ô filles jolies, ô braves garçons,
tournons et valsons, valsons et tournons !
Tournons et valsons, valsons et tournons,
comme des toupies, comme des totons !
Tournons, valsons, comme des toupies, comme des totons !
Des femmes dans nos camps ?
Effroyable licence !
Bon ! Voilà le gêneur !
Avez-vous donc, soldats,
perdu toute prudence ?
Pour être militaire, en a-t-on moins de cœur ?
Vous encore, vous, vous parlez !
Mais, général...
Silence ! Silence !
Quand je me fâche, l'on se tait,
car ma rigueur, on la connaît.
Quand il se fâche, l'on se tait,
car sa rigueur, on la connaît.
Á cheval sur la discipline,
par les vallons je vais devant moi, j'extermine les bataillons !
Le plus fier ennemi se cache, tremblant, penaud,
quand il aperçoit le panache que j'ai là-haut !
Et pif paf pouf, et tara papa poum ! Je suis moi le général Boum ! Boum !
Et pif paf pouf, et tara papa poum ! Il est lui le général Boum ! Boum !
Dans nos salons, après la guerre,
je reparais,
et la plus belle, pour me plaire, se met en frais.
Elle caresse ma moustache, en souriant...
En ce moment-là, mon panache est fort gênant.
Et pif paf pouf,
et tara papa poum !
Je suis moi le général Boum ! Boum !
Et pif paf pouf, et tara papa poum !
Il est lui le général Boum ! Boum !
Vive le général Boum !
Vive moi ! Hourra !
Et gloire aux soldats de la Grande-Duchesse !
- Vive la Grande-Duchesse ! - Vivats !
Fantassin Fritz, avancez !
Allez ! C'est pour moi !
- Général ! - Vous êtes un mauvais soldat !
- Mon général... - Taisez-vous !
- Mais... - Quand je me fâche on se tait.
Vous avez encore fait la cour à Wanda ?
- Mais pas du tout ! - Et elle vous a repoussé, Wanda ?
Elles ont mauvais goût les femmes ; elles préfèrent les jeunes soldats
- aux vieux chefs. - Je te jetterai au souterrain.
- Ça n'y changera rien. - Ô fureur !
- Général ! - L'ennemi, c'est ça !
- Où est-il ? - Nulle part, Général !
Préparez-vous. Son Altesse, la Grande-Duchesse,
va venir passer son régiment en revue.
Vous entendez, soldats ?
Fantassin Fritz, mettez-vous là.
Vous monterez la garde.
Et qu'est-ce que je garde ? Le terrain ?
Vous garderez le lieu sacré que la Grande-Duchesse va honorer !
- Ça vous suffit ? - En plein soleil !
Soldats ! Portez armes ! Par la gauche ! En avant ! Marche !
Et pif paf pouf, et tara papa poum ! Il est lui le général Boum ! Boum !
Vous allez où ?
Mais ça ne vous regarde pas !
Soldats ! Par le flanc gauche ! Marche !
Hou le vilain soldat !
Ah, c'est malin de faire des grimaces
à un pauvre soldat qui ne peut pas bouger.
Tout ça pour des histoires de femmes...
Me voici, me voici !
Fritz ! J'ai tant couru que, ma foi, j'en suis hors d'haleine !
Mais je te vois cet air bourru,
ce n'était vraiment pas la peine...
Dis-moi ! Pourquoi ?
Pourquoi ?
Que veut dire cette grimace ?
J'accours, et te voilà de glace !
Es-tu muet, beau grenadier ?
Ne sais-tu m'aimer que par signe ?
Il le faut bien, car la consigne,
oui, la consigne, hélas, me défend de parler !
Finis cette plaisanterie !
Lorsque l'on voit sa bonne amie,
monsieur, l'on doit tout oublier...
Vite, un mot, ou bien j'égratigne !
Je ne peux pas, car la consigne,
oui, la consigne, hélas, me défend de bouger...
Comment, quand mon regard t'appelle,
quand il te dit : « Près de ta belle, viens un instant t'agenouiller ! »
Ah, tu me dis non !
Oui, la consigne me défend de bouger.
- Comment, tu me dis non, hélas ! - Eh oui, je te dis non, hélas !
Et si, pour toi, perdant la tête, je te disais : « Viens, grosse bête ! »
« Viens vite là prendre un baiser ! Viens vite prendre un baiser ! »
- me ferais-tu l'injure insigne ? - Ah, ma foi, non,
car la consigne ne me défend pas d'embrasser.
Je savais bien que la consigne ne défendait pas d'embrasser !
Au diable la consigne !
Au diable la consigne !
Et vive l'amour !
Tant pis, bravons la consigne !
Obéissons à l'amour !
Au diable la consigne !
Et vive l'amour !
M'est avis, lorsque l'on commence...
M'est avis qu'on doit redoubler !
Un seul baiser suffit, je pense,
mais pas deux, ça pourrait troubler !
- Un tout petit... - Non, soyons dignes !
- Un seul... - Non, non !
- Un baiser... - Et la consigne ?
Un seul baiser...
Non, la consigne me défend de t'embrasser !
Ah, cesse de me repousser, viens m'embrasser !
- Et la consigne ? - Wanda...
Un baiser...
Au diable la consigne !
Et vive l'amour !
Tant pis, bravons la consigne ! Obéissons à l'amour !
- Ah ! Tu es pris ! - Mein Fritz...
Ce bon mouvement d'armée n'était fait que pour te surprendre.
- Général ! - Je te surprends...
- Qu'est-ce que c'est que ça ? - Une attaque !
C'est l'ennemi ! Gonflez les zeppelins !
- Boum ! - Qu'est-ce qui vous est arrivé ?
Ils ont demandé le mot de passe ; absorbé comme je le suis
par les hautes choses de la politique,
- je n'ai pas répondu et alors... - Pif paf pouf.
- Ils ont tiré... - C'était leur devoir. - Ils m'ont manqué.
- Ils seront punis ! - Quoi ?
Vous auriez voulu ?
Comme Général, bien sûr... pas comme ami.
Bien, merci, tant mieux.
Écoutez...
Je voulais vous dire... Vous savez...
Juste avant de partir pour la guerre,
nous avons l'habitude d'exciter le soldat...
Hélas !
Nous avons imaginé quelque chose de...
- de bref... La Grande-Duchesse va venir... - Je sais.
Quand elle sera au milieu des soldats, vous lui proposerez
- de faire chanter la chanson du régiment. - Encore ?
Son Altesse vous répondra : « Mais cette chanson, je la connais »
et elle la chantera.
- Elle-même ? - Pour exciter le soldat...
et c'est avec vous qu'elle la chantera.
Avec moi ? Quel horr... Quel honneur ! Elle la sait ?
Nous avons travaillé pendant deux heures ce matin.
- Tant pis, c'est d'accord. - Bien...
maintenant... nos affaires.
Vous savez pourquoi nous faisons la guerre ?
- Plus du tout. - Mais enfin ! ...
La Grande-Duchesse, comme vous savez, n'a plus vingt ans.
Jusqu'à présent, elle nous a laissé le pouvoir,
mais j'ai remarqué que, depuis quelque temps,
elle était sombre, inquiète, désagréable.
Je me suis dit : il faut que je lui trouve une distraction.
J'ai fait déclarer la guerre...
et voilà !
Ah! Bonne idée.
Je l'ai toujours tenue comme ça... Mais n'anticipons pas sur le passé.
Quand il lui a fallu autre chose...
- je lui ai cherché un mari. - Oui, le Prince Paul.
Mais le Prince ne fait aucun effet...
La Grande-Duchesse ne veut pas l'épouser. Elle traîne...
Il y a huit jours, l'électeur-père
a envoyé ici le Baron Grog pour la décider.
Seulement la Princesse ne veut pas le recevoir,
elle continue à déprimer, elle fume !
- Espérons que la guerre la distraira. - Comptez sur moi.
Hélas, cet amusement n'aura qu'un temps...
Se battre, détruire, c'est bien gentil...
elle va vouloir d'autres plaisirs.
Son cœur n'a pas parlé encore...
il parlera... et, ce jour-là, malheur à nous !
- Vous me faites peur. - Tant mieux !
Avez-vous pensé ? Si la Princesse, soudain, voulait un favori ?
Nous serions rasés.
Il ne faut pas qu'elle en ait ! Il ne faut pas. L'ennemi !
- C'est l'ennemi ? - Mais non, Général, c'est son Altesse.
Faites mettre les troupes en rang !
- Sortez les Panzers ! - Et à nous deux le pouvoir !
Á nous deux !
Portez armes !
Présentez armes !
Portez armes ! Fixes, droits, l'œil à quinze pas !
Vous aimez le danger.
Le péril vous attire.
Et vous ferez votre devoir.
Vous partirez demain
et moi, je viens vous dire,
non pas adieu, non pas adieu,
mais au revoir !
Ah, que j'aime les militaires !
Leur uniforme coquet, leur moustache et leur plumet !
Ah, que j'aime les militaires !
Leur air vainqueur, leurs manières, en eux, tout me plaît !
Quand je vois là mes soldats prêts à partir pour la guerre,
fixes, droits, l'œil à quinze pas, vrai Dieu, j'en suis toute fière !
Seront-ils vainqueurs ou défaits ?
Je n'en sais rien, ce que je sais...
Ce qu'elle sait, ce qu'elle sait...
Ah, que j'aime les militaires !
J'aime, oui, j'aime les militaires !
Je sais ce que je voudrais,
je voudrais être cantinière !
Près d'eux toujours je serais,
et je les pincerais !
Avec eux, vaillante et légère,
au combat, je m'élancerais !
Cela me plairait-il, la guerre ?
Je n'en sais rien... ce que je sais...
- Ce qu'elle sait... - Ah, que j'aime les militaires !
Leur uniforme coquet, leur moustache et leur plumet !
Ah, que j'aime les militaires !
Leur air vainqueur, en eux, oui, tout me plaît !
Vive la Grande-Duchesse !
Grandiose ! Merveilleux !
- Je suis si contente, Général ! - Altesse...
Vive la Grande-Duchesse !
Général, tenez... faites avancer ce soldat...
Non, pas celui-là...
Pas celui-là... l'autre...
Là... là !
Deuxième classe Fritz, avancez !
Redis-moi, tu t'appelles ?
- Fritz. - Fritz... Sehr schön...
Tes batailles ? tes blessures ?
- Zéro bataille... zéro blessure... - Bravo !
Je te fais Caporal.
Mille sabords !
- Où vas-tu ? - Je vais dire à Wanda que je suis Caporal.
Eh bien, tu pourras lui dire que tu es Sergent.
Faites rompre les rangs. Général.
Rompez les rangs
- et éloignez-vous. - S'éloigner ! Et pourquoi ?
Ce sont mes enfants, mes soldats !
Est-ce que vous avez remarqué
comment son Altesse regardait cet homme ?
- On ne peut pas imaginer... - On peut tout imaginer...
Approche un peu, toi... .
- Altesse... - Vous voyez... - Oui, je vois...
Toi... Vous...
- Vous êtes contents ? - Vous savez, Altesse...
on est content, et on ne l'est pas...
- Je t'ai dit que tu étais Lieutenant ? - Non, Altesse.
- Je te le dis. - Merci...
Il fait chaud ici... J'ai soif !
On va chercher des sorbets.
Hein ? Des sorbets ! Je veux boire ce que boivent mes soldats.
- Mais ils boivent... - J'en veux un verre plein, jusqu'au bord...
Je bois à notre victoire, soldats. Je bois à votre retour.
Vive la Grande-Duchesse !
Yaaa !
- C'est le moment de la chanson ? - Je crois, oui.
Voulez-vous, Altesse... vous plairait-il, Altesse,
d'entendre la chanson de leur régiment ?
Ah oui... Mais cette chanson, Général, je la connais !
- Altesse ! - Je veux la chanter, moi.
Ô Altesse ! Quelle joie !
- Commençons ! - Oui.
Viens, toi, tu vas chanter avec moi.
Vous n'y pensez pas... un Lieutenant chanter...
Je le fais Capitaine, ça suffira ?
Venez, Capitaine, et chantez.
Ah, c'est un fameux régiment, le régiment de la Grande-Duchesse !
Quand l'ennemi fait l'impertinent,
à tomber dessus, faut voir comme il s'empresse !
C'est vrai que les hussards ont du bon et que c'est un aimable escadron...
Avec sa crinière dans le dos, le dragon a l'air très comme il faut...
On sait que dans le corps des artilleurs
on ne prend que des hommes qui ont de la valeur...
Mais rien ne vaut, malgré tout ça, le beau régiment que voilà !
- Ah, saprejeu ! - Ah, ventrebleu !
Sonnez donc la trompette, et battez les tambours,
en l'honneur de la guerre, en l'honneur des amours !
Sonnez donc la trompette, et battez les tambours,
en l'honneur de la guerre, en l'honneur des amours !
Ah, c'est un fameux régiment, le régiment de la Grande-Duchesse !
Il a l'honneur pour sentiment
et la victoire il l'a pour maîtresse !
Avec son superbe étendard, quand il arrive quelque part...
Les femmes, elles sont enchantées, mais c'est les hommes qui font un nez !
Quand il s'en va, le régiment, les choses, elles se passent autrement...
Les hommes, ils ont l'air enchantés, mais c'est les femmes qui font un nez !
- Ah, saprejeu ! - Ah, ventrebleu !
Sonnez donc la trompette, et battez les tambours,
en l'honneur de la guerre, en l'honneur des amours !
Madame !
Qu'est-ce qu'on me veut ?
Cette fois, ça y est, c'est l'ennemi ! Jetez les gaz !
Non, c'est le Prince Paul.
Ils l'ont arrêté, il demande le mot de passe.
Le Prince Paul... encore ?
- Je dis quoi ? - Quelle barbe !
Enfin, allez le chercher...
Toi va mettre ton uniforme et reviens...
Je veux absolument voir comment ça te va.
Ça m'ira très bien.
Laissez-nous, messieurs... Je vous reverrai juste avant la bataille.
Altesse...
Sonnez donc la trompette, et battez les tambours,
en l'honneur de la guerre, en l'honneur des amours !
Mon Dieu !
Vous avez vu ? C'est mon costume de marié.
Je l'ai mis, parce que j'espérais vous décider.
Encore ! Mais aujourd'hui, ça n'est pas possible.
J'ai trop de choses à faire... un plan de campagne,
une armée qui part... Imaginez...
Enfin, essayez... Je n'aurai pas le temps...
- Vous avez toujours des raisons... - Mais qu'est-ce que j'y peux, moi !
En plus, ce matin, le Baron Grog a reçu un coup de fil de papa !
Et qu'est-ce qu'il dit, papa ?
Il dit que puisque je ne vous épouse pas,
il me dirigerait bien sur une autre Grande-Duchesse.
Mon mariage a été annoncé à toutes les cours de l'univers.
- Je suis grotesque ! - Mais non...
Mais si ! Il y a autre chose...
- de pire encore. - Quoi ?
- On parle de moi. - Dans ce torchon ?
Oui ! Ils osent parler de moi,
ils osent entrer dans notre vie privée !
Pour épouser une princesse,
le Prince Paul s'en est allé,
mais il paraît que rien ne presse,
le mariage est reculé !
Tous les jours, quand paraît l'aurore,
le Prince Paul met des gants blancs.
Est-ce aujourd'hui ? Non, pas encore,
alors le Prince ôte ses gants...
Le Prince Paul a l'âme grande :
il souffre, mais il se tient coi...
Voilà ce que l'on dit de moi.
Voilà ce que l'on dit dans la Gazette de Hollande, oui !
Il faut toujours ajouter foi,
il faut ajouter foi à la Gazette de Hollande !
Si ça vous fait rire...
Le Prince était tout feu, tout flamme,
en arrivant à cette cour.
Le Prince était brûlant d'amour en arrivant près de sa dame.
Il a tant brûlé qu'on suppose, après six mois de ce jeu-là,
qu'il ne doit pas rester grand-chose
de tout ce feu dont il brûla...
Dans ta poche mets ta demande,
Prince Paul, et rentre chez toi...
Voilà ce que l'on dit de moi !
Voilà ce que l'on dit dans la Gazette de Hollande, oui !
Il faut toujours ajouter foi,
il faut ajouter foi à la Gazette de Hollande !
Je vais m'abonner.
Méchante !
Et voilà !
Il est ! Non mais, regardez !
- Dites-moi ce que vous en dites... - C'est un beau gars.
N'est-ce pas ?
Capitaine, allez prévenir le Baron et le Général que nous les attendons.
Euh... Madame...
- Il est ! - Vous ne m'avez pas répondu.
Écoutez, dès que les soucis du gouvernement
me laisseront une minute pour m'occuper de mon bonheur,
je profiterai de cette minute pour vous épouser. D'accord ?
Jusque-là, il faut attendre.
Nous allons enfin examiner le plan de campagne du Général Boum.
Messieurs...
Capitaine, vous veillerez sur nous.
N'ayez pas peur !
Allez, Général.
- Devant lui ? - Allez, on vous dit...
C'est très simple. Je partage mon armée en trois corps.
Il y en a un qui ira à droite, un autre qui ira à gauche,
- un autre qui ira au milieu. - Superbe !
Mon armée se rendra ainsi, par trois chemins différents,
vers le point unique où j'ai résolu de me concentrer.
C'est là que je les battrai. C'est là ! C'est !
- Contenez-vous. - Je vous dis que c'est là...
Vous allez vous faire mal.
C'est pour mon pays ! L'ennemi ! Qu'on me conduise à l'ennemi !
Vous irez par vos trois chemins.
Vous, taisez-vous.
Mais, c'est bouffon, vos trois chemins.
- Ta gueule ! - Vous vous oubliez, Baron !
Et pourquoi, Monsieur le Capitaine,
les trois chemins du Général Boum sont-ils « bouffons » ?
Cet homme n'a pas le droit de parler.
Il faut être officier supérieur...
- Il faut être noble... - Il n'a pas le droit...
Silence, Messieurs, ou je vous fais couper la tête.
Très bien, d'accord !
Je le fais Général, comme vous, et en plus,
je le fais Baron de Vermouth-von-Bock-Bier,
Comte 'Avall-vitt-Katt-Schopp- Vergissmeinicht. Cela suffira ?
Á vous, Général.
Madame... Au lieu d'aller à l'ennemi par trois chemins...
C'est juste le col qui est un peu haut...
Il faudrait dix centimètres de moins... pour dégager le cou...
Continuez...
On va direct à l'ennemi. Y a qu'un chemin.
Et avec les autres on cogne... tant qu'on peut cogner.
On cogne, c'est tout.
Ça, c'est bien - voilà votre plan, Boum.
- Je ne le suivrai pas ! - Ah non ? Et pourquoi ?
Avec mon plan, il n'y avait pas de bataille...
avec le sien... Je ne le suivrai pas !
Baron de Vermouth-von-Bock-Bier ? Que le ciel soit avec vous !
Á partir de maintenant, vous êtes le Général en chef de mes armées.
- Mille millions ! - Calmez-vous ; nous nous vengerons.
Ils vont tous partir pour la guerre, tambour en avant, tambour battant !
Encore un regard en arrière, puis en avant !
Ils vont tous partir, partir pour la guerre,
ils vont partir tambour battant !
Écoutez tous
la voix de votre souveraine.
Voici le nouveau général !
Lui, notre général !
Oui, soldats, et je suis certaine
qu'il ne s'en tirera pas mal.
Unissons-nous pour la vengeance, soyons adroits !
Il est seul et nous, quelle chance, nous sommes trois !
Il est seul. Et nous sommes trois !
- Toi, général en chef ! - Eh ! Mon Dieu, tu vois bien !
- Ah ! Tu vas m'oublier... - Mignonne, ne crains rien.
- Tu m'aimeras toujours ? - Toujours, n'en doute pas.
- Dis encore une fois ! - Autant que tu voudras !
Quand vous aurez fini de vous parler, là-bas,
vous vous rappellerez que j'attends, n'est-ce pas ?
Elle jette sur eux des regards furieux !
Qu'a-t-elle donc ?
En les voyant,
mon cœur s'agite.
Pourquoi bat-il
donc tout de travers ?
Et pourquoi donc
cette petite
me porte-t-elle sur les nerfs ?
Ah ! j'ai mes nerfs.
La Grande-Duchesse palpite, elle a ses nerfs !
Unissons-nous pour la vengeance, soyons adroits !
Il est seul et nous, quelle chance, nous sommes trois !
Elle me porte sur les nerfs. Ah ! j'ai mes nerfs.
- En les voyant - Unissons-nous
- son cœur s'agite, - pour la vengeance,
- et son regard - soyons adroits!
oui, est plein d'éclairs !
- En nous voyant - Oui, il est seul,
- son cœur s'agite, - nous sommes trois !
et je lui porte sur les nerfs,
elle a ses nerfs.
Mais je suis reine et mon devoir,
pour garder mon prestige, mon prestige m'oblige,
mon prestige m'oblige à ne rien laisser voir.
Allez, monsieur, et me donnez
à l'instant ce que vous savez.
Qu'est-ce que ça peut être ?
Le sabre !
Voici le sabre de mon père !
Tu vas le mettre à ton côté !
Ton bras est fort, ton âme est fière,
ce glaive sera bien porté !
Quand papa s'en allait en guerre,
du moins on me l'a raconté,
des mains de mon auguste mère
il prenait ce fer redouté...
Voici le sabre,
voici le sabre de mon père !
Voici le sabre,
tu vas le mettre à ton côté !
Voici le sabre de mon père !
Tu vas le mettre à ton côté !
Après la victoire, j'espère
te revoir en bonne santé.
Car si tu mourais à la guerre,
je ne sais pas en vérité,
si je...
Par le nom de ma mère !
J'allais dire une énormité !
Voici le sabre,
voici le sabre de papa !
Voici le sabre,
tu vas le mettre à ton côté !
Vous pouvez sans terreur confier à mon bras
le sabre vénéré de monsieur votre père.
Je reviendrai vainqueur, ou ne reviendrai pas !
- Tu reviendras vainqueur ! - Il ne reviendra pas !
- Je reviendrai vainqueur ! - Il ne reviendra pas !
Il reviendra vainqueur !
Il ne reviendra pas !
Non, non, non !
Je serai vainqueur grâce à ma valeur, mon artillerie, ma cavalerie,
triomphant déjà, l'ennemi sera écrasé, brisé, dispersé !
Partons, musique en tête, en avant !
Comme pour une fête, en chantant !
Partez, musique en tête, en avant !
Comme pour une fête, en chantant !
On envahira, l'ennemi fuira !
L'ennemi fuira, on le traquera,
le dispersera et l'enfoncera !
Gaiement nous irons, nous élancerons,
nous brûlerons partout, pillerons partout !
- Je serai vainqueur ! - Il sera vainqueur !
Ils brûleront tout, pilleront partout.
Il sera vainqueur !
Il sera vaincu !
Je serai vainqueur, grâce à ma valeur, mon artillerie, ma cavalerie !
Il sera vainqueur, grâce à sa valeur, son artillerie, sa cavalerie,
son infanterie, tout cela sera triomphant !
Allons à cheval, son artillerie, sa cavalerie sera triomphante !
Ils seront bientôt dispersés !
En avant, en avant,
en chantant !
Partez, partez,
musique en tête, en avant !
Oui, partez, partez, comme pour une fête,
en chantant, partez en chantant !
Vous oubliez le sabre de mon père !
Vous oubliez le sabre de son père !
Le sabre, le sabre !
Voici le sabre,
voici le sabre de son père !
Voici le sabre,
tu vas le mettre à ton côté !
Allez brosser les ennemis !
Allez sauver notre pays !
Enfin la guerre est terminée, la campagne vient de finir...
Dans le courant de la journée, nos amoureux vont revenir.
La guerre est terminée,
la campagne vient de finir.
Dans le courant de la journée,
nos amoureux vont revenir.
Le courrier !
Le courrier ! Vite, mesdemoiselles !
Nous allons avoir des nouvelles !
Qui veut des lettres ? En voici !
Par ici, monsieur, par ici !
En voici !
Laissez-moi passer,
le temps presse...
Service personnel
de la Grande-Duchesse !
Quel trouble avant de vous ouvrir, lettres de celui qu'on adore !
Quelle douceur et quel plaisir de vous lire et relire encore !
Ah, quel plaisir !
« Je t'ai sur mon cœur placée en peinture, »
« quand je suis parti. »
« Il m'a préservé de toute blessure, »
« ce portrait chéri ! »
« Et si je reviens sans égratignure, c'est grâce à lui ! »
Ah, lettre adorée, toute la journée,
je te relirai et t'embrasserai !
« Il paraît qu'on va terminer la guerre, je reviens demain. »
« Étant très pressé, je compte, ma chère, dès après-demain, »
« sans me débotter, aller à ta mère, demander ta main ! »
Ah, lettre adorée, toute la journée,
je te relirai et t'embrasserai !
« Comme j'avais peur en allant combattre ! »
« En allant au feu, je mourais de peur ! »
« Je me suis pourtant battu comme quatre, »
« mon amour pour toi me donnait du cœur ! »
« Nous avons hier gagné la bataille, du moins, je le crois. »
« Je m'en moque autant que d'un brin de paille. »
« Car, vois-tu, pour moi, »
« Iza, mon amour, il n'est rien qui vaille un baiser de toi ! »
Ah, lettre adorée, toute la journée,
je te relirai et t'embrasserai !
Baron, je vous jure que vous serez reçu aujourd'hui...
- Je le souhaite pour vous. - Mesdemoiselles, mesdemoiselles ;
bonjour, je vous présente le Baron Grog, l'envoyé...
- Monsieur le Baron ! - Ah Monsieur !
Bon, ça suffit !
Annoncez à son Altesse que le Baron Grog est arrivé.
- Ça n'est pas notre travail. - On ne s'occupe pas de ça.
- C'est celui de l'aide de camp. - Tiens, justement, en voici un...
Grande nouvelle ! Heureuse nouvelle !
Le Général Fritz est vainqueur ; il revient...
- Son Altesse est dans la joie ! - Ils reviennent...
Ah, lettre adorée, toute la journée,
je te relirai et t'embrasserai !
Eh bien ? Et mon Grog ?
- On va le prendre. - Comment ?
Son excellence veut dire qu'on va vous recevoir, Monsieur le Baron.
Allez, Grog, soyez fort.
Enfin ! Ah, messieurs ! Grog... je le vois...
il prend le grand couloir, il entre dans le petit salon,
il le traverse, il en sort, il entre dans le grand salon,
on l'annonce, elle l'attend, elle est belle, elle est là.
Vous avez des visions, majesté ! On l'a déjà reconduit à sa voiture.
Il faut que vous soyez fou pour imaginer
que le jour où le Général Fritz revient vainqueur,
la Grande-Duchesse s'occuperait d'autre chose que de se faire friser...
- Fritz ! encore ! - Nous devions vous parler, Prince.
La Grande-Duchesse veut que le Général Fritz
- soit logé aux frais de l'État, et où ça logé... - Où ça... ?
Mais je ne sais pas, moi.
Ici. Elle a fait préparer le pavillon de l'aile droite...
- Vous ne comprenez pas ? - Pas du tout.
- Vous voyez ce portrait ? - Appuyez sur la botte gauche.
- Vous allez me faire une farce ? - Mais non...
- Il y a un ressort et quelque chose va m'arriver dans le nez. - Enfin !
Tiens un aveugle !
Non, ce n'est pas un aveugle ! C'est le cri de la chouette.
- Qu'est-ce que c'est ? - C'est une horrible histoire...
Une lugubre histoire !
- Racontez... - Vous l'aurez voulu.
- Il a deux issues, ce couloir. - Comme la plupart des couloirs.
Une qui donne dans cette chambre,
une autre qui donne dans le pavillon où sera logé le Général.
- Aïe ! - Oui.
Ici, il y a un portrait d'homme,
à l'autre bout, il y a un portrait de femme.
Ici, pour ouvrir, on pousse la botte de l'homme,
là-bas, on pousse le genou de la femme.
L'homme s'appelait Max, il était Comte Sedlitz de Calembourg.
La femme s'appelait la Grande-Duchesse Victorine,
c'était l'aïeule de notre Grande-Duchesse à nous.
Ne devinez-vous pas ?
C'est une sombre histoire !
Les murs de ce palais en gardent la mémoire !
Les murs de ce palais...
... en gardent la mémoire !
Max était soldat de fortune...
Mais il avait
l'œil vif et la moustache brune...
On l'adorait !
La duchesse, en personne adroite,
à ce galant donna son cœur et l'aile droite, pour logement.
Et dans son amoureuse ivresse, Max, Max
chaque soir écoutait venir sa maîtresse par ce couloir !
Par ce couloir !
Écoutez, race future,
écoutez, écoutez
la sinistre aventure et l'histoire d'amour
du Comte Max Sedlitz de Calembourg !
Un soir, Max, avec épouvante, n'étant point sourd,
trouva le pas de son amante
quelque peu lourd.
Ça lui mit la puce à l'oreille,
trop ***, hélas !
Ah, que ne se sauvait-il la veille ? Ce pas... ce pas...
c'était le pas d'une douzaine d'assassins,
qui trouèrent gaiement la bedaine du favori !
- Douze assassins ! - Au masque noir !
Par ce couloir !
Écoutez, race future, écoutez, écoutez
la sinistre aventure et l'histoire d'amour
du Comte Max Sedlitz de Calembourg !
Maintenant, nous comprenez-vous ?
Je vous comprends. Mais c'est horrible !
Il faut qu'il tombe...
... qu'il tombe sous nos coups !
Le croyez-vous ?
C'est bien possible...
Il faut qu'il tombe sous nos coups !
Il faut qu'il tombe sous nos coups !
Oui, sous nos coups !
Logeons-le donc, et dès ce soir, dans la chambre au fond du couloir !
Logeons-le donc, ce mirliflor, là-bas au fond du corridor !
Oui, ce soir, quand il se fera ***, écoute, dans ta folle ivresse,
si tu n'entends pas, par hasard, le pas léger de ta maîtresse !
Ce pas, ce pas, ce joli pas, ce pas, ce pas, ce petit pas !
Tu ne l'entendras pas, Nicolas ! Non, non, tu ne l'entendras pas !
Ce pas, ce pas, ce petit, petit pas !
Logeons-le donc, et dès ce soir, dans la chambre au fond du couloir !
Logeons-le donc, ce mirliflor, là-bas au fond du corridor !
Quand, faisant des rêves de gloire,
tu te dis, tu te dis : « Je serai Grand-Duc ! »,
voici venir, dans la nuit noire,
voici venir Paul, Boum et Puck !
- Voici venir Paul ! - Voici venir Boum !
- Voici venir Paul ! - Voici venir Puck !
Oui, Paul, Boum, Puck !
Logeons-le donc, et dès ce soir, dans la chambre au fond du couloir !
Logeons-le donc, ce mirliflor, là-bas au fond du corridor !
Donc, c'est d'accord !
Avez-vous quelques bras dont vous soyez sûr ?
- J'en ai sept. - Et moi dix.
Ça fait dix-sept. On peut commencer une conspiration.
Eh bien, à ce soir, après la réception du Général, chez moi.
- Nous poserons les bases. - Ya !
L'ennemi... c'est l'ennemi ! Distribuez les masques !
Non, ce n'est pas l'ennemi, c'est notre ennemi.
Après la victoire, voici revenir nos soldats !
Célébrons leur gloire, rendons grâce au Dieu des combats !
Ah, je vais le revoir !
Voici l'instant suprême !
Pourrai-je en le voyant lui cacher que je l'aime ?
Après la victoire, voici revenir nos soldats !
Célébrons leur gloire,
rendons grâce au Dieu des combats !
Madame, en quatre jours j'ai terminé la guerre.
Vos soldats sont vainqueurs, vos ennemis ont fui.
Et je vous rapporte, je vous rapporte aujourd'hui...
... le sabre,
le sabre vénéré de monsieur votre père !
Voici le sabre,
voici le sabre de mon père !
Qu'on le remette en mon musée d'artillerie.
Et vous, soldat victorieux,
devant ma cour électrisée,
parlez
et racontez vos exploits, vos exploits glorieux !
Parlez, parlez, et racontez, racontez vos combats glorieux !
Donc, je m'en vais vous dire, Altesse,
le résultat de ce combat,
et comment, grâce à mon adresse,
les ennemis furent surpris.
En très bon ordre nous partîmes, notre drapeau flottait au vent.
Et quatre jours après nous vîmes cent vingt mille hommes manœuvrant.
J'ordonne alors que l'on s'arrête, j'avais mon plan et jugez-en.
Ce plan-là n'était pas trop bête. On a du flair sans en avoir l'air.
J'avais trois cent mille bouteilles, moitié vin et moitié liqueurs.
Je me fais, ouvrez vos oreilles, tout rafler par leurs maraudeurs.
Voilà tout leur camp dans la joie, du vin buvons et nous grisons !
Dans le vin leur raison se noie, moi j'attendais et j'espérais.
Le lendemain, bonheur insigne, ils acceptèrent le combat.
Je les vis se ranger en ligne, mais, Seigneur Dieu, dans quel état !
Ils se répandent dans la plaine, butant, roulant, déboulinant...
C'était comme un grand champ d'avoine au gré du vent se balançant.
Devant son armée en goguette, le général, l'œil allumé,
gambadait gris comme un trompette, et me criait : « Ohé, ohé ! »
Je lui réponds : « Viens-y, ma vieille ! »
Tout aussitôt le pauvre sot se fâche,
brandit sa bouteille et trébuchant, marche en avant.
Non, c'était à mourir de rire. Sous ce général Folichon,
cent vingt mille hommes en délire chantaient la mère Godichon.
Ah, la bataille fut bouffonne, on en touchait un, tout tombait !
Du reste on n'a tué personne, c'eût été mal, mais c'est égal !
Vos soldats ont fait des merveilles, et le soir, c'est flatteur pour eux,
le soir, sur un champ de bouteilles, ils ont couché victorieux !
Sur un champ de bouteilles, ils ont couché victorieux !
Magnifique !
Vous parlez comme vous combattez...
Mesdames, messieurs, cette superbe cérémonie est terminée.
L'intérêt du peuple veut que nous disions au Général Fritz
des choses qui ne peuvent être entendues que par lui. Allez-vous-en.
Chez moi, tout de suite.
Allez-vous-en, ma cour, allez-vous-en !
Plus personne.
Non.
- Seuls... - Oui.
Je suis si contente de vous revoir.
Quand mon regard est tombé sur toi, tu n'étais qu'un soldat,
je t'ai fait Général en chef, tu as battu l'ennemi.
Nous pourrions parler de ta... récompense.
- Pourquoi ? - Comment ?
Je suis Général en chef, je ne peux plus monter en grade.
Dans le militaire, peut-être, mais dans le civil...
D'abord, vous serez logé dans le palais.
- C'est le Général Boum. - Le Général Boum ?
Oui, c'est une idée qui lui est venue sur mon ordre.
Tu ne l'aimes pas ? Tu veux que je l'exile ?
Oh ! Non, non ! C'est des histoires de femmes !
- De femmes ! - Entre lui et moi...
- Parce que tu... Tu vas bien, toi ! - Ça va.
Non, je veux dire à propos de femmes...
- Vous voulez dire ? - Rien, rien.
Comme elles sont heureuses, les femmes de la campagne.
Quand une femme de la campagne aime un homme, elle le lui dit.
- Oui, elle dit : toi, je t'aime ! - Oui... oui...
Chez nous, les gens d'en haut, c'est autre chose.
Nous, quand nous aimons, nous parlons... à demi-mot.
Tiens, par exemple, à ma cour,
il y a une femme qui est folle de toi...
- Si, si ! Elle me l'a dit à moi... - Il faut en rire, c'est tout.
Il faut ! oui !
Peut-être...
Écoute, la « personne » est puissante...
- Elle te donnera tout ce que tu voudras... - Ah, punaise !
Ton avenir est dans ses mains.
- Tu vois de qui je veux parler ? - Encore un mot et je le saurai.
- Quel mot ? - Le nom de cette femme !
On ne peut pas le dire mais on pourrait le deviner...
Oui, Général, quelqu'un vous aime.
C'est une dame de ma cour.
N'osant vous parler elle-même,
elle me pria, moi,
de dire son amour.
Comment, vous ? La Grande-Duchesse !
Cette dame est assurément fort intime avec votre Altesse,
la chose ne se peut expliquer autrement.
Je m'intéresse à son bonheur.
Et c'est beaucoup d'honneur pour votre serviteur.
C'est ma meilleure amie.
Eh bien, donc, votre amie,
que vous a-t-elle dit de moi, je suis impatient, ma foi !
Voici ce qu'a dit mon amie.
« Quand vous le verrez, je vous prie, dites-lui... »
- Quoi donc ? - « Ce que vous savez... »
« Dites-lui qu'on l'a remarqué, distingué. »
« Dites-lui qu'on le trouve aimable. »
« Dites-lui que s'il le voulait, »
« on ne sait de quoi l'on ne serait capable. »
« Ah, s'il lui plaisait d'ajouter »
« des fleurs aux palmes de la gloire, »
« qu'il pourrait vite remporter, »
« ce vainqueur, une autre victoire ! »
« Dites-lui »
« qu'à peine entrevu il m'a plu. »
« Dites-lui que j'en perds la tête. »
« Dites-lui qu'il m'occupe tant, le brigand, »
« tant et tant que j'en deviens bête. »
« Hélas, ce fut instantané ! »
« Dès qu'il a paru, tout mon être, »
« à lui tout mon cœur s'est donné, »
« j'ai senti que j'avais un maître ! »
« Dites-lui »
« que s'il ne veut pas mon trépas... »
« Dites-lui... je parle pour elle ! Dites-lui »
« qu'il répondra, oui, dites-lui que je l'aime »
« et que je suis belle ! »
Eh bien, eh bien, réponds-moi maintenant !
Ma fortune en dépend.
Soyons intelligent.
Réponds, réponds.
Deux mots doivent suffire.
Réponds, à la dame, que dois-je dire ?
Réponds, réponds !
Eh bien ?
- Dites-lui que je suis sensible. - Je le lui dirai !
Son discours n'a rien de pénible.
Et de tout mon cœur je m'empresse
- de lui rendre sa politesse ! - Je le lui dirai !
Je dis tout ça,
mais là, sur ma parole,
je n'y comprends rien, mais là rien de rien.
Et que le diable ici me patafiole, si je connais cette personne !
- Eh bien ? - Eh bien !
- Dites-lui que je suis sensible. - Je le lui dirai !
Son discours n'a rien de pénible.
Dites-lui que la trouvant belle je l'adore et n'adore qu'elle !
- Il a compris en un moment... - Je n'y comprends rien absolument...
- Car le cœur est intelligent ! - Pourtant, je suis intelligent !
- Altesse... - Qui vient ?
Je demande pardon à votre Altesse...
un fax... c'est codé...
il paraît que c'est très pressé.
Je me soucie bien... laissez-nous.
Disparais !
Général...
Madame...
Venez ici, près de moi... Là...
Comme ces décorations vous vont bien...
s'il n’y en a pas assez, demandez...
- Où en étions-nous ? - Aïe ! - Qu'est-ce que tu as ?
- Rien... Vous m'avez un peu... - Pardon ! Mais, voyons, parle...
si tu étais près de cette femme, comme tu es là... près de moi...
- tu lui dirais... - Mais je ne sais pas ! Aïe !
- Quoi ? - Vous poussez...
C'est nerveux ! Réponds, enfin !
Il y a des choses pas faciles à dire... Vous vous fâcherez... !
Je ne me fâche jamais...
- C'est à cause de cette... paysanne ? - Je l'aime...
voilà ce que je n'aurais pas osé dire à la dame
et j'aurais eu tort, car après tout...
si on reçoit une invitation à dîner...
et qu'on ne peut pas parce qu'on est déjà invité...
est-ce que ça veut dire qu'on a peur que le dîner ne soit pas bon ?
Pardon ?
Ben ça veut dire qu'on est déjà invité...
- C'est tout. - C'est tout...
Il y a des moments où une femme est heureuse
d'avoir un château fort à sa disposition...
- Mais comment avez-vous pu deviner pour Wanda ? - Madame...
- Qu'est-ce que c'est ? Encore ! - On m'a ordonné de revenir...
ce truc est, paraît-il, de la dernière importance.
C'est votre police particulière.
Oui, je vais le lire... Sortez !
Vous permettez, Général ?
« Grande conspiration à l'entresol, »
« le Prince Paul, le Général Boum, le Baron Puck et d'autres personnes »
« sont en train de conspirer contre la vie du Général Fritz. »
Mais c'est mieux que le château fort, ça !
Capitaine !
- Altesse... - Allez chez le Prince Paul,
vous me ramènerez le Baron Puck et le Général Boum.
Allez, Capitaine... Allez...
Ainsi donc,
Monsieur,
vous aimez cette... « petite » ?
Je veux l'épouser.
Mais, elle est en bas.
Et si vous vouliez... ça lui ferait tant plaisir...
ce soir, vous signeriez notre contrat.
J'allais justement vous le proposer.
Ce soir, au bal de la Cour,
vous nous amènerez votre petite femme...
Et si vous n'avez pas changé d'avis,
nous signerons votre contrat.
Ah ! Majesté ! Je n'en changerai pas.
Non Général, prenez par là...
Faites entrer ces messieurs...
Vous savez c'qu'elle nous veut ?
Aucune idée, mais ça m'inquiète !
Approchez, Messieurs, approchez...
Tout à l'heure vous étiez en réunion chez le Prince Paul.
- Oui, Altesse. - Et vous y faisiez ?
- On y jouait. - Tant mieux !
Mais celui qui devait perdre ne jouait pas avec vous,
et ce qu'il devait perdre, ce joueur,
c'était sa vie.
- Elle sait tout ! - Au secours ! - Rompez ! Armez les bombardiers !
Eh bien ! Ici, tout de suite ! Voulez-vous revenir !
- Ici, Boum ! Ici, Puck ! Ici ! - Grâce ! grâce !
Ne me demandez pas grâce, gentlemen.
Quand vous m'aurez débarrassé de lui,
demandez-moi tout ce que vous voudrez...
Lequel de vous doit le frapper ? Mais parlez !
En tous cas, prenez quelqu'un de solide, car il se défendra.
Mon Dieu, comme le Prince Paul est pâle !
Vous nous demandez de le tuer, c'est bien ça,
- nous sommes d'accord, Majesté ? - Oui...
C'est-à-dire... non... Attendez... Il aura réfléchi...
Écoutez...
Si au moment du bal, j'ordonne aux musiciens de jouer
le Carillon de ma grand-mère...
Vous vous souvenez ? Alors le Général Fritz sera à vous,
vous ferez de lui tout ce que vous voudrez.
Mais si je ne donne pas, ce signal,
que pas un cheveu ne tombe de sa jolie tête !
- Vous avez compris ? - Compris !
Ouvrez les portes.
Vous devriez frotter les joues du Prince. Il va nous faire deviner.
Formidable ! Il est très bien.
Toute la ville est pavoisée, la populace électrisée,
la populace électrisée se grise dans les cabarets !
Et nous, le cœur plein d'allégresse,
nous sommes, ô Grande-Duchesse,
vos très humbles, très fidèles,
et très obéissants serviteurs.
Vos humbles serviteurs,
serviteurs et sujets !
J'ai le cœur déchiré.
Mais je me vengerai.
Que la paix partout soit célébrée !
Les voici, tous les deux !
J'étouffe de colère !
Enfin tu m'appartiens !
Oui, pour toujours, ma chère !
Eh bien, Général Fritz, parlez, voici l'instant !
Vous avez réfléchi,
répondez maintenant.
Répondez, répondez !
Voilà le notaire !
- Déjà le notaire ! - Le joli notaire !
- Je suis le notaire. - Le joli notaire.
Et les quatre témoins !
Asseyez-vous là, monsieur le notaire.
Vous allez remplir votre ministère.
J'ai mis les choses en état.
Il ne vous reste plus qu'à signer au contrat.
- Nous allons signer au contrat. - Allez signer !
Voilà le notaire !
- Déjà le notaire ! - Le joli notaire !
- Je suis le notaire. - Le joli notaire.
Et les quatre témoins !
Est-ce oui, Madame,
est-ce non ? Dansera-t-on le Carillon ?
Non, non, attendez !
Laissez-nous le pourfendre !
Qui donc commande ici ?
Je vous ai dit d'attendre.
Attendez !
Elle n'a rien écrit encore, cette plume que je tiens là.
Quel sera l'effet, ah, je l'ignore, du premier mot qu'elle écrira.
C'est rouge ou noir, c'est pile ou face,
peine ou plaisir, joie ou douleur.
Je n'en sais rien, mais à ta place, il me semble que j'aurais peur.
Rien n'est fait quand rien n'est écrit.
Un trait de plume et tout est dit.
Rien n'est fait quand rien n'est écrit.
Un trait de plume et tout est dit.
Regarde et tremble devant elle, car il ne faut, tu le sais bien,
pour en faire une arme mortelle,
qu'un peu d'encre au bout, presque rien !
Et vrai, si tu voulais m'en croire,
cher ami, tu m'empêcherais de la tremper dans l'écritoire
et ce faisant bien tu ferais...
Rien n'est fait quand rien n'est écrit.
Un trait de plume et tout est dit.
Rien n'est fait quand rien n'est écrit.
Un trait de plume et tout est dit.
Oui, j'entends, je comprends, mais j'ai reçu votre promesse.
Paraphez et signez !
Nous vous en supplions, Altesse !
Vous le voulez...
Soyez donc son époux.
- Ah, pour nous... - ... qu'il est doux
de voir enfin la chose faite !
Mais quand donc pourra-t-on commencer la petite fête ?
Je souhaite à tous deux...
un avenir prospère,
et vais ouvrir... le bal...
en dansant avec vous
le Carillon de ma grand-mère.
- Le Carillon ! - Le Carillon de sa grand-mère.
Le Carillon de ma grand-mère, ah, c'est un fameux carillon !
Il faut de la belle manière le lui danser son carillon.
Le Carillon de sa grand-mère, ah, c'est un fameux carillon !
Il faut de la belle manière le lui danser son carillon.
En notre honneur, tu vois, ma chère, on va danser le Carillon.
C'est une danse un peu légère.
Mais, bah, dansons !
Le Carillon !
Dansons !
Le Carillon de ma grand-mère, ah, c'est un fameux carillon !
Il faut de la belle manière le lui danser son carillon.
Le Carillon de sa grand-mère, ah, c'est un fameux carillon !
Il faut de la belle manière le lui danser son carillon.
Qu'on se trémousse et se démène ! Risquons des pas à tout casser !
Notre indulgente souveraine nous autorise à nous lancer !
Altesse,
devant vos aïeux !
Qu'ils me pardonnent, c'est nerveux !
Unissons-nous pour la vengeance, soyons adroits !
Il est seul et nous, quelle chance, nous sommes dix-sept !
- Qu'est-ce donc ? Eh bien ? - Ce n'est rien.
Ne faites pas attention.
Recommençons le Carillon !
Le Carillon !
Le Carillon de ma grand-mère, ah, c'est un fameux carillon !
Il faut de la belle manière le lui danser son carillon.
Le Carillon de sa grand-mère, ah, c'est un fameux carillon !
Il faut de la belle manière le lui danser son carillon.
Qu'on se trémousse et se démène ! Risquons des pas à tout casser !
Notre indulgente souveraine nous autorise à nous lancer !
Dansons, dansons le Carillon !
La voici donc la chambre où se passa la chose !
La chambre des événements !
Essayons maintenant, pendant qu'il fait nuit close,
de voir clair dans mes sentiments.
Les voici donc ces murs qui rediraient nos crimes,
si les murs avaient une voix !
Voici ces murs que des amours illégitimes
ensanglantèrent autrefois !
Lorsque je regarde en moi-même, ce que j'y vois est effrayant.
Dire à ce beau soldat, je t'aime, c'était déjà plus que galant.
Il me dédaigne, je me bute, et je vais le faire mourir !
Si c'est ainsi que je débute, cela promet pour l'avenir !
Mon Dieu, mon Dieu,
j'avais pourtant reçu du ciel,
mon Dieu, mon Dieu, j'avais reçu un charmant petit naturel.
Mon Dieu, mon Dieu !
J'avais reçu du ciel un charmant petit naturel.
Il n'est, dit-on, qu'un pas qui coûte,
c'est le premier si l'on dit vrai.
J'irai loin, et sur cette route qui sait où je m'arrêterai.
Quelle existence que la mienne, amour par-ci, meurtre par-là.
Ah, ce qu'on lit dans l'histoire ancienne
n'est rien auprès de tout cela.
Mon Dieu, mon Dieu,
j'avais pourtant reçu du ciel,
mon Dieu, mon Dieu, j'avais reçu un charmant petit naturel.
Le signal...
Altesse...
Eh bien, Général, que fait-il ?
Il danse, votre Altesse.
Il danse !
Et tout à l'heure cet homme qui maintenant se trémousse...
Que regardez-vous, Altesse ?
Là ! Sur ce parquet, la tache rouge.
C'est là que le Comte Max est tombé... et aujourd'hui...
nous-mêmes...
Ô grandes leçons du passé !
Grave enseignement de l'histoire !
Ici le drame s'est glissé !
Éclair sombre dans la nuit noire !
Tout ça pour que, cent ans après, racontant la scène émouvante,
le concierge de ce palais s'en fasse une petite rente !
Ce qu'on a fait, on le refait.
L'histoire est comme un cercle immense.
L'aïeule a commis son forfait...
L'enfant vient et le recommence !
Tout ça pour que, dans deux cents ans, exploitant ces scènes navrantes,
du portier les petits-enfants aient aussi leurs petites rentes !
Bien, Général, où sont vos complices ?
Ils m'attendent dans ce corridor incroyablement mystérieux.
Ouvrez-leur la porte, si je le juge convenable,
- je me montrerai. - Altesse...
On ne vous demande rien, ouvrez cette porte !
C'est le genou qu'il faut toucher.
- Où sont les autres ? - Plus ***...
Si nous étions venus tous ensemble,
cette fugue générale eût inspiré des soupçons...
Vous avez raison !
Monsieur est avec vous ?
Monsieur le Baron sait de quoi il s'agit.
Bien sûr, il ne s'agit que de tuer un homme.
Et c'est ici que nous le tuerons.
Bon, ça suffit ! Faites entrer les autres.
- Vous savez nos projets. - Sans qu'on vous les explique.
- Un homme sous vos coups... - Doit périr aujourd'hui.
Avec ce qui coupe ou qui pique,
jurez-vous
de tomber sur lui ?
Sera-t-il seul ?
Tout seul.
Sera-t-il sans défense ?
Sans défense.
Alors nous frapperons,
oui, nous frapperons !
Sera-t-il seul ?
Tout seul, tout seul !
- Et sans défense ? - Tout à fait sans défense.
- Alors, vous frapperez ! - Alors, nous frapperons !
Mais, soignons les détails, nos poignards émoussés
ont besoin d'être repassés.
Ma foi, peut-être bien !
Alors, repassons-les !
Et pour les repasser, apportez les objets !
Pour que notre vengeance ait un succès réel,
nous apportons d'avance notre matériel !
Tournez, tournez, manivelles, instruments du rémouleur,
en lançant des étincelles, aiguisez ce fer vengeur !
Aiguisons, aiguisons !
Tournez, tournez, manivelles, instruments du rémouleur,
en lançant des étincelles, aiguisez ce fer vengeur !
Ô poignard pas assez pointu, on va te rendre si pointu
que vraiment on n'aura point eu de poignard à ce point pointu !
Tournez, tournez, manivelles, instruments du rémouleur,
en lançant des étincelles, aiguisez ce fer vengeur !
Tournez, tournez !
Avec rage, avec fureur !
Ils sont effilés, vos poignards, Messieurs ?
Son Altesse !
Oui, Messieurs... j'étais là...
j'écoutais avec toute mon âme... prête à exciter votre courage.
Je vois que ce n'est pas la peine.
- Qu'il vienne, et vous verrez. - Je le couperai en quatre !
Une prière cependant... Ne le frappez pas au visage...
- Vous l'aimez encore. - Qui a dit ça ?
- Moi ! - Mais je ne vous connais pas.
- C'est mon Grog. - Votre Grog ?
Oui... le Baron Grog, l'envoyé...
celui que vous n'avez pas voulu recevoir.
- J'ai eu tort. Il est chaud ! - Vous dites ?
Rien... rien... Allez placer les conjurés,
- Messieurs... - Altesse.
Vous, Baron Grog, restez.
Grog, soyez brûlant.
J'ai eu envie de vous demander quelque chose...
- Maintenant je n'ose pas... - Je suis aux ordres de votre Altesse...
Bien ! Je me lance... Dites-moi,
- voulez-vous être mon ami ? - Madame...
- Vous ne voulez pas ? - Si ! Bien sûr !
Donc, voilà, nous sommes amis...
Asseyez-vous...
Je remercie Madame, je préfère rester debout.
Oui, je comprends. Je voulais vous dire...
Puis-je me permettre de vous donner un conseil ?
Altesse.
Tout à l'heure,
quand le moment sera enfin venu
de tuer le Général Fritz, ne vous mettez pas devant...
si un coup vous défigurait... ce serait dommage.
Ah ! bien !
Tenez-vous derrière les autres...
Qu'est-ce que vous avez... vous riez ? Pourquoi riez-vous ?
- Répondez. - Je ne peux pas...
- Nous ne sommes plus amis ? - Si...
- Alors ? - Si l'on voulait tirer des conséquences...
- Oui, mais on ne veut pas... - Non...
- Parlons d'autre chose. - Oui.
- Pourquoi le faites-vous tuer, ce Général ? - Pourquoi ?
Mais je ne sais plus, moi...
- Vous en pensez quoi, vous ? - Je ne pense pas, Madame.
Après tout, il n'a peut-être rien compris, l'imbécile !
Et moi, je lui en veux parce que j'imagine...
On ne le tuera pas ?
- Vous allez vite... - S'il n'a pas compris...
On verra, je ne sais pas, laissons.
Qu'est-ce que vous faites à la cour de l'Électeur, là-bas ?
- Chambellan. - Vous auriez mieux chez moi, si vous vouliez...
Ce n'est pas possible. Hélas !
- Et pourquoi ? - J'ai des devoirs, Madame...
Mais si votre Altesse épousait mon Prince...
Ah ! Nous y sommes.
Nous n'avons pas parlé d'autre chose...
- Bien sûr que non ! Bravo, Baron. - Il serait tout simple...
Je me lance,
- ça, c'est de la diplomatie ! - J'ai appris tout petit.
- Altesse... - Qu'y a-t-il ?
Ah ! C'est vous, Messieurs...
- Eh bien ? - Ça marche. - Ah ! mon ami !
- Vous avez placé vos hommes ? - Oui, Altesse.
Allez leur dire qu'ils peuvent rentrer chez eux.
- Comment ? - On ne tuera pas.
- Ah ! Mais zut à la fin ! - Vous vous oubliez.
Tout était bien prévu, bien arrangé...
C'est très désagréable... on se donne du mal...
Toute la peine était prise... Il ne restait plus que le plaisir.
J'ai dit qu'on ne tuera pas.
Tuer un homme, le jour où je me marie ;
cela ne serait pas convenable.
Vous l'avez dit, vous l'avez dit.
Oui, je l'ai dit.
Remerciez le Baron... Je n'ai pas pu résister à sa... conversation.
- Eh bien, Général Boum ? - C'est très désagréable.
Enfin, c'est merveilleux, merveilleux, Altesse !
Mais il m'en a fait de toutes les couleurs, ce Fritz !
et je ne me vengerais pas !
Vengez-vous, bien sûr, avec joie ! Mais sans aller jusqu'à...
Cela me fera plaisir.
- Oh ! merci... - On vous l'amène.
Trouvez quelque chose.
- Prince Paul. - Mon amour.
Dans deux heures, à la chapelle.
Je vais faire un choix parmi les quarante robes
que j'ai été sur le point de mettre pour vous épouser.
Dieu vous garde, messieurs.
Qu'est-ce que nous allons lui faire...
Nous amenons la jeune femme
dans la chambre de son mari.
Maintenant nous allons, madame,
vous laisser seule avec lui.
Nous amenons
la jeune femme
dans la chambre de son mari !
Merci, Messieurs ;
merci, Mesdames, Mesdemoiselles, merci.
Si après m'avoir fait beaucoup d'honneur,
vous pouviez me faire beaucoup de plaisir...
- Nous nous en irions ! - Ce serait gentil !
Bonne nuit, monsieur, bonne nuit !
Bonne nuit !
Ce simple mot doit vous suffire.
Bonne nuit !
Vous comprenez ce qu'on veut dire,
heureux coquin, lorsqu'on vous dit :
« Bonne nuit ! »
Bonsoir, madame, bonne nuit !
Ce compliment vous fait sourire,
et vous savez ce qu'on veut dire,
chère madame, quand on vous dit : « Bonne nuit ! »
Enfin nous sommes seuls !
Monsieur le Général.
Ça fait une différence, n'est-ce pas,
quand on s'attendait à épouser un pauvre soldat
et qu'on se retrouve à épouser un Général en chef
- couronné par la victoire ? - Ça...
Tu es éblouie. Avoue !
- Non... - Mais si... tu es éblouie... C'est normal.
Tu vois mes décorations, mon panache et toute la boutique...
Mais dès que je serai débarrassé...
- Mais qu'est-ce que tu fais là ? - Quand on est mari et femme...
- Car nous sommes mari et femme ? - Oui !
Alors... fais comme moi. Á la hussarde !
J'ai ôté mon panache - ôte ton panache...
Tout à l'heure. C'est vrai, j'ai un peu peur...
Faut-il, mon Dieu, que je sois bête !
C'est pourtant vrai qu'il m'interdit,
avec cet or sur son habit et son panache sur la tête !
Mon Dieu, faut-il que je sois bête !
Pourquoi, diable, avoir peur de lui ?
C'est mon mari !
Mais oui, c'est mon mari !
- C'est ton mari ! - C'est mon mari !
- Ton joli petit mari ! - Mon joli petit mari !
- Qu'est-ce que c'est que ça ? - Mais je ne sais pas, moi.
Ouvrez, ouvrez, dépêchez-vous, ou nous irons chercher main-forte !
Ouvrez, ouvrez, jeunes époux, ou bien nous enfonçons la porte !
Ouvrez, ouvrez !
N'ouvre pas, mon ami !
Ouvrez, ouvrez !
A pas peur !
Ô ciel, la porte cède !
Je me meurs de frayeur !
Que le ciel soit béni, nous arrivons à temps !
Mais que nous veulent tous ces gens ?
Á cheval ! Á cheval ! Vite, monsieur le Général !
Á cheval ! Á cheval ! Vite, monsieur le Général !
Au combat volez tout de suite ! Il s'agit d'être expéditif !
L'ennemi, qu'on croyait en fuite, a fait un retour offensif.
Au combat volez tout de suite ! Il s'agit d'être expéditif !
L'ennemi, qu'on croyait en fuite, a fait un retour offensif.
Notre maîtresse vous invite
à ne point faire le poussif.
On ne vous en tiendra pas quitte,
à moins d'un succès décisif.
Notre maîtresse vous invite
à ne point faire le poussif.
On ne vous en tiendra pas quitte, à moins d'un succès décisif.
Mes bons amis, vous oubliez
que depuis un instant nous sommes mariés.
Que nous importe ! Il faut partir !
Il faut aller vaincre ou mourir !
Alors, je vous laisse ma femme.
C'est très bien, nous gardons madame.
Mais dépêchez et vous hâtez.
- Qu'ai-je fait de mon ceinturon ? - Qu'a-t-il fait de son ceinturon ?
- Puisqu'il faut que je me harnache... - Qu'il se harnache !
- J'ai besoin de mon ceinturon. - Le voici, votre ceinturon.
- Mais je n'ai pas ma sabretache... - Sa sabretache !
Et mon panache ? Apportez-le-moi, s'il vous plaît !
- Mon plumet ! Me voilà complet ! - Il a son plumet !
Arrêtez, monsieur, arrêtez !
J'apporte ce que vous savez !
Encore le sabre !
Si tu savais, sabre de son père, comme ton aspect m'exaspère !
Il faut partir !
Ah, quel plaisir d'être soldat !
Ah, quel plaisir d'être soldat !
Á cheval ! Á cheval ! Vite, monsieur le Général !
Á cheval ! Au combat volez tout de suite !
Á cheval ! Il s'agit d'être expéditif !
Allons, à cheval !
Au repas, comme à la bataille, tapons ferme et grisons-nous !
Chantons, buvons, faisons ripaille, en l'honneur des nouveaux époux !
Notre auguste maîtresse à vos désirs se rend enfin !
Et nous buvons, Altesse, en votre honneur le vin du Rhin !
C'est vraiment chose singulière, ne trouvez-vous pas, mes amis ?
Hier soir on ne m'aimait guère,
et ce matin même je suis... marié !
Au repas, comme à la bataille, tapons ferme et grisons-nous !
Chantons, buvons, faisons ripaille, en l'honneur des nouveaux époux !
Messieurs, je vous salue.
La Grande-Duchesse !
- Vite, un verre... - ... un verre pour son Altesse !
Nous buvions au bonheur des augustes époux !
Nous buvions au bonheur
des augustes époux !
Eh bien, mes chers amis,
je vais boire avec vous !
Il était un de mes aïeux lequel, si j'ai bonne mémoire,
se vantait d'être un des fameux parmi les gens qui savaient boire.
Le verre qu'il avait tenait un peu plus qu'une tonne entière,
et son échanson lui versait, nuit et jour, du vin dans ce verre.
Du vin ! Du vin !
Ah, mon aïeul, comme il buvait ! Et quel grand verre il vous avait !
Ah, comme autrefois l'on buvait ! Et quel grand verre on vous avait !
Un soir, on ne sait pas comment, il le laissa tomber par terre.
« Ah, fit-il douloureusement, voilà que j'ai cassé mon verre ! »
Quand on voulut le remplacer :
« Non, dit-il, ce n'est pas le nôtre. »
Et mieux il aima trépasser que boire jamais dans un autre !
Du vin ! Du vin !
Ah, mon aïeul, comme il buvait !
Et quel grand verre il vous avait !
Ah, comme autrefois l'on buvait ! Et quel grand verre on vous avait !
Ma chère femme !
Je boirais bien encore quelque chose...
Nous sommes unis... nous sommes l'un à l'autre...
- Eh oui ! - Et c'est grâce au Baron Grog...
Il faudrait faire quelque chose pour lui.
C'est votre avis ? C'est le mien aussi.
Mais je n'ai plus une faveur de libre. J'ai tout donné.
- Qu'est devenu le Général Fritz ? - Il ne va pas tarder.
Nous lui avons, Boum et moi, fait une petite farce...
Oui, j'avais dans mes écuries un cheval,
lequel avait l'habitude, depuis dix ans, de me conduire chez une dame.
Mais cette dame avait un mari.
Il y a huit jours elle m'a écrit :
ne viens plus, on se doute de quelque chose...
Vous comprenez :
le cheval que j'ai donné au Général Fritz
l'aura conduit chez la dame. Il aura trouvé le mari...
Une heure pour aller chez la dame...
une demi-heure pour parler avec le mari,
deux heures pour boiter jusqu'ici... Il ne doit pas être loin.
- Le Général ! Le Général ! - Quand on vous disait.
Voici revenir mon pauvre homme !
Dans quel état, ah, voyez comme,
en courant après les hauts faits, il a déchiré ses effets !
Eh bien, Altesse, me voilà ! Oh là là !
Et ce qui m'est arrivé là... peut me compter pour un combat,
car on m'a mis dans un pitoyable état !
De votre fameux sabre on a fait le tire-bouchon que voilà !
Eh ! Bédam, voilà le grief de votre Général en chef !
Eh ! Bédam, voilà le grief du Général en chef !
J'arrive et je trouve un mari, sapristi !
Qui me dit : « Venez par ici, mon ami. »
Je lui réponds d'un ton poli : « Me voici ! »
Aussitôt, à bras raccourci,
le traître tombe sur Bibi !
J'en suis encore tout étourdi !
Sapristi !
Eh ! Bédam !
Voilà le grief de votre Général en chef !
- Vous n'avez pas d'autre explication à donner ? - Pourquoi ?
Au lieu de vous mettre à la tête de mon armée...
- vous semez le trouble dans un ménage... - Mais !
C'est de la haute trahison, Monsieur...
- et dans quelle tenue ! - Je vous dis...
Et le sabre de mon père...
- Il est foutu ! - Maladroit !
Il n'y a qu'une chose à faire, Altesse...
c'est de réunir un petit conseil de guerre...
- et de le juger... - Bonne idée !
Mais on ne peut me juger qu'en présence de toute la noblesse du duché.
- Je suis Comte de... - Vous ne l'êtes plus... Colonel ?
- Je suis Général. - Non, Colonel.
- Capitaine si vous voulez... - Avec joie, Lieutenant.
Et puis Sergent ?
Ne t'arrête pas, il y a encore Caporal.
Et puis simple soldat... Troufion.
Eh oui, Troufion - tu l'as dit.
Puisque c'est comme ça, je donne ma démission.
Et moi, je l'accepte. Comme c'est facile !
Ces grades, ces honneurs !
Prince, je vais suivre votre conseil...
- Baron Grog... approchez... - Altesse...
Á vous le panache... prenez le panache...
Mille sabords !
- À vous le sabre de mon père... - Ô fureur !
Á vous tout ce que l'ambition peut rêver !
Á vous tous les pouvoirs civils et militaires.
Merci, Altesse ; ma femme vous bénira.
Vous avez dit...
- il a une femme... - Oui, chérie.
Une femme et trois enfants.
Bientôt quatre, mon Prince.
Quatre ! Baron Grog... Rendez le panache, rendez le sabre...
ce soir même vous retournerez à la cour de l'Électeur,
- notre beau-père... - Comment ?
Vous y annoncerez notre bonheur.
- Car je suis heureuse d'avoir épousé le Prince, bien heureuse... - Aïe !
Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse...
Quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on a.
Enfin, j'ai repris le panache !
Enfin, j'ai repris le pouvoir !
Enfin, l'*** à vous m'attache !
Enfin, chers enfants, je vais vous revoir !
Retournons dans notre chaumière !
Oui, rentrons chez nous... et voilà !
Á la guerre comme à la guerre !
Le bonheur...
le bonheur est peut-être là !
D'autres battront les ennemis, pour moi, je renonce au carnage.
Je saurai servir mon pays dans mon gentil petit ménage.
Il saura servir son pays dans son gentil petit ménage.
Après avoir, tant bien que mal,
joué son rôle, on se marie.
C'est imprévu, mais c'est moral ! Ainsi finit la comédie !
Ah, mon aïeul, s'il me voyait, ah, quel plaisir ça lui ferait !
Ah, son aïeul, s'il la voyait, ah, quel plaisir ça lui ferait !