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Ce voyage doit nous permettre de regarder avec courage notre futur.
Habituées à vivre dans une société dans laquelle on ne parle que d'un futur sombre,
statique et difficile à changer
nous vivons dans un contexte d'action sociale qui nous a motivées à chercher à savoir
si l'utopie dont on parlait était possible.
Ce voyage est une recherche et une rencontre.
Encore mieux, c'est un voyage de recherches et de rencontres,
basées sur nos propres préoccupations et interrogations,
et de réponses et de propositions face à une planète blessée
et à une réalité qui nous préoccupe.
Depuis l'enfance, on nous impose une manière de vivre
qui n'est pas sincère, c'est atroce.
Nous pouvons dire que nous nous trouvons face à une des crises du capitalisme,
mais nous sommes aussi face à une crise de notre civilisation.
Une vraie crise qui touche au plus fondamental de la condition humaine.
Les gens savent que nous vivons dans un système qui est complètement en ruines
mais il passent leur temps à lui repeindre la façade, et ils se moquent un peu des gens qui, comme nous,
travaillent à creuser le sillon, pour couler les fondations d'une nouvelle maison,
parce que celle que nous avons est en train de s'écrouler.
Je crois qu'on peut s'appliquer à bien faire les choses, et qu'au final ce qui va résister
c'est ce qui est bien fait, un système qui est bien fait,
parce que le système va s'auto-réguler
ou va s'écrouler jusqu'à ce qu'on arrive à trouver quelque chose qui fonctionne bien.
Et cela va être en perpétuelle évolution et changement.
Il y a aura toujours des difficultés, c'est une lutte permanente,
mais l'important est de lutter dans une direction qui nous plaise, dans laquelle nous soyons convaincus.
Si d'une certaine manière nous, les être humains, étaient animaux et sont devenus humains,
c'est parce qu'ils on développé une capacité d'entraide et de coopération
qui est présente aussi chez d'autres espèces animales
mais que la notre a développé à un niveau incroyable.
Nous sommes l'espèce la plus sociale
et les niveaux de sociabilité des êtres humains sont incroyables.
Ce que fait le capitalisme, c'est détériorer et détruire
ce qui justement nous rend humains.
La notion de progrès signifie littéralement "aller vers l'avant"
Mais pour savoir si nous allons réellement vers l'avant d'une manière significative
nous avons besoin de critères de comparaison : progresser par rapport à quoi?
La majorité des gens a eu l'impression de réellement avancer,
en voyant que le pays s'intégrait à l'Europe, qu'on construisait des infrastructures,
que le PIB augmentait, que l'accès à l'éducation
ou à la santé s'améliorait, que les gens s'enrichissaient...
Eso se ha identificado con el progreso. C'est ça qu'on a qualifié de progrès.
Mais si on observe ce que sont probablement les dimensions fondamentales de la vie humaine
Nous ne sommes pas en train d'avancer mais plutôt de reculer. Nous n'allons pas vers le mieux, nous allons vers le pire.
Si on observe la qualité du lien social, la culture, la capacité à prendre en charge nos propres vies,
les relations avec les écosystèmes, la nature...
Dans tous ces aspects, qui me semblent fondamentaux,
qui permettraient de formuler les critères d'un progrès authentique,
nous avons reculé.
Le système actuel, le système capitaliste, le système libéral productiviste
comme on l'appelle, fait face à un dilemme.
Cela s'appelle le dilemme de la croissance. Il ne peut pas croître davantage
pare qu'il ne reste pas suffisamment de ressources naturelles pour tout le monde.
Mais en même temps il ne peut pas décroître,
parce qu'il n'y a rien de pire qu'une économie de la croissance qui décroît.
Cela s'appelle une récession.
C'est ce que nous vivons actuellement avec la crise.
Nous devons donc trouver une nouvelle voie qui nous permette de sortir de ce dilemme.
La croissance est impossible au niveau écologique, et la récession sociale est elle aussi impossible,
parce qu'elle est injuste.
Nous sommes donc face à deux injustices que nous devons dépasser :
l'injustice environnementale et l'injustice sociale.
Et pour cela, le système capitaliste est un système que nous devons
aujourd'hui dépasser, d'une manière ou d'une autre.
Et la meilleure manière que nous avons de le faire est, il me semble, c'est la relocalisation.
Ce que nous appelons la relocalisation, c'est faire à un niveau local,
les changements qui, à terme, auront un impact sur le système global.
Il y a une philosophie, qui de fait figure déjà dans la constitution bolivienne,
et dont président de l'Uruguay, Mújica, parle aussi,
qui est la philosophie du "bien vivre",
qui signifie un changement assez grand
du système de vie auquel nous sommes habitués,
qui réellement ne nous rend pas heureux.
Elle implique une manière de vivre beaucoup plus paisible, entre les êtres humains,
hommes et femmes, et entre les êtres humains et leur environnement.
Je crois que cette philosophie sera celle qui dans le futur sera la plus reconnue,
parce qu'il y a beaucoup de jeunes qui ne veulent pas un futur comme celui que nous leur avons laissé
mais qui veulent construire une vie très différente.
Après de nombreuses heures de route, nous arrivons à Matavenero.
un éco-hameau situé dans les montagnes de la vallée du Bierzo.
En 1989, un groupe de gens
a décidé de reconstruire ce village
qui était abandonné depuis une vingtaine d'années.
Quand les gens sont venus ici il y'a 22 ou 23 ans, il n'y avait rien, il n'y avait presque pas d'arbres.
Ils ont commencé à reconstruire l'endroit, au début ils vivaient dans des titis.
Et avec les années... moi quand je suis arrivé ici, ils vivaient dans des maisons.
Ici nous avons commencé à reconstruire des maisons, beaucoup étaient en ruines, elles étaient là depuis
longtemps, elles étaient détruites, on ne savait pas à qui elles appartenaient,
à qui était le cadastre, mais par exemple ici... cette maison a 6 ans
personne n'est jamais venu me dire, "je vivais ici avant".
Mais c'est déjà arrivé dans d'autres maisons
que quelqu'un vienne et dise "quand j'étais petit je vivais ici"
"et là vivait untel, et la bas vivait un autre"
et les gens quand ils viennent sont contents de voir que tout ça a été remis sur pieds.
Parce qu'ici il y a eu beaucoup d'histoires, beaucoup de vies, beaucoup de vies brisées comme les maisons qui se sont écroulées.
et après de nombreuses années, des gens viennent ici et voient qu'il y a de la vie. Et ça leur fait plaisir.
Parce que quand les gens sont venus au début, ils ont amené plein de bonnes choses,
parce que le village avait brûlé dix ans auparavant, donc le village était assez...
les petits mûriers n'existaient pas, ces arbres c'était des petites pouces,
Et donc ils ont amené plein de plantes, plein de choses, des plantes médicinales, des arbres fruitiers…
et tout ça s'est développé.
Et du coup maintenant nous profitons des fruits de 23 ans de travail.
Ici ça a toujours fonctionné avec une assemblée, un conseil.
Il n'y a jamais eu aucune forme de hiérarchie, tout le monde a le même pouvoir.
Bizarrement, Matavenero est un village officiel, avec son conseil des voisins, son district.
Il y a un maire, un trésorier, un vice président,
Mais cela vaut seulement pour l'extérieur, ici en fait le maire est comme tout le monde.
Mais c'est sûr que les assemblées, ce n'est pas facile.
Par exemple, quand a commencé le mouvement du 15M
quand j'y suis allé pour voir, c'était comme ici.
Vraiment, ce qui se passe ici, c'est ce que j'ai pu voir là-bas.
Le fait de faire des assemblées, la manière de s'organiser.
Et c'est sûr que pendant le 15M on a pu voir beaucoup de gens essayer de se mettre d'accord
et c'est très chouette. Mais vivre ça tous les jours,
avec les années...ce n'est pas facile !
Donc cela nécessite, au niveau intérieur, un travail personnel important
pour réellement pouvoir fonctionner avec ce système.
Donc c'est un système très élaboré, ce sont des systèmes où tu dois avoir des valeurs,
une capacité particulière, et ça ce n'est pas facile.
Je suis venue ici parce que quelque chose n'allait pas… ça ne me convenait pas.
J'ai travaillé pendant 6 ans comme coiffeuse et je suis arrivée à un moment où je me suis dit :
bon, qu'est-ce-que je suis en train de faire? qu'est-ce qui se passe ici? qu'est-ce-que c'est?
et quelque chose te dit : "qu'est-ce-que je vais faire de ma vie?"
Alors, je vais me marier, je vais avoir des enfants, je vais faire un emprunt,
travailler comme ça, jusqu'à je ne sais quand...
non, non. Donc qu'est ce qu'il se passe,
tout d'un coup apparaît ce village, je viens rendre visite à un ami
quelle chose si spéciale! On y parle de choses très intéressantes,
on parle d'autosuffisance, on parle de groupe, de partage,
on parler de créer, on parle d'utopies, de "tout est réalisable",
on est forts tous ensemble, toutes ces choses-là.
Et donc il y a eu un boom, un moment d'euphorie à Matavenero,
je suis très heureuse de l'avoir vécu, parce que tout était possible.
Je suis arrivé ici il y a dix ans. Je suis instituteur de profession.
je travaillais dans les écoles publiques et j'ai commencé à connaître l'endroit,
à travers des rencontres d'éco-villages qui ont lieu en Espagne,
J'y ai rencontré des gens qui vivaient ici, à Matavenero. Ils m'ont parlé du projet.
J'avais envie de pouvoir faire l'expérience de travailler dans une école libre,
avec des enfants qui ont reçu une autre éducation,
qui vivent dans un contexte complètement différent de ce qu'on peut considérer comme normal.
J'ai renoncé à mon travail d'instituteur, et je suis venu poser mes valises ici.
Bref, je suis venu pour avoir une nouvelle expérience dans le monde de l'éducation.
L'école dont nous parle Kuke est une école libre, où les plus petits,
en plus des matières de base, apprennent des métiers concrets,
et sont eux-mêmes responsables de se fixer leur propres objectifs.
De plus, ils apprennent des choses concernant la connaissance de leur environnement et du milieu naturel,
l'agriculture biologique, la construction, l'artisanat et aussi le cirque et la musique.
Une partie de ces enfants s'en iront. Et d'autres, comme beaucoup l'ont déjà fait,
resteront pour et intègreront ces commerces
qui constituent la petite économie du village.
L'agriculture biologique, le réseau d'eau collectif et l'énergie solaire
sont la base fondamentale de l'autosuffisance à Matavenero.
Ici, la notion de confort est différente de ce qu'elle peut être ailleurs.
Mais tu as aussi un mode de vie qui n'a presque pas d'impact sur l'extérieur.
Tu as ton électricité, ton eau, ta maison, ton chauffage,
tu entretiens la forêt pour le bois de chauffage, tu as ton système solaire,
tu as ton système d'arrosage. Et ça ne te coûte rien !
Pour avoir ça ailleurs, les gens doivent payer toujours plus,
et dépendent de quelqu'un. Ici pour ça nous sommes plus indépendants.
Ce qui nous a sauvé, c'est que le progrès a priori bénéfique qu'on nous a proposé, n'est pas arrivé jusqu'ici.
C'est quelque chose qui est très clair ici, c'est un point de vue partagé par l'ensemble du village.
Ici nous ne voulons pas de route.
Les gens disent : comment ça vous ne voulez pas qu'ils vous goudronnent la route?
Souvent je me promène de bas en haut avec les enfants, en portant les tambours.
Chaque fois que je dois monter c'est crevant. Mais s'il y avait une route, je ne voudrais pas vivre ici.
Avec les années on voit qu'on n'est plus dans une phase expérimentale, et que le projet est plus ou moins consolidé.
Tu vois des gens de 28 ou 29 ans qui ont grandi ici, tu vois des enfants de 1 an, de 5 ans.
Tu vois la famille de Matavenero elle est grande, grande, grande !
Venir ici ne te laisse pas indifférent. Tu viens ici, tu y passes du temps, tu y passes ta vie.
Une semaine, deux mois, toute ta vie...
Chacun à sa manière.
Nous nous dirigeons vers un éco-village très différent du précédent.
Il est situé tout près du village de Valdepiélagos,
d'où la relation très proche avec ses habitants.
L'éco-village s'est constitué à Madrid
en tant que société d'habitat coopératif, en 1996,
quand un groupe de gens concernés par leur environnement
ont décidé d'unir leur forces et de créer cet ensemble d'habitations,
en causant le moins d'impact possible sur l'environnement.
Avec la volonté et l'envie de la part de ses membres de concevoir un espace sain, en adéquation avec leurs convictions
et écologiquement soutenable, ils ont finalement réussi à créer un quartier de 30 habitations,
conçues selon les principes de l'architecture bioclimatique et en utilisant des matériaux écologiques.
De plus, ils proposent diverses activités et ateliers
comme ceux qui se déroulent dans les rencontres du réseau ibérique des éco-villages d'Espagne
Le problème auquel nous avons été confrontés est celui des terrains.
Quand on change les statuts des terrains d'un village, les gens qui possèdent ces terrains les vendent très cher.
Nous sommes donc dans une impasse, les jeunes n'ont pas d'argent
et pour cela ils vont dans des villages des Pyrénées, dans des villages où le terrain coûte moins cher.
Et dans la province de Madrid, comme le terrain est cher, il n'y a quasiment pas de projets.
Et les gens qui se sentent le plus concernés par l'écologie sont ceux qui ont le moins d'argent.
Des gens jeunes avec peu d'argent. Et les gens qui ont de l'argent sont déjà complètement intégrés au système et tout cela ne les intéresse pas.
Ou ils disent que c'est un truc de jeunes, d'idéalistes.
Nous sommes tant focalisés que nous pensons que nous terminons les études,
trouvons un bon travail, gagnons 2000 euros et que nous allons être heureux à coup sûr.
Mais cela ne ce passe pas toujours comme ça. Il faut entrevoir d'autres possibilités.
Il vaut mieux gagner moins d'argent mais être dans un milieu où tu fais le travail qui te plaît.
avec les gens que tu aimes, en mangeant la nourriture qui te plaît.
C'est le point de vue que partagent beaucoup de jeunes qui veulent aller vivre dans des villages en ce moment.
Entre 1950 et 1975 a eut lieu un exode rural important. La grande majorité des gens concernés étaient des jeunes.
Cette fuite a été la conséquence de la crise qui touchait alors les régions agricoles,
en raison de l'industrialisation et de la nécessité de main d'oeuvre dans les villes.
Aujourd'hui nous assistons à ce qu'on appelle le néo-ruralisme.
Il s'agit d'un exode urbain, un retour aux pratiques agricoles, artisanales et aux métiers d'avant,
en réoccupant les villages abandonnés dont le nombre atteint presque 3000 en Espagne.
Si dans chaque village vivaient en moyenne 200 habitants, plus d'un demi-million de gens aurait un logement,
et en plus de ça, davantage d'outils à disposition pour pouvoir subsister.
Dans les rencontres de néo-ruraux qui ont lieu en Espagne,
nous constatons comme ce phénomène de retour à la terre s'accroît de plus en plus.
L'idée c'est de se demander ce que nous pouvons faire, nous qui sommes ici. Nous avons deux possibilités :
Ou bien nous continuons avec ce rythme fou de fuite en avant que proposent les gouvernements
qui gèrent les institutions financières et productives,
ou bien nous inventons une nouvelle manière d'interagir avec le monde, avec les gens qui nous entourent et notre environnement.
Donc moi, la seule théorie à laquelle je m'identifie, et je crois que c'est sur celle là que nous devrions parier,
c'est la théorie de la décroissance, qui dit
que nous devons diminuer drastiquement notre rythme de consommation et de production.
Il est vrai que la décroissance n'est pas une idée nouvelle. La décroissance est née avec l'écologie politique, il y a 40 ans.
Déjà dans les années 70, un économiste affirmait que celui qui croit à une croissance infinie
sur une planète finie, est un fou … donc un économiste !
Et les choses n'ont pas changé. Pour donner un ordre de grandeur, pour que nous nous défendions,
Si tout le monde sur notre planète vivait comme les espagnols, nous aurions besoin de trois planètes.
C'est à dire que nous n'avons pas suffisamment de planètes pour nourrir et loger tous ces gens,
si tout le monde adopte le même mode de vie que nous avons ici en occident.
C'est simplement impossible d'un point de vue écologique. La décroissance ne dit rien d'autre que cela.
Une croissance infime sur une planète finie, ce n'est pas possible.
Pour autant nous devons commencer à imaginer d'autres manières de vivre sur un planète finie,
où nous pouvons vivre heureux, à l'intérieur des limites écologiques de la planète.
C'est que nous devons casser cette association frauduleuse, qui s'impose à nous de tous les côtés,
entre la consommation d'un côté, et le bien être et le bonheur de l'autre côté.
Si nous sommes capables de réordonner nos sociétés, d'adopter un style de vie beaucoup plus simple,
qui privilégie, pour compenser, le lien social, la répartition des tâches, le loisir créatif.
en réduisant les dimensions de nombreuses infrastructures, en récupérant la vie locale.
Nous croyons que cette théorie, il faut l'introduire, comme je le disais, entre la nature et la justice.
Ils peuvent te dire si la vie en ville est beaucoup plus confortable que la vie à la campagne.
Dans beaucoup de cas oui, mais avec pour conséquence de détruire notre planète,
et que 80% de la population soit en situation de pauvreté ou d'extrême pauvreté, ou meurent de faim.
Et nous croyons que ce que nous faisons, en récupérant les villages, n'est rien d'autre qu'une étape,
c'est à dire que ce n'est pas une réalité parfaite et aboutie,
c'est seulement une étape,
mais nous avançons d'un pas décidé et ferme.
La vie rurale représente plusieurs défis.
Diminuer l'empreinte écologique, réduire le besoin d'infrastructures de transport, relocaliser les activités de production.
Nous croyons aussi qu'il est très important et libérateur de réserver du temps aux loisirs et à la création.
C'est à dire que les gens qui vivent à la campagne apprennent beaucoup de choses, au moins durant les premières années,
comment change la valeur du temps en vivant à la campagne par rapport à la vie en ville.
Ce à quoi nous devons penser, c'est la manière dont nous pouvons nous coordonner, avec tous les gens qui viennent vivre à la campagne,
pour être complémentaires, et pour évoluer au coeur de cette indépendance.
Nous avons découvert de nouvelles manières de redonner vie aux villages L'une d'entre elles est l'occupation de ceux qui ont été abandonnés.
C'est le cas de Ibort et Aineto, dans la région de Huesca,
qui ont finalement obtenu la cession des lieux et la légalisation de leur situation grâce à l'association ArtIborAin.
Dans d'autres villages comme Salentinos, dans la région de Léon, seulement deux habitants sont restés, quand une famille
a décidé de s'installer, en achetant et restaurant une vieille maison du village.
Retourner à une vie rurale fait partie de nos objectifs fondamentaux.
Au lieu que ce soit un village dortoir, nous voulons retrouver un genre de vie ancestrale,
principalement reliée à l'élevage, l'agriculture. Nous voulons retrouver cette culture de vie que nous avons perdue en fonctionnant en marche forcée.
Un mode de vie, basé non pas sur le modèle rural industriel qu'on nous vend, d'agriculture ou d'élevage,
mais sur la création d'un autre type de vie à la campagne. C'est ce que nous voulons faire, entre autres choses.
Je crois qu'un retour à la terre apparaît aujourd'hui comme une nécessité. La campagne est à l'abandon, elle subit un processus de destruction.
Et maintenant avec la crise, cela redevient d'actualité.
Il me semble que cela devrait revenir. J'ai toujours cru qu'une alternative était possible, et que c'était ici,
et il me semble que c'est ce dont notre monde a besoin.
Le stress qu'a généré en nous la vie en ville, durant toutes ces années, nous le connaissons bien.
Au moins on n'a pas besoin d'aller en consultation chez le psychologue. - Au pire tu vas faire un tour dehors pour te calmer…
La manière de vivre est forcément différente ici. Donc nous ne souffrons pas comme nous avons pu souffrir toutes ces années en ville.
Maintenant on voit bien que nous avons ici beaucoup d'avantages, et les gens des villes ont aussi besoin
de se demander : "qu'est-ce qu'on fait ici?" il y a d'autres manières de vivre, d'autres manières de voir les choses,
moins matérialistes, moins intéressées.
Ce qui est sûr c'est que maintenant on vit mieux dans les villages qu'il y a 25 ans.
C'est plus facile pour les gens maintenant qu'il y a 25 ans.
Quand nous sommes arrivés ici, nous n'avions pas d'ordinateur, pas d'accès à internet. Il n'y avait même pas de route !
Maintenant les gens viennent dans les villages et ont accès à toutes ces choses là.
Il y a 50 ans, les gens abandonnaient le milieu rural parce qu'ils pensaient, légitimement, qu'on vivait mieux en ville.
Le scénario était plus libre, la vie était plus fluide, plus facile.
Aujourd'hui j'ai peur que nous soyons obligés d'avoir
une réflexion très critique sur ça, pourquoi?
Parce que les principaux problèmes économiques, la marginalisation sociale,
l'exclusion, l'exploitation, se développent surtout en milieu urbain.
Le projet de décroissance implique, selon l'un de ces principaux préceptes,
de parier sur un retour à la ruralité, ce qui constitue en parallèle, une critique de ce que suppose la vie en ville.
Par exemple, la logique des réseaux de transports en commun, les trains à grande vitesse,
est un logique clairement liée à la croissance des villes.
Ce que font ces trains à grande vitesse, c'est relier des villes, et donc faciliter une nouvelle désertification du milieu rural.
Cette crise il faut la voir comme quelque chose de positif, quelque chose qui nous amène à nous repositionner sur de nombreux points.
Et entre autre chose, concernant l'habitat urbain et le modèle industriel qui, je crois, ont atteint leur limite.
La campagne est toujours là, il y a une alternative, et elle a besoin de forces vives.
Le projet a commencé il y a plusieurs années, avec un groupes de gamins, que nous sommes toujours.
Nous avons décidé d'acheter un terrain, qui est cette ferme, et de faire des petites maisons toutes simples,
et de commencer à voir ce que nous pourrions mettre en commun, quelles choses nous voulions mettre en commun, ou pas.
C'est à chacun de conserver son identité, mais en conservant le minimum de principes concernant l'écologie et le respect,
de manière à ce que tout fonctionne, aussi bien dans les relations que dans les projets.
Les gens viennent ici, restent un mois avec nous, et souvent ce que nous leur enseignons c'est :
regarde, maintenant tu sais ce qu'est la différence entre ce que tu penses, et ce que tu sens.
Mais ça tu ne le souhaites pas l'adopter tel quel pour ta propre vie, si tu le veux tu vas devoir apprendre en quelque sorte à savoir l'assimiler,
en changeant ton schéma mental.
Et nous maintenant nous nous sommes mis dans une course au travail, une dépendance aux banques,… dans une manière de vire qui ne laisse aucune place à ce processus.
Et nous sommes ancrés dans ce mode de vie. C'est à dire que le changement entre cette manière de vivre et l'idéal,
c'est d'une part, ce que j'imagine pouvoir être bien, et d'autre part ce que je ressens.
Des ateliers et des activités sont proposés, autant pour les enfants que pour les adultes,
sur des thèmes comme la construction écologique, la phyto-épuration des eaux usées, les énergies renouvelables.
Ils permettent de plus la création d'un tissus social avec des regroupement conviviaux, la dynamisation des groupes et la gestion des émotions.
Le soin de la terre, l'agriculture écologique et la permaculture constituent aussi un de ces champs d'action.
"Permaculture", c'est un jeu de mot entre "permanent" et "culture", ça veut dire "essayer de créer une culture qui soit permanente dans le temps".
En essayant d'extraire des informations de nombreuses techniques et de les mélanger pour pouvoir concevoir aussi bien des écosystèmes que des relations,
comme des infrastructures, comme tout une philosophie pour "essayer de créer une culture permanente",
la permaculture est une manière de comprendre et de voir l'environnement, la réalité.
Aujourd'hui, la manière que nous avons de voir et de comprendre le monde, nous l'avons héritée de la pensée réductionniste de Newton et de Descartes.
qui nous fait voir la réalité de manière réduite, c'est à dire que nous avons tout morcelé,
et nous nous sommes concentrés sur chacune des parties. En faisant abstraction du contexte, nous avons brisé le lien avec l'ensemble.
Mais cette manière de comprendre, de voir le monde, a eut du succès d'un côté dans le monde des machines,
mais connaît un échec dans ce qui constitue le monde vivant. Il a pour conséquence la pollution des cours d'eau,
l'intoxication du système alimentaire, l'érosion des sols.
Donc tout une série de problèmes, de conséquence sur l'environnement qui mènent à la crise et mettent en péril ce qui nous fait vivre.
Il y a une phrase de Lynn Margulis qui représente bien la permaculture, qui dit que ce qui est un déchet pour l'un est un aliment pour un autre.
Et la permaculture se base sur ça : le flux de matière et d'énergie.
Aujourd'hui, en envisageant la réalité d'une manière certes linéaire ou réductionniste,
nous pouvons dire qu'il y a des aliments et des déchets, mais que les déchets ne sont pas intégrés au cycle,
qu'ils génèrent soit du travail, soit de la pollution.
Et pour la permaculture, pour cette nouvelle manière de percevoir la réalité,
ils représentent au contraire une opportunité, une ressource.
L'idée est de comprendre comment fonctionne la nature pour être capable d'avoir une incidence sur elle.
Jusqu'à maintenant l'être humain a voulu tout contrôler,
a voulu enseigner à la nature comment elle devait être.
Le capitalisme impose un rythme très brutal d'extraction, de production et de consommation.
la permaculture, au contraire, essaye de s'adapter au rythme de la nature,
qui est un rythme plus calme, plus tranquille, qui n'est pas basé sur la consommation...c'est très différent.
Nous ce que nous faisons ici c'est un mélange de permaculture et de culture biologique.
Dans les potagers il y a un état d'esprit qui consiste à soutenir la biodiversité.
Soutenir la biodiversité, essayer d'enrichir le sol, qui fonctionne comme les forêts,
quand il y a beaucoup de biodiversité, qu'il y a toutes sortes de plantes,
un écosystème sain est généré et les cultures fonctionnent bien.
Pour moi l' éco-construction se base sur trois principes fondamentaux.
Le premier est le retour à la construction traditionnelle, telle qu'elle s'est toujours faite,
Ce qu'on doit privilégier des cultures traditionnelles,
c'est l'usage de matériaux locaux. Travailler avec de la pierre, du bois, du sable, de la chaux, de la terre.
Donc valoriser les matériaux locaux, et aussi travailler de manière coopérative.
Le deuxième principe, qui est celui le plus à la mode, c'est tout ce qui concerne la performance élenergétique.
Aujourd'hui on parle beaucoup de panneaux photovoltaïques, de chauffes-eaux solaires, d'une orientation judicieuse de la maison,
de comment concevoir la maison pour qu'elle consomme le moins possible,
et que ce qu'elle consomme, ce soient des énergies renouvelables.
Et le troisième principe, celui dont la plupart des gens tiennent peu compte,
mais ce qui pour moi, est fondamental, c'est la santé.
L'espace que l'on crée doit être sain. Il faut étudier les géopathies du terrain,
la présence d'eaux souterraines, les failles ou les altérations artificielles;
la présence de champs électromagnétiques, de lignes à haute tension, d'électro-ménager ou de substances toxiques à l'intérieur des matériaux.
En bref, l'idée est que la maison soit un lieu sain.
Ici nous adorons les toitures végétalisées, parce que d'une certaine manière ça nous permet de rendre à la terre la surface de sol que nous lui volons.
Ici ça ne change pas grand chose, mais si cela se fait en ville, plus il y a de végétation, au mieux la pollution est absorbée.
L'évapo-transpiration des plantes fait que les zones alentour sont rafraîchies.
A l'intérieur de la maison si la toiture est bien faite, avec la terre et les isolants,
cela sert d'amortisseur thermique, et cela donne plus de chaleur à la maison.
La question est de savoir comment intégrer tous ces changements à une société qui n'accepte pas les changements,
ou qui permet les changements, mais de manière violente.
Donc comment gérer tout ça en même temps, et ça nous fait très peur.
Nous entrons en France et nous dirigeons vers le Mas de Boileau, base logistique de Terre et Humanisme,
une association détachée de toute référence idéologique.
qui focalise ses actions humanistes sur la pratique d'alternatives qui concilient la sécurité et la souveraineté alimentaires
afin de sauvegarder l'autonomie et la survie des populations.
L'association a été créée par Pierre Rahbi, agriculteur, homme politique, écrivain et philosophe français d'origine algérienne.
Un des principaux précurseurs de l'agriculture biologique.
Il défend une société plus respectueuse des personnes et de la terre,
en travaillant sur la transmission de l'agriculture écologique à travers différents cours, avec l'aide de bénévoles
et saisonniers qui viennent ici apprendre sur le maraîchage écologique, l'apiculture, le compostage et la phyto-épuration.
Nous vivons aujourd'hui dans un modèle agricole et alimentaire qui est tout simplement contrôlé par une poignée de multinationales
qui font passer leurs intérêts personnels avant les besoins du collectif.
Par conséquent, malgré le fait que nous vivons aujourd'hui dans un monde où la nourriture est présente en abondance,
où l'on a jamais produit autant de nourriture, et dans lequel on calcule, selon la FAO,
que l'on produit suffisamment de nourriture pour subvenir aux besoins de 12000 millions de personnes
Malgré tout cela, on compte aujourd'hui dans le monde qu'une personne sur sept souffre de la faim.
Il est difficile d'avoir accès à tous ces aliments, car aujourd'hui le système agroalimentaire n'est pas démocratique.
Le marché des semences est contrôlé par quelques entreprises qui ont le monopole.
Monsanto, Cargil, Dupont, sont les entreprises qui, au fil du temps,
ont privatisé les semences, de telle manière qu'aujourd'hui, si un agriculteur ou une agricultrice veut avoir accès
à certaines graines, il doit payer pour les obtenir.
Un aliment transgénique est un organisme génétiquement modifié
en fonction des intérêts du marché et de l'industrie agroalimentaire.
On peut dire que c'est le symbole même de tout ce qu'implique la privatisation des aliments.
Cela implique que l'agriculteur dépend entièrement de ces multinationales
à qui il doit acheter des produits pour réaliser ce type d'agriculture.
Le fait de modifier les gènes d'un organisme peut avoir un impact sur notre santé,
et en plus, la culture d'OGM peut contaminer d'autres plantations, par le vent, la polinisation.
Si nous commençons par le premier maillon de la chaîne agroalimentaire, qui est la production d'aliments
nous voyons a quel point c'est une production agricole intensive, une production qui nie totalement la biodiversité.
En un siècle, 75% de "l'agro-diversité" a disparu.
Les aliments que nous mangeons se ressemblent de plus en plus, et donc il y a toute une série de variétés
locales, autochtones, diverses, qui ont peu à peu disparu.
Le fait d'imaginer ce qu'il se passerait si une épidémie affectait ces quelques variétés,
nous met aussi dans une situation d'insécurité.
La biodiversité n'intéresse ni le capital, ni le marché et ni les multinationales.
Ce qui les intéresse c'est d'avoir entre leurs mains quelques variétés qu'ils contrôlent, via le brevet et la privatisation,
et pour lesquelles tu dois payer, et qui soient les plus productives possibles pour répondre au marché.
C'est ce secteur qui a le plus d'impact sur le changement climatique, selon plusieurs rapports, comme celui du Grain,
un centre de recherche qui a montré que 55% des émissions de gaz a effet de serre
son générées par le modèle actuel de production, distribution et consommation des aliments.
Il s'agit d'un modèle d'agriculture énergivore,
avec des aliments qui parcourent des milliers de kilomètres avant d'arriver dans notre assiette.
C'est un modèle alimentaire qui pousse à consommer
dans des grandes surfaces souvent situées à l'extérieur des grandes villes,
auxquelles ont peut accéder uniquement en voiture.
Donc si on fait la somme de tous les éléments qui interviennent dans le modèle agroalimentaire,
on voit qu'il a un impact majeur sur la génération des gaz à effet de serre responsables du changement climatique.
Nous devons mettre en place un système agricole de proximité, basé sur les circuits courts
de commercialisation des aliments, qui favorise une relation directe entre producteur et consommateur,
afin de tisser un réseau de solidarité entre la campagne et la ville.
Cela implique d'avoir recours à une agriculture variée, faite en harmonie avec le territoire,
une agriculture qui défende une monde rural vivant, et qui valorise les gens qui vivent à la campagne.
En définitive, cela implique un modèle agroalimentaire au service de la population,
et qui prenne en compte le respect de l'écosystème.
C'est justement l'inverse de ce que défend le modèle agroalimentaire actuel.
Nous sommes ici à Couiza dans le département de l'Aude.
Ce marché de produits biologiques est de très bonne qualité.
Le thème de ces journées de rencontre s'intitule "la biodiversité en résistance".
Cette formule est d'actualité, car la biodiversité est menacée
par l'agriculture industrielle, le développement économique, les OGM, le réchauffement climatique...
Quand on fait du commerce à l'échelle internationale, ça ne peut pas être "bio",
il s'agit plutôt d'une opération de destruction mutuelle entre les pays.
La plupart des gens qui sont ici sont contre le concept du bio en supermarché.
Cela semble radical, parce que tout le monde devrait pouvoir avoir accès au bio,
mais si nous laissons la grande distribution s'emparer du bio, cela risque de le dénaturer !
Le contexte, sur un plan écologique et social, ne correspond pas à celui du bio.
Il faut bien se rendre compte que ces grands projets, à l'échelle planétaire,
qui, sous prétexte de sauver la biodiversité, mettent en oeuvre des outils financiers,
pour tirer profit de tous les écosystèmes.
Sous le slogan d'économie "verte", ils essayent de construire un système d'exploitation
à partir de services pseudo écologiques. C'est-à-dire qu'ils construisent une économie
qui passe par le filtre de la spéculation financière, avec les services et les ressources naturels.
En réalité, ce n'est qu'un filon de plus qu'ils ont trouvé pour se faire plus d'argent.
Un des apports clefs de la théorie néoclassique de l'économie,
c'est de réduire le concept de valeur au concept de prix.
N'est objet économique et n'a de valeur à l'intérieur du système économique,
qu'un objet qui peut être convertie en unités monétaires.
La conséquence de cela? Il y a beaucoup de choses qui, bien qu'étant indispensables au respect de la vie humaine,
n'ont pas d'équivalent monétaire. On ne peut pas fixer le prix du cycle de l'eau,
ni celui de la couche d'ozone, et pas non plus celui de la photosynthèse.
On ne peut pas donner un prix à la fertilité du sol.
Il est clair que plus il y a de spéculation sur les prix des aliments, lorsque les récoltes son achetées en avance,
plus les prix des aliments augmentent. Et il y a des pays comme le Kenya,
le Mexique, la Tunisie, etc. où les gens souffrent de la famine à cause de tout ça.
Et il se passe la même chose avec l'eau, avec le pétrole,
avec l'air, et avec les émissions de gaz à effet de serre.
Donc nous arrivons aux limites du capitalisme.
La seule chose qui compte pour l'économie capitaliste, c'est ce qui crée de la valeur monétaire,
Et bien sûr, il y a de nombreuses choses qui n'en créent pas,
ou même parfois, il arrive que la production de valeur augmente à cause de catastrophes.
Par exemple, le Produit Intérieur Brut augmente lorsqu'un fleuve est pollué.
Parce qu'il faut investir de l'argent pour le dépolluer.
Une catastrophe comme la marée noire du Prestige, il y a 10 ans, a provoqué une augmentation du produit intérieur brut.
Les guerres font augmenter le Produit Intérieur Brut, parce qu'elles engrangent une vente énorme
de matériel d'armement.
L'industrie pharmaceutique, par exemple, ne fait pas de profit sur la santé, mais sur la maladie.
C'est à dire qu'ils utilisent comme seul indicateur l'argent. C'est l'argent qui mesure tout!
C'est ça qui est utilisé pour mener la barque de l'économie.
Donc nous voulons créer une sorte d'univers invisible, que les indicateurs monétaires ne voient pas,
mais qui est indispensable à la vie.
Si nous voulons une économique qui soit juste, socialement et écologiquement parlant,
nous devons suivre, à l'échelle mondiale, une ligne de conduite basée sur
uns diminution drastique de la consommation matérielle et d'énergie.
Une autre logique économique est nécessaire,
dans laquelle, par exemple, davantage d'importance doit être donnée aux biens sociaux, à l'éducation,
à la santé, à la culture, à une autre agriculture, à une autre forme de bien commun.
Et ça ce sont justement les choses qui ne permettent pas de faire du profit.
Le capitalisme ne permet pas de faire fonctionner correctement ces activités qui sont pourtant nécessaires.
En résumé le développement durable et la croissance verte,
sont une excuse pour ne pas changer les fondements du système.
Il faut que les peuples se réveillent, parce qu'il y a beaucoup de cynisme.
Je n'ai jamais vu un tel niveau ce cynisme : on profite de la prise de conscience des gens,
du désir qu'ont de plus en plus de personnes sur cette terre de préserver la planète pour les générations futures,
on profite de cet éveil de la population, pour détourner en cachette la prise de conscience.
Nous sommes des êtres vivants, et je crois que la destruction de la nature
a des conséquences sur nous, qui vont au delà du rationnel,
nous le ressentons dans chaque cellule de notre corps.
Une civilisation qui est en train de sacrifier les générations futures
ne mérite même pas le nom de civilisation.
L'entreprise Permablitz est née à Barcelone avec la volonté d'utiliser la permaculture comme moyen d'action locale.
Son projet est de convaincre les agriculteurs conventionnels des avantages
qu'il peut y avoir à pratiquer la permaculture, habituellement réservée aux petites exploitations
L'entreprise est constituée d'une équipe pluridisciplinaire
dans laquelle chacun des membres apporte quelque chose de différent.
Pour reprendre leurs termes, il décrivent leur travail en groupe
comme un polyèdre aux multiples facettes,
impossibles à observer simultanément par une seule personne, mais que le groupe peut visualiser.
Le jeune qui appartient à ce que nous appelons aujourd'hui de la génération "sacrifiée" attend un peu de savoir
quel va être son rôle, sa fonction, de quel manière il va pouvoir donner un sens à sa vie.
Je crois que c'est dans ce nouveau contexte que se mettent en place l'agriculture régénérative,
la permaculture, les villes en transition.
Les jeunes s'y impliquent merveilleusement bien, parce que cela donne du sens à leur vie.
Notre groupe de sept personnes par exemple, a pris part à cette expérience.
D'un coup, nous nous sommes pris de passion, d'illusion, parce que c'est quelque chose de merveilleux,
de nous réintégrer à mécanique de la vie.
Toute la préoccupation pour les problèmes que nous observons à l'échelle mondiale,
non seulement d'un point de vue économique et social, mais aussi écologique, d'une certaine manière se transforme
en une énergie, une envie de faire quelque chose, d'agir.
Moi, par exemple, j'avais toujours eu une attitude passive,
j'attendais toujours que les choses se passent.
Mais si tu as les idées, les capacités, et l'attitude qui va avec,
tu peux faire bouger les choses. Maintenant le contexte dans lequel on vit donne l'envie d'entreprendre.
Maintenant on n'attend plus qu'une seule personne se décide à entreprendre et à prendre des risques,
parce qu'on est tous pris dans un mouvement global, dans lequel tout est plus facile.
Maintenant nous devons arrêter avec cette mentalité qui fait que quand tu as une idée, une innovation,
tu la brevète, tu la protèges, pour que tu puisses en tirer profit.
Pour inciter à la créativité, ce que nous proposons, et ce sur quoi nous travaillons,
c'est que l'accès à la connaissance soit accessible à tous,
pour que chacun puisse enrichir sa culture et gagner en autonomie, et que tout le monde puisse participer,
et que cela génère un réseau, qui soit tout simplement un réseau d'échange d'expériences et de savoir-faire.
Au final, un des objectifs, c'est aussi de protéger le bien commun et d'améliorer la qualité de vie.
Pas seulement de quelques uns, mais de tous : une répartition plus juste des richesses. Cela implique aussi une répartition des connaissances.
Nous faisions partie de projets de protection de l'environnement, en rapport avec les puits de carbone,
pour voir comment, par l'agriculture et la reforestation, on peut solutionner le problème du carbone dans l'atmosphère.
Et petit à petit nous nous sommes rendus compte que les ONG dépendent d'entreprises
et dépendent de gouvernement pour pouvoir fonctionner.
Et c'est là que nous nous sommes sentis en contradiction avec ce que nous faisions, parce que nous ne sommes pas d'accord avec le modèle économique
dont la seule loi est de faire du bénéfice, et donc nous ne voulons pas dépendre financièrement de ce système.
Nous pouvons nous organiser. Nous pouvons générer des richesses,
qui nous permettent de consolider cette forme de vie,
cet hybride entre entreprise et ONG qui représente un modèle de l'économie, ou de l'entreprise, du bien commun.
Notre intention est de pouvoir offrir des systèmes alimentaires,
de grande qualité et de grande "valeur", au-delà de ce qu'est l'agriculture biologique,
à des prix compétitifs, et qui, au lieu de détruire les écosystèmes, les régénère.
Et arrêter avec l'idée que ce qui est sain est cher, que le bio doit être cher.
Avec eux nous avons appris à voir la permaculture avec un regard différent.
Nous avions des doutes quand ils nous parlaient de pouvoir pratiquer la permaculture en ville.
Jusque là, personne ne nous avait dit que cela pouvait se faire.
Et les endroits où nous avions vu qu'elle se pratiquait étaient très éloignées des zones urbaines.
Pour nous convaincre, ils nous ont montré l'exemple
d'un des endroits où ils travaillent en ville : l'Aquaponix.
Il manquait d'espace ou de manières de pouvoir générer des espaces,
qui reproduisent les conditions et le contexte que nous impose le cadre urbain.
Donc nous avons combiné l'élevage de poissons et la culture des légumes.
Dans la partie basse se trouve le bassin des poissons,
et dans la partie haute, sur une table à la hauteur de la ceinture, il y a les légumes.
L'eau, de la même manière que dans le cycle de l'eau, monte par évaporation comme pour former des nuages,
irrigue les plantes avec les excréments, les nutriments et les minéraux des poissons,
les plantes se nourrissent, poussent, et le résidu ou l'excédent revient aux poissons.
C'est donc une boucle, un système de rétro-alimentation.
Ce qui est un déchet pour l'un est un aliment pour l'autre.
Le secteur de l'agriculture biologique, a toujours été critiqué,
avec cette idée que la permaculture c'est pour les bobos, ou pour les gens qui ont leur petit potager,
et que cela ne fonctionne que pour des cas très particuliers. Il y a beaucoup de préjugés que nous devons rompre,
et il ne faut pas se tromper entre dire que "la permaculture ne sert a rien ici".
Par exemple en Australie, Darren Doherty travaille avec un million d'hectares,
en appliquant la permaculture. Alors que au Méxique avec 500 hectares, seulement de maraîchage,
ils ont besoin de petits avions pour aller contrôler l'état des cultures.
Donc, comment peut on juger de si une chose est utile où non, si l'on a pas encore trouvé la manière
de pouvoir agir ou améliorer la manière de faire les choses.
Dans les villes, où le système ne permet pas de subvenir aux besoins essentiels de l'humain
nous nous demandons comment venir à bout du problème du logement et de l'emploi.
Dans ce sens, la nécessité et la recherche d'un changement social profond,
nous conduit parfois inévitablement à nous affranchir des normes juridiques établies,
par la désobéissance civile, un acte conscient, publique et non-violent
de rébellion contre l'autorité.
C'est Thoreau, qui en 1849, donna naissance aux principes fondateurs de la désobéissance civile,
qui par la suite ont inspiré des personnes comme Gandhi, Martin Luther King ou Tolstoï.
La désobéissance civile existe depuis de nombreuses années.
Dans des situations où l'on veut faire évoluer la société, on a pointé du doigt les lois que l'on considérait injustes,
et on a désobéi pour essayer de les changer, pour essayer d'améliorer les choses.
Aujourd'hui peut-être que nous sommes nombreux à être dans une autre phase, dans laquelle on ne désobéit plus à une loi en particulier
mais à un système de pouvoir, pour en favoriser et en construire un autre.
C'est dans ce cadre que nous cherchons ici à promouvoir ce que nous appelons la désobéissance économique,
qui va avec l'idée d'arrêter de collaborer avec l'économie de l'état et du capitalisme,
et faire en sorte que cette collaboration permette de créer des alternatives.
Je crois qu'aujourd'hui créer des alternatives, en restant totalement dans un cadre légal, c'est très limité.
Il faut changer et proposer d'autres choses pour pouvoir construire des droits
et des valeurs qui génèrent réellement une équité et une justice sociale.
Pour gérer les questions légales, il faut toujours plus avoir de l'argent, pour payer les avocats,
et tout ça c'est une preuve très claire que ce n'est pas réellement un système juste.
C'est l'un des thèmes que nous avons le plus approfondis avec la Coopérative Intégrale Catalane :
l'utilisation d'entités juridiques pour protéger les initiatives d'autogestion.
Aujourd'hui Enric Durán est le militant le plus connu en Espagne dans le domaine de la désobéissance civile.
Il appartient à la Coopérative Intégrale Catalane une initiative concrète de désobéissance et d'autogestion,
dont le but est de reconstruire la société depuis le bas, de manière intégrale.
Ses principes fondateurs sont l'intérêt pour le bien commun, l'équité et la justice sociale,
l'écologie, la démocratie participative et l'autogestion.
Sa structure légale est une coopérative qui regroupe en interne des producteurs et des consommateurs
qui utilisent leur propre monnaie locale pour effectuer des échanges de produits et de services,
pour s'assurer d'un cadre juridique qui les protège des banques et de l'état.
Dans la ville où nous sommes actuellement il est possible de faire des projets,
qui servent de référence, qui soient visibles, et qui permettent de connecter les gens de la ville à toutes ces alternatives,
comme cela a lieu ici, a Aurea Social, ou comme cela se fait à Barcelone, avec des projets qui existent depuis plusieurs années déjà, comme Can Masdeu.
Il est aussi possible de proposer des alternatives concrètes comme les potagers urbains, les jardins partagés.
La ville fourmille de ce genre d'initiatives en ce qui concerne l'autogestion ou l'auto-entrepreunariat.
D'une certaine manière la Coopérative Intégrale Catalane est une initiative qui ne pourrait pas exister
sans ce lien entre l'urbain et le rural, et une interaction à plusieurs niveaux.
Ici, par exemple, nous pouvons recycler d'avantage de matériaux et les amener à la campagne pour qu'ils soient valorisés dans une démarche d'éco-construction.
Et dans la campagne on peut cultiver ce qui est consommé ici. Donc cette interaction est fondamentale.
Le fait que la plupart des gens impliqués dans ce processus veuillent s'en aller de la ville a des conséquences.
Il est difficile de maintenir une collectif impliqué et moteur
en ville, puisque les gens sont très mobiles.
Par fois ce sont des défis que nous nous lançons, comme le projet Aurea Social,
qui permettent de maintenir un réseau de gens suffisamment solide,
car même s'il y a beaucoup de gens qui s'en vont à la campagne, il y a aussi beaucoup de gens qui viennent à la ville,
et qui voient leur participation à ce genre des espaces comme une transition vers un autre mode de vie.
Dans les collectifs locaux il y a beaucoup de dynamisme, et en même temps beaucoup de diversité.
De nombreux projets d'auto-entrepreunariat voient le jour, au niveau local, dans de nombreux secteurs.
Il y a aussi des communautés qui se génèrent, surtout dans le milieu rural,
autour de gens qui vont de la ville à la campagne, ou de gens qui ont déjà eu une expérience de vie rurale et qui se regroupent dans un nouveau projet.
Ce sont des projets de cession de propriétés, de locations peu chères, ou dans certains cas d'accession collective à la propriété,
dans lesquels est développé un projet de communauté, d'autosuffisance et d'auto-entrepreunariat.
Ce qu'essaye de faire la Coopérative Intégrale Catalane, c'est d'extraire des choses du système économique capitaliste
et de les intégrer à notre propre système économique, dont nous manions nous même les outils, et non la banque ou l'état.
Le premier pas dans la Coopérative Intégrale a été de mettre en contact les consommateurs et les producteurs
d'agriculture biologique que sont les Ecoxarxas.
La prochaine étape serait de pouvoir fabriquer d'autres choses pour les membres de la coopérative,
afin d'offrir d'autres services que ceux proposés par le capitalisme, d'aller au de la de l'agriculture bio et de produire d'autres choses.
L'idée serait, avec un peu de moyens, de solutionner deux deux problèmes fondamentaux,
surtout pour les jeunes, qui sont le logement et le travail.
Vu le marché du logement aujourd'hui, on peut dire que la coopérative te donne une solution très économique pour te loger.
Et de plus, cela te donne la possibilité de gérer toi-même ton travail.
Evidemment, ici on ne propose aucun emploi, tu ne peux pas arriver et dire "combien tu me payes à l'heure?".
Tu dois d'abord créer ton activité, et ce n'est pas une chose aisée, mais c'est le premier pas.
"Coopérative de logement", cela signifie que tu achètes l'usage d'un logement à un prix social, normal, que ton budget te permet.
L'idée est, et c'est pour cela que ça s'appelle "éco-industriel", de monter ici une production industrielle,
mais qui soit écologique, dans une logique d'économie sociale et solidaire, dans laquelle on n'exploite ni les ressources, ni les personnes.
Ici nous cherchons à retrouver des choses qui se fassent dans le respect des personnes et des ressources.
Cela nous donne la possibilité de coopérer, parce que nous sommes nombreux à vouloir faire bouger les choses,
pas seulement ici, en dehors il y a aussi des gens qui nous soutiennent, comme les gens du village
C'est cette idée qu'une société, c'est plus qu'une somme d'individus,
qu'on fait beaucoup plus de choses ici à 3O personnes, que ce que font 30 personnes séparément.
Nous cherchons à ce que davantage de gens viennent ici avec plus de préoccupations, d'envie d'apprendre, de capacité de travail,
pour créer plus d'espaces qui puissent bénéficier à la communauté.
Il faut gérer un très grosse machine et faire des choses que certains font pour la première fois.
Il n'existe pas de formation en réhabilitation des cités ouvrières.
Il n'y en a pas pour l'instant, mais nous y travaillons, et ça viendra.
Nous sommes totalement impuissants face à ce qu'il se passe. Je pense que des projets comme celui-là
et comme beaucoup d'autres, parce qu'ils prolifèrent à toute vitesse...
Aujourd'hui il y a une chose qui est sûre, c'est que le futur nous attend.
Et donc les gens apprennent très vite à se débrouiller.
Des projets comme celui là sont très importants, parce qu'il servent de base pour le changement.
C'est un modèle de transition.
Dans la vallée de Collserola, à côté de Barcelone, se trouve Can Masdeu,
un projet situé en pleine nature.
C'est à partir d'une ancienne léproserie, occupée en 2001 de manière provisoire, qu'a commencé à germer le projet que nous connaissons aujourd'hui.
Le centre socio-culturel est géré par les gens qui vivent dans la maison et par les voisins, qui proposent plusieurs types d'activités.
Le résultat de cette interaction, c'est la bonne entente entre voisins,
mais aussi la gestion collective de la vallée, qui a même permis d'enrayer le processus de d'expulsion.
Quand nous sommes arrivés, le lieu était abandonné depuis 50 ans,
et nous l'avons occupé pour un forum international, le Rais In Tie,
organisé sur le thème du réchauffement climatique, à une époque où on n'en parlait pas encore beaucoup. Les participants venaient plus de l'extérieur que d'ici,
Certaines personnes comme nous qui venaient de mouvement sociaux, sont aussi venues par curiosité.
Quand nous avons occupé les lieux, l'objectif était juste d'avoir un endroit pour faire ce forum, il n'y avait pas d'autre projet derrière.
C'est au bout d'un an, plus ou moins, qu'à commencé à se former un petit groupe
plus fixe qui voulait réellement se consacrer au projet. Et c'est ensuite que les gens du quartier nous on rejoint.
Et c'est là qu'a commencé à se créer un lien avec des personnes âgées de 60, 70 ou 80 ans,
et les gens qui occupaient les lieux. C'est de cette interaction qu'est né ce qui existe aujourd'hui.
C'est à dire, le centre socio-culturel, qui est la partie ouverte au public,
que nous gérons avec les gens de l'extérieur, mais surtout entre nous,
et la partie des jardins communautaires, qui fonctionne avec une assemblée indépendante.
Nous participons aussi à la vie de quartier, nous générons des activités de groupe.
Concernant la fréquentation, il y a 120 personnes qui viennent tous les dimanches.
C'est donc un des centres culturels où les gens se mobilisent le plus pour des activités, en dehors des fêtes.
Avec très peu d'argent nous arrivons à gérer un budget commun, qui permet de couvrir tous les besoins de base.
A Madrid nous avons trouvé un espace occupé similaire
dans le quartier de Moratalaz : l'Espace Social Autogéré Salamanquesa
C'est un projet qui est né, comme beaucoup d'autres à Madrid, suite au 15M, avec comme consigne "un centre social dans chaque quartier".
En novembre 2012, ils ont occupé un ancien lycée de Moratalaz,
abandonné par le gouvernement provincial et la mairie,
pour réaliser un projet éducatif destiné au quartier.
Cela a commencé avec l'idée de faire une sorte d'université populaire,
où tout ce que l'on puisse trouver, soit créé à partir du groupe.
L'idée ce n'est pas qu'un groupe de gens vienne ici parce qu'on propose quelque chose,
mais qu'un groupe de gens intéressés par quelque chose vienne et construisent à partir de ce qu'ils veulent apprendre.
Dès le premier jour de nombreuses personnes sont arrivées avec des envies de choses à faire.
Maintenant le travail se fait en collaboration avec des travailleurs sociaux du quartier,
qui voient que cela peut répondre aux besoins de certaines familles qui ont très peu de moyens financiers,
donc ils les envoient à Salamanquesa, où ils viennent profiter de la boutique gratuite,
ils reçoivent des aliments de la banque alimentaire, et ils voient toutes les activités, entièrement gratuites, auxquels ils peuvent avoir accès.
Les bases sont l'autogestion, l'horizontalité, la solidarité, le travail en commun,
la collectivité, l'autosuffisance, le fait d'apprendre des autres, de créer un autre monde.
Nous sommes très habituées à vivre d'une certaine manière, avec certaines normes.
Ici nous créons d'autres normes, qui émanent de nous-même,
depuis la pensée, une pensée dont nous essayons aussi de bouleverser les bases,
concernant la manière dont nous vivons et nous comportons avec les autres.
En bref, c'est un espace de communion, de partage avec les autres personnes,
on partage du temps, des envies, des projets, des idées.
Aujourd'hui nous avançons tous les yeux rivés vers le sol, en nous dépêchant, et en s'occupant chacun de nos affaires.
Peut-être qu'ici c'est une manière de se détendre, en travaillant beaucoup, parce qu'il y a beaucoup de choses à faire, mais en le faisant d'une autre manière.
En modelant l'espace qui nous entoure comme nous souhaitons qu'il soit,
ce qu'on ne nous propose jamais de faire, pas même dans les villes
où on dit ça c'est comme ça, c'est un centre commercial, ça c'est ceci, ça c'est cela...
Personne ne nous donne la possibilité d'aménager les espaces qu'on habite dans ta ville.
Ce lycée était abandonné et les voisins et les voisines pourront parfaitement te le dire.
Le dernier investissement qui a été fait, c'était pour rajouter des grilles, ne s'infiltrent pas pour venir jouer…
C'est l'abandon de la mission éducative, les enfants sont 40 par classe,
alors qu'il y a des lycées abandonnés, où l'on peut faire une multitude d'activités,
et on garde ces endroits inutilisés, alors qu'ils se détériorent et tombent en ruine.
Les personnes peuvent s'organiser, peuvent s'autogérer,
et peuvent faire une tonne de choses, sans rentrer dans des structures très rigides.
La question politique, le capitalisme, pendant tout son développement,
depuis la révolution industrielle, a été associé à la démocratie.
Pour faire simple, le libéralisme économique et le libéralisme politique vont de paire.
De plus en plus, nous sommes confrontés à une situation politique où nous abandonnons la démocratie,
pour nous rapprocher d'un système qui est l'oligarchie. "Oligo" signifie qu'un petit groupe décide de tout.
Je dirais que la troisième crise à laquelle nous sommes confrontés, c'est la crise politique.
Nous pensons que nous vivons en démocratie aux Etats-Unis, en Espagne, en France, en Allemagne, en Angleterre...
mais en réalité nous nous approchons plus d'une oligarchie. Et son objectif, ce n'est ni que la société progresse,
ni que la crise écologique soit résolue, ni que les jeunes trouvent du travail,
mais "qu'il faut conserver nos richesses et nos privilèges".
Ce sont ces "élites" qui sont responsables, ce sont eux qui ont le pouvoir et qui refusent le changement,
alors que de nombreux signaux nous alertent en montrant que la situation se dégrade de plus en plus.
Et surtout dans les pays occidentaux, où l'oligarchie a plus de responsabilité,
étant donné que les pays occidentaux, sont les plus riches et les plus puissants.
Mais nous pouvons commencer à analyser de quelle manière se comporte l'oligarchie dans les pays émergents ou pauvres.
En Inde, en Chine, au Brésil, en Afrique du Sud... Et souvent, on se rend compte que les intérêts sont les mêmes,
ce sont les même grandes inégalités, le même genre de dommages écologiques.
Prendre en charge les problèmes liés à la crise écologique par une approche institutionnelle
est aujourd'hui impossible. C'est pour ça que nous n'avons pas d'autre solution, que cela nous plaise ou non,
que d'accepter que le projet qui a du sens, c'est celui de la construction "depuis le bas" et l'autogestion
de ces espaces d'autonomie. En ayant la vision à long terme que ces espaces
deviennent des exemples qui incitent une partie des citoyens,
non seulement à les soutenir, mais aussi à faire pression sur les gouvernants.
Mais j'ai bien peur qu'aujourd'hui on ne puisse plus nous berner.
Nos gouvernants se soumettent sans vergogne à des intérêts privés,
et sont complètement inconscients de ce que signifie la crise écologique.
Il semblerait qu'il soit encore temps de mettre en oeuvre les principes de la décroissance,
en le faisant de manière volontaire. C'est à dire que pour préparer notre futur,
nous pourrions décider d'accepter ce changement dans nos comportements. Mais il est certain que d'ici quelques années,
ce ne sera plus une option parmi d'autres et le choix s'imposera à nous. Pour quoi?
Le mot clé c'est l'effondrement. Plus nous attendrons pour intervenir,
plus les ressources, les efforts et l'énergie à déployer seront importants. C'est pour cela qu'il est urgent d'intervenir.
Il y a deux manières de concevoir les choses par rapport à ce que nous devons faire
pour affronter ce problème de l'effondrement. La première est très pessimiste, mais crûment réaliste.
Elle dit que nous n'avons pas d'autres choix que d'attendre qu'arrive le moment de l'effondrement. Pour quoi?
Parce que ce sera le seule manière pour que nos concitoyens se rendent compte de quels sont leurs devoirs.
L'effondrement est un mauvais conseiller. Si arrive le moment de l'effondrement, cela voudra dire
que les problèmes se multiplient d'une manière spectaculaire et que notre capacité à les résoudre se réduit de la même manière.
La deuxième manière de voir les choses, qui est la mienne, est que nous devons agir avec urgence pour sortir du capitalisme.
Que signifie sortir du capitalisme ? Construire des espaces d'autonomie,
dans lesquels nous appliquons des règles du jeu différentes de celles qui nous sont habituellement imposées.
C'est le projet d'une banque sociale et autogérée qui ne fonctionne pas conformément
au principe du bénéfice de l'enrichissement privé, du bénéfice.
C'est le projet qui émerge de la Coopérative Intégrale Catalane.
C'est le projet qui est relié aux associations de consommateurs qui ont proliféré dans de nombreuses villes;
C'est le projet qui, espérons-le, est en train de germer dans les mains de nombreux travailleurs.
qui décident de pratiquer l'autogestion dans leurs entreprises qui souffrent de la crise.
Je ne me voile pas la face, je crois que c'est un projet qui se construit jour après jour, avec dévotion.
Mais il me semble qu'il ne nous reste pas d'autre solution que de commencer à opter pour la construction de ces espaces d'autonomie.
Ne serait ce pour l'objectif "pédagogique" de démontrer que les choses peuvent se faire de manière différente.
Dans ce sens, paradoxalement, le vieux projet libertaire, utopique,
de la constructions d'espaces d'autonomie, est beaucoup plus réaliste.
Elle permet de résoudre, ici et maintenant, certains de nos problèmes.
Et dans ce sens, il me semble qu'il y a de plus en plus de gens qui prennent conscience de cela.
Et je ne rejette pas l'option de pouvoir agir à travers le cadre institutionnel,
lorsque la discussion sera très au ras du sol.
Ici le concept central est ma démocratie directe.
Au niveau politique on peut vraiment faire beaucoup de choses, mais cela dépend à quel niveau on agit.
Evidemment aujourd'hui même au niveau global, au niveau mondial, si on prend l'exemple
des grands sommets qui ont eu lieu, il reste peu de marge de manoeuvre.
Surtout parce que nous avons de grandes tendances, de grands blocs qui se font face.
Cela nous l'avons vu par exemple lors des derniers sommets, les sommets pour le réchauffement climatique,
qui n'ont réellement permis aucun changement,
et même pire, les décisions qui ont été prises ont empiré la situation.
Pour cela je pense que la politique a beaucoup plus de capacité à agir à une échelle locale.
Les municipalités, et les autres gouvernances, locales sont capables
de prendre en compte ces propositions, ces projets qui germent.
Par exemple les jardins partagés, les monnaies locales, l'agriculture écologique.
Fin 2009 dans le quartier de Lavapiés à Madrid a eu lieu une formation sur les nouvelles manières d'occuper l'espace urbain.
Pour les deux derniers jours de la formation, la mairie leur a fait don d'un terrain qui était abandonné depuis 30 ans.
Les participants ont demandé aux voisins ce qu'ils aimeraient avoir dans leur quartier,
et ils ont obtenu des réponses très variées; un potager, un espace pour les enfants, un théâtre,
en définitive, un espace de rencontre.
Ils l'ont aménagé en un jour, et ils l'ont ouvert aux voisins, qui ont très bien accueilli le projet.
Mais lorsque la formation s'est terminée, ils ont dû rendre les clefs à la mairie,
et le terrain est redevenu inoccupé Ils n'ont pas abandonné et ont occupé les lieux pendant 8 mois,
jusqu'à ce que les engins de la municipalité entrent et détruisent tout.
Cela a provoqué un énorme mouvement de protestation des voisins qui ont recueilli un nombre immense de signatures de soutien
et ont ainsi obtenu que l'espace soit cédé.
Je pense surtout que ce genre d'espaces aide à créer des villes plus agréables,
c'est un autre modèle de ville, de gestion de l'espace publique.
En plus cela permet de récupérer des terrains qui n'ont aucune valeur, qui sont en train de se dégrader,
Notamment des terrains qui attiraient toutes formes de marginalité, on peut les récupérer et les mettre à profit pour la ville.
D'un point de vue paysagiste, cela apporte beaucoup : on introduit la nature en ville,
Et aussi la dimension sociale qu'a ce genre d'initiatives.
Au final en 3 ans nous avons créé tout ça grâce à la partition des voisins
qui viennent ici et donnent de leur temps, leur énergie, leur créativité et leur motivation.
Nous avons démontré qu'il existe d'autres manières de gérer l'espace publique par une participation directe des citoyens.
En plus de créer un espace vert, qui était une des choses qui faisait défaut dans le quartier,
je crois que cela permet d'avoir un lieu de rencontre, de créer du tissus social.
Moi qui ait vu l'évolution du projet depuis le début, je vois de plus en plus de gens qui viennent ici se rencontrer.
Au début, il y a l'excuse du potager, qui est attirante, parce que tu as envie d'avoir ce contact avec la terre,
tu veux apprendre à reconnaître les légumes.. mais au final ce qui est important ce sont les rencontres.
On a tendance à perdre le contact avec nos voisins, et ce que nous proposons ici c'est un autre modèle.
Nous allons recréer des relations.
Je crois que ce sont les espaces qui font que les gens se mettent à créer.
Le système dans lequel nous fonctionnons nous fais croire que nous ne savons rien faire et que tout doit rentrer dans des cases.
mais ici je vois naître une forme d'expressivité, de créativité.
Et aussi cela offre aux enfant une zone de rencontre,
parce que dans le quartier il n'y a pas d'autres zones de jeux. Ici il y a deux groupes de crèches collectives qui se sont créés.
Il y a un manque de garderies, elles coûtent de plus en plus cher.
Ici quand il fait beau il y'a deux groupes qui fonctionnent.
Tu peux laisser tes enfants à deux ou trois parents et les enfants jouent dehors,
ce qui n'a rien à voir avec le fait de rester enfermé dans une salle. Pendant ce temps les parents peuvent aller faire une course.
Nous proposons des activités autour du potager, et nous avons aussi un atelier de réparation de vélo gratuit.
Beaucoup de gens viennent, tombent amoureux du lieu et se mettent à proposer des activités.
Il existe un réseau, le Réseau des Jardins Urbains de Madrid, duquel nous faisons partie.
Dans tout le réseau nous constatons que ces initiatives ont beaucoup de succès.
Nous avons commencé il y a 4 ou 5 ans. Il y avait 3, 4 ou 5 jardins partagés à Madrid. Maintenant il y en a 40.
Il y a un renouveau de l'agriculture en ville et de la réapropriation de l'espace public par les citoyens
qui veulent s'approprier des endroits abandonnés et les adapter à leurs besoins.
Je crois qu'il y a de gens jeunes, ou pas si jeunes, à qui cela plairait de savoir comment gérer un écosystème agricole,
comment produire des fruits et légumes,… Cela est plus facile si tu disposes d'un espace proche de la ville.
Cela faisait 2 mois que j'étais à Madrid quand j'ai lu dans le 20 minutes
un article qui disait : "ça y est le parc de Madrid Rio est tout vert,
mais maintenant cela coûte 800 000 euros par mois aux habitants de Madrid".
Cela veut dire qu'aujourd'hui nous avons un espace vert, un espace vert qui produit de la vie,
et qui un coût énorme d'entretien. Comment pouvons nous dans un futur proche changer cela?
De fait cela se fait déjà, par exemple à Noáin, dans la région de Pampelune.
Les parcs ne sont pas simplement des espaces de récréation,
de loisir, de promenade, d'activités sportives… mais ils permettent aussi de générer des richesses.
Si il y a une personne qui veut participer, qui veut se montrer proactive face à ce changement de paradigme agro-écologique,
alors elle doit créer ces projets sociaux, culturels, agro-écoloiques, à l'intérieur des villes.
Les mouvement sociaux ou les alternatives proposés par des petites communautés,
la petite échelle, c'est ça qui fonctionne.
Nous parlons d'autogestion, de coopérative, d'auto-entrepreunariat.
On dirait qu'à Madrid ou dans n'importe quelle grande ville tu peux te perdre.
Mais c'est tout le contraire. Madrid est un exemple incroyable, elle foisonne d'initiatives qui marchent!
et à cause de la crise les gens cherchent à s'en sortir de n'importe quelle manière.
"Madrid en transition" est né en septembre 2009, et nous nous occupons surtout de l'aspect diffusion.
Nous avons créé une cartographie d'association de consommateurs, de banque de temps, de boutiques de produits écologiques,
d'ateliers autogérés de réparation de vélos… Nous essayons de faire ça à l'échelle de l'agglomération de Madrid,
et à travers ces rencontres, de réunir de plus en plus de gens. La carte s'élargit,
et aujourd'hui nous avons une carte qui recouvre toute la péninsule ibérique.
L'autre groupe que nous avons s'occupe de la documentation.
L'idée est de créer une sorte de "décroissance-thèque" ou il est possible d'ajouter des vidéos, des pdf, des documents…
toute la documentation que nous trouvons sur le thème de la décroissance.
Et l'autre groupe, qui est celui dans lequel je suis, s'occupe d'organiser des évènements,
autour de ce que nous appelons la caravane décroissante. Et ça c'est un groupe alimenté par des demandes qui viennent de l'extérieur,
des gens qui, par exemple, veulent monter leur propre association de consommateurs.
"Comment on s'y prend?" Eh bien ils se mettent en contact avec nous.
Et nous, nous intervenons, nous faisons une petite conférence sur la décroissance et ensuite un atelier sur comment monter une association de consommateurs.
La décroissance pour moi, ce serait de consommer moins pour vivre mieux.
C'est-à-dire que l'un des questionnement de base doit être : de quoi ai-je besoin? pourquoi j'en ai besoin?
et cette chose me rend elle vraiment heureux?
Pour l'instant ce que nous devons faire, comme nous avons un monde qui a des limites,
c'est apprendre à nous auto-limiter, parce que justement nous ne pouvons pas dépasser
certaines limites environnementales de notre planète. Par conséquent l'auto-limitation
est une priorité pour construire ce que serait "un autre monde possible" sans croissance.
Et cela sous entend aussi un questionnement très important sur la démocratie, parce que comment faire pour tous nous auto-limiter
surtout dans un monde ou tout le monde pense que personne ne peut se poser des limites parce que ici, c'est la liberté.
si tu veux t'acheter quatre voitures, eh bien tu peux t'acheter quatre voitures.
Je crois qu'au final la décroissance fait beaucoup se questionner les gens.
Et tu te dis, attends, est-ce que tu as pensé que peut-être que ce que tu fais à Madrid
a une répercussion sur ce qui se passe dans d'autres endroits du monde?
On croirait que ce sont des problèmes que Amnesty International et les ONG vont résoudre.
Mais non. Nous faisons tous partie du problème et de la solution.
Nous devons réfléchir à une chose fondamentale;
le pourquoi et le comment nous produisons, travaillons et consommons.
Et nous devons définir, entre tous et toutes, comment nous voulons consommer, produire et travailler.
Bien sûr dans des villes comme Bilbao, Madrid et Barcelone, le changement est plus complexe, plus difficile,
parce qu'il s'agit de métabolismes sociaux totalement insoutenables.
Pour se faire une idée, Bilbao aurait besoin de 100 fois son territoire pour pouvoir subvenir à ses besoins.
Par conséquent nous sommes conscient que la transition peut être longue et difficile, mais elle est possible.
Comment est-ce possible? Il faut penser, bien sûr, à long terme, et une fois de plus, au niveau local.
Nous devons réapprendre à cultiver, et à manger ce que nous produisons,
parce que la crise va être si dure, si longue, que nous allons certainement en avoir besoin.
Il est clair que cette crise ressemble à une crise économique, mais en réalité c'est une crise systémique.
C'est une crise des mentalités, une crise écologique, politique, sociale.
Elle englobe tout, et l'économie est une partie cruciale, mais il n'y a pas que ça.
Moi, je suis convaincue par la décroissance. Pour moi, c'est comme un voile
que tu t'enlèves : d'un coup tu vois la réalité, et tu te rends compte qu'il y a une tonne de choses,
qui sont là, mais à qui personne ne donne l'importance qu'elles méritent.
aussi bien ceux qui dominent en ce moment même,
que nous, qui demandons, construisons le changement. Nous sommes des minorités
qui sommes en train d'agrandir les cercles et les réseaux, ça ne fait aucun doute.
Le changement se produit aussi chez des personnes qui ne font pas partie de ces minorités mais qui en réalité font la même chose.
Par exemple, un homme qui ré-apprend à coudre, provoque un petit changement.
Une personne qui souhaite récupérer un jardin potager, pour lui, derrière sa maison, lui aussi il provoque un changement.
Des personnes qui se regroupent pour acheter un relogement et le rénover de manière écologique,
dans la mouvance de l'habitat coopératif, eux aussi ils appartiennent au changement.
Et ça nous le voyons bien, il y a des cercles d'affinité qui se créent entre des personnes qui agissent dans le même sens
ils s'amplifient et se remplissent de plus en plus.
Je crois qu'il y a deux chemins qui s'ouvrent devant nous et je ne sais pas lequel nous allons emprunter.
Le premier, le chemin pessimiste, c'est celui dans lequel les capitalistes, l'oligarchie, s'affairent pour conserver le système.
Pour continuer dans cette voie ils vont de plus en plus tendre vers l'autoritarisme.
Parce que à cause de la crise écologique, il sera de plus en plus difficile d'accéder aux ressources naturelles
comme le pétrole, le gaz, la nourriture, les matières premières, les minéraux...
il y'a aura aussi une tendance des pays dirigés par des oligarchies de s'affronter dans des conflits pour les ressources naturelles.
Cela pourrait évoluer vers la violence, vers un système dictatorial, un régime autoritaire;
avec des guerres civiles et des partis d'extrême droite, et une augmentation des tensions entre les pays.
Par exemple aux Etats-Unis où il y'a une violence extrêmement forte
et qui est appuyée par les grands moyens de communication de droite.
En Europe on constate aussi qu'il y'a une montée en puissance des partis d'extrême droite.
amplement générée par les partis oligarchiques.
L'autre chemin possible, c'est qu'il y ait une prise de conscience collective.
Et en même temps il y a des alternatives, des possibilités de faire les choses autrement,
en prenant conscience que les choses se jouent à un niveau international.
On peut voir que dans beaucoup d'endroits il y'a une forme de rébellion, un rejet de ce qui est en train de s'imposer à nous.
Par exemple, le printemps arabe en 2011, les mouvement des indignés qui est né en Espagne,
et qui s'est propagé en France et aux Etats-Unis avec Occupy Wall Street.
au Chili, il y'a eut un mouvement étudiant très important,
qui allie à la fois un protestation d'ordre écologique et une protestation étudiante endossée par la société.
Lorsque le système se démembre; dans ces moments, nombre de nos concitoyens se sentent perdus,
et c'est à ce moment que nous devons être capables de dire : "il existe des alternatives".
Et que nous devons être intelligents pour le proposer au moment ou le système est réellement meurtri.
Nous avons ces deux chemins qui s'offrent à nous. Et nous devons démontrer que "un autre monde est possible".
selon cette belle et juste expression du mouvement altermondialiste.
Les brèches sont là, les graines sont là, et si nous continuons à les alimenter,
un jour elles permettront de remplacer ce système qui n'est pas soutenable d'un point de vue social et environnemental.
En ce moment la vie de beaucoup de personne est bouleversée
et le seul endroit ou tu trouves de l'espoir pour arriver à envisager les choses d'une manière
beaucoup plus optimiste, c'est quand tu es en contact avec les autres
et que tu entrevois la possibilité de créer un monde totalement différent de celui qui existe aujourd'hui.
Je crois que les jeunes veulent réinventer les choses.
Personne n'a envie de rester à déprimer devant sa télévision.
Il faudra se bouger et se lancer des défis, expérimenter, prendre des risques.
J'espère que les gens se rendent compte qu'il y'a d'autres manières de vivre, que ça ne doit pas forcément être ici.
Qu'ils peuvent aller à d'autres endroits. Ou changer des petites choses dans leur vie,
pour que nous commencions à vivre d'une manière un peu plus soutenable,
parce que la vie telle que nous l'avons menée jusqu'à maintenant, on dirait qu'elle ne va pas faire long feu.
Enfin c'est ce que disent les gens qui étudient ça.
Il paraît que nous sommes enfermés dans notre bulle, dans nos problèmes.
Et au final nous nous rendons compte qu'il faut faire éclater cette bulle et faire se rejoindre les bulles de tout le monde.
Au final nous devons nous unir, c'est là que nous sommes forts.
Je crois qu'il y'a de plus en plus de gens qui ont conscience de ça, et j'espère et je désire que ce soit à grâce
à un mouvement pacifique, de désobéissance civile, de résistance.
Résistance. Je ne parle pas de ne rien faire, je parle d'agir.
Et ce que je vois jusqu'à maintenant c'est que la violence vient toujours de l'autre côté.
J'ai confiance que le changement se produise un jour. Et je ne sais pas si j'arriverai à voir ce qui va se passer de mon vivant.
Mais au moins, tant que je suis en vie je suis heureux de savoir que ce que je fais
me procure de la dignité.
Il vaut mieux vivre la vie comme ça qu'avancer tout courbé de honte avec les poches pleines d'argent.
En chemin nous avons abandonné nos idées préconçues.
Notre génération a grandi en croyant qu'il n'y avait pas d'alternative possible à ce système.
On nous a habitués à voir l'injustice, l'inégalité, la destruction
comme faisant partie d'un monde impossible à changer.
Les alternatives existent.
Construire une nouvelle société juste et égalitaire, basée sur la liberté et le respect,
c'est le défi que nous devons maintenant affronter.
un défi que nous devons affronter pour inventer des nouvelles voies
et de cette manière, recommencer à regarder le futur avec espoir.