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Présentatrice : Bonjour à toutes, bonjour à tous et merci de votre fidélité.
Nous sommes très heureux de vous retrouver aujourd’hui sur le plateau de Sagesses Bouddhistes
pour la suite de notre entretien avec Sakyong Mipham Rinpoche.
Après avoir vu la semaine dernière le parcours et la personnalité de ce jeune maître,
nous allons nous arrêter aujourd’hui sur sa lignée, la lignée Shambhala, ainsi que sur son enseignement.
Quelles sont les caractéristiques de cette tradition ?
Comment se présente plus particulièrement les centres de retraites,
quels sont les points importants de l’enseignement dans cette lignée ?
J’ai le grand plaisir de retrouver, pour en parler, Sakyong Mipham Rinpoche.
Sakyong Mipham Rinpoche, bonjour
SMR : Bonjour
Présentatrice : Nous sommes très heureux de vous retrouver cette semaine sur le plateau de Sagesses bouddhistes.
Alors je rappelle que vous êtes le chef spirituel de Shambhala,
vous êtes également le descendant du roi guerrier du Tibet, Guésar de Ling
et vous êtes l’un des détenteurs des lignées Kagyu et Nyingma du bouddhisme tibétain.
Merci beaucoup d’être avec nous aujourd’hui.
Mais avant d’aller plus loin, je vous propose de découvrir tout d’abord en image
les différentes facettes de l’activité de notre invité.
Reportage : Le Sakyong Mipham, maître bouddhiste moderne, est également un poète, un artiste et un athlète accompli.
Il aime pratiquer de nombreuses activités telles que l’équitation, le yoga et la course à pieds.
Il a participé à plusieurs marathons afin de lever des fonds
au bénéfice de la Fondation Kunchok au Tibet, consacrée à l’éducation.
En septembre 2006, il a décerné le premier prix du Symbole Vivant de la Paix à Sa Sainteté le Dalaï Lama.
Le Sakyong a écrit deux ouvrages qui présentent la méditation dans la vie de tous les jours.
et d’un de ses poèmes, il a enregistré un vidéo clip.
Comment s’engager dans le monde avec compassion et créer une société éveillée ici et maintenant ?
Sorti d’un an de retraite, le Sakyong Mipham va enseigner des ateliers de méditation
en France et à l’étranger intitulés "Soyons courageux et transformons notre monde".
Présentatrice : Rinpoche, on vient de le voir sur ces images, vous chantez, vous êtes un grand sportif,
vous présentez l’image d’un maître tibétain très moderne, est-ce que c’est important pour vous ?
SMR : Je ne chante pas très bien !
Mais j’essaye d’exprimer les enseignements d’une façon que tout le monde puisse comprendre
et que tout le monde puisse les incorporer dans sa propre vie. Et moi j’ai toujours aimé le sport.
Donc c’est une chose très importante pour moi, cette synchronisation du corps et de l’esprit.
Je crois que l’une des choses les plus importantes, c’est de prendre la spiritualité,
l'attention, la conscience, tous ces termes, la bonté, pour les appliquer dans la vie de tous les jours.
Pour moi-même, il s’agit d’une extension de ma confiance et de ma foi dans la sagesse innée.
Présentatrice : Je rappelle que vous êtes le détenteur de la lignée Shambhala.
J’aimerais que l’on revienne un moment sur ces centres de méditation justement et de retraite.
Comment sont-ils organisés, aussi bien à travers le monde qu’en France par exemple ?
SMR : Shambhala est une organisation internationale.
Son centre est à Halifax en Nouvelle-Ecosse au Canada. Elle se trouve en Amérique, en France.
Nous avons un centre de méditation à Paris, nous avons un centre de retraite en Limousin,
où j’enseigne chaque année.
Les centres de retraite sont des lieux de vie communautaire, engagés dans la vie sociale.
Une chose que je dis toujours, c’est qu’il est très important de ne pas se retirer du monde,
mais au contraire de s’y avancer encore plus et d’être actif.
Donc, de ce point de vue, ce ne sont pas du tout des monastères du tout, ce sont vraiment
des endroits où les gens peuvent se rencontrer,
avoir une vie familiale, pratiquer nombre de disciplines artistiques, etc.
Présentatrice : Revenons maintenant sur l’histoire de cette tradition Shambhala, qui est ancestrale.
Dans quelles circonstances est-elle née Rinpoche ? Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
SMR : Cette tradition remonte au temps du Bouddha. Shambhala était un pays
– parfois on dit que c’est un mythe, c’était un pays mythique que l’on appelle Shambhala.
Le roi de ce pays, de cette région, s’en alla voir le Bouddha
et lui demanda de lui donner des enseignements qui lui permettraient de rester dans le monde.
C’est là que le Bouddha lui enseigna le Kalachakra et d’autres enseignements très profonds.
Et donc ce roi, Dawa Sangpo, est revenu à Shambhala, dans son pays,
et a commencé à donner ces enseignements à tout le monde.
Quelle que soit votre position dans la société,
vous pouvez toujours pratiquer ces enseignements, cette discipline intérieure.
Donc, dans la légende, on dit que tous les citoyens de Shambhala
ont atteint un niveau de réalisation et de compréhension.
Mon père a toujours été très inspiré par cette histoire.
Quand il a quitté le Tibet,
quand il a dû partir avec tous les tibétains qui sont partir au moment de l’invasion de Tibet.
L'idée de société, de travailler pour la société, était vraiment quelque chose de très importante pour lui.
Comment peut-on pratiquer la sagesse dans la société moderne ?
Et le thème de Shambhala lui a servi d’inspiration.
De plus, il recevait des visions qui étaient basées sur les Rigdens de Shambhala,
sur les pratiques du guerrier du courage. C’est cela que l’on essaye de pratiquer.
En même temps, à l’intérieur de Shambhala, nous avons différentes formes du bouddhisme,
comme le bouddhisme Mahayana et le bouddhisme Vajrayana.
Mais notre spécificité est vraiment cet aspect social.
Présentatrice : Votre dernier livre s’intitule « Régnez sur votre monde ».
Alors est ce que vous pourriez nous expliquer ce titre, Rinpoche,
et surtout, comment régner sur son monde en tant qu’occidental, notamment en tant que français ?
SMR : « Régner sur son monde ». (Rire)
Donc j’ai choisi ce titre parce que j’ai le sentiment qu’aujourd’hui, les gens sont dirigés par le monde.
Il y a tellement d’agression, il y a tellement de tensions, de vitesse,
que les gens ne savent plus quels sont les principes.
Et la question est : comment vit-on sa vie ? Comment vous vous manifestez, comment peut-on se manifester ?
Donc le principe est que si l’on peut faire confiance à notre force intérieure
que l’on appelle bonté fondamentale, qui est innée et totalement primordiale en chacun de nous,
alors nous pouvons diriger notre propre vie dans la direction que nous décidons.
Aujourd’hui, la plupart des gens vivent en réaction à ce qui vient de l’extérieur.
Donc cela dépend de la confiance et de la force d'intérieure de chaque personne,
et comment chaque personne décide de vivre sa vie ?
Moi je pense que c’est un point extrêmement critique, car,
pour avoir de la compassion et de la force il nous faut être très forts.
Et nous pouvons accomplir cela dans notre vie familiale ou professionnelle.
Présentatrice : Pour nous en parler, vous utilisez un certain nombre de symboles, Rinpoche,
comme le Tigre, le Lion, le Garuda, ou encore le Dragon.
Alors à quoi ces symboles correspondent-ils ? Qu’est-ce qu’ils signifient ?
SMR : Ces symboles représentent le périple d’une personne
qui commence avec la doute et la peur et qui se dirige vers la confiance et la sagesse.
On utilise ces images, que l’on appelle des Dignités, qui représentent ce voyage de l’esprit et du cœur.
Au début, on a le Tigre, qui représente vraiment une personne qui considère son environnement,
qui est attentive, qui est consciente de tous les détails, qui est présente au monde.
Ensuite, on a le Lion, qui signifie que l’on apprécie justement le monde:
on respecte le monde qui nous entoure, il y a un sens de joie et de célébration de notre humanité.
Puis on a le Garuda, qui est une sorte d’aigle.
C'est une façon de toujours nous poser de défis. Comme ça, on ne devient pas complaisant envers soi-même.
Toujours il y a un défi à relever. Chaque jour il y a un défi.
Enfin, le Dragon, est une façon de découvrir de la sagesse dans tout ce que nous faisons.
Donc, à travers tout cela, le principe est vraiment le courage et la bravoure.
Présentatrice : Rinpoche, la méditation tient une place très importante
dans la tradition de Shambhala - et depuis toujours.
Est-ce que vous pouvez nous en dire un mot ?
SMR : La méditation, j’aimerais dire que est un moment de la journée où vous vous renforcez.
Vous cultivez votre force, votre sagesse et les principes dans lesquels vous croyez.
Je crois que la méditation, c’est vraiment comme on entraine le corps, eh bien on entraine l’esprit.
Dans la méditation, on a besoin de renforcer l’esprit, de le guérir.
Si vous faites cela, eh bien vos qualités innées vont ressortir.
Donc il s’agit vraiment de travailler avec ce qui surgit dans l’esprit, nos émotions, notre sensibilité,
et d’entraîner l’esprit par rapport aux principes qui nous semblent importants dans la vie.
Donc la méditation n’est pas séparée de la vie, c’est une façon de l’embellir.
Et je pense que quelques minutes de méditation chaque jour sont extrêmement utiles.
Dans nos centres, c’est ce que j’essaye d’enseigner.
Bien sûr, il y a des gens qui ont beaucoup de difficultés à méditer, donc j’essaye de faire des sessions courtes,
mais c’est quelque chose que tout le monde peut faire et rendre vraiment personnel.
Présentatrice : Eh bien nous allons nous quitter sur ces paroles.
Merci beaucoup, Rinpoche, de nous avoir accompagnés durant ces deux émissions.
SMR: Je vous remercie. Merci de m'avoir invité. Merci.
Présentatrice : Pour terminer, voici quelques ouvrages.
Je vous rappelle d’abord le livre de notre invité, Sakyong Mipham Rinpoche,
« Régnez sur votre monde », publié à La Table Ronde
Vous y retrouverez l’essentiel des enseignements Shambhala, sur l’art de régner,
avec des conseils concrets pour transformer notre vie quotidienne en agissant avec sagesse et compassion.
Et deux livres de Chögyam Trungpa, publiés aux éditions du Seuil,
dans la collection Points Sagesse.
Tout d’abord, « Shambhala, la voie sacrée du guerrier » l’auteur nous présente en détails
ce chemin en vue d’une plus grande maîtrise de soi et d’une plus grande réalisation
à la lumière des enseignements de Shambhala
qui met l’accent sur le potentiel de conduite éclairée inhérent à chaque être humain.
Enfin, « Le mythe de la liberté et la voie de la méditation »:
vous trouverez dans cet ouvrage rassemblant une série de conférences données par Chögyam Trungpa
une réflexion autour de la notion de liberté.
Il nous est expliqué notamment le rôle que peut jouer la méditation
pour éliminer les énergies négatives et progresser en direction de la véritable liberté.
C’est la fin de notre émission. Vous pouvez la revoir sur l’internet de France 2.
Rubriques Tous les Programmes et « Les Chemins de la Foi ».
Merci à tous de votre fidélité. Je vous souhaite une très, très belle semaine.