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Nous vivons dans un monde en trois dimensions,
où tout a une longueur,
une largeur
et une hauteur.
Et si notre monde n'avait que deux dimensions ?
Nous serions applatis
pour n'occuper qu'un seul plan de l'existence,
géométriquement parlant, bien sûr.
À quoi ce monde ressemblerait-il ?
C'est le point de départ
de « Flatland », la nouvelle d'Edwin Abbott, en 1884.
Il y propose une expérience mathématique amusante,
en suivant les tribulations d'un carré
confronté à la troisième dimension.
Mais au fait, c'est quoi une dimension ?
On la définira ici comme une direction,
qu'on peut représenter par une ligne.
Pour que cette direction soit une dimension,
elle doit être à angle droit par rapport aux autres dimensions.
Un espace unidimensionnel n'est rien d'autre qu'une ligne.
Un espace à deux dimensions est délimité
par deux lignes perpendiculaires,
ce qui définit un plan plat,
comme une feuille de papier.
Dans un espace à trois dimensions
une troisième ligne perpendiculaire vient s'ajouter,
ce qui nous donne la hauteur,
comme dans notre monde.
Comment serait un monde à quatre dimensions ?
À cinq dimensions ?
À onze dimensions ?
Où seraient les nouvelles perpendiculaires ?
C'est là que Flatland peut nous aider.
Observons le monde de notre carré.
Faltland est peuplé de figures géométriques
qui vont des triangles isocèles
en passant par les triangles équilatéraux,
les carrés
les pentagones,
les hexagones,
jusqu'aux cercles.
Ces formes s'agitent toutes sur un monde plat,
et vivent leurs vies plates.
Elles ont un œil unique sur une face.
Voyons comment est le monde
de leur point de vue.
Elles voient une seule dimension,
une ligne.
Mais dans le Flatland d'Abbott,
les objets proches sont plus clairs,
les formes se représentent la profondeur ainsi.
Un triangle n'a pas le même aspect qu'un carré,
est différent d'un cercle,
et ainsi de suite.
Leur cerveau ne peut appréhender la troisième dimension.
Elles contestent même son existence avec énergie,
juste parce qu'elle ne fait pas partie de leur monde,
ou de ce qu'elles connaissent.
Mais tout ce dont elles ont besoin,
en réalité,
c'est d'un petit coup de pouce.
Un jour, une sphère arrive sur Flatland,
et rend visite à notre héros carré.
Voilà à quoi ressemble
le passage de la sphère par Flatland
du point de vue du carré.
Sa petite tête carrée en est toute retournée.
Puis la sphère emporte le carré
dans la troisième dimension,
vers la hauteur, inconnue des Flatlandiens.
Et elle lui montre son monde.
De là-haut, le carré peut tout voir :
la forme des bâtiments,
les pierres précieuses cachées sous terre,
et même l'intérieur de ses amis,
ce qui n'est pas forcément une bonne idée.
Une fois que le pauvre carré
a goûté à la troisième dimension,
il supplie la sphère de l'aider
à visiter la quatrième dimension, et d'autres encore.
Mais la sphère se hérisse à la simple idée
qu'il y ait plus de trois dimensions,
et elle repose le carré sur Flatland.
On peut comprendre l'indignation de la sphère.
Il est très difficile d'imaginer la quatrième dimension
à partir de notre expérience du monde.
À moins d'être tiré vers cette dimension
par un hypercube venu nous voir,
on ne peut en faire l'expérience.
Mais on peut s'en approcher.
Vous vous souvenez que lorsque la sphère
est passée dans la deuxième dimension,
elle ressemblait à une succession de cercles.
Le premier était
son point de contact avec Flatland,
grandi ensuite jusqu'à mi-passage
avant de rapetisser à nouveau.
On peut se représenter ceci
comme une série de coupes en 2D d'un objet en 3D.
On peut donc faire la même chose
dans la 3D, avec un objet à quatre dimensions.
Supposons qu'il y ait une hypersphère
équivalente, dans la 4D, à une sphère en 3D.
Lorsque l'objet en 4D passe par la troisième dimension,
il ressemble à quelque chose comme ça.
Voyons une autre façon
de représenter un objet à quatre dimensions.
Supposons qu'on ait un point,
une forme de dimension zéro.
Si on l'étend de 2,5 cm,
on obtient un segment de ligne unidimensionnel.
Étendons la ligne de 2,5 centimètres.
On obtient un carré en 2D.
Agrandissons ce carré de 2,5 centimètres,
on obtient un cube en 3D.
Vous voyez vers quoi nous allons.
Reprenons le cube obtenu
et agrandissons-le de 2,5 centimètres,
perpendiculairement aux trois autres dimensions.
On obtient un hypercube en 4D,
appelé aussi tesseract.
À notre connaissance,
il pourrait y avoir des formes de vie en 4D,
quelque part,
qui parfois passeraient la tête
dans notre monde en 3D très animé
et se demanderaient ce qu'est tout ce bazar.
En fait, il pourrait même y avoir
d'autres mondes en 4D
qu'on ne peut détecter,
invisibles à jamais pour nous
par la nature même de notre perception.
Ça ne retourne pas votre petite tête sphérique ?