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D'après le roman de A. Döblin
Un film en 13 épisodes et un épilogue
lls allument peu les réverbères !
lls ne vous laissent pas travailler !
Qu'est-il arrivé ?
Rien... il a failli se produire un malheur.
J'avais empoigné la chaise, mais heureusement,
je n'ai pas dû frapper. Parce que je n'ai pas voulu.
Parce que quand je frappe, j'ai toujours tort.
Oui.
Un type comme moi, qui a déjà frappé, a toujours tort.
lls m'ont condamné,
j'étais dans mon tort.
Pourquoi tu me regardes ainsi ?
J'ai rien fait, il ne s'est rien passé, je suis là avec toi.
C'est à cause de la croix gammée ?
Oui,
des gars avec qui je traînais autrefois,
des Rouges.
Je croyais ce qu'ils racontaient.
Aujourd'hui, la plupart des emplois
sont louches !
C'est toi qui m'as dit de vendre ce journal !
Oui, je l'ai dit...
et j'espérais que tout irait bien,
mais je savais que ça finirait mal.
Tu vois, Lina,
je ne comprends pas
ce que tu viens de dire.
Tu sais quoi, Franz, j'ai une idée.
Laisse tomber le Völkischer Beobachter,
ce journal n'amènera que des ennuis.
Si tu veux, on laisse tomber.
Oui. Je viens de me souvenir
que j'ai un oncle.
Un oncle ? Tu ne m'en as jamais rien dit !
Pas un véritable oncle,
juste un ami de mon père.
ll nous rendait visite, quand j'étais môme.
ll est réglo, il a sans doute une idée,
il en a sûrement une,
pour qu'on n'ait plus à se demander aujourd'hui
de quoi sera fait demain.
UN COUP DE MARTEAU SUR LA TÊTE PEUT BLESSER L'ÂME
La petite Lina Przyballa, de Cernowitz !
Ça fait combien de temps ?
Au moins dix ans... peut-être douze.
C'est juste....
ça doit faire douze ans.
Douze ans !
Et...
tante Elisabeth ?
Elle est morte,
il y a longtemps, elle est partie comme ça,
sans m'avoir prévenu.
Elle est partie, comme ça.
Partie, tout simplement...
C'est ton fiancé ?
Oui, c'est mon fiancé, Franz.
Tegel !
Exact, j'y ai fait 4 ans.
Au chômage ?
Oui, chômeur depuis 2 ans.
Je m'appelle Franz.
Je m'appelle Otto.
ll est réglo, ton oncle.
Et ton fiancé aussi. Vous buvez quelque chose ?
Si t'as une bière...
C'est à peu près la seule chose que j'aie toujours chez moi.
Ça semble contagieux,
le chômage.
Une maladie contagieuse, non ?
Oui...
c'est sûrement ça.
Tiens, regarde ça :
''Le malheur conduit au bonheur.''
On est mieux â deux, de E. Fischer.
Un journal avec des poèmes en première page !
''La marche solitaire, une marche pénible,
''le pied trébuche souvent, le coeur est anxieux :
''on avance mieux à deux.
''Si tu dois trébucher, qui te soutiendra,
''si tu es fatigué, qui t'entraînera ?
''On est mieux à deux.
''Toi le pèlerin, qui traverses le monde et le temps,
''prends Jésus-Christ pour compagnon.
''On est mieux à deux.
''ll connaît le chemin, il connaît le sentier,
''il te conseillera, il t'assistera.
''On est mieux à deux.''
C'est beau, n'est-ce pas ?
Ça dépend.
Là, je boirais bien quelque chose.
T'es chômeur depuis 2 ans ?
Oui.
Presque 2 ans, mais je m'en fais pas.
J'ai de quoi m'occuper.
Comment tu t'en tires, tout seul,
et au chômage ?
Tu sais...
je me suis lancé dans le lacet.
J'ai essayé différentes choses,
mais le lacet, c'est le mieux,
c'est ce qui donne le moins de soucis.
L'homme en a besoin.
Le lacet...
qu'est-ce que t'en dis ?
Que dire... le lacet !
Le lacet.
Eh oui, le lacet.
Dis-moi,
j'ai une question...
à propos des lacets.
Tu crois qu'on peut faire quelque chose...
pour Franz, avec les lacets ?
Pourquoi pas, les lacets, ça marche bien.
Un marchand de plus ne changera rien.
Les lacets, allons Franz, sois content !
J'ai compris,
les lacets... et en plus, je suis content.
Le lacet - pourquoi je n'y avais pas pensé avant ?
J'étais sûre que l'oncle Lüders pourrait nous aider.
Tu le savais, t'en étais sûre.
Santé.
M. Meck vous attend depuis un bon moment.
ll doit dormir.
Quand je suis entrée, il dormait à poings fermés.
Debout ! Police !
Tu sais, Franz,
ces trucs-là, ça vous fiche une sacrée trouille.
Y en a que ça affole, ce n'est pas le cas pour tous,
ça n'effraie pas tout le monde.
Faut qu'il y ait une raison.
Ça m'a fait froid dans le dos.
Meck, ça fait longtemps qu'on t'a pas vu.
Je suis parti quelques semaines en cure...
Oui, j'étais en cure.
Ah ! Ça s'appelle ''cure'' aujourd'hui !
Partir en cure... Ah bon.
Ce n'est pas du tout ce que tu penses.
Je suis parti me reposer, c'était pas vraiment une cure.
Et à part ça ?
En rentrant aujourd'hui,
je suis passé au bistrot, chez Max, et...
il m'a parlé de l'histoire avec Dreske,
la croix gammée, le Völkischer Beobachter...
Alors je me suis dit
que je passerais voir si je pouvais t'aider.
Et comment ?
Comment veux-tu m'aider ?
Tu sais, Franz,
c'est pas si simple à dire.
J'y ai uniquement pensé parce que...
t'as toujours eu des difficultés...
Ne vous retournez pas, je me déshabille.
Je ne me retourne pas, Lina, ne t'inquiète pas.
Viens.
Vas-y, dis-le.
C'est pas si simple à dire,
j'ai pensé...
comme rien n'a marché pour toi jusqu'à présent...
C'est... un plan louche ?
N'oublie pas que les temps sont durs, Franz,
comment gagner sa vie ?
Meck, même si je dois mourir de faim,
je me suis juré
de ne plus jamais rien faire de malhonnête,
de rester honnête.
Je l'ai juré, même si j'en crève !
J'espérais pouvoir t'aider.
Merci Meck,
je comprends, c'est gentil,
mais ce que j'ai juré est juré.
D'ailleurs là, je travaille dans le lacet,
ça marchera peut-être.
Le lacet !
Oui, je fais du porte à porte.
Ecoute, les lacets, tout le monde en a besoin.
Sans rancune.
Salut !
Salut, Meck !
Je crois en nous,
je crois très fort en nous.
Tu prends à droite, moi à gauche.
Tu sais,
ça fait 5 jours que je prends à droite,
et je n'ai pas eu de chance.
Laisse-moi le côté gauche, et peut-être...
Que ta volonté soit faite !
Je suis pas abonné au côté gauche !
Merci, Otto.
Je suis sûr d'avoir plus de chance.
Tu réussiras aussi bien à droite.
On se retrouve chez Max.
A tout à l'heure, Franz, chez Max.
Bonne chance.
Merci, j'en ai besoin.
Heureux celui qui oublie
ce qu'on ne peut changer.
J'ai des lacets, Madame,
de toutes les couleurs
et en 3 tailles.
Vous savez combien les lacets se cassent facilement.
Votre mari peut en avoir besoin.
ll est mort.
Excusez-moi.
Je suis désolé.
Je regrette vraiment.
Ne soyez pas désolé, vous pouviez pas savoir.
J'ai fait du café,
peut-être...
si vous en voulez, il y en a assez pour deux.
Volontiers.
C'est toujours bon, une boisson chaude, du café.
Bon... alors entrez.
Entrez donc !
Déposez vos affaires.
C'était votre mari ?
Oui, c'était mon mari.
En vous voyant, j'ai cru le voir.
J'ai pensé qu'il était de retour,
revenu d'outre-tombe.
J'y ai cru.
Ça ne fait pas longtemps.
Non, ça ne fait pas longtemps.
Vous savez...
le désir...
il vous ronge la chair sous la peau.
Merci !
...vu un homme en fourrure ?
Non, j'ai vu personne en fourrure.
Merci.
Vous avez vu un homme en fourrure ?
Non.
Enfin !
Max, deux potées !
Deux potées, d'accord.
- T'as gagné au loto ? - Non.
- Alors quoi ? - Devine !
Vas-y, raconte !
Eh bien...
Regarde !
2 fois 10 marks !
Tu te rends compte ! On les a gagnés.
On a gagné 20 marks, tu comprends ?
Ça alors !
Pas ce que tu crois, pas sous la table.
Non, en toute honnêteté,
tout à fait respectablement, tu comprends ?
Bon appé***.
Max, tu me fais la monnaie ?
Bien.
Vu un type en fourrure ?
Non.
Je sonne,
une femme ouvre,
et je lui demande ce qu'il lui faut pour son mari.
Je me rends compte qu'elle est veuve, vêtue de noir.
Elle me regarde...
très bizarrement.
Je ne sais pas ce qui se passe.
Et puis, elle m'offre un café.
Evidemment j'accepte.
On entre et je vois son mari en photo.
Et il me ressemble, on aurait pu être jumeaux.
On a bu le café.
Elle a bu du café, moi j'ai bu du café...
Et puis elle a dit
qu'elle se sentait très seule.
Pour toi, Otto.
Mais...
Le carton, je l'ai ''oublié'',
pour pouvoir repasser. Tu piges ?
Et... c'était où ?
La première entrée, au 1er,
la première porte où j'ai sonné.
Mon ami - vous voyez lequel -
il était chez vous hier, il a oublié sa marchandise.
Que faites-vous ?
Rien, ma petite dame, ne tremblez pas !
Je viens pour la marchandise.
Ah oui... la marchandise, bien sûr.
Voilà le paquet.
Merci.
Faut pas trembler, il fait bon ici.
ll fait vraiment très bon ici.
Vous me faites un café ?
Qu'est-ce qu'il vous a dit d'autre ?
Qu'est-ce qu'il a dit ?
Qui ça, mon ami ?
Rien d'autre, pourquoi ?
Que raconter d'un café ?
La marchandise, je l'ai.
Je vais à la cuisine.
C'est là qu'ils l'ont fait !
Voilà une tasse.
Vous n'en prenez pas avec moi ?
Non, non,
mon sous-locataire va rentrer.
C'est tout ?
ll ne rentrera pas.
A cette heure-ci, il travaille.
Non... mon ami ne m'a rien raconté d'autre.
Je suis passé prendre le carton.
Le café est bien chaud. ll fait froid dehors.
Qu'aurait-il pu me raconter ?
Que vous êtes veuve ?
C'est vrai, n'est-ce pas ?
Oui.
Qu'est-il arrivé à votre mari ? ll est mort ?
Je dois faire la cuisine !
Vous êtes bien pressée ! On se reverra pas de sitôt.
Partez, avec vos affaires.
Je n'ai pas le temps !
Du calme ! Pas la peine d'appeler la police !
Pas besoin de ça, je vais m'en aller.
Je peux tout de même boire mon café !
Voilà que vous êtes pressée,
alors que récemment, comme vous savez,
vous aviez plein de temps.
Eh bien, bon appé*** !
Ce n'est pas mon genre, j'y vais.
Bon, sors le pèze !
T'en donnes qu'après l'amour ?
Tu vois, entre amis, il n'y a pas de secret !
Pour moi, t'es une salope, tu es vêtue de noir.
Je t'en mettrais bien une,
tu vaux bien les autres.
C'était le merveilleux paradis.
Les eaux grouillaient de poissons, les arbres jaillissaient de terre,
les animaux jouaient .. marins, terrestres et oiseaux.
Un arbre frissonna.
Un serpent, un serpent.
Un serpent avança la tête.
Un serpent vivait au paradis,
plus rusé que les bêtes des champs.
ll adressa la parole â Adam et Eve.
Bizarre qu'Otto ne soit pas là.
D'habitude il est toujours à l'heure.
Tu sais qu'il a l'estomac délicat,
il a peut-être eu une crise.
Ça lui arrive, il nous l'a dit.
C'est peut-être bien l'estomac.
Lina ?
Oui ?
Si Otto ne venait pas, on pourrait...
Franz, s'il te plaît,
on ne recommence pas ce matin.
Qu'est-ce que tu as, Lina ?
Tu aimes ça,
au moins autant que moi.
Bien sûr, autant que toi.
Tu es parfois comme le diable.
Ah oui, comme le diable !
Et si je n'étais pas comme le diable ?
Tu serais heureuse, satisfaite ?
Tu vois.
Mais ce matin, Franz,
je suis déjà vraiment éreintée.
Alors on laisse tomber pour ce matin,
faut pas forcer les gens.
On doit se sentir libre.
Et alors...
tu pars sans lui ?
Que faire d'autre ?
Attendre ici toute la journée ?
ll risque de ne pas venir.
Bonjour.
Mlle Lina, je peux vous aider ?
Non merci, Mme Bast, ça ira.
Eh bien, au revoir.
ll a quelque chose, M Biberkopf, faut bien le dire.
Quelque chose de particulier !
Oui...
c'est vrai.
ll a quelque chose de particulier, Franz.
Oui ?
Ta maman est là ?
Elle est à l'hôpital, mémé est sortie.
Et personne ne doit entrer.
Des lacets, ça vous dit ?
Je porte des chaussures à boucles.
Excusez-moi, je...
Eva !
Je ne savais vraiment pas que tu... étais ici.
C'est chez Oskar, mon ''fiancé'' depuis un an et demi.
Tu vends quoi ?
Ce sont des trucs...
des lacets, oui, des lacets.
Ah bon, des lacets.
Oui, je vends des lacets.
Bon alors, je... Je vais t'en acheter.
Non.
C'était qui, petite ?
Rien, un type avec des lacets.
Bonjour.
Dites-moi, je dois acheter des fleurs,
mais lesquelles, je ne sais pas encore.
Voilà, il faudrait qu'elles disent :
''Le passé ne cesse de vous poursuivre,
''vous pousse toujours plus loin,
''jusque là où il n'y a plus d'avenir.''
Vous saisissez ?
Oui, je comprends.
ll vous faut des oeillets blancs.
Des oeillets blancs ?
lls symbolisent la mort.
Oui, mais c'est bien ça que vous m'avez demandé.
Qui est là ?
Le facteur.
Elle est devenue folle !
Elle ne m'a pas reconnu !
Je dois récupérer mes affaires !
Ma marchandise !
Faudrait défoncer la porte à la hache !
Plus rien n'a de sens dans ce monde !
Ça fait 3 heures que vous êtes là,
ça vous détruit de trop réfléchir.
ll ne faut pas trop penser,
surtout quand ça ne sert à rien.
Hier encore, il disait
qu'il m'aimait, Franz.
ll le disait hier encore.
Moi qui lui ai tricoté un chandail
en laine marron.
ll est presque terminé.
Vous devriez manger un peu, Madame Lina.
Quand l'homme ne mange pas, il tombe malade.
ll s'en va tout bonnement, sans rien dire.
Comme si c'était de ma faute.
Moi, je ne lui ai rien fait.
Non ? Je lui ai fait quelque chose ?
Je lui ai fait mal ?
Est-ce que je l'ai blessé ?
Je lui ai pris quelque chose, ravi sa liberté ?
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Rien, vous ne lui avez certainement rien fait.
ll a peut-être
mijoté un coup, et a dû se sauver.
Oh non, Franz n'a rien mijoté,
sûrement pas, il me l'aurait dit !
Je le saurais !
Et puis,
il a juré
de ne plus jamais recommencer,
de ne plus mal agir.
ll l'a juré, et il a pris ça au sérieux.
ll n'a rien manigancé, Franz, sûrement pas.
Madame Lina !
Attendez !
On était si bien,
et toi, tu t'es sauvé.
Franz est parti. ll a pris ses affaires et il est parti.
Calme-toi, Lina.
Ne pleure pas.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Rien du tout.
ll est rentré,
il a pris ses affaires et est parti.
Je ne comprends pas ça,
personne ne part sans raison.
Quelque chose s'est passé.
Hier, Lüders a remis un paquet,
et un gamin a apporté une lettre
pour Franz.
En la lisant, Franz devient vert,
il bredouille, et s'en va.
ll a reçu une lettre ?
Une lettre de qui ?
Aucune idée.
ll n'y avait pas l'expéditeur.
Sur l'enveloppe il y avait : ''F. Bikerkopf, personnel.''
Puis il est devenu bizarre,
il s'est mis à radoter.
Je crois qu'il a parlé de châtiment.
Qu'est-ce qu'il y avait d'écrit,
pour qu'il se tire et disparaisse,
sans rien dire à personne ?
Ce n'est pas son genre.
Et le paquet
remis par Lüders, il contenait quoi ?
Les lacets qu'il vendait, je crois.
Franz était assis ici à midi, et bizarrement
quand Lüders a vu Franz en entrant,
il a filé à toute allure.
Lüders est entré,
et en voyant Franz, il a filé ?
ll a dû se passer un truc entre eux.
Tu sais, toi ?
ll ne disait que du bien de Otto,
qu'il était son ami,
qu'il partageait tout avec lui.
Oui, mais s'il se tire en voyant Franz,
il y a un hic ! Ça crève les yeux.
ll ne disait que du bien de Otto,
qu'il était un vrai ami.
L'adresse de Lüders, tu l'as ?
Bien sûr.
Alors viens !
Qu'est-ce que tu as, Lina,
pour me réveiller au milieu de la nuit
et vouloir me parler ?
Franz est parti, oncle Lüders.
J'ai pensé que tu savais peut-être quelque chose.
Tu étais avec lui, ces derniers temps.
ll t'a peut-être parlé.
J'ai pensé que tu saurais quelque chose.
Non, il n'a rien dit. A moi, il ne m'a rien dit !
Mais quelque chose a dû lui arriver.
A lui ? ll aura fait une bêtise !
Non, non, oncle Lüders,
Franz n'a pas fait de bêtise.
Personne ne me le fera croire !
ll n'a rien fait, rien du tout.
Rien d'interdit,
parce qu'il l'a juré,
parce qu'il est quelqu'un d'honnête.
J'y mets ma main au feu.
Si toi tu ne sais rien,
la police finira bien par le retrouver !
Tu crois qu'il est à la dérive,
et tu voudrais que la police l'achève ?
Qu'est-ce que je peux faire ?
Que faire ?
Oui, Lina, ça se passe dans chaque histoire d'amour.
Un jour, ça finit par arriver.
C'est vrai, ou alors j'ai raison ? A votre avis, Meck ?
Certes, M. Lüders,
dans un sens c'est vrai,
mais je crois que dans ce cas,
il s'agit d'autre chose.
Que voulez-vous dire ?
J'ai du mal à vous comprendre.
Lina, retourne-toi.
Retourne-toi et regarde le mur.
Ne bougez pas !
Mais pourquoi ?
Pourquoi elle se retourne ?
Que me voulez-vous ?
T'es entré au bistrot, t'as vu Franz,
t'as fait demi-tour et tu as filé.
T'avais une bonne raison, hein ?
Oui.
Mais c'était une coïncidence.
En entrant au bistrot, j'ai pensé
qu'en fait je ne voulais pas y entrer.
Donc j'en suis ressorti, je...
Vous savez que vous mentez.
Et vous savez que je le sais.
Alors pourquoi ?
Pourquoi... est-ce que je vous mentirais ?
Eh bien,
c'est ce que je veux savoir. Pourquoi me mentez-vous ?
Sachez une chose, M. Lüders.
J'ai un couteau dans ma poche.
J'en ai toujours un.
Je n'ai pas peur de m'en servir s'il le faut.
Compris !
Je vous donne un conseil :
demain, vous allez retrouver Franz.
Vous le trouvez, sinon je reviens !
Et je sors le couteau !
C'est compris ?
Quelqu'un pour vous, Biberkopf !
Dites que je ne suis pas là.
Trop ***.
Fallait le dire avant.
Excuse-moi, Franz, mais Meck et Lina...
Franz n'est pas frappé par le malheur,
mais il remarque
que son principe de rester honnête
a sans doute une faille.
Dehors !
Franz, je ne sais pas ce que tu as.
Je ne sais vraiment pas.
Qu'est-ce que je t'ai fait ?
Je n'ai pas appris
à dire avec des phrases simples
ce qui se passe dans ma tête,
ni ce que tu as fait,
pour que se passe dans ma tête ce qui s'y passe.
J'ai pas appris ça.
Parce que si je l'avais appris,
j'en aurais appris bien plus.
Et ce qui s'est passé
ne se serait pas passé.
Qu'est-ce que tu as
pour fuir Lina,
pour être aussi bizarre ?
Je te jure, je ne sais pas ce que je t'ai fait.
Etrange,
je n'ai pas même à te regarder
pour entendre à ta voix que ta tête ment.
J'aurais dû l'entendre plus tôt.
Ecoute Franz, j'ai pensé
te donner un peu de cet argent.
Que ça te permettrait d'oublier ce qui est arrivé,
même si je ne comprends pas.
Si tu ne rempoches pas illico ton argent,
je risque de faire ce que je voulais éviter :
je te tue.
Regarde Franz, l'argent, je veux te le donner.
Faisons table rase, Lüders !
Pourquoi tu n'en veux pas ?
Tu n'étais que poussière.
ll faut que tout soit propre, faut tout éliminer.
Voilà,
c'est une affaire réglée.
Les maisons ne s'écroulent plus,
les toits ne me tombent plus dessus,
c'est terminé,
une fois pour toutes, terminé !
ll faut nettoyer ça.
En bas, ça leur tombe sur la tête.
Ça va faire des taches.
Mort.
Tu es poussière,
tu retourneras en poussière.
Avec tes petites mains,
frappe, frappe, frappe,
avec tes petits pieds, tape, tape, tape.
ll est fou, simplement fou !
Franz est mon ami.
En ce qui concerne l'oiseau,
Franz est le seul à avoir compris
qu'il était un être, quoique minuscule.
Tu vois bien qu'il est fou,
tout le monde le sait, il est fou.
Ta gueule.
Apporte un cognac à Lina, Max.
Maintenant viens, Lüders, approche.
Franz t'a fait confiance.
ll te prenait pour un ami.
Qu'est-ce que t'as fait ?
Tu l'as trompé, hein ?
C'est bien vrai ?
N'est-ce pas ?
C'était bien ça.
Et maintenant, l'adresse !
Fontanestrasse,
au numéro 1 7.
Casse-toi.
Viens, Lina.
Eh oui...
ll est parti, juste après l'autre homme,
une demi-heure après, pas plus.
ll avait le troisième lit à droite.
Voyez vous-même, il a inondé toute la pièce.
Sinon il n'a rien dit ?
Qu'est-ce qu'il aurait pu dire ?
Qu'il irait dormir ailleurs.
Qu'aurait-il pu dire ?
C'est vrai, qu'aurait-il pu dire d'autre ?
Pourtant, il a dû dire quelque chose. L'homme parle.
Eh bien non, les hommes sont tous différents.
ll y a ceux qui n'arrêtent pas,
et ceux qui n'ouvrent pas la bouche.
Oui, c'est sûrement vrai.
Et ça, c'était son lit ?
Oui, mais pour ne pas mentir,
il a encore dit, avant de partir,
que si quelqu'un devait venir,
qu'il ne voulait pas qu'on le cherche.
Que personne ne le cherche, voilà ce qu'il a dit.
Hé, Mademoiselle, j'ai changé les draps !
ll faut bien que je loue.
Obligée, par les temps qui courent.
Avant c'était pas pareil.
Autrefois c'était très différent...
Oui, autrefois, tout était différent !
Lina, viens !
On ferait mieux de partir.
Excusez-moi de m'être allongée.
Je regrette.
C'est pas grave, Mademoiselle, mais...
je dis ce que j'ai à dire.
En tout cas, merci.
Viens, Lina. Allons-y.
ll y a aussi une sortie par là !
D'ailleurs,
il a encore dit une chose.
J'ai pas compris, il l'a dit si bizarrement.
C'était du genre : ''J'ai appris une chose
''que j'aurais préféré ne pas apprendre.''
Vous comprendrez peut-être.
Mais moi, j'ai pas saisi ce qu'il voulait dire.
Encore une fois, merci infiniment, Madame.
ll n'y a pas de quoi.
On ferait mieux d'arrêter les recherches.
ll a peut-être besoin de réfléchir,
d'être seul.
Je t'aime bien, Lina.
Tu peux venir chez moi,
pour ne pas être seule,
et pour que je ne sois plus seul.
Je t'ai toujours beaucoup aimée.