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Quand ils envoyaient leurs roquettes, vous voyiez les arbres tomber, les branches des arbres, qui étaient cassées, tombaient …
… de telle sorte que c’est ce jour où les Blancs sont venus que j’ai perdu le plus d’enfants.
Ces Blancs, qui sont venus le 13 mai, nous n’avons rien vu de bon du tout chez eux.
Et qu’est-ce qu’ils faisaient les Blancs, là ?
Ils tiraient.
Ils tiraient sur qui ?
Les Blancs, ils tiraient sur les collines.
Mais ils tiraient sur qui ?
Quand on sortait de la forêt en fuyant, ils nous tiraient dessus.
Sur des Tutsi ?
Oui.
Sur des Tutsi armés ?
Non, nous avions juste des armes traditionnelles.
Vous les avez vus tirer sur des enfants ?
Si quelqu’un tire sur des gens qui courent comme ça, tu peux oser poser cette question-là ?
Est-ce que des enfants, il y en a qui ont survécu ?
Ils mettaient leurs roquettes sur leurs fusils et les balançaient dans cette direction.
Et nous, nous allions tout de suite après pour achever ceux qui n’étaient pas morts sur le coup. Et nous les achevions ensuite avec nos massues, avec nos gourdins.
J’étais un peu éloigné d’eux parce que eux, ils avaient des armes qui pouvaient tirer loin, ...
... tandis que mon arme à répétition demandait que je sois proche des cibles.
Mais alors, comment ça se passe ? Vous n’aviez pas peur de prendre une ...
D’ailleurs quand on dit « des Français », tout ce que vous, vous avez pu voir, ce sont des Blancs.
Vous ne saviez pas que c’étaient des Français.
Je le savais, parce qu’à la barrière, sur la route principale, c’est moi-même qui leur ouvrais la barrière.
Quelle barrière ? À quel endroit ?
C’est moi qui leur ouvrais la barrière quand ils se rendaient au lieu où ils étaient logés.
La raison pour laquelle je le sais (que ce sont des Français) est que moi, j’étais militaire, et nous avions opéré ensemble à Umutara.