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Je m'appelle José Emilio Fuentes Fonseca,
j'ai 33 ans
et je vis à Buena Vista, dont je dis que je suis le maire culturel.
Je travaille et je vis ici. Je fais de tout,
un mélange de peinture et de sculpture en me basant toujours sur le thème de l'enfance,
que ce soit naïf ou non.
Je ne crois pas que ce soit de l'art naïf, mais ça présente certains aspects naïfs.
En fait, je manipule le langage infantile pour en faire un langage adulte.
La sculpture atteint un degré nouveau parce que je fabrique des jouets grandeur nature,
comme les jouets pour enfant, mais pour moi. Maintenant que je suis devenu adulte, je les fais plus grands.
à partir de là, il y a un discours symbolique dans tout ce que je fais.
L'idée d'utiliser le thème de l'enfance dans mon oeuvre
m'est venue un an avant de terminer l'école.
Je pensais déjà à mon projet de fin d'études.
J'ai commencé par faire une affiche pour une campagne publicitaire
pour la collecte de jouets dans tout le pays afin de les distribuer aux plus nécessiteux du même pays.
Tout en étudiant, je me suis mis à fabriquer un train.
Petit, j'admirais beaucoup un de mes voisins,
dont le père était mécanicien, qui faisait lui-même ses jouets.
Il avait des pinces, des scies et des marteaux et je disais toujours qu'un jour j'aurais tout ça et je fabriquerais moi aussi mes propres jouets.
Je me suis rendu compte que j'avais trouvé la voie artistique que je voulais suivre.
C'est très efficace parce que nous avons tous été enfants un jour
et nous dominons tous ce langage de l'enfance, même si nous ne nous en servons pas tous les jours.
Nous avons tous fait des dessins d'enfants car nous avons tous été enfants un jour.
Le fait de m'approprier ce langage infantile
m'a permis de parler de choses très sérieuses,
très importantes,
mais avec la tendresse d'un enfant.
Pour pouvoir parler au nom des autres,
je dois partir de ma propre histoire en racontant comment j'ai perdu les doigts.
Un jour, mon frère a trouvé dans un gros tas de gravier un explosif
qu'il a ramené à la maison en disant que c'était un feu d'artifice.
ça traînait à la maison et un jour j'ai voulu le percer pour voir ce qu'il y avait dedans
et ça a explosé en m'emportant les doigts.
Ce qui m'est arrivé, c'est arrivé à des centaines d'enfants et ça ne devrait pas.
Mais un enfant court toujours un danger, un grand danger,
parce qu'il est négligent de par son innocence, parce que ses parents sont négligents, de même que la société.
Quant à mon oeuvre, un changement esthétique s'est produit entre mes débuts et aujourd'hui.
Par exemple, avant, je fabriquais souvent des jouets avec des objets trouvés et des déchets, entre autres.
Maintenant, j'ai découvert de nouvelles possibilités et des nouveaux matériaux,
comme le fer ou la plaque en acier qui sont des métaux gonflés.
J'ai mis des nouvelles roues et des nouvelles jantes à la voiture, des jantes sans chambre à air,
et j'ai pensé: Et si ça peut se gonfler sans chambre à air, je pourrais fermer le métal comme il faut et lui mettre une valve.
Et ça a marché. ça me permet de faire qu'un métal dur comme l'acier
qui a l'air de plastique et qui puisse être aussi manipulable que tout autre matériau.
Au début, je ne l'ai pas fait de manière consciente, mais maintenant j'exploite le thème du vide
avec des objets qui sont définis par leur matériau,
leur forme et la manière dont ils sont faits.
Ici, on réalise les Ïuvres de la même manière que dans mon quartier.
Si on a besoin de faire de la plomberie, de la menuiserie, on a tout ce qu'il faut dans le quartier.
C'est donc une production du quartier.
C'est pour moi une façon de rester en communication avec ce qui se passe autour de moi.
Je vais au coin de la rue, mon endroit préféré, il y a de tout là-bas.
Quand je réalise une oeuvre, je la mets presque toujours sur le trottoir ou dans la rue, comme maintenant.
C'est comme un cycle d'exposition pour le quartier.
Jusque là, l'oeuvre qui a remporté le plus grand succ s populaire, c'est le cheval. C'est une oeuvre que je n'ai pas encore exposée.
Il s'agit d'un dialogue entre le cheval et l'agneau, c'est symbolique.
Le cheval représente le pouvoir, l'agneau représente le peuple et un dialogue s'établit entre les deux.
Mon travail consiste à produire.
Je suis conscient que l'artiste est comme un producteur de chorizo,
mais la différence, c'est que notre "chorizo" est valorisé autrement sur le marché.
Tout ce que nous avons à faire, c'est travailler et être consistant dans notre travail.