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-Qui a proposé de faire un film basé sur les jeux vidéo ?
-Et bien...
Faire un tel film était une idée que Disney couvait déjà depuis quelques temps.
Cependant, le projet a vraiment décollé avec mon arrivée.
J'aimais bien ce concept et John Lasseter, le directeur artistique du studio,
m'a incité à développer ma propre approche. Il pensait que je pouvais apporter le petit plus qui manquait jusque-là.
Donc le film est la résultante de cette invitation de John. Je l'ai acceptée et ai passé du temps à sa conception.
-Beaucoup de personnages légendaires apparaissent dans le film, comme les protagonistes de Street Fighter.
Comment s'est déroulée la collaboration avec Nintendo ou Sega ?
Les avez-vous convaincus de vous laisser utiliser leurs créations, moyennant finance peut-être ?
-Le plus dur était de rendre le concept attractif, d'attiser leur curiosité. Et on a eu de la chance de ce côté-là.
Nos meilleurs arguments étaient Roger Rabbit et Toy Story, qui ont prouvé que ces alliances de personnages fonctionnent,
et qu'elles sont même fructueuses pour toutes les parties. Ils étaient donc intrigués,
mais dès lors que le concept leur fut détaillé, nous leur avons offert de nous suivre tout au long de sa production.
Nous avons donc partagé avec eux chaque facette de la création des personnages apparaissant dans le film :
le script, le modèle de production, les animations test et animations finales, et même les plans définitifs.
Un échange s'est établi à chacune de ses étapes, donc ils ont vraiment jouer un rôle de collaborateur.
Donc qu'il s'agisse de Nintendo, de Namco, d'Atari ou de Sega,
ils ont tous apprécié cette méthode de travail et nous ont renvoyé de nombreux commentaires.
Ils se sont ainsi assurés du bon traitement de leurs personnages respectifs.
-Une suite étant prévue, savez-vous quels personnages nous pourrons y redécouvrir ?
-Non, ça n'a pas encore été décidé.
Les résultats au box-office américain sont bons et on espère que le reste du monde suivra.
Auquel cas, envisager une suite est tout à fait possible.
Et s'il y a un personnage que nous aimerions utiliser dans un second volet, ce serait Mario.
Bowser est déjà présent dans le premier, mais une suite serait idéale pour permettre à Mario d'apparaître.
-Vous êtes connu pour avoir travaillé avec de nombreuses techniques,
y compris l'animation traditionnelle bien sûr.
Vous avez aussi travaillé avec Michael Bay sur son film Bad Boys.
En quoi Les Mondes de Ralph était-il différent ?
-Et bien, c'est un film d'animation pur jus : beaucoup de personnages, beaucoup d'environnements différents...
Cela dit, explorer simultanément quatre aspects de l'animation était une première pour moi.
C'était un projet très exigeant pour l'équipe :
il fallait créer tous ces styles différents sans oublier que le planning de production était très serré.
Chaque personnage et chaque univers devait correspondre à la vision globale du film et du réalisateur.
C'était très stimulant.
-Voyons, c'est déplacé ! Ne franchissez pas les limites !
-Vous aviez collaboré avec Don Bluth il y quelques années, sur le film Titan A.E.
Que retenez-vous de cette expérience ?
-C'était fantastique. Bluth est un excellent mentor, il m'a appris beaucoup de choses.
La plupart me servent toujours. Par exemple, en tant qu'animateur, je dessine encore beaucoup.
Pour Ralph, ses enseignements m'ont permis de fournir à Rich Moore les postures et les animations qu'il recherchait.
Tout animateur traditionnel a besoin de savoir dessiner, de pouvoir s'exprimer à travers ses dessins.
Chez Disney, c'est une nécessité.
-Il y a deux ans, j'ai rencontré Glen Keane sur le tapis rouge de Raiponce, ici même.
Nous nous sommes ensuite recroisés, mais il a depuis quitté Disney.
Que tirez-vous de sa présence au sein du studio et quel est son héritage ?
C'était un animateur renommé.
-Travailler avec lui était un véritable plaisir. J'ai toujours adoré son trait
et ses animations étaient incroyables.
C'était aussi un homme formidable, très aimable, toujours prêt à aider ses collègues.
Il m'avait prêté main forte sur plusieurs scènes.
Au final, tous ceux qui ont travaillé avec lui sur Tango sont devenus de meilleurs animateurs.
J'ai donc appris beaucoup de lui et je porte un grand respect à son œuvre.
Son héritage se retrouve dans chacun de nos travaux.
Tout ce qu'il nous a appris, on l'applique au quotidien.
Glen est un animateur époustouflant, une source d'inspiration hors pair.
Il a énormément contribué à l'évolution de l'animation chez Disney.
Pour Raiponce, il a travaillé d'arrache-pied avec tous les animateurs
pour leur inculquer diverses facettes de l'animation 2D et les aider à intégrer celle-ci à la réalisation par ordinateur.
Les Mondes de Ralph en est d'ailleurs la continuation :
Renato Dos Anjos vient de la même école et grâce à lui,
nous explorons de nouvelles manières de rendre nos personnages à la fois réalistes et caricaturaux.
Avant son départ, Keane avait par ailleurs commencé à concevoir le personnage de Sergent Calhoun.
Nous essayions de lui trouver une apparence adéquate et avons demandé à Glen
d'imaginer à quoi ressemblerait Jane Lynch, la comédienne originale, en tant que personnage d'animation.
Il est donc revenu avec d'incroyables croquis, qui ont servi à la conception finale de Calhoun.
-La scène de course rappelle des passages de Speed Racer. Aviez-vous vu ce film des Wachowski auparavant ?
-Oui, je l'ai vu à sa sortie
mais j'étais surtout un fan inconditionnel de la série animée d'origine.
Je n'en manquais jamais un épisode, étant enfant.
Ceci dit, non,
même si j'ai vu ce film, je ne m'y suis pas référé.
La course des Mondes de Ralph n'a pas été créée sur ce modèle.
-Est-il possible que la série d'origine vous ait influencé, même inconsciemment ?
-Peut-être bien... j'appréciais surtout la fourberie des courses.
Le monde dépeint y était vraiment violent.
Les voitures explosaient et leurs pilotes mourraient très probablement !
Ça rejoignait l'idée de créer un monde en apparence chaleureux,
pour finalement révéler que les courses y sont très sérieuses, très sournoises et surtout dangereuses.
Au final, il est possible qu'un peu de Speed Racer se retrouve dans mon travail.
Nous avons tous été forgés par nos goûts
et Speed Racer faisant effectivement partie des miens.
-Un jeu vidéo consacré à Ralph est en préparation.
Quelle est votre implication dans le projet ?
-Je suis ça d'assez près. Différentes choses se développent en parallèle.
Activision travaillent sur un jeu de plateforme mettant en scène les personnages de Ralph et Felix.
Mais on développe aussi des jeux en ligne et pour appareils mobiles
basés sur les univers de Fix-It Felix Jr, Hero's Duty et Sugar Rush.
On a donc travaillé de très près avec nos partenaires pour nous assurer que les personnages étaient respectés.
-Dernière question : quel est le dernier jeu auquel vous avez joué ?
-En fait, nous avons fait construire une arcade au bureau.
Nous disposons donc de douze jeux à portée de main
et jouons souvent avec Rich Moore le soir, au moment de rentrer chez nous.
Pac-Man est le dernier auquel j'ai joué.
Nous avons Pac-Man, Q*bert, Street Fighter...
et aussi Marble Madness ou Donkey Kong, entre autres.
Mais le dernier en date, c'était Pac-Man, un de mes préférés.
-En ce moment, je joue à d'anciens jeux, comme Galaga
mais mes envies changent constamment.
J'ai grandi dans les années 1980 donc les jeux de l'époque sont ceux que je préfère, et j'y reviens souvent.
J'aime aussi les nouveaux jeux bien sûr,
mais les jeux de mon enfance tiennent une place particulière dans mon cœur.
-Enchanté.
-Clone TV ? Vous êtes un véritable humain ou bien...?
-Oui, oui, en chair et en os, je ne suis pas un clone !
-Voyons ça... -Qu'en dites-vous ?
-Ok, je suis convaincu.
Si vous êtes un clone, c'est très réussi... je me suis fait avoir !