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- Bonjour, nous sommes, aujourd'hui, dans la commune de La Bruyère au Fort d'Émines.
Un des neuf forts qui constituait la ceinture fortifiée de Namur,
nous parlerons d'histoire, bien sûr, mais aussi d'art contemporain puisque ce lieu accueille
actuellement une exposition où trois artistes ont décidé de s'investir dans ce site et de s'y confronter
à l'architecture militaire.
C'est donc parti pour une petite balade dans ce lieu chargé d'histoire !
- Alors, le Fort d'Émines, il appartient à la position fortifiée de Namur qui est une enceinte fortifiée
qui comprend neuf forts, ces forts ont été construit à la fin du 19ème siècle
en réaction à la guerre franco-prussienne de 1870.
En fait, la Belgique était un pays neutre lors de cette guerre
mais elle manque de peu d'être impliquée dans le conflit.
Donc, on prend conscience du fait qu'il faut réagir, faire quelque chose et la solution qui est proposée
c'est de construire des forts autour de Namur; Liège et Anvers.
- Qui ne serviront, donc, qu'en août 1914 ?
- Pour le Fort d'Émines, oui, il ne va servir qu'en août 1914 lors de l'attaque allemande.
Les autres forts de Namur vont être réutilisés lors de la seconde guerre mondiale,
c'est ce qui fait la particularité de ce Fort d'Émines, c'est qu'il y a un peu inchangé depuis 1918,
- Il va servir quelques jours seulement ?
- Oui c'est ça, donc, les allemands vont attaquer la position fortifiée de Namur à partir du 18 août
le Fort d'Émines est bombardé le 23 et se rend déjà le 24.
- Alors, d'où vous est venue cette idée d'investir ce lieu comme lieu d'exposition pour de l'art contemporain ?
En fait, dès 2014, quand on a commencé à ouvrir ce Fort d'Émines, on avait cette volonté de demander
une intervention de l'artiste contemporain pour la clôture parce qu'on trouvait que c'était important aussi de faire
un lien avec le présent.
Montrer que ce lieu parle encore à des gens aujourd'hui et pas seulement un site historique,
un monument du passé et donc, on trouvait ça intéressant d'avoir cette vision
d'artiste d'aujourd'hui, donner un éclairage un peu différent sur ce fort et ça rencontrait la demande
aussi de nos collègues du service de la culture. Donc, la maison de la culture est en travaux et cherchent
des lieux d'itinérance dans le cadre de leur saison de transhumance et donc voilà les deux services se sont
mis d'accord sur un projet commun, ici, au Fort d'Émines !
Il fallait vraiment choisir des artistes qui puissent vraiment rivaliser avec l'architecture de ce fort
et les conditions aussi extrêmes dans lesquelles on les fait exposer donc le choix a été assez difficile
parce qu'il ne fallait vraiment pas se tromper de personne.
On ne pouvait pas non plus choisir des artistes avec un travail trop fragile et il fallait vraiment s'inscrire
dans la thématique.
Donc, très vite, en fait on s'est porté sur trois artistes: Renato Nicolodi, Juan Paparella et Georges Rousse
car ils ont chacun une attention particulière par rapport à l'espace, au lieu dans lequel ils exposent
et très vite, on va voir que la mémoire ou le concept de mémoire, qu'elle soit individuelle ou collective,
rentre en compte dans leur travail.
- Alors, présentez-les nous rapidement. Ici, il y a déjà une oeuvre derrière vous, elle est de qui ?
- Juan Paparella donc, c'est un artiste multiple qui travaille vraiment la photographie, le dessin,
les installations.
Alors, Renato Nicolodi, lui va présenter dans ce fort plusieurs sculptures.
C'est très ambiguë, on ne sait pas vraiment ce devant quoi on se trouve.
Est-ce que ce sont des architectures, des monuments funéraires, des stèles commémoratives.
Donc, il joue un petit peu avec cette ambiguïté.
- Et puis, il y a Georges Rousse mais lui il est là donc, on va aller tout de suite le retrouver près de ses oeuvres.
- Quand on m'a fait la proposition de ce projet, de cette exposition, je me suis demandé quel lien
je vais pouvoir trouver avec la Belgique, avec la guerre de 14-18 et je me suis souvenu que pour être artilleur,
puisqu'ici c'était une fortification qui défendait Namur avec des canons.
Donc, pour être artilleur, il fallait être bon mathématicien et du coup pour moi ça a été assez naturellement
que j'ai introduit ces formes géométriques. Et en même temps, ce sont des formes qui, dans tous les pays,
auront une symbolique qui est variable.
Donc, à la fois, je pouvais rejoindre les mathématiques, quand même introduire quelque chose
peut-être de l'ordre du spirituel et puis le souvenir de la guerre et voilà.
En voyant ce couloir qui mène à la pièce d'artillerie, j'ai d'abord aimé la forme et ensuite,
j'ai imaginé la silhouette, une ombre qui traversait cet espace et cette ombre est constituée de la lettre du soldat
Michaud qui donne ses premiers souvenirs de la guerre avec la Grosse Bertha qui bombardait tous les jours,
toute la journée, les fortifications et ce sont quelques moments émouvants de cette phase un petit peu
tragique, malgré tout, mais disons que cent ans plus ***, c'est malgré tout, la pièce humaine qui reste
de cet espace.
On vous invite, évidemment, à venir visiter de vos propres yeux, cette exposition
qui est accessible jusqu'au 11 novembre et ce, tous les dimanches entre 13h30 et 17h.
Je vais vous laisser ici et je vais encore déambuler, un petit peu, dans cette exposition hors du commun.