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Quelques mots sur le Mouvement Zeitgeist pour ceux qui ne connaissent pas :
le Mouvement Zeitgeist, qu'on appellera le MZ par la suite,
est une organisation faisant la promotion de la durabilité
et d'un activisme centré sur la communauté
grâce à un réseau global de branches.
Nous avons 1 100 branches dans le monde.
Nous proposons d'adopter en tant qu'espèce une approche technique directe
quant à la gestion sociale et la gestion des ressources,
plutôt qu'une approche monétaire ou politique.
Le fil de pensées présenté par le MZ
est centré sur l'idée qu'en tant qu'espèce,
nous pouvons et devons mettre à jour le fonctionnement d'une société
grâce aux méthodes prouvées les plus durables et efficaces
que la science et la technologie ont à offrir.
En bref, nous pouvons nous décrire comme un mouvement qui promeut
l'application de la méthode scientifique au service de préoccupations sociales et environnementales.
Quelques mots sur le Dr Maté, quoiqu'il ne soit pas vraiment nécessaire de le présenter :
Le Dr Maté a assuré la gestion d'une clinique familiale à Vancouver pendant 20 ans.
Pendant 7 ans, il a aussi servi de coordinateur médical dans l'unité de soins palliatifs
à l'hôpital de Vancouver, s'occupant des malades en phase terminale.
Plus récemment, il a travaillé pendant 12 ans dans le célèbre quartier Downtown Eastside de Vancouver
avec des patients souffrant d'accoutumance à la drogue, de maladies mentales, et du sida.
Il est l'auteur de 4 livres ; les deux derniers sont devenus des livres à succès
aux niveaux national et international, traduits dans 9 langues.
(Dr Maté) 20. - 20 langues différentes.
[Rires]
Un thème récurrent dans son travail est le développement de la psyché,
la santé physique et mentale et l'observation
des mécanismes neurologiques et psychologiques
qu'il associe au besoin de changement social.
Dr Maté a accepté de nous faire part de son expertise
et a participé au dernier film de la série Zeitgeist :
Zeitgeist: Moving Forward.
Il a promu des idées avant-gardistes sur les facteurs intervenant
dans le développement de la psyché humain
en fonction de l'environnement physique et social des sujets observés.
Nous sommes honorés de collaborer avec Dr Gabor Maté
au travers de cette présentation commune qui part d'une simple question :
qu'est-ce qui contribue à une bonne santé mentale et à quoi ressemblerait une société
qui soutiendrait et encouragerait des individus stables et en bonne santé ?
Sans plus tarder, merci d'accueillir le Dr Maté.
[Applaudissements]
Tout d'abord, merci d'être venus participer à cet échange ;
merci au Mouvement Zeitgeist de m'avoir invité.
Je veux clarifier que je ne suis pas un membre du mouvement
(vous pourriez m'appeler un ami)
et je n'ai pas non plus eu la gentillesse d'inclure cette partie dans le film.
Je ne savais pas que j'y participais quand j'ai été interviewé.
Je ne savais même pas qu'il y avait un tel film,
j'ai simplement été interviewé par quelqu'un qui pensait que mes idées étaient intéressantes
et puis je suis retrouvé dans le film Zeitgeist,
alors ma gentillesse n'a rien à voir là-dedans.
J'étais content du film, surtout la partie
où j'ai été interviewé avec d'autres personnes.
Nous mettons tous en avant une perspective que je présenterai aujourd'hui,
à savoir que les êtres humains ne peuvent être séparés de leur environnement,
et pour comprendre l'être humain, on doit comprendre l'environnement.
Cela suppose que si nous voulons changer en tant qu'êtres humains
ou amener ce changement chez les êtres humains, nous devons regarder l'environnement.
Le cabinet médical où j'ai été formé à l'université de Colombie-Britannique
fait montre d'une idéologie très intégrée à la médecine occidentale.
La médecine est perçue comme une science,
comme une pratique scientifique, mais elle est aussi idéologique que toute autre pratique.
Dans notre culture, un assemblage de données
se fait passer pour de la science,
pour ensuite être interprété selon une perspective idéologique,
alors nous ne devons jamais voir cela comme une science pure.
Malheureusement, cette perspective idéologique n'est pas consciente,
et les praticiens ne réalisent pas qu'ils opèrent en fonction d'une idéologie.
Ils n'ont pas choisi cette idéologie, ils ont simplement grandi dedans.
Ils ont été formés dedans, et ils pensent
qu'ils regardent objectivement le monde.
Mais comme l'a fait remarquer Buddha il y a 2 500 ans :
nous créons le monde avec nos esprits,
de manière à ce que nos perspectives donnent forme à ce que nous voyons,
et c'est aussi absolument vrai pour la science.
Je m'intéresse à la chose suivante : avant de créer le monde avec nos esprits,
comment le monde crée-t-il nos esprits ?
Avec quel genre d'esprits regarde-t-on le monde ?
C'est la question que la médecine occidentale ne pose pas beaucoup.
Cela crée deux séparations :
cela sépare l'esprit du corps
de sorte que les maladies considérées comme étant purement physiques
comme les arthrites rhumatoïdes, les cancers, les scléroses en plaques
ou toute condition chronique qui vous vient à l'esprit
ne sont comprises qu'en terme d'organes qui sont touchés,
mais pas en relation avec le corps
et la psychologie de la personne, ainsi que sa vie spirituelle et sociale.
C'est-à-dire que si l'on va chez le médecin avec une crise d'arthrite rhumatoïde,
une inflammation des articulations,
une maladie dans laquelle le système immunitaire attaque le corps,
d'où l'appellation "maladie auto-immune"
(comme si l'armée du Canada attaquait le Canada,
ce qui à mon avis, avec le gouvernement actuel, est une réelle possibilité),
c'est la définition d'une maladie auto-immune :
votre système immunitaire se retourne contre vous.
Nous ne demandons pas : pourquoi y a-t-il mutinerie du système immunitaire contre le corps ?
Nous prescrivons simplement des médicaments pour éliminer les symptômes.
Nous gérons les manifestations de surface, mais n'examinons pas les causes,
car il faudrait adopter une perspective holistique
et fondamentalement, en tant que physiciens, nous levons les bras en disant :
"Nous ne savons pas ce qui provoque ces choses !"
Si l'on regarde une maladie comme la sclérose en plaques,
une maladie dégénérative du système nerveux,
dans les années 40, la proportion par sexe des scléroses en plaques
était de 1 pour 1 : une femme diagnostiquée pour chaque homme.
Le ratio est maintenant de 3 ou 4 femmes pour chaque homme
et on ne peut pas comprendre cela sur des bases strictement physiques.
Si l'on croit que c'est génétique, c'est insuffisant,
car les gènes de la population ne changent pas dans une période de 70 ans.
Si l'on croit que c'est l'alimentation ou le climat ? Non plus,
cela n'a pas plus changé pour un sexe que pour l'autre.
Il existe donc un facteur lié au sexe des individus dans notre société
qui influence la contraction et le développement de la maladie.
Afin de comprendre cela, il faut se placer sous une perspective plus large
que celle du corps. Cette séparation du corps et de l'esprit
ne suffit pas à expliquer la maladie physique ou mentale.
Soit dit en passant, mon discours ne porte pas juste sur la maladie mentale,
il porte sur la maladie en général.
Puis, la deuxième séparation qu'on crée est celle entre
l'être humain en tant qu'individu et l'environnement.
Nous croyons que si le cancer se manifeste chez quelqu'un,
ou si une maladie mentale se manifeste chez quelqu'un,
c'est strictement dû à des facteurs individuels
tels que, par exemple, la génétique, les gènes, l'ADN
que vous et moi avons hérité de nos parents,
ou peut-être est-ce le résultat des styles de vie que l'on choisit :
quand on fume, ce qui augmente bien sûr le risque de cancer du poumon,
si l'on contracte un cancer du poumon, c'est à cause du choix individuel que l'on a fait.
Ce sont des perspectives de la maladie centrées sur l'individu,
qui, là encore, nous font manquer beaucoup de choses.
Permettez-moi de vous donner 3 exemples d'une approche différente,
qui s'appelle "une approche biopsychosociale",
c'est-à-dire que la biologie d'un individu
est inséparable de son environnement psychologique et social.
C'est la seule explication scientifique qui ait du sens
et c'est la seule façon de comprendre
qui devient malade et pourquoi.
Bien sûr, si l'on regarde à grande échelle,
les facteurs sociaux tels que le sexe, la race
et la position économique ont une bien plus grande influence
sur la santé de la population que les facteurs individuels,
et c'est parce que nous sommes des créatures biopsychosociales.
Donc, la biologie ne peut être séparée de l'environnement psychologique et social.
Par exemple, et ce n'est même pas controversé,
bien des études ont montré
que les enfants dont les parents sont stressés
sont plus susceptibles d'être asthmatiques que les enfants dont les parents ne sont pas stressés.
Dans les zones polluées, où la qualité de l'air
et les irritants dans l'air
déclenchent encore plus de crises d'asthme,
ce sont toujours les enfants de parents stressés qui sont les plus enclins à l'asthme.
Si l'on va chez le médecin ordinaire formé à l'occidentale
que ce soit pour soi ou pour son enfant souffrant d'asthme
on vous donnera le traitement approprié
qui stoppera le rétrécissement des voies respiratoires que produit l'asthme ;
cela supprimera l'inflammation due à l'asthme.
Or les inhalateurs ou les médications sous une forme quelconque
suppriment ces symptômes, et c'est intéressant d'examiner ce qu'ils sont.
Parce que l'inhalateur qui ouvre les voies respiratoires rétrécies chez l'asthmatique
est en fait une copie de l'adrénaline.
En fait, si on se rue à l'hôpital avec une crise d'asthme sévère,
on vous fera une injection d'adrénaline.
L'inhalateur qui supprime l'inflammation
(qui est l'autre aspect de l'asthme,
le gonflement, etc. qui a besoin d'être contrôlé
et qui encombre davantage les voies respiratoires) cet inhalateur ou cette injection
que l'on utilisera aux urgences est en fait du cortisol.
Si on regarde ce que sont le cortisol et l'adrénaline, quelqu'un sait-il ce qu'ils sont ?
Ce sont des hormones de stress. Ils traitent des asthmatiques avec des hormones de stress.
En fait, le cortisol est le médicament le plus utilisé en médecine.
Il est utilisé pour traiter la peau, les poumons, les articulations,
les intestins et le système nerveux.
C'est une hormone de stress. Si vous étiez menacé là, tout de suite,
votre glande surrénale produirait de l'adrénaline et du cortisol
ce qui vous permettrait de contrattaquer ou de vous enfuir,
mais sur le long terme, ces mêmes hormones nuisent à votre santé.
Tandis qu'un stress aigu permet de survivre à une menace,
le stress chronique affaiblit votre système immunitaire ;
les maladies du cœur, fragilisation des os,
ulcères digestifs et la dépression en sont les effets secondaires.
Nous donnons ces hormones de stress à un enfant asthmatique,
mais nous ne posons jamais la question :
nous traitons les troubles avec des hormones de stress,
est-il possible que la maladie soit reliée au stress ?
La question n'est jamais posée : pourquoi le fonctionnement
du poumon des enfants dont les parents sont stressés
est-il affecté par les états émotionnels des parents stressés ?
Parce que la biologie de l'enfant est en fait
formée ou influencée par les états émotionnels et psychologiques des parents,
car ce sont des phénomènes biopsychosociaux.
On ne peut pas séparer les émotions du corps
et on ne peut pas séparer l'individu de l'environnement.
Dans une autre étude en Australie, on observa
500 femmes ayant subi des biopsies du sein,
de grosseurs sur les seins nécessitant une biopsie pour le cancer
pour vérifier si celles-ci sont nuisibles.
Une fois ces biopsies
faites et avant que les résultats ne reviennent,
les femmes furent soumises à un questionnaire psychologique, un entretien.
Il s'est avéré que si une femme a été isolée émotionnellement
avant le début de cette grosseur au sein,
cela n'avait aucun effet sur cette grosseur cancéreuse.
De même, si une femme a traversé une épreuve très stressante dans sa vie,
cela n'a pas eu d'effet non plus.
Jusque-là, tout va bien. Mais si la femme avait été émotionnellement isolée
et stressée, le risque que cette grosseur soit cancéreuse
était 9 fois supérieur à la moyenne.
Les chercheurs, du fait de leur esprit cartésien
et scientifique et de leur formation médicale,
n'avaient aucun moyen de le comprendre. Cela les intriguait totalement.
Ils disaient "Comment zéro plus zéro font-ils 9 ?,
ce qui est logique
en tant que question, mais c'est négliger la vraie nature des êtres humains,
parce que si vous êtes stressé,
là encore ces hormones se déchaînent dans votre système.
Mais si quelqu'un dit : "Eh mon ami,
tu as l'air bouleversé, comment te sens-tu ?", en mettant une main sur votre épaule,
que se passe-t-il psychologiquement en un quart de seconde ?
Vous vous calmez, vous prenez une grande respiration.
Votre cerveau a plus d'oxygène, vous commencez à penser plus clairement.
Votre adrénaline et votre pression artérielle baissent, votre rythme cardiaque ralentit,
les niveaux de cortisol baissent et le système immunitaire n'est plus assiégé.
Mais, si nous sommes isolés émotionnellement et n'avons personne à qui nous fier,
nous mijotons dans notre propre stress pendant des mois,
étouffant notre système immunitaire,
ce qui signifie que la transformation nuisible
n'est pas contrôlée.
Sans surprise, les femmes étant isolées émotionnellement
et stressées sont plus enclines à avoir un cancer du sein.
Cela indique également que le cancer n'est pas la maladie d'un individu.
C'est une maladie d'un individu qui manifeste
les relations de toute une vie
au sein de son environnement psychologique et social.
Les centaines de milliards de dollars qu'ils collectent
pour la recherche contre le cancer ne mèneront nulle part.
Au moins, ils feront quelques percées
et ils publieront des découvertes spectaculaires
quant au traitement de cancers spécifiques,
mais dans l'ensemble, notre capacité à comprendre le cancer ou le traiter
n'a pas vraiment avancé d'un pouce dans les 40 à 50 dernières années.
Quelqu'un de clairvoyant a dit :"Le fait d'essayer de trouver la réponse au cancer
en étudiant la cellule individuelle est comme d'essayer de comprendre un embouteillage
en étudiant le moteur à combustion."
Autrement dit, pour comprendre le cancer de l'individu,
notre perspective doit être bien plus large.
C'est justement ce que nous refusons obstinément de faire en médecine occidentale.
Et il y a des raisons idéologiques pour cela.
Puis, en fin de vie, parmi les couples de personnes âgées,
quand l'un des deux est hospitalisé, selon les études,
il n'est pas surprenant que l'autre soit plus enclin à tomber malade.
Pourquoi ? Car le système immunitaire de l'un est en fait modulé
par la relation psychologique à l'autre.
Nos liens émotifs
ont donc une influence énorme sur le cours de notre santé physique et mentale.
Cela signifie que si nous voulons comprendre la santé,
nous ne pouvons pas le faire en nous référant à l'individu.
Étant donnés ces faits scientifiques évidents,
et ils sont tellement évidents qu'un enfant de 5 ans pourrait les découvrir,
pourquoi sommes-nous si aveugles à cela dans cette culture ?
Cela a un rapport avec l'idéologie,
car l'idéologie de n'importe quelle culture
n'évolue pas par hasard.
Elle reflète en fait les intérêts dominants
des groupes
qui contrôlent ou qui bénéficient le plus de cette société.
En effet, l'idéologie dominante dans cette société,
étant donné que nous vivons dans une société qui vénère la compétition,
qui vénère le profit individuel et qui en fait vénère
et considère comme ses héros les gens comme Donald Trump
qui réussissent à en exploiter
beaucoup d'autres afin d'amasser richesse et pouvoir.
Dans une telle société,
il faut regarder les gens comme des individus
plutôt que comme des créatures sociales, car si on admettait
et que l'on comprenait pleinement les implications du fait
que les humains sont des créatures sociales avec des besoins psychologiques et sociaux,
nous ne traiterions pas les gens de cette façon.
Pour traiter les gens comme ils sont traités aujourd'hui
nous devons transformer l'individu en une marchandise, de sorte que l'individu
se considère comme une commodité, ce qui veut dire que notre valeur
est simplement basée sur ce que nous produisons
ou ce que nous acquiescerons, mais pas sur qui nous sommes.
Notre valeur n'est pas simplement fondée sur notre existence en tant qu'êtres humains.
Il y a ce livre très populaire appelé 'Tuesdays with Morrie' ('Les mardis avec Morrie').
Connaissez-vous cet ouvrage ? Quelques-uns le connaissent.
C'est l'histoire d'un homme qui développe une maladie neurologique dégénérative
appelée SLA (sclérose latérale amyotrophique)
par laquelle le système nerveux s'***èche littéralement et durcit.
À la fin, vous êtes rigide, immobile, paralysé ; vous ne pouvez même plus respirer.
Vous êtes complètement défraîchi mentalement. C'est comme se noyer dans l'air
parce qu'on ne peut plus respirer à la fin.
Morrie est un professeur qui contracte une SLA, une histoire vraie,
et son étudiant Mitch, qui écrit le livre,
commence à lui rendre visite. Ils commencent à discuter et Morrie
est un gars brillant et perspicace.
Il explore sa propre mort, en particulier.
Ils ont cette conversation toutes les semaines.
Finalement les conversations deviennent le sujet d'un livre
appelé 'Tuesdays with Morrie'.
Nous avons donc cette personne,
Morrie, qui a décidé de transmettre sa sagesse au monde
et qui dit à Mitch : "La raison pour laquelle je veux
enseigner aux gens le processus de la mort et léguer ma sagesse
est que je veux prouver que les personnes mourantes ne sont pas inutiles."
Je veux que vous examiniez la supposition derrière cette phrase.
La supposition est que les personnes mourantes sont inutiles,
car elles ne contribuent à rien.
La participation est une façon de se valoriser,
alors votre existence, ce que vous êtes
est insuffisant pour vous donner de la valeur. Vous devez produire quelque chose.
Cette pensée est en fait, d'une manière très spécifique
(et je ne vais pas y entrer en détail) ce qui cause la SLA.
Ignorant totalement qui ils sont, les gens essaient désespérément
de se rendre utiles.
C'est la fondation de la plupart des maladies chroniques dans notre société
à cause de l'entité du mental et du corps.
Mais l'idéologie que les personnes mourantes sont inutiles,
ou que quiconque soit inutile
reflète l'idée capitaliste
selon laquelle les gens ne sont utiles que s'ils produisent.
Dans les années 1840, un jeune Karl Marx
parlait d'aliénation.
Il disait que les êtres humains étaient aliénés d'eux-mêmes,
leur vraie nature, leur essence et leur travail,
car leur travail ne reflète plus qui ils sont ;
il reflète leur valeur d'utilisation.
Ils sont aliénés des autres personnes,
car, bien sûr, dans une société qui dit que tout est concurrence individuelle
et que c'est chien contre chien, ce que l'on appelle le darwinisme social,
vous ne pouvez pas vous empêcher d'être aliéné des autres êtres humains
et finalement vous êtes aliénés de la nature.
Le degré auquel nous sommes aliénés de la nature
est tragiquement et douloureusement évident au 21e siècle.
Nous en sommes tellement aliénés que nous sommes en train de la détruire.
C'est dans ce contexte que nous devons comprendre la santé.
Quand on regarde les facteurs tels que les statuts sociaux,
même si vous avez une crise cardiaque, si vous vivez
dans une zone dont le statut économique est plus élevé,
vos chances de survivre à une crise cardiaque sont en fait meilleures.
Ce n'est même pas parce que les services sont meilleurs,
mais simplement parce qu'en tant que personne de meilleur statut économique,
plus d'éléments penchent en notre faveur et vous protègent de la mort.
Dans les services publics anglais, il y a les célèbres études Whitehall,
qui ont observé
les risques de crise cardiaque, ou de maladie du cœur,
dans la fonction publique.
Plus on est haut placé dans la fonction publique, plus le risque de crise cardiaque est faible.
Ce n'est pas qu'un facteur économique,
car même à deux niveaux différents, au premier et deuxième niveau
où les différences de revenus n'étaient pas si grandes,
les différences de maladie du coeur étaient significatives
puisque les gens du niveau supérieur avaient moins de crises cardiaques.
La position dans la fonction publique était davantage un indicateur
de risque de maladie cardiaque que le cholestérol et la pression artérielle élevée
qui sont les éléments qui sont examinés
quand nous allons chez le médecin.
Le statut social est donc un déterminant significatif de la santé ;
le sexe l'est aussi, bien sûr.
Si vous examinez les statistiques que je vous ai données sur les scléroses en plaques,
qu'est-ce qui est différent ? Pourquoi le ratio a-t-il changé ?
Si l'on comprend que la sclérose en plaques est en fait une réponse au stress,
et c'est le cas,
bien que la plupart des médecins ne le verraient pas de cette façon
- je parle de cela dans mon livre "When the body says no" ('Quand le corps dit non') -
Si vous regardez de plus près les situations des femmes, que s'est-il produit ?
Dans notre société, les femmes ont toujours porté le fardeau
d'être les supports émotionnels pour leurs hommes
et pour leurs familles, donc cela n'a pas changé ;
elles le font toujours.
Elles sont les éponges émotionnelles de leurs environnements
ce qui, soit dit en passant, contribuerait à expliquer pourquoi
les hommes mariés vivent plus longtemps que les hommes non mariés,
mais les femmes mariées ne vivent pas plus longtemps que les femmes non mariées.
Ce qui a changé, c'est que depuis la 2nde Guerre mondiale,
les femmes ont dû jouer un rôle économique,
et elles le jouent dans le contexte de ce soutien qu'elles assurent.
Nous avions l'habitude de vivre en clans, tribus, communautés,
familles élargies et voisinages
avec beaucoup plus de sens de cohésion sociale et de contact.
La dépression des années 1930,
tandis qu'elle fut économiquement, jusqu'à présent du moins,
plus dévastatrice que la récession actuelle,
la cohésion sociale était plus forte.
Les gens se soutenaient mutuellement beaucoup plus.
Ainsi, on a plus de stress et moins de soutien.
Naturellement, si la maladie est reliée au stress, ce dont je suis convaincu,
le nombre de malades va augmenter. Il n'y a aucune autre explication pour cela.
Ce n'est pas juste un problème individuel,
c'est aussi un problème de sexes dans notre société.
Non pas que les femmes soient uniques vis-à-vis de ce type de stress,
mais elles en sont les principales victimes.
Enfin, bien sûr, la race :
le risque de décès des suites d'un cancer de la prostate est manifestement plus élevé
chez les noirs américains que chez les blancs.
Ce n'est pas le cas de leurs cousins biologiques en Afrique,
donc ce n'est pas un problème génétique.
Je pense que cela a un rapport avec le racisme, le stress
et le fait d'être un Afro-Américain aux États-Unis.
Nul besoin de dire qu'au Canada,
nous avons la population des Premières Nations,
qui, il y a 100 ans, n'avaient pas de diabètes
et, il y a 150 ans, n'avaient pas d'arthrite rhumatoïde.
Ils ont désormais les taux mondiaux les plus élevés de ces maladies dans certaines régions.
Voilà, ce n'est pas un problème génétique.
Ce n'est pas non plus un problème individuel.
Il s'agit de regarder ce qui s'est passé socialement,
économiquement et culturellement,
et les abus qu'ils ont subis et continuent à subir dans cette société.
C'est pourquoi, une fois de plus, on ne peut pas expliquer la maladie,
indépendamment d'un environnement psychosocial.
Au-delà de cela,
on en a la preuve maintenant, et ce n'est même pas controversé,
mais la plupart des médecins et éducateurs n'en ont jamais entendu parler
ce qui en dit long.
En fait, c'est une perspective extraordinaire
sur le degré d'idéologie dans la pratique médicale
tout comme le reste l'est également.
Nous disposons de toute cette science qui démontre
au-delà de tout soupçon que le cerveau humain
se développe en réalité en interaction avec l'environnement.
Notre type de cerveau reflète ce qui se passe dans l'environnement.
Et pourtant, si l'on examine la situation des enfants de nos jours,
on y voit un diagnostic florissant
de THADA (trouble d'hyperactivité avec déficit de l'attention), d'autisme,
de troubles de provocation, de troubles de comportement, de syndrome de Tourette, d'Asperger,
de troubles d'attachement réactionnel, tous ces diagnostics,
et de plus en plus d'enfants sous médicaments.
Parfois, on leur prescrit des médicaments qui créent toutes sortes de troubles chez eux,
à tel point que l’hôpital pour enfants de Colombie-Britannique
a récemment décidé d'établir une clinique dédiée au traitement
des effets secondaires des antipsychotiques que prennent les enfants.
Ils prennent ces médicaments antipsychotiques
non pas pour contrôler les psychoses qu'ils n'ont pas,
mais pour contrôler leur comportement.
Du fait que nous ne comprenions pas que le comportement de l'enfant
reflète sa relation à l'environnement,
nous essayons simplement de traiter les symptômes de l'enfant.
Si l'environnement devient très tendu,
les cerveaux des enfants ne se développent pas comme ils le devraient,
ils ont de piètres contrôles de leurs impulsions
et font montre de différentes douleurs émotionnelles et de confusion
et leur comportement est inattendu. Plutôt que de changer l'environnement,
ou au moins s'occuper de l'environnement, nous médicamentons l'enfant.
En d'autres termes, nous essayons de supprimer le symptôme, la manifestation superficielle
de ce qui est complètement psychosocial.
Par conséquent, les enfants développent des syndromes métaboliques, des diabètes,
et un risque de maladies cardiaques, etc. résultant de ces médicaments
qui n'ont jamais été étudiés chez les enfants.
Personne n'a jamais étudié les effets à long terme, mais on les distribue.
Des dizaines de milliers d'enfants dans ce pays, des centaines de milliers aux États-Unis,
et tout ça parce que nous n'établissons pas la relation entre l'environnement
et l'enfant individuel.
C'est ce que l'on observe.
Maintenant, si nous posons la question :
quels sont les éléments contribuant à une bonne santé ?
En examinant la documentation sur le stress
(et je dis que le stress est le facteur commun,
qu'il s'agisse d'une maladie physique ou mentale),
en examinant la documentation sur l'adversité de l'enfance,
plus les circonstances défavorables sont présentes
dans les premières années de la vie d'un enfant,
plus le risque d'addictions augmente de façon exponentielle
et plus grands sont les risques de maladie mentale, de psychose,
d'arthrite rhumatoïde, de cancer, d'obésité
et de toutes sortes de problèmes comportementaux.
Pourquoi ? Parce que l'environnement dès le jeune âge change le cerveau,
et comme l'écrit Antonio Damasio, un neurologue réputé :
"pour comprendre de manière satisfaisante
le cerveau qui fabrique le mental et le comportement humains,
il est nécessaire de prendre en compte son contexte social et culturel."
L'ensemble des circuits du cerveau dépend
de l'environnement émotionnel et social pour son développement.
Quand il est stressé, le cerveau de l'enfant ne se développe pas comme il le devrait,
et c'est pourquoi tant d'enfants sont diagnostiqués.
Ce n'est pas un problème individuel,
mais nous ne le comprenons pas en tant que société.
Plutôt que de voir avec du recul
quelles sont les conditions nécessaires à la santé des enfants,
nous essayons simplement de nous occuper des symptômes.
Cela est réalisé selon les modèles
dictés par l'économie médicale, c'est-à-dire
selon les besoins et profits des entreprises pharmaceutiques.
Il y a en effet beaucoup d'argent à faire en mettant au point de nouveaux médicaments
et moins dans les recherches au sujet du stress dans la famille
et au sujet de sa résorption. Personne n'en tire de profits.
Ce n'est pas qu'il y ait une conspiration,
ou s'ils conspirent ou pas. Ils le font.
Quand une étude sape leurs profits,
ils la supprimeront.
Ils amplifieront ou mettront l'accent sur la recherche
qui soutiendra leurs profits.
Ce n'est pas qu'ils sont trop bons pour conspirer,
mais, fondamentalement, une conspiration n'est pas nécessaire,
le système de profits suffit.
Puis, on a un amalgame parfait
entre l'idéologie individualiste et la recherche de profits
d'où les millions d'enfants médicamentés.
Le nombre de prescriptions pour les stimulants visant les troubles d'hyperactivité
dans ce pays, dont je suis affecté moi-même,
a augmenté de 43 % ces 5 dernières années
et personne n'examine les méthodes
de gestion de l'environnement qui forment le cerveau chez l'enfant
et qui se manifeste ensuite
par de faibles capacités d'attention, de contrôle impulsif et d'hyperactivité.
La documentation sur le stress indique
que les facteurs de stress dominants sont :
l'incertitude et le manque d'information
(je veux que vous réfléchissiez à la position du citoyen moyen
dans cette culture) il y a l'incertitude et le manque d'information,
car la plupart des gens ne sont pas informés
puisque les sources d'informations actuelles sont contrôlées par très peu de gens.
J'ai grandi dans la Hongrie communiste
sous une dictature très rigide et brutale
où le flux d'information était contrôlé,
mais tout le monde le savait.
Il y a une histoire qui pourrait être apocryphe ou même vraie
et j'aimerais me souvenir où je l'ai lue.
C'est l'histoire de quelques journalistes russes
qui viennent en Angleterre dans les années 50 ou 60
et ils disent : "il y a ici toute cette conformité
et les gens s'investissent dans l'idéologie officielle ! Dans notre pays,
il nous faut des prisons et nous devons arracher les ongles des gens
pour atteindre ce type d'unanimité. Comment faites-vous cela ici ?"
Comment le font-ils : par le contrôle des médias
et par la répétition du mensonge comme vérité,
et les gens y adhèrent.
Le système de propagande et de contrôle des esprits
est beaucoup plus efficace ici que dans ces dictatures brutales
où n'importe quelle personne consciente peut le déceler.
Mais il y a beaucoup de personnes intelligentes ici
qui sont totalement piégées, qui se croient en fait libres.
Mais comment pouvez-vous être libre, quand vous n'avez pas les informations,
ou quand l'information avec laquelle vous composez est l'opposé de la réalité ?
Il n'y a aucune liberté là-dedans.
Malgré internet, et la réalité
que les gens peuvent accéder à toutes sortes d'informations de nos jours,
le degré de liberté n'a pas augmenté de manière significative dans notre société,
car les personnes idéologiques sont aveugles.
Même l'information est accessible, la plupart des gens
ne découvriront jamais la vérité sur le changement climatique.
Du moins pas suffisamment pour s'en alarmer
et pour agir politiquement.
Les personnes que nous avons au pouvoir
sont en déni total, et nous continuons à les élire.
C'est comme si quelqu'un était aveugle
et qu'on lui enlevait sa canne blanche
et la nommait responsable de la circulation.
C'est ce que nous faisons avec nos politiciens, nous élisons les gens les plus aveugles
et disons : "Guidez-nous !"
Comment pouvez-vous parler de liberté ?
Quelle personne réellement libre ferait un tel choix ?
L'incertitude et le manque d'information caractérisent le citoyen moyen
tout comme les discours et les conversations.
2) La perte de contrôle.
Vous prenez des rats, vous les attelez par paires
et vous les attachez ensemble.
Des électrodes sont attachées à leur queue (c'est une expérience qui a été faite)
et ils reçoivent une décharge électrique par cette électrode.
Chaque rat dans chaque paire
reçoit une décharge de même intensité pendant la même durée,
mais l'un des deux a une patte libre.
Cette patte lui permet de tourner une manette
qui désactiverait la décharge.
Les deux rats reçoivent la même décharge pendant la même durée,
mais l'un d'eux a une patte libre qui peut baisser le levier.
Quand on évalue les niveaux d'hormones de stress après coup,
ils reçoivent la même décharge pendant la même durée,
mais le rat qui avait une patte libre pour contrôler la décharge
a un niveau plus faible d'hormones de stress.
Ce ne sont donc pas la durée ni l'intensité de la décharge qui créent le stress,
c'est la perte de contrôle,
et des expériences similaires ont été faites avec des êtres humains.
Le stress est synonyme de perte de contrôle
et si vous observez notre société, qui a le contrôle ?
Combien de personnes contrôlent réellement leur vie,
étant donné le niveau de manipulation
et le fait que les décisions les plus importantes sont prises par des gens éloignés
qui ne sont d'aucune manière sujets à un quelconque contrôle démocratique,
car ils le font à travers leur emprise
sur les moyens de production ou le capital.
Nous n'élisons pas nos capitalistes.
Il n'y a pas d'élections.
"Hey, j'aimerais vous exploiter, votez pour moi !"
Cela ne se produit pas.
Au mieux, nous élisons nos représentants, qui sont les politiciens.
Mais dans une telle société, il n'y a pas de contrôle véritable,
alors la plupart des gens se sentent totalement impuissants.
Cela crée du stress chez les gens.
Cela crée du stress.
L'incertitude, le manque d'information,
la perte de contrôle et enfin la perte de contact humain,
car comme je l'ai indiqué au début
pour être en santé, on a besoin d'une connexion humaine et sociale.
Cela réduit le stress, cela compense le reste.
Maintenant, tandis que nous isolons davantage les gens,
que les machines sont de plus en plus présentes et que nous parlons moins aux êtres vivants...
Pensez juste à votre expérience, quand vous passez un coup de fil
et que la machine dit : "Merci pour votre appel.
Dû à un nombre inattendu d'appels, veuillez patienter..."
puis, vous attendez pendant une demi-heure,
et la frustration vient de ne pas pouvoir parler à un être humain.
Nous parlons de moins en moins aux êtres humains,
et de plus en plus aux machines et à travers elles.
Il y a de moins en moins de communautés,
les gens ne vivent plus où ils travaillent, ils ne font plus les courses où ils vivent.
Nous ne nous connectons pas quotidiennement aux gens que l'on connaît ;
nous interagissons surtout avec des étrangers
dans les grands magasins, etc., donc moins de contact humain.
Les gens sont plus suspicieux.
Tout cela crée du stress, qui conduit à la maladie.
Lorsqu'il s'agit d'établir une santé adéquate et soit dit en passant,
au sujet de la santé mentale par rapport à la santé physique, Buddha,
qui était un grand psychologue, a dit il y a 2 500 ans :
"Vous pourriez rencontrer une personne qui puisse maintenir une santé physique parfaite
pendant quelques années, ou même pendant cent ans,
mais vous rencontrerez rarement quelqu'un qui puisse rester en bonne santé mentale
pendant un temps indéterminé."
En effet, la santé mentale passe par toutes sortes de conditions
que la plupart des gens ne remplissent pas.
Par conséquent, le récent rapport canadien sur la santé mentale, constatant
qu'entre 6 et 7 millions de Canadiens sont affectés par des problèmes de santé mentale,
c'est probablement une sous-estimation,
mais cela touche 1/4 ou 1/5e de la population,
et 50 % des adultes nord-américains ont une maladie physique chronique.
Nous sommes la société la plus riche de l'histoire et aussi l'une des plus malades,
et médicamentée à l'excès bien sûr.
En ce qui concerne la santé adéquate
vous aurez besoin d'une communauté, de contact,
de contrôle local, d'implication, d'engagement,
d'information (la bonne information).
Autrement dit, vous avez besoin de conscience
vous avez besoin de liberté, vous avez de communauté.
Il est sain par conséquent,
d'être impliqués au niveau social à tous niveaux,
pour ne plus être passif.
Tant que vous le faites consciemment plutôt que par obligation
(car si vous le faites inconsciemment, vous n'aidez pas beaucoup)
l'engagement social est sain,
car cela vous connecte aux autres et donne du sens à votre vie,
tant que vous êtes conscients.
C'est complètement possible d'être un activiste socialement inconscient ;
c'est un autre sujet.
Tant qu'on est un activiste à conscience sociale,
c'est une chose saine à faire, et aussi bien sûr, vous créez une communauté.
Dans nos vies, nous devons chercher le contact et la communication avec autrui
et nous avons besoin d'être aussi informés que possible.
Parfois, les gens me disent :
"Quand je reçois trop d'information, je deviens désabusé."
Ma réponse est : "Préférez-vous nourrir des illusions ou être désabusé ?"
Ce sont les facteurs que nous devons chercher,
et nous ne devons pas seulement les chercher, nous devons les créer dans nos vies.
Bien sûr, il y a derrière tout cela une question sociale plus vaste :
cette société est-elle favorable à la santé humaine ? La réponse est : non.
Bien qu'on ne puisse pas changer la société en claquant des doigts
ou en remuant une baguette magique,
certainement, le fait d'engager la réflexion sur la question
de quel genre de société nous aimerions voir
et comment mieux travailler pour s'approcher de cette vision
est une question très importante dans laquelle l'humanité peut s'investir.
Sinon, nous sommes des victimes passives des circonstances.
En ce qui concerne la vision sociale et comment y parvenir,
ce sera...
Matt vous présentera un point de vue à ce sujet
et je vais tout de suite lui céder le micro.
[Applaudissements]
Pendant qu'il monte sur scène, laissez-moi vous lire une citation
du moine catholique Thomas Merton
qui dans son autobiographie, 'The seven storey mountain' ('la montagne aux 7 étages')
fit une déclaration très éloquente.
Il écrivait dans les années 40, c'était un écrivain fantastique.
Il écrit : "Il est vrai que la société matérialiste,
cette soi-disant culture qui a évolué sous la tendre clémence du capitalisme,
a produit ce qui semble être la dernière limite en matière de raffinement.
Et nulle part, à part peut-être dans la société analogue de la Rome païenne,
n'y eut-il eu un tel épanouissement de luxure et de vanités
gratuites, mesquines et dégoutantes
que dans ce monde de capitalisme, où aucun démon n'est laissé
sans soutien dans le but de faire de l'argent.
Nous vivons dans une société dont la politique globale
est d'exciter chaque nerf du corps humain
et de le garder au paroxysme de la tension artificielle,
pour porter chaque désir humain à sa limite
et créer autant de nouveaux désirs et de passions synthétiques que possible"
(passions synthétiques, pas authentiques, ni humaines)
"afin de les satisfaire avec les produits de nos usines,
de la presse écrite, des studios de cinéma et de tout le reste."
Karl Marx n'aurait pas pu mieux l'exprimer.
[Applaudissements]