TEDxConcorde 2012 - Bruno Maisonnier - Demain, l'humanoïde au service de tous

Merci beaucoup! Mesdames et messieurs je vous présente NAO. Les robots c'est un rêve d'enfance. C'est un rêve qui a commencé quand j'étais tout petit, que j'étais en échec scolaire, que j'étais le dernier à tous les contrôles, que j'étais viré d'une classe, redoublant une autre, Jusqu'à ce qu'un jour je rencontre un curé - je redoublais ma 6è à cette époque-là - et qui m'a dit : «Ah, je connais un enfant qui était comme toi et qui finalement a fait Polytechnique ». Moi, je savais pas du tout ce que c'était Polytechnique, mais il m'a donné confiance, il m'a rassuré et au fond de moi je me disais : «De toute façon, je m'en fous, je ferai Polytechnique» Je savais toujours pas ce que c'était. Mais il m'a rebranché quelque part. Un peu plus ***, dans un hall de gare j'ai trouve un livre de science-fiction, sans grand intérêt. Mais j'ai découvert là-dedans un monde de technologie, de gadgets, d'électronique, de robots et c'est là que le déclic est venu. C'est là que je me suis dit : Je veux faire des robots ! Je ferai des robots ! J'ai tanné mes parents pour qu'ils m'inscrivent à un cours d'électronique par correspondance - ce qui n'a pas été très facile, puisque les profs en parlaient, les convoquaient régulièrement pour leur expliquer que j'étais vraiment pas fait pour faire des études, mais que c’était pas grave, qu'il y avait de très bons métiers manuels - ce qui est d'ailleurs vrai - mais ça n'a fait rien. J'ai obtenu gain de cause. J'ai suivi des cours d'électronique par correspondance, et ça m'a rebranché sur le circuit. J'ai fait les études qui vont bien après pour faire de la robotique, et c'est comme ça que je me suis lancé dans l'aventure des robots. En parallèle avec mon job, j'ai passé mon temps à développer des robots, là vous en voyez quelques-uns C'était pour explorer ce nouveau monde. L'aventure de NAO a commencé en 2005 avec une demi-douzaine d'autres passionnés comme moi. On s'est retrouvés et on a décidé que nos passions pouvaient être transformées en une véritable aventure professionnelle. On était plus prétentieux que ça, on voulait révolutionner le monde à l’époque. Mais bon, c'était il y a 5 ans. Il y a 6 ans. Et on a commencé chacun dans notre salon - moi je me souviens, moi c'était dans un placard - à bricoler et à développer des robots. Mais c'est quoi un robot ? C'est la première question qu'on s'est posée. On l'a posée à tous les gens autour de nous. Qu'est-ce que c'est qu'un robot ? À quoi ça sert ? Et on est tombés sur des réponses assez convergentes. Un robot c'est un petit bonhomme mécanique, c'est un truc qui peut nous comprendre et c'est surtout quelque chose qui doit être à notre service. Et ça nous a donné notre ligne directrice : un robot c'est un humanoïde, c'est au service des gens et ça doit interagir avec nous tous. Voilà! C'est ça qui nous a amenés, ce premier élément, et c'est ça qui nous a amené finalement à fabriquer les robots que vous voyez ici. On est passé par plein d'étapes. Bon! Qu'est-ce que c'est NAO finalement? Moi j'ai envie de le caractériser comme ça : NAO c'est un précurseur. Un précurseur, un peu comme l'étaient les PC et les micro-ordinateurs, on disait à l'époque, il y a 30 ans, à l'époque où ils servaient à rien, qu'ils étaient chers, qu'il fallait tous qu'on convainque notre copine, notre conjoint, qu'on voulait mettre tout notre argent pour acheter ces ordinateurs, qu'on allait condamner la cheminée parce que c'était tellement gros qu'on ne savait pas où les mettre et que des centaines de milliers des personnes tirées par cette passion ont décidé de se saisir de l'informatique, d'écrire des premières applications, et certains ont inventé des jeux, des tableurs, des traitements de texte. C'est eux qui ont fait la révolution des PC. C'est eux qui ont fait la révolution de l'informatique. L'objectif de NAO, c'est la même chose. On a à peu près la même figure qui se passe en ce moment. On sait qu'on est à l'aube de quelque chose de grand avec les robots et NAO est un précurseur, c'est une plate-forme qu'on peut explorer, utiliser, mettre entre les mains de tout le monde, pour que tous ce qui ont en vue d'essayer puissent essayer. Pour ça on a doté notre robot d'abord, de facilités de programmation il faut qu'on puisse lui faire ce qu'on veut, sinon c'est pas drôle. Et puis il faut qu'il soit costaud. Ouch ! Allez, c'est pas grave, boude pas ! C'était juste pour montrer que t'étais un robot costaud. Allez... Je ne suis pas un robot ! Je m'appelle NAO. T'es quoi alors ? Je suis un assistant personnel destiné à aider les humains. Pourquoi ? Je vais répondre à cette question. Comme vous pouvez le voir sur le graphique derrière moi, la pyramide des âges des pays du nord va tendre vers un déséquilibre entre jeunes et vieux. Le meilleur exemple est le Japon. Tu vois Bruno ? Je t'aide pour ta présentation. Merci ! Effectivement, on rigole mais on a une problématique d'évolution de répartition . dans beaucoup de pays entre les actifs et les inactifs qui vont poser des problèmes C'est un sujet très très complexe, . et c'est un sujet pour lequel les robots peuvent apporter certaines solutions Et c'est une des raisons qui tire toute la robotique pour essayer de changer ce paradigme. NAO t'es censé m'aider là... Définition Wikipédia : un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie. Toi aussi t'arrives à être chiant finalement quand tu parles ! (Rires) Bon... Mais effectivement, on a des applications pour les robots. Et un robot comme celui là, c'est à la fois un objet qui est capable d'agir dans le monde, qui est capable de bouger, de marcher, de prendre des choses, de se déplacer, mais c'est surtout un objet qui est connecté, qui est branché sur tout le monde numérique. C'est un objet qui est capable d'aider une personne malvoyante à aller lui chercher, par des fichiers textes, lui chercher des revues, des textes, des journaux et de lui lire. C'est un objet qui est capable d'aider des handicapés à manipuler des télécommandes ou à commander la télévision. C'est un objet qui est capable d'aider des personnes âgées qui sont seules et qu'on a besoin d'accompagner. Donc, lui aussi, dans ces domaines-là de la société, il peut changer les paradigmes. NAO, t'es censé m'aider encore une fois... Ah ? Grâce à moi, tu sais ce que ça veut dire ! Tu te la pètes ! (Rires) On l'a pas encore programmé pour ne pas être lourdingue. Excusez-nous, mais ça viendra après. Bon... Mais NAO c'est une révolution. NAO c'est une évolution forte. Evidemment il est petit. Et parce qu'il est petit, il est pas capable d'agir sur des choses importantes et sur des choses fortes. Et donc, il y a un certain nombre d'autres robots qui sont développés. Là vous voyez un robot ROMEO. Mais il y a plein d'équipes dans le monde qui travaillent sur des robots, pour qu'ils soient capables, dans les maisons de retraite ou dans les services hospitaliers, d'aider les personnes âgées, qui seraient tombées, à se relever, de travailler dans les champs de mines, etc. Les robots sont en train de s'élargir, de devenir de plus en plus nombreux, et de devenir réellement utiles. Finalement, les robots, on pourrait les caractériser comme ça. On peut dire que c'est une nouvelle espèce mécanique, c'est une nouvelle espèce de machine. C'est une nouvelle espèce qui est au service de l'Homme. Alors quand je dis ça, ça paraît un peu du futurisme, ça paraît un peu de la théorie, ça paraît un peu pour du très lointain. Mais je veux vous donner deux exemples qui illustrent ça de façon un peu concrète. Le premier, c'est les enfants autistes. Les enfants autistes ont un cerveau qui est pas formé de la même façon, qui est pas complètement formé, et qui ont beaucoup de difficultés à interagir avec les personnes. Ils ont beaucoup de mal à interagir. Et pourtant, ils ont une grande appétence avec la technologie, ils ont une confiance dans la technologie et ils interagissent beaucoup plus facilement. Et ça, c'est mis à profit à l'université de Notre-Dame dans l'Indiana, c'est mis à profit à la Pitié-Salpêtrière à Paris, c'est mis à profit aux Pays-Bas, où des médecins utilisent des robots comme assistant pour un éducateur pour enfants autistes. Et les enfants autistes sont à l'aise avec les rituels, avec ces répétitifs, quand on se réveille le matin, on met toujours sa chaussette droite puis sa chaussette gauche, et les robots sont plutôt bons à ces rituels et à ces choses comme ça. Donc, il y a déjà des applications concrètes qui sont explorées en ce moment pour aider les enfants autistes, avec les robots. Je vais prendre une autre explication, un autre exemple qui me paraît fort aussi, ça concerne l'enseignement de l'anglais. Vous savez que la Corée est un pays qui exporte beaucoup. La Corée est un pays, pourtant, où les gens parlent très mal anglais, et ça leur pose des problèmes dans leur vie professionnelle. Le gouvernement coréen a décidé de changer ça, et d'investir fortement dans l'enseignement de l'anglais. Alors, il le fait avec des profs, il le fait à différents niveaux. Et ils ont décidé de le faire avec des robots dans les petites classes. Donc, les robots sont les assistants des profs d'anglais - ils assistent les profs, c'est pas eux qui sont les profs - mais les assistants des profs d'anglais dans les petites classes. Et on a découvert un truc fantastique, c'est que le robot ne juge pas. Si vous parlez mal, vous prononcez mal votre truc, il va vous demander de répéter, mais au bout de la 125è fois, il continuera à vous demander de répéter, et il va pas créer d'émotions, de tensions, de difficultés, alors que ça arrive avec un prof. Et en prenant ces deux exemples, ce que je veux mettre en avant -- là on voit l'université de Notre-Dame, dans l'Indiana, qui travaille avec un robot et des enfants autistes. J'ai vu une application là, sur les enfants autistes, qui est fantastique. Un enfant autiste qui n'arrivait pas à interagir avec des gens, qui était tout seul dans une pièce, chaque fois qu'une personne rentrait dans la pièce, Tac ! il avait les deux yeux qui divergeaient. Il était mal à l'aise, et il ne pouvait pas accepter d'être avec des personnes. Il a jamais fait de câlins à personne. Il était un peu cloîtré. Et, en mettant - ça s'est passé à Paris, ça - en mettant deux robots, un entre les mains de l'enfant, et un entre les mains du médecin qui était à côté, qui l'accompagnait, et le médecin répétait les gestes que faisait l'enfant avec son robot. Il y a une espèce de mise en résonnance, il y a une espèce de syntonisation, de synchronisation, on ne sait pas ce qu'il s'est passé. Au bout d'un moment, l'enfant a balancé le robot, est venu faire un gros câlin au médecin à côté. Quelque chose qu'on avait jamais vu avant. Voilà. Ce que je veux vous dire c'est : on a une nouvelle espèce qui est en train d'arriver. On a une nouvelle espèce de machine qui va apporter là où nous les Hommes on ne peut pas forcément apporter pour des raisons structurels. C'est ça ce qui est en train de se passer avec la robotique. Il y a une révolution qui est en marche. Il se trouve que les pionniers et les champions du monde en ce moment sont français, et si j'avais une chose à dire par rapport à ça, si j'avais un message à laisser, c'est acceptons ce que la technologie peut nous apporter de bien, entrons tous dans le monde de NAO ou des robots, et que des centaines de milliers de personnes viennent explorer les nouvelles possibilités de la robotique, et transformer ces possibilités en réelles applications et réelle aide aux differentes personnes. Merci beaucoup, et merci pour NAO. (Applaudissements)