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Xavier invite Imani Inami
à raconter son expérience de couple avec un homme transgenre.
Bonjour tout le monde ! Voici la magnifique, merveilleuse Imani.
Bonjour tout le monde ! - Je vous conseille de découvrir son émission.
J'anime deux émissions de radio : Naga Talk, dont je fais les annonces sur ma page facebook
(si vous voulez m'ajouter, c'est Imani Inami)
et Cosmic Break, qui passe tous les lundis à 8h du soir selon l'heure new-yorkaise.
Je parle un peu de tout. Si cette vidéo vous intéresse, retrouvez-moi sur facebook.
et découvrez mes émissions !
Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour parler de mon expérience de couple avec un mec trans,
en relation avec mon passé de lesbienne. Je suis ***, avec des racines lesbiennes.
Je me demandais : quand tu as commencé à avoir une relation avec un mec trans,
comment s'est faite la transition entre le stade "j'aime les femmes"
et le stade "j'aime une personne dont l'identité est masculine" ?
Le premier mec trans avec qui je suis sortie, c'était... il y a deux ans et demie, trois ans
quand ça a commencé. Je suis sortie avec lui avant qu'il commence sa transition.
Il y a eu tout ce processus de sa part pour m'annoncer qu'il entrait en transition,
à la moitié de notre relation.
Et ça a eu des conséquences sur votre relation quand il t'a fait ce coming-out ?
Oui, ça a eu des conséquences. Dans ce monde, quand on est un être humain doté d'un ego,
on juge tout en fonction de soi-même. J'ai l'impression d'avoir été très égoïste.
Pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt ? Et moi, qu'est-ce que je suis censée ressentir ?
Ma réaction spontanée aurait dû être de l'aider, c'est ce que j'aurais voulu faire.
Au début, ça m'a affectée : il m'arrive comme à tout le monde probablement,
d'être inconsciemment transphobe. Dans mon cas, cela s'est exprimé
par un désaccord personnel avec ce qu'il faisait de lui-même, de sa vie, de son corps.
L'impression que ça avait un rapport avec moi. Bien sûr, ce n'était pas le cas.
Mais j'étais sortie avec toi auparavant, et entretemps, tu avais fait ta transition.
Au moment de sa décision, j'avais donc un point de référence auquel me raccrocher.
Je connaissais quelqu'un, même si je ne t'en avais jamais parlé directement,
pour me dire : "Je connais, j'ai déjà vu ça quelque part."
"J'ai une petite idée de ce qui va se passer."
Quand il t'a dit ça, à quoi tu t'es attendue ? Qu'est-ce que tu pensais voir changer chez lui
dans son comportement, son attitude...?
Oui, je m'attendais à voir changer tout ça.
Ne serait-ce qu'en raison de...
J'ai appelé ça de la transphobie :
des notions préconçues de ce qui se produit chez les mecs, ce que font les mecs.
Je m'attendais à beaucoup de choses, mais quand j'ai fait des recherches de mon côté,
il m'a beaucoup aidée et a fait en sorte que j'aie toutes les informations nécessaires.
J'ai compris les implications négatives de ma tendance à supposer sans savoir.
Masculin égale agressif, par exemple. Ou encore, masculin égale dominateur.
Or, ce n'est pas forcément le cas.
Oui, je crois que c'est un préjugé courant.
J'ai parlé à beaucoup d'autres gars en couple avec des femmes.
Le type sort déjà avec elle au moment de commencer sa transition, et quand il l'annonce
la première question, c'est : "Tu vas devenir agressif ?"
"Tu vas devenir une personne complètement différente ?"
Je reconnais que certains peuvent changer.
C'est comme ça, c'est un moment charnière dans la vie de quelqu'un.
Mais même pour ceux qui changent, ça ne veut pas dire que la relation va se dégrader.
Au contraire, ça peut vous rapprocher. De nombreux gars découvrent, à la transition,
qu'ils peuvent être davantage eux-mêmes. Ils vivent plus en phase avec la réalité.
Donc ils peuvent exprimer en amour des sentiments plus authentiques.
Dans la plupart des cas, il n'y aucun souci à se faire. Mais je peux comprendre.
Je ne suis pas le seul à faire une transition, ma compagne doit aussi faire sa transition.
Une transition se fait dans le regard que les gens portent sur moi, sur nous, et sur elle.
Voilà ma seconde question : quand il est devenu "crédible" en tant qu'homme,
est-ce que les gens ont eu une attitude différente à l'égard de votre couple ?
Oui. Avant la transition, les hommes n'avaient souvent aucun respect pour notre relation.
Ils venaient près de moi, me draguaient sans se gêner, en ignorant mon partenaire.
Mais au fil de sa transition, quand ils l'ont trouvé crédible, ils ont complètement arrêté.
Les mecs ne se sentaient plus en droit de me dire tout ce qui leur passait par la tête,
ils se sont mis à respecter mon espace personnel, ça a complètement changé...
mon rapport avec l'énergie masculine dans mon entourage. Les hommes ont un respect mutuel,
supérieur à leur respect envers une femme.
Tu parles des hommes qui se conduisent comme si les femmes des environs leur appartenaient.
Ils voient deux femmes pour le prix d'une, et pas deux femmes en couple, donc indisponibles.
Ce n'est pas forcément dit, ni conscient, mais c'est souvent le fond de leur attitude.
Vous étiez déjà en couple. Est-ce que tu as quand même dû adapter ta façon de le voir ?
Oui, beaucoup. L'adaptation qui m'a demandé le plus d'efforts concernait les pronoms.
Comment ça ?
C'était progressif. Je me suis attachée à progresser par un travail constant.
Je me suis mise aux pronoms masculins, car je connaissais ton fonctionnement,
et celui des mecs trans de notre communauté.
J'avais déjà exploré le fonctionnement de cette histoire de pronoms.
Mais c'est ça qui était le plus difficile, car je vivais avec lui au jour le jour.
J'ai fait très attention aux pronoms que j'utilisais pour le désigner,
aux mots pour décrire certaines parties de son corps, tout ça...
J'ai dû adapter ma vision sur bien des points.
Je me suis aussi mise à combattre la transphobie, même en son absence.
Je rappelais aux gens que jouer le jeu devant lui, ça ne suffisait pas. "Non, c'est LUI."
Ils pensaient parfois que c'était acceptable de dire n'importe quoi dans son dos.
Non, je défends mon compagnon et je le défends aussi en tant qu'être humain.
Vous lui devez de respecter ses requêtes.
J'ai heureusement trouvé des lieux où j'étais soutenue en tant que partenaire de trans.
C'est grâce à cela que mon cerveau, mon esprit a pris le réflexe de dire "lui".
Ma bouche disait encore parfois "elle", et mon cerveau corrigeait naturellement : "lui".
Tu disais que, lorsqu'il a fait son coming-out, tu as dû surmonter ta transphobie inconsciente.
As-tu aussi surmonté ce type de préjugé envers les hommes ?
Je crois qu'une grande partie de ce qu'on appelle la transphobie relève en réalité
de la misandrie, ou, en cas de transition féminine, de son inverse : la misogynie.
Le mot est rare, on parle peu de misandrie :
dans notre communauté, il existe des formes de rabaissement systématique des hommes.
C'était en grande partie de la misandrie : j'avais une tendance à critiquer les hommes.
C'était le résultat de ma culture féministe.
J'avais appris que tout ce qui ne va pas dans le monde vient des défauts masculins,
de la domination masculine. Je pensais donc que s'il voulait faire cette transition,
c'est qu'il voulait profiter des privilèges réservés aux hommes dans notre société.
Pour moi, c'était sa raison de le faire.
C'est comme quand je m'attendais à le voir agressif, autoritaire, imprévisible...
Tout ça, c'est de la misandrie : partir du principe que l'agression est masculine.
J'ai fait un examen de conscience à ce sujet.
J'ai aussi ressenti qu'en se virilisant, il occupait l'espace différemment.
Je m'observais moi-même, tout en l'observant prendre cette place dans l'espace.
Le féminisme enseigne aux femmes que l'homme qui prend de la place, si infime soit-elle,
le fait pour les opprimer. J'ai bien vu que ce n'était pas le cas : il était juste...
Sa transition lui rendait sa place, c'est tout. A son arrivée, on l'accueillait différemment.
Même quand on était seuls tous les deux, l'énergie qu'il dégageait était différente.
J'ai senti que c'est parce qu'il était plus à l'aise, plus confiant en lui-même.
Il ne se refermait plus sur lui-même, il s'autorisait à s'ouvrir aux autres.
Au début, j'avais associé ça avec le concept de privilège masculin.
L'idée de domination. Mais ce n'était pas ça.
Il se sentait simplement beaucoup mieux.
Je crois que c'est très important de créer des espaces réservés à...
J'ai cherché pour moi, et pas vraiment trouvé.
Il faudrait créer plus d'espaces où accueillir les partenaires de personnes en transition.
Ils pourraient s'y retrouver pour échanger. Un espace qui leur serait réservé.
On s'y sentirait libres de dire ce qui nous perturbe, ce qui nous pose un problème...
Nos partenaires ont le droit de se plaindre. On n'a pas à exiger une réaction idéale.
La transition a aussi un effet sur eux.
Oui, j'ai senti que mes idées traversaient une transition
en même temps que mon compagnon.
Je me suis ouverte à toute la communauté des hommes transgenres.
Je me suis sentie responsable, non seulement de lui, mais de toi, de mes amis, de leurs amis
et de tous ces mecs trans géniaux que je rencontrais, je devais les aider de mon mieux.
Ce n'est pas simplement votre copain à côté.
Quand on entre en contact avec une nouvelle communauté, on en sort forcément transformé.
Votre vision du monde va se transformer. Et je trouve que ce serait très important
de faire en sorte qu'il existe un espace pour les partenaires des gens en transition,
pour parler, reconnaître ses erreurs, échanger des conseils, des astuces...
Je n'ai jamais vraiment trouvé ça, mais j'ai reçu beaucoup d'information,
beaucoup de lecture... Je pense qu'il faudrait quelque chose comme un forum internet.
J'en ai surtout ressenti le besoin, et ça m'aurait servi d'avoir un tel espace...
Je ne savais pas comment soutenir mon copain quand il souffrait de dysphorie de genre.
Je ne savais pas quoi dire. C'était une épreuve pour moi et, au final, pour notre couple.
Je ne voyais aucun moyen de lutter contre sa détresse.
Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire.
A quel moment le laisser tranquille...
Bien sûr, chacun gère ça selon son caractère, mais j'aurais apprécié quelques conseils.
Je m'adresse à tous les gens qui sont en couple avec une personne trans :
Accrochez-vous, ce n'est pas un accord qui vous semblera naturel au bout de deux heures.
C'est une progression. - Travaillez ensemble, communiquez ouvertement.
Ne vous braquez pas si on vous signale que vous en avez fait preuve. Posez des questions.
Interrogez votre partenaire, et rappelez-lui : "Tu peux m'aider. Je suis ouvert au dialogue."
N'ayez jamais honte de ce que vous ressentez.
Personne ne vous réclame la perfection absolue.
Merci d'avoir tourné cette vidéo avec moi !
Pas de quoi, merci de m'avoir invitée !
On te reverra peut-être sur cette chaîne ?
Oui, j'espère !
Merci de votre attention et à la prochaine ! Peace.