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Le jour de colère, tel la nuit noire,
saisit le monde par ses extrémités.
Le soleil se fige parmi les ténèbres.
Le jour de colère frappera, sulfureux,
et les flammes nous brûleront.
Le beau palais terrestre s'écroulera.
Le jour de colère, de sa bouche d'airain,
nous réveillera du blême sommeil,
annonçant notre dernière heure.
Le jour de colère appelle les vivants et les morts
et ouvre le flanc creux du caveau.
En ce jour de colère créé par Dieu,
le funèbre décompte de Satan sera soumis au jugement divin.
En ce jour de colère, le jugement éclatera.
Les éclairs chasseront ceux qui sont noyés dans leurs péchés.
Regardez-les devant Son trône, tels de petits grumeaux,
vêtus de honte et d'une foi coupable.
Marte, fille d'Herlof, accusée de sorcellerie
par trois honorables bourgeois,
sera appréhendée pour comparaître devant le tribunal du Saint-Collège.
Pourvu que ça nous aide !
Bien sûr. Ce sont des herbes du Mont des pendus.
Le pouvoir qu'elles possèdent est étrange.
C'est la force du mal.
À qui en veulent-ils ?
Au bûcher ! Elle doit brûler sur le bûcher !
Ouvre !
Va les ranger.
Absalon.
Martin sera bientôt ici.
Déjà ?
Le bateau est arrivé.
Je viens immédiatement.
As-tu la clef du grenier ?
Donne-la-moi.
lci, dans le presbytère, c'est moi qui garde les clefs.
Je suis sa femme.
Je suis sa mère !
Un vieux dos s'accommode mal d'une nouvelle selle.
ll n'est pas plus aisé à une jeune femme
de s'habituer à une vieille maison.
Tu es trop dure.
Je veux faire d'elle une bonne épouse.
Elle l'est déjà.
Du vivant de ta première femme...
Oui, mais elle ne vit plus.
Non, mais son fils est vivant.
Et alors ?
ll revient à la maison.
Et il va y trouver une nouvelle mère.
Une mère plus jeune que lui.
Qu'importe !
Qu'importe ?
Je trouve cela... honteux !
Je vais à la rencontre de Martin.
Le pasteur Absalon est là ?
Non, il est allé au devant de son fils.
Le fils, c'est moi.
Vous êtes son fils ?
Et vous, sa femme ?
ll me semble vous avoir déjà vu.
Où donc ?
En songe, peut-être.
J'ai souvent pensé à vous...
À ce que vous diriez devant une mère si jeune.
Je vous promets d'être un bon fils.
Désormais, vous êtes mon fils.
Ma jeune mère.
Mon grand fils.
Que fait mon père ?
Le voici.
Anne, faisons-lui une surprise.
Je vais me cacher.
Et Martin ?
ll n'est pas arrivé ?
- ll ne tardera pas. - J'espère !
Qu'est-ce ?
Le recueil de Martin !
La Chanson de la vierge au pommier.
''Une jeune fille était assise sur la branche d'un pommier.
''Un jeune homme vint à passer.
''Elle s'étendit, s'étira et tomba dans ses bras.''
Martin !
Voilà Anne.
Tu n'embrasses pas ta mère ?
- Viens dans ma chambre, fils. - Oui, père.
Marte Herlof !
Mais tu saignes !
Ce n'est rien.
ll faut que tu m'aides, que tu me caches.
S'ils me trouvent, ils me brûleront.
On t'accuse de sorcellerie ?
Jadis, j'ai aidé ta mère.
Elle aussi, accusée de sorcellerie.
Ma mère ? Ce n'est pas vrai.
C'est la vérité.
lls l'ont relâchée car tu étais sa fille.
Tu ne peux pas m'envoyer à la mort.
Viens.
Pense au bois pour le fourneau.
- Où vas-tu ? - Nulle part.
Et le placard ?
Grand-mère !
Où est Anne ?
Tu es bien silencieuse...
Nous cherchons Marte Herlof.
lci ?
Dans le presbytère ?
Des enfants l'ont vue entrer ici.
Ce n'est pas possible.
As-tu vu Marte Herlof ?
Si elle est entrée ici, c'est à notre insu.
Cherchez-la, je vous en prie.
Des gouttes de sang.
Venez voir.
Y a-t-il un autre accès au grenier ?
Oui, l'autre escalier.
Dis à Hans et Henrik d'y aller.
Seigneur, protégez-nous !
Et ce jour
devait être un jour de joie !
J'ordonne
que le très honoré pasteur Absalon Pedersen
confesse Marte Herlof, l'exhorte à avouer,
pour qu'elle meure dans le repentir
et sauve son âme.
Aidez-moi, Absalon.
Sauvez-moi du bûcher.
Dieu seul peut t'aider.
Vous le pouvez, si vous le voulez.
Faites pour moi ce que vous avez fait pour la mère d'Anne.
- Que veux-tu dire ? - Vous l'avez épargnée.
Ne parle pas de ce que tu ne connais pas.
Je sais ce que je dis.
Vous savez bien que c'était une sorcière.
- Tu mens ! - Vous avez fait cela
pour Anne.
Viens ici !
Prosterne-toi !
Je vous en supplie, épargnez-moi.
Tu ne dois pas prier pour ta vie, mais pour ton âme !
Dis la vérité.
Que dois-je avouer ?
Que tu es une sorcière !
Une sorcière ?
J'en connais une qui l'était,
la mère d'Anne.
Et vous l'avez graciée.
Tais-toi !
J'ai une peur atroce de la mort.
Viens !
Le jour de colère, tel la nuit noire
Saisit le monde par ses extrémités...
Vous, ici ?
Je suis venu écouter le chœur.
Pourquoi ce chant ?
Pour le moment où Marte brûlera.
J'entends constamment ses cris !
Venez. Partons.
Le jour de colère
Tel la nuit noire
Saisit le monde par ses extrémités...
Elle cède.
Vas-tu avouer ?
Oui.
Enfin.
Relâchez-la.
''Le bourreau l'écartela, et elle promit d'avouer.''
Avoue !
Comment es-tu entrée au service de Satan ?
Allons !
Réponds !
Tu ne veux pas ?
- Recommençons. - Non !
Avoue !
Où as-tu rencontré le Diable ?
- Etait-ce au Mont des pendus ? - Oui.
En foulant la croix ?
ll t'a défendu de communier ?
Tu as dû abjurer Jésus Christ ?
Et vendre ton âme au Diable pour l'éternité ?
Rien d'autre ?
Non.
Belle confession.
Une femme endurcie.
Peut-elle dénoncer quelqu'un ?
Nous n'avons pas terminé.
Connais-tu d'autres sorcières ?
En as-tu connu ?
Quelqu'un que tu puisses dénoncer ?
Pardon ?
Elle est morte.
Elle est morte.
De qui parles-tu ?
Qui était-ce ?
Je ne me souviens plus.
Mais je me souviendrai de vous.
Que veux-tu dire ?
Si vous m'envoyez à la mort,
vous m'y suivrez.
Tes menaces m'indiffèrent.
Qui était cette sorcière ?
Alors, parle !
Je n'en dirai pas plus.
J'ai assez parlé.
Si tu ne délies pas ta langue...
Ça suffit.
Je lui parlerai seul.
Sauvez-moi du bûcher.
Je sais que vous ne m'abandonnerez pas.
Je Te prie, mon Dieu.
Que cette femme éprouve un repentir sincère.
Qu'elle se tourne vers Toi
et songe à son salut.
Courage !
Sois forte !
Emmenez-la.
Elle n'a dénoncé personne ?
En la torturant, peut-être.
Tout sera révélé quand Dieu jugera le moment venu.
Marte Herlof, après son interrogatoire,
finit par céder aux abjurations des prêtres
et avoua ses actes de sorcellerie.
Du bois pour le foyer ?
Non, pour le bûcher.
Je suis venu te préparer à la mort.
Tu m'as abandonnée !
Non ! Je ne t'ai pas abandonnée.
J'ai beaucoup pensé à toi, ces derniers jours.
Au moyen d'assurer
le salut de ton âme.
Cessez votre sermon !
Je ne crains ni le ciel ni l'enfer !
Seule la mort m'effraie !
J'ai épargné Anne, et vous m'avez abandonnée.
Non, Marte !
Mais il n'est pas trop ***.
Anne souffrira comme moi !
Si je suis brûlée, elle le sera aussi !
Si on me brûle...
Je ne veux pas être brûlée vive.
Je ne veux pas !
Va-t'en !
Tu t'en vas ?
Je ne peux pas supporter ça.
Reste avec moi.
Je veux
parler à Absalon !
Que lui veux-tu ?
Je veux lui parler !
Une dénonciation ?
Je veux lui parler !
Elle vous demande.
Sauvez-moi du bûcher, sinon...
Sois sans crainte.
Dieu est miséricordieux.
ll détournera tes yeux et ton âme du péché.
J'accuse Anne, vous m'entendez ?
Je vous aurai !
Au bûcher, la sorcière !
Tu iras toi-même avec le Diable.
Hypocrite !
Menteur !
Le jour de colère
Tel la nuit noire
Saisit le monde par ses extrémités
Le soleil se fige parmi les ténèbres
Le jour de colère frappera, sulfureux
Et les flammes nous brûleront
Le beau palais terrestre s'écroulera
Le jour de colère, de sa bouche d'airain...
En ce si beau jour, Marte Herlof fut brûlée...
pour la plus grande gloire de notre Seigneur.
Mon Dieu,
viens à mon secours
dans ma détresse extrême.
J'ai été ton fidèle serviteur.
Mais à présent,
le doute m'envahit
et me ronge.
Seigneur et Maître, éclaire-moi,
montre-moi la voie dans ces ténèbres...
Exauce ma prière, Dieu, au nom de Jésus.
Tu veux me parler ?
Quelque chose te tourmente.
Qu'est-ce ?
Tu peux te confier à ta mère.
Mère,
j'ai péché.
J'ai péché contre Dieu.
Je Lui ai menti.
Comment ?
Explique-moi.
Je suis ta mère.
- N'est-ce pas ? - Oui.
Mais ce combat, je dois le mener seul.
Depuis que Marte a été arrêtée, tu as changé.
À présent qu'elle a été brûlée, tu es étrange.
A-t-elle dénoncé quelqu'un ?
Gardes-tu un secret ?
Elle n'a pas dénoncé âme qui vive.
Âme qui vive ?
Âme qui vive ?
As-tu remarqué comme les yeux d'Anne
sont ardents ?
Comme ceux de sa mère.
Ses yeux brillaient du même feu.
Pourquoi me dis-tu cela ?
Un jour, il faudra choisir.
Choisir quoi ?
Entre Dieu et Anne.
C'est la haine qui te fait parler ?
Non, c'est mon amour pour toi.
Bonne nuit, grand-mère.
Bonne nuit, Martin.
Bonne nuit, père.
Bonne nuit, mon fils.
Nous avons à nous parler.
Au sujet de ta mère.
Mère ?
Est-ce que maman pouvait...
- Tu le savais ? - Oui.
Mais est-ce vrai ?
Elle a avoué.
Avoué quoi ?
Elle savait appeler...
Appeler ?
Elle appelait les vivants et les morts,
et ils apparaissaient.
Si elle voulait une mort, elle l'obtenait.
L'as-tu épargnée pour m'obtenir ?
Tu me le reproches ?
Ta bonté envers elle ? Non.
As-tu toujours été bon avec moi ?
- Ne suis-je pas un bon mari ? - Si.
Mais m'as-tu jamais demandé si je t'aimais ?
Tu étais si jeune... Une enfant.
Oui, mais t'aimais-je ?
C'est étrange, je n'y ai jamais pensé.
En effet, tu n'y as probablement jamais pensé.
Absalon,
prends-moi dans tes bras et rends-moi heureuse.
Non, Anne.
Je vais dans ma chambre.
Je dois m'entretenir avec Dieu.
Bonne nuit.
Regarde-moi dans les yeux.
Tes yeux merveilleux d'innocence.
Comme ceux d'un enfant.
Purs et clairs.
Parle-moi de ma mère.
Elle appelait vivants et morts
et ils devaient venir.
- C'est ça ? - Pourquoi le demander ?
Quel étrange pouvoir
mère avait-elle...
Un humain peut donc avoir ce pouvoir...
Martin.
J'ai ce pouvoir.
Tu pleures ?
Je te vois à travers mes larmes.
Larmes que j'essuie.
Tes yeux sont uniques.
Comment sont-ils ?
lnnocents ?
Purs et clairs ?
Non,
profonds et énigmatiques.
Mais je vois au fond d'eux.
Que vois-tu ?
Une flamme qui vibre et tremble.
Allumée par toi.
Viens !
Allons au bois de bouleaux.
Comme je suis heureuse !
Simplement de pouvoir dire ''je t'aime''.
Et de savoir
que toi et moi...
Tu es dans mes pensées.
Et toi, dans mes rêves.
Voici la source.
Viens !
Encore ?
Non, pas d'eau.
Quoi, alors ?
Bois.
J'entends un murmure.
C'est l'herbe.
Qu'est-ce qu'elle chante ?
Un chant sur nous deux.
La chanson de ton amour.
Et du tien.
Martin,
prends-moi dans tes bras
et rends-moi heureuse.
Sauve-nous de tout danger en ce jour.
Pour que nous puissions
être sereins et sans crainte devant Toi.
Béni soit Ton nom pour l'éternité.
Puis-je lire un verset ?
Avec plaisir.
''Ainsi parlait la rose de Saron à son ami :
''Tu es beau, toi, l'élu de mon âme,
''tel un pommier parmi les arbres de la forêt.
''Dans ton ombre, je veux me reposer.''
Assez pour aujourd'hui !
Veux-tu cesser !
Abominable fille !
Voyons, grand-mère.
Je dis ce que je pense.
Martin, où es-tu donc ?
Tu sembles si loin de nous.
De moi comme de ton père.
Promets-moi que tu penses à lui.
Que tu ne lui feras pas de peine.
Martin, tu veux bien... ?
Elle ne t'aime pas.
Que m'importe ? Si tu es bon pour moi
et que tu m'aimes.
Qu'allons-nous devenir ?
Embrasse-moi.
Alors, c'est moi qui t'embrasse.
- Voilà. - Merci.
Ferme la porte.
C'est la première fois que j'entends Anne
rire ainsi.
Comme elle a changé.
Même sa voix est différente.
Changé ? En effet !
Quand je les vois ensemble,
je sens que je suis si vieux
et elle, si jeune.
ll est bon que Martin soit là.
Je vais les rejoindre et être jeune avec eux.
Comme c'est bon de t'entendre rire.
ll faut partir.
- Où donc ? - À la rivière.
Je voulais te demander de lire mon sermon.
Avec plaisir.
Ça ne peut pas attendre ? J'étais si contente.
Je serai le dernier à te priver d'un plaisir.
Allez-y.
Viens.
Le sacristain est là.
Maître Laurentius m'envoie.
ll va mourir.
Laurentius ?
ll vous prie de le préparer.
J'ai apporté le Saint Calice.
Je viens.
Comme tes mains sont vivantes !
Tes doigts.
Tes poignets.
Je sens ton cœur.
ll bat pour toi.
Le soleil colore tes joues.
Ce n'est pas le soleil, mais le bonheur.
Combien de temps va-t-il durer ?
Toujours !
Anne, où finirons-nous ?
Là où le courant nous porte.
- Un jour... - N'y pensons pas.
ll peut arriver tant de choses.
Je vois mon père entre nous.
Je ne vois que toi.
C'est bien moi.
Bien au chaud comme dans les bras de sa mère.
Marte ne m'a pas oublié.
Que voulez-vous dire ?
Elle m'a promis la mort.
Elle a reçu un châtiment mérité.
Sans doute.
Laisse-moi partir.
- Partir ? - Oui, séparons-nous quelque temps.
Nous séparer ?
Comment le pourrions-nous ?
Pense à tout ce qui nous unit.
Regarde cet arbre.
- Le chagrin le courbe. - Non, le désir.
Le chagrin pour nous.
Le désir de sa propre image.
Rien ne peut le séparer de son reflet.
Rien non plus ne nous séparera.
Mon corps vient de la terre.
Et je le rends à la terre.
Mon âme vient de Dieu.
Et je la rends à Dieu.
Donnez-moi vos mains.
Donnez-les-moi.
Je les tiens
jusqu'à ce que le froid m'emporte.
Je ne tarderai pas à vous suivre.
- Vous voulez me consoler ? - Non.
Je sens souvent la mort me guetter.
Je l'attends avec courage,
avec espoir.
Avec la mort commence la vie.
Si nous pouvions mourir ensemble...
Mourir ?
Pourquoi ?
Pour expier nos fautes.
Nos fautes ?
Est-ce une faute que d'aimer ?
Ne dis rien,
une seule chose compte.
Nous sommes l'un à l'autre.
Tu es comme le pommier
parmi les arbres de la forêt.
Dans ton ombre, je veux me reposer.
Quelle tempête !
Que de malheurs après une telle nuit !
Qu'entend-on d'autre en ces jours ?
Et la bière d'Absalon ?
Je l'ai oubliée.
C'est le corps de Jésus
qui t'est donné pour toi et tes péchés
afin qu'il te fortifie dans la foi
pour la vie éternelle.
C'est le sang de Jésus,
mort sur la croix pour racheter tes péchés.
Puisse-t-il te fortifier dans la foi
pour la vie éternelle.
Non, tu ne dois pas voir.
Si, fais-moi voir.
Vois-tu ce que c'est ?
Oui, c'est un poirier.
N'importe qui peut voir que c'est un pommier !
Et là, c'est une fleur.
- Une seule ? - Oui.
Mon pommier n'a qu'une fleur.
Pourvu qu'il évite le marais.
J'irais à sa rencontre si je connaissais son chemin.
Vous risqueriez de vous rater.
ll va sûrement contourner le marais.
Ne vois-tu pas qu'elle désire que tu restes ?
Anne a raison. Nous risquons de nous croiser.
Mieux vaut l'attendre.
Alors, attendons tous les trois.
- Vous restez ? - Oui.
Je vais me coucher.
Dieu protège ceux qui sont en mer.
Et ceux qui n'y sont pas.
Vous pensez à Absalon ?
Oui.
Et à toi.
Bonne nuit.
Rien n'est plus paisible
qu'un cœur qui a cessé de battre.
Tu devrais te marier.
Rien ne presse.
Je ne tiens à personne au monde
autant qu'à ton père.
Dieu me l'a donné
et je le protégerai
jusqu'à ma mort.
Qu'as-tu contre Anne ?
Je ne lui ai jamais fait de mal.
Mais tu ne l'aimes pas.
Non, je ne l'aime pas.
Je la dé*** !
La femme de père !
C'est le seul chagrin qu'il m'ait jamais causé.
Comment peux-tu parler ainsi ?
Je le dis car c'est la vérité !
Une jeune femme innocente...
lnnocente ?
Une telle...
J'ai dit ce que je pensais.
Je vais me reposer.
Bonne nuit, Martin.
Que le seigneur te bénisse.
Mon Anne.
Oui, la tienne !
La mienne, mais la femme de mon père...
Sa femme, oui ! Mais je ne l'ai jamais aimé.
Et il ne m'a jamais aimée.
Tu ne penses jamais à lui ?
Je me dis souvent : ''S'il était mort...''
- Le désires-tu ? - Non.
Je pense seulement que s'il l'était...
Vous êtes souffrant ?
ll m'a semblé que la mort me frôlait.
La mort ?
Allons, partons !
Allons vivre près de la mer.
Tous les matins, je me réveillerai à tes côtés.
Je te réveillerai avec un baiser.
Nous resterons étendus longtemps.
J'entends un petit Martin qui crie
dans son berceau.
Et comme j'ai trouvé la vie sur ta poitrine,
lui trouve la vie à mon sein.
Je lui rendrai la tendresse que tu m'as donnée.
en lui chantant notre chanson.
La chanson sur nous deux.
N'est-ce pas merveilleux ?
Si.
Mais ce n'est qu'un rêve.
Qu'importe, pourvu que le rêve soit beau.
- Pas encore couchés ? - Non.
Nous t'avons attendu, Martin et moi.
Tu as bien ***é.
Comment va Laurentius ?
ll a eu une mort très douce.
Tu veux un peu de bière ?
Merci, Anne.
Et merci de m'avoir attendu.
Père, tu es fatigué, va te reposer.
Je ne trouverai pas le repos.
L'homme que j'ai quitté a eu une mort sainte.
Par contre,
quand je pense aux derniers souffles que j'ai recueillis,
je ne vois que péché, péché,
encore et toujours.
Bonheur caché,
péché caché.
Jésus, mon Seigneur,
quelle vie mènent les hommes !
Quelles étranges paroles...
Une étrange inquiétude pèse sur moi.
Tout à l'heure,
j'ai eu l'impression que la mort me frôlait.
Je n'entendais rien.
Je ne voyais rien.
Mais dans mon for intérieur, j'ai senti sa présence.
Ma mort a été prononcée.
Tu es fatigué et souffrant...
Souffrant, non, mais bien fatigué.
Je vais me coucher.
Bonne nuit, mon garçon.
Si je pouvais dissiper tes sombres pensées...
Tu as probablement aussi les tiennes.
Tu penses trop à la mort.
Tu as raison.
Mais je ne peux m'en empêcher.
Ma mort a été prononcée.
Qui la souhaiterait ?
En effet, qui le pourrait ?
Anne, tu as désiré ma mort, toi ?
Moi ? Et pourquoi donc ?
D'abord, j'ai commis une grande injustice.
Je ne t'ai pas demandé si tu voulais être à moi.
Je t'ai prise.
J'ai pris ta jeunesse.
Cette injustice, je ne pourrai jamais la réparer.
Oui, c'est vrai.
Tu as pris ma jeunesse.
Tu as pris ma joie.
J'ai rêvé d'un homme qui m'aimerait.
J'ai rêvé d'un enfant blotti dans mes bras.
Mais tu ne m'as rien donné.
Si j'ai désiré ta mort ?
Oui, des centaines de fois.
Quand nous étions ensemble.
Quand tu me quittais.
Mais jamais autant que depuis que Martin et moi...
- Martin et toi ? - Oui !
Martin et moi.
Maintenant, tu le sais.
Et maintenant, je désire ta mort.
Ta mort !
Dois-je le veiller ?
Non, Martin veillera, cette nuit.
Pourquoi ne dis-tu rien ?
Mais parle donc !
Le savait-il ?
Que veux-tu dire ?
Savait-il que toi et moi...
Tu le lui as dit ? ll le savait et il m'appelait.
J'ai si froid... Réchauffe-moi.
J'entends encore sa voix.
Père !
Pleures-tu à cause de lui ?
Ou de moi ?
Je pleure sur mon sort.
Mon Dieu, si seulement j'étais mort !
Tout... tout est fini.
Non. C'est maintenant que tout commence.
- Pas pour moi. - Pour nous.
Pourquoi devait-il mourir ?
Je crois qu'il est mort pour nous.
J'ai peur de toi.
Peur de celle que j'aime.
Tu t'en vas ?
Ne penses-tu pas à moi ?
Je ne pense plus qu'à lui.
Je vais rester et le veiller.
Veux-tu que je veille avec toi ?
Non, je veux être seul.
Tu m'évites ?
C'est moi que je veux fuir.
Nous devrions, à genoux,
implorer son pardon.
Je n'ai rien à me faire pardonner.
Mais je sais qu'il nous aurait compris.
ll se trouve devant Dieu et nous accuse.
Non. ll prie pour nous
car il voit combien nous souffrons.
Te rappelles-tu ce que tu as dit ?
Que tu avais pensé à sa mort...
Comme une éventualité...
As-tu souhaité sa mort
au point qu'il doive mourir ?
Avais-tu le pouvoir de désirer sa mort ?
Réponds !
C'est au bûcher que tu m'envoies !
Avais-tu le pouvoir de désirer sa mort ?
Reviens à toi.
Martin, je t'aime,
c'est mon unique crime.
Tu voulais sa mort ?
Tu me rends folle, Martin. ll faut me croire.
Je ne suis pas coupable.
Dis-le près du cercueil.
Je ne suis pas la cause de sa mort.
Me crois-tu maintenant ?
Nous retrouverons-nous encore ?
Qui pourrait nous en empêcher ?
Le mort.
ll n'est pas à craindre.
Tu penses à Merete ?
Oui.
Je t'aime.
Et tu m'aimes.
Puisque nous avons péché ensemble,
nous devons rester unis dans le malheur.
Si Merete m'accuse,
resteras-tu à mes côtés ?
Oui, je te le promets.
Tu ne me quitteras pas ?
Non. Nous sommes liés à jamais.
Des jours resplendissants vont venir.
Même si nous ne les voyons pas encore.
La nuit vient à nous
Tandis qu'un jour blême s'enfonce dans la tombe
Jésus, guéris nos blessures
Guide nos pas
Notre vie sur terre, pleine de tentations
Est semée de dangers mortels
Sans cesse, le péché nous guette
Aide-nous à l'éviter
Seule Ta parole
Remplit notre âme d'espérance
Et nous éveille de la mort
Apaise nos angoisses
En tant que fils et héritier du défunt,
me voici auprès de son cercueil.
Je vous remercie, au nom de sa mère,
de son épouse et en mon nom,
d'être là.
Mon cœur est rempli de peine.
Dieu m'a donné
un père plus grand
et meilleur que la plupart des hommes.
Père, tu as été si bon pour moi
que je ne pourrai jamais
te témoigner assez de gratitude.
Maintenant que tu n'es plus,
la peine que je t'ai causée me hante.
Si tu vivais encore,
je serais un bien meilleur fils.
Pardonne-moi
si je me suis laissé emporter par mes sentiments.
Encore un mot.
Un mot au nom de la famille.
Selon l'usage, je jure devant Dieu
et devant les hommes
que la mort soudaine de mon père
n'est imputable à personne.
Sa femme était auprès de lui quand la mort est venue.
Sa mère et moi, à ses côtés, quand il a rendu l'âme.
Que la paix de l'Eglise soit sur celui qui repose ici.
Attendez !
À moi de parler.
La vérité que le fils ne veut pas dire,
la mère doit la révéler.
Mon fils, qui est étendu dans ce cercueil,
a été assassiné
par celle qui se trouve là.
Je demande
vie pour vie, sang pour sang.
Ne la croyez pas, je réponds de sa femme.
Ce que je dis est la vérité.
Je vengerais mon père si...
Tu ne le vengerais pas.
Car tu es toi-même en son pouvoir.
Avec l'aide de Satan, elle t'a ensorcelé.
Avec l'aide de Satan, elle a tué son mari.
Je l'accuse de sorcellerie.
Qu'elle nie, si elle ose !
Avec l'aide de Satan ?
Tu as entendu.
Pour que la lumière soit faite,
je t'ordonne de poser la main sur le mort et de prêter serment.
Es-tu prête à une telle épreuve ?
Absalon.
J'ai...
Je témoigne...
Ainsi, tu t'es vengé.
Oui,
je t'ai assassiné avec l'aide de Satan.
Et avec son aide,
j'ai pris ton fils en mon pouvoir.
Maintenant, tu sais.
Je te vois à travers mes larmes.
Mais personne ne vient les essuyer.
Jour de colère, regarde-les devant Son trône,
tels de petits grumeaux
vêtus de honte et d'une foi coupable.
Jour de colère, soulève les corps pliant sous le péché,
libérés de l'emprise de Satan,
et élève les âmes contrites jusqu'aux cieux.
Ecoute notre repentir,
triste fleuve de larmes.
Jésus, sauve-nous par Ton sang.
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