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Eh bien... pour moi, à moins que j'interprète mal ce que tu désignes par "ton année de transition",
quand tu dis qu'elle est derrière toi, que maintenant c'est fini...
moi, je n'ai pas fini.
Et je ne sais pas... peut-être que je parle d'un aspect de la vie qu'on connaît tous.
Une aventure qui dure toute la vie.
Pas un point qu'on atteint et qu'on dépasse.
Ce point est toujours devant nous.
J'ai découvert que j'étais toujours en mouvement, que c'était un mouvement perpétuel.
Un développement perpétuel. Ma vie change perpétuellement.
Tu vois, je ne sais pas ce que tu traverses ou ce que tu devras affronter.
En t'exposant ainsi... - Je ne sais pas non plus !
Mais je t'encourage à rester confiant.
Je t'encourage à rester confiant, et ouvert.
C'est ce qui te rendra complet, ce qui te sauvera du déchirement.
Ce qui te rendra entier.
Et tu aideras les autres à l'être aussi.
Quand je dis qu'autrefois, je n'étais que la coquille de moi-même,
c'est ce qu'on ressent quand on est intérieurement vide.
La plus simple définition de la transition que je peux vous donner, c'est : être fidèle à soi-même.
La définition la plus compliquée, c'est : se permettre de faire partie des autres, et permettre aux autres de faire partie de nous.
Permettre la formation de ces relations.
Mes amis du séminaire ont été mes premiers vrais amis, ceux à qui vous pouvez confier ce que vous pensez, ce que vous ressentez.
Alicia Amie de Malcolm au séminaire Berkeley, en Californie
Je suis resté en contact avec ma petite amie le long de la route, grâce à mon portable.
Déjà amoureux ?
C'est possible.
Pourquoi tu ne dis pas simplement : "Oui" ?
Parce que !
C'est une perspective intimidante.
Et voilà, Malcolm est amoureux !
Elle sait que tu me dois de l'argent ?
Je ne me souviens pas de ça. - Moi si !
C'était quand, la dernière fois que tu as revu tes parents ?
Je les ai vus il y a quelques semaines, au mariage d'un cousin.
Le cousin, à vrai dire, s'est montré très cool par rapport à ma situation.
Il ne m'a pas envoyé rejoindre les filles pour attrapper le bouquet de la mariée...
J'aurais bien rigolé. - Pas de bouquet, alors ? - Non.
Mais ce n'est pas le bouquet qui compte.
Personne ne m'a dit : toi, dans le rang ! Va tenter ta chance avec le bouquet !
Quel soulagement ! - J'imagine.
J'ai choisi le prénom Malcolm, mais...
tant que vos racines n'utilisent pas votre nouveau prénom,
c'est un prénom qui ne désigne que l'avenir.
Et j'aimerais qu'il y ait une continuité. C'est ce dont j'ai besoin.
Jon et Kevin Le frère de Malcolm et son compagnon Seattle, dans l'Etat de Washington
Quand on voit Malcolm avec le reste de la famille, le changement de prénom n'est pas encore acquis.
Je crois que le plus difficile, c'est ça : "alors, comment les gens vont t'appeler ?"
Et : "tu n'es plus à égalité avec les autres".
En tout cas, ils n'utilisent pas souvent le prénom "Malcolm".
Il y a neuf ans qu'on est ensemble. Alors, quand j'ai rencontré Myriam, elle sortait à peine du lycée.
Toute la famille est venue en visite, un an après qu'on ait emménagé ici.
Il y a environ quatre ans.
Myriam faisait partie du voyage, et c'est là qu'elle a voulu se faire couper les cheveux.
Elle venait de passer son diplôme, de quitter l'école, et elle voulait un nouveau départ.
Mais elle n'a rien dit de spécial à cette occasion, et il s'est sans doute écoulé...
un an au moins, avant qu'elle parle.
Elle nous l'a dit... je crois qu'elle nous a envoyé un mail.
Et ensuite, au téléphone. On n'a pas pu en discuter face à face avant un moment.
Il y a eu ce coup de téléphone, avec cette nouvelle voix et ce nouveau prénom... "Jon, on le connaît, ce Malcolm ?"
"Mais oui, on le connaît !" "Oh, c'est vrai..."
La voix était très différente, elle a changé immédiatement.
Grâce aux hormones.
Il y a toujours un moment de révélation, quand une telle chose arrive sous vos yeux.
Quand on présente Malcolm aux gens qu'on connaît d'une façon ou d'une autre.
Notamment, aux gens qu'on ne connaît pas plus que ça.
On ne réfléchit pas, quand on parle des membres de notre famille : mon frère, ma soeur... Et soudain Malcolm vient en visite.
C'est là que ça devient... "Et lui, c'est qui ? C'est lui ta soeur ??"
Et ça peut devenir très bizarre. - C'est vrai.
La dernière fois qu'il est venu, on s'est bien amusés. C'était vraiment sympa.
Mon frère Jon et son compagnon Kevin envisagent d'adopter un enfant.
Ce sera mon neveu, ou ma nièce.
Tu te sens prêt à devenir oncle ? - Oui !
Je crois.
Cet enfant aura quatre oncles.
Quatre oncles, aucune tante ? - Pas que je sache.
Je serai l'oncle avec qui il jouera au base-ball ! - Si tu veux.
L'oncle sportif !
Jon et Kevin font tous les deux l'effort de m'appeler Malcolm.
Ils m'ont avoué que ce n'était pas facile, au début, mais ils s'y sont mis, et ils ont promis que leur enfant m'appelerait Oncle Malcolm.
J'en suis très heureux.
Jon, on devrait téléphoner à maman et papa !
Salut papa ! Comment ça va ?
Moi, ça va. Je suis sur la terrasse avec Jon et Kevin.
Ce soir, on fait des grillades.
Maman avait demandé qu'on téléphone.
(Il voudrait être avec nous !)
Maman est à côté de toi ? Ok. Dites bonjour à maman, tous les deux ! - Bonjour maman ! - Bonjour maman !
Ma mère s'était fait une priorité de faire manger ses fils à la même heure...
de rassembler la famille, de nous construire des souvenirs en famille. Car comme sa mère avant elle, ma mère dit :
La famille, c'est le plus important.
On est sur la terrasse : tu entends le gril ?
Santé ! Content de te revoir à Seattle !
Lycée Harvey Milk pour les jeunes LGBT New York
J'ai dû attendre d'entrer au séminaire pour me sentir en sécurité...
suffisamment pour explorer ma personnalité, et devenir qui j'étais appelé à être, celui que Dieu voulait que je sois.
J'ai du mal à imaginer ce qu'aurait été ma vie si j'avais connu un tel espace de sécurité dès le lycée.
Le but de la vie au lycée, c'était de s'intégrer ou d'éveiller le moins d'attention possible.
Se cacher. Je me cachais de moi-même autant que des autres personnes.
Aujourd'hui, je me rends dans une école de New York, le lycée Harvey Milk.
Elle est destinée spécifiquement aux adolescents gays et lesbiennes, bisexuels et transgenres.
Je vais m'y rendre et parler aux élèves.
A mon retour, je vous dirai comment c'était.
J'ai rencontré une petite vingtaine d'élèves, de tous les âges, dont beaucoup étaient trans.
Ils avaient des questions concernant mon expérience.
Comment je fais pour supporter les difficultés ?
Que faire en tant que patient ?
Parce qu'on a besoin que le psy nous fasse une lettre, pour que l'endocrinologue nous donne des hormones, pour que tout commence et que notre vie devienne vraiment notre vie...
Que faire quand ce processus ne se lance pas rapidement ?
Pour moi, il n'y a eu qu'un pas entre le moment où j'ai appris qu'une solution existait, et le moment où j'ai pu recourir à cette solution.
J'avais déjà 22 ans, et j'étais indépendant.
Je n'avais que mes propres hésitations à surmonter.
Si vous êtes un adolescent, c'est plus difficile car vous devez passer par l'aval de vos parents.
Combien de parents soutiennent leurs enfants ? Quand il s'agit de transition, pas beaucoup.
C'est donc une variante très périlleuse.
Je me demandais ce qu'ils penseraient du fait que j'ai suivi un séminaire et que je compte devenir prêtre.
C'est l'une des premières questions qu'ils m'ont posée.
Le message de Dieu est un message d'amour.
Mais souvent, il se trouve abrégé par les limites de l'imagination humaine.
C'est pourquoi certains se retrouvent exclus.
Nous devons lui ouvrir notre imagination.
La devise des missionnaires, c'est : bâtir une communauté faite de grâce divine, de dignité, de transfiguration et d'entraide.
Certes, ce ne sont que des mots, mais ils reflèrent tout ce qui me passionne.
Toute mon expérience de Dieu. Et tout ce que nos communautés sont appelées à partager.
Groupe FtM Centre de l'Identité de Genre Denver, dans le Colorado
Nous avons deux partenaires parmi nous... partenaires de transsexuels, qui, je crois, s'identifiaient au départ comme hétéros.
On s'est rencontrés... il y a six ans ? Sept ?
Sept. - Il y a sept ans.
C'était avant qu'il commence la testostérone, mais son identité était déjà évidente.
Donc même si j'ai traversé avec lui la période de transition...
il n'a pas eu besoin de remettre en cause son identité, et moi non plus. Parce que...
Intérieurement, j'ai toujours eu cette tronche.
C'est ça ! C'est comme ça que je l'ai rencontré et c'est comme ça qu'il s'est présenté à moi.
Donc tu te considères comme une femme hétéro ? - Oui, si je devais choisir une étiquette.
Est-ce que tu t'es demandé, à un certain point, en quels termes te présenter ? Est-ce que tu t'es demandé ce que tu étais ?
Est-ce que ton identité a changé ? Est-ce que ton orientation sexuelle a changé ?
Non.
Je savais que tu dirais ça !
Je crois que c'est vrai dans n'importe quelle relation. Transsexuel, transgenre... ça n'a pas d'importance, tant que tu es sûr de toi.
C'est la même chose quand on se présente.
On fait une meilleure première impression, lorsqu'on a confiance en soi.
Mariah Central Park New York
Il n'y a pas de moment idéal pour révéler quelque chose de très surprenant.
Quelque chose que votre interlocuteur n'a pas pu distinguer au premier coup d'oeil.
On vous dira parfois qu'il y a une recette miracle pour que ça se passe bien.
Ils diront : "parle-lui de ça tout de suite, dès que vous commencez à sortir ensemble."
D'autres diront : "attends, pour lui en parler, que la relation commence à devenir sexuelle."
Il y a aussi ceux qui vous conseilleront d'en parler lors d'une soirée entre amis...
Je crois que j'ai dit : "je suis transgenre."
Ce n'est pas une définition complète, la personne a des questions ensuite. "Tu te travestis ? tu veux devenir une femme ?"
Bref, je crois qu'elle m'a posé des questions pour clarifier, ou c'est moi qui ai complété :
FtM, "femme vers homme".
Ensuite, je crois que j'ai laissé passé un mois avant de lui proposer qu'on sorte ensemble.
Je ne me rappelle pas que ma proposition ait été particulièrement élégante, mais...
Quoi qu'il en soit, elle a accepté,
et elle s'est avérée plus merveilleuse que tout ce que j'avais imaginé.
On a continué à se voir, et voilà !
Me voilà en couple avec cette femme formidable,
et je me suis dit que tôt ou ***, je finirais par l'épouser.
Je n'arrivais pas à m'ôter cette idée de la tête donc je lui ai fait ma demande.
Quelle est la règle numéro un ?
"Etre aux petits soins pour sa fiancée."
(C'est moi !)
Ce qui est dommage, c'est que la situation est tellement inconfortable pour ma famille, qu'ils ont du mal à se réjouir de cette nouvelle.
Ils n'avaient jamais imaginé me voir marié, en particulier à une femme.
Ce n'est pas leur souhait que j'exauce. Il essaient de s'y résigner.
Ils essaient de comprendre quel est mon souhait.
L'idée d'un mariage traditionnel a quelque chose d'un peu...
- Oui, je vois. - C'est ce que les gens s'attendent à voir, c'est leur attente quand ils nous voient.
C'est ce qui plaît... C'est pour ça que j'ai hâte de faire la répétition du mariage : c'est là que nos familles dînent ensemble !
Eh oui !
Ce sera intéressant de voir se rencontrer des contacts issus de milieux différents.
Sa famille et la mienne.
Il y aura des gens qui parlent toujours de moi au féminin, et en utilisant mon ancien prénom.
Et on n'a pas tout raconté à tout le monde.
On s'est demandé, en préparant, s'il fallait organiser un coming-out général avant la noce, ou si ça risquait de la mettre en péril.
On a décidé de faire notre coming-out après. D'ici là, on supportera les situations absurdes.
Je peux aussi ne pas inviter ma famille. Ou peut-être qu'ils ne viendront pas.
Mais ma famille va se demander pourquoi tu ne leur présentes pas tes parents.
Ils trouveront ça terriblement étrange.
Tu pourrais arriver avec moi, et... Je sais ! On peut me trouver un surnom.
On arrange ça avant le dîner, et ensuite, je me débrouille pour que mes parents m'appellent comme ça.
Tes parents ne se douteront de rien.