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Les crises du capitalisme, 26 avril 2010
Est-il temps de regarder au delà du capitalisme vers un nouvel ordre social
qui pourrait nous permettre de vivre dans un système
qui serait responsable, juste et bienveillant?
Nous avons traversé cette crise
et des explications ont été avancées, sous plusieurs formes
Et il est intéressant d'examiner ces différentes formes.
Une forme affirme que tout converge vers la fragilité humaine.
Ceci est illustré par Alan Greesspan, qui a pris refuge dans le fait qu'"il s'agit de la nature humaine".
il a dit: "vous ne pouvez rien faire face à cela."
Mais il y a une immensité d'explications
qui affirment que les instincts prédateurs sont à blâmer.
L'instinct de domination.
Les illusions des investisseurs,
l'avarice et tout le reste.
Il y a donc toute une discussion à ce sujet.
Et bien entendu, plus on en apprend sur les pratiques quotidiennes de Wall Street,
plus on réalise qu'il y a une grande part de vérité dans tout cela.
La deuxième forme pointe vers les échecs institutionnels.
Le fait que les régulateurs se sont endormis devant le bouton rouge.
Le système banquier, dissimulé, a innové en dehors de leur cadre de régulation.
Etc etc etc.
Et par conséquent, les institutions doivent être reconfigurées.
Et l'effort doit être global, par le G-20, ou un rassemblement de ce genre.
Donc, nous examinons l'aspect institutionnel et affirmons
que les institutions ont défailli et qu'elles doivent être reconfigurées.
La troisième forme est de dire que tout le monde était obsédé par une fausse théorie.
Ils lisent trop Hayek (Friedrich Hayek, économiste, NDT)
et croyaient en l’efficacité des marchés.
Et il est temps que nous revenions aux idées de Keynes.
Nous avons peut-être pris trop au sérieux la théorie de Hyman Minski
à propos de l'instabilité inhérente des activités financières.
La forme suivante est d'évoquer les origines culturelles,
que nous n'entendons pas beaucoup aux États-Unis;
mais si vous êtes en Allemagne ou en France,
il y a beaucoup de gens qui diraient qu'il s'agit d'une maladie Anglo-Saxone,
qui n'a rien à voir avec eux.
Et il se trouve que j'étais au Brésil lorsque la crise s'est produite, et
Lula disait, dans un premier temps:
"Remercions le Ciel que les États-Unis soient recadrés par l'équivalent de l'IMF.
Nous avons traversé cela 8 fois durant les 25 dernière années
et maintenant, c'est leur tour. Fantastique!", disait Lula, ainsi que tous les autres habitants
d'Amérique Latine, jusqu’à ce que la crise leur parvienne, ce qui c'est produit.
Et ils ont quelque peu changé de ton, depuis.
Donc, d'une certaine manière, le problème est devenu culturel.
Et vous pouvez le constater en observant la manière dont le problème grec est géré.
La presse allemande dit: "Et bien, c'est le caractère grec,
il s'agit de défauts dans le caractère grec."
Et il y a d'autres déclarations dans ce style qui circulent.
Mais, en réalité, il y a quelques caractéristiques culturelles qui ont conduit à la crise.
Par exemple, la fascination des USA
vis à vis de la propriété immobilière,
qui est censée être une valeur culturelle importante.
Ainsi, 67, 68% des foyers américains sont propriétaires,
contre seulement 22% en Suisse.
Bien sur, il s'agit d'une valeur culturelle aux États-Unis
qui est alimentée par la déduction d’impôts sur les intérêts des prêts hypothécaires.
Il s'agit d'une énorme subvention,
qui est encouragée explicitement depuis les années 30.
La subvention est née de la théorie exprimant
que les propriétaires endettés ne feront pas grève.
Et puis il y a la notion qu'il s'agit d'un échec de la règlementation,
étant entendu que la règlementation est intervenue.
Et il y a une alliance amusante entre Glenn Beck,
travaillant à Fox News et la Banque Mondiale,
affirmant tous deux que le problème est lié à une régulation
excessivement inadaptée.
Il n'y a donc toutes ces explications, qui ont toutes une certaine part de vérité.
Et des écrivains talentueux vont adopter l'une ou l'autre de ces perspectives
et construire une histoire qui sera probablement très plausible.
Et je me suis demandé:
"Bien, quelle histoire plausible puis-je écrire qui ne couvre pas les causes ci-dessus?"
C'est l'une des questions que je me pose toujours, et ce n'est pas difficile à faire
particulièrement lorsqu'on adopte la perspective marxiste,
car il n'y a pas beaucoup de gens qui adoptent cette perspective pour faire une analyse.
Et j'ai été engagé dans cette voie par un évènement
qui s'est produit à la London School of Economics il y a 1 an et demi,
lorsque sa majesté la Reine a demandé aux économistes:
"Comment se fait-il que vous n'ayez pas vu cela arriver?"
Elle ne l'a pas dit de cette façon, mais c'était l'idée.
Ils étaient très contrariés et elle à appelé le gouverneur de la Banque d'Angleterre.
Elle a dit: "Pourquoi ne l'avez vous pas vu venir?"
Et la British Academy à réuni tous ses économistes
qui ont écrit cette fabuleuse lettre
à sa Majesté.
Et c'était incroyable. La lettre expliquait:
"Bien, en fait, vous savez, un grand nombre de gens dévoués et intelligents ont passé leur vie
à travailler sur certains aspects de la chose très sérieusement,
mais l'un d'entre-eux n'a pas anticipé le risque systémique."
Et elle a dit:"Quoi?"
[Rires]
Et ils ont continué la conversation en évoquant la politique du déni et tout le reste.
Donc je pensais au risque systémique,
et je l'ai traduit en termes marxistes.
On évoque les contradictions internes de l'accumulation de capital.
Et peut-être devrais-je écrire quelque chose
au sujet des contradictions internes de l'accumulation de capital,
et essayer de trouver le rôle de cette crise dans toute l'histoire du capitalisme.
Et ce qui est spécifique et spécial à cette crise en particulier.
Je me disais qu'il n'y avait pas énormément d'approches à adopter pour ce faire.
L'une d'entre-elles était d'observer ce qui s'est produit des années 70 à aujourd'hui.
La thèse est que la forme de cette crise est dictée
d'une certaine manière par la façon
dont nous nous sommes extraits de la crise précédente,
et que le problème dans les années 70
était le pouvoir excessif du travail par rapport au capital,
et que par conséquent, la dernière sortie de crise
passait par des modifications dans la main d’œuvre.
Nous savons comment cela s'est produit.
Cela s'est produit par la délocalisation.
Une politique menée par Thatcher et Reagan,
grâce à une doctrine néo-libérale;
tout cela étant réalisé de différentes manières.
Mais en 1985 ou 86, la question de la main d’œuvre
avait été résolue en faveur du capital, qui avait accès à la main d’œuvre du monde entier.
Personne, dans cette situation, n'a cité
l'avarice des syndicats en tant qu'origine de la crise.
Personne, dans cette situation, ne disait:
"Cela est lié au pouvoir excessif de la main d’œuvre."
S'il y a une explication, c'est bien le pouvoir excessif du capital,
et en particulier le pouvoir excessif du capital financier
qui est à la racine du problème.
Donc, comment cela s'est-il produit?
Et bien, nous sommes dans une phase, depuis les années 70, de "tassement des salaires".
Les salaires ont stagné.
La part des salaires dans le revenu national
dans les pays de l'OCDE a constamment baissé.
Ils baissent également en Chine, étonnamment.
Il y a donc moins d'argent payé sous forme de salaires.
Et les salaires constituent également l'argent
avec lequel les biens sont achetés.
Si vous diminuez les salaires,
vous avez un problème cocnernant l'origine de la demande.
Et la réponse était: "Bien, sortons nos cartes de crédit."
Nous donnerons des cartes de crédit à tout le monde."
Nous surpasserons, si vous préférez, le problème de la demande réelle
en gonflant l'économie du crédit.
Puis les foyers américains et britanniques
ont environ triplé leur dette ces 20, 30 dernière années.
Et une quantité importante de cette dette, bien sur, s'est développée dans le marché immobilier.
Et une théorie émerge de tout ceci,
une théorie qui annonce que le capitalisme ne solutionne jamais ses crises.
Il les déplace géographiquement.
Et nous sommes les témoins de ce mouvement géographique.
Tout le monde dit, "Très bien, tout est
sur la voie de la reprise aux États-unis."
Puis la Grèce explose, et tout le monde dit:
"Qu'en est-il du PIIGS?" (Portugal Italie Irlande Grèce Espagne, NDT)
Et c'est intéressant, vous avez une crise financière
dans le système financier.
Vous solutionnez cela à moitié
mais au prix d'une crise de la dette souveraine.
En fait, si vous observez le processus d'accumulation du capital,
vous voyez un certain nombre de limites et de barrières
et Marx utilise un merveilleux langage dans l'ouvrage "Grundisse",
dans lequel il évoque la manière dont le capital ne peut pas
supporter de limite.
Il doit la transformer en une barrière
qu'il contourne ou transcende.
Et lorsque vous observez le processus d'accumulation du capital
vous déterminez où les barrières et limites se trouvent.
Ainsi, une observation simple serait:
"Regardez, le processus typique de circulation
et d'accumulation se construit en ces termes:
vous commencez avec de l'argent.
Vous entrez sur le marché pour acheter de la main d’œuvre, du pouvoir
et des moyens de production.
Puis vous les mettez à l’œuvre,
avec une forme de technologie et d'organisation
et vous créez un bien,
que vous pouvez vendre avec le montant d'argent original plus un profit."
Puis, vous prenez une partie du profit
que vous re-capitalisez sous la forme d'une expansion
pour des raisons très intéressantes.
Il y a donc deux points à dégager :
le premier est qu'il y a un certain nombre de barrières.
Comment l'argent est-il réuni
au bon endroit,
au bon moment,
en quantités suffisantes?
Et cela requiert de l'ingéniosité financière.
Donc l'histoire complète du capitalisme se résume à une série d'innovations financières.
Et l'innovation financière
à pour conséquence, parallèlement, de donner du pouvoir aux financiers.
Et le pouvoir excessif des financiers, peut conduire...
Effectivement, Ils deviennent avares, sans aucun doute.
Et si l'on observe les profits financiers aux États-Unis,
on constate qu'ils sont montés en flèche après 1990.
Les profits dans l'industrie manufacturière sont tombés en flèche.
Et vous pouvez constater ce déséquilibre dans ce pays.
Je pense que la manière dont ce pays s'est appuyé sur la City de Londres
à l'encontre de l'industrie britannique depuis les années 50,
a eu des implications sérieuses sur l'économie de ce pays.
Vous avez fourvoyé l'industrie de manière à satisfaire les financiers.
Toute personne censée rejoindrait une organisation anti-capitaliste.
Et vous devez le faire.
Faute de quoi, ce système se perpétuera.
Et remarquez qu'il s'agit d'une continuation de toutes sortes d'aspects négatifs.
Par exemple, l'accumulation de grandes fortunes.
Vous auriez pensé que la crise l'aurait interrompu.
En réalité, il y a eu plus de milliardaires en Inde que jamais auparavant.
Ils ont doublé l'année passée.
La fortune des riches s'est accélérée dans ce pays.
L'année dernière seulement, les propriétaires de larges fonds spéculatifs
ont reçu des rémunérations de 3 milliards de dollar chacun,
en un an.
Je pensais donc qu'il était obscène et fou,
il y a quelques années, de les voir recevoir 250 millions de dollars.
Mais ils empochent 3 milliards de dollars aujourd'hui.
Ce n'est pas le monde dans lequel je souhaite vivre.
Si vous souhaitez y vivre, faites comme chez vous.
Je ne lancerai pas de débats et de discussions la-dessus.
Je n'ai pas les solutions. Je pense que je connais la nature du problème.
A moins que nous soyons préparés à avoir une discussion très large
qui s'écarte des thèmes classiques
des campagnes électorales, du type:
"Tout va bien se passer l'année prochaine si vous votez pour moi."
Et bien, c'est de la foutaise!
Vous devriez savoir que c'est de la foutaise.
Et dire que c'en est.
Et nous avons un devoir, selon moi,
ceux parmi nous, les universitaires qui sont sérieusement impliqués dans le monde,
de changer effectivement notre mode de pensée.
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