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Alan Borovoy : Voici un autre domaine où j'espère voir des changements. Les plaintes
des minorités visibles sont tellement nombreuses à l'encontre de la police. Il existe des
problèmes avec la police. Les gens ont l'impression que... D'ailleurs, il n'est pas nécessaire
de résoudre le problème dans toute son ampleur parce que c'est important de faire disparaître
une perception qui rend une communauté malheureuse, frustrée et inquiète.
Les gens ont l'impression que la police maltraite les Noirs. Elle est trop prompte à réprimer
injustement et trop réticente à venir en aide. Nous n'avons pas besoin de régler ce
problème dans toute son ampleur, qu'il soit aussi grave que ne l'estiment certaines minorités
visibles, ou anodin comme de nombreux agents de police le croient. Quelle que soit la mesure
dans laquelle cette perception persiste dans la communauté, les citoyens responsables
doivent la faire disparaître parce qu'elle crée un climat malsain.
Pour régler ce problème, on pourrait notamment faire campagne pour un nouveau système de
police ou un système de responsabilisation de la police renforcé. On peut engager des
poursuites contre la police. On peut la poursuivre. On peut porter plainte contre elle. Mais on
sait bien que trop peu de personnes lésées feront ces démarches. Les gens ne veulent
pas affronter la police. Ils y sont réticents. Ainsi, toutes les inégalités existantes
sont susceptibles de persister parce qu'il n'y a pas assez de personnes qui veulent défier
la police.
Nous faisons campagne depuis un moment. Le dernier organisme à m'avoir employé, l'Association
canadienne des libertés civiles, a fait campagne pour la création d'un système permettant
de contrôler les politiques et les pratiques de la police de manière indépendante, un
organisme ayant en permanence accès aux dossiers de la police, du personnel et des installations
pour mener des enquêtes.
Chose intéressante : je demande souvent aux gens s'ils ont déjà réfléchi aux facteurs
qui déterminent ce que font les agents de police tout au long de la journée. Ils ne
sont pas autorisés à faire ce qu'ils veulent. Qu'est-ce qui décide de leurs priorités?
Qui décide? Sur quoi sont fondées leurs décisions? Il faudrait qu'une tierce personne
se penche sur ces questions et observe les pratiques de la police. Est-ce que les agents
passent les menottes ou effectuent des fouilles à nu alors que ce n'est pas nécessaire?
Se conduisent-ils avec la même courtoisie avec les différents groupes lorsque c'est
nécessaire?
Nous pensons que des vérifications indépendantes devraient être menées en permanence par
un organisme sans pouvoir décisionnel, doté du pouvoir de révéler et de proposer, mais
pas celui de décider. À mon sens, faire constamment apparaître les problèmes et
les faire connaître, voilà ce qui manque dans la responsabilisation de la police. Je
pense qu'elle serait renforcée si un tel organisme existait. Je vais utiliser des mots
qui, je le sais, en exaspéreront plus d'un : il faut surveiller la police. Quand la police
exerce le pouvoir qu'on lui confère dans nos communautés, quelqu'un doit surveiller
ses agissements.