Slum Stories - Kenya - Rapper

la parole est au numéro neuf je suis né ici j'ai grandi ici ce quartier m'a modelé il m'a fait rapper Je suis fier d'être Kiberain Kibera m'a modelé numéro neuf jusqu'aux os, bébé je t'ai tout expliqué si on ressasse ces problèmes c'est que personne n'écoute dans la rue on n'a aucun droit ce sont les innocents qui se font attraper éternellement tabassés, torturés jusqu'à la mort on pratique toujours la circoncision des jeunes filles Quel problème te préoccupe à Kibera? La misère. Elle est à l'origine de tout. Elle est à l'origine de problèmes politiques. Qui dit misère, dit drogues. Qui dit misère, dit VIH. A mon avis, le gouvernement ne fait rien. Rien du tout. Je ne constate rien. Kibera n'a pas d'hôpital national. Des femmes meurent encore en accouchant. Merde, quoi. Notre député est le premier ministre. Et ici, les femmes meurent en couches. La misère pousse les jeunes comme moi à trafiquer et à voler... parce que nous voulons tous nous enrichir, réussir. Mais ceux qui naissent ici n'ont aucune chance. La chance, ça n'existe pas ici. Il faut boulonner dur. La chance n'existera jamais. Y a pas de réussite rapide. Je n'aime pas me plaindre du gouvernement... mais c'est sa mission, c'est pour ça qu'il a été élu. D'où ma déclaration: Ils profitent de la misère... car c'est drôlement lucratif. Le fric destiné aux bidonvilles et aux quartiers non officiels. Mais ce fric ne nous parvient pas. Ils vendent le maïs destiné aux expatriés. écoutez bien ces paroles gouvernement, pourquoi tu m'ignores que ça te plaise ou non je suis encore à Kibera que tu écoutes ou non je ne veux plus être cet esclave qui travaille pendant que tu dors Je prépare mon premier album, mais j'ai déjà trois mixtapes. Le mixtape est un album officieux. Le sésame ouvre-toi du secteur. Je prépare mon premier album. Il s'appellera Chocolate City. V.O.K.: La première vidéo de l'album. Dix chansons sont prêtes. Il n'en manque plus que trois, quatre pour compléter l'album. J'aime Kibera. Je ne renierai jamais mes origines. Mais je ne m'y plais pas. J'aime pas la vie qu'on y mène. Mes parents, Pépé sont de Kibéra. Ca ne peut plus continuer. Je veux changer. Impossible de changer tout en restant ici. Il faut aller de l'avant. Ainsi, on dira: Il a déménagé. Travaillons dur pour en faire autant. Mais si on conseille les autres sans bouger d'ici... ça va pas, ça n'a aucun sens. Nous aimons cet endroit, mais j'ai toujours voulu le quitter... pour inciter les autres à travailler et à partir. Tu as une collection de vêtements? -Oui, regarde. La YGB. Young Gifted and Black. L'idée de l'YGB m'est venue... tout en réfléchissant: Tous disaient: 'Octopizzo est de Kibera'... mais je refusais d'être le seul artiste originaire de Kibera. J'ai donc fondé un groupe de rappeurs appelé YGB. Nous ne faisions que du rap en 2009. Nous étions quatre. Il n'y a pas que des rappeurs à Kibéra: nous avons donc créé un groupe artistique. Fabricants de perles, graffitistes ou danseurs, tous peuvent y adhérer. En somme, YGB est comme un groupe d'art. Nos concerts visent à sensibiliser les jeunes des bidonvilles. Le groupe compte une cinquantaine de membres, des ados pour la plupart. On peut transformer des individus, mais pas le monde entier. Y a des cons, des ignorants à l'extrême. Certains considèrent les bidonvilles comme une malédiction. Ils s'y résignent. Ce sont des losers. Pour moi, vivre dans un bidonville est un défi. Que faire quand on est pauvre? Ne pas courber l'échine en se lamentant sur sa condition et mourir. Que faire? nous seuls pouvons changer cette communauté vous les jeunes, nous vous demandons de vous défendre