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Alors que Tripoli tombait aux mains des forces rebelles, Human Rights Watch a découvert des documents abandonnés
dans le bâtiment de la sécurité extérieure.
Ils se trouvaient dans des classeurs marqués "US"
et il y en avait littéralement des centaines. Il s'agissait de communications entre l'agence
des services libyens de renseignement et la CIA.
Les documents
indiquaient noir sur blanc : les États-Unis ont livré et renvoyé en Libye
des opposants à Kadhafi. Nous avons pu nous entretenir avec certains
de ces Libyens qui jusqu'à l'année dernière étaient détenus en Libye.
Ils affirment dans ces entretiens que non seulement ils ont été renvoyés en Libye par les États-Unis
mais qu'avant d'être renvoyés ils ont été maintenus en détention pendant de longues périodes
par les États-Unis en Afghanistan et soumis à des mauvais traitements très graves et
à la torture.
L'un des cas les plus troublants que nous ayons rencontré est celui de Mohammed al-Shoroeiya.
Il a été capturé au Pakistan puis transféré dans un centre de détention
géré par les États-Unis en Afghanistan.
Il y a été détenu pendant 16 mois
et soumis à de très graves sévices.
Shoroeiya a fourni un témoignage très détaillé, et très crédible de son épreuve de "waterboarding".
Il a précisé que cela s'était produit de nombreuses fois, plus qu'il ne pouvait les compter.
Les États-Unis ont affirmé que trois personnes seulement avaient subi le simulacre de noyade
et ont fourni les noms des personnes ayant subi ce traitement. Ils ont dit précisément combien
de fois le "waterboarding" s'était produit.
Le fait qu'un nouveau cas existe jette de sérieux doutes sur ces
déclarations précédentes et suscite la question : que s'est-il passé d'autre dans ces endroits
et que nous ignorons ?
Il [al-Shoroeiya] a fourni le témoignage le plus détaillé, dessinant des croquis
de sa cellule et des différents instruments de torture employés contre lui tandis
qu'il était détenu par la CIA.
Au moment de ces transfèrements, tant les États-Unis que le Royaume-Uni courtisaient Kadhafi.
Ils tentaient de l'amener à abandonner son programme d'armes de destruction massive
et à coopérer contre le terrorisme. En même temps, Kadhafi souhaitait vivement
que ses ennemis à l'étranger soient renvoyés en Libye.
Le Département d'État dans ses rapports sur les droits humains a rendu compte des exactions
qui étaient perpétrées dans les prisons libyennes à cette période, donc ils étaient parfaitement au courant
des sévices que ces personnes subiraient, et pourtant ils les ont extradées en Libye
malgré cela.
Les États-Unis doivent dire la vérité sur ce qui s'est passé dans ces centres de détention ; qui y a été
détenu ; combien de temps ils ont été détenus ; et ce qui leur est arrivé.
Les États-Unis doivent aussi fournir des compensations aux victimes de ces exactions
et mener des poursuites contre ceux qui les ont autorisées.