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C’est avec plaisir que je vous présente la 162ème série d’exposés de Noël de la « Royal Institution ».
Cette année, depuis la dernière série, nous avons à la « Royal Institution »
célébré le bicentenaire anniversaire de celui qui est perçu par un bon nombre comme
le plus grand chercheur en sciences expérimentales ayant jamais vécu, Michael Faraday.
Je pense que l’on peut dire que c’était non seulement un grand scientifique
mais aussi l’instigateur de ces exposés de Noël, qu’il commença en 1826
et que lui-même présenta pas moins de 19 fois.
Je voudrais donc vous lire ce qu’il dit au début d’une de ces séries d’exposés,
lorsqu’il se tint ici même, il me semble en 1854, il dit:
« Permettons-nous, pendant un court moment, de songer à la merveille d’exister dans ce monde.
C’est ici que nous naissons, que nous sommes élevés et que nous vivons. Malgré tout,c’est presque
sans émerveillement que nous concevons tout cela
et ne nous faisons qu’accepter la manière dont tout se produit. »
Dans l’esprit de Faraday, faire naître l’émerveillement
était la raison première des exposés de Noël.
Nous allons reprendre ce thème de nouveau cette année, car le Docteur Richard Dawkins,
Professeur de Zoologie de l’Université d’Oxford, nous dira comment vous et moi
sommes issus de ce monde et comment ceci est arrivé,
car il nous expliquera comment les êtres vivants, beaucoup de sortes d’êtres vivants, vous et moi inclus,
ont évolué sur la surface de la Terre.
Nous sommes très reconnaissants envers Shell UK et Shell International pour l’aide qu’ils nous ont fournie
ainsi que pour leur précieux soutient.
Je voudrais également prendre le temps de dire que nous organisons encore une fois une compétition cette année,
basée sur le contenu des exposés. Si vous désirez y participer
vous trouverez l’adresse affichée à la fin de l’exposé.
Il ne me reste plus qu’a vous présenter le Docteur Richard Dawkins
qui nous présentera l’exposé de Noël 1991 de la Royal Institution intitulé « s’éveiller à l’Univers ».
Bonjour et merci d’être venu.
J’aimerais commencer en vous demandant de bien vouloir faire quelque chose pour moi.
Voudriez-vous mettre vos mains sur vos têtes et tâter doucement votre propre crâne.
Cela pourrait vous sembler facile à faire
mais je peux vous assurer que… bon, vous pouvez poser vos mains.
Je peux vous assurer que la fabrication d’un instrument artificiel pouvant accomplir cela serait très, très difficile à fabriquer
et coûterait très, très cher.
Lorsque vos bras montent là-haut, des instruments de précision dans vos muscles traquent
la position exacte de chacun de vos muscles.
Des milliers de terminaisons sensorielles dans vos doigts sentent la texture exacte de vos cheveux,
la forme de vos oreilles, la forme de votre crâne.
Votre cerveau mesure la largeur de votre crâne avec une très grande précision.
Si une usine humaine fabriquait un instrument, un bras robot capable de faire cela,
cela coûterait, à mon avis, quelque chose comme 100 millions de livres.
Pensez maintenant à ce qu’entoure vos mains lorsque vous faites cela: votre cerveau.
Le cerveau est un genre d’ordinateur, mais un ordinateur tel qu’aucune usine humaine n’a jamais pu en fabriquer.
Si jamais nous réussissons à fabriquer un ordinateur ayant la puissance d’un cerveau humain,
je pense que les coûts en termes de recherche et de développement seraient aux alentours des
milliers de millions de livres.
Pourtant des têtes et des mains comme les vôtres sont fabriquées à des millions d’exemplaires quotidiennement.
Une femme peut le faire sans recherche, avec seulement neuf mois de développement. Il suffit d’être aidé un peu par un ami. (rires)
La vie fait que les merveilles de la technologie semblent banales.
D’où provient donc cette vie?
Qu’est-ce que la vie? Pourquoi sommes-nous ici? A quoi servons nous? Quelle est la signification de la vie?
La sagesse populaire veut que la science n’ait rien à dire au sujet de telles questions.
Eh bien, tout ce que je peux dire c’est que si la science n’a rien à en dire, il est certain qu’aucune autre discipline ne peut en dire quoi que ce soit.
Mais en fait, la science a, bien entendu, beaucoup à dire au sujet de telles questions.
Ce sera d’ailleurs le sujet de ces cinq conférences.
La vie croît dans l’univers par degrés progressifs: l’évolution.
Et nous, humains, grandissons dans notre compréhension de nos origines et de notre signification.
Parmi toutes les sociétés du Monde, la majorité a pratiquée une forme de culte des ancêtres.
Voici un totem d’une forme particulière de culte des ancêtres,
Bien sûr, Je ne vais pas vous encourager à adorer vos ancêtres,
je ne vous encourage pas à adorer quoi que ce soit.
Mais il est vrai que c’est à travers les ancêtres qu’on peut arriver à discerner la signification de la vie.
Vous pourriez penser qu’il est assez facile d’être un ancêtre. Il est assez facile, ou relativement facile, de se reproduire,
mais pour devenir un ancêtre vous devez avoir des descendants sur beaucoup de générations par la suite.
Et c’est plutôt loin d’être simple.
Nous pouvons y réfléchir en nous tournant vers une des sortes d’animaux les plus simples: une bactérie,
aux débuts de la vie.
Et pensez à combien de bactéries il y aurait après, par exemple, 50 générations de reproduction.
Nous allons illustrer ceci en pliant du papier.
Pourrais-je avoir deux volontaires pour plier le papier?
Bon, là et… oui, là. Merci.
Veuillez descendre et prenez le papier que vous tend Bryson.
Bon, maintenant, chaque fois que vous pliez le papier,
cela représentera une génération de reproduction.
Nous commençons donc par une bactérie,
représentée par une épaisseur de papier.
Maintenant, pliez-le… oui, si vous allez tous les deux à la même extrémité, ce sera peut-être plus facile.
Maintenant nous en avons deux. C’est cela…
plissez le par ici, c’est bon, pliez le,
et puis pliez le par ici, merci,
et continuez jusqu’à ce que vous l’ayez fait 50 fois (rire).
Ainsi qu’avez-vous obtenu jusqu’ici? Quatre? Quatre bactéries?
Bon, huit …
seize …
trente deux …
quoi, vous ne pouvez pas en faire davantage?
Bon, on dirait qu’ils ne vont pas y arriver.
Nous allons devoir nous recourir aux mathématiques pour calculer l’épaisseur qu’aurait ce papier.
D’accord, merci beaucoup, veuillez vous asseoir. (applaudissements)
À chaque génération, naturellement, l’épaisseur de papier double. Ainsi, nous avons 2, 4, 8, 16, 32, 64, et ainsi de suite.
Nous continuons à multiplier par deux 50 fois.
Après que nous ayons multiplié par deux 50 fois qu’avons-nous obtenu? Nous avons un nombre très grand.
Nous avons mille billions - un suivi de quinze zéros.
La feuille de papier a un dixième de millimètre d’épaisseur. Si vous multipliez cela par mille billions, vous obtenez avec …
je l’ai noté ici: une hauteur de cent millions de kilomètres.
La hauteur du papier plié nous emmènerait d’ici à l’orbite de Mars.
C’est le nombre de bactéries que l’on obtiendrait après seulement 50 générations.
Mais 50 générations, ce n’est rien pour les bactéries. Il peut y avoir 50 générations de bactéries en un seul jour.
Après environ une semaine, les bactéries… le nombre de bactéries serait
plus d’un milliard de fois de plus que le nombre d’atomes dans l’univers connu.
C’est ce que les mathématiciens appellent « croissance exponentielle ». Nous y reviendrons plus ***.
Inutile de dire que cela ne se produit pas réellement, du moins, pas à cette ampleur.
Au delà d’un certain point, des facteurs naturels viennent régulariser la taille de la population bactérienne.
Notre présomption initiale, qu’il était facile de devenir un ancêtre, était fausse.
Il n’y a qu’une élite qui parvient au état d’ancêtre
D’ailleurs, vous pouvez faire le même type de calcul, pour nous-mêmes, ou pour les éléphants,
comme l’a fait Charles Darwin. Cela prend plus de temps mais c’est la même idée.
Après un nombre assez court d’années, vous constaterez que l’univers entier serait rempli
de chair d’éléphant, de chair humaine, ou de n’importe quoi.
Ainsi, il suit que la plupart des êtres qui naissent doivent mourir sans devenir des ancêtres,
sans devenir des ancêtres éloignes. Il n’y a qu’une élite qui y parvient.
Certains n’aiment pas le mot « élite »
mais je ne dis que ceci: les ancêtres ne doivent pas tout leur succès à la chance.
Ceux qui deviendront des ancêtres tendront à être ceux qui en sont le plus capable.
à détenir les attributs nécessaires pour y arriver,
ils auront davantage tendance à survivre, à s’accoupler, à se reproduire
mais aussi à échapper aux prédateurs, à trouver de la nourriture, à être de bons parents et ainsi de suite.
C’est là juste une façon d’exprimer la théorie de la sélection naturelle de Darwin.
Puisque nous qui sommes là, sommes ceux qui avons survécu,
avons hérité les gènes d’une longue lignée d’ancêtres ayant réussi,
Nous avons hérité ce qui les ont permis de devenir des ancêtres.
Mais pour l’instant je voudrais souligner autre chose, le fait que nous sommes chanceux d’être vivants.
Nous avons de la chance d’être vivants car il aurait été très facile pour nos ancêtres de ne pas avoir survécu.
Il est si astronomiquement probable qu’un autre être ait été là plutôt que nous.
Et nous avons de la chance d’être vivants pour une autre raison.
Songez-y: l’univers a environ 14 mille millions d’années.
ça fait 140 millions de siècles.
Dans environ 60 millions de siècles, le soleil deviendra une géante rouge et engloutira la terre.
Il y a donc environ 200 millions de siècles entre l’origine de l’univers et la fin du monde.
Des 140 millions de siècles depuis que le temps a commencé, chacun des siècles fut à un moment donné le siècle courant.
Et des 60 millions de siècles à venir jusqu’à la fin du monde,
chacun sera à un moment donné le siècle courant.
Le siècle courant est comme un projecteur minuscule avançant petit à petit le long d’une colossale règle temporelle.
Tout ce qui se trouve avant le projecteur se trouve dans le passé obscure.
Tout ce qui se situe après le point lumineux est dans l’obscurité du futur inconnu.
Nous vivons dans la lumière du projecteur.
Des 200 millions de siècles le long de la règle du temps,
199 millions, 999 mille 999 siècles sont dans l’obscurité.
Il n’y en a qu’un qui soit illuminé: celui dans lequel, par une chance inouie, nous vivons aujourd’hui.
La probabilité que le siècle courant soit le notre est équivalente
à celle qu’une pièce lancée en l’air au hasard sur la route entre Londres et Istanbul
tombe sur une fourmi particulière.
Et bien, malgré ces probabilités, vous avez sûrement remarqué que nous sommes, en fait, présents.
Naturellement, ce n’est pas surprenant car c’est justement nous qui faisons le calcul.
Si quelqu’un fait le calcul que nous venons de faire,
alors ce quelqu’un, naturellement, doit être vivant.
Néanmoins, j’ai une autre raison de me sentir chanceux d’être vivant.
Maintenant, la fumée traversant le faisceau représente des étoiles.
Chaque particule de fumée représente une étoile.
Et vous pouvez penser au faisceau comme un projecteur colossal,
rayonnant vers l’espace, signalant depuis notre planète
dans l’espoir que quelqu’un d’autre sur un autre monde recevra le message.
Nous ne connaissons pas la probabilité qu’il existe quelqu’un là-haut.
Ce que nous savons c’est que si notre message arrive sur une autre planète,
elle sera presque certainement si éloignée
que si ces gens braquaient un télescope dans notre direction
ce n’est pas nous qu’ils verraient,
mais plutôt les dinosaures qui étaient ici il y a 65 millions d’années.
Ou en d’autres termes, notre message atteindrait ces gens des millions d’années dans le futur.
Les avis sur la probabilité de la vie sur d’autres planètes et sur le nombre de ces planètes habitées varient beaucoup,
Certains pensent que,certains scientifiques pensent
qu’environ 10 millions de civilisations technologiquement avancées existent.
D’autres personnes estiment que cette vie, ici, sur cette planète, est la seule vie qui existe.
Mais, même basé sur l’évaluation la plus optimiste possible,
la plupart des planètes dans l’univers sont désertiques.
La plupart d’entre elles n’abriteront aucune vie,
ni même la possibilité de vie.
Imaginez maintenant un vaisseau spatial rempli d’explorateurs maintenus dans un état cryogénique,
les potentiels colonisateurs d’un autre monde.
Peut-être sont-ils les derniers humains de la Terre, qui est sur le point d’être détruite,
Ils ont été envoyés dans l’espoir de fonder une colonie n’importe où afin de perpétuer l’humanité.
Imaginez que ce vaisseau spatial s’avère avoir une chance incroyable.
Et qu’il trouve une des très rares planètes capables de soutenir notre type de vie.
Une planète ayant la bonne température, le bon taux d’oxygène, et ainsi de suite.
Les passagers se réveillent et trébuchent vers la lumière,
et voient un monde magnifique fait de chutes d’eau, de feuilles vertes,
de montagnes, d’animaux colorés et de créatures volantes.
Pouvez-vous imaginer ce que vous ressentiriez si vous vous réveilliez,
peut-être après 100 millions d’années de sommeil dans un vaisseau spatial, pour vous trouver sur un tel monde?
Un nouveau monde, un monde sur lequel vous pourriez vivre, un monde merveilleux.
Vous béniriez sûrement votre chance en arrivant sur un monde si rare,
stupéfiés, vous vous promèneriez autour, comme sous l’effet d’une transe, incapables de croire aux merveilles que vous verriez en entendriez.
Et bien, ceci ne nous arrivera presque certainement jamais.
Mais, d’une certaine manière, cela nous est effectivement déjà arrivé.
Nous nous sommes réveillés après des centaines de millions d’années de sommeil.
Évidemment, nous ne sommes pas arrivés sur un vaisseau spatial, nous sommes arrivés ici par notre naissance,
mais la merveille qu’est notre planète, sa beauté éblouissante, est la même,
que nous soyons arrivés par un vaisseau spatial ou par la naissance.
Nous sommes étonnamment chanceux d’être ici et nous ne devons pas gaspiller ce privilège.
Il me semble que c’est dans cet argument
que l’on trouve la meilleure réponse aux esprits étroits qui fustigent toujours la science et son utilité.
Un premier ministre, Robert Peel, demanda un jour à Michael Faraday, qui est le fondateur
de ces conférences de Noël, la question suivante:
« quel est l’utilité de la science? ».
« Monsieur », répondit Faraday, « quel est l’utilité d’un bébé? »
Quel est votre nom?
Elle dit que son prénom est Hannah.
Faraday a dit « quel est l’utilité d’un bébé? »
et personnellement, j’ai toujours pensé que ce qu’il voulait dire par là c’est qu’un bébé a un grand potentiel.
Il n’est pas capable de faire beaucoup de choses maintenant, mais il pourra faire beaucoup à l’avenir.
Mais il est également possible que ce que Faraday voulait signifier
par cela est qu’il n’y a aucune raison d’introduire un bébé dans le monde,
si tout ce qu’il va faire est de travailler pour continuer à vivre, et encore travailler pour continuer à vivre.
Si tel est la finalité de la vie, alors pour quoi sommes-nous ici?
Il y a sûrement plus que cela.
Merci beaucoup.
Une partie de la vie doit être consacrée à la vie elle-même,
une autre partie doit être consacrée à faire quelque chose de valable avec sa vie
et pas simplement la perpétuer.
Ceci est l’argument avec lequel les gens, tout à fait correctement, justifient l’argent des contribuables dépensé sur les arts
et sur la conservation des espèces rares.
Mais parfois, lorsque nous utilisons cet argument pour justifier la recherche scientifique universitaire,
les gens deviennent plutôt béotiens et disent des choses comme:
« ah, vous pensez donc que le gouvernement devrait dépenser de l’argent sur vos recherches scientifiques
parce que vous trouvez vos recherches amusants? »
« Amusant » n’est pas vraiment le mot juste, n’est-ce pas?
Après un sommeil de 140 millions de siècles nous nous sommes enfin réveillés dans l’univers.
Nous avons ouvert les yeux sur une planète merveilleuse, remplie de couleur, fourmillant de vie.
Dans pas longtemps, nous allons devoir refermer nos yeux.
Découvrir des choses au sujet de l’univers dans lequel nous nous sommes réveillés, répondre à des interrogations tels que:
Que faisons-nous ici? Quel est cet univers dans lequel nous nous sommes réveillés?
Qu’est ce que la vie, et à quoi sert-elle, si toutefois elle sert a quoi que ce soit? -
assurément, la tâche qui consiste à tenter de répondre aux questions de ce genre, la science, mérite une description meilleure que « amusant ».
Présentée comme ça, la science ne vous semble-elle pas la manière la plus valable d’utiliser
le peu de temps que vous passez dans le faisceau?
Naturellement, si vous passiez tout votre temps à errer dans du monde, à vous étonner de tout et à dire
« comme c’est merveilleux, comme c’est stupéfiant! Je me suis réveillé après 100 millions de siècles, quel voyage! »,
les gens penseraient que vous êtes un peu bizarre, et vous pourriez même être arrêté.
Nous avons, bien sur, une vie ordinaire à vivre en même temps,
une vie à gagner en exercant une profession ou une autre.
Mais il est néanmoins bénéfique de temps en temps de nous débarrasser de l’anesthésie de la familiarité
et de nous réveiller pour contempler les merveilles qui nous entourent réellement.
Comment allons-nous nous débarrasser de l’anesthésie?
Nous ne pouvons pas réellement aller sur une autre planète, mais heureusement nous n’en avons pas besoin.
puisque nous pouvons visiter des régions de notre propre planète qui sont si peu familières
qu’on pourrait les prendre pour une autre planète.
Ceci est une autre planète. C’est Jupiter. C’est une image fantaisiste de Jupiter, conçue par l’astronome Carl Sagan,
et il imagine des formes de vie qui pourraient vivre dans la haute atmosphère de Jupiter qui s’appellent des « flotteurs ».
S’il y avait des formes de vie sur Jupiter, ils s’appelleraient Jovians.
Ainsi employons le mot By-Jovienne pour les créatures sur cette terre qui sont si étranges
qu’elles pourraient presque être d’une autre planète.
Ceci, par exemple, est un poisson des grandes profondeurs.
Il vous faudrait entreprendre un long voyage dans un sous-marin et dans un costume de plongée pour voir ce poisson.
Ceci est un poisson d’exactement la même espèce.
La seule différence est que celui-ci vient juste de manger son repas et celui-là n’a pas encore mangé,
il recherche un repas, comme vous pouvez le constater en regardant ses mâchoires voraces.
Ces créatures ont l’air assez monstrueux à nos yeux.
Je suppose que selon leurs normes nous sommes possiblement monstrueux aussi.
Voici un autre poisson des grandes profondeurs. Il a un attrait lumineux produit par des bactéries, des bactéries lumineuses,
et il l’emploie comme un leurre pour attirer sa proie près de lui
et puis descend sa canne à pêche à proximité de sa mâchoire, l’ouvre et engloutit sa proie.
Une créature By-Jovienne bien étrange.
En fait, ce n’est même pas la peine d’aller aussi profond que cela pour trouver des créatures bien étranges.
J’assistais à un exposé présenté par un collègue qui a travaillé sur les poulpes,
et il a dit que ce qui fascine chez les poulpes c’est que ce sont vraiment des martiens.
Ce qu’il a voulu dire par cela est que cette créature pourrait très bien être de Mars, n’est-ce pas?
Observez ses changements de couleur; cette créature, cette seiche -
ce n’est pas un poulpe, c’est une seiche - change sa couleur à volonté.
Regardez les vagues de couleurs qui parcourent sa surface.
Ce ne sont pas des ombres qui font cet effet,
c’est commandé de l’intérieur par l’animal, par son propre système nerveux.
Il exprime de l’émotion, signalant à d’autres créatures, d’autres de sa propre espèce.
Créature By-Jovienne.
Nous n’avons même pas besoin d’aller à la mer du tout.
Voici des insectes; ils ont tous le même modèle de corps,
qu’ils ont hérité d’un ancêtre insecte commun ayant vécu il y a environ 350 millions d’années.
Ils ressemblent tous à des insectes car ils ont hérité de ces attributs.
Ils ont tous une tête, un thorax, un abdomen et, dans ce cas-ci
il est très étiré et ressemble à un bâton.
Ici, le même type de corps est écrasé dans cet insecte, encore la tête, le thorax et l’abdomen,
trois pairs de pattes, des antennes, des ailes.
Ici, des papillons – le même plan de corps, tiré et étiré, transformé en de formes différentes.
Mais à la base, la même forme.
Ils ne se sont jamais vraiment débarrassés de l’influence de leurs ancêtres.
Mais nous parlions de nous débarrasser de l’anesthésie qu’est notre familiarité soporifique.
Une autre façon d’atteindre l’illusion de nous réveiller sur une autre planète est de réduire notre taille,
de faire un voyage bien différent, vers une échelle beaucoup plus petite que celle dont nous avons l’habitude.
Voici un acarien domestique.
C’est la sorte de chose que vous rencontrez souvent dans les tapis de votre propre maison sans le savoir.
Il est énormément magnifié par un instrument comme celui-ci, un microscope à balayage électronique.
Nous pouvons employer le microscope à balayage électronique
et les choses qu’il nous permet de voir sont si étranges
qu’on pourrait penser qu’il s’agit d’un télescope dirigé vers une planète distante.
Je pense que nous avons un volontaire pour manipuler le microscope électronique.
Quel est votre prénom? Louise.
Asseyez-vous, Louise. Donc, en ce moment sur l’écran nous avons ce qui ressemble à une jungle,
que nous pouvons considérer comme une jungle sur une autre planète.
Vous savez manipuler le manche et diriger l’appareil, vous savez également comment effectuer un zoom avant.
Que diriez-vous d’effectuer un zoom arrière et de voir ce qu’est vraiment cette jungle?
Ok, allons plus doucement. Il y’a là-bas des objets curieux, un peu arrondis.
Deux petites zones contenant des objets arrondis. Allez plus loin. Allez-y.
Bon, maintenant, je pense que ce que l’on voit est la tête d’un moustique.
Voici les yeux en facettes, pleins de facettes de chaque coté.
Au centre se trouvent les bases des antennes. Faites un zoom arrière.
Voilà la tête en entier;
on peut voir toute la tête ronde avec les bases des antennes
et les yeux à facettes.
Maintenant, peut-être pourrions-nous naviguer vers un insecte différent.
Oui, la machine a été préprogrammée afin de se déplacer automatiquement vers une autre partie de cet étrange paysage.
Et je pense que l’on verra bientôt autre chose dans une minute. Qu’est ce que c’est que ça?
On dirait une autre jungle. Déplaçons nous un peu autour et découvrons ce que c’est.
Je ne vois rien pour l’instant. Attendez une minute,
faisons un zoom arrière et nous saurons si nous nous pouvons mieux voir. Encore. Encore.
Oh, ça commence a ressembler à quelque chose. On dirait une paire d’ailes, vers la gauche, non?
Je pense que ce doit être le thorax d’une sorte d’insecte.
Essayons de nous déplacer par là-bas et découvrons ce que nous pouvons y voir. Dans l’autre sens.
Et accélérez un peu. Comme ça. Oh, c’est l’abdomen d’une abeille je pense.
Continuez, encore. Ah, qu’avons nous là? Une curieuse excroissance.
Tentez de naviguer afin qu’elle soit au centre. Dans l’autre sens. Descendez un peu,
et effectuez un zoom. Continuez… bon, je naviguerez. Bon, rapprochez-vous. Vous devez aussi focaliser, je pense.
Pouvons nous le faire? On dirait une autre tête. Faites un zoom arrière de nouveau.
En fait, ce que nous voyons là est un minuscule parasite.
Merci Louise.
C’est un minuscule parasite insecte appelé un strepsiptère qui parasite une abeille,
et ce que vous voyiez était le strepsiptère qui sortait du dessous d’une plaque blindée de l’abeille, là.
Voilà ses yeux en facettes, son corps, et ça c’est une plaque d’armure de l’abeille.
Nous avons donc effectué un voyage en utilisant le microscope à électrons
dans le monde de l’infiniment petit, ce qui est une autre façon de capter l’étrangeté de notre monde.
Encore une autre façon
est d’entrer dans notre propre corps et d’étudier les détails de notre propre structure.
Par exemple, voici une image d’un cerveau humain.
Chacune de ces choses noires est une cellule cervicale.
Vous pouvez constater combien il y en a – seule une infime partie est visible ici –
et la forêt stupéfiante de connexions entre eux.
La longueur totale de cellules cervicales, si elles étaient placées bout à bout,
ferait le tour de la Terre, pas une seule fois, mais 25 fois.
Bon, en soi ce n’est pas un fait si extraordinaire. Par exemple
l’envoi d’un message d’un bout à l’autre
de se nerf géant prendrait 6 ans.
Ce qui est vraiment extraordinaire ce n’est pas la quantité d’éléments
mais leur connectivité.
La complexité des connexions est vraiment incroyable.
Voici seulement 4 ou 3 cellules nerveuses et voici les connexions entre eux.
Il y a environ 2000 fils connectant chaque cellule à chaque autre.
Donc le nombre total de connexions dans le cerveau doit être environ 200 millions de millions.
Pour comparer,
si nous considérons que chacune de ces connexions est équivalente à une unité logique d’un ordinateur,
ceci donne au cerveau environ 10 millions de fois de plus d’unités logiques qu’un ordinateur de bureau typique.
Les cerveaux sont impressionnants à cause de la quantité et des cellules et des connexions,
mais il existe pleins d’autres types de cellules dans nos corps,
et elles ont toutes le même modèle de structure interne.
Voici une cellule animale: un modèle de cellule animale typique, et ce n’est pas un simple sac de jus.
Elle est remplie de membranes, elle a une structure, une structure interne.
Chacune de ces choses bleues est une membrane.
Et chaque cellule en a en grande quantité,
de façon à ce que la surface totale de membrane dans un corps humain est environ 200 acres anglo-saxonnes,
environ 500 hectares, soit la taille d’une bonne ferme.
À quoi servent-ils? Eh bien, ils ne sont pas simplement la pour rembourrer ou ouater.
Ces membranes, dans beaucoup de cas, sont des usines chimiques –
surtout ceux dans ces corps, appelés mitochondries.
Les corps oranges, par ici.
Ils sont faits de membranes,
et dans ces membranes, dans chaque partie de ces membranes, des réactions chimiques ont lieu.
Ce sont des usines chimiques.
Voici une carte de chaque réaction chimique de chaque cellule.
C’est à ce point complexe que nous en restons stupéfaits.
Chacune de ces flèches est une réaction chimique.
Mais tout ça, toutes ses réactions, ont lieu
dans les membranes de chaque mitochondrie dans chacune de vos cellules.
Et le nombre de mitochondries dans lesquelles ces choses ont lieu
est tel que si vous placiez toutes vos mitochondries bout à bout
ils feraient le tour de la Terre pas une, ni 25, mais bien 2000 fois.
Dans le noyau d’une cellule, en plein cœur, se trouve l’ADN,
la molécule magique, la molécule de la vie, la molécule la plus importante du monde.
Cette molécule véhicule l’information concernant la construction d’un corps de génération en génération.
La quantité totale d’information est telle que
chaque occasion où vous mangez du steak,
vos dents détruisent
l’équivalent d’un milliard de copies de l’Encyclopédie Brittanica.
Un exemple du genre de destruction que vous pouvez effectuer avec vos dents!
L’hémoglobine est la molécule qui transporte l’oxygène dans le sang.
Vous pouvez le constater, elle a une forme complexe, très complexe.
Et ce qui est remarquable
est que cette forme est reproduite tout le temps dans pleins de différentes molécules.
On peut penser à l’hémoglobine comme un camion transportant de l’oxygène.
Chaque molécule d’hémoglobine circule en transportant de l’oxygène d’une partie du corps à une autre.
C’est un véhicule de transport d’oxygène. Mais ici je n’ai que six petits camions.
Ce qui est extraordinaire c’est que le nombre de molécules d’hémoglobine dans notre sang
n’est pas six mais six mille millions de millions de millions.
Chacune est très complexe et elles ressemblent toutes à ça,
sont toutes identiques les unes aux autres
et, en tout moment, dans votre sang, elles sont détruites et crées
au rythme de 400 millions de millions par seconde.
Une autre manière de se débarrasser de l’anesthésie de l’accoutumance,
de vivre quelque chose ressemblant à la visite d’une autre planète,
est de faire un autre type de voyage: dans le passé de notre propre planète.
La meilleure façon de faire ceci est d’employer une machine à voyager dans le temps.
Mais même Bryson Gore et la Royal Institution ne peuvent nous en fournir,
nous devons donc nous servir de l’étude de fossiles.
Une des choses les plus difficiles à saisir sur les fossiles tels que ce Trilobite est leur age.
Vous n’avez aucune conception de l’age de cet animal.
Si cela vous semble dédaigneux, permettez moi de répéter. Je ne peux concevoir leur age non plus.
Je peux vous le dire avec des mots: c’est vieux d’environ 500 millions d’années, peut-être un peu plus.
Mais vous le dire avec des mots et réellement comprendre cet age sont deux affaires différentes.
L’évolution a rendu nos cerveaux capables de comprendre les échelles de temps de nos propres vies.
Nous pouvons comprendre les secondes, les minutes, les jours, les mois, et les années – nous pouvons même comprendre les siècles.
Lorsque nous pensons aux millénaires, des milliers d’années, nous sommes émus.
Des mythes épiques, comme l’Odyssée d’Homère, les histoires des dieux grecs Zeus et Apollon et les autres,
les héros juifs Moise et Jushua et leur dieu Yahvé,
les Égyptiens de l’Antiquité et leur dieu du soleil Ra; tous nous procurent une sensation surnaturelle d’un âge immense.
Nous avons la sensation de regarder dans les brumes de l’antiquité.
Malgré cela, sur l’échelle de temps de ce fossile, ces brumes de l’antiquité ne sont mêmes pas hier.
Voici une tablette cunéiforme de la Mésopotamie, datant d’autour du 7ème siècle avant notre ère.
C’est – voyons, mon cunéiforme est un peu rouillé –
oui, c’est un document officiel sur la vente de terres près de Niniveh. Oui, c’est ça.
Voici une autre chose qui crée le même sentiment.
C’est le masque d’un guerrier de l’Age de Bronze déterré au siècle dernier
par un archéologue réputé du 19ème siècle, Schliemann.
Il en dit « j’ai contemplé le visage d’Agamemnon ».
En fait, ce n’était pas le visage d’Agamemnon, mais lui pensait que si.
Et pour lui, c’était sa façon d’exprimer son admiration devant l’extrême ancienneté de l’objet.
Il se sentit transporté dans les brumes de cette antiquité.
Essayons de sentir l’âge des choses,
et essayons ensuite de placer notre Trilobite sur la même échelle.
Je vais considérer qu’un pas représente un millénaire,
et je commencerai au temps du premier Noël.
Donc, cette broche là date du temps du premier Noël, l’an 0.
Si je fais un pas je suis en l’an 1000 avant notre ère,
environs l’époque de la tablette que l’on vient de voir, à peu près l’époque du Roi David.
Encore un pas, l’an -2000, et cette tête de hache de l’Age de Bronze.
Encore un pas, l’an -3000, à peu près l’époque juste avant la construction de pyramides égyptiennes.
Encore un pas, cette pièce de poterie, -4000, à peu près l’époque
que l’archevêque Usher calcula comme étant le début du monde et l’époque d’Adam et Eve.
Mais nous venons à peine de commencer, il nous reste un long chemin à parcourir.
En parcourant la distance du banc vert, nous nous sommes rendus jusqu’à l’an 4000 avant notre ère.
Voici un *** habilis. Elle, ou quelqu’un lui ressemblant, est notre ancêtre directe.
Elle à vécu il y a deux millions d’années.
Pour remonter vers son époque, il faudrait marcher
environ deux kilomètres. Une bonne distance.
Bon, nous avons quelques autres portraits d’ancêtres, et je vais les appeler dans l’ordre.
Donc, la personne assise derrière Australopithèque,
le premier, pourrait elle se lever? Merci. Voici Australopithèque.
Il est probablement un ancêtre directe de l’autre. Il a vécu il y a environ trois millions d’années.
Il nous faudrait marcher trois kilomètres pour atteindre son époque. Maintenant la personne suivante, s’il vous plaît.
Merci. Ca, c’est Ramapithèque, qui serait possiblement un ancêtre, non seulement de nous
mais de tous les grands singes, et il se trouve à environ 14 kilomètres sur notre échelle.
Au prochain s’il vous plaît. Merci. Ca c’est un primate primitif
et pour atteindre celui-là il faudrait marcher environ jusqu’à Hemel Hempstead pour arriver à l’age ce cette créature.
Le prochain, s’il vous plaît. Un mammifère primitif, environ vers Luton, pour la distance.
Le prochain, un insectivore avec un petit mille-pattes dans la gueule. Peut-être, Newport Pagnell.
Prochain, s’il vous plaît. Celui-ci est un reptile mammalien primitif, et sa distance est environ Manchester.
Le prochain. Un amphibien, Middlesbrough.
Et le suivant, bon, c’est un poisson qui sort à peine de l’eau, en cours de sortir de l’eau
et allant vers la terre. Sa distance est environ Carlisle.
Et j’ai omis… veuillez vous asseoir, merci. Ce sont tous des ancêtres.
Celui-ci est le plus vieux de tous ceux que nous avons ici,
et qui a à peu près le même âge que le Trilobite. Ils auraient même pu se rencontrer.
C’est Pikaia, et pour son âge
il vous faudrait marcher d’ici à Glasgow.
Et, n’oubliez pas que notre perception du temps historique, vers l’antiquité,
ne représente ici que quelques pas dans cette pièce.
Et même avec Pikaia, nous n’avons pas terminé.
Car il existe une immense quantité d’ancêtres avant Pikaia.
Si nous remontons aux origines de la vie, aux premières bactéries,
nous voyageons trois et demi milliers de millions d’années.
Afin de représenter ceci sur notre échelle,
il faudrait marcher d’ici à Moscou.
Voici donc les échelles d’âge que nous devons tenter de comprendre
afin d’étudier l’évolution et nos cerveaux ne sont pas équipés pour une telle entreprise.
Lorsque nous regardons nos ancêtres, nous pourrions nous tromper
car cela donne l’impression que l’évolution avance inexorablement vers un point culminant,
ce point étant, bien entendu, nous.
Mais ça ne se passa pas ainsi.
L’évolution progresse dans des milliers de millions de directions en même temps.
Cela, là, n’est pas l’arbre de noël de la Royal Institute, c’est l’arbre de la vie
et ne représente qu’une partie infime des branches de l’évolution qui ayant existé.
L’origine de la vie est là en bas.
Voici les premières 1000 millions d’années de vie. En montant par là.
Chacune des ramifications représente l’ancêtre de ce qui se trouve aux extrémités de ses branches.
Donc, par exemple, ceux-ci… ceux-ci sont les plantes.
Ceci, je doit dire, n’est absolument pas à l’échelle. Je viens de remarquer. Donc, oublions cela,
oublions tout sur l’échelle de cet arbre.
Ce qui est correct sur cet arbre est l’ordre des branchements, et non les distances des branches.
Donc, cette branche représente les plantes.
Ces deux-ci sont des cousins plus proches entre eux qu’avec celui- là.
Cette branche représente les primates, avec un gorille et un humain,
et leur ancêtre commun est là.
Cette branche-ci représente les carnivores, avec une branche contenant un lion et un tigre,
et leur ancêtre commun par là – qui est plus récent
que l’ancêtre commun de l’ours et du chien –
mais, celui-ci est l’ancêtre commun de tous les carnivores.
Ici, nous avons un zèbre et un rhinocéros, pas à l’échelle,
et vous pouvez voir qu’ils sont plus proches l’un à l’autre
qu’ils ne le sont avec ces animaux aux sabots fendus: les bisons, les moutons et les chèvres.
Le mouton et la chèvre ont un ancêtre commun assez récent, ce sont des cousins.
Le bison à un ancêtre commun légèrement plus éloigné.
Ici, nous avons deux insectes, une mouche et une sauterelle. Ils ont un ancêtre là.
Ensuite ils partagent un ancêtre avec les araignées un peu plus tôt.
Ceci n’est qu’une fraction infime des animaux et des plantes qui devraient de trouver sur cet arbre.
Cet arbre devrait contenir 10 ou 20 millions de branches par là.
Et les ancêtres de tous des animaux sont au centre de l’arbre, allant vers le centre comme ça.
Donc tous les portraits d’ancêtres que nous venons de voir par là-bas
se trouveraient le long de ceci. Ce que nous regardons là sont tous les animaux modernes.
Tous ces animaux sont des cousins et nous sommes le leurs aussi.
Ces hamsters sont aussi nos cousins. Nous sommes les cousins de toutes les formes de vie contemporaine.
Ces poissons sont nos cousins, ces éléphants aussi. Par ailleurs, les espèces d’éléphants disparues
sont également nos cousins. Ce martinet est notre cousin.
Nous savons que ce sont tous nos cousins parce que nous savons qu’ils partagent tous le même code d’ADN.
Le code de l’ADN est partagé par tous les organismes vivant sur la Terre.
Ceci est extrêmement improbable, sauf si nous partageons un ancêtre commun.
Nous descendons tous d’un lointain ancêtre.
qui a vécu il y a trois ou quatre milles de millions d’années et nous sommes, par ce fait même, tous des cousins.
Si jamais nous rencontrons des créatures d’une autre planète, ils ne seront pas nos cousins.
Leur évolution sera complètement indépendante de la notre.
Ils n’auront pas d’ADN à mon avis.
Malgré cela, je suis prêt à dire qu’ils auront probablement beaucoup en commun avec nous,
simplement parce que tout être vivant doit résoudre les mêmes problèmes,
et ces problèmes sont probablement les mêmes partout dans l’univers.
Donc, même sans ADN, ils auront quelque chose qui remplit la même fonction.
Son action sera très proche de celle de l’ADN. Ça fonctionnera d’une manière très semblable.
Je suis prêt à parier ma chemise qu’ils auront évolué
d’une façon équivalente à la sélection naturelle darwinienne.
Si jamais nous sommes visités par des formes de vie extraterrestres,
l’évolution leur aura sûrement procuré la capacité de penser et de pratiquer la science.
Sinon, ils n’auraient pas pu se rendre jusqu’ici.
Et il est certain que leur science sera essentiellement la même que la notre.
La raison est que les principes de physique ou de chimie sont identiques partout dans l’univers.
Ils ont les mêmes valeurs pour les constantes. Leur constante « pi » sera identique,
Ils sauront le théorème de Pythagore et la théorie de la relativité – qu’ils n’attribueront pas à Einstein.
Ils nous trouveront sûrement plutôt enfantins, mais ils seront sympathiques au sujet de notre science.
Ils tous tapoteront la tête en disant « Eh bien, ce que vous connaissez de l’univers est plutôt correcte.
Il vous reste beaucoup à apprendre, mais vous vous en tirez bien. Continuez comme ça! ».
C’est ce qu’ils diraient à nos scientifiques.
Que diraient-ils à nos meilleurs avocats, critiques littéraires ou théologiens?
Je soupçonne qu’ils ne seraient pas aussi impressionnés.
Leurs anthropologues – ou l’équivalent chez eux – s’intéresserait peut-être à nous,
mais ils se rendraient compte assez rapidement que nos croyances culturelles sont très localisées et limitées;
non seulement selon leurs propres normes, leurs normes universelles,
mais aussi selon nos propres normes,
Car ce que les gens sur notre planète croient dépend tellement
de la partie de la planète où ils sont nés, ce qui est bien bizarre.
Le mythe d’Adam et Eve fait partie des croyances de beaucoup de gens dans certaines parties du monde
mais si vous allez ailleurs, vous trouverez qu’ils croient en d’autres mythes.
Ceci est un mythe hindou qui est très beau et il y en a d’autres:
il y a un autre mythe hindou sur le battage d’un océan de lait avec une baratte.
Les dieux et démons battent le lait ou il y a une tortue au fond
et de cet océan, tel du beurre émergeant de lait, émerge toute la vie.
Ces mythes sur la création sont très beaux mais sont tous différents les uns des autres
et ne peuvent tous être vrais.
C’est assez étrange si les gens croient ce
que croient leurs concitoyens simplement parce que ils se trouvent dans le même pays.
Observez maintenant comment les scientifiques traitent leurs désaccords.
Prenons un désaccord particulier: pourquoi les dinosaures se sont ils éteints? Il existe diverses théories.
Selon une théorie, une comète ou une météorite aurait frappé la Terre
et aurait causé une catastrophe qui tua les dinosaures. Beaucoup de scientifiques y croient.
Cependant, un bon nombre de scientifiques croient qu’un virus les aurait tués.
Beaucoup d’autres scientifiques croient que c’est l’émergence des mammifères qui aurait mangé les œufs des dinosaures qui les aurait éteints.
Je ne doute pas que toutes ces théories sont logiques.
Ce qui importe c’est que différents scientifiques croient en des théories différentes et que la raison derrière leur désaccord
est qu’il n’y a pas encore assez de preuves.
Tout le monde est d’accord sur le genre de preuves qui serait nécessaire
afin qu’ils changent d’avis.
Mais, supposez que la science fonctionnait comme les mythes de création ou les langues.
Nous avons ici une carte des langues du mondes. En rouge, on parle l’anglais.
Là bas, c’est l’espagnol, là bas le russe.
C’est assez naturel de dessiner une telle carte
et que les gens parlent la langue de leur pays.
Mais qu’arriverait-il si c’était pareil pour la science?
Et si nous avions une carte montrant la distribution des théories scientifiques?
Supposons que dans la zone rouge tout le monde croyait en la théorie de la météorite,
et dans cette zone là tout le monde croyait en celle des virus
et dans celle-ci on croyait la théorie des mammifères mangeant les œufs.
Ne serait-ce pas ridicule de pratiquer une telle science?
Imaginez la scène: deux scientifiques discutant, et l’un d’entre eux dit:
« je crois que les dinosaures ont disparu à cause d’une comète qui heurta la Terre. Pourquoi?
Parce que c’est ce que croyait mon père et mon grand-père
et que c’est ce que les gens de mon pays ont toujours cru. »
« Mais moi je croit que c’est un virus qui a tué tous les dinosaures. Pourquoi?
Parce que c’est ce que croyait mon père et mon grand-père
et que c’est ce que les gens de mon pays ont toujours cru. »
Ou supposez que la conversation se déroule ainsi:
« tant pis pour les preuves, je sais que c’est une comète
parce que cela m’a été secrètement révélé. »
« Et moi je sais que c’était un virus
parce que je le sais, parce que j’en suis sur, parce que j’ai la foi que c’est un virus. »
Si vous entendiez une telle conversation,
vous trouveriez ces scientifiques étranges, n’est ce pas?
Vous n’auriez aucune raison de les croire.
S’éveiller à l’univers signifie en partie évoluer de simple à compliqué,
d’inefficace à efficace, de bête à intelligent.
Mais cela signifie aussi évoluer au-delà des idées paroissiales et superstitieuses sur l’univers.
Essayer d’atteindre une compréhension scientifique de l’univers, basée sur des preuves
et sur l’argumentation publique plutôt que sur une quelconque autorité, tradition ou révélation secrète.
S’éveiller signifie aussi la volonté de comprendre comment fonctionne l’univers,
sans se contenter d’explications faciles et surnaturelles, qui en fait n’expliquent rien du tout.
Vous pourriez dire: « pouvez vous vous permettre d’être aussi sur de vous concernant le surnaturel?
Après tout, beaucoup d’entre nous avons probablement vécu une expérience étrange, comme la télépathie.
Nous avons, peut-être, rêvé de quelqu’un à qui on n’a pas pensé pendant des années,
et le lendemain on a reçu une lettre d’eux et nous pensons, quelle coïncidence bizarre!
Il y a sûrement quelque chose de surnaturel, cela semble si bizarre. »
C’est l’explication surnaturelle. Quelle serait l’explication naturelle d’un tel événement?
Et bien, ce qu’il nous faut faire est d’évaluer la probabilité
qu’un tel événement ait pu se produire par pure chance.
Et nous avons les moyens de le faire.
Nous pouvons faire une expérience sur une échelle réduite.
Nous allons le faire en lançant des pièces de monnaie.
Il se peut que quelqu’un dans l’audience ait des pouvoirs psychiques
et est capable de forcer une pièce à tomber pile ou face.
Ce que nous devons faire et d’identifier cet individu.
Donc Bryson va lancer une pièce et je demande à tous de ce coté-ci –
oublions la galerie car je ne vous vois pas là-haut.
Tous les gens de ce coté ci, tentez de forcer la pièce à tomber face par la force de vos esprits. Pensez-y très fort, tenter de la forcer à le faire.
Nous verrons ainsi si l’individu psychique est de ce coté.
De l’autre coté, forcez le a tomber pile. Bon, allons-y.
Bon, c’est pile. Donc si nous avons parmi nous un individu psychique, il est par là.
Bon, ceux de ce coté, veuillez vous lever. Nous allons procéder par élimination.
Bon, de ce coté-ci, pile,
de ce coté là, face.
Pile. Bon ceux qui ont pensé face, rasseyez vous. Maintenant nous avons un petit problème.
Bon, que ceux qui sont assis derrière les portraits des ancêtres
choisissent pile, et les autres face.
Face, bon. Les autres, asseyez vous. Nous nous approchons de notre individu.
Nous avons fait combien de lancés? Trois? Bon.
Maintenant, disons que les deux dernières rangées pile et les autres face.
Face. Deux dernières rangées, asseyez vous s’il vous plaît. Bon, 1, 2, 3, 4, 5, 6…
ok, à partir de cette rangée pile, et les deux premières rangées face.
Face. Dernière rangée asseyez vous. Bon, dernière rangée pile, première rangée face.
Face. Disons maintenant, de Coca-Cola à gauche pile et l’autre, face.
Pile. Veuillez vous asseoir. Non, Coca-Cola veuillez rester debout.
Bon. Pile? Face?
Pile. Pile, bien, bien joué.
Je ne sais pas combien de lancées il y avait, mais félicitations. Supposons que c’était huit.
C’est bien ça? Bon. Quel est votre prénom?
Donny. Johnny? Oui, bien…
Donny? La question est: est-il psychique?
Il a tout bien réussit huit fois à la suite, ce qui est très impressionnant.
Mais bien sur il n’y a absolument aucune preuve qu’il est psychique.
Il a effectivement pensé pile ou face et ils sont tous bien tombé.
Mais si vous pensez à la façon dont nous avons conduit l’expérience, avec des divisions successives,
il aurait pu penser à du jambon et des œufs, cela aurait donné le même résultat!
À cause du nombre de personnes présentes ici,
nous devions nécessairement trouver un individu psychique.
En plus, nous ne sommes que quelques centaines dans cette pièce.
Si vous imaginez faire cela avec un million ou deux millions de personnes.
Nous pourrons lancer des pièces pendant longtemps et à la fin
on aurait un résultat assez impressionnant.
Quand les gens écrivent leur expériences bizarres aux journaux c’est pareil,
car le lectorat d’un tabloïd se compte dans les millions,
et puisqu’il n’en faut qu’un seul pour rapporter son expérience, vous comprenez ce qui se produit.
Il y a sûrement quelqu’un sur la planète qui vit une expérience bizarre en ce moment même,
mais cela ne veut absolument rien dire.
Ainsi, à chaque fois que vous entendez une histoire au sujet d’expériences surnaturelles, fantasmagoriques ou télépathiques
songez à cette expérience et pensez au fait que, statistiquement, c’est en fait très probable.
Placez votre confiance dans la méthode scientifique, ayez foi en la méthode scientifique.
Il n’y a aucun mal à avoir la foi… Je vais placer Faraday à l’écart.
Il n’y aucun mal à avoir la foi dans les prédictions scientifiques correctes.
Voici une lourde boule de canon. Je vais me tenir ici et la lâcher, et elle va venir…
elle va aller là-bas, et retournera très vite vers moi.
Tous mes instincts vont m’inciter à fuir
mais j’ai assez de foi en la méthode scientifique pour savoir
qu’elle s’arrêtera à près d’un pouce de mon visage, ou peut être un peu moins. Allons-y.
J’ai senti un souffle!
Dans un livre écrit conjointement avec son épouse, le scientifique lauréat
du Prix Nobel, Sir Peter Medawar, a écrit ce qui suit:
« Seul les êtres humains contrôlent leur comportement par une connaissance de ce qui s’est produit avant leur naissance
et d’une préconception de ce qui pourrait se produire après leur mort.
Ainsi, seuls les humains se laissent guider par une lumière
qui éclaire plus que la parcelle de terre sur laquelle ils se tiennent ».
Bien, c’est tout pour aujourd’hui. Dans la prochaine conférence, je parlerai du problème de la conception,
et la différence entre les choses véritablement conçues, comme ce microscope électronique,
et les choses qui semblent avoir été conçues, mais qui ne le sont pas vraiment,
comme cet éléphant ou ce martinet.
Merci beaucoup. �