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Ayant répondu au problème fondamental en disant qu'en réalité,
tu n'es pas sujet à la mort, que ni toi ni qui que ce soit d'autre n'est mortel,
si tu places ton je au bon endroit, le seul endroit où il doit être placé.
Si tu identifies le je au corps, la souffrance sera inévitable.
Si tu replaces ton je au bon endroit, c'est à dire dans l'Etre-Conscience
qui est la cause de l'univers,
alors il n'y a nulle souffrance ou tristesse pour ce je.
Mais même dans ce cas, il y a la possibilité que tu utilises cette information et dises:
'Oh, je ne suis pas sujet à la mort, je ne suis pas sujet à la destruction,
je ne suis pas sujet à la souffrance, donc je peux me permettre de faire n'importe quoi.
Je peux même te tuer et dire, de toute façon 'je' ne meurs pas,
et comme ce corps va périr un jour de toute manière, nul ne peut rien me reprocher !'
C'est pourquoi examiner le problème à un niveau fondamental
sans y intégrer le niveau situationnel ou empirique,
peut poser des problèmes sérieux (de dissociation).
Cela peut conduire à utiliser cette connaissance pour justifier n'importe quoi.
Par conséquent, cette connaissance de je, du je ultime,
doit être complétée par le point de vue de 'comment m'aide t-elle à mieux vivre?'
Quelles décisions puis-je prendre dans ma vie maintenant, qui sont appropriées?
Si je ne fais pas ce lien, je peux me retrouver avec de graves problèmes
en justifiant tous mes actes et en disant, de toutes les manières,
il n'y a en fait qu'une seule réalité, qui n'est soumise à aucun changement
et c'est la seule réalité qui compte vraiment.
Afin d'éviter ce type d'écart, la relation entre la connaissance de la réalité ultime
et notre vie de tous les jours,
est introduite dans ce verset, qui fait le lien entre ces deux sujets.
Le verset suivant est:
La connaissance de la nature illimitée de je, même si elle est un fait,
reste quelque chose de distant pour la plupart des gens.
Il n'est pas aisé de comprendre que vous êtes la réalité de tout l'univers
même si l'enseignement est donné avec clarté.
Car la manière dont je vis ma vie
est très éloignée de ce qu'est la réalité de moi-même.
Quand nous examinons notre vie, nous la vivons en pensant que je suis un individu limité.
Mais cela n'est pas tout, car je ne cesse d'acquérir divers complexes au cours de ma vie.
Des complexes à mon sujet, par exemple un sentiment d'infériorité,
parfois de supériorité qui cache mon sentiment d'infériorité,
un sentiment que le monde est hostile à mon égard,
que le monde ne me laisse pas faire ce que j'aimerais faire.
ou qu'un groupe donné d'individus ne me facilite pas la vie,
j'ai été la victime de leur mauvais agissements,
ou vous réalisez combien il vous est difficile de changer le monde comme vous le voulez,
ou combien l'écart est grand entre
ce que le pays, la culture, la société sont et ce que vous voudriez qu'ils soient.
Quand j'examine l'objet de ma dissatisfaction, elle porte sur tant de choses.
Et comme c'est ainsi que je vis ma vie et que mes décisions
se basent sur ce type de croyances, l'ensemble de mes actes
ne fera que renforcer ou entretenir cette dissatisfaction.
Si c'est là le cadre qui oriente ma vie,
alors le fait que 'tout ce qui est ici est moi' restera très loin de moi.
Cette subjectivité d'où j'opère, l'ensemble de mes croyances
est à dix mille lieues de ce que je dois comprendre.
Il est impératif que je réduise cette distance, ce fossé.
Pour cela, il est nécessaire que je sois de plus en plus éveillé à ce qui est
et que je ne vive pas du point de vue de mon système de croyances.
Je dois être prêt à réexaminer et revoir chacune d'entre elles.
Reconsidérer chacune de ces croyances, les rectifier et c'est alors seulement
que je peux me rapprocher de la compréhension de cette réalité qui sinon restera lointaine.
C'est exactement le processus et à ce sujet il dit,
jusqu'à présent, dit le Seigneur Krishna, je t'ai parlé de samkhya.
Samkhya est la connaissance, la connaissance de ce qui est.
Ce qui est ne dépend absolument pas de toi, de ce que tu penses ou ne penses pas.
Pendant des générations, nous avons cru que la terre était plate.
Cela n'a pas changé le fait que la terre était une sphère.
Si tu crois que tu es ce petit individu,
cela ne change en rien le fait que tu es ce je illimité.
Mais pour que tu comprennes cette réalité, il est nécessaire que tu sois préparé.
Et c'est cela que le Seigneur Krishna dit,
jusqu'à présent je t'ai parlé de samkhya, mais maintenant je vais te parler de yoga.
Yoga dans le sens de comment vivre sa vie.
Comment répondre à chaque situation, y compris la situation
dans laquelle se trouve Arjuna à ce moment de sa vie?
Comment doit-il répondre à cette situation?
Il dit: buddya yukto yayah partha, une fois que tu commences à mettre ta situation en perspective,
karma bandham prahasyasi, tu peux te défaire de ce qui t'asservit, te maintient captif
c'est à dire de cette ignorance et de toutes les conclusions qui se basent sur cette ignorance.
Dans cette situation particulière, yoga veut dire...
Si Arjuna devait réévaluer la situation où il se trouvait, il dirait ceci:
Il dirait, oui je ne vais pas me battre
pour ma revanche personnelle, pour mes ambitions personnelles.
Car il y a une perspective plus large qui est que,
il y a un roi en place qui a employé des moyens inappropriés pour occuper cette position.
Cette personne qui est avide et ambitieuse,
et qui n'hésite pas à abuser, tromper les autres
pour son propre pouvoir et son plaisir, est un roi qui n'est pas un bon roi pour ses sujets.
De plus la position d'Arjuna est que de par sa naissance il est un ksatriya, un guerrier.
Et c'est à lui et à ses propres frères que doit revenir le royaume,
car ils sont de manière légitime ceux qui doivent être les rois.
Dans cette situation, son devoir est de livrer le combat.
Cette guerre n'est pas livrée pour lui-même mais pour...
en voyant la situation de manière plus large,
la perspective du nombre de personnes qui aurait à souffrir
d'un individu insensible qui ne pense qu'à son pouvoir, et qui a le champ libre pour régner.
Dans ce cas, puisqu'Arjuna est placé dans une position
où il a les moyens de se battre et de détrôner ce roi,
cela devient son devoir, ce qui doit être fait par lui.
Une fois que vous commencez a réexaminer les situations avec une perspective juste,
avec une vision élargie des choses,
alors vous devenez une personnne de plus en plus objective.
Vous prenez les décisions appropriées.
Elles ne sont pas basées sur ce que vous aimez ou n'aimez pas, mais sur des buts plus élevés.
C'est cette personne que vous devez devenir
afin d'être préparé, qualifié pour cette connaissance au sujet de votre nature illimitée.
Et chacun de nous doit grandir, mûrir jusqu'au point,
où nous apprenons à prendre des décisions qui ne se basent pas seulement sur nos désirs personnels,
depuis notre vision étroite du monde,
mais prenons des décisions plus responsables, qui prennent plus en compte
les répercussions de nos actes à un niveau plus large.
Il s'agit aussi de considérer quelle est notre propre place dans l'ordre des choses
et quelle est la réponse appropriée à notre position.
Ainsi, prendre en compte l'éthique, ce qui est approprié à notre position,
ce sont là tous les différents facteurs qu'il faut
considérer avant que nous prenions des décisions.
Ce qui est à l'opposé de ce que nous faisons à présent,
quand nous prenons des décisions depuis une perspective très étroite.
L'enseignement change ainsi de sujet, de la connaissance de ce qui est
à la manière dont je peux devenir une personne qui est préparée pour cette connaissance.
Cette personne doit grandir en maturité et grandir dans sa vision du monde,
changer son orientation, réviser sa compréhension des situations de la vie de tous les jours,
la manière dont elle voit les choses et prend des décisions.
A moins d'entreprendre cela, l'écart entre le lieu d'où vous opérez
et ce que vous avez à comprendre restera trop grand et ne pourra pas être comblé.
Ce verset de transition fait donc le lien entre
votre connaissance et votre transformation personnelle, votre maturité.