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Comment se fait-il
que nous ne semblons pas être capables
de vivre en harmonie
avec notre environnement, sans le détruire ?
Comment se fait-il
que d'une certaine façon, cette culture
symbolise de manière unique
le retour de la loi de décroissance ?
Que notre réussite est un désastre.
Que nous fabriquons - en d'autres termes
une énorme civilisation technologique
qui semble promettre de réaliser tous les voeux
en appuyant juste sur un bouton.
Et pourtant, comme dans tous contes de fées
lorsque le souhait est matérialisé,
ils restent faits de poudre magique,
ils ne sont pas réels du tout.
Autrement dit, la plupart de nos produits,
nos voitures,
nos maisons,
nos vêtements,
notre nourriture,
ont vraiment l'air d'être la réalisation
pure de notre pensée.
Cela revient à dire profondément immatériel,
"manquant de corps" comme disent les connaisseurs en vin.
Et à beaucoup d'autres égards.
Les objets que nous produisons sont éphémères,
et cela a pour conséquence de nous frustrer,
nous sommes terriblement frustrés.
Nous pensons qu'en amasser de plus en plus est la solution.
En conséquence de quoi
le paysage tout entier commence à ressembler
à la chambre d'un enfant gâté,
qui a trop de jouets et s'ennuie,
et les jette aussitôt qu'il les possède,
ne jouant que quelques minutes avec eux.
Ainsi nous nous vouons
à une guerre redoutable
à partir de la dimension matérielle du temps et de l'espace.
Nous voulons en oblitérer les limites.
Nous voulons que tout soit fait très vite.
Nous voulons convertir les rythmes et les savoir-faire
en argent,
avec lequel on peut s'acheter quelque chose,mais qu'on ne peut pas manger.
Puis on se précipite chez soi
pour oublier le boulot et enfin s'occuper de la vraie vie,
se faire plaisir.
En fait, pour la majorité des familles américaines
ce qui semble être le vrai but de l'existence,
ce qui vous presse de rentrer à la maison,
c'est de regarder
une reproduction électronique de la vie.
On ne peut pas la toucher,
elle n'a pas d'odeur,
et elle n'a pas de saveur.
On pourrait croire que les gens qui retournent à la vraie vie après leur boulot
dans une solide culture matérielle,
se feraient un banquet pantagruélique
ou une orgie de sexe
ou une éclate de musique et de danse;
Mais rien de tout cela.
En fait, ils s'adonnent à une pure
contemplation passive d'un écran au brouhaha incessant.
Une succession de maisons assombries défilent,
toutes avec ce petit écran électronique
clignotant dans la pièce.
Chacun de son côté, regardant cette chose.
Et ainsi, sans aucune communion les uns avec les autres.
Et cet isolement des gens dans leur sphère privée
est crée de toutes pièces par une foule apathique.
Donc,
on ne se rencontre pas,
sauf pour se débarasser publiquement de notre agressivité,
comme à un match de foot ou se battre pour la médaille d'or.
Ainsi,
dans les spectacles qu'on voit à cette télévision
il est parfaitement normal d'y montrer des gens
se frappant et s'assassinant,
mais mon Dieu, sûrement pas en train de s'aimer,
sauf de façon très contôlée.
On peut seulement conclure
que ce que l'on peut déduire de tout cela,
c'est que
l'expression de l'amour physique est bien plus dangereux
que l'expression de la haine physique.
Et à mon avis, cette culture qui
fait ce genre de supposition
est à la base délirante
et vouée - inconsciemment bien sûr
mais néanmoins dans les faits- vouée
non pas à survivre
mais à détruire en fait la vie elle-même.