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Vous vous trompez sur Sucker Punch Deuxième partie
Okay,
la semaine dernière, nous avons un peu déconstruit le film Sucker Punch
soulignant en particulier le thème sous- jacent du film, critiquer son propre genre
et le public cible présumé du genre susdit.
Cette fois, je vais m'attarder sur les deux autres fronts.
Critique de soi-même,
et sa possible critique d'une philosophie.
Mais nous devons d'abord parler de transitions.
Sucker Punch utilise trois niveaux de réalités pour raconter une unique histoire.
Pour faire court, nous les appellerons
le monde de l'asile,
le monde du bordel,
et le monde de fantasy.
Le monde de l'asile est supposé représenter le monde réel,
mais voilà le truc:
quand le film s'ouvre dans cette réalité,
il le fait avec un rideau s'ouvrant sur une scène.
En langage cinématographique, des transitions telles qu'un rideau,
des pages de livre ou un écran de télé
sont courament utilisés comme un message très clair
que ce que nous voyons pourrait ne pas être réel
au sens strict.
En d'autres termes,
bien que le monde de l'asile semble raconter la vraie histoire,
ce n'en est pas forcément une version littérale.
Gardez juste ça en tête pour l'instant.
Quoi qu'il en soit, alors que Baby Doll est le personnage sur qui se centre l'histoire,
elle n'est pas le seul personnage important parmi les filles principales
et pourrait carrément ne même pas être le personnage le plus important.
L'autre personnage important est Sweet Pea,
jouée par Abbie Cornish.
Sweet Pea devient un personnage important
pendant la deuxième transition de réalités du film,
quand la lobotomie en cours de Baby Doll dans le monde de l'asile
se transforme dans une recréation de vaudeville d'une lobotomie
dans le monde du bordel.
Mais ce n'est pas Baby Doll dans la chaise!
C'est Sweet Pea.
C'est aussi ici que le film rend explicite son ressenti envers son public.
Je pige pour les petites écolières sexy...
Je calle aussi pour les internées sans défenses, okay?
Ca peut être torride!
Mais qu'est-ce que c'est que ça?
Histoire d'être clair,
Sweet Pea vous demande à vous, le public,
pourquoi une histoire de jeunes filles emprisonnées et violentées
est supposées être sexy.
Par bien des façons subtiles,
Sweet Pea est la plus différente des filles.
Ses costumes dans le monde de fantasy sont un peu moins déshabillés
elle parle un langage moins soutenu,
et en partie parce qu'avec ses 1m73
Abbie Cornish est considérée très grande pour une actrice,
elle est fréquement présentée comme imposante parmi les autres filles.
L'implication?
Elle est l'adulte de la bande,
à tout le moins la grande soeur.
Ce qui, au passage, renforce également la suggestion dans la transition de la lobotomie
qu'elle est une image inversée de Baby Doll,
dont le nom et le costume en font la plus infantilisée du groupe.
En parlant de ça,
le fait qu'elle soit littéralement la grande soeur du personnages Rocket
est un autre moyen de la différencier.
C'est le seul personnage dont la motivation première
n'est pas l'auto-préservation.
Elle est celle qui ne veut pas s'échapper,
mais pas parce qu'elle veut rester,
elle craint simplement que le plan de Baby Doll
ne fasse du mal à Rocket dans la foulée.
Oh,
et c'est aussi la seule personne
qui ne porte pas aux nues la danse supposée spectaculaire de Baby Doll.
Elle n'était pas impressionnée.
Tous ces gesticulations et ces gémissements...
la danse devrait être plus qu'un érotisme primaire.
La mienne...
est personnelle.
Elle dit qui je suis.
Qu'est-ce la tienne raconte?
Réchléchissez à ça une seconde.
La critique de l'esthétique de Sucker Punch la plus commune
est que les scènes de bataille ne marchent pas.
Elles sont artificielles Elles sont creuses,
Elles sont toutes flamboyantes mais sans profondeur ni signification.
Mais dans le film, ces scènes sont des métaphores pour la danse de Baby Doll.
Et qu'est-ce que le personnage établi comme la voix de l'auto-critique du film
dit à leur sujet et donc sur les scènes d'action?
Exactement.
Malheureusement, c'est aussi là que le film se vautre franchement.
La satire d'une mauvaise réalisation
sans en faire soi-même est difficile à faire.
le truc est de montrer ce qui est mauvais dans ce qu'on critique,
tout en en faisant une meilleure version.
Càd Starship Troopers,
Inglorious Basterds
ou The Lost Skeleton of Cadavra.
Et bien que les morceaux d'action de Sucker Punch
on fait un très bon boulot à recréer
ce fétiche vulgaire et portnawak d'héroïnes d'action,
il ne s'élève pas vraiment au-dessus,
à part le passage du château,
qui nous livre la symbolique subversive peut-être délibérée
de Baby Doll qui doit tuer un dragon nouveau-né
et sa mère avec son épée.
En d'autres termes, détruire les rôles genrés traditionnellement féminins
du soin à l'enfant et de la maternité elle-même
en se rendant elle-même symboliquement masculine
avec son Katana qui pourrait être dans un dessin animé
MAIS
voici le plus important
au sujet du plan de Baby Doll de distraire les méchants avec sa dans esensuelle
la résistance qu'y oppose Sweet Pea
et sa fonction dans la narration:
le plan échoue.
Il ne marche pas.
Baby Doll ne s'échappe pas.
Elle se fait quand même lobotomiser en un légume comateux.
Les autres filles se font blesser capturer ou tuer,
y compris Rocket, exactement ce que Sweet Pea craignait qu'il arrive.
En fait, la seule fille à s'échapper...
est Sweet Pea.
Celle que le public est amené à considérer comme
une rabat-joie tout du long.
Encore une fois:
d'où le titre.
Mais qu'est-ce que ça veut dire?
Certains ont avancé
que comme le film est pensé pour critiquer
la consomation et la production de l'objectification des femmes,
en particulier dans la culture geek occidentale,
que le retournement final est pensé comme une condamnation
de la soit-disant troisième vague féministe
et/ou du féminisme pro-sexe
qui ont parfois soutenu que l'objectification des femmes est acceptable,
et peut même rendre plus fort,
à condition que les femmes impliquées
en aient le contrôle pour leur propres fins
Avec cette interprétation, la fin du film dit:
"Non Baby Doll,
Ton costume d'écolière coquine et tes danses érotiques
ne sont pas ce qui te libèrera."
ca pourrait aussi être la réponse aux critiques qui demandent pourquoi
si Baby Doll peut s'échapper dans n'importe quel univers,
elle choisit de s'échapper vers un qui n'est qu'un autre type d'esclavagisme.
C'est vrai ça, pourquoi?
C'est une des interprétaions,
et bien que je la pense valide, elle est un brin trop cynique
et c'est aussi un message auquel je n'adhère pas vraiment.
Mais elle ignore également le fait
qu'alors que le plan de Baby Doll échoue pour elle et la plupart de ses amies,
l'ultime échec est intentionnel.
Elle se sacrifie pour que Sweet Pea puisse s'échapper,
et le fait avec une dernière réplique cryptique:
Il doit y avoir un autre moyen...
Non;
c'est ce qui doit être.
Ca n'a jamais été mon histoire.
Donc, si Baby Doll représente en partie
les échecs supposé bien intentionnés de la troisième vague féministe,
est-ce que ça fait de Sweet Pea le visage d'une quatrième vague naissante
qui n'a survécu qu'en résistant aux plans de Baby Doll
mais ne peut ensuite avancer
que grâce aux progrès auxquel il est parvenu?
Ca, c'est probablement au public de décider.
Et ça vaut pour la fin.
Après que Baby Doll soit lobotomisée,
il y a une scène finale où Sweet Pea
recouvre sa pleine liberté
en échappant aux autorités avec l'aide d'un chauffeur de bus
joué par Scott Glenn.
Mais on a vu Scott Glenn auparavant.
Il est aussi le personnage de l'Homme Sage
qui aide les filles dans les scènes de bataille.
Donc,
est-ce que ça implique que la scène finale
n'est qu'un monde imaginaire de plus
un endroit heureux dans la tête de Baby Doll où Sweet Pea s'en est sortie?
Où est-il possible que la scène du bus soit enfin le monde réel,
et que le chauffeur de bus apparaissant dans le monde de fantasy
soit la seule figure masculine noble du film,
parce que la personne nous racontant l'histoire de Baby Doll depuis le début...
était en fait Sweet Pea.
La seule personne à avoir survécu.
Après tout...
Ca n'a jamais été mon histoire.
Une dernière chose avant de finir;
rien de tout cela n'est sensé changer l'opinion de qui que ce soit
sur la qualité de ce film.
Mon but était plutôt d'illustrer le danger de prêter des intentions artistiques néfastes
à un film,
ou tout autre oeuvre,
parce qu'il aborde un sujet difficile
et s'est un peu loupé à l'atterrissage.
Parce qu'assez souvent,
c'est en fait exactement le contraire de ce que vous pensez.
Je suis Bob,
et c'est The Big Picture.