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Qui aurait prédit que la crise économique serait si prononcée
avec les "pères Noël de centres d'achats".
Comment résoudre les problèmes économiques des États-Unis
comme cette crise de l'emploi ?
Nos invités nous parlent souvent d'assainir la monnaie, ou de règlementations,
mais pourquoi pas un système entièrement nouveau, non seulement économique,
mais aussi social ?
Cela semble très radical, mais c'est précisément
le combat de Peter Joseph du Mouvement Zeitgeist.
Il va expliquer pourquoi et comment cela fonctionnerait.
Peter, merci d'être avec nous ce soir. Je vais aller droit au but.
Nous avons des invités qui défendent différentes solutions
face aux critiques du système économique actuel,
comme le pardon de la dette, une meilleure régulation de l'industrie privée,
une monnaie plus saine. Vous revendiquez simplement
la disparition du capitalisme de marché actuel
et une refonte complète du système social.
Pourquoi pensez-vous que ce soit la solution ?
- Aussi bonnes que soient ces choses,
et merci, Lauren, de votre invitation,
le vrai problème, ce sont les défauts structurels et psychologiques
que ce système crée. La crise de l'emploi, de la dette,
de la santé publique, de la pauvreté,
l'imminente crise de l'énergie,
et l'immense déstabilisation sociale apparente
sont en fait des conséquences systémiques
de défauts fatals dans la logique qui est au cœur du système.
Je peux développer n'importe lequel de ces sujets.
Si on prend ce que vous venez de couvrir ici :
la crise de l'emploi. - OK.
- La crise de l'emploi est réellement pilotée par la technologie.
Il est très important de comprendre cela, parce que
malheureusement très peu de gens en parlent.
Nous avons une augmentation exponentielle de l'informatique,
couplée à des inventions dans les matériaux, les procédés de fabrication
et tous les autres secteurs, le secteur des services,
des révolutions conceptuelles ont lieu grâce à l'intelligence artificielle
et vont éliminer la nécessité d'avoir des emplois,
et cela augmente exponentiellement et plus rapidement
que ce déclin ne se produit,
car il est plus rentable pour les entreprises d'automatiser.
Elles n'ont plus à payer les assurances ou les congés.
Si vous regardez bien, c'est l'élément systémique.
Cela veut-il dire que la technologie est mauvaise ? Non,
simplement que l'évolution humaine est sur une voie
qui rend littéralement obsolète le système social actuel,
pour l'attribut que je viens de mentionner.
Mais je m'arrête ici et vous laisse continuer. - Merci
et nous allons y revenir. Pour rester sur le sujet
des emplois dont nous parlions,
vous pouvez évoquer de la composante technologique de la perte d'emplois,
mais il y en a une autre. Qu'en est-il par exemple
de l'industrie du bâtiment dans ce pays
que nous pouvons voir totalement décimée
avec la bulle immobilière qui a éclaté,
ce qui nous amène à la question de la dette, un problème
dont vous parlez. Pouvez-vous nous parler du rôle de la dette
et de ses limitations dans notre système monétaire ?
- Vous avez en quelque sorte cette bulle équivalente à de la dette.
Vous remarquerez que beaucoup parlent du jubilé de la dette,
et du pardon de la dette. J'ai entendu un économiste
promouvoir un pardon de la dette tous les 50 ans.
Mais cela ne résout pas le problème fondamental, n'est-ce pas ?
Notre monnaie est produite à partir de dettes.
L'argent est fait de dette, qu'il provienne de la banque centrale
ou des banques privées. Les banques privées manipulent l'argent,
le prêtent aux gens avec intérêt, et cette composante, l'intérêt,
n'existe pas dans la masse monétaire.
Vous avez un montant de dette toujours croissant
à travers le monde entier,
et c'est pourquoi nous restons sidérés devant cet état de fait,
qui nous étouffe à tant de niveaux :
Voyez la dette médicale, les dettes de prêts étudiants,
considérez toutes les privations en cause.
C'est l'un des aspects
d'une expérience sociale absolument malsaine.
C'est une chose horrible à faire subir à la société humaine,
de lui imposer cet élément fictionnel,
ce qui m'amène à dire que la dette est une forme
d'esclavage (on ne peut trouver mieux comme expression).
C'est une pénurie imposée, qui force les gens à accepter des emplois
qu'ils refuseraient d'ordinaire par intégrité ou éducation,
mais ils y sont obligés, en général à moindre coût pour les entreprises.
En un sens, c'est favorable au système corporatif à un certain niveau,
jusqu'à un certain seuil, d'avoir beaucoup de gens inhibés et sans liberté
qui ont des dettes. On dit souvent dans mon milieu que
quand vous sortez de la fac, vous avez vraisemblablement 80 000 dollars de dette.
Vous êtes mûr pour l'esclavage dans une entreprise
qui n'a pas à considérer vos intérêts ni à prendre soin de vous.
- Vous dites que la dette est un esclavage ; vous avez d'autres critiques à ce propos.
Nous avons vu actuellement la cause de tant de problèmes
que nous couvrons chaque jour dans cette émission : la crise de la zone Euro,
la dette publique, qui n'en est qu'un aspect.
Est-ce pour cela que vous voulez supprimer le système monétaire,
et si oui, comment récompenser le travail et les sacrifices consentis par la population ?
- Je pense que la suppression du système monétaire se produira
quelles que soient mes intentions. C'est une évolution naturelle de la société humaine.
Tous les mécanismes qui ont maintenu ce système en place sont progressivement supprimés
par défaut, et la déstabilisation sociale que nous voyons à l'horizon
(je ne suis pas obligé d'agir, j'essaie juste d'aider)
va provoquer un changement quelconque,
et j'espère, ainsi que les gens avec qui je travaille,
que le système optera pour une direction saine, moins sinistre
que ce qu'on a vu ces 20 dernières générations.
Le problème de la motivation est un argument fréquent
des gens qui défendent le système de libre entreprise.
Ils disent : "si les gens n'ont pas une motivation matérielle directe pour travailler
(une récompense, la carotte au bout du bâton), ils ne prendront aucune initiative."
Scientifiquement, beaucoup de recherches ont démontré
qu'en ce qui concerne les intérêts créatifs,
les gens ne sont pas motivés par l'argent.
L'argent semble inhiber la créativité des gens.
Seules les opérations mécaniques comme le travail à la chaîne
ou le métier de serveur (qui peuvent aisément être automatisées
si nous appliquons notre technologie) doivent être ainsi récompensées,
car elles sont si ennuyeuses.
L'esprit humain est la véritable capacité et la meilleure ressource de la planète,
et libérer cet esprit, lui permettre d'être créatif,
c'est la beauté de notre évolution technologique à ce stade.
D'autre part, il est scientifiquement validé
que la motivation ne rend pas forcément les gens opérationnels.
Nous avons d'autres motivations qui ne sont pas directement matérielles
et qui sont très gratifiantes, que les gens verraient
s'ils élargissaient leur horizon. La motivation de pouvoir sortir de chez vous
sans se soucier d'être volé par quelqu'un
qui vit dans un environnement de privations
et qui pointe son arme vers vous en prenant vos ressources,
et tous ces verrous qu'on met sur nos portes.
La plupart des crimes dans le monde sont liés à l'argent,
d'une façon ou d'une autre, et à la privation à cause du système monétaire.
Une autre motivation est la suppression de la guerre, de la pauvreté.
Imaginez la satisfaction de savoir qu'il n'y a pas un milliard de personnes
qui meurent de faim sur cette planète ! Il y a un élément profondément social en nous
qui est en train de mûrir. C'est nécessaire à notre survie.
Notre intérêt personnel doit devenir l’intérêt social.
Il le faut. C'est déjà là en fait, mais nous ne le savons pas encore.
Nous n'y pensons pas comme cela.
Avant que cela se produise, beaucoup de choses se profilent à l'horizon.
Une dernière chose sur la motivation, un exemple classique :
on assiste à d'énormes révolutions militaires en ce moment.
Elles vont faire ressembler la bombe atomique à une catapulte romaine.
Que va-t-il se passer quand nous aurons ces technologies avancées
et la société immature que nous avons, basée sur cette
farce de darwinisme social, cette mentalité tribale,
cette mentalité de guerre souveraine : chacun se battant contre les autres,
partant du principe que nous ne pouvons pas nous entendre.
Que va-t-il se passer quand nous aurons ces technologies avancées
que l’ingénierie moléculaire sortira de ses tiroirs
et qui peuvent détruire un continent entier sur un coup de tête ?
C'est un danger très réel, et selon Albert Einstein :
"Notre technologie a dépassé notre humanité."
Il est très important que nos valeurs s'alignent
et c'est explicite pour notre nouvelle révolution de conscience sociale,
qui doit venir des bases du système économique.
- Peter, je voudrais en savoir beaucoup plus, parce que
vous avez tant de points de vue intéressants à aborder.
Depuis notre dernière discussion, il y a eu Occupy Wall Street
où des gens protestent contre le système économique
dans les rues des États-Unis. Je voudrais en parler davantage.
Après cette courte pause, nous allons revenir
avec le cinéaste et réalisateur Peter Joseph.
Avec Occupy Wall Street partout dans le pays,
nous avons vu des gens descendre dans la rue
pour protester contre le système économique lui-même,
et le réalisateur et cinéaste Peter Joseph figure parmi
ceux qui prônent une refonte totale.
Nous allons aborder ce qu'il pense de ce mouvement
et ce qu'il pense des changements à apporter au système économique.
Peter, revenons en arrière, car comme je l'ai évoqué,
Occupy Wall Street est dans la rue, manifestant contre le système économique.
C'est aussi un mouvement sans leader.
Je voudrais savoir si vous pensez
que leurs intentions sont justes ?
- Les intentions, absolument, mais tant que des solutions ne sont pas proposées,
tant que les gens ne se rassemblent pas pour penser à la solution,
on n'arrivera pas à grand-chose, malheureusement.
C'est un mouvement de sensibilisation à la protestation. Ce qu'ils font est réellement important.
Je pense que c'est une autre excroissance systémique de la déstabilisation.
J'espérais depuis longtemps que ce genre de chose se produise.
Occupy Wall Street et le Global Occupy Movement
(qui est réellement l'élément le plus important,
car il ne concerne pas que Wall Street,
,
manifestent contre le système financier mondial dans sa totalité
et les défauts inhérents au système de marché,
même si beaucoup de gens du mouvement ne discutent même pas de ces problèmes.
Ils expriment juste leurs angoisses, et ils ont raison.
Je voudrais préciser, cependant,
que les 1 % ne doivent par être diabolisés en soi.
Les 1 % sont juste les meilleurs joueurs dans la stratégie de ce jeu.
Les 99 % ont laissé les 1 % parvenir là où ils en sont
très facilement, car les 99 % ont soutenu
tous les mécanismes qui ont favorisé les 1 %.
Ce système est basé sur une structure de classes.
Il est toujours en faveur des riches
et je ne parle pas juste du lobbying et des interventions gouvernementales.
La base même de la structure, depuis les banques, le système
de prêt et d'intérêt soutient réellement tout cela.
Si le mouvement Occupy veut vraiment en venir aux faits,
il va devoir commencer à aborder ces problèmes fondamentaux
dont je parle, dont mon mouvement parle,
et dont beaucoup d'autres parlent, puis penser
à la solution. Je crois vraiment, comme Buckminster Fuller,
qu'il ne s'agit plus de combattre un système.
Il s'agit d'en construire un nouveau qui rende l'autre obsolète
et d'amener le public à le comprendre, alors c'est pratiquement gagné.
- C'est d'une sorte d'évolution dont vous parlez, mais je me demande
comment vous le faites, et combien de temps vous pensez que cela prendra
parce que je ne sais pas si vous avez vu les vidéos du vendredi noir,
de gens qui se battent pour des moules à gaufre à 2 dollars ?
Je vais passer un petit montage pour notre public.
Je suis sûre que vous comprendrez ce qui se passe d'après le bruit.
(bruit de foule)
(Garde) Tout le monde recule !
(Sirènes)
- Peter, cela ressemble à une émeute,
mais ce sont des gens qui veulent des jeux vidéos.
Je ne voudrais pas me retrouver coincée entre eux et leurs jeux vidéos.
Comment vous insérez-vous entre eux et leurs jeux,
et combien de temps cela va-t-il prendre ?
- Bonne question. Avant la Deuxième Guerre mondiale
on consommait moitié moins par personne qu'aujourd'hui.
La mentalité de consommation vorace
a été imposée à la culture par la publicité
et il est très important que les gens le constatent.
Quand vous voyez un comportement aussi aberrant,
c'est vraiment une anomalie culturelle. Le système de marché en a besoin
pour favoriser une consommation aussi agressive que possible
pour maintenir ce paradigme de croissance infinie, hélas.
Comment remédier à ce problème, est-ce votre question ? - Oui.
- Comment faire comprendre cela aux gens ?
- Absolument, pour qu'ils abandonnent ces jeux vidéos.
- Oui, comme si c'était des éléments essentiels à la vie - Exactement.
- Néanmoins, il y a un énorme paradigme éducatif
dont je ne parlerai jamais assez.
L'effondrement de la société va ouvrir les esprits.
C'est la pression bio-sociale qui a fondamentalement
causé toutes les bascules majeures des sociétés humaines.
Les problèmes qui se profilent vont lentement
amener chacun à prendre du recul et dire : "Que faisons-nous maintenant ?"
C'est là que réside votre importance
et celle de tous ceux qui sont conscients.
Nous devons nous rassembler et montrer aux gens une solution possible,
les faire embarquer, créer un mouvement de masse,
pour favoriser sa réalisation.
Cela semble très simpliste et trop général,
mais cela ne se produira pas grâce à la politique gouvernementale.
Les gouvernements sont trop imbriqués dans les institutions corporatives.
Les gouvernements sont des entreprises ! Le gouvernement américain
n'est qu'une maison mère de toutes les filiales
connues sous le nom de "Centrale de l'industrie".
C'est vraiment tout ce que fait le gouvernement. Il est subventionné, supporté
et régulé par les entreprises. Depuis toujours, en passant.
Ce n'est pas une anomalie.
C'est juste la nature du jeu. Il ne faut rien attendre de moins.
C'est un mouvement de masse venant de la base.
- On dirait qu'il va falloir beaucoup de mouvement
pour arriver où vous dites qu'on doit être.
Vous avez beaucoup de mérite d'essayer et de venir ici
nous en parler.
C'était Peter Joseph, réalisateur et cinéaste.
Il est avec le Mouvement Zeitgeist. Merci mille fois Peter.