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Mon histoire avec la dyslexie c'est que lorsque j'étais petite, jamais je ne savais pas que
j'étais dyslexique. J'étais, oui, j'étais une fille intelligente,
je n'étais pas du tout stupide, non ; à 9 ans j'ai lu la version complète du « Seigneur
des anneaux » J'étais scolarisée à la maison, et ma mère décida de me mettre dans
une école, c'est là ou les problèmes ont commencé. Avant , il y avait des choses qui
me paraissaient un peu difficiles, il fallait que je révise souvent, je n'arrivais pas
à m'en souvenir facilement, les mathématiques me paraissaient compliquées, La grammaire
me semblait hardue, mais pas impossible non plus.
Tout cela changea radicalement lorsque je fus dans cette école et d'une année sur
l'autre, de l'enfant heureuse et gaie que j'étais, je suis tombée dans une dépression
sévère , j'avais tous les problèmes d'apprentissage. Je me sentais triste et misérable. Je me
souvient de la salle de classe ou j'attendais la maitresse en tremblant j'avais peur, j'étais
terrorisée, parce que je savais qu'il y avais quelque chose pendant ce cours que je n'allais
pas comprendre la maîtresse se sentait frustrée et les autres enfants riraient de moi et disaient
« Encore une fois, Klaire ne comprends rien! » J'avais honte, j'étais humiliée, mon auto-estime
était détruite. A cause de cela, j'ai été dépressive pendant
plusieurs années. Il y avait beaucoup de raisons:
les mathématiques par exemple, que je ne pouvais pas faire, et avec lesquelles c'est
encore difficile. Je vais beaucoup mieux, maintenant je vois les lettres! Avant, j'avais
un blocage mental qui faisait bouger les chiffres sur la page, ou alors, je ne pouvais simplement
pas les voir. Même si il y avait une ligne et que je prenais
une crayon, et que j'essayais de lire les chiffres un par un, je ne pouvais pas les
voir. Il y avait un tel blocage! Des choses comme la grammaire, bon...je ne
veux même pas en parler, j'avais très honte car je faisais beaucoup d'efforts, parce que
j'étais frustrée, parce que je travaillais beaucoup, je passais des heures et des heures
à tout revoir... Je refusais de croire que j'étais stupide,
parce que je savais que je ne l'étais pas, j'étudiais trois ou quatre fois plus que
les autres et je me sentais tellement frustrée parce que d'autres élèves sans rien étudier,
pouvaient répondre à toutes les questions du professeur qui après les félicitait:
«très bien, tu as bien travaillé!» après elle regardait mes devoirs et me criait :»pourquoi
es-tu si stupide?» J'essayais d'expliquer: «J'ai fais mes devoirs,
mais je ne comprends pas, pouvez-vous m'expliquer?», elle répondait: «tu es en train de faire
la paresseuse!» Ce que je trouvais terriblement insultant,
parce que je n'ai jamais été paresseuse, j'ai toujours travaillé, parce que si j'arrêtais,
je déprimais! Dans ces moments là j'étais toujours déprimée,
mais le travail était un moyen de ne pas penser, de ne pas avoir à penser à toute
ces confusions dans ma tête. Pendant beaucoup d'années, j'ai pensé que
j'étais stupide, les autres élèves me disaient que j'étais bizarre, alors j'ai commencé
à accepter l'idée que j'étais stupide «les professeurs disent que je suis stupide, les
élèves aussi, donc je dois l'être...» Comme vous pouvez imaginer mon estime de moi
avait disparue complètement. De grandes périodes de mon enfance ont disparus
de ma mémoire, parce que inconsciemment je les ai bloqués.
C'était un mécanisme de défense, pas intentionnel mais inconsciemment j'ai bloqué tous ces
souvenirs, et il y a des grandes périodes de mon enfance dont je ne me souviens vraiment
pas. Alors que j'avais autour de 16 ans, ma mère
rencontra une de ses vieilles amies qui était un des professeurs de l'école ou j'allais
c'était un très bon professeur, qui lui demanda :
«Bonjour, comment va Klaire? Comment se débrouille-t-elle avec la dyslexie?»
Ma mère la regarda étonnée: «pardon?» Mais alors elle pensa: «c'est ça! Klaire
est dyslexique!» Ma mère savait qu'être dyslexique ne veut
pas dire stupide, mais c'est tout ce que j'avais entendu moi des professeurs pendant des années.
Aucun ne m'avait diagnostiquée comme dyslexique je crois qu'ils n'en avaient rien à faire
et qu'ils pensaient juste : « fille stupide » « que d'autres s'en occupent...».
Alors, ma mère revint à la maison et cria : « Klaire! C'est ça! Tu es dyslexique!»
J'ai eu alors deux réactions : la première fut de pleurer toutes les larmes de mon corps,
parce que d'un coup, j'étais quelque chose ! Ce que je pensais comprendre de la dyslexie
alors, c'est que j'étais stupide mais jusqu'à un certain point, cela m'étais égal.Cela
me faisait peur parce que j'ai pensé: «Ouaou ! Super ! On confirme officiellement que je
suis stupide !» Mais, aussi ce fut un grand soulagement parce que j'ai pensé : «Tu
sais, je suis quelque chose ! Je ne suis pas folle, je ne suis pas une anomalie !
d'autres sont dyslexiques, j'appartiens à quelque chose!»
Cela en soit a été le plus grand soulagement. Ma mère me fit assoir, et me dit : «non,
tu n'es pas stupide, tu as une façon très spécifique d'apprendre et tous les problèmes
que tu as eu prennent racine dans la façon d'enseigner dans les écoles, cela n'a rien
a voir avec la stupidité absolument rien à voir. Grâce à Dieu, cette amie de la
famille est une « formatrice Davis ». La formation Davis a été créée par un
Ron Davis qui est très dyslexique, je crois même autiste.
Lui avais compris que le système éducatif actuel cause beaucoup de problèmes aux dyslexiques.
Le cerveau fonctionne de deux manières distinctes: Nous pouvons penser avec le côté droit ou
avec le côté gauche du cerveau. Les dyslexiques pensent en utilisant le côté droit du cerveau.
Le côté droit du cerveau est celui qui apprends au travers des images, le côté gauche celui
qui apprends au travers des mots. Les personnes qui aiment les mathématiques,
qui préfèrent les choses réglées développent le côté gauche. Les artistes, illustrateurs,
musiciens préfèrent utiliser le côté droit. C'est pour cela que les dyslexiques sont nombreux
parmi les acteurs, écrivains, artistes et ce non pas malgré leur dyslexie mais grâce
à la dyslexie! Etre dyslexique ne veut pas dire être stupide,
c'est une façon d'apprendre, et les difficultés que nous avons sont provoquées par le système
éducatif actuel. C'est comme...par exemple apprendre à sauter à l'élastique, je l'ai
fait pendant quelques années, si nous ne savons pas utiliser nos muscles correctement,
comment les préparer et les chauffer, comment étirer, rebondir,se retourner....on peut
alors blesser le corps, tomber et se faire mal. L'éducation fonctionne de la même manière,
certaines personnes peuvent apprendre d'une façon particulière et si vous leur apprenez
d'une façon inappropriée, vous allez les blesser mentalement.
C'est ce qui se passe avec la dyslexie. Ronald Davis a découvert une manière de défaire
le mal causé par le système éducatif actuel. Cette amie de ma famille qui avait appris
à être formatrice Davis m'a offert de m'aider gratuitement. Ce fut une chance incroyable!
L'aide/cour a duré toute une semaine, et la différence fut....tout simplement hallucinante.
Je me souviens qu'à la fin du deuxième jour....j'ai eu la migraine pendant des années, ce n'était
pas mal à la tête, mais la migraine...Imaginez un tison chauffé à rouge pendant des années
dans la tête...je le ressentais ainsi, surtout lorsque je voyais des chiffres ou un livre
de mathématiques comme si quelqu'un avait mis un bâillon, dans la tête, une agonie !
Ce n'est pas une exagération,....c'est super douloureux.
Et le pire ...si tu parlais à quelqu'un de cette confusion mentale, ils pensent que tu
ne veux pas apprendre ce qui était terriblement insultant, car j'aimais apprendre :
tu sais, je lisais tout le temps, j'ai lu des encyclopédies, des dictionnaires... Le
deuxième jour, plus de migraine ! Cette douleur que j'avais dans la tête depuis
des années...je me souviens être sortie prendre l'air et sentir comme si j'allais
me mettre à voler à chaque instant je me sentais légère ! Incroyable, et après,
peu à peu les choses commencèrent à faire clic et je trouvais des choses très intéressantes
comment j'associais certaines traumatismes avec certaines lettres de l'alphabet et c'est
pourquoi certains mots me posaient des problèmes , le «b» et le «d» se retournaient.
La lettre D, je l'associais avec la mort ( «death» en anglais), mort de gens que j'aimais, et
avec l'impuissance et l'impossibilité de contrôler quoi que ce soit la lettre « b »
je l'associais à «blood» («sang» en anglais), évidemment en référence à la mort et des
trucs dans ce style. Ces lettres me causaient beaucoup de problèmes,
et dans la formation Davis ils me l'ont découvert et ils découvrir que cela me provoquait un
blocage mental. Cela peut vous paraître stupide, mais ils
me firent reproduire ces lettres avec de la pâte à modeler. Une fois modelées tout
à coup on comprend cette lettre particulière, je pouvais voir la lettre dans ma tête et
comprendre comment elle fonctionnait ce fut incroyable !
C'est comme si quelqu'un te donnais tout d'un coup les clés qu'il te manquaient ! Tu comprends ?
C'est comme une ampoule qui illumine l'obscurité dans la tête...et après avoir terminé cette
semaine ..je suis revenu chez moi et....les choses qui avant me rendaient malade, je pouvais
désormais les faire ! Ce fut incroyable, cela m'a permis de faire
tellement de choses ! Je n'aurai pas pu créer mon groupe, écrire
des chansons . Avant j'écrivais des chansons dans mes loisirs mais jamais je n'aurais pu
aller au-delà et faire du chanter professionnellement, ou même chanter pour mes amis ! Un univers
de possibilités s'est ouvert à moi ! Je crois que c'est cela qui est su frustrant
pour les dyslexiques : savoir que l'on a des capacités, l'imagination pour les faire,
mais ne pas pouvoir les faire. Parfois, le système éducatif, parfois c'est
le blocage mental qui paralyse la tête, et lorsque c'est parti, on peut tout réussir.
J'ai rencontré Ronald Davis quelques années plus ***, ce fut un peu embarrassant, parce
qu'il était en train de parler de la dyslexie, de ses expériences, expliquant pourquoi il
commença la formation Davis, l'effet merveilleux que cela avait eu sur d'autres personnes.
C'était un discours qui s'adressait essentiellement à des professeurs sur comment reconnaître
la dyslexie des enfants, tu sais, comment enseigner de manière un peu différente et
après , je suis allée le saluer, et à vrai dire ce fut vraiment gênant, je voulais être
tranquille et sereine lui raconter ce qu'il m'était arrivé et le remercier d'avoir changé
ma vie ! Je dis changer, mais en réalité, mais plutôt sauvée, parce que sans plaisanter,
sans ce Monsieur..... Avant je me sentais perdue, j'étais constamment déprimée, au
bord du suicide à cause de la confusion que j'avais dans la tête et grâce à lui, tout
s'est mis en ordre dans ma tête ! Je voulais le remercier, mais je n'ai pas pu, je n'ai
pu que me mettre à pleurer à chaude larmes ! Ce fut réellement honteux pour moi, car j'ai
horreur que l'on puisse me voir pleurer, je refuse même que mes parents me voient pleurer.
Je ne pouvais pas croire ce qu'il m'arrivait ! Mais j'ai rompu en larmes devant ce Monsieur
et lui presque aussi... grâce à Dieu, il ne pleura pas parce que cela aurait été
difficile, parce que si quelqu'un pleure je pleure aussi et nous n'en finirions jamais !
Finalement, je balbutiais un « merci » et je suis partie. Mais...oui...alors j'ai
eu cette idée...parce que j'ai eu de la chance d'avoir un ami de ma famille qui pouvait faire
cela pour moi gratuitement. Pas tout le monde ne peut se permettre le
luxe de s'offrir cela. Les formateurs Davis doivent s'entraîner pendant des années,
parce que chaque dyslexique est différent. Pour moi, les problèmes sont les mathématiques,
la grammaire....j'ai aussi eu beaucoup de problèmes pour être sociable, regarder les
gens dans les yeux, je lutte encore mais infiniment moins qu'avant.
Maintenant je peux regarder les gens dans les yeux, mais... les mathématiques, j'ai
besoin d'un comptable, je ne peux pas le faire, j'inverse encore les chiffres..et personne
ne veut inverser les chiffres au moment de payer les impôts ! Mais chaque dyslexique
est très différent...les formateurs Davis doivent s'entraîner pendant des années afin
de savoir s'occuper de chaque personne, parce que chaque personne est très différente.
Tu sais, ce qui fonctionne pour un dyslexique ne fonctionne pas forcément pour un autre....et
on ne peut attendre que les gens, ....c'est comme demander à un avocat d'offrir ses services
gratuitement, on ne peut pas s'attendre que quelqu'un fasse ça sans être rémunéré.
C'est pour cela, que beaucoup de familles, financièrement ne peuvent s'offrir cela.
Alors, j'ai pensé, c'est la folie ! Cela change la vie des gens ! Les choses en relation
avec le mental ne sont pas valorisées et cela nous affectent tellement !
Et comme ce n'est pas un handicap que l'on voit, les gens ne se rendent pas compte et
ne lui donnent pas d'importance et pourtant cela fait une grande différence dans la vie
des gens. Alors je l'ai fait, il y a à peu près 6
mois, j'ai écris à la fondation Davis, à celui qui s'occupe de la formation en Angleterre,
et je lui ai dit : regardez, voilà ce qu'il m'est arrivé, c'est mon expérience, serait-il
possible que vous puissiez établir une fondation caritative avec laquelle il soit possible
de récolter des fonds pour aider les familles qui ne peuvent se permettre ce genre de formation ?
Ils m'ont répondu : » Nous y pensons depuis pas mal de temps, nous allons le faire ! »
Maintenant cette organisation est faite, et voilà, tout cela est ce qu'il m'est arrivé,
mon histoire et c'est pour cela que les cours Davis sont très importants pour moi, car
cela a fait une très grande différence dans ma vie, et j'espère que cela pourra faire
une encore plus grande différence dans la vie d'autres personnes.