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PROJET MANONDROALA
Cartographie, surveillance et restauration de la forêt à Madagascar
Par l´Association Finlandaise de Conservation de la Nature
avec le soutien de
Les coordonnées de la déforestation
Protéger les forêts tropicales de Madagascar à l´aide d´images satellites
La technologie par satellite a fait d'immenses progrès ces dernières années.
Nous pouvons aujourd'hui voir la terre depuis l'espace plus nettement que jamais
et des images satellites de plusieurs types sont accessibles à un nombre de personne toujours croissant – souvent gratuitement.
Aujoud'hui, toute personne ayant un accès à internet
peut étudier des lieux très éloignés
comme cette mystérieuse île de l'Océan Indien
connue pour les espèces animales et végétales uniques abritées par sa forêt tropicale –
appelée Madagascar.
Cette île immense, mesurant presque deux fois la taille de la Finlande,
abrite plus de 20 millions d'habitants.
Madagascar est l'un des pays les plus pauvres au monde.
Neuf habitants sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour.
Ses forêts tropicales, en revanche, abritent une variété d'espèces d'une valeur inestimable pour nous tous.
Près de 80% des espèces animales et végétales de Madagascar ne peuvent être rencontrées qu'ici;
et plusieurs de ces forêts sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Mais dans les dernières dizaines d'années la couverture forestière de Madagascar s'est réduite de façon alarmante.
Avec l'importante croissance démographique, il y a une nécessité croissante de terres cutivables.
Les populations pratiquent encore une culture sur brûlis,
défrichant les forêts pour créer de nouveaux champs.
L'exploitation minière s'étend également,
et il y a une importante demande en bois de contruction et autres ressources.
Les estimations concernant le taux de déforestation varie grandement, selon la méthode de mesure utilisée,
mais la gravité de la situation est indiscutable.
Au cours de sa vie, Nasoavina Christin, président et fondateur de l'ONG de protection de la forêt Mitsinjo,
a vu des miliers d'hectares de forêts rendus à l'état de terres en friches, parfois recouvertes de buissons sauvages,
autour d'Andasibe son village natal situé à l'est de Madagascar.
**Nasoavina Christin President de Mitsinjo** Quand je compare la situation actuelle, à ce qu'elle était il y a 40 ans, quand j'étais petit, les choses ont beaucoup changé.
dans ma région, autour d'ici, et vers Torotorofotsy, la zone humide en convention Ramsar,
ou à proximité de la station forestière ou de la route nationale...
Tout cette étendue était recouverte par la forêt quand j'étais enfant.
Cette histoire de disparition de forêt est tristement familière partout dans le monde.
Mais ici à Madagascar les conséquences mondiales de la déforestation sont particulièrement graves.
**Harifidy Rakoto Ratsimba Chercheur, Département des eaux et forêts Université d'Antananarivo** En fait il est très difficile de comparer Madagascar à d'autres pays en raison de sa biodiversité.
Ici quand on parle de la perte même d'un seul hectare, par exemple,
dans une si petite étendue vous pouvez avoir des centaines d'espèces d'arbre différentes;
alors que dans d'autres pays sur ce même hectare de forêt on pourrait peut-être trouver une seule espèce.
Les forêts de Madagascar sont l'habitat naturel de 5% des espèces animales mondiales connues.
Il y a presque autant d'espèces végétales ici
que sur la totalité du continent européen.
La faune de Madagascar inclut des centaines d'espèces endémiques de grenouille,
près de la moitié des espèces de caméléons du monde,
et encore beaucoup d'autres reptiles et mammifères uniques au monde –
sans parler de centaines de milliers d'espèces d'insectes
et autres invertébrés.
Les animaux les plus emblématiques de Madagascar sont les lémuriens.
Plus d'une centaine d'espèces de lémuriens vivent sur l'île;
et on ne trouve de lémuriens dans aucune autre partie du globe.
Mais la plupart des lémuriens de Madagascar
font aujourd'hui partie des espèces en voie de disparition.
La diminution des forêts pluviales
accélère les changements climatiques mondiaux,
which ce qui leur donne une place importante
dans les négociations internationales sur le climat.
Des pays comme Madagascar pourraient bénéficier de façon significative
de politiques mondiales pour le climat.
Un financement international pourrait les aider à restaurer leurs forêts,
tout en améliorant les conditions de vie de leur population.
L'un de ces mécanismes est le Programme REDD
c'est-à-dire
“Réduction des Émissions liées à la Déforestation et à la Dégradation de la forêt”
Le chercheur Harifidy Ratsimba appartient
au comité REDD de Madagascar.
Mais plusieurs obstacles doivent être surmontés avant que Madagascar puisse profiter de telles opportunités.
**Harifidy Rakoto Ratsimba** La difficulté est de créer de bonnes cartes, mais également de tenir cette carte à jour régulièrement -
c'est-à-dire, par exemple tous les trois à cinq ans.
Ces mises à jour permettraient d'avoir une idée des modifications intervenant au sein des forêts.
C'est sur ce point-là qu'une équipe russo-finlandaise est intervenue,
pour partager leur expérience avec les experts des forêts de Madagascar.
Des méthodes de cartographie développées précédemment avec l'Association Finlandaise pour la Conservation de la Nature
surveillance des forêts au Nord-Ouest de la Russie
utilisent des technologies satellites combinées à des enquêtes de terrain à l'ancienne.
Des méthodes similaires sont maintenant appliquées là où des projets de reforestation sont mis en place à Madagascar.
Le personnel des ONGs locales malgaches ne peut utiliser qu'une connection internet très lente,
mais ils ont une grande expertise concernant les espèces locales.
Cette méthode de surveillance facilite le contrôle de la reforestation sur le long terme,
élément souvent été problématique pour les projets de reforestation à Madagascar.
**Olli Turunen Conseiller Technique, Association Finlandaise pour la Conservation de la Nature.** Dans des initiatives pour le climat comme REDD+ et la bourse du carbone,
un des éléments cruciaux est la surveillance après que l'action ait été réalisée.
Ce n'est pas suffisant de reboiser ou de protéger une zone,
il est essentiel d'assurer également un contrôle pour connaître les impacts à long terme.
es partenaires naturels pour ce travail sont les groupes locaux,
formés pour pouvoir contribuer à la base de données.
Les méthodes doivent être simples et suffisamment fiables pour s'assurer que de vraies conclusions peuvent en être retirées.
L'Association Finlandaise pour la Conservation de la Nature a lancé le projet Manondroala,
qui combine la reforestation et la surveillance de la forêt, en 2011,
avec le soutien financier du Ministère Finlandais des Affaires Étrangères.
L'association locale partenaire à Madagascar
est une ONG ayant de nombreuses années d'expériences dans le domaine de la reforestation
dans une zone gravement fragmentées à l'est de la capitale Antananarivo.
Environ 150 espèces d'arbres sont cultivées dans la pépinière de Mitsinjo.
Le projet Manondroala a pour objectif de planter au moins 27 000 jeunes plants chaque année
– Totalisant ainsi plus de 80 000 nouveaux arbres sur trois ans.
**Youssouf Martin Coordinateur de la Reforestation Mitsinjo** La première chose c'est de préparer les substrats, nous avons besoin d'humus, de sol et de sable
et de vama. Les vama sont des champignons qui assurent une symbiotique avec les plantes,
les champignons nourrissent les plantes et les plantes nourrissent les champignons.
Ça c'est un grand caméléon de cette forêt, il s'appelle Calumma Parsonii.
Nous travaillons avec les animaux par exemple ces caméléons parce que nous n'utilisons pas de pesticides.
Les caméléons mangent les insectes qui détruisent les plantes.
C'est le processus écologiques de la restauration.
Les échantillons restant de forêt naturelle servent de dernier refuge pour plusieurs animaux et espèces végétales.
Quand les animaux d'une espèce voient leur habitat restreint à un tout petit fragment de forêt,
leur population s'appauvrit sur le plan génétique
Cela les rend moins aptes à se remettre de maladies,
ou à faire face aux impacts de l'activité humaine.
Pour cette raison Mitsinjo essaie tout particulièrement de rétablir les couloirs écologiques
reliant les échantillons survivants des forêts naturelles.
Les couloirs forestiers aident les animaux comme ce Sifaka à diadème, qui vit dans la zone du projet
– et est l'un des lémuriens de Madagascar les plus menacés d'extinction.
À mesure que les lémuriens se développeront, les forêts environnantes en bénéficieront,
uisqu'ils répandent les graines des arbres des forêts pluviales dans leurs excréments.
n plus de planter et de faire pousser des plants d'espèces endémiques d'arbre,
une autre partie importante du travail de restauration est de supprimer les espèces d'arbre exotiques.
**Youssuf:** Ça c'est des eucalyptus, les eucalyptus c'est une plante qui n'est pas endémique à Madagascar, elle vient d'Australie.
Ça aussi c'est un grand problème pour la restauration
parce qu'il est disséminé par le vent.
Si on a planté un eucalyptus dans les montagnes, d'autres eucalyptus vont rapidement occuper l'espace alentour.
Les eucalyptus aussi c'est une espèce qui a une croissance très rapide donc si d'autres espèces poussent entourées par des eucalyptus elles n'ont pas de possibilité de grandir.
À l'extérieur dans les forêts, l'expert cartographe de Mitsonjo note ses observations.
Des signes d'exploitation forestière sont-ils perceptibles dans la forêt?
Quels types d'animaux et de plantes y vivent?
Combien d'espèces exotiques sont présentes et leurs troncs sont-ils larges?
Toutes ces informations sont ensuites rentrées dans une base de donnée,
qui peut être analysée en parallèle avec les images satellites.
L'idée est en définitive de produire une carte complète
et détaillée de la ceinture de forêts tropicales couvrant l'Est de Madagascar.
On était trois dans un groupe et y a quelqu'un qui prend le GPS pour avoir les coordonnées
pendant que deux vont marquer une zone de 10 mètres carrés
après quand on sait quelles différentes espèces d'arbres sont présentes dans la zone
on peut utiliser les images satellites pour identifier toutes les zones avec ces mêmes espèces
et les regrouper en une seule catégorie.
Ça nous aide beaucoup
Parce qu'après avec la carte on peut savoir quelles zones sont protégées et quelles zones sont complètement dégradées.
donc il est nécessaire de reboiser et cet endroit y a encore des populations de lémurien par exemple
En Russie, une coopération similaire pour la cartographie, dans les dernières années,
a apporté une grande aide aux organisations locales dans leurs rapports avec les autorités.
À Madagascar, l'Assocation Finlandaise pour la Conservation de la Nature
est également désireuse de renforcer la société civile locale.
Cela soutient la démocratie,
mais cela permet également aux autorités de travailler en lien avec les ONGs locales
et de bénéficier de leur expertise grandissante quant à la surveillance des forêts,
ce qui peut s'avérer un vrai défi avec des ressources disponibles très limitées.
Le fait que les communités locales surveillent ainsi leurs propres forêts en s'appuyant sur des méthodes simples n'a pas pour vocation
de remplacer une gestion efficace des forêts, mais cela pourrait la faciliter dans beaucoup de pays.
Si cette méthode fait ses preuves à Madagascar,
cela pourrait servir de modèle pour plusieurs autres pays en Afrique, par exemple,
où les responsables de la forêt ont du mal à lutter contre les incendies de forêt et son exploitation illégale.
La nécessité d'une coexistence durable entre les populations locales et les forêts naturelles est une question cruciale aujourd'hui.
Des réponses sont cherchées à la fois au niveau local et dans le cadre des principales conférences internationales
l est difficile de faire renoncer les populations à la culture sur brûlis, par exemple,
sans leur offrir des opportunités d'adoption de nouvelles méthodes d'agriculture ou de subsistance.
**Harifidy Rakoto Ratsimba** Lorsque vous parlez de la durabilité de la gestion des forêts c'est toujours compliqué,
parce que la plupart du temps les gens diront:
Oui, c´est bien de protéger les forêts mais qu´est-ce qu´on peut faire?
Parce que durabilité ça signifie dans 10 ans, ou 20 ans, ou 50 ans ou 100 ans...
Mais ils ont besoin de trouver quelque chose à manger pour aujourd'hui et demain.
Du coup il y a aussi un écart entre les différents intérêts.
L'un des défis du mécanisme REDD, à mon avis,
est de trouver comment créer des sources de motivation pour les communautés locales.
Si il n'y a pas de récompense en retour de leur gestion durable des forêts, par exemple,
ils vont continuer à agir de la même manière.
Mitsinjo offre une formation aux populations locales autour de méthodes d'agroforesterie durable
qui peuvent remplacer l'agriculture sur brûlis.
L'association travaille également pour fournir des sources de revenus alternatives dans l'écotourisme,
et coopérer avec les école pour une éducation environnementale.
La pauvreté rend la rencontre difficile entre les besoins d'aujourd'hui et de demain.
Mais le président de Mitsinjo est sur que les nouvelles méthodes de cartographie et de surveillance
représentent un pas significatif dans la bonne direction.
Les forêts à Madagascar et dans de nombreux autres parties du globe
sont une condition préalable essentielle à la survie humaine:
sans elles, les nappes phréatiques disparaîtront,
l'érosion emportera les substances organiques nécessaires à la santé de la terre,
et le climat deviendra imprévisible,
rendant l'agriculture impossible.
**Nasoavina Christin** Parfois, quand je pense à l'avenir des forêts, ça me rend triste.
Mais parfois, j'ai confiance et je crois que les gens peuvent changer,
et commencer à comprende l'importance de la forêt.
Si on a plus d'argent on pourra replanter sur une zone plus large,
mais on n'a pas d'argent, on peut reboiser peut-être seulement un ou deux hectares, peut-être un-demi hectare.
Mais il est nécessaire que ce soit dans de bonnes conditions, et la surveillance et la plantation doivent être fait correctement,
pour que les arbres plantés continuent de grandir et ne meurent pas – ça c'est important.
Si nous continuons ça pendant 50 ans, pensez combien d'hectares cela représentera par an,
et à quel point la couverture forestière augmentera.
C'est ça ma vision à long terme.
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Pour plus d´informations sur ce projet:
Avec le soutien de
Merci Titta Lassila, Coordinatrice de Projet, AFCN Angela Tarimy, Coordinatrice de projet, MICET l´équipe de ptection de la forêt de Mitsinjo L´Université d´Antananarivo Département des Eaux et Forêts
Musique Rola Gamana - Very Ala (la forêt perdue) Images satellites Banque vidéo en ligne de la Nasa Film et Montage Eija Palosuo