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Une combinaison spatiale est une enceinte qui protège un être humain
de l'environnement extrême qu'est l'espace.
La référence classique quand on parle d'une combinaison pour EVA,
c'est un vaisseau individuel.
Comment 2 personnes peuvent fabriquer des combinaisons spatiales alors qu'historiquement,
elles sont faites par des équipes entières ?
Comment est-ce possible ? On devrait peut-être pas le faire.
[LES FABRICANTS DE COMBINAISONS SPATIALES]
Je m'appelle Ted Southern et on est le studio Final Frontier.
Je m'appelle Nik.
Nik Moiseev. Je suis Russe. J'ai de l'expérience dans la conception de combinaisons spatiales
depuis déjà 26 ans.
Je suis si vieux. Désolé.
On est associés. Ted et moi. Associés.
Je suis ingénieur et concepteur.
Ted Southern est artiste et designer
et on a fusionné.
Je lisais beaucoup de science-fiction,
et ça a alimenté mes rêves de vols spatiaux.
Donc je suis allé étudier à l'Institut d'aviation de Moscou.
Puis j'ai travaillé chez Zvevda (équipementier aéronautique russe).
Ce que j'ai appris là-bas, c'est que le plus gros problème avec les combinaisons,
c'est les gants.
Il y avait des problèmes de mobilité et de design des gants.
Je conçois des gants depuis 1986
et en 1988, mes gants étaient opérationnels dans l'espace.
Depuis, ces gants ont passé des heures dans l'espace.
Et le projet Mir est né,
puis l'ISS avec la NASA.
J'ai travaillé sur la création de combinaisons pour ces stations,
on a fait plusieurs versions, plusieurs modèles.
Merci de m'avoir écouté.
J'ai déménagé à New York et j'ai dit aux gens que je voulais faire
des armures, que c'était mon but dans la vie.
J'ai eu de la chance. En un an, j'ai trouvé un magasin de costumes,
Izquierdo studios, à Chelsea, qui faisait des armures.
En 10 ans chez Izquierdo Studio, j'ai appris beaucoup de choses
sur plein de matériaux. Et je crée toujours des costumes, en indépendant.
J'ai commencé à faire des ailes pour Victoria's Secret, et j'en fais encore.
Il y a beaucoup de points communs entre les costumes et les combinaisons spatiales.
On les fabrique pour le corps humain. Il faut faire quelque chose
de confortable et de fonctionnel. Sur le papier, je serais
le créatif aux idées folles et Nik serait celui qui recadre.
Mais parfois, c'est l'inverse.
Le processus est très long pour les combinaisons spatiales.
Généralement, il y a aussi plus d'argent en jeu
et des technologies plus pointues. Mais j'y vois une continuité
et il y a une vraie relation.
Nik et moi, on a participé au concours de gants d'astronautes en 2007,
qui fait partie des challenges centenaires de la NASA,
c'est un peu comme les X Prizes.
Là, il fallait redessiner un gant de combinaison
qui avait une torsion meilleure et une plus grande mobilité que ce que la NASA
fait aujourd'hui.
C'est un problème récurrent du gant.
C'est un peu le point faible dans la conception des combinaisons spatiales,
c'est la partie la plus fonctionnelle de la combinaison et elle est déterminante
pour l'efficacité de l'astronaute.
On n'a pas gagné en 2007
et je t'ai ramené à New York après, pas vrai ?
Je pensais jamais le revoir mais il a gardé contact
par mail. On a décidé de s'associer en 2009,
pour la compétition du gant d'astronaute. On a dépassé la technologie de la NASA
et on a gagné de l'argent. On a fait deuxièmes et
on a créé une SARL à ce moment là.
À Final Frontier Design, on travaille spécifiquement sur des combinaisons d'intérieur.
On essaie de répondre à une demande dans l'industrie naissante du commerce spatial,
des combinaisons destinées au lancement et au retour.
On utilise une technologie très innovante et
ça va paver la voie à une nouvelle génération de combinaisons spatiales.
C'est un caisson de décompression.
La pression est évacuée du caisson
et ça recrée la différence de pression qu'on ressent dans une combinaison.
Il faut vraiment tester les gants séparément
autant que possible, parce que c'est vraiment l'interaction humaine
avec l'espace. C'est par ce biais-là que l'homme accompli sa tâche, avec ses mains.
On peut les enfiler et faire des tests de dextérité.
L'un des plus durs, c'est celui du panneau perforé.
La dernière fois que je suis allé au Johnson Space Center, on a utilisé un caisson
pour gants et ils avaient un Rubik's cube dedans.
Alors je me suis dit qu'il m'en fallait un dans mon caisson.
Celle-là, on l'appelle la Frontier Prime. C'est notre première combinaison intégrale.
On a collaboré pour faire cette combinaison.
Nikolai a fait la couche extérieure.
Ça, c'est la 2G, la combinaison de seconde génération.
Son avantage, c'est qu'elle est composée quasiment d'une seule couche.
C'est un défi pour 2 personnes de faire une combinaison
alors que ce domaine était réservé à des équipes d'ingénieurs.
Mais on a déjà accompli beaucoup de choses.
On a commencé par les gants, qui sont la partie
la plus précise et la plus dure à concevoir.
On s'est beaucoup améliorés en quelques années
et pas uniquement sur les gants, maintenant, on fait des tenues entières.
On fait les mêmes tests que la NASA
en termes de taux de fuite, de rayon d'action, de circulation des gaz
et de flexibilité.
On a inventé et créé une combinaison spatiale nouvelle génération.
Notre combinaison ne pèse que 7 kg
alors que les combinaisons actuelles en font 9.
Ça fait des économies pour les entreprises de tourisme spatial.
En plus, elles sont plus confortables.
Peu de poids, une masse faible,
c'est déterminant pour un voyage spatial.
On considère généralement qu'il y a 2 types de combinaisons :
les combinaisons d'IVA servent au décollage, au retour dans l'atmosphère et lors de l'amarrage.
IVA, ça veut dire activité intra-véhiculaire.
Les combinaisons d'EVA, activité extra-véhiculaire, sont beaucoup plus complexes.
Elles ont des systèmes de survie dans le dos.
Il y a des renforts autour des éléments pressurisés pour protéger
des températures extrêmes, des micrométéorites et parfois des radiations.
Même avant que les Américains aillent dans l'espace, ils volaient à très haute altitude
et il fallait les protéger des environnements extrêmes.
L'exemple classique, le pionnier en la matière, c'est Wiley Post.
C'est un précurseur de l'aviation, il a beaucoup expérimenté avec les combinaisons pressurisés.
Il avait un gros avantage parce qu'il n'avait qu'un œil.
Donc il pouvait tourner la vitre de son casque d'un côté
et avait une bonne vision périphérique.
Il se servait de matériaux rudimentaires assez étranges : de la fourrure d'écureuil et du caoutchouc très épais.
La mobilité était très réduite donc il dépendait de la capsule dans laquelle il était.
L'Union Soviétique travaillait déjà sur des combinaisons spatiales dans les années 1930.
Le premier vol spatial habité a été effectué par Gagarine.
Et évidemment, les premières combinaisons n'étaient pas très bonnes.
Elles étaient très lourdes et avaient des problèmes de conception.
Il est clair qu'avec la NASA, les combinaisons spatiales se sont améliorées.
Les combinaisons du programme Mercury étaient adaptées au corps humain
et plus fonctionnelles mais
il n'y a pas eu d'EVA avant Gemini.
Les combinaisons d'Apollo utilisées sur la lune étaient beaucoup plus fonctionnelles
que celles de Gemini, qui ne servaient qu'à des EVA limitées.
Maintenant, nous avons l'ISS
et dans la station, il y a 2 systèmes de combinaisons :
l'EMU américaine et la combinaison russe Orlan.
Tous les 4 ans, les combinaisons Orlan sont remplacées
par une version améliorée.
L'EMU utilisée aujourd'hui a une durée de vie en orbite très longue.
On peut faire des sorties de 8 à 10 heures
et il existe de nombreuses tailles et gabarits.
Des hommes et des femmes
travaillent grâce à ces combinaisons. On a fait du chemin depuis Wiley Post,
c'est clair.
Je pense que la NASA et l'agence spatiale russe
ne peuvent plus travailler l'une sans l'autre.
Elles doivent travailler ensemble.
Le projet de ceinture me motive. Il faut qu'on travaille là-dessus.
- J'ai trop faim... - T'as faim ?
Mais on vient de manger.
En juin 2012, on a lancé une campagne sur Kickstarter
pour soutenir notre nouvelle entreprise et pour annoncer
qu'on était près à créer une combinaison utilisable pour le vol.
Merci de nous soutenir sur Kickstarter.
Tape-m'en 5.
On a réussi. on a atteint notre objectif.
Mais le plus important, c'est qu'on a trouvé des clients.
On est passés dans la presse, des gens ont pris connaissance de notre projet.
On travaille avec zero2infinity,
une entreprise espagnole qui fait des ballons de haute altitude.
Ces expériences à haute altitude devraient valider nos travaux
et nous permettre de tester nos combinaisons en vol avant qu'on les utilise dans des fusées.
On est vraiment impatients de travailler avec eux.
C'est super d'exister à cette époque,
où l'industrie commerciale commence à se développer. Beaucoup de gens très optimistes
disent qu'on volera d'ici un an. Ça fait long
mais je trouve ça super que ça existe.
Et quand cette industrie aura attiré l'attention,
elle va vite se développer.
C'est le destin de l'homme que de se déplacer autour de la Terre.
Ça prendra peut-être longtemps mais
c'est notre futur. Il y a une super citation de William Burroughs
qui dit que l'être humain n'a pas vocation à rester un être humain,
tout comme le tê*** n'a pas vocation à rester un tê***.
On va évoluer, on va dépasser la Terre.
Et ainsi de suite. Merci.