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Ceci n'est pas juste une leçon pour s'en sortir en prison.
C'est une leçon pour s'en sortir dans la vie.
Une leçon que j'oublie constamment.
Tant que je suis dehors,
j'ai toujours l'espoir de gagner au loto,
ou que ma copine amène un oiseau exotique dans la chambre.
Mais ce genre de truc n'arrive pas quand t'es en prison.
J'ai été dans la vente de drogues
depuis mon premier joint à 13 ans.
Pour moi c'était logique : pour avoir de l'argent
et pour acheter de la drogue, il fallait que j'en vende aussi.
J'ai jamais pensé faire quelque chose de mal.
Mon commerce donnait le sourire à beaucoup de gens.
Et je faisais ça mieux que beaucoup d'autres,
parce que je me pointais à l'heure et que je n'étais ni cupide, ni menteur.
Je voulais vous montrer de la suboxone,
C'est la drogue qui marche en taule en ce moment.
La suboxone.
En gros, c'est ... la nouvelle méthadone.
Ça coûte 5 dollars dans la rue.
Quand t'amènes ça en prison,
particulièrement aux gens qui sont pas habitués,
une pilule de cette merde peut en défoncer 16.
Servez-vous les gars.
Il y avait pas mal de bagarres chez moi quand j'étais petit.
Même si j'étais jeune.
On dit souvent que tu te construis
quand tu es petit.
Bien avant tes premiers souvenirs, la plupart du temps.
Mon grand frère, lui et mon père se battaient.
C'est étonnant vu l'endroit où j'ai grandi, dans le Connecticut.
C'était un endroit plutôt sympa.
Les flics étaient habitués à passer à la maison, pour des bastons,
Je n'ai pas eu la chance de faire ce que je voulais.
Qui sait ce que ça aurait pu être.
Tout ça, ça vient de mes séjours en taule et ...
Mon dernier séjour, en 2006 et 2007.
Vous pouviez envoyer n'importe quoi, sauf des trucs sado maso.
Tout ce qui est violent est maintenant hors la loi.
Ça aussi c'est un truc dingue, je pense que plus personne lit de magazines ***.
Sauf les mecs en taule. J'arrive pas à imaginer qui d'autre.
Quand j'étais gamin, j'ai été dans une école d'élite.
J'ai joué au hockey pendant un an et j'ai fini
par être accepté à l'université Skidmore,
où j'ai continué à vendre de la drogue en douce.
Principalement à mes camarades de classe.
C'est ma chérie ça.
Brett ... c'est la caisse qui ...
C'est la caisse avec laquelle on nous emmenait aux matchs de hockey.
Non, on l'a vendue, celle-là. Elle était de 1993.
Celle-là est de 1998.
Mais c'était une Quest, non ?
Je vais pas vous mentir, c'est la raison pour laquelle j'ai commencé à dealer.
Pour offrir une sono à cette caisse.
Donc vous allez tous monter, juste pour entendre cette merde faire boom boom.
J'ignorais que ce que je faisais était illégal,
et je me foutais assez de mon bien-être pour ne pas me renseigner
ou prêter attention à la loi.
Mais très vite, j'ai appris que la loi prêtait attention à moi.
Qu'est ce que c'est que ça ?
Un peu de cocaïne.
T'es pas obligé de filmer ça.
Ah, alors je vais la manger.
Je vais avoir la mâchoire joliment endormie.
Ça c'est ma bouffée d'oxygène.
Je viens souvent ici et je pense à ma poésie.
Un vendredi soir apparemment normal de février 2004, j'ai été serré par un
flic en civil qui ressemblait à un gitan.
Les poulets avaient un mandat,
ils m'ont ramené chez moi et ont perquisitionné ma planque.
C'était suffisant pour m'accuser de 5 crimes.
2004 était une année électorale.
Et les politicards de Saratoga Springs, où je vivais et revendais,
pensaient que la ville avait un problème de drogue.
Le procureur qui m'a poursuivi pensait probablement qu'épingler
un étudiant impliqué dans le milieu new-yorkais de la drogue
était une bonne preuve que la ville combattait le crime.
Ils ont fait de moi un exemple.
J'ai été condamné à 3 à 9 ans de prison.
J'avais 23 ans.
Ils t'ont chopé avec de la coke ?
De la dope.
De l'herbe ?
Non, putain. De l'héroïne.
J'ai commencé à trafiquer ça comme un con.
C'est comme ça qu'on m'a traité.
Ils regardaient si je savais me gérer.
Brad, je veux une histoire heureuse et optimiste.
J'espère aussi que ça le sera.
Avec Brett, on était à l'école ensemble.
On allait à la fac Skidmore, à Saratoga Springs.
Il y a beaucoup de drogues à Skidmore.
Les gosses en prennent et ils revendent.
C'est drôle parce que la plupart sont assez friqués.
Du coup, pourquoi vendre de la drogue ?
On s'est rencontrés dans un bar et on s'est mis à chercher des idées
pour que Brett les écrive, et sur l'avenir qui attendait cet ancien étudiant modèle,
puis on l'a serré, il avait enfreint la conditionnelle.
C'est le retour en taule.
Au total t'as tiré combien, 5 ou 6 piges en taule ?
7 ans.
Parfois, je bossais dehors, ça me permettait de respirer.
Mais ça bousille ma vie depuis février 2004.
Sur le papier, j'ai été en taule genre...
Voici un bon conseil : tape pas dans l'héroïne.
Te fais pas serrer.
Quand tu sors de taule, j'y suis jamais passé mais j'imagine...
Que quand tu sors, c'est comme repartir de zéro.
Et tu repars de zéro et t'as 30 ou 31 ans,
t'as 10 ans de retard sur tout le monde. C'est la merde.
J'avais un CV de merde. Y en a encore un qui traîne par là.
Vraiment à chier.
Voilà mon CV.
Il existe pas vraiment, voilà le problème.
J'ai 32 piges, et...
La plupart de ces trucs datent du lycée.
Mec, ca remonte à 1997.
Ouais, ça craint.
Un jour, je vais bosser et je reçois un courrier.
Les courriers manuscrits, ça court plus les rues, aujourd'hui.
Au verso, ça disait "Prison d'État de Ogdensburg."
J'ai su de suite qui l'envoyait.
John Martin a balancé cette grosse lettre et il a dit :
Je crois que ce mec pourrait écrire un truc pour nous.
['PEN PALS' LA COLONNE DE BERT DANS VICE] J'aime écrire mes histoires, des petits articles, etc.
Tant que c'est correct, je crois qu'ils me publieront.
Vendredi, un article publié par VICE,
j'écrivais une lettre, genre correspondance, à une femme détenue,
juste pour me présenter, genre : "Comment ça va ?
Tu veux qu'on soit amis ?"
C'était drôle, et plein d'ironie.
Je suppose qu'il l'a lue,
et ce mec, Paul Stewart, des éditions Over the Edge Books,
il m'a contacté sur Twitter, en gros, il disait :
"Ton truc m'a vraiment plu, faisons un livre."
Ouais, ça tourne, mais je peux couper, c'est pas grave.
Non, non.
Non, non, écoute...
Je pourrais commencer par te caresser dans le sens du poil,
et te dire que, tu vois...
T'es le nouveau Hunter S. Thompson, ou le Bukowski d'aujourd'hui, ou...
Ok, mec.
Bon week end, mec. Je suis heureux de bosser avec toi.
Merci beaucoup.
Merci, mec. Et à très vite. Ça roule ?
Ça marche.
Ok, à plus.
J'y crois toujours pas.
Il a dit que c'était drôle, il sait que je déconne là-dedans.
C'est le plus important pour moi,
J'aime faire sourire les gens.
Mais qu'ils réalisent que le monde part en sucette.
Tu vois.
On peut m'enfermer pour longtemps juste si je pète en public.
Depuis ma première arrestation, j'y suis retourné 4 fois.
Je me suis fait serrer pour des trucs interdits aux mecs en sursis
mais que les mecs normaux font tout le temps.
On m'a envoyé en taule, sans poser de question.
Boire une bière, conduire une caisse, traîner dehors après le couvre-feu.
Ça, c'était mes copines pendant toute une année.
J'avais cette petite,
celle-là,
Ça rend dingue, mec.
Je voulais pas être le mec des ***, alors j'ai essayé de calmer le truc.
Ça devient dégueulasse,
t'es dans ton lit chaque soir, les yeux sur le mur :
"Hey lady, quoi de neuf ? content de te revoir."
Je suis pas aussi bourrin que certains.
Mais tu joues le jeu, parce que...
En plus, là, j'avais plus de copine.
Et Ivana occupait constamment mon esprit,
elle a traversé l'enfer avec moi.
Et vous avez pas vu mes click clicks.
Putain, je vais vous montrer.
Les gars chopent avec ça.
Tu envois des click clicks dehors, et tu chopes des minettes.
[CLICK CLICKS: \'KLIK'KLIKS\ PHOTOS DE DÉTENUS QU'ON ENVOIE À DES AMIS, DEHORS, DANS L'ESPOIR D'OBTENIR UNE RELATION SEXUELLE.]
Ça, c'est moi et ma meuf, quand tout a commencé,
voyez que j'ai les cheveux courts.
J'ai tiré 2 ans,
et avec Ivana, on a tenu le coup.
C'était dur, mais... Elle est venue, et elle a fait ce qu'il fallait,
un peu.
Je m'asseyais là, genre...
J'aurais fais la même chose.
Commençons la fête.
On va apprendre comment faire certains trucs en taule.
Prêt pour faire de la gnôle de la taule ?
L'alcool de prison, ou le pruno, ou le colle-toi-la.
Dans les prisons du nord de New York, les gens le mettent en bouteille,
et font des petites cuvées perso.
Il faut juste avoir des fruits frais,
tu peux avoir une pomme 2 fois par semaine,
ou une orange. Faut les mettre de côté.
Ça marche mieux au couteau, mais...
on est des criminels, alors le couteau, laisse tomber.
Tu peux acheter des tranches d'ananas.
On sert des salades de fruits à midi.
On met tout de côté.
Le sucre, c'est l'ingrédient clé.
C'est ça qui fait que ça marche et qui amène l'alcool.
Ça donne un goût extra.
Pour le jus, tu peux trouver du jus d'orange ou de canneberge,
Ça vient en briques, alors tu mets de côté,
Tu prends du pain comme ça et tu le mets là-dedans.
Y a plusieurs façons de faire.
On va utiliser une chaussette. C'était ma méthode préférée.
Je sais, les champignons c'est pour la bière
Mais on m'a dit qu'il fallait le faire.
Voilà, nos délicieux ingrédients sont mélangés,
et prêts pour le show, mec.
Ça prend une semaine.
Idéalement, il en faudrait 2,
mais en taule, on n'est pas patients.
On le veut illico.
J'ai jamais laissé le mix plus de 10 jours.
La chaussette avec le pain.
Je sais, c'est bizarre, mais ça va dedans.
[UNE SEMAINE PLUS ***] Une semaine de fermentation,
d'amour et de soins, et ça porte ses fruits.
C'est délicieux.
C'est plutôt doux.
Si j'étais Robert Parker, je lui mettrais 16,5.
C'est un lundi, ou un mardi.
C'est mon audience.
Ça pourrait être une journée de merde.
Le mec qui gérait mon cas c'était un con, il disait :
"Si t'arrives clean pour le 30,
tu resteras dehors, mais la situation est crue,
à la moindre merde, tu pars en désintox."
Et ça mec, c'est un cauchemar.
C'est indescriptible, vous avez dû le voir en film
les thérapies de groupe,
je comprends pas en quoi ça peut aider des gens.
Vraiment pas.
Quand je voudrai arrêter, j'arrêterai.
C'est aussi simple que ça.
Ils disent qu'on peut pas le faire tout seul,
pas assez de force, de volonté.
C'est sans doute vrai.
Les drogues n'interfèrent pas dans ma vie, elles ne me gênent pas ;
je ne vois pas le problème.
[DR. GEORGE DELEON PROFESSEUR DE PSYCHIATRIE CLINIQUE, UNIVERSITÉ DE NEW YORK] C'est une déclaration qui s'oppose à...
J'ai eu des sales moments, ou j'ai essayé des trucs,
ça marche pas, ou peu importe, rien ne m'aide,
ou c'est de la merde, des choses comme ça.
Les drogués ont souvent essayé différentes options,
et ils sont cyniques à ce sujet.
Ils pensent que c'est de la merde, ou que ça n'aide pas.
Mais le fait que pour une raison X ou Y,
ils aient essayé ces options,
c'est de l'info, c'est important pour dire : attends,
on peut faire quelque chose.
Je vais faire ça.
Je vais aller en désintox pendant longtemps.
Mais au final, touche pas à la drogue, et t'auras pas de problème.
Ça a l'air simple, non ?
Il vaut mieux vivre sa vie dans un état psychoactif,
ou la vivre en étant sobre,
avec le système nerveux qui tourne et qui souffre ?
Le cerveau qui souffre, les maux et les douleurs de la vie.
Je suis partisan de vivre la vie crue, en brut,
sinon j'ignorerai quelle vie j'ai vécu.
Mais ça pourrait être positif. Je me suis fait arrêter 2 mois plus tôt.
Ça me fera arrêter pour de bon.
Parce que, moi, avec mes valeurs,
Si je dois vivre et mourir, je veux m'assurer
de vivre et de mourir, les yeux grand ouverts.
C'est étrange, les gens disent que le premier signe révélateur
c'est quand le drogué nie qu'il a un problème.
Par expérience, je peux témoigner que c'est chiant.
Tu ne peux pas gagner, même si t'as pas de problème.
L'avocat te traite de drogué
parce que t'es en taule pour des histoires de drogue,
si tu dis : "Oui, je suis accro", t'es un bon drogué.
Mais si tu dis : "Non, je suis pas un drogué"
alors t'es un drogué, mais aussi un fouteur de merde.
Tu penses que tu pourrais vraiment lâcher la drogue ?
Je sais vraiment pas. C'est dur, j'aime la drogue.
La dernière fois, c'était quand ?
Très récemment.
Mais...
Je vais le refaire...
Je me dis que le 25 avril, c'est mon dernier jour.
Je vais pécho de la coke et un pochon d'herbe.
Et me la coller.
C'est environ 3 jours [avant l'audience pour la conditionnelle]
Ouais.
Ça va rouler. À plus.
C'est toujours sympa quand l'avocat appelle finalement.
C'était ton avocat ? Qu'est-ce qu'il a dit ?
Il m'a dit de me présenter d'abord pour la conditionnelle,
en gros, faire le test de pisse.
Avec un peu de chance, ils diront : "Ok, ça roule.
On va recommander la conditionnelle."
Puis je vais au tribunal et le juge dira surement
qu'il en soit ainsi.
J'ai bu pas mal d'eau, au cas où ...
Ça va aller.
T'es serein ?
J'ai arrêté ***, mais avant, j'arrêtais encore plus ***.
Je me disais, qu'une centaine d'heures suffiraient.
Voilà, je vais *** donc...
Tout va bien ?
Ça va super bien ?
Bonne chance, mec.
J'espère que ça va bien se passer.
Merci d'être là, je sais que c'est pas folichon pour vous.
T'inquiète, mec. Ça va le faire.
Brett, bonne chance, appelle-moi.
Avant ma pisse entachée de drogue, mon père m'avait supplié
de suivre à 100% toutes les contraintes
de la conditionnelle.
Il m'a dit de voir la différence entre le courage et l'orgueil.
Mais y'a pas de hasard. Ils m'ont foutu les bracelets, et en taule.
Je me suis assis dans cette putain de réalité,
j'ai encore tout foutu en l'air.
Pendant des mois, j'allais ressasser les mauvais choix
qui m'avaient conduit en taule.
Je prie pour que ça finisse vite, mais j'en doute.
J'ai fait un million de promesses, j'en n'ai tenu aucune.
C'est une situation classique, conséquence de ma maladie.
Je suis atteint de connerie.
[CONTINUED IN PART 2]