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Translator: Ian Beauregard Reviewer: Serge Brosseau
Charlie Rose : Donc... Larry m'a écrit,
et en gros il a dit qu'on devait s'assurer de ne pas avoir l'air
de deux bonhommes emmerdants.
Je lui ai dit que j'étais flatté –
(Rires) –
parce que je suis un peu plus vieux,
et qu'il vaut un peu plus que moi.
Larry Page : Bien, merci !
CR : Donc nous allons parler d'Internet,
de Google, de recherche et de confidentialité,
et également de votre philosophie
et de votre façon de relier les éléments,
et des perspectives fascinantes
que nous réserve cette aventure qui a débuté il y a quelque temps.
Nous voulons surtout parler de l'avenir.
Alors ma première question :
où se trouve Google et où s'en va-t-elle ?
LP : Bien, on pense beaucoup à ça.
La mission qu'on s'est donnée il y a longtemps
est d'organiser l'information mondiale
et de la rendre accessible et utile partout dans le monde.
Et les gens demandent toujours
si c'est vraiment ce que nous faisons encore.
Je me pose toujours cette question moi-même
et je ne suis pas tout à fait certain.
Lorsque je réfléchis sur la recherche...
C'est une chose tellement profonde de vraiment comprendre ce que l'on veut,
de comprendre l'information mondiale.
Et nous sommes encore au tout début de cela,
ce qui est totalement fou.
Ça fait 15 ans déjà qu'on travaille là-dessus,
mais c'est loin d'être terminé.
CR : Quand ça sera fini, ça sera comment ?
LP : Bien... je suppose que lorsque je pense à nos objectifs...
Pourquoi c'est pas fini ?
En gros, la programmation c'est un peu tout croche.
Ton ordinateur ne sait pas où tu es,
il ne sait pas ce que tu fais,
il ne sait pas ce que tu sais.
Et une grosse partie de nos efforts récents,
c'est de faire fonctionner vos appareils,
leur faire comprendre votre contexte.
Google Now sait où vous êtes,
sait ce dont vous pourriez avoir besoin.
Faire fonctionner un programme, lui faire comprendre son utilisateur
et lui faire comprendre cette information :
nous n'avons pas du tout fait ça encore !
C'est encore très maladroit.
CR : Dites-moi, lorsque vous regardez ce que fait Google,
où peut s'intégrer DeepMind ?
LP : DeepMind est une compagnie que nous venons tout juste d'acquérir.
Elle est au Royaume-Uni.
Je veux vous expliquer comment nous en sommes venus là.
On étudiait la recherche,
et on comprenait vraiment...
On essayait de tout comprendre,
de rendre les ordinateurs habiles,
pour qu'ils nous comprennent vraiment.
La voix était vraiment importante.
Donc, quel est l'état des lieux en reconnaissance vocale ?
Ce n'est pas très bon.
Ça ne te comprend pas vraiment.
On a étudié l'apprentissage automatique
pour améliorer ça.
Ça a beaucoup aidé.
Et on s'est mis à regarder YouTube.
Peut-on comprendre YouTube ?
On a exposé à YouTube un logiciel d'apprentissage automatique
et il a découvert les chats... tout seul !
Ça, c'est un concept important.
On a réalisé qu'il y avait vraiment quelque chose là :
si on peut apprendre ce que sont les chats,
ça doit être vraiment important !
Ce qui est vraiment incroyable au sujet de DeepMind,
c'est que les logiciels peuvent en fait
apprendre des choses d'une manière autonome.
Ils ont débuté avec des jeux vidéo –
je pourrais peut-être montrer la vidéo.
Ils jouaient simplement à des jeux vidéo
et apprenaient à jouer automatiquement.
CR : Regardez ces jeux vidéo
et comment des machines
sont maintenant capables de faire des choses remarquables.
LP : Évidemment, ce sont de vieux jeux.
Mais ce qui est hallucinant ici,
c'est que le système ne voit que les pixels.
Il a les commandes et le pointage
et il a appris à jouer à tous ces jeux –
toujours le même programme.
Il a appris à jouer à tous ces jeux
avec des performances surhumaines.
Jusqu'ici, nous n'avions pas pu faire ça avec les ordinateurs.
Je pourrais peut-être juste expliquer ceci.
Ça, c'est de la boxe.
Le système comprend qu'il peut coincer l'adversaire.
L'ordinateur est à gauche,
et il ne fait qu'accumuler les points.
Imaginez si cette forme d'intelligence était appliquée à votre horaire,
à vos besoins en information, ou à des choses comme ça.
Nous n'en sommes qu'au début,
et c'est ce qui me rend vraiment fébrile.
CR : Lorsqu'on voit tout ce qui s'est produit
avec DeepMind et la boxe,
on réalise qu'une partie des objectifs concerne l'intelligence artificielle.
Sur ce sujet, où en sommes-nous ?
LP : C'est une des choses les plus stimulantes
que j'ai vues depuis un bon moment.
Celui qui a lancé cette compagnie, Demis,
a une formation en informatique et en neurosciences.
Il est retourné à l'école
pour obtenir son doctorat en étudiant le cerveau.
Alors je pense que nous sommes témoins de travaux emballants
où se chevauchent l'informatique et les neurosciences,
et qui nous permettront de comprendre ce qu'il faut
pour créer une machine intelligente
et faire des choses intéressantes.
CR : Mais à quel stade en sommes-nous ?
Et à quelle vitesse pensez-vous que nous progressons ?
LP : Bien, en ce moment, c'est la technologie de pointe :
comprendre les chats sur YouTube et des choses comme ça...
... améliorer la reconnaissance vocale.
On utilise beaucoup d'apprentissage automatique
pour améliorer les choses progressivement.
Mais pour moi, cet exemple est vraiment emballant,
car c'est un seul programme qui fait plusieurs choses différentes.
CR : On pourrait regarder l'image du chat.
Ça serait formidable de voir ça !
Voici comment des machines ont vu les chats
et ce qu'elles ont produit.
Peut-on voir cette image ?
La voici ! Voyez-vous le chat ?
Vu et dessiné par des machines.
LP : Exactement !
Donc cela a été appris juste en regardant YouTube.
Et il n'y a pas de formation,
aucune notion de chat.
Mais ce concept d'un chat,
c'est quelque chose d'important que nous comprenons,
et que les machines peuvent maintenant comprendre.
Peut-être pour clore le thème de la recherche –
ça a commencé avec la recherche,
la compréhension du contexte et des renseignements des gens –
il y avait une vidéo sur ça que je voulais montrer rapidement,
que nous avons trouvée...
[Soy, Kenya]
Zack Matere : Récemment,
j'ai démarré une culture de pommes de terre.
Puis, soudainement elles se sont mises à mourir.
J'ai consulté les livres, mais je n'y ai rien appris.
Donc, je suis allé faire une recherche.
[Zack Matere, agricultueur]
Maladies de la pomme de terre
Un des sites web m'a dit que la cause pourrait être les fourmis.
Ça disait de saupoudrer de la cendre de bois.
Après quelques jours, les fourmis ont disparu.
Je suis devenu emballé par Internet.
J'ai un ami qui aimerait vraiment développer son entreprise.
Alors je suis allé avec lui au café internet
et nous avons consulté plusieurs sites.
Lorsque je l'ai revu,
il allait installer une éolienne à l'école locale.
Je me suis senti fier,
parce qu'une chose qui n'était pas là avant
était là tout à coup.
J'ai réalisé que l'information que j'avais pu avoir
n'était pas accessible à tous.
Il me fallait un internet que ma grand-mère pourrait utiliser.
Alors j'ai imaginé un babillard,
un simple babillard en bois.
Quand j'obtiens de l'information sur mon téléphone,
je peux afficher cette information sur le babillard.
Au fond, c'est comme un ordinateur.
J'utilise Internet pour aider les gens.
Je pense que je suis à la recherche d'une meilleure vie
pour moi et mes prochains.
Tellement de gens ont accès à l'information,
mais on ne donne pas de suite à cela.
Je pense que la suite, c'est notre savoir.
Avec des connaissances,
les gens peuvent trouver des solutions sans avoir besoin d'aide.
L'information, c'est puissant.
Mais c'est notre façon de l'utiliser qui nous définira.
(Applaudissements)
LP : Ce qui est épatant avec cette vidéo,
c'est qu'on a vu ça dans les actualités.
Puis, nous avons trouvé ce monsieur,
et nous avons tourné ce petit reportage.
CR : Quand je parle de vous aux gens qui vous connaissent bien,
ils disent que vous voulez changer le monde,
et que vous croyez que la technologie peut montrer la voie à suivre.
Et cela signifie l'accès à Internet.
Ça concerne les langues,
ainsi que la façon dont les gens peuvent obtenir un accès
et ensuite transformer leur communauté.
Et ça, c'était un exemple.
LP : Ouais, c'est vrai.
Pour ma part, si on parle de l'avenir,
je me concentre davantage sur l'accès.
On a récemment lancé le projet Loon,
avec des montgolfières pour donner l'accès.
Ça semble complètement fou !
On peut montrer la vidéo ici.
Deux personnes sur trois dans le monde n'ont pas un bon accès internet.
On pense réellement que ça pourrait aider des gens
d'une manière peu coûteuse.
CR : C'est une montgolfière !
LP : Ouais, pour fournir l'accès à Internet.
CR : Et pourquoi cette montgolfière fournit-elle un accès ?
Parce que vous avez dû faire des choses intéressantes
pour rendre les montgolfières viables.
Pas besoin de les attacher !
LP : Ouais, et ça c'est un bon exemple d'innovation.
Ça faisait 5 ans ou même plus que nous songions à cette idée
quand nous avons débuté.
Mais la seule question était :
comment envoyer des points d'accès dans les airs, à faible coût ?
Normalement, il faut des satellites
et il faut du temps pour les lancer.
Mais vous voyez comment c'est facile de lancer une montgolfière dans les airs.
C'est encore la puissance d'Internet :
j'ai fait une recherche sur ça.
Et j'ai découvert qu'il y a 30 ou 40 ans
quelqu'un avait fait monter une montgolfière
et elle avait fait plusieurs fois le tour de la Terre.
Je me suis dit :
« Pourquoi ne pas faire ça aujourd'hui ? »
Et c'est ainsi que c'est parti.
CR : Mais êtes-vous à la merci du vent ?
LP : Ouais, mais à vrai dire,
on a fait quelques simulations météo,
ce qui n'avait probablement pas été fait avant.
Et si vous contrô*** l'altitude,
en augmentant la pression à l'intérieur ou d'une autre manière,
vous pouvez à peu près contrôler la direction.
Donc je pense que nous pouvons créer un réseau de montgolfières
pour couvrir la planète en entier.
CR : Avant que je ne parle de l'avenir du transport,
où vous avez une fascination pour les voitures et vélos automatisés
depuis un bon moment,
permettez-moi d'aborder un sujet
qui a été important il y a quelque temps avec Edward Snowden :
la sécurité et la confidentialité.
Vous avez certainement réfléchi à cela !
LP : Ouais, absolument !
J'ai vu la photo de Sergueï avec Edward Snowden hier.
Certains d'entre vous l'ont peut-être vue.
Mais pour ma part je crois
que la confidentialité et la sécurité sont des choses vraiment importantes.
Nous y songeons conjointement.
On ne peut pas avoir de confidentialité sans sécurité.
Permettez-moi d'abord de parler de sécurité,
parce que vous avez abordé Snowden et tout ça,
puis je parlerai un peu de confidentialité.
Pour moi, c'est terriblement décevant
que le gouvernement ait fait secrètement tous ces trucs
sans nous le dire.
Je ne crois pas que nous puissions avoir une démocratie
si nous devons protéger du gouvernement nos utilisateurs
pour des trucs jamais discutés.
Je ne veux pas dire
que nous devons tout savoir sur une éventuelle attaque terroriste.
Mais nous devons connaître les paramètres.
À quel genre d'espionnage va se livrer le gouvernement,
et comment et pourquoi ?
Et je crois que nous n'avons pas eu cette conversation.
Donc je crois que le gouvernement s'est en fait tiré dans le pied
en faisant tout cela en secret.
CR : En n'approchant pas Google pour demander quoi que ce soit ?
LP : Pas Google, mais la population.
Je pense que nous avons besoin d'un débat sur le sujet,
sans quoi une démocratie fonctionnelle est simplement impossible !
Alors je suis triste
que Google doive protéger ses utilisateurs
du gouvernement,
qui fait des choses dont personne n'est au courant.
Ça ne fait aucun sens !
CR : Et puis, il y a l'aspect confidentialité.
LP : Oui, l'aspect confidentialité.
Le monde est en changement.
Vous vous promenez avec un téléphone.
Il sait où vous êtes.
De nos jours, il y a beaucoup plus d'informations personnelles.
C'est une chose importante,
et il est légitime que les gens posent des questions difficiles.
Nous pensons beaucoup à cela
et nous tentons de cerner les enjeux.
Je pense que nous devons avant tout donner le choix aux gens,
leur dire quelles données nous collectons :
historique de recherche, données de localisation.
Nous voulons nous inspirer de la navigation privée de Chrome
pour d'autres applications.
On veut juste donner plus de choix aux gens
et les renseigner sur ce qui se passe.
Je pense aussi que c'est très facile.
Ce qui m'inquiète,
c'est que nous jetions le bébé avec l'eau du bain.
À votre émission en fait,
j'ai en quelque sorte perdu ma voix
et je ne l'ai pas retrouvée.
J'espère qu'en vous parlant je vais la retrouver !
CR : Je ferais n'importe quoi !
LP : D'accord, sortez votre poupée vaudou
et faites ce qu'il faut !
J'ai rendu mon problème public
et j'ai obtenu une foule d'informations !
Nous avons fait une étude avec des gens qui ont un problème similaire.
Pour les dossiers médicaux, je me dis :
« Ça serait pas fantastique
si tous les dossiers médicaux étaient disponibles anonymement
pour les médecins chercheurs ? »
Et après qu'un médecin chercheur eût accédé à votre dossier médical,
vous pourriez voir quel médecin y a accédé et pourquoi.
Et vous pourriez peut-être découvrir les problèmes que vous avez.
Seulement en faisant ça,
on sauverait 100 000 vies cette année.
CR : Absolument ! (Applaudissements)
LP : Alors je suis juste très inquiet qu'avec la confidentialité internet
nous fassions la même chose qu'avec les dossiers médicaux :
jeter le bébé avec l'eau du bain.
Nous ne pensons pas vraiment aux bénéfices énormes
que pourrait susciter
un partage sensé d'informations avec les bonnes personnes.
CR : Et pour cela, les gens doivent être sûrs
qu'on n'abusera pas de leurs renseignements.
LP : Ce problème avec ma voix,
j'avais peur de le dévoiler.
Sergueï m'a encouragé à le faire,
et c'était une excellente chose !
CR : Et la réponse a été énorme !
LP : Les gens sont très positifs !
Nous avons des milliers et des milliers de gens
avec des problèmes semblables
sur lesquels il n'y a pas de données aujourd'hui.
Donc c'était vraiment bien !
CR : Alors en parlant de l'avenir,
qu'est-ce que vous avez avec les moyens de transport ?
LP : Ouais, je pense que j'étais frustré avec ça
quand j'étais à l'université au Michigan.
Je devais prendre l'autobus
et l'attendre.
Et il faisait froid et il neigeait.
J'ai fait des recherches sur ce que ça coûte.
Et je suis tout simplement devenu un peu obsédé
avec les moyens de transport.
CR : Ainsi a débuté l'idée d'une voiture automatisée.
LP : Il y a 18 ans, j'ai appris
que des gens travaillaient sur des voitures automatisées
et je suis devenu fasciné par ça.
Ça prend un bout de temps
avant que ces projets-là se mettent en branle,
mais je suis super emballé par leur potentiel à améliorer le monde.
Il y a 20 millions de blessés par année, ou même plus.
C'est la première cause de décès pour les 34 ans et moins aux États-Unis.
CR : Vous voulez sauver des vies.
LP : Ouais, et aussi économiser de l'espace
et améliorer nos vies.
Vous savez, la moitié de la superficie de Los Angeles
est recouverte de routes et de stationnements,
et la plupart des villes ne sont pas loin derrière en fait.
C'est tout simplement fou d'utiliser ainsi notre espace !
CR : Et quand y arrivera-t-on ?
LP : On va y arriver très bientôt.
Nous avons roulé bien au-delà de 160 000 km
de façon complètement automatisée.
Je suis super motivé à sortir ça rapidement !
CR : Vous parlez de voitures automatisées...
Vous avez aussi une idée pour les vélos.
LP : Bien, chez Google, nous avons eu l'idée
de fournir gratuitement des vélos à tout le monde.
Et c'est incroyable, lors de la plupart de nos voyages,
de voir des vélos partout,
mais les vélos s'usent.
Ils sont utilisés en continu.
CR : Vous voulez les mettre au-dessus de la rue !
LP : Bien je me suis demandé comment promouvoir le vélo.
CR : On a une vidéo ici...
LP : Ouais, présentons la vidéo !
Je suis excité maintenant !
(Musique)
Alors ça c'est une idée pour séparer les vélos des voitures
à un coût minime.
Ça a l'air totalement fou !
Mais je pensais en fait à notre siège social,
à la collaboration avec les villes,
et simplement à la promotion du vélo.
Et je me demandais
comment séparer de façon économique les vélos de la circulation.
J'ai fait des recherches
et voilà ce que j'ai trouvé !
Et on ne travaille pas sur cette chose-là en ce moment,
mais ça nourrit notre imagination.
CR : Je veux clore avec ceci :
donnez-moi une idée de votre philosophie.
Vous avez cette idée appelée Google X.
Vous ne vous contentez pas
d'aller dans le domaine du progrès modeste et mesurable.
LP : Ouais, je crois que cela s'applique bien
à plusieurs des choses que nous venons d'aborder.
J'utilise presque le concept d'additionnalité,
qui veut dire que tu fais quelque chose
qui n'arriverait pas sans ton intervention.
Et plus tu es en mesure de faire de telles choses,
plus grand est ton impact.
Il s'agit de faire des choses qui pourraient sembler impossibles.
Et je suis épaté :
plus j'en apprends sur la technologie,
plus je réalise que je suis ignorant.
Et ça, c'est en raison de cet horizon technologique,
qui te révèle ta prochaine réalisation.
Plus tu en apprends sur la technologie,
plus tu découvres ce qui est possible.
Tu découvres la faisabilité des montgolfières
grâce à un certain matériau qui va leur convenir.
CR : Ce qui est intéressant à votre sujet,
c'est que nous avons beaucoup de gens qui pensent à l'avenir.
Ils vont y jeter un oeil, puis reviennent,
mais on ne voit jamais la mise en oeuvre.
Je pense à quelqu'un que vous connaissez et sur qui vous avez lu : Tesla.
Qu'en pensez-vous ?
LP : Bien je pense que l'invention ne suffit pas.
Tesla a inventé l'électricité que nous utilisons,
mais il a eu de la difficulté à la rendre disponible.
D'autres ont dû le faire.
Ça a pris beaucoup de temps.
Si nous pouvons réellement
mettre l'emphase à la fois sur l'innovation et l'invention,
en plus d'avoir à notre disposition
une compagnie qui peut commercialiser les choses
et les proposer d'une manière qui soit positive pour le monde
et qui lui donne de l'espoir...
Vous savez j'ai été renversé
de voir à quel point les gens étaient emballés face au projet Loon,
parce que ça leur donne de l'espoir
pour les deux tiers de la planète qui n'ont pas un bon accès internet.
CR : ... ce qui m'amène à autre chose :
vous croyez que les entreprises sont des agents de changement
si elles sont bien administrées.
LP : Je suis vraiment consterné
que la plupart des gens croient que les compagnies sont mauvaises.
Elles ont mauvaise réputation.
Et je pense que c'est un peu normal.
Les compagnies font des progrès graduels
comme elles le faisaient il y a 50 ans ou 20 ans.
On n'a pas besoin de ça.
On a besoin, surtout en technologie, d'un changement révolutionnaire,
pas graduel.
CR : Vous avez déjà dit –
et je ne pense pas me tromper –
que si vous laissiez votre fortune à une quelconque cause,
vous pourriez envisager de simplement la laisser à Elon Musk,
parce que vous croyez avec confiance qu'il va changer le futur,
et qu'alors vous...
LP : Ouais, si vous voulez aller sur Mars,
il veut aller sur Mars pour sauvegarder l'humanité.
C'est un objectif louable,
mais c'est une compagnie et c'est philanthropique.
Alors je pense que nous visons des réalisations similaires.
Et je pense que nous avons beaucoup d'employés chez Google
qui sont devenus assez riches.
Le domaine des technologies est très payant.
Plusieurs sont assez riches dans cette salle.
Tu travailles pour changer le monde.
Tu veux le rendre meilleur.
Et pourquoi la compagnie pour laquelle tu travailles
ne mériterait-elle pas non seulement ton temps,
mais aussi ton argent ?
Mais on n'a pas cette notion.
Ce n'est pas ainsi qu'on conçoit les compagnies.
Et je pense que c'est triste,
parce qu'elles représentent la majeure partie de nos efforts.
C'est là où les gens mettent le plus de temps,
là où beaucoup d'argent se trouve.
Alors j'aimerais que nous aidions plus que nous le faisons actuellement.
CR : Lorsque je clos une conversation,
je demande toujours cette question :
quelle est l'aptitude intellectuelle qui vous a le mieux servi ?
Des gens tels que Rupert Murdoch ont mentionné la curiosité
et d'autres gens des médias ont dit ça.
Bill Gates et Warren Buffet ont mentionné la concentration.
Quelle aptitude intellectuelle –
alors que je quitte cet auditoire –
vous a permis à la fois
de penser à l'avenir et de changer le présent ?
LP : La chose la plus importante...
J'ai observé plusieurs compagnies et les raisons de leur stagnation.
Les compagnies se succèdent plus rapidement de nos jours.
Je me suis demandé ce que ces compagnies avaient fondamentalement fait de mal.
Et habituellement, elles ont simplement raté le futur.
Pour ma part, j'essaie juste de me concentrer sur ça
et de me demander ce que sera réellement l'avenir.
Et comment on le crée ?
Et comment on amène Google à vraiment se concentrer sur ça
et à agir là-dessus à toute vitesse ?
La réponse c'est la curiosité,
considérer des choses auxquelles les gens ne pensent pas nécessairement,
être les seuls à travailler sur quelque chose –
parce que c'est là que se trouve vraiment l'additionnalité.
Il faut être prêts à faire ça,
à prendre ce risque-là.
Regardez Android !
Je me suis senti coupable de travailler sur Android.
Au début, c'était une jeune pousse que nous avions achetée.
Ça ne coïncidait pas avec ce qu'on faisait.
Je me suis senti coupable de passer du temps là-dessus.
C'était stupide !
C'était l'avenir, non ?
C'était une bonne chose sur laquelle travailler.
CR : C'est génial de vous voir ici, d'avoir de vos nouvelles,
et un plaisir de m'asseoir avec vous.
Merci, Larry !
LP : Merci à vous !
(Applaudissements)
CR : Larry Page !
(Applaudissements)