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Dans le cas brésilien, où le modèle d'implantation est décentralisé...
Certains chemins sont méthodologiques:
comment approcher la question.
D'autres chemins sont politiques.
Toutes ces méthodes contribuent au ciblage du programme.
Ce que nous appelons le Forum Inter-Sectoriel
de Gestion de Conditionnalité.
En plus des pays d'Amérique Latine, nous misons sur l'Afrique.
L'Afrique peut apprendre une grande leçon:
ne pas commettre les mêmes erreurs de l'Amérique Latine.
En consolidant son institutionalité.
La famille comme axe matriciel d'organisation du système.
Assurer un ensemble d'opportunités égales.
La chutte de la pauvreté n'est pas parallèle à celle de l'inégalité.
La famine est un phénomène politique construit par la société.
C'est essentiel que, surtout en ce qui concerne l'économie,
l'État soit effectivement capable d'intervenir.
Puisque ces municipalités reçoivent cet argent fédéral,
il nous faut surveiller et vérifier en quoi cet argent est employé.
«Quelle différence cela peut faire dans la vie de quelqu'un?»
C'est à cette question que nous voulons répondre.
Les politiques de sécurité alimentaire
et du développement rural au Brésil
suppose un État fort.
C'est le plus grand programme d'alimentation scolaire gratuite
du monde: 45 millions de repas par jour.
Le dialogue entre les sociétés des différents pays est essentiel.
INTRODUCTION À LA PROTECTION SOCIALE
La protection sociale englobe plusieurs aspects
de la politique sociale.
Sous une forme classique, elle comprend
la sécurité sociale, ainsi que l'assistance sociale.
Il n'y a donc pas de politique résiduelle.
La façon la plus simple d'engager les gouvernements africains
au discours de protection sociale est d'unir
la protection sociale au mécanisme d'investissement économique.
Le rapport entre la croissance économique
et la protection sociale est lié à deux aspects de ce débat.
D'un côté, la protection sociale est envisagée comme une dépense
qui ne peut être payable que si le pays se développe.
D'un autre côté, il y a ceux qui affirment que le pays
ne pourra se développer d'une manière inclusive,
plus homogène et égale, que si, en même temps
qu'il se développe, il soit capable de distribuer
les fruits de ce développement
d'une manière plus équitable, et qu'il soit capable de répondre
en priorité aux besoins des populations les plus pauvres
et en marge de ce processus de croissance économique.
En Amérique Latine,
l'on choisit traditionnellement les programmes de transfert
de revenus et pensions sociales qui ont beaucoup plus de force
que les programmes de garantie d'emplois.
Dans la plupart des pays d'Amérique Latine,
les pensions assistantielles viennent avant
tout autre modèle de pension.
Les programmes de transfert de revenus,
surtout ceux des transferts conditionnels en Amérique Latine,
sont devenus très populaires parmi les gouvernements,
ainsi que parmi les agences internationales.
Une grande partie de cet optimisme des agences
découle des études d'impact faites sur ce programme,
qui ont montré un impact très important sur plusieurs points.
Ce n'est pas simplement un impact des résultats ou des produits
de ces programmes. C'est aussi le résultat des nouveaux compromis
institutionnels nécessaires à l'aboutissement de ces programmes.
Il y a donc un changement dans les rapports entre l'État
et les citoyens, qui sont les bénéficiaires de ces programmes.
Lorsque l'on fait des interviews et des recherches qualitatives
auprès des béneficiaires dans plusieurs pays d'Amérique Latine,
voici la première chose qu'ils disent:
«C'est la 1ère fois que l'État me voit.»
Je crois que l'Afrique peut en apprendre des leçons.
L'Afrique peut surtout apprendre une grande leçon:
ne pas commettre les mêmes erreurs de l'Amérique Latine.
Ce qui nous intéresse en tant que chercheurs en protection sociale,
c'est l'impact de cette protection sur la chutte de l'inégalité.
Plus le salaire minimum augmente,
plus le revenu des plus pauvres augmente.
L'accès au programme Bolsa Família se fait à 90% par les plus démunis.
Vous verrez que près de 70% des bénéfices
du Bolsa Família s'appliquent aux 30% plus pauvres.
Dans un pays où les revenus sont très bas,
où presque tout le monde est pauvre,
surtout si ce pays n'est pas trop inégal,
si les instruments institutionaux pour le ciblage
ne se font pas présents, l'argument d'un programme pour tous
devient un argument très fort.
Lorsque l'on s'organise avec un registre unique,
un seul ministère d'implantation,
un seul ensemble de règles, et ainsi de suite,
le résultat est beaucoup plus important.
Donc, les détails d'implantation sont très importants,
et ils doivent être bien établis.
Et lá, il faut tenir compte du registre.
Notre système de protection sociale a plusieurs points positifs,
mais c'est extrêmement cher. On dépense 1/5 de notre PIB
avec notre État de bien-être social.
Il ne faut pas justifier un système de protection sociale
par l'argumentation de la croissance.
Je le justifierai par l'argument originel,
à la base de tous les systèmes de protection sociale,
qu'est l'argument humain: il est inadmissible de laisser
les gens dans la pauvreté et ne rien y faire.
Trois politiques forment la protection sociale au Brésil:
la politique de sécurité sociale, la politique de santé
et la politique d'assistance sociale.
La sécurité sociale est lié au marché des cotisations,
au marché du travail et, donc, les droits et les bénefices
sont liés aux cotisations faites au système de prévoyance.
Ensuite, nous avons la santé, qui, au Brésil,
est un système unique universel pour toute la population.
Et qui répond à la demande de promotion et de prévention,
ainsi que des soins de santé.
L'assistance sociale dispose d'un mécanisme intéressant
de coordination des actions inter-gourvementales:
ce sont les commissions d'inter-gestions,
qui existent dans tous les états de la fédération.
La plupart des revenus du gouvernement fédéral
va vers les familles plus démunies.
Tous les droits ont été reconnus suite à la Constitution.
Il faut souligner le cas du droit à l'alimentation.
C'est une politique très forte du gouvernement brésilien,
surtout ces dernières années, avec le programme «Fome Zero»,
qui met en priorité le droit à l'alimentation.
Ce processus culmine en 2010 avec un addenda à la Constitution
qui inscrit le droit à l'alimentation comme étant un droit social.
Le grand défi est d'assurer un ensemble d'opportunités égales
pour tous les citoyens brésiliens. Mais il y a encore un long chemin
à parcourir pour assurer des conditions égales,
pour que chacun puisse réaliser sa vie
de façon autonome et digne.
TRANSFERT DE REVENUS AU BRÉSIL : LE PROGRAMME « BOLSA FAMÍLIA »
Le programme Bolsa Família a pour objectif
de cibler la famille.
Ce programme envisage la famille à part entière.
Il intègre aussi d'autres moyens
pour travailler la pauvreté vers les générations futures,
ainsi que des actions de développement pour les familles.
Il applique des objectifs pour les municipalités.
Donc, suivant cette perspective, le « Bolsa Família » a construit
ses mécanismes de gestions en tenant compte de l'autonomie
de gestion des municipalités. Et cela a un coût très élevé
pour le budget municipal; donc, le gouvernement a projeté
tout un apport de revenus pour les municipalités.
L'adhésion au programme est volontaire,
mais les 5.565 municipalités ont fait ce choix.
La gestion inter-sectorielle des politiques publiques
n'est pas chose simple.
Tout d'abord, il y a eu une grande discussion pour essayer
de définir le rôle de chacun des ministères
dans cette gestion, ainsi que leur part de responsabilité.
Et pour savoir comment créer une norme à tout cela.
Nous avons donc crée ce que nous appelons
le Forum Inter-Sectoriel de Gestion de Conditionnalité.
Les règles de sélection du programme Bolsa Família
sont très simples. La municipalité reconnait ces familles
par le registre unique, elle fait tous les registres,
et, selon la base des revenus déclarés de ces familles,
nous faisons un premier processus de sélection.
Et l'effectif des bénéficiaires est assez haut: 97%.
Nous avons un calendrier de paiement,
connu de toute la famille,
où se trouvent les dates de paiement au long de l'année.
Le Bolsa Familia et le registre unique
sont devenus un programme phare des politiques sociales.
Je crois que notre grand défi maintenant
est de réussir à intégrer trois dimensions:
l'aide immédiate à la pauvreté, qu'est le transfert de revenu;
contribuer à la lutte contre la transmission
intergénérationnel e de la pauvreté
et permettre le développement des familles.
Du point de vue légal, nous suivons le principe suivant:
les anciens programmes ont été annulés
lors de la création du Bolsa Família.
Donc, de nouvelles inscriptions ne sont plus admises
pour les anciens programmes tels que:
Bolsa Escola, Auxílio Gás, Cartão Alimentação
et Bolsa Alimentação.
En fonction de l'importance accordée au problème,
il faut partir de certaines valeurs,
diagnostiquer le problème et indiquer une solution.
La transformation d'un modèle d'intervention
vers un autre modèle d'intervention est beaucoup plus liée
au processus politique qu'au processus administratif.
Tout le pays passera, à différents dégrés,
par ce que nous avons passé, par ce programme de nature hybride.
Donc, quelles sont les leçons apprises?
La durabilité politique de ce genre d'iniciative
ne doit pas être sous-estimée, et elle ne l'a pas été, je crois.
Un autre point important du programme, c'est qu'il a permis
d'établir un modèle de gestion partagée.
Dès 2005, il a été formalisé
et l'Union peut offrir des subventions aux états
et aux munipalités pour renforcer leur gestion du programme.
Si le pays s'accroît et l'inégalité continue,
il faut trouver un moyen de quantifier la population
qui a besoin du transfert pour compléter le budget familial.
Il faut une systématique d'agencements périodiques
de ces bénéfices. Institutionaliser cette systématique
est une autre chose importante à faire.
Ce qu'il faut faire aussi, c'est savoir le type de couverture
qui a lieu, aussi bien du côté contributif
que du non-contributif de la protection sociale,
et vérifier s'il y a des segments qui ne sont pas assurer.
Perfectionner les conditionnalités est une chose importante :
il faut mettre en parallèle la conditionnalité
et les priorités de l'Éducation et de la Santé qui changent souvent,
et il faut s'adapter à ses changements.
Par sa propre définition, on sait déjà que cela dépend
de la coordination du gouvernement et celle de la fédération.
Les conditionnalités du programme Bolsa Família,
comme tout autre programme de transfert de revenu,
se tournent vers un objectif à long terme,
qui romp ce cycle vicieux
de reproduction de la pauvreté
et cherche à développer le pratimoine humain.
Mais il y a un aspect très important pour nous,
qu'est celui de renforcer toutes ces questions de santé
et d'assistance sociale comme des droits sociaux.
Malgré l'existence de politiques universelles,
nous savons que cette parcelle bénéficiaire du programme
a une plus grande difficulté d'accéder à ce service.
Le Brésil est un très grand pays
et la question fédérative est importante.
Donc, le programme est entièrement décentralisé
et, de ce fait, la construction d'un réseau est nécessaire.
Nous travaillons auprès des états de la fédération,
qui nous soutiennent, auprés des municipalités
qui ont le soutien des états.
Et à l'intérieur de chacune de ces sphères gouvernementales,
nous avons une action de coopération inter-sectorielle
dans les secteurs de l'assistance sociale,
où se trouve le programme, de l'éducation et de la santé.
Ce réseau nous a été essentiel pour aboutir
à cette importante extension opérationnelle
qui nous rapproche des familles dans les muncipalités.
Mais, sans un système informatisé, qui est à la base de notre suivi,
cela serait tout à fait impossible.
Le processus de tout le suivi commence dès que l'on envoie
aux ministéres de la Santé et de l'Éducation
les noms des familles assurées.
La famille qui n'est pas assurée ne fait pas partie des conditions.
La famille qui ne remplit pas les conditions est celle
qui n'a pas fait la couverture vaccinale ou les visites prénatales.
Dans le cas brésilien, où le modèle d'implantation est décentralisé,
la question de la coordination inter-gouvernementale
n'est pas chose triviale, mais elle existe.
Mais, sans aucun doute,
la question la plus difficile est celle de l'inter-sectorialité.
C'est connu, la conditionnalité est bombardée de critiques.
Je remarque qu'elle a un rôle prometteur et important
dans la question de l'inter-sectorialité.
Le transfert de revenu est essentiel,
mais ne résoud pas le problème. Il faut donc ajouter
d'autres actions qui permettent un approfondissement des diagnostiques
dans les territoires mêmes.
On observe que les problèmes de drogue sont récurrents partout.
Et c'est ce que montre le système.
Le Bolsa Família établit un système où des conditions
sont nécessaires en Éducation pour que les familles
se bénéficient du programme. Le suivi des conditionnalités
réalisé par le Ministère de l'Éducation est assez complexe.
Elles sont contrôlées, surveillées d'après l'assiduité scolaire.
Les enfants de 6 à 15 ans doivent avoir un pourcentage
d'assiduité scolaire mensuelle d'au moins 85%.
Pour les adolescents de 16 à 17 ans,
le pourcentage doit être d'au moins 75%.
Il y a 5 périodes bimensuelles de collecte de l'assiduité par an.
Nous avons, en moyenne, 98% de réponse à cette assiduité.
Il faut créer une institutionnalité.
Puisque nous sommes une république fédérative,
il nous faut une convention fédérative.
Il faut que, dans chaque municipalité brésilienne,
-et il s'agit de 5.564 municipalités-
son secrétaire d'Éducation désigne un responsable
-un opérateur municipal de l'assiduité scolaire-
qui devient la référence du MEC dans la municipalité,
pour ce qui est des délais et du contrôle de l'assiduité scolaire.
C'est en effet la formalisation d'un compromis
des municipalités quant au suivi de l'information.
Ces enfants qui ont une faible assiduité
servent d'alerte au Ministère de l'Éducation et au MDS
pour faire en sorte qu'elles n'abandonnent pas l'école.
Ce sont des enfants en situation de vulnérabilité, de pauvreté.
Il y a une liste de raisons pour la faible assiduité scolaire,
liées soit à l'Éducation, soit à un contexte social plus vaste.
Quelque soit la raison de la faible assiduité,
il faut avoir un suivi familial.
Nous sommes face à la nécessité de dialogue.
Et le dialogue doit être inter-sectoriel.
Nous avons une base de suivi familial
qui est potentiellement intéressante et très riche,
que permet le registre unique du Bolsa Família,
et nous en offre les moyens, puisque nous avons ce compromis
et ce rapport entre la famille et l'État par le biais du programme.
Le grand défi et le sens majeur de ce travail
de conditionnalité pour le Ministère de l'Éducation
est d'assurer que ces enfants dans la pauvreté,
ou dans l'extrême pauvreté,
bénéficiaires du programme Bolsa Família,
soient scolarisées au long de toute l'année.
REGISTRE UNIQUE, UN OUTIL DE CIBLAGE
Les municipalités sont les acteurs principaux du registre unique.
Le registre unique se compose d'un formulaire de collecte de données
où est identifié chaque membre de la famille,
son lien de parenté dans le noyau familial,
et la caractérisation socio-économique
de chacun des membres.
Les municipalités se sont affiliées au registre unique
et au programme Bolsa Família,
et se sont engagées à inscrire dans le registre unique
toutes les familles à bas revenu.
Pratiquement, 1/3 de la population brésilienne
plus pauvre ou plus vulnérable,
est inscrite dans le registre unique des programmes sociaux.
Le registre indique les caractéristiques du domicile,
l'adresse de la personne, si elle a accés à l'assainissement de base,
quel est son revenu et son niveau de scolarité.
Tout cela permet que les 3 niveaux de la fédération
utilisent ces informations pour mieux implanter les programmes.
Ayant toutes ces informations, il est évident que ce registre
n'est pas uniquement utilisé par le Ministère du Développement Social.
Ces informations du registre unique sont confidentielles,
car elles contiennent des données sur l'identité des personnes.
Quelle est la méthode utilisée
pour évaluer la condition de bas revenu des personnes concernées?
Pour le Brésil, c'est le revenu déclaré.
Toutes ces méthodes contribuent au ciblage du programme,
surtout en vue d'accéder au public cible.
Et non pas dans un but restritif de ne servir qu'aux plus pauvres
parmi les plus pauvres. Ce n'est pas du tout ça.
Ce ciblage cherche à faire en sorte que le pouvoir public
repère les besoins de la population plus pauvre et vulnérable,
qui est très souvent celle qui a le plus grand mal
à exprimer sa demande auprés du pouvoir public.
On a l'habitude de dire, en se servant d'une métaphore,
que le registre unique, au delà d'une cartographie de la pauvreté,
représente en quelque sorte le regard, la voix et l'action.
Une fois les demandes connues et écoutées,
le pouvoir public se doit d'agir et de perfectionner ses programmes,
et les rendre plus synergiques et effectifs
pour la construction d'un système de protection sociale
qui prévaut par l'égalité, l'efficacité
et les droits de tout citoyen brésilien.
Nous n'avons jamais travaillé auprès des familles
pour qu'elles s'accomodent au Bolsa Família
comme si c'était une béquille. C'est plutôt un escalier.
Le Bolsa Família doit leur offrir une émancipation financière
et, surtout, leur rendre l'estime de soi et la dignité.
On travaille surtout dans le but d'émanciper les familles.
C'est le ministère qui sélectionne les bénéficiaires de la bourse.
Quant à nous, chargés des municipalités,
notre tâche est de transmettre les données et d'informer
la réalité de ces familles par le système informatique.
Nous leur transmettons ces données
et, lá, ils ont une liste de priorité,
que nous avons précédemment vérifié
par l'exercice même de notre travail,
que la priorité est donnée
aux familles qui ont un plus grand nombre d'enfants
entre 0 et 15 ans, des personnes handicapés ou âgés.
Il y a cette liste de priorités.
Nous travaillons aussi par la prise de conscience des familles,
pour qu'elles comprennent l'importance de la scolarisation,
de faire les couvertures vacinales et les visites prénatales.
Cette prise de conscience est encore très nécessaire
et nous y parvenons avec pas mal de succès.
Mais nous oeuvrons pour éviter la suppression de ce transfert.
Dès le premier avertissement,
on prend contact avec les familles et on fait le suivi
pour connaître la raison des absences des enfants à l'école,
pourquoi les mères n'emmènent pas leurs enfants aux visites médicales
ou pourquoi leurs données ne sont pas mises à jour.
Donc, nous travaillons dans le suivi de ces familles.
LES « SUAS », SYSTÈMES INTÉGRÉS D'ASSISTANCE SOCIALE
Le grand changement que les SUAS instaurent au Brésil
c'est le fait de comprendre
que la protection est nécessaire.
La protection, dans le champ de la sécurité sociale brésilienne,
est comprise, non seulement comme une protection aux pauvres,
mais surtout comme une protection à la vulnérabilité.
Le point fondamental des SUAS,
qui est très important, c'est que les SUAS
doivent s'organiser en ayant la famille comme axe matriciel
d'organisation du système.
Cet axe doit consolider les familles brésiliennes
dans son caractère de protection.
Toute municipalité doit avoir un foyer d'assistance sociale.
Toutes les familles qui reçoivent les benéfices
et qui ont besoin de ces services
doivent avoir ce foyer de référence.
Notre plus grand défi est la qualité du système,
pour que l'on puisse construire un système de protection brésilien
qui offre une qualité de gestion et d'offres.
Une autre leçon très importante,
c'est d'avoir une grande structure de suivi et d'évaluation.
C'est d'avoir le bureau d'évaluation et de gestion de l'information
qui nous montre, qui fait des recherches et des suivis,
qui nous indique où nous en sommes nos erreurs et nos réussites.
Le bureau nous rend une visibilité!
En ce qui concerne le travail enfantin,
le secteur d'assistance sociale y participe avec une offre
de services et de bénéfices.
Les familles reçoivent un transfert de revenu,
les enfants sont placés dans des services conviviaux
et les familles sont suivies.
Mais le secteur d'assistance sociale est encore insuffisant
pour éradiquer le travail enfantin.
Il faut avoir une articulation très puissante
entre les politiques, surtout les politiques
du Ministère du Travail, pour ce qui est de l'inspection,
de la surveillance et de l'éducation.
Les SUAS sont très importantes,
parce qu'elles installent, dans tous les territoires
et les municipalités, la fonction de l'assistance sociale.
Car la Santé, à elle seule, n'y arriverait pas.
Jennifer, jusqu'à l'âge de 8 ans,
elle faisait une visite médicale au foyer médical.
Tous les mois, elle allait voir le médecin.
J'achète leur matériel scolaire.
Avec ce qu'il reste, je leur achète des vêtements,
des chaussures... Car ce que je gagne avec mon salaire
ne suffit qu'à acheter à manger. C'est les frais de la maison.
Je vais terminer mes études, car j'ai repris mes études.
Je suis en première maintenant.
Ma fille termine ses études cette année
et j'aimerai qu'elle puisse aller à l'université.
Pour cela, je fais des économies
pour voir si j'arrive à lui payer l'université.
Je suis le père et la mère de mes enfants.
Voici mon fils, Daniel,
et l'autre, c'est Gabriel.
Le plus petit a 7 mois et l'autre, 2 ans et 7 mois.
Et moi, j'en ai 18.
Normalement, on achète des choses pour les enfants,
mais, si on a du mal à la maison, cet argent nous aide un peu.
En général, on achète l'essentiel pour les enfants.
Je rêve d'avoir ma propre maison
et aller de l'avant dans la vie, si Dieu nous aide.
On reçoit 90 reais du Bolsa Família.
Je lui donne 30 et, avec les 60 restants,
j'achète des choses à manger.
On a des activités lá-bas, comme la capoeira,
le football, le basketball, la natation, le ballet...
Et moi, je fais de la dance.
SÉCURITÉ NUTRITIONNELLE ET ALIMENTAIRE, ET AGRICULTURE FAMILIALE
Protection sociale, c'est le fait d'être protegé contre la famine.
C'est une formulation importante, qui existe
et qui nous renvoie au champ des droits.
Je pourrai donc dire que « être protegé contre la famine
est un droit de l'être humain ».
Par cette construction, la sécurité alimentaire complémentaire
a été graduellement élevée à la condition d'objectif stratégique
qui oriente le développement.
Donc, la connexion est directe.
Une conception alimentaire comme la nôtre
ne se contente pas d'avoir une disponilité physique des aliments.
Nous nous servons de la perspective de la sécurité alimentaire
pour remettre en question le modèle de développement agricole.
Est-ce que avoir des rayons de supermarché bien fournis
veut dire sécurité alimentaire?
Qu'est-ce que tu manges, toi?
Est-ce que tout le monde peut se fournir d'aliments lá?
Les supermarchés n'ont pas la solution.
La famine ne fait qu'augmenter!
Légitimer les instruments pour promouvoir l'accès à l'alimentation
à ceux qui n'y ont pas accès par leurs propres moyens .
Donc, transfert de revenu, alimentation à l'école,
et l'un ou l'autre instrument que l'on puisse citer
qui favorisent l'accès à l'alimentation
par ceux qui ne peuvent pas le faire de façon autonome.
Nous avons le plus grand programme d'alimentation scolaire gratuite
du monde: 45 millions de repas par jour.
Les enquêtes montrent que pour la grande majorité de ces enfants
c'est leur principal et, souvent, leur seul repas du jour.
On commence à voir les résultats,
les enquêtes montrent que cela devient chose établie,
que nous avons réduit le rythme de l'exode rural.
Les agriculteurs familiaux trouvent plus d'espace
pour rester à la campagne dans des conditions plus dignes.
Notre conception politique en programmes alimentaires
se caractérisent par deux choses: l'inter-sectorialité
et la participation sociale.
Que veut dire inter-sectorialité?
La condition alimentaire et nutritionnelle des individus,
des familles et des groupes sociaux
a des déterminants multiples. Et il faut les traîter comme tels,
de la manière la plus intégrée possible.
Et cela suppose des politiques inter-sectorielles.
La famine est un phénomène politique construit par la société.
Et elle doit être politiquement remise en question.
La politique publique est une politique d'investissement,
et non pas de coût.
Constituer un système national de sécurité alimentaire
est une décision de la 3ème Conférence de Sécurité Alimentaire.
La famine est multicausale.
Plusieurs causes matérialisent ce phénomène politique.
Et plusieurs actions multisectorielles
doivent y faire face.
Le Brésil a plus de 4,3 millions d'établissements agricoles
qui font partie du régime de l'agriculture familiale.
Et nous avons le PAA
-Programme d'Approvisionnement Alimentaire-
qui fait une très belle chose :
il associe la consolidation de la production d'aliments sains
par les petites familles d'agriculteurs installés,
en même temps qu'il fournit notre réseau de protection sociale.
Nous comprenons que le droit à l'eau est un droit fondamental
qui se confond avec le droit à la nourriture et à la vie.
Les stratégies politiques, elles ne deviennent
durables et permanentes que par la présence
d'organisations des acteurs sociaux directement engagés.
Nous avons adoptés une forme d'intervention
dans le territoire par le biais des politiques territoriales.
Nous avons appris à transformer des petits projets,
qui sont utiles et capables de résoudre des problèmes.
Nous les sortons de leur petite échelle.
Définitivement, nous confirmons une fois pour toute
ce nouveau paradigme que le Brésil a créé.
Et c'est la grande leçon que nous avons appris.
Dés que sont assurés les droits essentiels,
tels que droit à l'alimentation, à l'eau, à la santé et l'éducation,
dès lors, nous pourrons donner lieu à un développement intégral
des communautés, des régions et de tout le territoire.
Un pays qui ne tient pas compte de la fréquence et de la qualité
de ses aliments, il aura, en plus des problèmes de ravitaillement,
à se confronter au processus inflationnaire.
Nous avons dessiné le programme des aliments
en ayant un lien très fort avec le Ministère du Développement Social.
Les ressources viennent de ce ministère,
mais il est ravitaillé par l'agriculture familiale,
puis distribué ensuite à la population en besoin d'aliments.
Si le pays veut travailler avec le crédit rural,
il doit se soucier grandement des origines de ses ressources.
Pour le crédit, il faut un suivi;
du contraire, il devient un système d'endettement.
Il faut donc remettre en place
un système d'extension rurale et d'apport technique.
Nous l'avons remis en place. Les gouverneurs des 27 états
ont tous recréés ou rétablis des structures publiques.
Les ONGs au Brésil sont très présentes.
Elles forment un réseau d'assistance sociale complexe
et présent en ce qui concerne la pauvreté, l'écologie
et le développement en Amazonie.
Pour le gouvernement, il est intéressant de se joindre
à ce complexe d'organes d'états et des ONGs
pour opérer le crédit rural dans toute sa complexité.
L'agriculture brésilienne est complexe et plurielle.
Notre acquis est d'avoir démontrer que le monde rural
est bien plus qu'un simple espace de travail.
Il faut envisager le rural comme un espace de vie.
Une stratégie de sécurité alimentaire bien structurée
aura d'abord un problème d'approvisionnement.
C'est un problème qui touche tous les pays.
Ensuite, il y a le problème politique monétaire: l'inflation.
Le thème de l'environnement éveille la plus grande attention.
Et continuera à éveiller dans les 5 prochaines années.
C'est insensé de créer une politique pour qu'une minorité s'en bénéficie.
C'est très important lorsque la politique
touche le binôme opportunité/capacité.
Le secteur de crédit peut avoir un dessin différent,
mais c'est toujours un micro-crédit,
comme il existe au Bangladesh et en Inde.
C'est un chapitre important, car il se connecte au monde
de la politique monétaire, des économies mondialisées.
S'il n'y a pas de politique, l'aiguille de la pauvreté ne bougera pas.
Ça ne sert à rien de stimuler la participation des pauvres
et leurs droits, sans un projet politique public.
La sécurité alimentaire complémentaire,
d'aprés notre logique de travail,
est envisagée comme une stratégie de développement.
Donc, elle établit un rapport tout à fait direct
à ce que l'on recherche pour le monde rural brésilien.
L'État, en tant qu'entité
qui réunit les divers interêts de la société,
c'est essentiel que, surtout en ce qui concerne l'économie,
il soit effectivement capable d'intervenir.
En ce sens, il est très important
que l'on est des institutions publiques
qui vont s'interposer pour régler ses interêts.
Cela nous pousse à créer une nouvelle méthode de travail
et nous exige une capacité de dialogue politique distinct,
car il faut le distinguer du travail avec des produits traditionaux,
comme le maïs, le riz ou des commodities.
Dans le cas de l'agriculture familiale paysanne,
nous devons faire un travail d'accès à l'information,
d'interaction pour la formation de ces groupes sociaux
pour qu'ils aient accès à la politique publique.
Il y a eu en effet un changement significatif
et, aujourd'hui, la reconnaissance institutionnelle que nous avons
auprès de la société brésilienne dans ce secteur
est un point très positif dans ce processus.
Le thème de la sécurité alimentaire complémentaire
est un énorme enjeu et, surtout, il est très pédagogique
dans la mesure où il permet que l'on commence à établir
des rapports inter-sectorielles et inter-disciplinaires.
C'est le principal progrès que nous avons pu établir,
y compris pour l'alimentation,
par un addenda à la Constitution:
elle devient un droit humain, elle passe à un autre niveau.
À partir de là, nous aurons les moyens effectifs
de placer le droit à l'alimentation au même niveau
que le droit à la santé, à l'éducation et à l'habitation.
La sécurité alimentaire complémentaire et nutritionnelle
a un contexte intéressant dans la mesure où elle apporte
un concept multidimensionnel de sécurité alimentaire.
Étant multidimensionnelle, il faut traîter l'alimentation
d'une manière multi-sectorielle.
La sécurité alimentaire et nutritionnelle ne se résume pas
à la production d'aliments, ni à l'accès aux aliments.
Elle inclut plusieurs autres secteurs, tels que la santé,
l'éducation, l'accès à l'eau, l'assainissement,
transfert de revenu, etc. Et tout cela exige
une forme de dialogue
entre les différents acteurs du gouvernement.
En ce qui concerne le rapport entre sécurité alimentaire
et développement rural, le Brésil a des choses
intéressantes à échanger dans ce sens.
J'attire surtout l'attention sur le rapport
entre l'appui à la production des aliments
et l'accès aux aliments, de façon conjointe.
Une des choses que le Brésil a appris
et il y travaille d'une manière plus forte,
c'est que le contexte de la réforme agraire
ne se résume pas à la distribution des terres.
Elle commence, sans doute, par la redistribution des terres,
et, dès lors, il faut tout un cadre d'appui
en terme de programmes, donc, de l'appui publique,
jusqu'à la construction de cet espace,
occupé par ces nouveaux propriétaires,
pour qu'il devienne un espace de production,
d'interaction sociale et qu'il soit durable.
Les politiques de sécurité alimentaire
et du développement rural au Brésil
suppose un État fort.
Il y a donc un État qui demande une capacité institutionnelle
forte, une capacité de financement aussi forte,
non seulement quant à la taille du budget public,
mais aussi des institutions financières présentes
et qui peuvent être utilisées pour des crédits,
pour faire le pont entre les institutions financières du pays
et les populations rurales.
La capacité de l'État à répondre et à agir sur ces secteurs
est peut être limitée dans d'autres pays,
mais cela n'empêche pas que ces programmes soient partagés.
Mais si le pays qui demande cet échange avec le Brésil
cherche à renforcer ses institutions publiques ainsi que sa capacité
à renforcer ces institutions, il faut l'analyser
consciencieusement et en tenir compte avec soin.
SUIVI ET ÉVALUATION
La première affirmation plus incisive
serait de dire que suivre et évaluer
ce n'est pas inspecter.
Suivre et évaluer, c'est l'occasion d'apporter
un niveau de transparence
-qui n'est jamais très défini dans la gestion publique fédérale-
aux programmes, aux services, aux projets et aux bénéfices
du secteur social brésilien.
Lorsque l'on opère dans la gestion publique
en faveur d'une gestion tournée vers les résultats,
l'on ne peut pas voir les résultats sans une évaluation et un suivi.
Le bureau d'évaluation et de gestion de l'information
est la structure qui supporte les actions d'évaluation et de suivi.
Il est nécessaire d'être vigilent et d'être clair:
pourquoi et à quoi servent les directives?
Bien plus que chercher à définir ce qu'est une directive,
il faut d'abord définir ce que nous voulons de ces directives
et à quoi elles serviront.
Nous développons ici des outils d'informations
qui appuient l'évaluation et le suivi,
ainsi que le secteur de formation.
Donc, ces systèmes d'information produisent des données
qui sont transformées en information pour le suivi,
pour la prise de décision des gestionnaires,
pour l'adéquation des tracés et les prolongements des programmes,
pour la question de la transparence publique,
et aussi pour miser chaque fois plus sur une gestion
tournée vers les résultats.
Une des leçons que nous avons appris cette année
c'est justement d'organiser le bureau de suivi et d'évaluation
de l'information par des objectifs très clairs.
La section d'évaluation, la section de suivi,
la section de gestion de l'information
et la section d'information et de dissémination.
Le principal défi actuel pour notre bureau
c'est de continuer ce travail qu'il a commencé,
tout en consolidant son institutionalité.
Notre défi est de transmettre le legs institutionnel d'un bureau
comme le nôtre à fin qu'il grandisse
dans le sens d'une action intégrale ou articulée
auprès des divers instituts de recherches et d'évaluation
que nous avons au Brésil, sous une perspective gouvernementale,
sans être renfermée sur soi-même.
La protection sociale, de notre point de vue,
englobe bien plus que le transfert de revenu,
qu'il soit conditionné ou pas. Elle englobe un ensemble
considérable d'actions et de services
liés à l'assistance sociale et à la sécurité alimentaire
et nutritionnelle. Une de ces actions
est d'offrir de l'eau. Assurer l'eau aux habitants
de la région semi-aride brésilienne à deux moments différents :
l'eau à boire et l'eau à « manger »,
qui se destine au renforcement de la production agro-écologique.
Nous avons eu quelques réussites et victoires importantes
qu'il faut citer pour encourager les collègues africains
à comprendre l'importance du secteur de suivi et d'évaluation.
Quelle est-elle?
Renforcer la gestion du programme,
tout en permettant une réorientation,
dans le cas d'une implantation inappropriée.
Ou bien de renforcer encore plus leur chemin
si l'implantation est adéquate.
Nous avons quelques expériences très réussies
et je pourrai mentionner, par exemple, l'évaluation
d'un projet réussi , celle du projet «Agente Jovem».
C'est un projet pour des adolescents de 15 à 17 ans.
Les résultats de cette évaluation ont été absolument décisifs
pour que le projet Agente Jovem devienne le Pró-Jovem adolescent.
Nous avons donc cette grande expérience
que j'aime citer comme exemple pour justifier la continuation
de l'évaluation et la raison du renforcement de la gestion
par les résultats de nos évaluations.
Quelques fois, des erreurs détectées dans le programme
seront d'une grande valeur pour le transformer
en un programme encore meilleur. Quelques fois, c'est le contraire.
On découvre des choses auxquelles on ne s'y attendait pas
et qui renforcent le travail d'un secteur social.
Nous devons penser aux phases d'implantation d'un programme.
Dès sa planification, lorsque nous pensons au programme,
nous devons tenir compte de comment se fera
le suivi de ce programme, ainsi que son évaluation,
de ce que nous planifions, si les objectifs sont atteints
pour que l'on puisse identifier quels sont les points faibles
et les erreurs d'implantation.
C'est comme si, en réalité, on posait la question:
«Quelle différence cela peut faire dans la vie de quelqu'un?»
C'est à cette question que nous voulons répondre.
«Quel impact cela peut avoir dans la vie de quelqu'un?»
Par impact dans la vie des gens, nous entendons
l'impact des objectifs qu'un tel programme propose.
Un autre résultat très intéressant qui se voit déjà,
c'est le type de consommation de ces familles.
Nous savons que, dans une famille à très bas revenu,
une grande parcelle de leur budget
est utilisée pour l'alimentation.
Et on voit que, parmi les familles bénéficiaires,
il y a déjà une plus grande diversification.
Les femmes prennent
plus de décisions que les maris quant au choix
des produits de consommation à acheter,
quant aux questions d'éducation et de la santé des enfants
et quant à la décision d'avoir ou non un enfant.
Ou qui est-ce qui doit ou non travailler dans la famille.
Et cela montre un plus grand pouvoir de la femme
quant aux décisions intra-familiales.
Si les municipalités reçoivent des revenus publiques fédéraux,
et c'est le cas pour la grande majorité des municipalités...
Puisque ces municipalités reçoivent cet argent fédéral,
il nous faut surveiller et vérifier en quoi cet argent est employé.
Nous allons chez les gens, chez les bénéficiaires
du programme Bolsa Família pour vérifier
si effectivement ils reçoivent les transferts de ce bénéfice.
Tout citoyen peut, sans avoir besoin d'un code,
dans n'importe quel ordinateur, n'importe où dans le monde,
accéder au site «Transparence» et vérifier facilement
comment chaque centime du gouvernement fédéral est dépensé.
Le contrôle n'appartient pas seulement à l'État.
Il n'y a pas que les organes de contrôle qui peuvent inspecter.
Si la société n'y participe pas, on ne pourra jamais assurer
la bonne attribution de l'argent public.
Nous savons que ce n'est pas facile.
Il faut d'abord engager la société;
ensuite, offrir les outils et les informations
pour que cette société soit capable de faire un suivi
de l'argent public.
Il est évident qu'il a fallu une énorme volonté publique
pour que ce site puisse être diffuser.
Bien sûr, la transparence a un prix à payer,
un prix politique auquel il faut faire face.
La principale leçon
que nous avons appris ces derniers temps
par rapport à la promotion de la transparence,
c'est que la transparence
est en effet le meilleur antidote contre la corruption
et elle contribue véritablement à l'amélioration de la gestion.
Je crois que nous avons encore beaucoup à avancer
dans le processus de transparence des autres niveaux fédératifs.
Mais ce mouvement a déjà commencé grâce à la publication
d'une loi, la Loi Complémentaire 131,
qui oblige les états et les municipalités
de plus de 100 mil habitants, à diffuser en temps réel
toute information concernant les frais publics.
EXPÉRIENCES PARTAGÉES PAR LA COOPÉRATION SUD-SUD
La Coopération Sud-Sud s'est développée au sein du MDS
dès la création de ce ministère. Dès sa structuration de base,
un conseil international était déjà prévue.
En plus des pays d'Amérique Latine, nous misons sur l'Afrique,
avec qui nous coopérons dès 2005, par des mécanismes coopératifs.
La demande de coopération, au Brésil, est née du Fome Zero.
Dès que le Bolsa Família connaît une grande notoriété internationale
par le biais de recherches faites par des organismes internationaux,
ce programme est devenu le plus demandé.
Plusieurs pays avec lesquels nous coopérons
ont avancé dans la conception du système de protection.
Nous avons eu une très bonne expérience au Ghana
où, en partant de notre expérience, ils ont pû structurer
un programme de transfert de revenu par conditionnalités,
en prenant le Bolsa Família comme modèle.
En Équateur aussi,
nous aidons le gouvernement local à implanter
des projets pilotes de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Une coopération avec El Salvador où nous enverrons des agents
du ministère et des gestionnaires du gouvernement municipal
brésilien pour créer une politique nationale d'assistance sociale.
Dans le gouvernement brésilien, je note un grand souci
de mieux répondre aux demandes de coopération que nous recevons.
Cela se reflète par les mesures prises par l'Agence de Coopération
et le Ministère des Affaires Étrangères auprès des ministères
pour compiler toutes les initiatives menées à bout
par ces mêmes ministères, pour mieux répondre à ces demandes
et obtenir un impact plus effectif.
Il y a un souci grandissant et il est très important
d'accompagner cette demande croissante
qui, je crois, doit continuer à croître
pour mieux répondre et rechercher un meilleur impact
de ces initiatives qui se développent.
Et elles travaillent en zone rurale
comme agriculteurs familiaux.
Au Kenya, la plupart des fermiers ont peu de capacités,
comme c'est le cas au Brésil aussi. Nous savons qu'il existe
des fermes commerciales à grande échelle
et cela, dans mon pays aussi. Il y a l'agriculture familiale,
unités familiales et agrobusiness ici au Brésil. D'un autre côté,
il doit y avoir de quoi nourrir toute la population.
Nous avons le même problème dans mon pays.
Notre production est faible et nous devons nous développer
en agriculture familiale.
La technologie ne peut être adopter par les fermiers
sans une assistance technique.
Mais la technologie est très importante pour les fermiers.
Nous oeuvrons pour changer l'attitude des fermiers,
pour qu'ils acceptent mieux les technologies,
mais il nous faut plus de détails. On apprécie au Brésil les aspects
sociaux qui y sont mis au point. Et dans notre pays, l'action sociale
se fait par le Min. de l'Agriculture. Il nous faut trouver les raisons
pour lesquelles les fermiers ne veulent pas adopter la technologie.
Nous voulons tout d’abord, apprendre avec la Coopération Sud-Sud.
Il y a beaucoup de dialogue et de débat
qui apportent de nouvelles idées.
Et nous aimerions mieux connaître la nature des partenariats
entre le Brésil et un pays d'Afrique.
Ensuite, je crois que nous avons des choses à offrir à ce processus,
comme des petites ressources pour permettre des échanges,
ou notre expérience sur ce que nous avons vécu dans le passé,
qu'elles aient bien marché ou non. Nous ne voulons pas
le développement de partenariats suivant des méthodes anciennes.
C'est un tout autre processus. Troisièmement, je crois que
le point principal, c'est que nous sommes ensemble lá dedans.
La pauvreté mondiale est un défi mondial,
qui touche tout le monde, que l'on soit riche ou pauvre.
Et il nous faut oeuvrer de façon complémentaire
avec des moyens différents et des approches différentes.
Un grand nombre de personnes reconnaît l'expérience du Brésil
dans plusieurs secteurs, comme la protection sociale,
-le Bolsa Família en est un exemple important-
ou en sécurité alimentaire, contre la famine.
Je crois que nos meilleures expériences
sont celles soumises à des processus.
Comme par exemple, la façon dont le gouvernement brésilien
a récemment coordoné plusieurs programmes sociaux
en une variété de plate-formes d'assistance.
Cela a engendré un énorme bénéfice pour la réduction
de la pauvreté et de l'inégalité ici au Brésil.
Il nous faut essayer de travailler ensemble au Brésil
pour apporter des messages et des points importants.
Par exemple, puisque le G20 est si important en ce moment,
je crois que, si nous trouvons le bon chemin,
avec l'accord du Brésil et des pays du G20
vers une compréhension totale des interêts des pays pauvres
et du modèle de croissance inclusif que le G20 cherche à implanter,
comment amener ces interêts
aux institutions financières internationales
et essayer de réduire leurs risques de vulnérabilité,
je crois que ce sera un pas très important.
En fait, le grand point sous-jacent de la Coopération Sud-Sud,
c'est qu'il ne s'agit pas d'une relation purement économique.
Lorsque l'on parle de Coopération Sud-Sud,
il ne s'agit pas simplement d'une coopération technique
liée à des programmes; il s'agit aussi d'une coopération associée
aux différentes approches sur le développement.
Quelle est la grande nouveauté dans la Coopération Sud-Sud?
C'est la coopération dans le domaine de la protection sociale.
Il y a déjà une grande expérience en coopération économique,
mais pas autant en protection sociale.
Car la construction de politiques sociales et leur succès sont récents
dans les pays émergents, surtout en Amérique Latine.
Et la coopération en protection commence à prendre plus de poids
surtout dans les programmes de transfert de revenu.
C'est par cette construction de politiques de succès
qu'il existe cet échange réussi d'expériences du Sud.
Mais ce n'est pas un échange facile,
surtout dû au manque de capacité des pays émergents
à s'équiper pour pouvoir échanger ces expériences.
Le grand défi pour le Brésil et autres pays émergents
c'est de créer une institutionalité propre
pour rendre possible un échange effectif des expériences.
C'est pour cela qu'il faut investir
sur la capacité des pays à penser leur propre développement
a fin d'élaborer des alternatives plus durables et plus inclusives.
La question qui se pose est la suivante:
en quoi la Coop. Sud-Sud est-elle différente de la Coop. Nord-Sud'
S'agit-il des mêmes paradigmes, des mêmes valeurs'
C'est pourquoi la nécessité des pays émergents est aussi grande
à montrer des résultats à la communauté globale.
Nous voyons l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud en train de parler
non seulement de ses propres interêts domestiques,
mais aussi pour les interêts de la communauté internationale.
Il faut penser à s'ouvrir vers d'autres acteurs.
C'est là qu'entre en jeu le rôle des institutions de recherches
des pays du Sud, ainsi que des mouvements sociaux et des ONGs.
Quant à la coopération entre le Brésil et l'Afrique,
il faut penser aux différents contextes institutionaux,
ainsi qu'aux défis que l'on doit relever dans cette coopération.
Mais il faut aussi penser aux expériences
que chaque contexte peut présenter.
Il y a là un point intéressant dans l'expérience brésilienne:
pour ce qui est de la politique sociale, le Brésil arrive à marier
les politiques sociales universelles aux politiques sociales ciblées.
On voit donc, dans le cas brésilien, que l'Éducation et la Santé
sont considérées comme des droits universaux, par la Constitution.
En ce qui concerne les politiques d'assistance sociale,
elles sont d'une nature spécifique.
On aboutit à des politiques
qui répondent aux besoins de la population en général,
et à des politiques tournées vers les plus démunis.
La nécéssité d'un dialogue entre les société civiles
des différents pays est fondamentale.
MESSAGE DE MADAME LA MINISTRE MÁRCIA LOPES, BRÉSIL
Dés ses premiers jours, le gouvernement a souligné
à son équipe l'importance pour le Brésil de mettre en avant
son approche, sa connaissance et son échange d'expériences
avec de nombreux pays, dans la mesure où il y a
une grande identification entre les pays en voie de développement
et les pays à la recherche d'une nouvelle orientation
pour renforcer l'État, pour garantir
et élargir les droits de la population .
Il faut structurer les systèmes universaux.
Nous recevons des missions au Brésil,
surtout dans notre Ministère du Développement Social,
presque toutes les semaines. Et c'est une très bonne chose,
car c'est ce qui permet une maturité et une ouverture à l'échange,
vers un regard qui dépasse les frontières du Brésil, vers le monde.