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DISTRIBUTION CALIBAN
CE FILM NE PEUT PAS ETRE REPRODUIT, EN PARTIE OU EN TOUT,
SANS L'A UTORISATION EXPRESSE DES DETENTEURS DES DROITS DU FILM.
VISITE A LA CHINE DE JOÃO BELCHIOR GOULART,
VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DES ETATS UNIS DU BRESIL.
STUDIOS CENTRAUX D'INFORMATIONS ET DE DOCUMENTAIRES
DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE. PEQUIN, AOUT 1961 .
Dans l'aprés-midi du 13 août João Goulart,
vice-président de la République des Etats Unis du Brésil, arrive à Pékin.
Je suis porteur d'un message pour le peuple chinois,
un message d'amitié de la part du peuple brésilien.
Je suis sûr de contribuer à la plus grande approximation de nos peuples,
qui peuvent et doivent étre de bons amis.
Zhou Enlai, premier-ministre du conseil d'Etat,
s'entretient avec le vice-président João Goulart.
Liu Shaoqi, président de la République Populaire de Chine,
reçoit le vice-président João Goulart.
Les invités d'honneur visitent le musée d'histoire de la révolution chinoise.
Ces caractéres chinois signifient:
" nous avons stimulé la terre avec des coups de hache,
nous avons inauguré un nouveau monde;
et avec des coups de faucille, nous allons couper l'univers."
Le 23 août, le vice-président João Goulart
termine sa visite à la Chine et part de Canton pour rentrer au Brésil.
Xeng Xeng, vice-gouverneur de la province de Guangzhou,
et d'autres dirigeants de la province et de la ville,
ainsi que des foules émues,
disent au revoir aux invités d'honneur à la gare .
L'amitié, l'unité et la coopération
entre les peuples de la Chine et du Brésil s'intensifient de plus en plus.
Bonne chance au peuple brésilien.
Bon voyage aux invités d'honneur.
BRASÍLIA, 25 AOÛT 1961
Il était 6 heures du matin passées
quand le président Jânio Quadros, comme d'habitude,
s'enferma dans son bureau.
Ce jour-là, cependant, il griffonna les termes de sa démission,
que quelques heures plus *** il ferait parvenir au Congrés National,
réveillant ainsi les politiciens d'une somnolente session de vendredi.
Sans que rien dans son expression ou dans ses gestes ne traie la décision prise,
Jânio apparut à la cérémonie du Jour du Soldat.
Vaincu par ce qu'il appela de " forces terribles" dans sa lettre de démission,
il fut photographié pour la derniére fois comme président à côté des forces occultes.
Le ministre de la marine Sílvio Heck sonna l'alarme:
investir le vice-président João Goulart
pourrait entraîner le pays vers une guerre civile.
Le scénario du coup d'Etat était monté.
EX-MINISTRE DES RELATIONS EXTERIEURES J'ai été mis au courant de Ia démission
par un coup de téléphone du chef du cérémonial
de la présidence de la république, le ministre Macedo Soares.
Et tout de suite m'est venue l'idée de réunir à l'Itamaraty
ces amis que je pouvais convoquer immédiatement,
afin de rendre hommage au président qui s'était retiré.
Et heureusement cette idée a fait du succés,
parce que non seulement mes amis personnels se sont réunis à l'Itamaraty
mais aussi des diplomates qui étaient à Rio à ce moment-là -
il y en avait encore peu à Brasília, le changement de la capitale avait été récent -
et beaucoup d'employés.
Des employés depuis les plus humbles, les gardiens, les appariteurs,
les chauffeurs du ministére,
jusqu'aux diplomates qui se trouvaient à Rio de Janeiro.
Alors nous avons ouvert une bouteille de champagne en hommage au président
et, dans un moment de conservatisme traditionnel,
nous avons offert au président une derniére réception à l'Itamaraty.
JOURNALISTE Il a reçu la nouvelle à Singapour,
à l'hôtel Raffles, en plein milieu de la nuit.
Une agence télégraphique américaine lui avait téléphoné pour lui demander
un commentaire à propos de la démission de Jânio Quadros.
C'est ainsi qu'il a su de la démission.
Il a été surpris.
Et je me souviens, je veux dire, je l'ai su aprés,
qu'un des participants de cette mission,
le sénateur Barros de Carvalho, du PTB,
a déclaré tout de suite: " Dr Jango, allons ouvrir une bouteille de champagne
pour féter le nouveau président."
Mais Jango était un homme trés prévoyant,
un homme qui a les deux pieds sur terre.
Il a dit: " écoute, Barros, si tu veux prendre du champagne
il n'y a pas d'inconvénient, allons envoyer quelqu'un chercher une bouteille.
Maintenant, ce ne sera pas pour féter mon arrivée à la présidence,
mais en hommage à l'imprévisible."
São Borja, ville de frontiére, Zone des Missions,
est le berceau et la tombe de deux présidents:
Getúlio Dornelles Vargas et João Belchior Marques Goulart.
La chambre de João Goulart à Granja São Vicente
garde les souvenirs de sa vie publique, initiée à travers les mains de Vargas.
Les 1 7 ans qui séparent ses débuts comme député de province en 47
et sa déposition comme président en 64,
ne firent qu'approfondir son sentiment nationaliste
et son compromis avec la justice sociale,
raisons tragiques du destin commun de ces deux hommes.
En se tirant une balle dans la poitrine le matin du 24 août 1954,
Getúlio Vargas en finit avec sa propre vie
et aussi avec les plans de ses adversaires qui cherchaient le chemin du pouvoir,
en suivant la voie ouverte par le coup d'Etat.
Tout changea dans ces heures qui séparent le suicide de Vargas
et la déposition, exigée la veille par un ultimatum militaire.
Quand il embarqua pour Porto Alegre pour l'enterrement de l'ami,
Jango emmena avec lui la lettre testament et l'héritage politique de Getúlio.
Né le premier mars 1918,
Jango, septiéme fils du couple Vicente et Vicentina Goulart,
riches propriétaires de terres,
aima le contact avec les ouvriers agricoles de la ferme.
La jeunesse à Porto Alegre
fut passée entre la joie de la vie bohéme et les rigueurs de l'académie.
Dans le pays des avocats il est gradué en droit
et fit une ascension politique rapide.
Député de province en 47, Député Fédéral en 50,
secrétaire d'intérieur et de justice à Rio Grande do Sul,
président national du PTB.
En 1954, quand Getúlio eut besoin de changer sa posture
et d'assumer ses compromis avec les classes ouvriéres,
Jango sortit de l'ombre, convoqué au ministére du travail.
Côte à côte au ministére des personnages de la vieille république s'assirent,
des camarades de Getúlio de la révolution de 1930, des politiciens expérimentés.
João Goulart, à 36 ans,
représenta le désir de Vargas d'injecter du sang neuf dans la politique brésilienne.
Jango assuma le ministére quand les marins, en gréve,
luttaient pour une augmentation des salaires.
Il intervint dans le conflit en favorisant, avec son influence,
les revendications des grévistes.
Pour commémorer le premier mai, il prépara un cadeau juste pour les ouvriers:
l'augmentation de 100% du salaire minimum.
Getúlio concéda l'augmentation mais démit Jango,
parce que le réajustement des salaires alluma la méche d'une crise militaire,
qui explosa en un manifeste signé par 42 colonels.
GENERAL DE L'A RMEE Le Brésil et l'armée accompagnaient...
la lutte idéologique depuis longtemps.
Et cette lutte idéologique s'est intensifiée
quand Monsieur João Goulart a été ministre du travail de Getúlio.
Entouré par des éléments de gauche dans son ministére,
il a commencé à prendre des mesures qui ont préoccupé les chefs militaires.
Et les colonels, accompagnant le cadre brésilien,
ont décidé de mettre en garde leurs chefs militaires, généraux,
et ont écrit un manifeste.
Leur finalité était de montrer cette préoccupation
et de dénoncer le chemin de gauche que le Brésil était en train d'emprunter.
Telle est la finalité du manifeste.
Ce manifeste a été écrit par un groupe de militaires
à l'Ecole Supérieure de Guerre et dans l'Etat-Major de l'A rmée.
Le rédacteur a été le Général Golbery.
L'homme qui a le plus articulé a été Ademar de Queiroz, à l'époque général.
La campagne contre Getúlio fut implacable.
Gregório Fortunato, chef de la garde personnelle du président,
tenta faire taire l'opposition avec des armes.
L'attentat, qui blessa le journaliste Carlos Lacerda
et qui tua le major de l'aéronautique Rubens Vaz, dans la nuit du 5 août,
facilita la conspiration contre le gouvernement.
Le dénouement dramatique de la crise, avec le suicide du président,
tira des conspirateurs le goût de la victoire.
Candidat vaincu au sénat en 1954,
Jango reçut lors des élections de 1955 les votes des ouvriers
qui l'élurent vice-président
et emmenérent Juscelino Kubitschek à la présidence de la république.
Avant l'investiture, le mariage.
Le 12 mai 1955, Jango épousa Maria Teresa Fontela,
née aussi à São Borja.
Comme vice-président, il représenta le souriant JK auprés de la classe ouvriére.
En garantissant la stabilité nécessaire pour que JK puisse appliquer son Plan d'Objectifs
et accélérer l'industrialisation,
le soutien politique du PTB protégea les salaires et la liberté de l'ouvrier.
Avec le chemin de la pacification ouvert,
les régles constitutionnelles gouvernérent le Brésil.
Pendant l'exercice de la présidence, assumée pendant les voyages de JK,
Jango combina sa pratique de l'administration avec son expérience politique.
La visite faite à l'Union Soviétique à la fin de 1960
fit du vice-président João Goulart le premier dirigeant latino-américain
à surmonter la barriére idéologique montée par l'occident autour de Moscou.
Reçu par Alexei Kosygin et Leonid Brejnev,
hauts dirigeants soviétiques,
il amplifia les horizons politiques du Brésil.
En rompant avec l'alignement automatique avec les Etats-Unis,
il projeta le pays dans l'avant-garde des nations non-alignés.
Jango ne pouvait pas aller à l'Union Soviétique sans voir la tombe de Lénine,
héros de la révolution communiste de 191 7.
La visite protocolaire déplut aux chefs militaires,
qui, en 1961 , tentérent d'empécher son investiture.
Lors de sa visite à Saint-Pétersbourg,
port oú l'histoire de la Russie féodale commença à naufrager,
Jango alla connaître le croiseur Aurora, d'oú partirent les premiers tirs
de la révolution bolchevique.
Ces images allaient revenir à sa mémoire quand il amnistia les marins brésiliens
qui se rebellérent en 1964.
L'esprit décontracté du voyage, en rythme joyeux et informel,
provoqua le dégel de la " guerre froide" .
Robots, mains mécaniques, atomes.
Jango découvrit en Russie un monde qui entrait dans l'ére du Spoutnik.
Le Brésil entrait dans " l'ére du balai" .
La victoire de Jânio Quadros dans les élections présidentielles d'octobre 1960
rendit possible pour l'UDN d'étancher sa soif de pouvoir.
Carlos Lacerda, Afonso Arinos et Magalhães Pinto
furent les hôtes de la féte qui convertit Jânio en nouveau membre de l'UDN.
Des affiches, des signes, des poignées de main,
des embrassades et des applaudissements
animérent le rituel de la conversion.
Le Brésil était contaminé par la fiévre « janiste » .
Jânio Quadros est l'espoir De ce peuple abandonné
Balaye, balaye, balaye, balaye...
Balaye, balaye petit balai
Balaye, balaye la corruption
Le peuple est déjà fatigué
De souffrir de cette manière
Pour le PTB et les noyaux de gauche, le Maréchal Henrique Teixeira Lott
surgit comme le candidat idéal à la présidence de la république.
Respecté dans les forces armées,
il conquit l'admiration civile le 1 1 novembre 1955,
quand il garantit, comme ministre de la guerre,
l'investiture de JK et de Jango.
Sa candidature était lancée depuis 1956,
quand il reçut " l'épée d'or"
en hommage de la part des sergents et sous-officiers .
Jango fut candidat à la réélection.
Le Brésil a besoin d'un bras fort
Je vais, tu vas Nous allons voter Lott
Les liens entre le nationalisme militaire et le travaillisme
incluaient un programme de gouvernement avec réforme agraire et le vote de l'analphabéte.
A l'heure de voter Je vais voter Jango
C'est Jango, c'est Jango C'est Jango Goulart
Comme vice-président Jorge Freitas va gagner
C'est Jango, c'est Jango C'est Jango Goulart
Le PSB, pour ne pas rompre avec la bien réussie alliance avec le PTB,
soutint l'indication du " couple" Lott-João Goulart.
L'éternel candidat Adhemar de Barros,
avec son vieux Parti Social Progressiste,
volait les votes populaires.
Avant, ceux de Juscelino, maintenant, ceux de Lott.
Le sobre Milton Campos fut la garantie de l'UDN dans l' association avec Jânio.
Pour ne pas se compromettre, Jânio stimula secrétement
le couple Jânio-Jango qui à la fin fut victorieux.
Les 5 ans de JK secouérent le Brésil.
La modernisation contamina le pays avec l'épidémie du nouveau:
Bossa Nova, Cinéma Nouveau, la nouvelle capitale.
Son architecture audacieuse devint le cadre futuriste
d'un pays qui exhibait des contrastes anciens.
JK était sûr qu'il allait étre réélu.
Pratiquement 6 millions de votes emmenérent Jânio au pouvoir.
Aussitôt ce dernier aurait une surprise pour le peuple.
Jânio initia un programme de réformes morales.
Il en finit avec les courses de chevaux pendant la semaine,
adopta le slack comme uniforme,
prohiba les combats de coqs et le port de biquinis à la télévision.
Le pays, qui avait besoin d'un homme d'Etat, avait, enfin, un délégué de coutumes.
Le gouvernement titubait dans l'ambigu:ïté.
La politique interne moraliste selait ses compromis
avec les normes de la classe moyenne.
Des mesures économiques, comme l'instruction 204,
qui créa la taxe unique du dollar,
bénéficiérent aux exportateurs et aux investisseurs étrangers.
La fin de la subvention dans l'agriculture
provoqua l'augmentation du prix des aliments, suite à l'augmentation de l'inflation.
La politique extérieure obéit à un autre modéle.
PRESlDENT SUKARNO DE L'INDONESlE La visite du président Sukarno...
ouvrit la voie d'une nouvelle entente
avec le bloc des non-alignés, qui se forma au début des années 60.
MlNlSTRE DES RELATlONS EXTERlEURES Le président devait faire face
à une espéce de contradiction
entre l'expansion de la personnalité brésilienne au milieu international
et la limitation de sa situation économique-financiére.
Il devait mener en avant une politique qui n'était pas contradictoire,
mais qui devait respecter ces deux contingences,
ces deux impositions.
Le Brésil était prét pour l'affirmation d'une personnalité internationale,
mais il était en train de passer par une phase
dans laquelle il avait extrémement besoin des pays
avec lesquels il entretenait des relations économique-financiéres,
pour le maintien de sa stabilité financiére interne.
La décoration d'Ernesto Che Guevara
fut un geste trop osé au goût des alliés internes du gouvernement.
Carlos Lacerda, jusque-là son allié le plus puissant,
rompit avec Jânio et ouvrit la crise qui allait déboucher sur la déposition.
En août 1961 ,
la poignée de main avec Mao Tsé-Tung fit de João Goulart à nouveau un pionnier,
cette fois en approchant le Brésil du 3éme monde.
Jango rompit les barriéres qui séparaient l'occident
de la République Populaire de Chine.
Lors de son voyage à Pékin, il répéta le rituel du " dégel" avec Moscou.
Pour Jango, l'amitié entre les peuples allait surmonter les frontiéres idéologiques.
Avec sa visite il reconnût le droit du peuple chinois à son autodétermination.
Mes amis chinois,
pendant ces quelques jours passés avec le peuple chinois
et avec ses dirigeants,
j'ai pu voir que celle-ci n'est pas la vieille Chine,
pleine de légendes et de superstitions,
que les peuples occidentaux affrontaient avec un mélange de vague crainte
et une admiration révérencieuse pour l'inconnu.
Votre pays me donne la sensation d'une jeunesse renouvelée
à l'intérieur d'elle-méme.
Au premier contact avec vous,
face à la réception chaleureuse que vous nous avez offerte,
je me suis senti comme si j'étais logé dans la maison d'un vieil et bon ami.
Vive l'amitié, chaque fois plus étroite,
entre la Chine Populaire et les Etats Unis du Brésil.
Vive l'amitié des peuples asiatiques,
africains et latino-américains.
Le 25 août 1961 ,
la nouvelle de la démission du président explosa.
Jânio quitta Brasília et s'isola sur la base aérienne de Cumbica à São Paulo,
oú il attendit le dénouement des événements.
Au cas oú, un de ses hommes de confiance,
emmena aussi l'écharpe présidentielle.
Comme le vice-président se trouvait à l'extérieur,
le président de la Chambre des députés, Ranieri Mazzilli,
assuma entiérement la direction du gouvernement.
Les ministres militaires tentérent d'empécher le retour et l'investiture de Jango.
GENERAL DE L'A RMEE Ceux qui étaient le plus préoccupés
avec le probléme de lutte
qui existait au Brésil,
ont pris une position contre l'ascension de Jango,
bien que nous n'eussions rien
contre Jango lui-méme
mais contre les hommes qui l'entouraient
et qui étaient en train de l'emmener vers le gauchisme,
ce qui n'était pas ce que nous voulions.
Et attention:
à ce moment, la guerre révolutionnaire déjà installée au Brésil
était en train de préconiser la conquéte pacifique du pouvoir.
Nous voulions éviter
que le Brésil suive le chemin de la Tchécoslovaquie.
EX-GOUVERNEUR DE RlO GRANDE DO SUL Mon premier geste a été celui d'offrir
des garanties au président Jânio Quadros.
parce que nous pensions, dans ces premiers moments,
qu'il avait été victime d'un coup d'Etat.
Finalement j'ai réussi une communication,
à travers le journaliste Castelo Branco,
avec la base de Cumbica, à São Paulo.
Et le président Quadros m'a fait parvenir qu'il avait vraiment démissionné.
A partir de ce moment-là, nous avons protesté sans arrét et
revindiqué l'investiture du vice-président.
J'ai pris toutes les mesures qui appartenaient à l'état
en matiére de mobilisation,
pour assurer l'ordre public.
Je suis entré en contact avec le commandant de la 3éme armée
et je lui ai dit que, face à la situation, dont j'étais au courant aussi,
c'était à l'état de prendre toutes les mesures
pour protéger l'ordre public.
Et que, selon la Constitution,
seulement quand nous ne pouvions pas rétablir l'ordre public,
nous allions demander alors la couverture et la collaboration des forces fédérales.
Il était d'accord et j'ai passé à prendre toutes les mesures.
Nous avons mobilisé tout l'armement disponible
et nous nous sommes préparés pour une résistance.
Et nous avons senti que le Brésil entier s'est fermé.
Tous les autres états se sont soumis à la junte militaire
à l'exception du gouverneur Mauro Borges.
lci à Rio de Janeiro, le gouverneur Lacerda a laissé libre cours à la répression.
A São Paulo le gouverneur Carvalho Pinto a été absent aussi
et la répression a suivi son cours. La méme chose à Minas.
J'ai cherché du contact avec tous les généraux et chefs militaires
ce que j'ai réussi, directement ou indirectement.
C'était, à propos, à ce moment-là que j'ai eu un dialogue trés dur
avec le Général Costa e Silva, qui commandait la 4éme Armée à Recife.
Je vous le dis, en somme, que c'était un mouvement trés spontané,
trés naturel, qui était en train de s'intensifier,
nous avons cherché à utiliser tous les moyens possibles,
particuliérement les moyens de communication,
ce qui nous a sauvés. Nous avons réussi à informer
non seulement l'opinion publique de l'état et du pays,
je veux dire, nous avons gagné cette lutte essentiellement
à travers une bataille d'opinion publique,
comme nous avons aussi réussi à informer les propres militaires,
au point que quand la junte militaire qui a occupé le gouvernement
a donné l'ordre à une unité militaire de marcher contre le Sud
les propres officiers se sont réunis et ont décidé de récuser l'ordre.
EX-PRESlDENT DE L'UNE L'UNE, sous ma présidence,
a décrété une gréve nationale
et il y a eu une grande mobilisation des étudiants.
Le directoire de l'UNE a décidé de déplacer le siége de l'Union Nationale des Etudiants
à Rio Grande do Sul, pour là-bas,
ensemble avec le peuple de Rio Grande do Sul et avec le peuple brésilien,
participer intensément de la campagne de la légalité.
J'ai eu l'occasion de parler aux étudiants universitaires brésiliens
de la chaîne de légalité
et de participer de tout le procés de mobilisation populaire
de résistance au coup militaire contre le président João Goulart.
Le peuple dans les rues, la résistance dans le Sud,
et la division au sein des forces armées
rendirent au Congrés National le contrôle du procés politique.
Cette fois-ci les politiciens ne débattirent pas l'empéchement de Jango,
mais son investiture.
La légalité fut rétablie comme une solution de compromis.
Le Congrés approuva l'amendement parlementariste.
Pendant la votation, il y avait encore des indécis.
Lors du voyage de retour, João Goulart exhiba habileté et patience.
Quand il sut de la démission, il rentra immédiatement au Brésil
par le chemin le plus long :
Paris, New York, Buenos Aires et Montevideo.
La route du Pacifique.
Du balcon du palais Piratini
il fit signe à la foule qui l'acclamait.
A son arrivée à Brasília, des politiciens et des militaires fraternisérent
face à la solution pacifique de la crise.
Méme ceux qui avaient parié sur le veto militaire
allérent recevoir le nouveau président.
Les colonels de 54 étaient divisés.
Le général Antônio Carlos Muricy fut obligé de quitter son poste
à Rio Grande do Sul pour s'étre opposé à Brizola.
Le général Golbery, frustré à cause de la démission de Jânio,
quitta l'armée pour fonder l'IPES.
Le général Ernesto Geisel, commandant militaire du Planalto,
désarticula l'Opération Moustique, planifiée par des officiers de la FAB,
qui prétenda faire s'écraser l'avion qui emmenait Jango à Brasília.
Le 7 septembre 1961 ,
Jango assuma la présidence de la république et annonça que son gouvernement prétendait
marquer une nouvelle indépendance du Brésil.
Les partis politiques le savent, les parlementaires le savent,
tous savent que, dû à mon tempérament,
j'ai plus tendance à unir qu'à diviser,
je préfére pacifier qu'encourager la haine,
je préfére harmoniser que stimuler des ressentiments.
Nous allons promouvoir la paix interne, une paix avec dignité,
une paix qui résulte de la sécurité de nos institutions,
de la garantie des droits démocratiques,
du respect permanent de la volonté du peuple
et de l'inviolabilité de la souveraineté nationale.
Le député Ranieri Mazzilli, du PSB,
rendit l'écharpe présidentielle à João Goulart.
Le président, cependant, continua sous la tutelle du PSB
pendant le nouveau régime.
Le premier cabinet parlementariste
fut modéré et suivit le style du premier Tancredo Neves.
L'UDN et le Parti Démocrate Chrétien composérent le cabinet de conciliation.
Le PTB du président Goulart était en minorité au ministére.
La pression populaire fut le moyen
de changer la cadence des décisions ministérielles.
Le gouvernement répondit à d'anciennes demandes nationalistes.
Il annula le contrat de Hanna Mining Corporation,
multinationale du minerai, et signa le statut rural.
EX-DlRlGEANT DU PCB Quand Monsieur João Goulart est arrive...
à la présidence de la république,
nous travaillions à la campagne,
nous organisions des ligues paysannes, des associations paysannes
et d'autres associations
pour la défense de la réforme agraire
et des revendications les plus importantes des paysans pauvres du Brésil.
Sous son gouvernement nous avions plus de liberté,
parce que nous avons pu fortifier nos organisations,
principalement dans le secteur syndical.
Le premier congrés national des ouvriers agricoles e été réalisé,
de toutes les catégories de campagnards pauvres,
à Belo Horizonte.
Le congrés a compté aussi avec la présence de Monsieur Magalhães Pinto
et de Monsieur João Goulart,
de pas mal de sénateurs et députés fédéraux
et d'autres autorités administratives et politiques de la vie du pays.
FONDATEUR DES LlGUES CAMPAGNARDES Goulart défendait les réformes de base.
La réforme agraire, la réforme urbaine, la réforme du systéme des impôts.
Alors nous avons joint cette lutte.
Ce que nous voulions c'était que les ouvriers agricoles participent
du grand procés de mobilisation qui était en train de se développer au Brésil
depuis 1960.
En mai 1962, le gouvernement
annonça son intention de modifier l'article 1 41 de la Constitution,
qui déterminait l'indemnisation préalable et en argent
pour des terres expropriées.
Sans ce changement, la réforme agraire
se serait résumée à une grande affaire pour les spéculateurs.
La lutte idéologique remplit les rues.
La propagande de droite fit de Cuba
le prétexte pour exhiber en public ses vieilles fantaisies.
La gauche croyait au succés du modéle cubain.
La mobilisation politique pour la défense du gouvernement de Fidel Castro
se dérouleront au travers du Brésil.
Monsieur délégué de police,
nous sommes dans un pays démocratique...
Nous sommes dans un pays...
Monsieur délégué de police,
C'est bon...
C'est bon parce que dorénavant...
A Pernambuco, dans la ville de Caruaru,
le leader communiste David Capistrano,
qui allait souffrir la violence de l'Etat dans les années 70,
affronta l'intolérance des années 60.
J'appelle la classe ouvriére de Caruaru!
Je convoque tous les leaders du Parti Communiste de Caruaru...
L'escalade de la violence terroriste
laissa sa marque dans l'exposition soviétique,
qui exhiba au Brésil les nouvelles tendances du monde socialiste
et la technologie de l'Est européen.
L'enquéte qui élucida l'attentat révéla qu'une partie de ces actions
avait été planifiée dans les sous-sols du gouvernement de Guanabara.
Parmi les impliqués, le chef de police de l'Etat.
L'Union Nationale des Etudiants a été cible de l'action terroriste
des groupes d'extréme droite.
Le mouvement anticommuniste a déclenché une action
contre l'Union Nationale des Etudiants: le mitraillage du siége de l'UNE.
En fait ce qui s'est passé c'est que s'organisait au Brésil
un courant fasciste, des organisations paramilitaires s'organisaient,
la droite s'organisait, financée par des organisations étrangéres.
Postérieurement, tout cela a été révélé.
Tout cela pour une raison trés claire :
empécher la participation du peuple à la politique.
Contenir la participation des ouvriers, de la classe ouvriére,
contenir la participation des travailleurs ruraux,
contenir la participation des étudiants.
Parce que nous suivions le chemin
vers une plus grande démocratisation.
La démocratisation économique, la démocratisation de la propriété de terre,
la démocratisation du pouvoir politique, la démocratisation du savoir.
Et les classes dominantes brésiliennes, dans leur attitude réactionnaire,
c'est-à-dire, les grands groupes étrangers, les entreprises multinationales,
les latifundistes, la grande bourgeoisie brésilienne,
ne pouvaient admettre ni méme les limitées reformes de base
que le président Jango Goulart voulait implanter au Brésil.
Le coup le plus osé du gouvernement brésilien fut sa politique extérieure.
L'Itamaraty établit la diplomatie du non-alignement,
en défaisant les noeuds qui attachaient les intéréts du Brésil
aux décisions prises à Washington.
Le gouvernement renoua les relations avec l'Union Soviétique,
vota contre la politique colonialiste en Afrique,
et soutint le droit de Cuba à son autodétermination.
La politique extérieure se heurta aux frontiéres de la dépendance économique.
La pression nord-américaine emmena le ministre Santiago Dantas à Washington,
oú, dans un climat froid, il dut négocier les limites de la dette brésilienne.
Je crois que ces jours passés
avec les autorités financiéres américaines et internationales à Washington
font partie de la situation que j'ai eu l'occasion d'expliquer au peuple brésilien
avant de partir du Brésil
et que les résultats de cette visite satisferont les attentes du peuple brésilien.
A savoir: le Brésil ne prétend pas augmenter immodérément son endettement,
au contraire, ce qu'il désire c'est établir des conditions
qui lui permettent de faire face à ses compromis
en fonction de sa capacité de payer.
Le voyage de João Goulart aux EUA en avril 1962
suspendit temporairement l'éloignement des deux pays.
Dans l'agenda de Jango, la priorité était la renégociation de la dette externe.
Pour Kennedy, il était important de redéfinir les régles politiques du Brésil.
La nationalisation des compagnies nord-américaines et le programme de réformes
sonnaient comme des signaux de communisation.
Une semaine auparavant,
le gouverneur Leonel Brizola avait exproprié à Rio Grande do Sul
les biens de la Compagnie Téléphonique Nationale,
branche brésilienne de l'ITT.
Les EUA reçurent Jango à bras ouverts,
ils craignaient le déroutement du Brésil de la voie occidentale.
A l'ONU, Jango expliqua personnellement à la presse internationale
la signification des nationalisations.
La nécessité que nous avons ressentie
de parler des expropriations des compagnies,
comme un élément des discussions, a été provoquée exactement par les difficultés
qu'elles créaient à ce moment-là dans mon pays.
Nous pouvons encourager l'investissement de capital étranger
si nous donnons à ce méme capital une compensation juste.
Quand je dis " juste" , je me référe à
l'idéal de justice du pays .
Il ne peut pas non plus recevoir des profits excessifs.
Des profits qui l'enrichissent trés vite au détriment de l'intérét national
ou mettant en péril la stabilité économique du pays.
C'est pour cela que nous voulons trouver un terme juste,
dans lequel les compagnies reçoivent une rémunération juste de leur capital,
dans lequel elles peuvent avoir des profits,
mais comme résultat d'activités qui sont dans l'intérét national,
et que ces profits puissent aussi apporter des bénéfices au pays.
Le département d'Etat envoya deux vedettes au Brésil.
Le glamour pâle du galant John Gavin
et la foi répétée du prétre Patrick Peyton,
pasteur de Hollywood, préféré de 9 entre 10 vedettes de cinéma.
Pour mobiliser les couches moyennes de la société,
le prétre Peyton organisa une croisade religieuse sous la devise:
" La famille qui prie unie reste unie."
L'objectif était d'unir les catholiques contre les communistes.
Et par ordre personnel de Jango j'ai accordé,
au secrétariat de presse, toutes les courtoisies possibles au prétre Peyton,
je lui ai méme donné en cadeau des films de télévision
pour qu'il puisse enregistrer sa fameuse campagne.
L'opposition transféra sa capitale à Washington.
Les préts de dollars refusés au gouvernement brésilien
finançaient directement les administrations des gouverneurs hostiles à João Goulart.
La Maison Blanche était le siége du gouvernement,
oú se promenérent avec aisance Carlos Lacerda et Adhemar de Barros.
J'ai examiné le probléme des favelas
et le président a été vivement impressionné
des données que je lui ai montrées.
Rio de Janeiro, par exemple, a un déficit annuel
de 10 mille maisons,
la ville a accumulé ce déficit pendant 10 ans.
Ce qui signifie que nous avons un déficit, seulement à Rio, de 100 mille maisons.
Et le président n'a pas seulement été impressionné
comme il est aussitôt entré en contact avec Monsieur Goodman
pour accélérer les projets en cours
concernant les favelas de Guanabara.
Nous avons abordé une demi-douzaine de thémes,
le probléme du Port de Santos, du Port de São Sebastião,
le probléme de l'approvisionnement d'eau dans la ville de São Paulo -
nous avons de l'eau pour 2,5 millions d'habitants
et nous avons besoin d'eau pour 4,5 millions d'habitants.
Nous avons de trés grands problémes;
de nouvelles autoroutes, l'électrification des chemins de fer,
de nouvelles usines hydroélectriques,
enfin, un tas de problémes
relatifs à l'économie de Sao Paulo et à l'économie nationale.
Le cabinet de Tancredo Neves fut dissolu
quand le premier démissionna pour concourir aux élections.
Le nouveau cabinet, présidé par Brochado da Rocha
survécut à deux mois de crises successives..
Le dernier premier ministre, Hermes Lima, membre du Parti Socialiste
vint clore la période parlementariste au pays.
Avec le présidentialisme en vue,
les élections de 1962 gagnérent en importance.
Au cours des élections, la droite déposa ses armes.
Pour contenir l'avancement de la gauche,
l'Institut Brésilien d'A ction Démocratique,
bras prolongé de l'IPES,
injecta plus de 2 millions de dollars dans la campagne,
soutenant ainsi la propagande de 250 candidats à la chambre fédérale
et de plusieurs gouverneurs.
s institutions démocratiques vaincront la bataille des ambitio
De la crise au chaos
FlLM DE PROPAGANDE DE L'IPES Le pays peut étre entraîné
vers une crise inconciliable.
Qu'est-ce que nous faisons pour empécher que le peuple brésilien soit affronté
à la tragique option entre des solutions antidémocratiques?
Nous, les intellectuels, nous, les dirigeants d'entreprises,
nous, les hommes avec le pouvoir de gouverner,
nous qui croyons en la démocratie et au régime de la libre initiative,
nous ne pouvons pas rester en silence pendant que la situation s'aggrave de jour en jour.
L'omission est un crime.!
lsolés, nous serons écrasés. Nous devons unir nos efforts.
Nous devons orienter nos actions dans un sens unique suivre l'action des démocrates
pour ne pas devenir des victimes du totalitarisme.
Et c'est justement pour coordonner la pensée et l'action
de tous ceux qui ne veulent pas rester les bras croisés
face à la catastrophe qui nous menace,
que nous avons créé un nouvel organisme,
avec un nouveau message pour la nouvelle réalité du Brésil d'aujourd'hui.
Nous avons une finalité basique.:
Eviter que la situation difficile que le pays traverse
ne compromette nos institutions démocratiques
et traditions chrétiennes.
L'Institut d'Etudes Sociales et de Recherches
a ces finalités basiques.
Ses objectifs sont clairs et définis.
C'est à l'Institut d'exécuter un plan qui puisse réaliser ces objectifs.:
Le renforcement des institutions démocratiques,:
la fin du sous-développement,:
la stabilisation de la monnaie,:
la moralisation et l'efficience de la structure gouvernementale.
Mais l'IPES ne peut pas se limiter à la parole.
Il faut agir.
Tous ces dollars ne furent pas assez pour empécher la victoire
de politiciens compromis avec les réformes.
Au Congrés le groupe de l'UDN diminua et celui du PTB augmenta.
Le PSB conserva la majorité.
Le nouveau Congrés avait un autre visage.
Les politiciens se regroupérent en fronts.
D'un côté, le Front Parlementaire Nationaliste.
De l'autre, l'A ction Démocratique Parlementaire,
dernier refuge de la réaction contre les réformes.
SOClOLOGUE Un des aspects les plus importants
de l'action de cette droite parlementaire,
qui malgré son nom, Action Démocratique Parlementaire,
n'avait que trés peu voire rien d'action démocratique,
a été d'avoir réussi à transformer le Congrés
en une scéne de conflits.
Des conflits qui étaient certainement basés en de vrais intéréts économiques,
mais qui étaient présentés comme des batailles idéologiques.
Le peuple, convoqué pour décider le destin du parlementarisme,
rendit à Jango les pouvoirs qui lui avaient été retirés.
15 millions d'électeurs allérent aux urnes.
Pratiquement 10 millions dirent "non" au parlementarisme.
Jango avait encore 3 ans de gouvernement.
Le président, en minorité au Congrés, organisa un ministére de conciliation,
oú le PSB avait la majorité et la gauche la plus grande influence.
La démocratisation de l'utilisation de la terre, le vote de l'analphabéte,
la réglementation des loyers, des bases justes pour le salaire minimum.
Voilà les objectifs d'un programme de gouvernement
capable de parvenir à la plus grande harmonie sociale.
Jango avait l'intention d'en finir avec la faim et la misére,
dans un pays oú la justice fut toujours le côté obscur de la démocratie.
La situation du Nordeste reçut une attention particuliére du gouvernement.
Le plan du président en 1964 reçut
la méme opposition que celui de 1954, quand il était ministre du travail.
Promoteur de gréves, articulateur de la lutte des classes
et ennemi du capitalisme.
Les ouvriers ruraux, mobilisés par le procés de transformation sociale,
s'insurgérent contre la misére séculaire de la campagne.
La perspective de petits changements dans un pays de grandes inégalités
fit renaître des illusions.
Des milliers d'ouvriers, sans terre et sans travail,
embarquérent dans ce train d'espoirs,
passant des pages d'un livre à la scéne politique.
A travers les réformes, Jango fit le Brésil vivre son utopie.
Le président avait besoin du soutien des militaires.
La tradition d'intervention militaire dans la vie politique
n'avait plus le goût d'aventure.
L'improvisation des années 20 fit place à l'idéologie de la fin des années 40.
L'Ecole Supérieure de Guerre, fondée en 1950
selon le modéle du War College nord-américain,
monta son propre modéle politique,
basé au concept de sécurité et de développement.
Dans un défi au réglement disciplinaire,
les sergents élurent deux représentants dans les élections d'octobre 62.
Révoltés contre la décision qui interdisait l'investiture des représentants élus,
les sergents, suivant une tradition militaire, se rebellérent.
Jango dut les punir pour ne pas laisser une bréche dans la discipline
qui pouvait faire couler le propre gouvernement.
Syndicats, étudiants et politiciens se mobilisérent en faveur des rebelles.
Le président pardonna aux sergents,
une décision qui traditionnellement ne bénéficiait qu'aux officiers.
L'action politique des sergents effrayait les chefs militaires.
Le général Ozino Alves, homme de foi nationaliste et de prestige dans l'armée
faisait un effort personnel à la téte de la 1 ére armée
pour retirer le soutien des officiers au gouvernement.
João Goulart finit par commettre une erreur fatale.
Comme tant d'autres chefs d'Etat progressistes de l'A mérique latine,
il paya pour l'ingénuité
de tenter de résoudre la question militaire au travers d'une négociation.
La conspiration contre Goulart était déjà avancée.
Des télégrammes confirment que le propre ministre de la guerre de Jango,
le général Amaury Kruel, intégrait le groupe de militaires
qui articulait les plans pour le coup d'Etat.
Réunis au palais, ils jurérent encore une fois
fidélité au président et respect à la Constitution.
GENERAL DE L'A RMEE Le désir des chefs militaires
était que Jango arrive à la fin de son mandat.
Parce que nous ne prétendions lancer une action armée que comme derniére possibilité.
Nous nous sommes préparés, pour étre en condition de faire face à
n'importe quelle action du gouvernement.
Quand, cependant, à la fin de 63,
nous avons eu l'information que le gouvernement était en train de préparer un coup,
et cette information a été confirmée par une personne estimée,
et de confiance,
nous avons alors envisagé la possibilité d'agir avant le gouvernement.
MAJOR BRlGADlER LlCENClÉ PAR LE COUP MlLlTAlRE La tendance des forces armies est l'intervention,
parce que les conflits sociaux au Brésil
sont généralement réglés avec l'intervention des forces armées.
Donc ce sont les propres forces politiques qui sont derriére ce conflit,
qui invitent les forces armées à participer.
La façon d'éviter cela
est de transformer les forces armies en une entité neutre,
ce qui n'est possible qu'avec une division politique et idéologique des forces armées.
La crise économique, avec une inflation qui menaçait rompre la barriére des 100%
fut un des freins du développement social.
Le Commandement Général des Ouvriers, le groupe compacte du PTB,
Leonel Brizola et l'Union Nationale des Etudiants
exigeaient les réformes de base comme solution immédiate.
Le plan triennal de Celso Furtado et Santiago Dantas
suggéra premiérement le redressement économique.
EX-MlNlSTRE DE LA PLANlFlCATlON C'est un point trés important,
parce qu'il met la main
sur ce qui était de la propre nature du gouvernement João Goulart.
João Goulart n'avait pas été élu président de la république,
il fit partie, en fait, d'une coalition PSD-PTB.
Et c'était le PSD, le parti majoritaire, qui était à la téte de la coalition.
Quand il a assumé la présidence de la république il a dû harmoniser ces forces.
Et s'est créée alors, je dirais, une... je ne dis pas une dichotomie,
mais une double orientation du gouvernement,
ou des forces de soutien au gouvernement.
Un groupe faisait des efforts pour reprendre complétement le contrôle de la situation.
C'est-à-dire, une économie en désordre,
comme j'ai expliqué, avec une forte pression inflationniste,
l'endettement public, des problémes internes et externes.
Et il était nécessaire de reprendre le contrôle de tout cela.
Et, à mon avis, déjà à l'époque,
il est impossible de reprendre le contrôle sans une croissance ordonnée.
Pour cette raison l'existence du plan triennal. C'est ça l'esprit du plan triennal.
Je dirais: si nous récupérons le contrôle de la situation, nous stimulons l'économie,
alors il sera possible d'introduire les réformes,
qui sont l'essence méme de la politique du gouvernement.
Pour cela le plan triennal terminait avec la liste des réformes de structure
qui étaient nécessaires.
Mais celles-ci résultaient d'un plus grand contrôle sur l'économie
et, pour cela, il était nécessaire d'arriver à un consensus
pour assurer la solidité du gouvernement.
Ce qui s'est passé est que les différents groupes qui soutenaient le gouvernement
n'arrivaient pas à un consensus.
Au moins à propos de cette stratégie, ils ne s'entendaient pas.
Et il y avait de puissants groupes qui considéraient qu'il était plus important
de lancer immédiatement les réformes.
Et c'était justement pour ça qu'il n'y a pas eu de consensus.
Et le président João Goulart était entre deux chaises.
Bombardé par les syndicats et par les industriels,
le plan triennal ne sortit pas du tiroir.
Comme reméde pour la crise économique,
il avait un effet insupportable pour le gouvernement:
la modération des salaires.
Le Commandement Général des Travailleurs,
complétement absorbé par les débats institutionnels,
abandonna le renforcement de ses bases syndicales.
Le CGT remplaça le travail dans la ligne de production, ensemble avec les ouvriers
par des activités développées avec les politiciens.
La gréve était un mot d'ordre,
mais seulement pour les ouvriers des entreprises d'Etat,
quelquefois avec le soutien discret des ouvriers de l'industrie et du commerce.
Quand le commandement des ouvriers aperçut l'équivoque, il était trop ***.
Le mois de mars s'approchait déjà.
ASSEZ D'EXPLORATlON Jango prétendait réformer
le visage du capitalisme brésilien
en diminuant les inégalités sociales, en lui donnant un aspect plus humain,
moins sauvage.
Parmi ses alliés, beaucoup de fois ses objectifs étaient confondus
avec l'intention d'en finir avec le capitalisme.
D'autres fois, ses alliés pensaient qu'il n'avait pas
l'intention d'en finir avec le capitalisme.
Il devait trouver une stratégie d'action tout en luttant contre l'inconfort personnel
d'étre le président riche d'un pays pauvre.
Le président était conscient de l'influence de l'Eglise.
C'était à Jango de convaincre la haute hierarchie catholique
que les réformes sociales qu'il prétendait implanter allaient établir au Brésil
les principes de justice que le propre christianisme préchait.
Les noyaux brizolistes, organisés dans tout le pays en groupes de 1 1 ,
soutenaient la lutte de Brizola pour le pouvoir avec le slogan:
" Beau-frére n'est pas parent. Brizola président."
Les liens de parenté étaient un obstacle que la Constitution imposait.
La proposition d'altération de la loi
servit d'arme de propagande contre le gouvernement.
Déguisée en défenseuse de la Constitution, la droite se fortifiait.
Le vacarme de la campagne convainquit la classe moyenne, des secteurs militaires,
l'Eglise et les industriels que le gouvernement voulait changer la Constitution
pour en finir avec la démocratie.
Dans un interview au journal Los Angeles Times,
le gouverneur Carlos Lacerda annonça que les militaires brésiliens
discutaient déjà la bonne date pour déposer João Goulart.
Les ministres militaires, indignés, demandaient la punition de Lacerda.
JANGO PREND L'A VlON AUJOURD'HUl POUR ALLER A SA PROPRlETE A BRASÍLlA
Jango tenta d'utiliser l'état de siége
pour surmonter de façon politique la réaction militaire contre le gouverneur
et rétablir l'autorité de son gouvernement.
La gauche suspecta que la mesure pourrait se tourner contre elle.
EX-LEADER DU PTB AU CONGRES Il faut revenir en arriére,
à ces jours difficiles et confus,
quand la pression contre nous augmentait.
Quand elle venait de tous les côtés.
De notre pays et de l'extérieur.
Personne ne voulait accepter que, au Brésil,
des réformes fondamentales seraient faites.
Nous avions reçu l'information que, à São Paulo, Adhemar de Barros
et dans l'état de Rio de Janeiro, Carlos Lacerda,
se préparaient de façon active pour une révolution ou pour un coup d'Etat.
L'état de siége a été décidé à Rio de Janeiro
lors d'une réunion de Jango avec son ministére
et avec ses ministres militaires.
Les nouvelles qui sont arrivées à Brasília à propos l'état de siége
ont été trés effrayantes pour nous.
A ce moment nous ne savions pas si les rapports de forces
permettaient l'installation d'un état de siége dans ce pays
qui ne serait pas ensuite transformé par les forces majoritaires,
par le groupe réactionnaire du PSD allié à l'UDN,
en un instrument contre l'ouvrier.
En un instrument contre les droits des ouvriers qui avaient été conquis.
lndépendemment de la volonté de João Goulart.
Aprés l'arrivée de Jango à Brasília
nous avons découvert que le projet d'état de siége
avait été amendé, en permettant la violation du domicile,
en permettant tous ces abus qui aprés 64 ont été normaux.
Alors nous avons pris la décision de nous opposer à l'état de siége.
Jusqu'à aujourd'hui je ne suis pas sûr si c'était la bonne décision.
Pour éviter la défaite, Jango capitula.
lsolé au congrés,
face à l'attitude hostile des gouverneurs Lacerda, Magalhães et Adhemar,
bloqué économiquement par les EUA, Jango n'avait pas d'autre sortie:
il tenta de mobiliser la population
en empoignant personnellement le drapeau des réformes.
En janvier 1964,
le président sortit du tiroir et réglementa la loi sur la remise des profits
qui avait été approuvée par le Congrés plus d'un an auparavant.
Au mois de mars, un déjeuner à la Base Militaire
et la réception chaleureuse offerte par quelques officiers
n'éteignirent pas l'inquiétude et les doutes dans le regard épuisé du président.
L'adhésion de militaires subalternes
et l' engagement des officiers dans le projet nationaliste du gouvernement
exprimaient l'effort de pratiquement tous les secteurs de la société brésilienne
dans la construction d'une démocratie plus juste.
La menace des réformes qui effrayait la classe dominante brésilienne
prit des formes au mois de mars.
Comme part de sa stratégie de mobilisation populaire,
le gouvernement convoqua un grand comice à Rio de Janeiro.
Le " Comice de Central" , comme il resta connu,
fut marqué pour un vendredi, 13.
Tout fut soigneusement préparé.
Des haut-parleurs à la sécurité, rien ne pouvait prendre une mauvaise tournure
quand le président allait porter le message des réformes au peuple.
Le scénario pour le dernier acte était prét.
Le mois de mars de 64 a été un mois de grandes activités
et de grandes préoccupations.
Des activités subversives promues par le gouvernement
étaient en train de s'accumuler
et nous avions déjà décidé d'affronter
n'importe quelle chose décidée par le gouvernement.
Quand le comice du 13 a été tenu,
nous avons considéré ce comice comme une intimidation,
une gifle pour l'armée. Tenu à côté du quartier général,
avec des affiches franchement subversives contre l'ordre démocratique.
Ceci a profondément choqué les militaires.
Et quelques jour avant le 13,
j'ai pris connaissance à travers un de mes officiers subordonnés
qu'il y avait un groupe d'officiers qui prétendait en finir avec le mouvement
de la maniére la plus violente possible. J'ai jugé cela trés grave.
J'ai porté le fait à la connaissance du Général Castelo Branco
dans l'état-major de l'armée
et du général Costa e Silva au département de production et de travaux.
Tous les deux, et particuliérement le général Castelo,
ont été trés préoccupés et ont dit: "mais c'est inacceptable!"
Le comice doit se produire, nous ne devons pas intervenir
et il faut éviter que cela arrive."
C'était vraiment important que le comice ait lieu.
Parce que nous avions conscience que la révolte dans l'armée augmenterait
contre un gouvernement qui voulait déstabiliser la démocratie au Brésil.
Pour ce motif, ensemble avec d'autres officiers,
y compris le général Aragão,
qui a aussi été mis au courant du plan,
nous avons agi et le matin du 13, aprés notre arrivée au quartier général,
j'ai cherché un de ces éléments qui était dans le groupe et j'ai demandé:
" Untel, comment ça se passe? C'est décidé? Vous allez le faire?"
" Général, personne ne va intervenir.
" Il y a juste une personne avec laquelle je n'ai pas encore parlé."
" Alors tu sors et tu vas parler avec lui.
Il ne peut y avoir notre moindre interférence au cours du comice."
La conséquence immédiate:
le jour suivant, au ministére, tout le monde ne parlait que du comice
et la révolte était généralisée.
C'est-à-dire, nous avions gagné ainsi le soutien de nombreux éléments qui
ne s'étaient pas encore décidés à rompre avec la légalité.
Parce que c'est trés difficile, comme j'ai déjà dit.
Alors, le comice du 13 nous a apporté le soutien de beaucoup de gens...
corrects, loyaux, et qui étaient encore attachés à l'idée de la légalité absolue.
Le comice de Central était une espéce de...
tentative d'accélérer le projet des réformes.
Et beaucoup de gens lui avaient conseillé de ne pas tenir ce comice.
Que ce serait, sous certains aspects, une provocation.
et de ne pas annoncer ces réformes,
que ce ne serait pas possible d'implémenter beaucoup d'entre elles.
Alors là Jango, je m'en souviens bien,
a déclaré: " ma préoccupation n'est pas si je reste ou non au gouvernement,
ma préoccupation est que je dois réaliser ces réformes.
Je préfére tomber mais tomber la téte haute."
DEHORS, RAlMUNDO ALMElDA!
VAS-Y, ARRAES LE PEUPLE N'EN PEUT PLUS!
CETTE FOlS-Cl, LE GOUVERNEMENT ET LE PEUPLE NE SONT PAS SEULS!
DES FEMMES AU FO YER CONTRE LA FRAUDE FlSCALE
LA LlGUE FEMlNlNE DE L'ETAT DE GUANABARA
MONOPOLE lNTEGRAL TOUT DE SUlTE! TOUT LE PETROLE APPARTlENT A PETROBRAS.
SOUTlEN AUX REFORMES DE BASE DE JANGO
En début de la nuit,
200 mille personnes étaient rassemblées sur la place de Central do Brasil.
La foule emballa les orateurs. Jango ne les déçut pas.
A son côté, la présence de sa femme Maria Teresa
brisait un peu la tension du moment.
Sur la méme estrade de bois
que Getúlio Vargas utilisait pour ses apparitions publiques,
il annonça l'exécution de son programme.
Quelques heures auparavant il avait signé les décrets
concernant l'expropriation des terres improductives au bord des autoroutes
et des chemins de fer fédéraux
et la nationalisation des raffineries particuliéres.
Les ouvriers agricoles vont déjà pouvoir
voir que leur revendication la plus importante et la plus juste
sera concrétisée dans une grande partie du pays.
Celle qui lui donnera un bout de terre pour qu'il puisse y travailler.
Un bout de terre qu'il puisse cultiver.
Alors là, l'ouvrier et sa famille,
sa famille qui a tant souffert, vont pouvoir travailler pour eux-mémes,
parce que jusqu'ici ils travaillaient pour le propriétaire de la terre
ou pour le propriétaire de la terre sur laquelle ils produisaient.
Aujourd'hui, avec la nation comme haut témoin,
avec la solidarité du peuple réuni sur la place,
qui n'appartient qu'au peuple,
le gouvernement, qui est aussi le peuple,
et qui n'appartient qu'au peuple aussi,
réaffirme ses propos imperturbables
de lutter avec toutes ses forces
pour la réforme de la société brésilienne.
Pas seulement pour la réforme agraire, mais aussi pour la réforme du systéme des impôts.
Pour l'ample réforme électorale, pour le vote de l'analphabéte,
pour l'éligibilité de tous les Brésiliens.
Pour la pureté de la vie démocratique, pour l'émancipation économique,
pour la justice sociale
et, ensemble avec le peuple, pour le progrés du Brésil.
A São Paulo, la classe dirigeante aussi se mobilisa contre les réformes.
Avec le soutien du gouvernement de l'état,
de la société rurale et de secteurs de l'Eglise,
la " marche de la famille avec Dieu et pour la liberté" fut organisée.
Des ex-combattants de 1932
et des membres de familles traditionnelles de Sao Paulo
portérent le rosaire dans une main et dans l'autre des affiches,
avec quelques-uns de leurs slogans:
" Le civisme tuera le communisme."
" En défense de la Constitution et de la légalité."
Jango et sa famille se retirérent à São Borja
pendant la semaine sainte de mars 1964.
Des photos anciennes de l'album de famille
révélent les habitudes décontractées du président agriculteur.
La compagnie de Maria Teresa, le barbecue, le maté,
la promenade à cheval dans les champs,
cette fois-ci tout cela fut vécu en climat de tension.
A propos, celle-ci serait la derniére fois que Jango était avec sa famille sur le ranch,
il y passerait rapidement en avril, seul, et en direction de son exil en Uruguay.
A la fin de mars,
aprés avoir assisté au film sur le cuirassé Potemkine,
les marins brésiliens avaient un réve.
Réunis au syndicat des métallurgistes,
pendant la commémoration du 2éme anniversaire de son association,
maintenue secréte de la Marine,
des centaines d'entre eux exigeaient leurs droits:
la libération des camarades arrétés, l'amélioration de l'alimentation
et le droit de se marier.
Il y avait aussi, comme exemple et témoin, le vieux João Cândido,
herós survivant de la révolte qui s'est terminée par des punitions physiques en 1910.
Toujours comme dans le film, la population soutenait les révoltés.
Ameutés au Club Naval, au nom de la discipline,
les officiers exigérent la punition des marins rebelles.
De retour à Rio, Jango trouve une solution:
les marins furent arrétés et ensuite libérés.
Le ministre de la Marine démissionne.
Le ministre de l'armée, Jair Dantas Ribeiro,
quitta son poste et fut interné, victime d'une crise rénale.
L'impact des événements dans les Forces Armées
provoqua l'adhésion d'officiers légalistes au mouvement qui a déposé le président.
Pour eux c'était insupportable de voir la hierarchie détruite.
Il y avait déjà des rumeurs du soulévement militaire
quand le président vint, le 30 mars,
au siége du Club Automobile,
pour recevoir un hommage de l'A ssociation des Sergents
et sous-officiers de la police militaire.
Le président déclara de maniére énergique
qu'il n'allait pas permettre la subversion au nom de l'ordre.
Sa salutation improvisée aux subalternes
était un avertissement tardif aux yeux des officiers supérieurs.
JANGO: NOUS NE VOULONS PAS QUE LE CONGRES SOlT FERME.
A l'aube du 31 mars,
quelques heures aprés la fin de la féte,
les troupes du général Olímpio Mourão Filho, commandant de la 4éme Région Militaire,
avancérent déjà sur Guanabara.
Le soulévement, venant de Minas Gerais, précipita le coup d'Etat.
A Guanabara, des tanks de l'armée roulérent sur les villes
sans rencontrer de la résistance.
La classe moyenne exorcisa ses phantasmes
en mettant le feu au bâtiment de l'Union Nationale des Etudiants.
Dans l'aprés-midi du 1er avril, dans la Zone Sud de Rio de Janeiro,
on fétait déjà la victoire.
Le président João Goulart avait quitté Guanabara,
bastion de l'ennemi, suivant vers Brasília.
La capitale non plus n'offrait pas de sécurité au président.
Jango partit pour Porto Alegre.
La bataille au Congrés fut rapidement décidée.
Présidant la tumultueuse session du
le sénateur Aldo de Moura Andrade,
dans un solennel mépris pour le destin des institutions légales,
déclara vacante la présidence de la république
pendant que le chef du gouvernement était toujours sur le territoire brésilien.
Attention. Le Président de la République a quitté le siège du gouvernement.
Il a laissé la nation acéphale.
Ce n'est pas vrai.!
Dans une heure gravissime de la vie brésilienne.
Et quand il est nécessaire que le chef d'Etat
reste à la téte de son gouvernement.
Il a abandonné le gouvernement.
Et donc je communique au Congrès National...
Cet abandon...
Cet abandon configure...
la nécessité du Congrès National, comme pouvoir civil,
de prendre immédiatement une mesure
aux termes de la Constitution brésilienne
pour rétablir dans cette patrie perturbée
l'autorité du gouvernement...
et l'existence de gouvernement.
Nous ne pouvons pas permettre...
que le Brésil reste sans gouvernement, abandonné.
Il y a, sous notre responsabilité,
la population du Brésil. Le peuple. L'ordre.
Ainsi, je déclare vacante la présidence de la république.
Conspirateur.!
Conspirateur.!
Pour Rio Grande do Sul, la défaite n'était pas encore consommée.
L'ex-gouverneur Leonel Brizola utilisa sa meilleure arme, à travers la radio.
Le peuple dans les rues promettait de rééditer la résistance de 61.
Quand le président João Goulart est arrivé à Porto Alegre,
déjà en pleine crise,
il y a eu une réunion dans la résidence du commandant de la 3éme armée,
c'était le général Ladàrio Teles,
à propos une grande figure humaine et chef militaire.
Le président João Goulart, huit généraux et moi étions présents.
Et ma proposition a été la suivante:
que le président se retire à l'intérieur de Rio Grande do Sul,
plus précisément dans la région de São Borja,
et qu'à ce moment-là il nommerait le général Ladàrio ministre de l'armée
et j'accepterais la nomination comme ministre de la justice.
Et que nous allions nous occuper de la résistance.
Le général Ladàrio demandait la parole
et disait qu'il était entiérement d'accord avec ma proposition.
Et que la 3éme armée possédait des armements pour organiser des corps
de civils qui pourraient représenter plus de 100 mille hommes,
en plus des troupes de l'armée.
Il considérait la situation complexe, difficile,
il possédait quelques alliés à l'intérieur de la 3éme Armée,
mais il considérait possible de défendre la légalité.
La décision finale de cette réunion appartenait au président.
Il a décidé qu'il n'y aurait pas de résistance
parce qu'il considérait trop haut le prix en sang
que le peuple brésilien allait devoir payer pour rétablir ses droits.
A propos, j'ai commencé à me préparer
pour une éventuelle réaction de Minas Gerais,
un an et demi avant mars 64.
Quand j'ai nommé le Colonel José Geraldo
à la téte de la Police Militaire, je lui ai donné la mission
de la préparer pour une réaction.
Parce que j'étais sûr,
qu'avec les difficultés que j'avais avec le gouvernement,
ils allaient finir par vouloir faire une intervention à Minas.
Et j'allais réagir.
Donc je me suis préparé pour agir en cas d'intervention
mais pas pour déposer un président.
Magalhães avait assumé une responsabilité nationale.
Et donc il pensait qu'il devait composer, au Palais de la Liberté
un gouvernement qui aurait aussi un caractére national.
Pour cela il a convoqué Milton Campos, José Maria de Alckmin et moi.
J'ai été prévenu de cela quelques semaines à l'avance.
Et on m'a dit que je serais informé
le jour oú ma présence serait nécessaire à Belo Horizonte.
Ma fonction, qui était celle de ministre sans portefeuille -
nous trois, Milton Campos, José Maria de Alckmin et moi,
avons été nommés secrétaires sans portefeuille.
Et ma fonction comme secrétaire sans portefeuille
était celle d'obtenir un éventuel soutien international
pour la reconnaissance de notre statut de belligérant,
au cas oú les conditions effectives du mouvement qui se préparait,
arrivaient à ce point.
La reconnaissance de belligérance, comme vous le savez bien,
a de l'importance dans l'approvisionnement d'éléments capables d'aider
le mouvement politique qui est en cours.
Cela n'a pas été nécessaire.
Et nous savions, nous confions en la victoire.
Et lors d'une réunion,
nous avons essayé de deviner combien de temps ça allait durer.
La prévision était de six mois de lutte. Au minimum.
J'étais considéré un homme optimiste,
je pensais qu'en un mois ça allait étre fini.
Le seul qui avait raison a été Golbery,
qui a dit: " ça va tomber comme un château de cartes."
Malgré la surprise,
malgré l'affaiblissement du gouvernement,
si le président João Goulart avait décidé de résister,
de contre-attaquer -
il disposait encore de troupes, il disposait d'éléments ici à Rio,
pour occuper le palais Guanabara, oú Lacerda était en train de conspirer -
il aurait peut-étre gagné cette bataille.
Ou au moins pu prolonger la lutte.
Mais il a décidé de ne pas résister,
ce qui, à mon avis, a été une décision juste,
parce qu'il a évité de faire couler du sang,
et aujourd'hui, avec les informations des Américains,
nous avons pris conscience de l'implication du gouvernement américain
au coup militaire qui était en train de se tramer au Brésil.
L'histoire selon laquelle les EUA avaient envoyé des navires au Brésil
était déjà vieille.
Elle avait déjà été racontée, méme une fois dans un talk-show
de la TV américaine appelée " Firing Line" , de William Buckley.
Il interviewait à l'époque, c'est-à-dire au début des années 70,
le gouverneur - ex-gouverneur à l'époque, Carlos Lacerda -,
quand quelqu'un de l'auditoire s'est levé et a dit: " ce n'est pas vrai,
j'étais aux Cara:ïbes à l'époque, en train de faire mon service militaire,
et le navire dans lequel j'étais a été dérouté vers la côte brésilienne
à l'époque de la révolution.
Il y avait des histoires comme ça. Et il y avait aussi des récits
selon lesquels les EUA auraient peut-étre vraiment
envoyé des navires à la côte brésilienne,
mais que ce n'étaient que des pétroliers.
Ce qui a été découvert à propos de l'opération " Brother Sam"
est qu'elle était bien plus vaste.
En fait, il y avait les quatre pétroliers,
et les quatre pétroliers venaient approvisionnés
pour garantir le ravitaillement en combustible pendant la révolution
au cas oú le mouvement allait durer, en cas de beaucoup de résistance
et s'il allait durer plus d'un mois.
Il y avait 136 mille barils d'essence commune,
du kéroséne pour l'aviation, il y avait tout ça.
Il y avait aussi des navires de guerre,
il s'agissait, si je ne me trompe pas, de six destroyers.
Un porte-avions a été envoyé à la côte brésilienne,
un navire spécialisé en transport d'hélicoptéres,
24 avions de combat et de transport.
Beaucoup de munition a été embarquée,
elle n'est jamais arrivée au Brésil,
mais elle a été embarquée aux EUA.
Ces navires, de plusieurs points de l'A tlantique,
ont convergé vers la côte brésilienne.
Un peu avant l'aube du 2 avril,
toute l'opération a été démobilisée avec l'arrivée de la nouvelle
que les militaires avaient déjà pris le pouvoir.
Telle était l'opération " Brother Sam" .
Le 2 avril, avec la démobilisation des gens de Rio Grande Do Sul,
Jango partit à São Borja et ensuite vers son exil en Uruguay.
ENGAGEZ-VOUS lCl.
A Rio, la police de Carlos Lacerda arréta une mission commerciale chinoise,
accusée de terrorisme.
Sobral Pinto, vieil avocat de prisonniers politiques
était chargé de prouver l'innocence des diplomates.
Le leader communiste Gregório Bezerra, traîné par les rues de Recife,
fut arrété.
Entre les prisonniers, un traître:
le soldat José Anselmo dos Santos, connu comme caporal Anselmo.
Dirigeant de l'association des marins
et leader de l'émeute au syndicat des métallurgistes,
il sera dénoncé quelques années plus *** comme espion de la police
par les militants de la lutte armée.
A Rio de Janeiro, la classe moyenne fit la version carioca
de la " marche de la famille avec Dieu pour la liberté" ,
avec une victoire déjà garantie.
"Le droit de naître. "
Cette fureur civique sera utilisée juste aprés pour la campagne
" Donne de l'or pour le bien du Brésil" ,
une tentative de résoudre les problémes économiques du pays
avec des actes de charité patriotique.
Quand ils arrivérent à Rio,
Mourão et Magalhães reçurent des salutations pour la victoire
d'un mouvement qu'ils dirigeaient apparemment.
A mon avis, il y a eu deux coups en 1964.
Le premier coup a été un coup typiquement latino-américain.
Quelques forces civiles soutenaient un mouvement militaire
qui a surgi à Minas Gerais
et qui en fait,
dans ses aspects extérieurs,
était vraiment du type que nous connaissons de l'histoire de l'A mérique latine.
Maintenant, au cours de ce coup, il y a eu l'autre.
A l'intérieur.
C'était celui qui est resté
et qui a fini par expulser tous les personnages, civils et militaires,
qui ont participé du premier.
C'était celui qui est resté,
c'était lui qui a construit un noyau militaire
et un systéme économique.
Parce qu'en fait il y avait deux mouvements.
Celui de Minas, que j'appelle un mouvement ingénu, patriote,
qui voulait juste mettre de l'ordre dans le pays,
et qui ne voulait rien de personnel. Pas moi au moins.
Tant que, quand je suis arrivé à Rio de Janeiro,
Carlos Lacerda et Juscelino sont venus me voir,
pour me dire que c'était mon heure d'assumer le pouvoir et j'ai dit
que je n'ai pas organisé ce mouvement pour assumer la présidence de la république.
Ce n'était pas pour revendiquer quelque chose de personnel.
Je voulais que le Brésil trouve son vrai chemin
celui de l'ordre, de la tranquillité.
A Rio de Janeiro il y avait un groupe qui s'est préparé.
Qui s'est vraiment préparé.
Il paraît que Lincoln Gordon était lié à ce groupe.
Parce que ce groupe avait des moyens.
Nous à Minas, nous avons fait le mouvement avec nos propres moyens.
Et il y en avait peu.
Et nous n'avons jamais été indemnisés.
Parce que le président Castelo...
faisait partie d'un autre groupe.
La nomination du général Castelo Branco
inaugura au Brésil le systéme d'élections présidentielles indirectes
avec un candidat unique protégé par des actes institutionnels.
Ainsi je déclare investi comme président de la République
des Etats Unis du Brésil,
son Exc. M. Humberto de Alencar Castelo Branco.
Je défendrai et respecterai avec honneur et loyauté la Constitution du Brésil.
Nous avançons sûrs que le reméde
pour les maléfices de l'extréme gauche
ne sera pas la naissance d'une droite réactionnaire.
Ma méthode sera
celle d'un chef d'Etat sans hésitations
pendant le processus d'élection du Brésilien
auquel je vais remettre le poste le 31 janvier 1966.
En 1964 le cycle des colonels de 1954 se fermait.
Cette fois ils étaient unis et avaient un programme.
Les concepts forgés à l'Ecole Supérieure de la Guerre
substituaient la justice sociale par le développement
et la démocratie par la sécurité.
Le ministére Castelo Branco avait des politiciens membres de l'UDN
et des technocrates, maintenant au service du nouvel ordre.
Mais le vrai noyau du pouvoir aprés 64
était dans les mains des camarades d'armes.
Le général Costa e Silva au ministére de la guerre,
le général Ernesto Geisel à la téte de la Maison Militaire
et le général Golbery do Couto e Silva, qui avec les fiches de l'IPES
monta le Service National d'Informations.
Pendant le gouvernement Castelo Branco d'anciennes alliances furent relancées.
La loi sur la remise de profits a été révoquée,
et la confiance des EUA en la démocratie brésilienne rétablie.
En annulant le décret d'expropriation de terres improductives,
il tranquillisa les grands propriétaires ruraux.
Avec les nouvelles directrices économiques,
le Fond Monétaire lnternational vint au secours de l'allié.
Le contrôle rigoureux des salaires
allait financer le développement et le combat à l'inflation.
Aprés avoir mis en prison ou condamné à l'exil
les principaux leader de gauche et du mouvement syndical,
les militaires en finirent avec les ambitions de leurs alliés civils.
Adhemar de Barros, gouverneur de São Paulo,
était attaché à Castelo Branco mais fut déposé,
accusé de corruption.
Le réve de Lacerda d'arriver à la présidence
prit fin quand le maréchal Castelo Branco prolongea son propre mandat,
en annulant les élections présidentielles de 1965.
DEClSlON lRREVERSlBLE: lNVSTlTURE DES GOUVERNEURS ELUS
Les élections pour les gouvernements d'etat
firent de JK le centre de la résistance civile.
La victoire des oppositions pour les gouvernements d'état
à Minas et à Guanabara inquiéta le gouvernement.
Sous la pression de la ligne dure de l'armée,
Castelo Branco promulgue l'A cte lnstitutionnel nº 2,
qui abolit les partis politiques
et transforma aussi en indirectes les élections des gouverneurs.
Le cordial JK, aussi deposé, suivit le méme rituel des lPMs,
il passa par le méme chemin par lequel d'autres Brésiliens allaient passer.
L'agriculteur Jango, exilé en Uruguay,
vivait l'angoisse et les incertitudes de l'attente.
Son retour, tant désiré, n'avait pas de date marquée.
L'amertume de ces jours
enleva méme des anniversaires de ses fils le goût de la féte.
Le désir de voir le Brésil redémocratisé
fit Jango, en exil, s'allier à Carlos Lacerda et à JK
pour former le Front Ample, qui fut prohibée aussitôt.
L'espace pour les mouvements d'opposition diminua de plus en plus.
Lacerda serait le nom le plus illustre
à figurer sur la prochaine liste des dépositions.
Le successeur du Maréchal Castelo Branco fut le général Costa e Silva.
Contre la volonté de Castelo, le ministre de la guerre s'était candidaté.
Au Congrés, sous les applaudissements de l'aréne et le silence du MDB,
Costa e Silva fut investi.
Le nouveau président préta serment avec une nouvelle Constitution,
éditée en 1967 et qui avait défiguré les principes libéraux
de la Constitution de 1946, intacte jusque-là.
La marginalisation du peuple et l'échec des solutions politiques
ouvrirent le chemin pour les manifestations.
Les mouvements de protestation promus par des étudiants,
intellectuels et des professionnels libéraux, violemment réprimés,
conduisirent à la radicalisation.
La défaite du populisme
provoqua un désenchantement avec les formules politiques traditionnelles
et lança un nouveau mot d'ordre: "la lutte armée."
De la Zone des Cara:ïbes à la cordillére du sud,
se répandit la vague révolutionnaire des années 60.
Les Tupamaros en Uruguay, Douglas Bravo au Venezuela
et le prétre Camilo Torres en Colombie initiérent l'offensive guérilla.
Les rangers entraînés par les EUA
initiérent la grande chasse à Ernesto Che Guevara.
L'ombre défiante de Che
allait disparaître le 8 octobre 1967.
la mort du commandant des guérillas, tant de fois annoncée,
sera reconnue par Fidel Castro à La Havane.
...aussi une photographie sombre.
Voilà la photographie.
Vous pouvez étre sûrs
que je voulais que Che adopte
un minimum de mesures préventives
Beaucoup de fois il guidait des patrouilles d'exploration.
De l'autre côté, il est possible aussi qu'il
était trés conscient de la mission qu'il avait choisie
et de la valeur relative des hommes.
Dans le coeur de l'A mérique, dans la province de La Higuera, en Bolivie,
un hélicoptére ramena attaché le corps de Guevara.
Le général Hugo Bànzer surveilla personnellement l'opération.
Il était nerveux comme un chasseur infériorisé face à sa proie.
Ernesto Che Guevara, le révolutionnaire exemplaire, était mort.
Son image avec un fusil dans la main et une étoile sur le béret
allait renaître plus *** dans le 3éme monde,
mais aussi lors des rébellions de 68 à Paris, Prague, Berlin, Berkeley.
Le jeune homme Édson Luiz, abattu d'un coup de feu à Rio de Janeiro,
serait la premiére victime des chocs entre la police et les étudiants.
Ceux qui restent en silence face à ton corps
Consentent à ta mort
LES YANKEES ONT ASSASSlNE UN BRESlLlEN
Marquée au fer et au feu.
Au fond de l'lncision
Que la balle a faite dans la poitrine
LE PEUPLE PERD DU SANG
Ceux qui restent en silence meurent avec toi
Plus mort que tu ne l'es maintenant
DEHORS LES MlLlTAlRES
Une montre par terre sur la place
Battant, marquant l'heure
A laquelle la rage l'a atteint
ASSASSlNS. VENGEANCE
Dans l'lncendie, se reflète
L'éclat de tes cheveux
Ceux qui crient, vivent avec toi
Sa mort a motivé les grands mouvements de protestation dans les rues.
Naturellement, il a été décidé à l'assemblée des intellectuels
qu'on allait venir en masse à la manifestation.
Je serai là et j'espére que vous aussi y serez.
- Et toi, Tônia? - Nous allons tous y aller.
Je vais comme femme, comme actrice, comme mére, comme citoyenne.
Je vais parce que je veux que l'opinion publique
sache que nous avons beaucoup de courage quand nous défaisons le mythe
selon lequel les étudiants font de mauvaises choses et veulent le désordre.
lls sont notre espoir et nous restons les bras ouverts
pour accepter toutes leurs revendications.
Je me sens fiére que mes fils participent.
Je serai dans la rue, j'ai deux fils universitaires.
Je préfére que mes fils soient dans la rue qu'en train de fumer de la marijuana.
En train de faire la féte, et de fumer de la marijuana.
Allons nous promener dans la forét cachée, Mon amour
Allons nous promener dans l'avenue
Allons nous promener dans les sentiers du haut, Mon amour
Il y a une cordillère sur l'asphalte
Le prétexte pour l'endurcissement du régime
fut le discours du député d'opposition Màrcio Moreira Alves,
la tentative du gouvernement de lui faire un procés et le refus du Congrés,
pour défendre sa souveraineté.
Président Vargas
Président Vargas
Président Vargas
Allons nous promener Aux Etats Unis du Brésil
Allons nous promener cachés
En décembre 1968, à nouveau un vendredi 13,
le gouvernement ferma le Congrés et promulgua l'A cte lnstitutionnel nº 5.
L'endurcissement du régime et la répression des organisations civiles
neutralisérent l'opposition.
La censure des journaux, radio et télévision étouffa n'importe quel signe de protestation.
L'Eglise, qui avait soutenu les forces qui renversérent Jango,
réapparut à la fin des années 60 comme la seule institution organisée
en défense de la justice et des droits de l'homme.
Le meurtre du prétre Henrique,
collaborateur directe de Don Hélder Câmara,
marqua avec du sang la nouvelle orientation de l'Eglise.
La persécution, l'étouffement de tout mouvement populaire,
l'obstruction des mouvements syndicaux,
ont fait en sorte que l'Eglise restait comme le seul endroit
oú le mouvement populaire pouvait se réorganiser.
D'une certaine façon, c'est la seule institution pour laquelle
on ne pouvait pas nommer un général de la réserve,
comme président de la Conférence Episcopale
ou comme Archevéque de São Paulo.
Ceci a poussé le peuple vers l'Eglise.
Aprés le succés initial,
marqué par des opérations d'enlévement et d'attaque à des banques,
la guérilla urbaine, isolée du peuple, fut démantelée.
L'ex-député Carlos Marighella, ancien dirigeant du Parti Communiste,
fondateur de l'A ction de Libération Nationale, ALN,
fut mort à São Paulo dans une embuscade préparée par les forces policiéres.
DERNlER DlSCOURS D'ALLENDE - 11 SEPTEMBRE, 1973
Tout ce que je peux dire aux ouvriers c'est: je ne vais pas renoncer.
Arrivé à un carrefour historique,
je payerai avec ma vie la loyauté du peuple.
Au Chili, une autre alternative fut tentée:
une coalition qui réunit des communistes, socialistes,
libéraux et catholiques progressistes élut le sénateur Salvador Allende.
Candidat vaincu lors des élections de 52, 58 et 64,
Allende arriva au pouvoir en 1970
il proposa la voie pacifique vers le socialisme.
lMAGES DE LA CAMPAGNE D'A LLENDE - 1964
La joie du gouvernement d'A llende,
la tentative de concilier le socialisme avec la liberté,
termina dans un bain de sang financé par les EUA.
Vive le Chili. Vive le peuple.
Vive les ouvriers.
En 1973, la CIA et la ITT
financérent la déposition et le meurtre d' Allende.
En 1975 il n'y avait déjà plus aucune démocratie au cône Sud.
Mais ce tableau allait devenir encore plus sombre.
Des organisations policiéres et paramilitaires
montérent l'opération Condor,
avec comme objectif empécher des actions politiques sur le continent.
A Washington, une bombe en finit avec la vie d'Orlando Letelier,
ex-ministre d'A llende.
A Buenos Aires le sénateur Michelini, de l'Uruguay, fut séquestré et assassiné.
Le géneral Juan José Torres, président de la Bolivie,
et le général Carlos Prates, ex-commandant en chef de l'armée chilienne,
furent assassinés par des explosions de bombes.
Le président João Goulart savait que son nom figurait
sur cette liste de politiciens condamnés.
Son plus grand réve, la plus grande envie qu'il avait
c'était de rentrer au Brésil.
Je pense qu'au fond il ne supportait plus cette instabilité,
DENlZE GOULART - de parcourir des pays de l'A mérique latine,
FlLLE DE L'EX PRESlDENT JOÃO GOULART plus *** il pensait à s'installer en Europe.
Parce que la volonté qu'il avait, l'espoir qu'il avait
c'était de pouvoir rentrer au Brésil.
Le réve de retour prit fin le 6 décembre 1976.
Sur son ranch à Mercedes, en Argentine,
à côté de Maria Tereza, il mourut d'une attaque cardiaque.
GRANGE SÃO VlCENTE
Le journaliste Carlos Castelo Branco décrivit sa mort ainsi:
Le président João Goulart, sans conditions de rentrer au Brésil,
contraint à quitter l'A rgentine et conseillé de ne pas rester en Uruguay,
est mort comme un paysan perdu,
à la recherche du chemin de retour à sa maison.
Son désir de rentrer était trés fort.
Dans l'espace de temps qui sépare la vie de la mort,
reviennent les images de la jeunesse à São Borja,
de son investiture à Brasília, du 13 mars à Central,
de l'enterrement de Vargas.
De la tendresse du peuple
et de son rôle dans la lutte pour la construction d'une société plus juste,
ce qui lui valut le destin d'étre le seul président brésilien à mourir en exil.
BIENVENU AU BRESIL
Le 7 décembre,
le corps de João Goulart traversa de retour la frontiére du Brésil
pour étre enterré à São Borja.
Il s'était passé 12 ans depuis son départ vers l'exil.
La famille, les amis et d'anciens assistants
étendirent sur le cercueil de l'ex-président de la république
le drapeau de l'amnistie.
Le silence fut la version officielle du gouvernement.
JANGO CONTINUERA AVEC NOUS
CIMETIERE DU CENTRE
LES EVENEMENTS DE CES JOURS-LA SONT TOUJOURS TRES CLAIRS DANS MA MEMOIRE:
ENFERME DANS L'OBSCURITE DE LA CHAMBRE,
JE VEUX FUIR LE MONDE QUI ARRIVE A MOI A TRAVERS LA RADIO,
JE N'ETAIS PLUS VRAIMENT ENFANT, ET JE PLEURAIS COMME SI C'ETAIT LA MORT
LE VO YAGE-FUITE DU PRESIDENT JANGO
LES ANNEES SONT PASSEES, LA MATURITÉ,
ET UNE DOSE QUOTIDIENNE D'INJUSTICE ET DE HAINE,
D'OPPRESSION, DE MENSONGES ET DE PEUR,
M'EMMENENT AUJOURD'HUI, COMME ADULTE,
AU NOM DE LA VERITE ET DE L'HISTOIRE, A REAFFIRMER:
LES LARMES VERSEES EN 64 ETAIENT JUSTIFIEES. - FERNANDO BRANT