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Mais la nouvelle concernant Katy fut plus difficile à accepter pour certains.
Sa grande soeur Sara et sa meilleure amie Holly
ont réagi très différemment.
Qu'est-ce que tu as pensé, la première fois que je t'ai parlé de mon changement de sexe ?
C'était une grosse surprise, pour être honnête.
Parce que je pensais que tu étais juste lesbienne.
Je ne pensais pas que tu irais plus loin. Et j'étais très attachée à ma soeur...
Je ne voulais pas dire adieu à ma soeur.
Vraiment, ça ne m'a pas plu.
Je ne suis pas si mal, quand même ? - Non, je ne voudrais pas revenir en arrière.
Mais sur le moment c'était un choc.
Et toi ?
Moi, au fond, peu importe, tant que tu es heureux...
Tu aurais tout accepté ? - Tout.
Bon, je me suis un peu inquiétée pour toi. - On s'est demandées ce que tu risquais.
Les agressions...
Mais on a vu avec le temps tout ce que ça t'apportait d'être un homme.
Que tu as trouvé ta place.
Oui, enfin !
Mais ma soeur me manque toujours, l'idée que je me faisais d'elle.
C'est quoi qui te manque ? Je suis toujours là.
Bien sûr, mais ce n'est plus un lien entre soeurs.
Je sais que c'est une bonne chose avec du recul, mais j'ai pleuré pendant des jours et des jours.
C'était difficile. Mais avec le temps, ça s'est arrangé.
C'était un grand soulagement d'être moi-même, d'être accepté pour ce que j'étais vraiment.
"Je suis un homme. Si ça te dérange, casse-toi."
Cet homme ne comprend que trop bien les épreuves que traverse Danny :
Le professeur Stephen Whittle a fait sa transition du féminin au masculin, il y a plus de trente ans.
Quand votre entourage vous considère comme une personne du genre opposé...
je ne peux pas vous décrire cette angoisse.
Vous vous sentez mal jusqu'au fond de vos tripes.
Vous avez envie de courir dehors pour vomir.
Vous savez qu'il va falloir leur expliquer, mais bien sûr, la plus grande peur est celle du rejet.
La peur qu'ils partent, prier pour toi dans un coin.
Sans succès.
Son secret enfin révélé,
à 18 ans, Katy commence sa vie publique d'homme.
Son prénom change, la musculation sculpte son corps
ses seins sont comprimés et son menton rasé.
J'ai commencé à me raser à dix-huit ans.
J'avais pas besoin, mais ça me plaisait.
Mais avant d'avoir un impact définitif sur son physique,
Danny doit convaincre une équipe de médecins et de psychologues
qu'il est vraiment un homme dans un corps de femme.
On l'envoie au service spécialisé de l'hôpital Charing Cross à Londres,
un leader mondial de la recherche sur les questions d'identité de genre.
Là-bas, personne ne m'a vu comme un sale monstre.
Rien de tel. J'étais juste transgenre.
C'était une condition reconnue, traitable.
Génial, quand et comment ? OK, ce serait long...
Une étape après l'autre. C'était déjà génial.
Une première visite exceptionnellement exaltante.
Danny pouvait enfin laisser Katy derrière lui.
Je me suis détaché de ce rôle de Katy.
Elle n'a pas encore entièrement disparu...
Mais dès mon opération, il ne restera rien d'elle.
Elle n'aura jamais été réelle.
Je ne fêterai plus mon anniversaire le 8 juin :
je naîtrai le jour de ma dernière opération.
J'aimerais vivre dans le présent. C'est encore loin.
Mais ce n'est pas si simple. Je ronge mon frein.
Ce n'est pas de l'instantané, le processus est long.
Ceux qui disent : "Ben t'as qu'à changer de sexe !"
ne comprennent strictement rien.
Les standards internationaux de la médecine
recommandent que l'individu vive d'abord un an
dans son nouveau rôle, en prenant des hormones
avant d'avoir le moindre accord pour être opéré.
Il faut parfois trois ou quatre ans en tout.
Après trois ans de thérapie spécialisée au pôle psychologique de Charing Cross,
Danny, 21 ans, a le feu vert pour altérer son corps.
On lui injecte des hormones toutes les 2 semaines
chez son médecin traitant.
Deux types d'hormones ont un effet "sexué" :
Les oestrogènes, un effet féminisant...
et les androgènes, un effet masculinisant.
Danny a d'abord reçu des injections pour inhiber les oestrogènes produits par ses ovaires...
puis de la testostérone, un androgène.
Ses caractères sexuels secondaires sont donc devenus moins féminins,
il a développé des caractères masculins.
Les hormones ont quelques effets secondaires.
Notamment, ça peut être très douloureux.
L'injection de testostérone peut faire mal pendant plusieurs jours.
C'est une grosse aiguille, je n'aime pas m'en servir.
Ma voix est devenue plus grave, j'ai développé une pomme d'Adam.
Je suis plus poilu, plus actif sexuellement.
Je ne deviens pas chauve, mais ça peut arriver.
S'il arrête le traitement inhibant,
il recommencera à avoir ses règles.
Et s'il arrête le traitement virilisant,
la pilosité disparaîtra, ainsi que d'autres caractéristiques masculines.
Les hormones l'ont transformé. Il a de la barbe.
Du poil sur la poitrine. Des muscles.
Sa voix a changé incroyablement en deux semaines.
Et ça l'aide de se sentir plus masculin.
Il est tellement content de pouvoir se raser !
Et, vous savez, faire des trucs de mec.
Un vrai changement, donc.
Les changements physique sont géniaux, mais...
ça ne suffira pas.
Bien sûr, ça me facilite beaucoup la vie.
On ne m'appelle plus "Mademoiselle" au téléphone. On entend ma voix et on dit "Monsieur".
C'est pour l'extérieur, pour les autres qui me voient.
Mais dans l'intimité, je me vois encore imparfait.
Dans l'intimité, chaque jour, Danny doit supporter
la vue de ses seins.
Pour un jeune de 22 ans, qui ne rêve que d'être un gars comme les autres,
difficile de se plier à ce rituel quotidien pour faire disparaître un détail si féminin.
Après le bain, j'aplatis ma poitrine avec une bande.
Plus rien ne dépasse. On ne doit rien remarquer.
C'est gênant pour respirer. Et dès qu'on grossit...
évidemment, ils grossissent. Les miens sont larges.
J'avais un bonnet C à D, mais je me suis mis au sport
et j'ai perdu vraiment beaucoup de poids.
Mais depuis que je prends des hormones, les glandes ont fondu, il ne reste plus qu'un peu de peau.
Pourtant, ses seins lui rappellent amèrement le rôle féminin qu'il a fallu jouer autrefois.
Danny a donc décidé de subir une opération lourde
afin de les retirer définitivement.
Il a rendez-vous avec un chirurgien esthétique
pour voir s'il est possible d'entamer la première étape chirurgicale de son parcours.
J'ai l'impression de passer ma vie en consultations, j'en ai assez.
J'ai vécu 22 ans comme ça, c'est sacrément long.
Enlever mes seins, ce sera l'étape décisive.
Bien sûr, toutes mes opérations sont décisives...
mais être débarrassé de la poitrine, c'est crucial.
Jusqu'à maintenant, je progresse, mais je n'accomplis pas d'objectif.
Toutes les deux semaines, je reçois mon injection, ça a changé ma voix mais ça tourne un peu en rond.
J'en ai marre de devoir cacher mon corps. C'est pas ma faute si je n'ai pas le bon.
Et je veux pouvoir me regarder dans le miroir sans me dire : "Je veux mourir."
C'est peut-être égoïste, mais ils ne sont pas égoïstes, ceux qui me préfèrent dans ce corps ?
Je devrais y rester pour leur faire plaisir, parce qu'ils m'aiment comme ça ?
Je suis content qu'ils m'aiment, génial, mais c'est pas leur amour qui va me métamorphoser.
C'est pas ça qui m'aidera à être moi-même.
C'est l'une des étapes les plus importantes dans toute la vie de Danny.
Depuis 22 ans, il est destiné à avoir des seins.
Aujourd'hui, il va découvrir comment la chirurgie peut lui reconstituer une poitrine d'homme.
Mais le chirurgien n'est pas seul décisionnaire.
Même s'il accepte de l'opérer,
Danny attendra de savoir si sa sécurité sociale
accepte de financer son changement de sexe.
Bonjour Danny, je suis le docteur Davis. Enchanté.
Installe-toi et enlève juste ton tee-shirt.
Tu portes cette bande tous les jours ? - Oui.
Enlève-la, s'il te plaît.
Et assieds-toi bien. OK.
Mets tes mains sur ta tête, que je voie.
Tu as un peu de poil sur la poitrine, tu l'as rasé ou ça ne pousse pas plus ?
D'accord, d'habitude il y en a beaucoup plus.
Il y a deux façons de mener cette opération.
Traditionnellement, on ôte le mamelon, et on coupe ici sur toute la base...
puis on retend la peau, et enfin, on replace le mamelon à ce niveau.
La cicatrice est impressionnante, très visible.
Elle sera moins visible si tu es très poilu.
Une autre méthode consiste à faire juste une petite incision autour du mamelon...
et à partir de là, on espère deux choses :
qu'on ne retire pas trop de tissu par erreur,
et que le tissu restant se contracte. C'est le point délicat de cette opération.
Dans quelle mesure cette peau se contractera-t-elle ?
D'après ce que j'observe, elle le fera sans doute.
Mais on ne sait jamais. Si elle ne le fait pas,
tu auras toujours un repli de peau, ce qui sera difficile à corriger.
Bon, rhabille-toi, et on va en discuter.
Comme Danny n'a pas beaucoup de poitrine,
le docteur Davis va pouvoir employer la méthode de l'incision péri-aréolaire,
qui lui laissera moins de cicatrices.
Je vais maintenant te montrer quelques photos...
Voilà l'opération à laquelle je pense.
Comme tu vois, il avait de plus gros seins que toi.
On a fait une petite coupure autour de l'aréole, tu la vois ?
Et quand on a refermé, la peau s'est contractée.
Si ça se passe comme ça, tu serais satisfait ?
Mais si je te fais ça ? Tu vois la différence ?
Cet effet de poche vide et plate n'est pas naturel.
Tu n'en serais pas satisfait.
Et c'est difficile de ne pas retirer trop de tissu.
Même en l'ayant fait souvent et en étant spécialiste.
Ce dont je vais m'occuper pour le moment...
c'est d'écrire à ton médecin.
Et aux docteurs du Charing Cross Hospital.
Je leur dirai que je t'ai vu, et que je t'opérerai avec plaisir.
La présence de ces seins n'est clairement plus nécessaire.
Tu es un petit gars. Un bonhomme.
Ensuite, on attendra. D'accord ?
Oui, merci beaucoup. - Pas de questions ?
Rien n'a d'importance, tant qu'ils disparaissent.
Dans le pire des cas, je devrai ré-opérer.
Si j'ai enlevé trop de tissu. - Mais ils auront disparu.
C'est tout ce qui compte pour moi. - Bien sûr, ils auront disparu.