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"UNE ÉTOILE EST NÉE"
"Scénario: Une étoile est née Découpage final"
"Scène un. Fondu: Clair de lune. Plan éloigné, étendue de neige.
A l'avant-plan, un loup découpé contre le clair de lune.
A l'arrière-plan, la maison de ferme isolée des Blodgett.
Tandis qu'on entend le hurlement du loup, fondu enchaîné à..."
Eh bien ! Enfin de retour du cinéma.
Eh oui, tante Mattie.
- Salut, papa. - Salut, fiston.
Alors, ma fille, comment était le film ?
Adorable.
Insipide. Personne n'a été tué dans le film.
Je m'en tiendrai à ça. Les photos ne parlent pas.
Cet idiot de Norman Maine jouait dans le film.
Il ne fait rien d'autre que d'embrasser des filles.
Norman Maine est l'un des meilleurs acteurs de cinéma.
Toi et tes films. Tu ne penses qu'à ça.
On ne devrait même pas te permettre d'y aller.
Dommage que j'étais occupée à la cuisine.
Je n'ai entendu personne demander ton avis.
- Bonsoir, mamie. - Bonsoir, ma chérie.
- Personne ne m'écoute jamais. - Pas si on peut l'éviter.
Flâner au cinéma, la maison est pleine de magazines de cinéma.
Je l'ai entendue parler à un cheval avec un accent suédois l'autre jour.
Allez, ma soeur. On n'a qu'une jeunesse.
Hollywood.
Tu devrais te trouver un bon mari au lieu de rêvasser à Hollywood.
Savez-vous ce qu'elle veut faire ? Elle veut aller à Hollywood.
Je l'ai toujours su.
Je l'ai vue prendre des airs et se parler dans la glace.
Voilà où mènent tes films.
Qu'est-ce que tu ferais si tu allais à Hollywood ?
Je serais actrice.
J'ai toujours cru que je pouvais.
Ne serait-ce pas merveilleux d'avoir une étoile de cinéma dans la famille ?
Mlle Blodgett, puis-je avoir votre autographe ?
Tu ne le sais peut-être pas, Alex, mais tu te prépares à aller au lit.
Vous êtes mon actrice favorite. Quel est le secret de votre succès ?
Fiche-moi la paix !
- Esther, qu'est-ce que tu as ? - Je vais te dire ce qu'elle a.
C'est une petite fille bête et le cinéma lui tourne la tête.
Plus vite elle l'oubliera, mieux elle sera.
Et comment ? Qu'y a-t-il de mal à avoir de l'ambition ?
Que fais-tu qui vaille tellement mieux ?
Tu te contentes de passer ta vie ici et tu ris de moi.
Un jour, tu ne riras plus. J'aurai une vraie vie !
Je serai quelqu'un !
Si c'était le printemps, je dirais de lui donner du soufre et de la mélasse.
J'ai pensé que tu serais debout.
Cesse de pleurer. Ça n'arrangera rien.
Je pleure parce que tante Mattie et Alex me contrarient tellement.
Oh ! Alex et tante Mattie. Sornettes !
Lls ne sont pas importants. Tu es la seule qui compte.
Esther, les gens qui rêvent n'échappent pas aux sarcasmes.
- Ne le sais-tu pas ? - Je suppose que si, mais...
Il y a une différence entre rêver et faire.
Les rêveurs ne font que rester là à se dire que ce serait merveilleux...
si les choses étaient différentes.
Les années passent, ils vieillissent...
et petit à petit ils oublient, même leurs rêves.
Je ne veux pas être comme eux. Je veux être quelqu'un.
Tu veux être quelqu'un, oui. Mais tu veux que ce soit facile.
Les jeunes filles d'aujourd'hui, vous me décevez.
Quand j'ai voulu mieux, j'ai traversé ces plaines...
dans un chariot avec ton grand-père.
Tout le monde a ri de nous, comme des autres pionniers.
Ils disaient que ce pays ne serait jamais qu'un désert.
Nous ne les avons pas crus. Nous allions bâtir un nouveau pays.
En plus, nous voulions réaliser nos rêves.
Oh ! Mamie, ce devait être merveilleux.
C'était merveilleux.
Mais ne crois pas que c'était facile, Esther Blodgett.
Nous crevions de chaleur l'été et de froid l'hiver.
Mais on continuait sans se plaindre...
parce qu'on faisait ce qu'on voulait.
Tu me comprends ?
Oui, je comprends.
Pourrais-tu le faire ? Pourrais-tu même si ça te brisait le cour ?
Car rappelle-toi, Esther, chaque rêve que tu réaliseras...
tu le paieras d'un chagrin.
Je sais de quoi je parle.
Tu ne le croiras peut-être pas, mais j'ai déjà été jeune aussi.
Et belle en plus, beaucoup plus que toi.
J'étais amoureuse de ton grand-père.
Quand un sauvage lui a tiré une balle dans la tête...
je crois qu'elle m'a aussi transpercé le cour.
Mais je me suis rappelé de ses leçons et j'ai continué.
Je l'ai enterré dans ce champ de mes propres mains...
et j'ai repris le collier le même jour.
J'ai continué...
même quand ta mère est née.
Oh, mamie, je veux réussir.
Tu sais, Esther, il y aura toujours un champ à défricher.
Peut-être que Hollywood sera ton champ.
A ce qu'on me dit, ça en a tout l'air.
Si tu as une seule goutte de mon sang dans les veines...
tu ne laisseras pas Mattie ni personne te briser le cour.
Tu fonceras et tu le briseras toi-même.
C'est ton droit.
Tiens. Cesse ces bêtises.
Prends ceci et va à Hollywood.
Je ne peux pas prendre ton argent.
- Pourquoi pas ? - Ce sont tes économies.
Je l'économisais simplement pour mes funérailles...
et je crains de ne jamais mourir.
Comment te remercier ?
En ne disant à personne qui t'a donné cet argent.
Je le promets.
Rappelle-toi: Si tu le dis, je dirai que tu me l'as volé.
Holà ! Nous y sommes.
- Laisse-moi t'aider, mamie. - Je peux me débrouiller, chère.
Dieu qu'il fait froid !
J'ai embrassé papa en partant. Il ne s'est même pas réveillé.
- Tu n'as pas embrassé tante Mattie ? - Oh ! Tante Mattie.
- Imagine, quand tu lui diras. - Je l'imagine.
J'attends cette chance depuis 30 ans.
- Le voici, mesdames. - Merci beaucoup.
Bon, viens.
Voici ton chariot.
En voiture !
Oh ! Mamie.
Vas-y ! Vas-y !
- Au revoir, mamie. - Au revoir.
Je compte te voir dans ces films.
Ne le dis pas à Mattie. Ma vue n'est plus aussi bonne qu'avant.
Mais j'ai de bonnes oreilles. Alors, parle haut et clair.
En voiture !
Au revoir.
Au revoir, mamie.
Vous voulez rentrer chez vous ?
Je ne veux pas, mais je vais rentrer.
"Hollywood !
Pays de cocagne.
Métropole du rêve en Californie."
"Los Angeles"
"Ville de Los Angeles"
"Chinois"
"Jean Harlow"
"Harold Lloyd"
"Joe E. Brown"
"Shirley Temple"
"Eddie Cantor"
"Norman Maine Bonne chance !"
"Chambres à louer - Hollywood
A la semaine - Eau courante. Pas de cow-boys. Près des studios.
Oleander Arms, 1312, rue Marion, près du boulevard Hollywood."
"Sonnez le concierge"
Bonjour.
Jour, semaine ou mois ?
C'est difficile à dire. Je veux faire du cinéma.
Louez pour une semaine. Vous irez ensuite à Beverly Hills.
Les studios sont vraiment près d'ici ?
Tous, excepté Gaumont.
Je devrais y aller directement pour trouver un emploi, n'est-ce pas ?
Je ne me fais pas d'illusions. Je suis prête à accepter...
un petit rôle pour commencer, même faire de la figuration.
Six dollars, s'il vous plaît, d'avance.
"Mlle Esther Blodgett: Nous avons bien reçu votre demande d'emploi.
Comme tous les studios, nous embauchons nos figurants...
par l'intermédiaire de l'agence de casting du 5504 boul. Hollywood."
"Vous comprenez les chiffres ?
Inscrits - Femmes: 5393. Hommes: 5517. Enfants: 1506. Total: 12416
C'est plus de 16 fois le nombre de figurants que nous utilisons."
Je vous demande pardon. Je voudrais m'inscrire comme figurante.
Depuis quand êtes-vous à Hollywood ?
Depuis un mois environ.
Nous n'avons inscrit personne depuis plus de deux ans.
Venez.
Je vais vous montrer quelque chose.
Chaque lumière qui clignote, c'est une personne en quête d'emploi.
Chaque fois que les standardistes disent "rappelez plus ***"...
c'est qu'il n'y a pas d'emploi.
Les filles deviendraient folles si elles restaient trop au standard.
Chacune de ces petites lumières rêvait de devenir une étoile.
Vous voulez toujours faire du cinéma ?
Vous savez quelles sont vos chances ?
Une sur 100000.
Peut-être que je serai celle-là.
J'ai eu des appels, M. Randall ?
Jesse Laskey et Sammy Goldwyn doivent vous écrire plutôt.
- Meilleure chance aujourd'hui ? - Pas vraiment.
Peut-être que vous vous y prenez mal.
Prenez Danny McGuire ici. Il connaît les ficelles.
Bien sûr. Je les ai autour du cou depuis des années.
Quoi ? Oh !
Je vous présente Danny McGuire, notre nouveau pensionnaire.
- Enchantée. - M. McGuire est réalisateur.
Vraiment ?
Vous auriez peut-être un petit rôle pour moi ?
J'ai peu d'expérience, mais j'apprends vite.
Écoutez, mademoiselle.
D'abord, je ne suis pas réalisateur. Je suis assistant réalisateur.
Puis, si j'avais du travail à donner, je commencerais par me le donner.
Enfin, vous auriez mieux fait de rester à la maison !
Regarde ce que tu as fait.
Hé, un instant !
Ne faites pas cette tête !
Ne faites pas ça.
Je ne voulais pas vous blesser.
Je pense qu'on se moque de moi...
quand on me demande un emploi...
et que je n'en ai même pas.
Après tout, je ne suis pas assez important pour vous blesser.
Je suis désolée. Il n'y a pas que ça. C'est un tas de choses.
Chercher un emploi tous les jours et ne jamais rien trouver.
Je commence à m'inquiéter.
Je sais. A qui le dites-vous ?
II n'y a qu'une chose à faire pour s'en remettre...
quand on est fatigué, déprimé et à bout de ressources.
Je vous offre un verre.
Je ne suis pas tout à fait à bout de ressources. Il me reste 11$.
Onze dollars ?
C'est vous qui m'offrirez un verre. Venez.
Rien comme un petit rhum pour chasser le goût du lait.
Je vous demande pardon.
Certainement.
Quand je signerai mon contrat, vous réaliserez tous mes films.
Voilà une bonne amie.
Je vous le demanderai très gentiment...
mais j'insisterai.
C'est ce que j'aime entendre. Ne vous laissez pas abattre par eux.
Ils ne m'abattront pas. S'ils osent même essayer...
je refuserai de signer.
Bien dit. Qu'avez-vous à perdre ?
Un autre comme ceci et nous ouvrirons notre studio.
"Montant à payer: 24$. Payable maintenant.
Acquittez sans délai. Moi."
Maintenant, en cinquième place. Essayons de nouveau.
"Hollywood Bowl"
Le programme sera vraiment bon ce soir.
Prenez ce dénommé Beethoven. Je suis un vrai pigeon pour lui.
Et Chopin ? II n'est pas piqué des vers non plus.
Mais j'aimerais bien qu'ils jouent un air qu'on peut siffler des fois.
Vous savez, comme "Du sang sur la selle".
Ça, c'est de la musique.
Vous devriez lever votre chapeau ou un truc du genre.
Nous célébrons. Mon boulot commence demain.
Je sais et je pense que c'est formidable, Danny.
J'aimerais bien que vous en soyez.
Mais non, il fallait que ce soit un film de guerre.
Une de ces nouveautés: Un film de guerre sans belles femmes.
- Quelque chose va débloquer. - Peut-être.
Pourquoi ne rentrez-vous pas ?
Danny, je ne peux pas. Je suis venue et je dois rester.
Si c'est une question d'argent, je peux...
Vous m'avez déjà donné assez.
Mais c'est la fête. Ce n'est pas le moment de s'en faire.
Regardez tout le monde. Tout le monde au monde.
Regardez.
C'est Norman Maine.
Il semble avoir bu un petit verre de trop.
Oh ! Merci.
Assieds-toi, crétin ! C'est pour le chef d'orchestre.
- Salut. - Salut, Norman.
Oh ! M. Maine.
M. Maine, passez le bras autour du cou de Mlle Regis.
- Écoutez, c'est le Hollywood Bowl. - Vous avez peur de la foule ?
Allez-vous-en.
On se fiche des photographes maintenant ?
Je ne veux pas me faire tirer le portrait.
Vraiment ? Et si je le faisais quand même ?
Faites-le et je vous fais avaler l'appareil photo.
- Merci. - Norman, arrête !
Doucement, M. Maine ! Calmez-vous.
Norman, reviens t'asseoir. Tu te rends ridicule.
Est-il toujours comme ça ?
Eh bien ! Je suppose qu'il lui arrive de dormir.
Il est si merveilleux à l'écran.
"Merci encore pour l'argent, chère mamie.
Mais tu n'as plus à m'en envoyer. Tout va bien maintenant.
En fait, Daniel McGuire, le réalisateur...
dit que j'aurai sûrement un emploi très bientôt."
Entrez.
Bonjour, Danny. Qu'y a-t-il ?
Crois-le ou non, j'ai un travail pour toi.
Danny, c'est merveilleux. Quand vais-je au studio ?
Tu ne vas pas vraiment au studio.
- Oh ! C'est un extérieur. - Pas un extérieur non plus.
Je n'ai pas de maquillage. Dis-moi ce qu'il me faut.
Tu n'as pas besoin de maquillage. Ce n'est pas un travail de cinéma.
C'est un emploi de serveuse.
C'est un peu du travail de cinéma, si tu y penses bien.
Tu as parlé de serveuse.
Serveuse pour Casey Burke, le directeur de notre studio.
Il donne une fête ce soir pour la fin de notre tournage...
et il m'a demandé de trouver une serveuse pour 5$.
J'ai tout de suite pensé à toi, Esther.
C'est très gentil de ta part, Danny.
Il y aura des gros bonnets chez Burke ce soir...
et je parie qu'il y aura d'importants réalisateurs.
Si tu y es, on te remarquera peut-être.
- Je pourrais m'en assurer. - J'en suis sûr. C'est ta chance.
Ma chance.
D'accord, Danny, j'accepte.
Mais je ne peux pas. Je n'ai rien à me mettre sur le dos.
Tiens.
Le service des costumes est voisin de mon bureau.
Ça te va parfaitement.
- Étais-tu à l'avant-première hier soir ? - J'y étais.
Aimeriez-vous un petit hors-d'ouvre ?
Lls sont très bons.
Merci. Qu'as-tu pensé du film ?
Lls auraient dû le garder pour l'Action de grâce. Quelle farce !
Vous voulez des hors-d'ouvre ? Vous aimez les hors-d'ouvre, non ?
Rien n'est aussi agréable que des hors-d'ouvre avant de dîner...
et ceux-ci sont excellents.
A la fin, l'enfant se tourne vers sa mère et lui chante une berceuse.
Pardonnez-moi, messieurs...
mais aimeriez-vous un petit hors-d'ouvre ?
On dit que ce sont les meilleurs en ville.
Ne me dites pas. Je sais, Mae West.
Bonne idée, mais où trouveras-tu un bébé de deux mois qui sait chanter ?
- Salut, Oliver. - Bonjour, Casey.
Tu me congédies maintenant ou tu attends de voir le film ?
Je ne suis plus réalisateur. Je suis gouvernante.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? - Un type du nom de Norman Maine.
Son travail l'empêche de boire.
Oliver, ne me dis pas que je dois aussi réaliser son prochain film.
Tu étais mon producteur favori.
Écoute. Continue de réaliser.
Je m'occupe de ces vedettes. Je sais comment traiter avec elles.
J'ai parlé à Norman après l'incident du Hollywood Bowl...
et tu n'as plus à t'inquiéter de son comportement.
Excusez-moi, M. Niles. M. Libby, de la publicité, est au téléphone.
Il dit que c'est important. C'est au sujet de M. Maine.
Merci.
- Ce n'est sans doute rien. - Bien sûr, Oliver.
J'allume la radio pour voir si on a appelé la Garde nationale.
Libby, que se passe-t-il ?
M. Norman Maine, le prince charmant...
a été appréhendé au volant d'une ambulance sur Wilshire...
avec la sirène à fond.
Il s'est dit arboriculteur en route pour un accouchement.
Ce sera dans les journaux ?
Ce ne sera pas dans les journaux...
mais c'est un hobby qui te coûte cher...
d'empêcher la presse de parler des âneries de M. Maine.
Tu fais un bon travail, Libby.
Assure-toi qu'on ne joigne pas Norman. Il cuve sans doute son vin.
Ne peux-tu passer une soirée sans penser aux crétins du studio ?
Toujours les affaires. Je ne sais pas ce que tu deviens.
Pourquoi ne m'as-tu pas appelée ?
J'écoute, chérie. Pourquoi ne t'ai-je pas appelée ?
Au cas où tu l'aurais oublié, je devais t'accompagner ici.
Ça va. J'ai trouvé mon chemin.
La seule raison qui me retient de te gifler...
Oui, chérie, je sais. Bonjour, John.
Qu'arrive-t-il à Oliver ? II semble de mauvaise humeur.
Qu'y a-t-il, vieux ?
Je me trompe peut-être. J'ai dû trop boire ces derniers temps.
Tu dois te modérer. C'est mauvais.
Scotch soda.
Versez, versez.
Le bon mot, c'est "Assez".
Mauvais dialogue, Oliver.
Je préfère ne pas voir ça.
Comme tu veux. Soda !
Merci.
Vas-y, dis-le. Je sais ce qui m'attend.
Ne me complique pas la vie, Norman. Je ne veux pas faire de sermon.
Mais mets-toi à ma place. J'essaie de faire des films.
Je sais. Les coûts augmentent et les recettes diminuent.
Ce n'est pas cela. J'ai fait des sous avec toi.
Je peux encaisser une perte, mais je n'aime pas te voir te détruire.
Demande donc à Lloyd de t'assurer contre moi.
Il n'y a pas d'assurance contre un homme qui oublie ce qu'il est.
Personne ne peut se permettre qu'on refuse de travailler avec lui.
- Qui ne veut pas travailler avec moi ? - Baisse le ton.
- J'en connais beaucoup qui veulent. - Moi aussi.
Mais tes vrais amis ne peuvent tolérer de te voir t'écrouler.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? - Les premiers signes sont là.
Tu oublies tes répliques, les cameramen cachent ta gueule de bois.
Tout cela parce qu'il faut que tu t'amuses jour et nuit.
- Je t'ai prévenu il y a longtemps. - Tu es un chic type.
Tu ne perdras pas d'argent avec moi. Je te le promets.
Je serai prêt quand on tirera le rideau.
Et alors, ce sera mon épitaphe.
"Bon seulement pour s'amuser"
Et maintenant...
je prends un petit verre.
Scotch soda.
Scotch soda.
Versez, versez.
- Et un peu de soda. - Caviar ?
Non, merci. Oui. Pardonnez-moi.
Salut, mignonne.
Je parle du caviar.
Non, ne partez pas. Je meurs de faim.
Vraiment.
Lequel prendriez-vous ?
Je ne sais pas.
Je ne sais pas non plus. Le choix est difficile.
Mais je prendrai du caviar.
M. Maine n'en veut pas davantage.
- N'est-ce pas, Norman ? - Non.
Norman n'en veut plus.
Je pense que je vais vraiment me soûler.
Scotch soda...
Désolé, j'en ai.
Vous permettez que je vous aide ?
- Vous leur manquerez. - Non.
Ils regarderont sous la table et quand ils ne me verront pas...
ils n'y penseront plus.
Dites, comment...
- Comment vous appelez-vous ? - Esther Blodgett.
- Moi, c'est Maine. - Je sais.
Vraiment ?
- Qu'y a-t-il de si drôle ? - Je pensais à vos fans.
Ils seraient étonnés de vous voir m'aider à ranger la vaisselle.
Ils ne connaissent pas mes bons côtés.
Ils m'envieraient de pouvoir vous rencontrer en personne.
Enchanté.
Dites-moi, êtes-vous désappointée ?
Oui.
Vous avez fait un gâchis.
Ne vous en faites pas. La pièce semble plus habitée.
Dites-moi, pourquoi... Pourquoi êtes-vous désappointée ?
J'étais assise derrière vous au Hollywood Bowl...
le soir où vous ne vouliez pas qu'on vous photographie.
On me dit que j'ai brisé bien des cours ce soir-là.
Comment pourrai-je m'en expliquer ?
- Vous avez de jolis cheveux. - Vous feriez mieux de partir.
Une bouche sensible et un charmant petit...
Pourquoi es-tu ici au juste plutôt qu'avec les invités ?
- J'essaie de me rendre utile. - Je vois.
Es-tu sûr qu'il n'y a pas d'autre attrait ?
II se peut que ma vieille manie de ranger la vaisselle me revienne.
Bizarre. Je sais toujours où te trouver s'il y a une jolie fille.
- C'en est même embarrassant. - Tu es insultant !
- Je le tolère depuis trop longtemps ! - Ne te mets pas en colère.
Rappelle-toi, nous ne devons pas élever la voix.
Je sais que tu nous excuseras si nous poursuivons notre travail.
Vous voyez ce que vous avez fait !
Venez. Aidez-moi à me relever.
Avez-vous mal ?
Pas plus que d'habitude. Les loups sont après nous.
- Nous devons partir. - Je n'ai pas fini la vaisselle.
Si, vous avez fini !
Je parie que je sais ce que vous allez dire.
- Quoi ? - Bonsoir.
Bonsoir et merci.
Attendez !
Vous rendez-vous compte que tout ce que je sais de vous...
c'est que vous êtes assez bête pour vouloir faire du cinéma ?
Pourquoi est-ce bête ? Regardez-vous.
C'est ce que je veux dire.
Je voudrais explorer l'affaire un peu plus sérieusement.
C'est gentil de votre part.
Pourquoi n'irions-nous pas chez moi...
pour en discuter ?
Non, je vous remercie, mais je dois rentrer.
- Bonsoir. - Vous n'êtes pas fâché ?
Non. J'ai faim.
Pourquoi vous n'allez pas prendre une bouchée ?
Bonsoir, Mlle Blodgett.
Bonsoir, M. Maine.
Attendez. Attendez.
Le moins que je puisse faire, c'est de vous accompagner à la porte.
- Vous reverrai-je ? - Je l'espère.
Vous a-t-on déjà dit que vous êtes adorable ?
Maintenant vous le savez.
Merci.
C'est difficile à dire, mais je le dirai quand même.
Vous savez, à l'écran, je suis...
Vous savez.
Dans l'intimité, je suis...
Vous savez.
Mais quoi que je fasse...
je respecte les jolies choses.
Et vous êtes jolie.
Vous comprenez ?
Oui, je pense.
Et ce n'est pas cette bosse sur la tête qui me le fait dire.
Je l'espère.
Bonne nuit.
Vous permettez que je vous regarde une dernière fois ?
Va-t'en. C'est impossible.
Je ne le considérerais même pas.
Allô ? Qui est à l'appareil ?
Qui ? Norman ?
Qu'as-tu fait encore ? Tu n'es pas en prison, non ?
Oui, je vois.
Encore ça. Je vois.
Elle est belle. Je sais. Tu veux que je lui donne un bout d'essai.
Oui, certainement. Elle promet beaucoup.
Tu sais qu'elle a quelque chose.
Tu le savais pour les autres aussi.
Je t'assure, Oliver, elle a cette sincérité, cette candeur...
La sincérité et la candeur qui font les grandes actrices.
Oliver, j'ai si confiance en cette fille...
que je veux faire le bout d'essai avec elle.
Écoute, tu as travaillé fort. Tu mérites une chance.
Tu as...
Oui, je t'ai entendu.
Tout ce que tu veux !
Oliver, essaie de faire un petit somme, vieux.
D'accord, vieux. Bonne nuit.
L'annuaire. Annuaire ?
Où est-il ?
Où est l'annuaire...
Te voici, petit annuaire !
- Oui ? - Téléphone.
Pour moi ?
Un ivrogne qui fait le drôle. Il prétend être Norman Maine.
Merci. Je descends tout de suite.
Mlle Blodgett, vous voulez lui dire un mot de ma part ?
Dites-lui qu'il est trois heures !
"Journal de l'hippodrome"
Allô ? Quoi ?
Oh ! Oui, j'y serai.
Merci.
Danny.
Je fais un bout d'essai demain et Norman Maine m'aide à le faire.
J'en fais un aussi. Garbo va m'accompagner.
"Productions Oliver Niles, Horaire Essai #12432
Norman Maine, Esther Blodgett
Réalisateur: C. Burke Cameraman: Haley"
- Rapprochez-vous un peu. - C'est encore trop fort.
- Non, l'autre. - Trop de lumière, Haley ?
Messieurs, je vous en prie, vous permettez ?
Ce n'est qu'un essai.
- Prêts. - Prêt, M. Burke !
- Prêt, M. Burke. - Nous sommes prêts.
- Tous prêts, M. Burke. - Nous sommes prêts, M. Burke.
Allons-y.
Silence !
- Prêt, Norman ? - Oui.
Prête, mademoiselle je ne sais plus qui ?
II saura bientôt ton nom, Esther. Le monde entier le saura.
J'ai peur. Je devrais peut-être remettre l'essai à plus ***.
Ne t'en fais pas. Elles sont toutes passées par là.
Harlow, Lombard, Myrna Loy...
et maintenant Esther Blodgett.
D'accord, je suis prête.
C'est une prise. On tourne.
- Silence ! - Très bien.
"Productions Oliver Miles Inc. Esther Victoria Blodgett, artiste"
Toute mon organisation me croit fou de vous mettre sous contrat.
Ils ont peut-être raison. Ce n'est pas ma première folie.
Mes conseillers disent que vous avez l'air trop doux au goût d'aujourd'hui.
Mais j'estime que les goûts changent, comme les sourcils.
Comme les sourcils aussi, les goûts reviennent au naturel.
Vous avez l'air d'une bonne fille.
Je pense que vous me plairez.
Mieux, je pense que vous plairez au public. C'est cela qui compte.
Je vois ce que vous voulez dire. Je comprends, c'est ce qui compte.
Ne pensez pas que ce sera facile. Rien de ce qu'on veut n'est gratuit.
On doit le payer et, d'ordinaire, on le paye de son cour.
J'ai déjà entendu cela.
Vous devrez encore tirer vos propres conclusions.
C'est une façon de vous souhaiter la bienvenue et bonne chance.
Maintenant je vous confie à notre diable d'attaché de presse, Libby.
Ne le laissez pas vous intimider. Il a un cour d'or, mais plus dur.
Et pour l'amour de Dieu, apprenez à fermer la bouche...
et à la garder fermée, même dans vos scènes d'amour.
Etes-vous Russe ?
Non. Je suis née à Stilmore, dans le Dakota Nord.
Oh ! Non.
"Elle est née dans une cabine en montagne...
une cabine de chasse au sommet des Rocheuses."
- Continuez. - J'ai toujours voulu être actrice.
"Elle rêvait des feux de la rampe même toute petite."
Etes-vous sûre qu'il n'y a pas de Russe dans la famille ?
- Très sûre. - Dommage !
- Que fait votre père ? - Il est cultivateur.
"Son père, une personnalité en vue...
fatigué de l'hypocrisie du monde...
s'en est retiré pour s'isoler.
Et parmi les fleurs de la montagne, il a élevé une autre fleur:
Sa charmante petite fille..."
Comment vous appelez-vous ?
Esther Victoria Blodgett.
"Je vous remercie de l'attention que vous portez à cette affaire..."
Tu sais comment elle s'appelle ?
Esther Victoria Blodgett.
Il faut changer son nom tout de suite.
Blodgett, c'est inacceptable. Voyons voir.
Esther Victoria. Victoria. Que dirais-tu de Vicki ?
- Je pense que c'est mignon. - Vicki quoi ?
Vicki Vicki, juste ça, Vicki Vicki.
Esther, Bester, Sester, Dester, Fester.
Oh ! C'est très joli.
Jester, Hester, Dester, Lester. Vicki Lester.
- J'aime bien. - Dites-le.
- Vicki Lester. - Répétez.
- Vicki Lester. - Répétez.
Répétez ! Dites Vicki Lester.
"Bulletin. Oliver Niles découvre une étoile, Cendrillon des Rocheuses.
Elle s'appelle Vicki Lester.
Ceux qui l'ont vue me disent qu'elle est divine.
Visage d'ange et talent naturel. Sa voix est une symphonie.
Sa démarche, me dit-on, rend les hommes fous !"
Pas comme cela.
Tu as du plomb dans les pieds ! Lève-les !
C'est mieux. C'est affreux, mais c'est mieux.
"La qualité de la pitié n'est pas forcée.
- Elle tombe du ciel comme la pluie." - Suffit !
Par la bouche, mon enfant. Par la bouche.
Le nez, c'est pour sentir les roses. Continuez.
Faut-il qu'elle ait toujours l'air surpris ?
Ce n'est qu'une ébauche.
Petite bouche, hein ?
Bon.
Donne-lui les lèvres de Crawford.
Peut-être l'air de Dietrich...
Nous sommes sur la mauvaise voie. Elle a toujours l'air surpris.
Nous tournons sur le plateau ce matin, pas au restaurant !
Allez, que ça saute !
Compagnie de camionnage Acme.
Non, M. Schmidt n'y est pas.
Bonjour. Qu'est-ce que je vous sers, M. Maine ?
On voit bien que tu es nouvelle ici.
Dieu te bénisse, Mabel ! Quand nous marions-nous ?
Je ne sais pas. Tu devras demander à ma mère.
Compagnie de camionnage Acme.
Non, M. Smythe n'y est pas.
Acme. Non, Smith n'y est pas.
- Compagnie de camionnage Acme. - Je voudrais parler à M. Smith.
M. Smith n'est pas...
- Oh ! Norman. - Qu'y a-t-il entre toi et Smith ?
J'ai un rôle. Une seule réplique, mais elle est dans le film.
C'est donc l'ambition qui t'a fait annuler notre rendez-vous d'hier soir.
- Je devais être ici tôt ce matin. - Moi aussi.
J'ai dû passer la nuit debout pour y arriver.
Tu as commencé à tourner, n'est-ce pas ?
Nous n'en sommes qu'aux essais. On n'a pas trouvé ma partenaire.
Ciel ! On penserait qu'avec toutes ces filles...
Mais celle-ci doit être différente.
Elle doit être petite, mignonne, douce et intelligente...
- Je suis soufflé. - Quoi ?
- Je n'en crois pas mes yeux. - Qu'y a-t-il ?
Retiens tout. Viens.
- Vous êtes passés par tout le bottin. - Je travaillerai jour et nuit.
- Et je travaillerai avec elle. - Je peux faire la douce ou la vilaine.
Si ça marche bien, tu auras une étoile du jour au lendemain.
D'accord.
"Vous assistez à l'avant-première...
d'un film dont le montage n'est pas final.
Votre opinion sera appréciée. Envoyez vos commentaires par la poste."
"Oliver Niles présente Norman Maine dans...
L'HEURE ENCHANTÉE"
"Avec Vicki Lester"
Attends de voir leur réaction à la fin du film.
"Quand le monde dansait gentiment au son des clavecins."
- Penses-tu qu'on nous a vus ? - Non.
Ils sont trop occupés à jouer au croquet.
Je t'ai aimé toute ma vie.
On se connaît depuis deux jours.
C'est là où ma vie a commencé.
"Avant-première ce soir"
N'est-elle pas mignonne ? Elle a mon genre, tu ne trouves pas ?
- Je pense qu'elle est chouette. - Vicki Lester fait le film.
Je pense qu'elle est bien meilleure que lui.
Ces producteurs sont si bêtes. Ils ne sauront pas l'apprécier.
Peut-être parce que c'est une bonne fille.
Maine n'est pas si mal, mais c'est Vicki Lester qu'on ira voir.
Je pense que c'est la femme la plus adorable que j'aie vue.
- Elle est sensationnelle, Libby. - Écris-le dans ta critique.
- Cette Lester est une mine d'or. - Vous n'avez pas aimé Norman Maine ?
Était-il dans le film ?
Libby, je pense qu'on a un autre succès.
C'est dans le sac, avec une jolie boucle rose.
- Où sont Norman et Vicki ? - Je les croyais avec toi.
Nous avons une fête au Trocadéro.
"Sortie de secours"
N'est-ce pas excitant de fuir la foule ? C'est palpitant.
Si nouveau, hein ? Une étoile est née.
Viens, cours.
"Café Trocadéro"
C'est merveilleux, n'est-ce pas ? On dirait une mosa'ique.
C'est un tapis pour toi.
Cela t'appartient désormais, tu sais ?
Tu es un succès.
Tu auras tout ce que tu veux au monde.
J'espère que ça te rendra heureuse.
Ça ne t'a pas rendu heureux ?
Non, il y a une chose que je n'ai jamais eue.
Souvent, j'ai cru l'avoir trouvée...
mais je savais que je mentais.
Je n'ai quand même jamais cessé de la chercher.
Peut-être qu'elle viendra.
Je pense qu'elle est venue, Esther.
J'espère qu'il n'est pas trop ***.
Il n'est pas trop ***.
On ne peut pas dilapider une vie comme je l'ai fait de la mienne...
et compter qu'il en restera quelque chose de bon.
Tu peux.
Norman, tu peux.
Tu ne dois pas me le dire, Esther.
J'ai si peur de le croire.
Cogne. Le droit.
- Superbe, n'est-ce pas ? - Charmant.
Surveille bien Goucho.
Tu ne m'entends pas, Goucho ? Le droit !
II est au sol ! Goucho l'a eu !
- Il l'a eu, n'est-ce pas ? - Il va se relever cependant.
- Ça te plaît ? - Bien sûr.
- Je te plais ? - Bien sûr.
- J'y pense. Veux-tu m'épouser ? - Non, merci.
Achève-le ! Pourquoi ne veux-tu pas m'épouser ?
- Parce que tu n'es pas fiable. - Vas-y avec ton droit !
- Tu jettes ton argent à l'eau. - Casse-lui la gueule.
Et tu bois trop.
Et si j'arrêtais de boire ?
Vas-y, Goucho. Un coup droit !
Et que j'économisais ? Voilà ! Achève-le !
Si je devenais fiable ?
Hé, Goucho ! II l'a eu. Il l'a eu.
Il l'a sûrement eu.
Quel beau combat !
- Quoi, chère ? - Ferais-tu cela si je t'épousais ?
Non, certainement pas. Je faisais que supposer.
Nous allons nous épouser.
Je crois que je l'ai mal dit. Je vais reprendre.
- Nous allons nous épouser. - Tous les deux.
- Qu'en dites-vous ? - Où ? Quand ?
Nous pensions nous enfuir pour nous épouser normalement.
Qu'y a-t-il ?
II se demande si c'est bon pour le studio.
- Est-ce que ce l'est ? - Ce l'est.
Dieu vous bénisse, mes enfants. Quand est-ce que ça aura lieu ?
- Nous pensions le faire discrètement. - Nous ne le disons qu'à vous.
Écoutez-moi ça.
"Le couple idéal de l'écran est devenu réalité aujourd'hui.
Vicki Lester et Norman Maine, les amants de rêve de l'Amérique...
ont convolé discrètement en justes noces."
- C'est bon ? - Horrible.
- Nous voulons nous marier en secret. - Bien sûr.
Ce sera le mariage secret le plus éclatant qu'on ait vu.
Nous ferons une entente avec l'armée. Elle vous fera escorter à Yuma...
par 20 de ses nouveaux bombardiers.
Est-ce qu'il nous accompagne ?
Tu ne penses pas qu'on ferait mieux de régler cela entre nous ?
Inutile d'ennuyer l'heureux couple avec ces détails.
Je vous ferai remettre une copie des arrangements.
Je meurs d'impatience. Je suis désolé.
On ne se rendait pas compte qu'on dérangeait.
Tandis que vous réglez les détails, vous permettez que j'achète une bague ?
Vas-y. On veut que tout soit dans les formes.
Ils font un couple charmant.
Une bonne fille comme Vicki et le chef des empoisonneurs.
Ne charrie pas. Norman est un type bien.
Et Vicki fait ce qu'elle veut. On ne fait pas de commentaires.
Je ne faisais pas de commentaires. Je disais juste que c'est honteux.
- Fais les plans de la fugue. - La fugue est exclue.
Ça fait trop peu de tapage.
Nous aurons une noce. Où la ferons-nous ?
- A l'endroit habituel, l'église. - Non, c'est vieux jeu.
Il faut que ce soit énorme.
La plage ! Je le vois d'ici.
La mariée en maillot de bain.
20000 écolières de Santa Monica épellent le mot "amour".
Ce serait nouveau, mais est-ce assez gros ?
Pourquoi pas l'hôtel de ville ?
Sous escorte policière, tous les motards de la ville.
Sirènes à fond, une pluie de confettis...
comme la réception de Lindbergh à New York, mais à plus grande échelle.
Qu'y a-t-il ? Ça ne suffit pas ?
Si quelqu'un a quelque objection à ce mariage...
qu'il le dise maintenant ou se taise à jamais.
Consentez-vous, Alfred Henkle...
à prendre cette femme pour épouse et à l'aimer...
l'encourager, l'honorer malgré toutes les afflictions...
- aussi longtemps que vous vivrez ? - J'y consens.
Je vous demande pardon. Consentez-vous, Esther Blodgett...
à prendre cet homme pour époux et à lui obéir, le servir...
l'aimer, l'honorer et le garder malgré toutes les afflictions...
- aussi longtemps que vous vivrez ? - J'y consens.
Passez-lui l'anneau au doigt.
Dépêchez-vous, je vous prie.
En vertu des pouvoirs qui me sont conférés comme...
juge de paix du canton de San Bardo, dans le comté de Los Angeles...
je vous déclare mari et femme.
Silence !
Je dois maintenant exercer mon privilège d'office.
J'espère que vous serez heureuse, Mme Henkle.
Merci.
Merci, monsieur. Merci infiniment.
Veuillez maintenant signer le contrat.
Mme Henkle, je crois vous avoir déjà vue quelque part.
Vraiment ?
Je crois que c'est la première fois que je viens à San Bardo.
- Votre visage m'est familier aussi. - Merci beaucoup.
- Voici votre reçu. - Merci.
Au revoir. Au revoir.
- Je crois qu'on s'en est tirés. - Mais il s'en est fallu de peu.
- Il se rappelait de nous avoir vus. - On a au moins réussi à fuir Libby.
Salut, les enfants.
Jetez un coup d'oil entre mes omoplates...
M. Et Mme Henkle...
vous y verrez un couteau enfoncé jusqu'au manche.
- Et vos initiales dessus. - Il fait bon de te voir.
- Attendez. - Retiens-le.
Ainsi vont deux petites souris dont j'ai fait des rats.
Ils ont le droit de s'épouser, n'est-ce pas ?
Lls n'ont pas le droit de trahir le public. Et il n'est pas trop ***.
Le prévenu Corky Washington est accusé d'infraction à l'article 600...
Jeune homme, c'est un outrage à la cour !
Opératrice, passez-moi le Tribune de Los Angeles.
- Je suis tenté de vous faire arrêter ! - Attendez que je termine cet appel.
Attendez aussi.
Tribune, passez-moi la rédaction.
Johnny, ici Matt Libby. J'ai une nouvelle pour toi.
Norman Maine et Vicki Lester se sont épousés cet après-midi...
Vicki Lester ? L'audience est suspendue.
"Vicki en lune de miel !"
Oh ! Donne-moi un cheval Un grand cheval
Un beau cheval sauvage et laisse-moi cavaler
Je ne veux pas me vanter, mais je crois avoir cassé les vitesses.
Assieds-toi, faisons connaissance.
Nous nous verrons sans doute beaucoup à partir de maintenant.
Autant briser la glace maintenant.
Nous voilà vieux amis.
Ai-je le temps de prendre une *** avant le dîner ?
Si tu peux trouver la *** !
Je ne m'en souviens jamais. Il se tire ou se replie ?
Je pense que je l'ai. Non, c'est le placard à linge.
- La voici. - Beau travail.
La moitié du temps, c'est de la chance.
Voyons si je peux désinfecter ce steak.
Esther, il n'y a pas de savon.
Tiens.
Merci.
- Oui, chéri ? - J'ai besoin d'un gant de toilette.
- As-tu tes cigarettes ? - Je ne fume jamais sous la ***.
Comment arrive-t-on à la faire fonctionner ?
Tire le levier du haut et espère qu'il pleuve.
Je ne peux le rejoindre. Je ne peux lever le bras.
Si tu es entré les bras le long du corps, tu n'y arriveras pas...
à moins d'être contortionniste.
Je ne suis pas contortionniste. Et ne me le reproche pas.
Tu le savais avant de m'épouser.
Tu veux fermer la porte ?
Merci.
Norman, une voiture vient.
Tu dois... Euh ?
- Tiens, vite ! - Vite quoi ?
Sors et demande de l'aide.
- Je vais attraper le rhume. - Tu te réchaufferas.
- On me reconnaîtra. - Baisse la tête.
Va. Il se peut qu'il n'y ait pas d'autre voiture avant des semaines.
- Salut, l'ami. - Salut.
- Coincé ? - Comment avez-vous deviné ?
- Vous pouvez appeler à l'aide ? - Je ne pense pas.
C'est loin d'ici au village. On est très occupé là-bas.
Je dois sortir de là. Ma femme est avec moi.
- Elle aime le pays ? - Non. Et on manque de vivres.
- Il y a du gibier dans le bois. - Ma femme ne sait pas tirer.
Vous êtes vraiment mal en point. Désolé, j'y peux rien.
Je serai franc avec vous. Je suis Norman Maine.
Qui ?
Je m'appelle Judd Baker. Enchanté de vous connaître.
Eh bien ! Au revoir.
Attendez. Vous ne...
Tu t'appelles Norman Maine ?
"Aperçus du cinéma"
"Quelle étoile masculine a cessé de se gargariser au grog...
et est maintenant en lune de miel sans alcool ?
Pourquoi ses amis pensent-ils que sa femme est arrivée...
six films trop *** pour ce qui touche le public ?"
Je dois préserver mon prestige.
Je suis censé être le meilleur publicitaire de l'industrie...
et on se moque de moi quand je demande de dire un bon mot de Maine.
Je sais comme tu es sensible et je n'aime pas qu'on te fasse du mal.
Merci, patron. Pour Vicki, on ferait tout gratuitement.
Mais si Maine traversait l'océan à la nage, on n'en parlerait pas.
Les distributeurs ne l'aiment pas, les critiques ne l'aiment pas...
le public ne l'aime pas et je ne l'aime pas non plus.
Qui l'aime ?
Chéri, la surprise est presque trop grande.
Dans mon innocence, je croyais qu'on vivrait sur la plage.
Nous garderons quand même la cabine à Malibu, mais ceci est autre chose.
C'est notre château qui n'était qu'un rêve.
Nous n'y parlerons jamais de contrats, de films, de carrières.
Quand nous franchirons la barrière, nous laisserons le studio dehors.
J'ai une autre petite surprise pour toi.
Norman, c'est ravissant.
Comme toi, tu es ravissante.
Le monde entier est ravissant.
Ne bougez pas !
Bien fait.
Légende: Leur lune de miel est sans fin.
Prenons des photos.
La mariée s'assied ici et le marié derrière elle, ce sera unique.
Bon, faisons autre chose. Tu t'assieds et elle reste debout.
- Révolutionnaire, non ? - Oui, mais de belle façon.
D'accord, Otto, feu !
Légende: La lune de miel recommence.
Le producteur.
Légende: La lune de miel prend fin brusquement. Ravi de vous voir.
Content que vous soyez de retour. Vicki, tu as l'air vraiment bien.
- Je vous interromps ? - Oui, merci.
- Encore deux ou trois photos. - Ça suffit tous les deux.
Ce qu'on demande, ce sont des photos de Mlle Lester, seule.
Je vois. Viens, Oliver. Retirons-nous.
A tout à l'heure, Vicki.
Ne t'inquiète pas, Otto. Je ne casse plus de caméras.
Il y a bien autre chose que tu ne casses plus.
Gardez cette pose, Mlle Lester.
Superbe.
Eh bien ! Oliver, comment se portent les dividendes ?
Très bien. Nous afficherons deux millions au prochain trimestre.
J'aurais dû garder mes actions. Mais quand on a besoin d'argent !
Certains préfèrent économiser en cas de pluie.
Comme citoyen de la Californie, je refuse d'y croire.
Oui, je sais, mais il pleut parfois.
Tu peux me remercier en partie de tes dividendes.
- N'est-ce pas ? - Bien sûr.
C'était un peu trop rapide.
L'heure enchantée a eu, un succès fou, non ?
- Il a fait une étoile de Vicki. - C'était à prévoir.
- Et moi ? - Parlons d'affaires au bureau.
La piscine est splendide.
Parlons-en maintenant. On ne m'a pas aimé ?
- Le rôle ne t'allait peut-être pas. - C'était le meilleur rôle de l'année.
Écoute, Oliver, tu crois que je décline ?
- Peux-tu m'écouter ? - Vas-y.
Tu te trompes de temps. Tu ne déclines pas, tu as décliné.
Mon courrier reste abondant.
Les admirateurs voudront toujours une photo.
Les timbres ne coûtent que trois sous, c'est moins cher que le papier peint.
Les 25 cents qu'ils paient pour le film les autorisent à en faire la critique.
Et tes dernières interprétations n'ont pas plu à tes critiques.
Je t'ai dit que je serais prêt quand on tirerait le rideau, tu te souviens ?
Le moment est venu.
Annulons le contrat, sans rancune.
Nous ne quittons pas, ni l'un ni l'autre.
Ces choses-là ne s'expliquent pas. On sait comme le public est changeant.
Peut-être peut-on le ramener. J'ai un bon script pour toi.
A propos d'Esther...
si tu crois que je serai une entrave...
Il n'y a pas de rôle pour elle dans ce film.
Je comptais faire un film dont elle serait la vedette...
avec le jeune Pemberton comme partenaire.
Il fait des progrès.
Tant mieux pour Pemberton.
D'accord, faisons un essai.
Espérons qu'il n'est pas trop ***.
"L'heure enchantée en reprise"
"Enrichissez-vous avec les Productions Oliver Niles"
Pour sûr. J'achète. "La nouvelle sensation de l'écran"
"L'acteur le plus fini de l'écran."
Et comment, qu'il est fini ! Le public le fuit en masse.
"Courrier des admirateurs"
"Guide du cinéma - Le contrat de Norman Maine avec Niles est annulé"
"Les cinémas qui ont fait la bêtise d'acheter les films de Norman Maine
dans la liste d'Oliver Niles seront heureux d'apprendre...
qu'eux et leur public seront dégagés de ce fardeau.
Niles a racheté le contrat de Maine pour une somme indéterminée.
Orchidées à Niles !"
Mlle Lester n'est pas rentrée.
Non, je ne suis pas son valet.
Mais je peux lui faire le message aussi bien que lui, je vous le jure.
C'est toi, Norman ?
Chouette. Écoute.
Ici Artie Carver. Salut, vieux. Bien.
On me dit que tu as rompu avec Oliver Niles. C'est exact ?
Je t'en prie, Artie. Je ne suis plus d'actualité.
Quelle sorte de règlement avez-vous fait ?
Dis-moi un chiffre que je puisse faire une histoire.
Il n'y a pas eu d'argent. Nous avons simplement rompu.
Je vois, je vois. J'inventerai un chiffre.
En passant, j'essaie d'interviewer Vicki depuis deux semaines...
mais elle est toujours occupée.
Tu me rendrais service si tu plaidais ma cause.
Bien sûr, je lui demanderai.
Chic. Au revoir.
Je ne voulais pas rentrer ***...
Ça va. Tu es rentrée maintenant.
- Qu'as-tu fait aujourd'hui ? - Rien.
Je ne suis pas sorti de la maison.
Allons quelque part ce soir.
Tu es fatiguée. Restons à la maison.
Je ne suis pas vraiment fatiguée.
Si, tu l'es. Tu as une grosse journée devant toi.
Je te vois si peu que je préfère te garder pour moi seul.
- Les domestiques ont congé. On n'a... - Si, on a.
J'ai préparé un petit goûter de mes propres mains.
J'apprends à cuisiner dans mes loisirs.
Je pense que je vais t'épouser alors.
Oh ! Je vois. Tu veux faire un vrai chef de moi ?
Ça vient sur roulettes ici.
Voilà. De quoi ça a l'air ?
Merveilleux.
C'est ce que je pensais.
Ne fais pas de cérémonie. Commence quand tu veux.
Voici.
Je crains d'avoir la bouche trop petite.
Je le ferai sur mesure la prochaine fois.
Un peu difficile à soulever aussi.
Je pense que je prendrai ces mesures dès maintenant.
C'est ce que j'attends, toute la journée.
C'est pourquoi je me dépêche de rentrer le soir sans même changer de costume.
Nous oublions que nous avons faim. Tu veux un sandwich ?
Merci. Il me reste encore un peu de celui-ci.
Veux-tu dégrafer ma robe ? Je ne peux pas respirer.
Je pensais que c'était mon baiser qui t'avait coupé le souffle.
Il y a beaucoup d'agrafes. As-tu pensé à une fermeture à glissière ?
C'est une bonne idée.
- Tu te sens mieux ? - Oui.
Ne regarde pas maintenant, mais...
je pense que le type à ta gauche est amoureux de toi.
Je l'espère.
- C'est la sonnette. - Vraiment ? Lls se lasseront.
Ils ne se lassent jamais.
Un instant, chérie. Je reviens tout de suite.
Suis-je bien chez Vicki Lester ? J'ai un colis pour elle.
- Je vais accuser réception. - Qui êtes-vous ?
- Je suis son mari. - Oh ! Bien sûr.
Signez sur la ligne, M. Lester.
C'est un colis pour toi. En passant, j'oubliais de te dire...
qu'on te réclame pour...
une représentation de bienfaisance mercredi soir prochain.
Je leur ai dit que je te demanderais.
Chéri, je ne veux pas en parler maintenant.
Laisse-moi terminer avant que j'oublie tout.
La secrétaire de l'Académie a appelé.
Elle veut savoir si elle doit réserver une table au dîner des Oscars.
Artie Carver a appelé...
et demande si j'userais de mon influence pour lui obtenir une interview avec toi.
Je lui ai dit que j'essaierais.
C'est tout, je pense.
Ne parle pas de ces choses-là maintenant.
Nous oublions le merveilleux dîner que tu as préparé.
Je n'ai plus très faim.
Je pense que je vais prendre un petit verre.
"Académie du cinéma et des sciences...
Huitième remise annuelle des prix de mérite"
- J'espère que Norman viendra. - Cesse de t'en faire.
Pense seulement à cette statuette sur ta cheminée.
- Lui est-il arrivé quelque chose ? - Il est pris dans la circulation.
Pense à cette statuette.
Nous arrivons maintenant au clou du dîner annuel...
de l'Académie du cinéma et des sciences...
le plus grand prix qu'il nous est permis de donner.
Nous avons déjà applaudi avec nos cours et nos mains...
les prix décernés à ces messieurs...
qui se sont distingués cette année...
au service de l'industrie.
Nous rendons maintenant hommage...
aux femmes ou mieux à une femme.
Nous offrons le prix de la meilleure interprétation de l'année.
Elle a déjà été acclamée par le monde entier...
mais cet honneur lui est attribué par ses collègues...
hommes et femmes de l'industrie.
Ce n'est pas qu'un plaisir, mais un privilège...
de présenter ce prix à l'actrice qui a créé l'inoubliable Anna...
dans Rêve sans fin.
Mlle Vicki Lester.
Vas-y.
Que dire de plus, Mlle Lester ? Rien n'est plus éloquent.
Mesdames et messieurs...
quand une chose comme celle-ci vous arrive...
et que vous tentez d'exprimer ce que vous ressentez...
vous constatez que de tous les mots du monde...
un seul veut vraiment dire quelque chose...
merci.
Je ne puis que vous le répéter du fond du cour.
Je ne puis que le redire encore et encore...
Bravo ! Très bien.
C'est un très joli discours, ma chérie. Très joli.
Tu ne pouvais pas dire mieux.
Je veux être le premier à te féliciter...
de cette inestimable bricole.
Maintenant, je veux parler.
Messieurs de l'Académie et mes amis pigeons...
j'ai eu l'un de ces prix de la meilleure interprétation.
Ils ne veulent rien dire. On en donne chaque année.
Je veux un prix spécial, un prix que personne n'a eu.
Je veux une statuette marquant la pire interprétation de l'année.
En fait, j'en veux trois...
pour les trois pires interprétations de l'année...
parce que je les mérite.
Ceux parmi vous qui avez vu ces derniers de mes chefs-d'ouvre...
savent que je les ai méritées.
En avant la musique !
Je suis venu voir si je les aurai...
ou si je les aurai.
Répondez, oui ou non.
Norman, chéri, allons nous asseoir.
Viens, Norman. Assieds-toi.
- Content de te voir, Norman. - Salut, Norman.
Salut, comment va ?
Ma chère, laissez-moi vous féliciter.
Vous devez être terriblement fière et heureuse ce soir.
Merci.
Donnez-moi à boire.
Oliver, c'est gentil de venir dans ma loge.
- Comment vas-tu ? - Tu nous as manqué. Bon voyage ?
Trois mois à faire le tour des cinémas, ce n'est pas ce que je préfère.
Mais on réclame tes films à cor et à cri partout...
Vicki, si je peux parler boutique... Tu es sensationnelle.
Merci. Il fait bon l'entendre.
Tu pleurais.
Un peu.
Comment va Norman ?
II fait son possible.
Je n'ai rien fait de plus difficile que de laisser partir Norman du studio.
- Je ne pouvais rien faire d'autre. - Je sais.
A-t-il été... Est-il bien ?
II est au sanatorium.
Il veut vraiment cesser de boire.
Je pense qu'il pourrait, mais...
Eh bien ! Peut-être que s'il se remettait à travailler...
ça l'encouragerait.
Pourrais-tu ?
Merci, mais il ne doit jamais savoir que je te l'ai demandé.
Il ne le saura pas, ne t'inquiète pas.
Je veux que tu poursuives ton bon travail dans ce film.
J'essaierai. C'est une chose que je peux faire pour toi.
Asseyez-vous, M. Niles, Je fais descendre M. Maine.
Merci.
"Fais descendre" ?
Bienvenue à Liberty Hall.
Non, M. Niles ne me donne pas une caisse de scotch, Cuddles.
Ce n'est qu'une poignée de main.
Je te présente Cuddles, mon secrétaire social.
- Nous allons partout ensemble. - Comment te sens-tu ?
Bien. Remarquablement bien, me dit Cuddles.
Il dit que tu devrais voir les autres.
Asseyons-nous.
Cuddles, on n'a pas besoin de toi.
Touchant, n'est-ce pas ? II ne souffre pas d'être loin de moi.
- Es-tu confortable ici ? - C'est le grand luxe.
Il y a même des barreaux aux fenêtres pour bloquer les courants d'air.
- Combien de temps seras-tu ici ? - Je suis vraiment guéri déjà.
Je reste une semaine ou deux de plus pour reprendre la forme.
Après tout, les caméras ne m'attendent pas particulièrement...
C'est ce dont je voulais te parler.
J'ai un script avec un bon rôle pour toi.
C'est génial.
Qui sera ma partenaire ?
Tu n'as pas vraiment la vedette. Le jeune Pemberton tiendra ce rôle.
Mais je le jure, j'estime que ton rôle vaut mieux.
Je vois. Mieux que le rôle principal ?
Bien sûr, il n'est pas très long...
mais c'est l'un de ces rôles qui laissent une impression.
On pensera à toi pendant tout le film.
Le problème, c'est que je suis engagé envers un autre studio.
Je ne suis pas libre de dire lequel pour l'instant.
- Tu sais comment c'est. - Bien sûr.
Mais c'est un des plus gros films de l'année.
Et le rôle ! N'importe qui à Hollywood donnerait son bras droit pour le jouer.
Tant mieux. Naturellement, tu seras engagé pour un moment.
Nous ne ferons pas ce film bientôt, donc si tu veux le considérer...
Je vais te dire, vous feriez mieux de ne pas compter sur moi.
D'autres films m'attendent après celui-là...
et on me parle de jouer en Angleterre.
Ils font des choses très intéressantes là-bas.
Qu'y a-t-il, Cuddles ? Ne te gêne pas.
Votre dîner.
Nous dînons à 17 h 30 ici. Cela nous donne de longues soirées.
Eh bien ! Au revoir. Je suis content de voir que tu vas bien.
Je sortirai bientôt.
Je devrai me présenter de nouveau à un tas de gens...
qui ne me reconnaîtront pas maintenant que je suis sobre.
Au revoir. Merci d'être venu.
Enfin seuls.
"Courses de la semaine de Noël Parc Santa Anita"
Salut, Burke, Sam. Comment ça va, Marian ?
Content de vous voir.
J'ai horreur de ces acteurs finis. Ils me donnent le frisson.
A moi aussi.
Il était bon quand il avait du succès et il en a eu pendant un bon moment.
Bonjour, M. Maine. Il y a longtemps qu'on vous a vu.
J'étais au repos. Une limonade, s'il te plaît.
Limonade et quoi ?
Limonade et limonade.
- On tourne la page ? - Tout le livre.
Merci.
Scotch, sec.
Salut, Libby.
Tiens, l'ancien M. Amérique.
On te laisse maintenant sortir sans gardien ?
Bien sûr. On me fait confiance.
Je ne m'attendais pas à te trouver à Santa Anita.
Que font-ils des acteurs quand tu n'y es pas ?
Lls les coupent en tranches et les font cuire avec les oeufs.
Je suppose que tu seras ici tout le temps...
maintenant que tu t'es retiré du tohu-bohu du grand écran.
Nous habitons Malibu maintenant...
et c'est plutôt vide quand Esther travaille.
Je ne m'en plaindrais pas à ta place.
Il faut bien que quelqu'un gagne la vie de la famille.
Un instant. Je n'oublie pas que nous sommes amis.
Amis, mon oeil.
Je t'ai tiré de pétrins parce que c'était mon boulot.
Pas par amitié. Je ne t'aime pas et je ne t'ai jamais aimé.
Rien ne m'a plus amusé que de voir ces petits tours...
finalement te rattraper et casser ton célèbre nez.
Beau travail.
On attend qu'il soit au plancher pour lui tomber dessus.
Tu ne fais pas pitié.
Tu es bien à l'aise et tu peux vivre aux crochets de ta femme.
Elle te paiera à boire et te supportera même si personne d'autre ne te supporte.
Il est encore soûl.
- Debout, ivrogne. - Un instant.
- Dehors. - Je suis Norman Maine.
- C'est pas ma faute. - Ce n'est pas la peine.
- Il est inoffensif. - Si vous le dites, M. Libby.
Qu'est-ce qu'il peut faire ? II ne se bat pas mieux qu'il ne joue.
Donne-moi un scotch, double.
Laisse la bouteille ici.
Vicki, tu te rends malade. Essaie de dormir un peu.
Il est parti depuis quatre jours et pas un mot.
Je ne peux pas. Je ne peux pas.
Non, Oliver Niles à l'appareil. Quoi ?
Où ?
- Merci. - Qu'y a-t-il ?
- Rien. - Dis-moi.
Il a été arrêté pour ivresse. Mais ça va.
- Je vais le chercher. - Je t'accompagne.
Tu ne devrais pas. Si les journaux l'apprennent...
Je me fiche des journaux. Je t'accompagne.
La cour municipale de Los Angeles est maintenant ouverte.
Le juge George J. Harris est sur le banc. Asseyez-vous.
- As-tu pu faire quelque chose ? - Le juge a refusé de me voir.
Prêt, votre honneur.
Je vous informe que vous avez le droit d'être représentés par un avocat...
d'interroger les témoins qui peuvent déposer contre vous...
de convoquer des témoins à votre défense...
d'être jugés publiquement par la cour ou par un jury...
et d'être libérés sous caution.
Appelez les cinq premiers.
Allez. Dépêchez-vous.
William Gregory.
Trouvé ivre dans le caniveau de la 5e avenue.
Quatre infractions semblables depuis six mois.
Encore vous. Comment plaidez-vous ?
Je ne me sens pas très bien.
Je ne demande pas comment vous êtes. J'ai demandé comment vous plaidez.
Coupable, je suppose.
Quand êtes-vous sorti la dernière fois ?
Juste avant Noël.
Dommage ! Vous raterez le Nouvel an...
mais vous sortirez à temps pour la fête de Washington... 60 jours.
Milton Rayles.
Arrêté en état d'ivresse sur l'avenue Brooklyn.
Traité à l'hôpital, puis envoyé en cellule.
Quel âge avez-vous ?
Dix sept ans, monsieur.
Avez-vous bien regardé ces hommes en cellule avec vous hier soir ?
Et vous êtes-vous bien regardé ce matin ?
Je vous suggère de le faire. Cinq dollars et deux jours.
Sentence suspendue.
Alfred Henkle, mieux connu sous le nom de Norman Maine.
Ivresse et désordre public. Démoli sa voiture sur un arbre, rue Sunset.
Manifestement ivre depuis des jours.
Résistance aux forces de l'ordre et blessure à un policier.
- Comment plaidez-vous ? - Coupable.
Vous êtes l'acteur Norman Maine, n'est-ce pas ?
Vous avez sombré bien bas.
Personne n'a eu plus d'avantages que vous. Et voilà le résultat.
Vous n'êtes qu'un ivrogne irresponsable...
risquant de tuer des innocents au volant de votre voiture.
Je pense que je dois vous retirer ce pouvoir pour quelque temps.
- Quatre-vingt-dix jours de prison. - Attendez.
- Je suis sa femme. - Je vous reconnais, Mlle Lester.
S'il vous plaît, monsieur...
je promets que cela ne se reproduira plus.
Je m'en porte garante...
si vous lui épargnez la prison.
Vous rendez-vous compte que cet homme, quand il boit...
menace la sécurité publique ?
Vous rendez-vous compte aussi...
de la responsabilité que vous assumez envers la cour et le public ?
Je sais.
Sentence suspendue. Détenu confié à la garde de sa femme.
Merci.
Vous pouvez le rejoindre à l'entrée de la prison.
Jose Rodriguez.
Ivresse. Arrêté, rue Principale. Deuxième infraction.
- Comment plaidez-vous ? - Coupable, je pense.
Soixante jours.
"Bonne et heureuse année Service de la police"
Ciel ! Je suis fatigué...
Un instant, M. Maine, une photo.
- Non, je vous en prie. - Vous voulez faire une déclaration ?
"Le Quotidien de Los Angeles"
"Norman Maine confié à la garde de Vicki Lester après son arrestation"
"La vedette implore la cour de laisser son mari en liberté"
II dort encore. Il a dormi toute la journée.
Il en a besoin.
C'est terrible de voir l'homme qu'on aime dans cet état...
et de savoir au fond de son cour qu'il n'ira jamais mieux.
Tout ce que je peux faire, c'est d'être à ses côtés et de l'aider.
Je le ferai aussi.
Entre nous, nous en prendrons soin.
Tu l'aimes bien, n'est-ce pas ?
Je vous aime bien tous les deux.
Alors, je sais que tu comprendras ce que j'ai à te dire.
Après ce qui s'est passé hier soir, je pense que tu le devines.
Je ne peux plus faire de films. Je vais me retirer avec Norman.
Mais tu ne peux pas faire cela. Tu es au faîte de ta carrière.
Et tu as travaillé si fort pour y arriver.
C'est ça, le malheur. J'y ai réfléchi.
Peut-être que si j'avais été moins absente...
ce qui s'est passé hier soir et avant ne serait pas arrivé.
Je sais qu'il est trop *** pour y penser maintenant...
mais il n'est pas trop *** pour partir avec lui et recommencer.
C'est à ta vie que tu renonces.
Pour pouvoir rendre à Norman la sienne.
Peux-tu franchement me dire que j'ai tort de le faire ?
Non, Vicki. Je ne peux pas te le dire.
Alors, il n'y aura plus de...
Vicki Lester.
Viens. Accompagne-moi à la porte.
Au revoir, Vicki Lester. Tu as été une grande actrice.
Bonne chance, Mme Norman Maine.
Hé, chérie.
Maine vient encore s'excuser.
Je suis désolée, chéri. Ce n'est pas toi.
Quel autre problème as-tu ?
Aucun.
Je me faisais juste un peu de cinéma.
Écoute.
Je sors à peine du gouffre et c'est toi qui y tombes.
- Ce que la vie est étrange ! - N'est-ce pas ?
Voilà ce qu'on fera. Je promets d'être fort si tu cesses de boire.
Je suppose que j'ai bu un peu trop ces derniers temps.
J'ai pris une résolution. Je serai athlète.
Avec de gros muscles et tout ?
Eh bien ! En gros, oui.
Tu t'abonnes au YMCA ?
Non, c'est trop cher. Je vais patauger devant la maison.
- Maintenant ? - Bien sûr.
Tu veux que je t'accompagne ?
Oui, si tu le veux.
Je crois que je m'en abstiendrai.
Je pourrais ruiner ces belles boucles naturelles.
Tu as raison.
Mais, chérie, regarde. Tu pourrais me faire un grog...
Je veux dire une soupe, quand je reviens ?
Une bonne soupe chaude.
Et je préparerai ces bons sandwiches.
Est-ce qu'il le faut ?
Va, chérie.
Ne reste pas dans l'eau trop longtemps.
Tu permets que je te regarde une dernière fois ?
"La Dépêche de Los Angeles"
Le corps de Norman Maine est repêché au large de Malibu
L'étoile périt dans un accident.
C'est la première fois qu'il boit de l'eau en 20 ans.
Et encore, il l'a bue par accident.
Pardonnez-moi.
Comment dire félicitations à l'océan Pacifique ?
- La voici ! - On ne voit pas son visage.
- Éloignez-vous, de grâce ? - Vicki, fais voir ton visage.
Vous pouvez me donner un autographe ? Écrivez "Mme Norman Maine".
Ne désespérez pas. Vous vous en remettrez.
Reculez, s'il vous plaît.
Ne pleure pas, ma chérie. Il n'en valait pas la peine.
Tu permets que je te regarde une dernière fois ?
Voici les chèques de paye des domestiques.
Vous y trouverez une jolie prime.
Mlle Lester m'a demandé de vous remercier.
Si je peux faire quelque chose pour la petite dame, n'hésitez pas.
Elle apprécierait que vous l'aidiez à fermer la maison de Beverly Hills.
Posez ces malles par terre.
Posez-les, je vous dis !
- Eh bien ! Où est-elle ? - Dans la chambre. Qui êtes-vous ?
Je suis sa grand-mère. Hors de mon chemin.
Mamie, chérie.
Je suis si contente de te voir. Qu'est-ce qui t'amène ?
Je sais quand on a besoin de moi. Maintenant, sortez.
Allez-vous-en. Je veux parler à ma petite-fille en paix.
Je suis venue aussi vite que j'ai pu.
Mais je rentre à la maison. J'ai envoyé un télégramme hier.
Assieds-toi.
Est-il vrai que tu renonces à faire des films ?
Je ne veux plus en entendre parler.
Qu'est-ce que tu fuis, ma chérie ?
Je ne fuis pas.
Je ne peux pas continuer. Mon cour n'y est plus.
Je t'ai déjà dit que tu devais marcher sur ton cour pour avoir ce que tu veux.
Tu as dit que tu étais prête à le faire, tu te souviens ?
Je me souviens.
Il me semble que tu as eu plus que tu n'avais pensé.
Plus de renommée, plus de succès, même plus de bonheur.
Peut-être plus de malheur.
Mais tu as fait un marché.
Et maintenant tu t'en plains.
Je ne serais pas très fière de moi à ta place.
Je ne le suis pas, mamie, mais j'ai pris ma décision.
Je regrette l'argent que je t'ai donné pour venir ici alors s'il est gaspillé.
- Mais, mamie... - J'étais fière de toi.
J'étais fière d'être la grand-mère de Vicki Lester.
Ça me donnait une raison de vivre.
Maintenant, je n'en ai plus.
Je sais.
Je veux être forte, mais je ne peux pas continuer.
Tu dois.
La tragédie est un test de courage.
Si tu l'affrontes bravement, tu en sortiras plus forte.
Sinon, tu devras vivre toute ta vie avec un lâche...
car où que tu ailles, tu ne pourras jamais te fuir.
Je n'ai pas connu Norman Maine.
Il m'a écrit une lettre très gentille quand vous vous êtes épousés.
Il disait que tu lui avais dit ce que je signifiais pour toi.
Et je sais ce que tu devais signifier pour lui.
Tu sais, où qu'il soit, j'ai du mal à croire...
qu'il soit très heureux de savoir que sa mort a fait perdre courage...
à la petite fille qu'il me louait tant d'avoir élevée.
Et je ne peux pas croire qu'il soit très fier...
de savoir que tout ce que son grand amour t'a donné...
c'est de faire de toi une lâcheuse.
La voiture est prête. Nous devons y aller pour ne pas rater le train.
Rentrez la voiture au garage.
Tout le milieu du cinéma est réuni au cinéma chinois pour cette première.
On est venus rendre hommage à une grande étoile...
à l'occasion de son retour tant attendu à l'écran...
dans ce qu'on a appelé son plus grand rôle.
On est venus rendre hommage à la femme elle-même...
à la femme qui a gagné le cour de Hollywood...
à la femme qui a gagné le cour du monde, Mlle Vicki Lester.
Si je ne m'abuse, la voiture de Mlle Lester vient d'arriver.
Oui, c'est elle.
J'espère que la foule ne vous effraie pas trop.
Peu de choses m'effraient.
Un grand sourire, s'il vous plaît.
On verra votre bouille... je veux dire, votre visage...
dans la moitié des journaux du pays demain.
- De quoi ai-je l'air ? - Vous avez l'air bien.
Tu mens, mais tu me plais.
Voici la grand-mère de Mlle Lester. Vous voulez dire quelques mots ?
- Non... - Dites quelque chose, Lettie.
Nous avons un truc semblable que tout le monde écoute chez nous...
on l'appelle une ligne commune.
Dites un mot, je vous en prie. Nos auditeurs veulent vous entendre.
Peut-être que certains d'entre vous rêvent de venir à Hollywood.
Et peut-être que certains se découragent.
Si c'est le cas, pensez à moi.
J'ai mis plus de 70...
60 ans à y arriver.
Mais me voici et j'y suis pour de bon.
Merci infiniment.
"Bonne chance"
Vous pouvez vous adresser au monde entier par ce microphone.
Vos admirateurs espèrent que vous leur direz quelques mots.
Bonjour, tout le monde.
Ici Mme Norman Maine.
"Esther au microphone
Esther - Bonjour, tout le monde. Ici Mme Norman Maine.
L'ovation est sans précédent. La caméra s'approche d'Esther.
Des larmes perlent sur ses joues. Elle regarde au-delà de la foule...
de la confusion, du tumulte, vers un point éloigné.
La musique atteint son paroxysme. Fermeture en fondu. Fin."