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Précédemment dans Malviviendo...
Regarde-moi !
Repos, sergent.
Cours !
Ça fait tellement longtemps que j'attendais ça, fils de pute.
Fais pas cette tête, c'est pas le moment de sourire.
Cherche des forces pour courir, un scoot ou une trotinette,
une sortie.
Pense à de belles choses et concentre-toi. Cherche une raison
de vivre mal à 2.000 Km. de chez toi, sans rien faire.
Cherche l'issue de secours, une excuse pour arrêter les études,
une formation professionnelle. Cherche...
... un moyen d'arrêter de fumer, une boisson énergisante,
la raison pour laquelle tu courais.
Cherche un téléphone.
- Excusez-moi, il faut consommer. - Ah ! Un verre d'eau.
Et du feu, si t'en as.
Merci.
- Allo, Scorpion ? - T'es qui, toi ?
Qui est le connard qui me dérange à l'heure sacrée de la sieste ?!
- J'appelle de la part de Kaki. - Tu te fous de moi, fils de pute ?
Sois un mec, viens me le dire en face !
- Miguel Jerez, Kaki. - Ah...
- Excuse-moi. Tu as de quoi noter ? - Oui. T'as un stylo ?
J'écoute.
OK. Merci beaucoup.
Merci.
Quelle galère ! J'étais stressé.
J'avais besoin d'un joint spécial d'urgence et de me préparer au pire.
Je suis passé chez moi avant toute chose.
Il fallait que je me détende, que j'aie la tête froide,
les idées claires, et que j'élabore un plan.
Ça vient de quand j'étais au Tibet.
J'ai connu les druides qui vivent dans la montagne,
ceux qui contrôlent la force de la Terre,
de l'énergie, de l'univers depuis là-bas.
Là-bas y avait mon premier maître, mon professeur, Pongoll Premier.
Il m'a parlé d'Olalla, l'herbe sacrée de la terre de Jamba.
Olalla de Jamba.
Cette herbe, c'est impossible d'arriver où elle pousse.
Il n'y a que 4 moines autorisés à monter, le plus haut possible.
Moi, je voulais cette beuh. Mais elle est réservée à certains.
J'me suis mimétisé avec les plantes et le milieu.
J'étais mi-roche, mi-vent, mi-air.
J'ai beaucoup appris, j'ai étudié, j'ai médité et j'ai écouté le Monde.
J'ai dû trouver l'adresse, l'intelligence, le savoir.
J'ai couru comme un ouf avec les sacs du moine !
Il voulait me tuer. "La marijuana !", il gueulait.
Bref, il m'en reste un petit peu.
Donc, je te la donne pour quand ça ira pas.
Si t'as des idées noires, si t'as besoin d'un signe, fume-la.
Mais la fume pas en arrivant chez toi,
cette marijuana, elle est dure.
C'est comme sucer les bourses de Bouddah.
Mais pas ceux que t'achètes, genre "j'ai un bouddah !", non.
Le Bouddah de la montagne avec les couilles comme ça,
à lui, tu lui suces les bourses. Donc fais-en bon usage.
- Papa ?! - Pauvre type !
C'est quoi cette dégaine, crétin ? Tu fais quoi de ta vie ?!
J'ai bossé toute ma vie pour ce trou du cul ?!
Remonte ton pantalon ! T'as pas honte ?!
- Putain de merde ! Monte, on rentre. - C'est à 2.000 Km... d'océan !
Deux mille kilomètres ?! Me réponds pas. Monte, trou du cul !
Crétin, va.
C'était bien un joint super spécial : il m'avait mis K.O. douze heures.
D'un côté, j'étais détendu, j'avais les idées plus claires.
D'un autre, Kaki pouvait être enterré à Lebrija.
Je me suis changé et je suis sorti de chez moi tôt.
C'est pas une maison, ça. C'est une merde.
CHAPITRE 9 : CICATRICES
J'ai dit: "Pas trop de commérages, c'est un salon sérieux, ici !".
On n'a pas de presse people, nous.
On a Science & Vie, L'Express, pour que les gens apprennent, Loli.
Ou à la limite, Hola,
au moins, ils parlent de rois et de princesses.
Pour savoir la vie de pauvres types on fait un tour au parc.
- Y en a plein le quartier ! - Le quartier a mauvaise réputation.
Quand on me demande sur Internet,
je dis que je viens de Simon Verde ou d'un quartier du genre. Sinon,
ils nous prennent pour des zonards de merde.
L'important c'est la culture et le respect. Ça manque ici.
Tu connais la coupable, non ? La drogue, ma fille.
Elle a débarqué dans les années 80 et elle compte pas déménager.
J'pensais que quand les junkies mourraient ce serait fini. Que dalle !
Y a qu'à aller au parc et voir ces blancs-becs de merde
vendre à d'autres, et voilà, une autre génération pourrie.
- C'est la vipère qui s'mord la queue. - Ça, c'est bien vrai.
- Qu'est-ce que tu parles bien ! - T'as vu ? J'me cultive, ma belle !
Je lis des trucs intéressants, je regarde des documentaires.
C'que je t'ai dit tout à l'heure je l'ai lu ce matin, aux W.C.
Mais avec mes mots, pour que tu comprennes.
Il faut savoir de tout.
Zurdo !
- T'es occupé ? - Salut, ***.
- On a fini, non ? - Oui. Allez. Fais attention.
- A plus. - A plus ***.
T'as vu, Loli ? C'est un homme. Un galant, hein !
Les jeunes comme lui sauveront le quartier. Regarde-le.
Responsable, studieux, sportif...
Il gagne un peu de sous en distribuant des publicités.
Le seul problème c'est ses fréquentations.
C'est pas de sa faute,
- y a que des junkies dans le coin. - Bien sûr. C'est un bijou, ton frère.
Mulo ?!
Attends, j'vais laisser une p'tite boulette à Loli.
Mulo ?!
Ouais, Mulo, en fauteuil roulant. Mais attends, j'te raconte l'histoire.
Les faits ! T'aimes trop rajouter, on dirait un scénariste de Lost, mec.
Bon, j'ai appelé, une voix chelou a décroché,
et elle m'a dit d'aller à cette adresse.
Catania 25 ?
C'est pas dans le quartier, ça me dit rien.
- Et on fait quoi ? - Kaki me l'a passé, on y va.
Ça me paraît bizarre tout ça.
On dirait un bouquin du genre "suis tes propres aventures".
Un enlèvement, un appel, un mot, une adresse...
C'est The Game, ou quoi ?
Si ça se trouve, ils nous font un truc du genre Hostel.
Et si c'est la mafia russe ? T'y as pensé ? Ces gens-là...
- T'as la carte V.I.P. du vidéoclub ? - Postilla me doit plein de maille.
Il m'a laissé comme garantie un disque dur blindé de films.
Un térabit, des millions de gigas. Y a au moins deux cents films.
Mais des bête de films, hein.
Il les a choisis un par un. Il déchire, franchement.
Il m'a fait une liste spéciale et il a bien choisi, hein.
C'est un cinéphiliste.
Citizen Kane.
C'est un tueur en série qui tue les gens avec un marteau.
Marteau : kane.
La Mélodie du Bonheur, un remake de La Cité de Dieu.
Le Cercle des Poètes Disparus, comme son nom l'indique...
- Zombis ? - Exact.
Ah ! Officier et Gentleman.
C'est un petit qui commence à vendre de la drogue
et il devient le maître de la ville. Il me fait penser à toi, un peu.
Quand on parle du loup...
- J'te nique ta mère ! - Ferme ta gueule, fils de pute !
Qu'est c'que tu vas m'faire, enfoiré ?!
Les mecs ! Qu'est-c'que vous faites là ?!
Eh, c'est mes frères !
- On t'a vu hier, te-bé. - Hier ? Non, aujourd'hui.
Regarde-moi ce fonce-dé. Tu m'as rien acheté, à moi !
D'abord, j'peux plus te pé-cho.
Ensuite, c'est le seul remède à la narcolepsie, auto-médication.
"Narcolepsie", qu'il dit. Il manque surtout de sommeil !
Mec, tu veux quelque chose ?
- Vous voulez quoi ? - Deux, deux !
Kéta, non. T'es relou !
Salut, beau gosse !
- T'aurais pas une p'tite ligne ? - Non, j'ai pas ça, moi.
J'ai rien non plus !
- Elle est trop belle pour toi ? - Elle m'aurait coûté cher, surtout.
Tu vas t'endormir, bordel. Tu veux quoi ?
"L".
- "L" quoi, MD, speed ? - MD.
- On y va, nous. Tu viens ? - Ouais, vas-y.
Tu sais où on va et pour quoi faire ?
À Catania 25. On y va.
Quelle p'tite pute exotique ! Le sergent fait dans l'interracial ?
Tu parles trop, ferme-la.
J'vais t'dire un truc, fils de p...
J't'ai dit de la fermer !
Sors, ducon. Allez.
Très bien.
T'as une bonne droite, tu fais peur.
- Mais finis-en, bordel ! - Tu veux que je le tue ?
J'ai déjà assez de problèmes.
C'est mort, trouve-toi un autre pigeon.
J'en meurs d'envie !
Si je pouvais, je lui exploserais la tête avec un bâton,
et je le dépècerais petit à petit au coupe-ongles.
Mais j'suis nul pour tuer, moi. J'suis noble et catholique.
Le Seigneur me punirait pour ça.
- Non, Mulo. - Pourquoi j'te paye, alors ?
J'peux rester un bout de temps.
- J'le frappe bien. - Huit heures par jour !
- Cinq jours par semaine. - Je veux un contrat.
Ce type, c'est Carneperro.
Les meilleurs mouchoirs d'Espagne !
Son histoire est unique. Joaquin Moruno étant en prison,
Mulo n'avait plus de gorille personnel.
Almeja se souvint d'un mec qu'il avait connu des mois auparavant
et qui avait prouvé être un type réellement dur.
Eh p'*** brun ! Viens voir !
Les meilleurs mouchoirs d'Espagne !
- Combien l'amende, Will smith ? - Un p'*** euro.
Ce soir j'ai une teuf, j'ai besoin de l'euro, mon frère.
T'es dur en affaires ! Ils sont en soie d'Inde, au moins ?
T'as rien, toi ?
Démarre, Joaquin, c'est vert ! Fonce, fonce !
Ils m'ont volé, les fils de pute ! La putain d'sa race !
Va t'faire foutre !
T'as vu sa tronche ? La gueule du pied de Michael Jordan !
Fils de pute... Bref. Je disais quoi ?
Ouais, j'suis allé à Madrid. J'entre, épuisé, dans un bar.
J'demande un serranito au serveur.
- Il savait pas c'que c'était. - Jure ?! J'y crois pas.
J'te jure. C'est c'que j'lui ai dit.
"Tu connais pas le serranito ? T'as grandi dans une cave ?"
C'est le sandwich par excellence ! Ils connaissent pas là-bas.
Comme les seiches frites, y en a qu'ici.
- C'est grave, hein. - Ils sont bizarres dans le nord ! Comme les seiches frites, y en a qu'ici.
- C'est grave, hein. - Ils sont bizarres dans le nord !
C'est tellement bon le jambon, les crevettes,
- et le tinto avec de la limonade. - Bien sûr, mon pote !
J'lui ai dit : "Viens voir, cousin,
j'vais te rendre service, j't'explique le serranito de Triana.
Un filet de porc, une tranche de jambon et un piment vert frit.
Et, très important, la sauce aïoli. Et voilà, un trésor".
Tu sais c'qu'il m'a dit ? "On le fait ici aussi, jeune homme."
Tu sais comment ils appellent le serranito à Madrid ?
- Ils l'appellent pas "serranito" ?! - Mais non !
"Sandwich de filet au jambon et au piment." Oublie.
"Sandwich de filet au jambon et piment" ?!
Putain ! Ils sont bizarres, ces madrilènes !
Comment ils appellent la bière ?!
Attends, j'ai pas fini. Il dit :
"Ici aussi on a un trésor, jeune homme".
Tu sais c'que c'est ?
Le sandwich de calamars, mec !
De calamars ?! C'est dégueulasse !
- Tu sais c'est quoi le pire ? - Quoi ?
A Madrid, tu les sors d'où, tes calamars ? C'est dans le centre,
y a pas de mer, pas de plage ! Personne l'a remarqué.
Ça choque personne.
C'est comme si à Cadix on mangeait du gnou ou du Falete mariné.
J'vais m'arrêter 2 secondes, j'ai envie de ***.
- Arrête-toi là. Fais vite, hein. - T'inquiète.
- Pitié ! - Enculé !
J'vais te tuer, connard !
J'vais te tuer !
Ça va ?
Almeja, ça va ?
J'te défonce, moi, enculé !
Faut pas jouer avec moi.
Il a accepté de travailler pour Mulo en échange d'un bon salaire.
Je m'attendais à un local abandonné, une porte en fer dans une ruelle,
ou une maison genre Massacre à la Tronçonneuse.
La vie te surprend toujours.
T'es sûr que c'est ici ?
- C'est une réunion tupperware ? - Ou de speed !
Je peux vous aider, jeunes gens ?
- On cherche Scorpion. - C'est moi.
C'est toi qui as appelé ?
Tu as une belle voix, de conteur.
Entrez.
Voilà, un bon chocolat chaud, comme ceux de ma mère, j'en raffolais.
Jerez, je l'ai connu il y a longtemps. On était ensemble à l'armée.
- Vous étiez dans l'armée, Scorpion ? - Appelle-moi Juanmi.
Pendant 8 ans, oui. La belle époque...
En Bosnie, on a tué pas mal d'ennemis.
Quand on est rentrés en Espagne, j'ai tué quatre camarades.
Mais c'était une autre époque. Un biscuit ?
- T'es sérieux, là ? - Je suis toujours sérieux.
C'est une magnifique histoire.
Quand j'étais petit, j'étais très nerveux.
Je me fâchais pour rien, j'étais assez violent.
Mes parents pensaient que la discipline de l'armée m'aiderait.
Une idée complètement saugrenue.
Parce que, franchement, un gosse aussi fils de pute,
pourquoi l'envoyer à l'armée ?! Ce qu'ils t'apprennent là-bas,
c'est comment utiliser une arme ou comment soumettre l'ennemi. Donc...
Ce type à l'air d'enfant de choeur, c'est le caporal-chef Vega.
Un soldat aussi vaillant qu'absurde.
Personne ne lui faisait confiance, mais il appréciait beaucoup Kaki.
En quelques mois, tous parlaient du Trio Suture.
Le dangereux caporal Vega, alias Scorpion,
le boxeur invincible Jerez et le soldat Aguilar,
qui n'avait rien d'extraordinaire à part une tête de dur à cuire.
J'vais tous vous tuer !
Putain ! Ils ont touché Lopez !
Il va me manquer, sa mère la pute !
Mais j'ai dégommé dix ennemis !
Leur sang est mon essence, j'ai le putain de réservoir plein !
Bon, caporal, vous tirez à blanc, c'est une manoeuvre !
Et vous verrez Lopez après l'exercice, bordel !
C'est pour ça que vous tirez pas ?!
Mais quelle honte ! C'est la guerre ! Et nous, on est des soldats !
Donne-moi ça.
J'vais tous vous tuer !
- J'en ai dégommé 17 ! - Caporal, c'est qu'un jeu.
Aucun d'entre nous n'a fait la guerre !
Parle pour toi, pédale ! Fais les choses correctement !
Nous, on est des soldats et eux, des ennemis !
Mais vous n'avez jamais été au front, vous savez rien de la guerre !
Vous n'êtes que des lèche-culs !
Y a pas de bons soldats ici.
Que des gamins avec un p'*** flingue qui dureraient pas 2 secondes dehors.
Pourquoi ?
C'est plus dangereux d'faire un tennis qu'une manoeuvre de Romero.
Un peu d'action, merde ! C'est pourri, ça !
Écoute, moi, je baise Romero et son crâne chauve
mais il sait plein de trucs sur les stratégies militaires
et ça fait des lustres qu'il est dans l'armée.
Comment tu veux y croire, putain ? Une cour d'école et des pétards !
Et bah, Vega ! Prends exemple.
Ce type a plus de couilles que t'en auras jamais, inutile !
Caporal, vous avez vraiment autant d'imagination pour y croire ?
Putain !
Aguilar... Aguilar !
C'est la guerre, ce sont les ennemis et nous, on est des soldats !
Tu piges pas, ils viennent nous tuer, violer nos femmes, voler nos récoltes !
Je suis le caporal Vega ! Il est là, ton caporal.
Et lui, c'est mon ami Jerez qui me couvrira quand j'irai charger.
Et toi, t'es le p'*** soldat qui va se cacher.
Reste ici et t'auras une médaille.
Du calme !
Trop bien expliqué, ma couille. Prends mon fusil !
Non, pas de fusil.
J'préfère le couteau, pour trancher des gorges.
Mon pote... Jerez, mon numéro, si on s'en sort.
On se soûlera et on luttera à nouveau ensemble, compris ?!
Sinon, on se verra en enfer, bordel !
Tu m'as bien compris, hein ?!
Scorpion, arrête tes conneries maintenant.
J'vais tous vous tuer, fils de pute !
Caporal, c'est une manoeuvre, c'est pas une guerre !
- Ce fils de pute... - J'vais te tuer !
- C'est pas un faux, ce couteau. - J'vais te tuer, enculé !
Putain ! Il a égorgé Bermejo !
- Et Garcia ! - On va voir si t'as des couilles !
Il est barjo, ce type !
Évidemment, le caporal Vega, Scorpion, fut interné en centre psychiatrique.
Le Trio Suture se dispersa et chacun suivit son chemin.
Kaki se mit à boxer pour de l'argent et Aguilar commença dans la cuisine.
Je suis resté 6 ans en psychiatrie
et avec le traitement, j'ai pu me réinsérer dans la société.
Après...
j'ai emménagé ici avec ma soeur et j'ai trouvé un autre job.
- Et ta soeur ? - Je l'ai tuée.
Oui, je l'ai tuée.
Je lui ai donné des fruits de mer et elle était allergique.
Qui l'aurait dit ? Une femme qui mange sa première crevette
à 34 ans...
- Et... tu fais quoi, maintenant ? - De la pâtisserie.
Une autre passion, avec la violence que je ne pratique plus aujourd'hui.
D'ailleurs, ces biscuits que vous mangez,
je les ai faits moi-même.
- T'as de la patte ! - Merci beaucoup, vraiment.
J'adore faire des expériences, des fusions. J'adore Ferrán Adriá,
je suis fan.
Tu pourrais écrire un livre, ça marcherait du tonnerre.
Elles ont une touche salée.
- C'est quoi l'ingrédient secret ? - De l'urine. Du pipi pur et simple.
Mais du pipi sain, hein. C'est le mien, mon pipi.
C'est-à-dire, j'aime faire les choses, tu vois...
des expériences. Ce que je fais de mieux,
ce sont les tartes au fromage et les biscuits de flux corporels.
C'est trop révolutionnaire, mais innovateur.
Les galettes sont baignées... Merde.
Merde !
Tu peux te décaler, s'il te plaît ?
Les effets secondaires du traitement... Je baise vos mères, fils de pute !
J'baise votre pute de mère, je chie sur vos morts !
Vous voulez quoi, bande d'enculés ?!
Ça me prend parfois, le traitement : ils n'ont pas dû...
Fils de pute !
Pardonnez-moi.
Je crois que le traitement a des... des effets secondaires.
Qu'est-ce qui est arrivé à Jerez ?
On lui a raconté l'histoire de Kaki,
qu'ils l'avaient eu et qu'on devait l'aider, s'il était encore vivant.
Il nous a dit qu'il n'était plus comme avant.
Jeunes gens, je ne suis plus comme avant.
Je peux vous faire des gâteaux de pamplemousse,
ils sont exquis. Ou alors, sur un coussin,
faire directement un point de croix et broder votre nom.
Mais je ne... non.
Et si on utilise tes coups de pression ?
Oui, ils pourraient être utiles. Mais, non, j'me sens pas de...
Non, sincèrement. Je suis désolé.
- Et tu as le numéro d'Aguilar ? - L'inutile ?!
Vous voulez vraiment ce numéro ?
Sérieusement ?... D'accord.
Il passa un coup de fil et nous donna le numéro d'Aguilar.
Il nous fallait quelqu'un comme Kaki, c'était le seul moyen.
Vous n'allez pas me laisser ce biscuit, quand même ?
Mange-le !
Ah bon ?
Tu rigoles dans ta barbe ?
Allez, mâchez bien, que je vous voie.
On fait quoi maintenant ?
On n'a pas Scorpion, pas de plan, on sait pas où est Kaki, s'il est vivant,
- un goût de merde dans la bouche... - Je crois savoir où il est.
Ces mecs-là sont super prévisibles.
On est partis, conscients qu'on avait perdu une demi-journée.
Clairement, Scorpion... pardon, Juanmi était complètement cinglé.
Il avait dû être un homme de confiance, mais il y avait une grande différence
entre celui que Kaki connaissait et celui que nous avions connu.
On avait le numéro de cet Aguilar et même s'il était nul,
on a toujours besoin d'une tête de turc.
Tu casses pas 3 pattes à un canard.
Tu fais pas de basket ni de foot, tu cours pas comme le vent,
tu fais pas de breakdance, tu vends pas de mouchoirs,
et tu tapes pas les paralytiques.
Franchement, Eddy Murphy doit se retourner dans sa tombe.
Carneperro ne reçoit pas d'ordres, Carneperro est son propre maître.
Carneperro est mafieux, précieux.
Entre nous, j'ai jamais entendu de surnom aussi naze de ma vie.
J't'ai défoncé un jour, je pourrais recommencer.
- Fais gaffe. - Chien d'la casse,
tu m'as choppé par surprise quand Moruno était loin,
- C'est lâche, pédale. - C'est toi, la pédale.
T'as une gueule de pédale, les pédales frappent les boiteux,
les pédales disent à leur chef de se faire sucer par une pute.
Je l'ai pas appelée, moi. C'est lui ou c'est toi, compris ?
Tais-toi, p'tite pute.
En réalité, c'est nous qui l'avions appelée.
Quelle professionnelle !
T'as bien vu qu'elle marche encore !
Maintenant, va le raconter.
- D'accord ? - Bien sûr, chéri.
Ce n'est pas la 1ère fois qu'une amie prostituée nous file un coup de main.
C'est pratique, comme un ami informaticien, électricien ou médecin.
On savait que Mulo était un client habituel de Mamen.
C'était la seule qui pouvait voir le panorama à l'intérieur.
Quelle fille de pute, je la sens d'ici !
Y en a 2 au gymnase, 2 à la porte et 1 aux toilettes. Pas grand chose.
T'es trop forte.
Et Paco le Muet.
Le premier obstacle était un célèbre faiseur de guet.
Célèbre car il fait le guet depuis tout petit.
Parce que rien ne lui échappe.
Parce que le matin, il exerce un des métiers les plus mélodieux :
aiguiseur.
Mais célèbre surtout parce qu'il est sourd-muet.
Etant donné sa profession, c'est assez pittoresque.
Paquito ! Je m'attendais pas à te voir.
Tu me fais une faveur, tu me dis si ton chef est là ?
Il est pas là ou tu veux rien me dire ?
Il est où, dis-moi ? Allez, fais-moi ton truc, là.
Il est où ton chef ?
Il est sorti, d'accord.
Non ! Arrête !
Il est allé aux putes ?! Avec Véro ou Mamen ?
Tu sais pas ? Par où il est parti ? Par là ?
Une balle ?
Avec d'autres gens ? Il fait un marathon ?
C'est quoi, ça ?!
Il trait des vaches ?! Tu te fous de moi, toi.
J'vais t'dire un truc, tu vois ça ? Pour toi
et ton chef, quand tu le verras. Fais bien attention à toi, petit.
Va falloir faire diversion.
Ces biscuits sont excellents. C'est un artiste, ce mec.
- J'veux qu'il m'adopte. - Mortels, mais j'suis calé.
Tu sais qu'il les fait avec ses flux ?
- Des flux humains, de mec, quoi. - Hein ?!
Il fait ses biscuits de merde avec son fluide, là.
Quels fluides ?
Il éjacule, il pisse et il chie dans sa galette de merde !
- Tu bouffes sa merde, là. - Quel enculé !
Je lécherais ses chiottes, tiens.
Tu dégoûtes ! T'es malade, Postilla.
C'est lui, le type ?
- Aguilar ? - Il fait chaud en enfer ?
Salut ! T'es pas du quartier ?
Non, je viens de très loin. Je viens de Séville Est.
Mais la périphérie me passionne, je me sens chez moi.
Les ordures de ces rues me rappellent la dureté de mon enfance qui...
- Bon, j'vais t'expliquer le délire. - Excusez-moi, mademoiselle.
Je t'excuse, prépuce, puce et postpuce.
Pardon ?
Bouge.
Tu vois le mec à la porte ?
Affirmatif.
OK. Dans l'atelier y a Kaki et d'autres mecs craignos.
Ta mission serait de les éliminer.
Les éliminer...
J'ai besoin d'armes à feu et de munitions.
Les éliminer ou les assommer, sinon.
- Avec un bâton, ça marche aussi. - C'est un peu primitif mais bon...
Vous êtes sûrs de vous ?
Tout est sous contrôle. En plus, t'as l'air fort.
T'es balaise ! Allez, vas-y !
En réalité, on contrôlait que dalle.
On savait juste que Kaki était dedans avec 6 mecs et que le Muet surveillait.
Notre unique espoir était qu'Aguilar soit le héros qu'il avait l'air d'être.
N'importe quoi ! Pressing Catch, du bluff ?!
Les stades sont blindés !
C'est un théâtre, Pressing Catch. Comme la télé-tirelire,
Mystères ou la Premier.
- La Premier League ? - La ligue de foot anglaise,
c'est le plus grand mensonge du monde, le plus grand théâtre.
C'est négocié : gagnants, perdants, buteurs... pour contrôler les paris.
Ça saute aux yeux, mec. Pourquoi ils marquent autant ?
Leurs joueurs sont balaises et les nôtres sont tout pourris.
Genre Luis Garcia, Henry...
- Qui d'autre ? - McManaman.
J'avoue...
J'sais pas si c'est le biscuit ou la rave, mais ça m'paraît logique !
Je suis prêt.
Vingt minutes en plus, ça aurait pas été de trop !
RUE DU GÉMISSEMENT
C'était le moment de mener à bien le pseudo-plan improvisé.
D'abord, dérouter le Muet. Comme on ne pouvait pas le siffler,
on a utilisé un objet curieux et...
et tranchant.
Ensuite, laisser Aguilar devant la porte et frapper.
Je vous l'avais dit : un pseudo-plan improvisé.
Quoi ? T'es qui, toi ?
Je suis le directeur de tes cauchemars.
J'ai entendu un nez cassé !
- Au moins, ouais ! - Cette branlée !
Quel enculé, ce Bunbury ! On y va, allez !
Voilà où j'étais.
Un bâton dans la main, face à des mâtons armés.
Un dimanche après-midi !
Je pris conscience qu'un coup perdu pouvait traverser mon pancréas,
que je n'étais pas dans le droit chemin,
bien qu'il m'ait paru commode au début.
Je pris conscience que ma vie ne valait pas un clou.
SOUS-TITRES: Juliette Mora juliettemora@hotmail.fr