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Y'a des jumeaux qui nous accostent et qui nous disent :
"On est comme vous, les mecs !" Mais non,
C'est pas vrai. Tu vois ?
T'es pas comme nous.
T'as jamais été crédible, mec.
Tu le seras jamais.
Tu vivras jamais
ce qu'on a vécu
pour en arriver là.
Commençons par le commencement : Chattanooga, Tennessee.
Vous êtes déjà allés à Chattanooga ?
Chattanooga, c'est un peu
touristique parce qu'il y a un aquarium
et leur connerie de Rock City.
Je sais pas comment les autres voient ça
mais cet endroit et la manière dont on y a grandi, ça défonçait.
C'est une putain de petite ville ghetto.
Le premier truc que tu vois,
c'est East Lake Courts ! Matez-moi ces beaux logements.
C'est ce qu'il y a de plus dangereux
à Chattanooga.
Ces rues là, selon l'heure à laquelle tu te pointes,
soit tu te fais descendre, soit tu baises.
Gamins, on traînait avec des putes.
C'est chaud, on était dehors et des types chelou se ramenaient :
"Je vous emmène ?" Des mecs ont essayé de nous kidnapper.
Pourquoi ils voulaient nous emmener ?
Ils voulaient nous enculer, ouais.
Regarde, là, ils ont plus de merde dans leur jardin
que 10 baraques. Y'a un flic là, il zone,
il parle à des dealers. On sent l'odeur de la cuisine.
On a grandi dans la misère,
avec des bons alimentaires. Notre père était handicapé donc on recevait un chèque tous les mois.
C'était hyper ghetto.
Nos parents nous ont élevés en nous disant les choses
exactement comme elles étaient.
On matait des films interdits aux moins de 18 ans quand on avait 5 ans.
Et vous trouvez ça bien ?
Ouais. Parce qu'on a découvert ce qu'était vraiment la vie.
Vous avez combien de sœurs ?
2.
Ce qui est dingue, c'est qu'on a une sœur qui est allée à Harvard.
Elle a étudié toute sa vie, elle a eu une bourse
pour aller dans des écoles privées.
On misait sur elle pour devenir la fortune de la famille,
genre : "Rien à battre, on va skater, elle va devenir riche
et on n'aura rien à foutre." On le pensait vraiment.
On n'est jamais allés au lycée.
Sérieux ?
Ouais.
On s'est arrêtés à la première moitié de la 4e. J'emmerde l'école, on a toujours détesté ça.
On nous a toujours cassé les couilles à l'école.
Je suis sûr que maintenant, les skateurs sont populaires à l'école
mais c'était pas comme ça.
Vous avez pas dépassé la 4e ?
Non. Je dé*** toujours ça. Je regrette pas d'avoir arrêté.
Je veux pas aller à l'école.
Les gens essaient de nous y faire retourner, pas moyen.
On était des cancres. Des putain de mauvais garçons.
On n'est pas allés à l'école, on faisait rien que du skate.
Et quand votre mère est partie ? Elle a quitté votre vieux...
Pourquoi elle est partie ? Elle avait une raison ?
Elle était malheureuse. Il était handicapé, elle voulait vivre sa vie,
elle a eu 4 gamins toute sa putain de vie,
elle s'est mariée à 16 ans. Elle en pouvait plus,
elle voulait vivre sa vie et c'est ce qu'elle a fait.
Maman a quitté papa quand on avait 12 ans.
On était très proches de notre père.
Il avait un pacemaker, c'était foireux.
Il devait prendre de l'insuline, plein de merdes à cause du diabète,
il prenait 5 médocs par jour. C'était dingue.
Vous avez dû prendre soin de lui ?
Un peu. On l'a vu mourir.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Ce qui s'est passé, je veux pas trop en parler
parce que c'est assez émouvant.
Il nous a réveillés un samedi matin en nous disant :
“Je me sens pas bien." Il s'est évanoui, on était là :
"Putain, il se passe quoi ?"
J'ai appelé les urgences et ils nous ont dit de faire du bouche-à-bouche
et tout, on a tout essayé, ça marchait pas.
Et l'ambulance s'est pointée, ils ont fait des électro-chocs
et on est sortis de la pièce, on flippait,
on voulait pas y croire, on était fous.
On se disait qu'il allait bien parce qu'ils l'ont amené
mais au fond, on savait déjà.
Notre tante nous a appelés une heure après et nous a dit :
“Votre père est mort."
C'était dingue.
Vous avez quelle relation avec votre mère ?
On lui en voulait tous un peu
parce que ça craignait qu'elle soit partie.
Donc on était à Chattanooga, notre mère était à Knoxville
donc après la mort de notre père, on a dû bouger à Knoxville, Tennessee.
Un autre coin paumé.
Mais on a rencontré un mec, Chris Scoggins.
Il avait 5 ans de plus que nous et vivait au coin de la rue.
C'était le début des années 1990,
Je traînais dans ce quartier
et j'ai vu ces 2 jeunes assis sur les marches.
Ils finissaient leurs phrases mutuellement,
je pouvais pas les distinguer, avec leurs longs cheveux noirs
et leurs skateboards Misfits.
On se retrouvait tous les jours, on skatait devant la maison
et on se frittait avec les jeunes du quartier, on se battait et tout,
on cherchait les putes, on gueulait quand elles passaient.
Et on s'est appris à skater.
Il nous a vraiment montré ce qui était cool.
On skatait dans le quartier, on a waxé un curb
devant un magasin et on était vraiment à fond dans le skate,
on a commencé à skater pour de bon.
Je skatais beaucoup mais quand je les ai rencontrés, ils m'ont expliqué
la différence entre un kickflip, un nollie flip, un switch foot, un fakie flip...
Ils m'ont appris qui étaient Pepe Martinez, Mike Carroll
ou Stevie Williams.
J'en savais rien, je skatais juste.
Sidney et Thurman étaient mes skateurs préférés.
C'était génial, c'était la meilleure période de notre vie.
On skatait tous les jours, toute la journée et on faisait la fête.
On faisait du stop pour aller skater dans le centre d'Atlanta
et on skatait avec des mecs plus âgés
parce qu'on était dans le même délire.
Y'avait un mur à graffitis
qui s'appelle Forty Yard
dans le centre d'Atlanta.
On skatait tous à Forty Yard, on l'a construit ensemble.
Les jumeaux se ramenaient, ils parlaient pas beaucoup
mais ils déchiraient toujours.
C'était une super époque.
J'ai vu des vieilles images, vous étiez bons.
Pourquoi vous avez pas continué dans le skate ?
On pensait qu'on faisait ce qu'il fallait mais en fait,
c'est comme être sélectionné en NBA.
C'était notre rêve, c'était le rêve de tout le monde.
Notre rêve, c'était de recevoir du matos gratuit, de recevoir un carton, je trouvais ça dingue.
Vous avez jamais pensé à aller en Californie ?
Si, mais on flippait à 'époque.
Si on avait traîné à Pier 7 et tout...
C'est fou, maintenant on est potes avec tous ces mecs
et on s'entend hyper bien avec eux.
Si nos vidéos avaient circulé à l'époque, je pense qu'on aurait réussi.
La première fois que j'ai rencontré les ATL Twins, on les appelait
les Kalis Twins à Atlanta,
un truc comme ça.
On s'est bien entendus, mec.
Ils étaient cool, ils ont le même genre de passé que moi
en matière d'enfance, d'histoire familiale,
sans oublier que c'est des skateurs de street,
ils déchirent, ils savent tout ce qu'il y a à savoir
sur le skate.
Je suis trop content de les voir à chaque fois.
Voilà le terrain de jeu.
Cet endroit est génial, on dirait un centre commercial de bourges.
C'est comme le park de Stevie Williams.
Tu sais jamais qui tu vas rencontrer ici. Anthony Williams.
Hé, ça roule ?
C'est privé, et ça défonce.
Quelqu'un a posé Tupac, là.
Plein de gens sont venus taguer ici.
Des tables à manual, des ledges, des petits ledges.
Hé, Dorien. Ralentis, mec.
On va skater et voir ce qu'on peut faire.
On skate plus tous les jours, mais on va voir ce qu'on peut faire.
On n'est plus comme ça, on adore toujours mais...
Je veux juste boire et baiser des meufs, je veux pas skater.
J'adore skater mais j'ai plus 13 ans.
Toi aussi tu dois mettre un tricks ici, mec.
Allez.
Juste un tricks, mec.
Personne veut voir Marv Albert dans un contest de dunks.
Allez mec, tout le monde veut te voir. Je veux te voir.
Frontside noseslide.
On va t'encourager.
Sérieux.
New Jersey jusqu'au bout.
New Jersey jusqu'au bout, il sait skater, Chris Nieratko sait skater, enculés !
C'était fou, c'était chimique, c'était un putain de tricks.
Il faut l'accélérer.
C'était dur !
Tu l'as maintenant.
[BIENTÔT] On a dit à Selena
que ses fans nous attaquaient.
Elle nous a dit : "Ouais, les faites pas chier.
Ils sont fidèles."
C'est une armée
de 5 à 10 millions de personnes.
Vous voulez l'appeler maintenant, voir ce qui se passe ?
Carrément.