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je pars là-bas et réellement
rapidement je découvre une réalité un peu compliquée
d'abord un pays qui m'a beaucoup étonné parce que
au début
c'était l'Amérique latine et j'avais l'impression
d'être nulle part en fait je n'arrivais pas à savoir où j'étais c'était pas l'Amérique du sud
que j'avais vu... ce n'était pas l'Argentine
ce n'était pas les Andes c'était pas la Colombie
c'est encore autre chose... c'est pas les Caraïbes, c'était un ovni un peu pour moi le Venezuela
alors en plus
je pense
un pays à part parce qu'il était en train de vivre
une espèce de moment historique un peu étrange
donc tout de suite j'ai trouvé que les gens étaient un petit peu tendus
j'ai trouvé que c'était un pays
qui avait des crispations
on sentait qu'il y avait malgré tout ces paysages
ce côté luxuriant cette végétation ces plages
tout est formidable on est dans un très très beau pays
et malgré tout ça je trouvais que les gens
parfois tiraient un peu la gueule que c'était tendu
il y avait un problème je trouvais de relation entre les gens, on se
parlait pas toujours bien parfois on vous dit "mi amor"... -tout ce que vous voulez
mais en même temps derrière c'est quand même très très rude
il y a des relations extrêmement
violentes
qui en plus
se répercutent évidemment
au quotidien à travers un taux d'homicides exponentiel
et une réalité macabre que l'on vérifie tous les jours en ouvrant le journal
ou en le découvrant à la télévision donc et même au coin de sa rue
ou chez son voisin...tout le monde entend des histoires absolument
terrifiantes... moi je n'avais jamais connu ça de ma vie, j'ai pourtant vécu
en Afrique dans des pays qui ne sont pas extrêmement
"safes"
comme on dit en anglais
et je n'avais jamais vu ça
je savais pas ce que c'était de vivre dans un pays où
les gens rentraient tôt à 5h et demi sautent dans le métro
se barricadent chez eux derrière 4 cadenas parce que je sais pas
il y a des balles perdues le soir
bon ça c'est un truc... j'avais entendu je savais que ça existait en Amérique latine
mais dans mon idée c'était plus... Bogotá... d'autres pays
en fait... le Brésil
tous ces pays-là en fait entre-temps
je voulais pas être parano avec cette histoire d'insécurité je disais
non mais c'est des histoires
les Vénézuéliens
ont besoin d'en rajouter c'est l'anti-chavisme pur et dur
on le sait c'est le discours
typique de l'opposition comme d'ailleurs
le dit souvent Chávez "c'est une arme qu'on
monte contre moi mais c'est pas vrai
tout va bien"
Dès que j'arrive à Caracas c'est ce que je raconte dans le premier chapitre
on sent qu'on est dans un pays corrompu
ça c'est clair et net
l'aéroport de Maiquetía
je vais le répéter plein de fois dans la soirée
mais j'ai vécu dans
beaucoup de pays en Afrique
je sais ce que c'est des pays où il y a du caroube où c'est le bordel etc...Maiquetía c'est quand même très spécial on sent que...
... il y a une espèce de barnais un peu bizarre on vous contrôle toutes les cinq minutes à la gueule du client ou au faciès, il n'y a pas qu'en France
parce que on a une tête de blanc ou de «catire» alors tout de suite hop
on vous demande le passeport monsieur vous venez d'où ?
bon voilà, pourquoi on vous soupçonne ? je sais pas quoi... de trafic de drogue
ce qui fait vite sourire parce que vous savez que vous êtes à côté de
la plus grande
du plus grand centre
de drogues du monde qui est la Colombie et qu'on s'imagine bien que toute cette drogue elle
ne passe pas par l'aéroport de Maiquetía mais qu'elle passe par
des bateaux
voire même des sous-marins
et d'autres systèmes
ça ça fait partie aussi du spectacle qu'on découvre très vite à Maiquetía
mais qui est un peu angoissant quand on connaît pas quand on n'est pas habitué
moi je pensais souvent à ceux qui ne connaissaient ni l'Afrique
ni l'Amérique latine qui n'avaient pas beaucoup voyagé et je me disais
ils doivent se prendre une sacrée claque parce que c'est quand même
assez [violent]
un peu rude
et cette impression ne m'a pas quitté
et après
j'ai compris pourquoi c'était rude comme ça
d'abord parce que je pense que c'est un pays qui a foncièrement perdu
des valeurs, je trouve que la société vénézuélienne
elle est quand même un peu
de par son expérience politique
non seulement tendue mais un petit peu malade c'est-à-dire
que c'est un petit peu encore la loi du plus fort
toujours cet exemple
je sais pas la loi du plus fort ça veut dire par exemple y a pas de
civisme
il y a pas de civisme au Venezuela
vous traversez une rue
celui qui a un 4x4 va vous rouler dessus
parce que c'est comme ça parce que c'est la loi de
« j'ai une plus grosse voiture, pousse-toi de là je m'y mets »
je trouvais que c'était pas des idéaux
socialistes, c'étaient pas de valeurs
civiques que moi on m'avait
apprises comme étant
celles de l'humanisme etc je me disais quand même il y a un gros problème entre ce
que j'entends dans les grands discours de Chávez à Copenhague
ou je ne sais où à l'ONU
et cette réalité d'un peuple qui apparemment n'a pas retenu ce qu'il disait
Je trouvais que c'était quand même pas
une société qui donnait l'impression d'être solidaire
sorti du clan familial
je trouvais qu'il y avait pas de
civisme et de solidarité
...ça c'est quand même
[Petkoff] parle d'une autocratie