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Le 24 juillet 1967, le Président français Charles de Gaulle
prononce un discours du balcon de l'hôtel de ville de Montréal,
qui se terminera par une phrase restée célèbre.
Ces quelques mots vont provoquer une crise diplomatique entre la France et le Canada,
le gouvernement d'Ottawa accusant De Gaulle d'ingérence dans ses affaires.
À son retour en France, il dit à ses ministres :
"Il fallait que je parle aux français du Canada,
nos rois les avaient abandonnés."
De Gaulle fait ici référence au passé colonial français en Amérique du Nord,
qui s'est inscrit dans une lutte féroce avec le monde anglo-saxon,
et qui se terminera par l'abandon des colonies.
Mais quels ont été les grandes étapes de la présence française sur ce continent,
et comment celle-ci se solda par un échec ?
Voici quelques éclaircissements...
Depuis la fin du moyen-âge,
la route de la soie vers la Chine permet de ramener épices,
métaux et matières rares en Europe.
La Chine incarne également un rêve de grandeur et de richesse,
alors lorsque les Turcs prennent la ville chrétienne de Constantinople en 1453,
et bloquent la route,
les européens doivent trouver d'autres moyens de se rendre en Orient.
De grandes expéditions sont lancés,
notamment par le Portugal et l'Espagne,
ce qui permettra à un certain Christophe Colomb,
de poser le pied sur un nouveau continent,
qu'il confondra logiquement avec l'Inde.
C'est ce qui donnera le nom d'indien aux tributs autochtones vivant à cet endroit.
Cette histoire on la connaît tous,
mais ce que l'on sait moins,
c'est que le Portugal et l'Espagne vont signer un traité
où ils se partagent ce nouveau monde juste entres-eux,
excluant tous les autres royaumes.
Le traité de Tordesillas est validé par le Pape,
ce qui le rend opposable à tous.
Cela va freiner quelque peu les ardeurs de pays comme la France et l'Angleterre,
qui étaient d'ailleurs plus préoccupés par des questions continentales.
Le tour du monde de Magellan bouclé en 1522,
réveille quelque peu l'intérêt des français.
Ils vont envoyer une expédition, conduite par une italien :
Giovanni da Verrazzano.
Il va donc partir de Dieppe en 1524,
et longer la côte nord-est américaine.
C'est à cette occasion qu'il va découvrir le site de l'actuel New-York,
qu'il va nommer "Nouvelle-Angoulême".
Donc New-York aurait pu s'appeler Nouvelle-Angoulême.
Alors je n'ai rien contre la ville d'Angoulême mais New-York ça claque un peu plus quand même.
Encore aujourd'hui, le pont Verrazzano-Narrows est là pour rappeler cette découverte.
Une étape importante aura lieu avec l'aménagement par le Pape du Traité de Tordesillas,
ne limitant plus l'exploration de nouvelles terres,
puisque les terres inconnues découvertes,
peuvent désormais être revendiquées par d'autres royaumes.
Ni une, ni deux, François 1er finance des expéditions,
dont la plus célèbre sera celle de Jacques Cartier en 1534.
L'objectif est de rapporter or et richesse,
mais Cartier va faire chou blanc concernant cette mission.
Par contre des contacts sont établis avec des tributs,
et les 1ers trocs se mettent en place.
D'ailleurs le terme de Canada apparait à cette époque.
Il fait référence au village de Stadaconé,
situé sur l'actuel Québec,
et vient de Kanata, signifiant "village" en Iroquois.
En 1559, la paix du Cateau-Cambresis met fin aux guerres européennes,
et sous l'impulsion de l'Amiral de Coligny,
une expédition protestante est envoyée en Floride.
Malheureusement les très catholiques espagnols vont massacrer tous les colons.
La France plonge ensuite dans les guerres de Religion,
et va délaisser quelques peu l'entreprise coloniale.
Le développement viendra plutôt d'initiatives privées,
notamment d'un très riche armateur, Jean Ango,
qui va développer le commerce et notamment celui de la pêche à la morue.
Le poisson était très prisé à l'époque,
puisque l'église interdisait la viande environ 150 jours par an.
Mais par contre elle ne disait rien concernant la consommation de poisson,
donc on en mangeait les jours où la viande était interdite.
Afin d'assurer la conservation de la morue,
une technique de salage devait avoir lieu à terre,
ce qui va favoriser le contact avec les tributs autochtones.
C'est également à cette époque que va se développer le commerce de fourrure,
très tendance à Paris.
À la fin des guerres de Religion en 1598,
aucune colonie n'a véritablement était établie,
mais de nombreux contacts ont été noués avec les autochtones,
ainsi qu'une certaine connaissance du terrain,
et cela sera bien utile pour la colonisation qui aura lieu au XVIIème siècle.
Le XVIIème siècle va marquer une reprise en main par l'État de la colonisation,
en soutenant souvent des initiatives privées.
En 1603, François Gravé du Pont accompagné d'un certain Samuel de Champlain,
vont participer à ce que l'on nomme les "tabagies de Tadoussac"
Alors ce sont des cérémonies rituelles avec calumet,
dégustation de castor et danse en tout genre.
Concrètement ce sont des grosses teufs où on s'éclate la tête...
En participant à ces fêtes ils comprennent que l'établissement d'une colonie durable
répond à un préalable :
une alliance solide avec les indiens.
Les Français s'associeront avec les Hurons, hurons, petit patapon :)
C'est ce même Samuel de Champlain qui va créer la ville de Québec en 1608,
Québec signifiant "là où le fleuve rétrécit en iroquois"
où "Débarquez !" en montagnais, venant du mot Képak.
Bon, Champlain a débarqué là où le fleuve rétrécit.
Québec est une place hautement stratégique car située sur des falaises,
et donc très difficile à prendre.
C'est d'ailleurs dans la 1ère partie du XVIIème siècle
que vont être crée 2 autres villes :
et qui vont constituer une réseau commercial essentiel :
Trois-Rivières en 1618 et Montréal en 1642,
qui était à la base une colonie de missionnaire,
dont le but était de convertir les sauvages.
Alors je ne reviendrais pas trop sur le rôle de l'église pendant la colonisation,
ce n'est pas notre sujet,
mais on peut noter que le but des français était plutôt la conversion et l'intégration des indiens,
plutôt que la destruction des tributs.
En 1627 le Cardinal de Richelieu va tenter de relancer la colonisation
à travers la Compagnie des 100 associés,
qui accorde un monopole commercial sur 15 ans.
Malheureusement pour lui une guerre éclate avec les anglais en 1628,
et le Général Kirk va enlever 400 colons ainsi que la ville de Québec.
La ville sera restituée quelques années plus *** par le traité de St-Germain en Laye,
mais c'est encore un échec, malgré de belles ambitions initiales.
Alors il faut noter que l'État en accordant des concessions,
oblige les commerçants à peupler les territoires,
mais ceux-ci ne le font pratiquement jamais.
Pourquoi ?
Et bien tout simplement parce que le réseau commercial français repose sur l'entente avec les indiens,
qui ramènent par eux-mêmes les fourrures.
Peupler entrainerait des surcoût, et ferait donc baisser la rentabilité.
La destruction des Hurons par les Iroquois
va complètement changer la donne puisque détruire le réseau commercial français.
Il faut donc rentrer dans les terres.
C'est à cet époque, vers 1650, que vont apparaitre les coureurs de bois,
que l'on peut d'ailleurs voir dans le film The Revenant.
L'arrivée de Louis XIV au pouvoir et surtout de son ministre Colbert
va apporter un nouvel élan,
surtout que la France est dans une période de paix.
La Compagnie des 100 associées est dissoute,
et le 1er intendant est envoyé au Canada, Jean Talon.
Une expédition militaire est envoyée,
un effort financier de 1 million de livres accordé,
et une politique de peuplement mise en place,
grâce à ce que l'on appelle "Les filles du Roy".
Des filles d'origines assez modestes sont envoyées pour peupler les colonies,
et cela marche.
La population triple en 10 ans.
Mais l'écart entre les ordres venant du royaume et la réalité dans les colonies,
va devenir de plus en plus grand.
Colbert souhaiterait une colonie compacte,
resserrée autour de Montréal,
tandis que les intendants sur place souhaitent s'étendre vers l'ouest.
C'est dans ce contexte qu'un explorateur français ve descendre le Mississippi,
et prendre les territoires situés entre l'Ohio et le Mississippi justement.
Au nom de la France et de son Roi.
En 1682, la Louisiane est créée.
Cela va provoquer un élargissement du réseau d'alliance avec les indiens,
et rallumer le vieux conflit avec les iroquois,
dont le point culminant aura lieu avec le massacre de Lachine en 1689.
Après 10 années de raids et de massacre,
un accord est enfin trouvé avec les indiens en 1701.
Il s'agit de la grande paix de Montréal, document que vous pouvez voir là.
Donc les petits dessins correspondent aux signatures des différentes tributs,
alors ce traité il est marrant car on peut voir les différents signes des indiens.
Vous le trouverez en lien dans la description.
C'est malheureusement à ce moment qu'un nouveau conflit,
la guerre de succession d'Espagne,
va éclater en Europe et se répercuter sur le nouveau continent.
Depuis quelques années les français et les anglais se faisaient quelques petites attaques,
tentatives de prendre des villes,
quelques exactions et massacres,
mais rien de très officiel.
Cette fois-ci les territoires sont clairement revendiqués :
l'Acadie, Terre-Neuve et la Baie d'Hudson.
Le conflit se terminera par le traité d'Utrecht en 1713,
et c'est une véritable catastrophe pour la France.
Mais c'est une catastrophe assumée, c'est bien ça le problème.
Depuis le début su siècle, Louis XIV n'a de vues que sur la Louisiane pour empêcher l'expansion anglaise vers l'ouest
mais aussi pensant que cette terre dispose de plus de richesses.
Le traité cède une partie de l'Acadie, la Baie d'Hudson et Terre-Neuve aux anglais.
Seule l'île de Cap-Breton reste aux mains françaises.
Alors ce traité ferme la porte d'entrée du Canada à la France,
et la 1ère réaction française sera de créer le fort de Louisbourg en 1714,
servant ainsi à contrôler l'estuaire du St-Laurent,
ce qui montre que la France a encore un certain intérêt pour le Canada.
La période qui s'étale de 1713 à 1744 est une époque que l'on peut considérer de .paix armée",
dans l'attente d'une reprises des hostilités entres ces bons vieux ennemis,
que sont la France et l'Angleterre.
L'événement décisif dans la chute de la Nouvelle-France sera la Guerre de 7ans,
que les anglais appellent la Grande Guerre pour l'Empire,
et qui est décalée de 2 ans par rapport à l'Europe.
Les raisons de cette guerre sont particulièrement bien résumées dans le film Barry Lyndon de Stanley Kubrick.
"Il faudrait le talent d'un grand philosophe et d'un grand historien,
pour expliquer les causes de cette fameuse Guerre de 7 ans,
dans laquelle toute l'Europe fût engagée, et au cours de laquelle le régiment de Barry pris part au combat.
Il nous suffit de dire que l'Angleterre et la Prusse étaient alliés,
et qu'elle faisait la guerre à la France, à la Suède, aux Russes et aux Autrichiens.
Le point de discorde concerne le fleuve Ohio sur lequel les français ont installé plusieurs forts,
alors les anglais n'aiment pas trop ça,
et ils vont dépêcher une ambassade constitués d'indiens et d'un diplomate milicien,
qui deviendra le 1er président des États-Unis.
Son nom est George Wahington.
Malheureusement l'entrevue tourne plutôt mal,
et le chef indien qui n'était pas trop du genre à déconner,
va fracasser le crâne d'un officier français à l'aide de son tomahawk.
Cette fois ci la guerre est bien lancée.
Cette guerre se découpe en 2 phases,
la 1ère partie tourne à l'avantage des français,
malgré son infériorité numérique mais avec une stratégie plus adaptée au territoire :
l'utilisation des techniques indiennes de surprise, de mobilité,
et d'habilité au tir.
Un épisode va marquer l'imaginaire anglais,
il s'agit su massacre de Fort Henry,
que l'on trouve décrit dans le Dernier des Mohicans.
Les français après avoir pris le fort devaient protéger la retraite des anglais,
mais ils n'ont pas réussi et les indiens en ont massacré une bonne partie.
C'est aussi durant cette guerre qu'une grande vague migratoire va se produire en Acadie.
Plus de 6000 personnes refusant de se soumettre à la couronne anglaise vont migrer.
C'est l'épisode dit du "Grand dérangement".
A partir de 1758, le cours de la guerre s'inverse,
et cela pour plusieurs raisons.
C'est tout d'abord un choix politique anglais,
il faut prendre Québec.
Et pour cela de nombreux renforts sont envoyés permettant la prise rapide de Louisbourg.
La Royale Navy, plus puissante que la marine française,
empêche l'arrivée du ravitaillement
et enfin une stratégie de sape des alliances franco-indiennes est mise en place.
Grâce à ces différentes mesures l'avantage revient aux anglais.
Le Général Wolfe réussi à prendre Québec en 1759,
de manière quasi-suicidaire d'ailleurs,
en escaladant les falaises de la ville la nuit,
avec des forces inférieures.
Mais la mauvaise stratégie du Général français Montcalm lors de la bataille des Plaines d'Abraham,
font tomber la ville.
Un an plus *** c'est Montréal qui est prise.
Seule la Louisiane est épargnée, considérée comme secondaire.
Le traité de Paris de 1763 mettant fin à cette guerre,
acte la fin du Canada français,
et va au passage céder de manière secrète la Louisiane aux espagnol,
afin de ne pas avoir à la céder à l'Angleterre.
Eh oui si on avait l'occasion de mettre des batons dans les roues aux anglais à l'époque,
on n'hésitait pas une seconde.
Cet abandon ne provoque pas d'émotion en France,
certains sentant déjà arriver le vent de la future révolution américaine.
En soutenant les rebelles américains contre l'Angleterre,
la France tiendra là une petite revanche sur son vieil ennemi.
Une petite on peut dire.
Le dernier acte de notre histoire concerne la Louisiane,
qui sera rétrocédé par l'Espagne à Napoléon Bonaparte en 1800,
contre un élargissement du Duché de Parme.
On s'échangeait des territoires comme ça à l'époque.
A peine le drapeau français sera hissé le 30 novembre 1803,
que le territoire sera revendu aux États-Unis,
pour la modique somme de 80 millions de francs.
Le 18 décembre de la même année, les USA prennent officiellement possession de la Louisiane.
Finalement, la Louisiane sera revenue dans le giron français pour seulement 3 semaines.
Voilà donc toutes les étapes qui ont amené à la perte de l'Amérique du Nord.
Un désintérêt de départ,
une politique peu incitative,
et des choix stratégiques désastreux.
Les conséquences sont nombreuses :
l'influence française dans le monde en a pâti,
la langue en Amérique ne survit au'au Québec,
et la mentalité anglo-saxonne règne désormais en maître
sur ce vaste territoire.
Voilà j'espère que cette vidéo était cool !
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