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Musique sautillante
âŠ
Cloches
- Raphaël, tu vas tomber !
On est loin de la voiture,
on va être embêtés aprÚs.
âŠ
- C'est joli, hein ?
- Je sais pas,
ça a l'air compliqué.
- Non. Ãa va nous changer la vie.
- Si tu le dis.
âŠ
Valse lente
âŠ
âŠ
âŠ
âŠ
- Qu'est-ce qu'on va être heureux
à Cassis !
- On l'est pas à Salon ?
- Si, bien sûr.
Mais ici, au moins,
il y a la mer en plus.
Son portable sonne.
- On va avoir un accident !
- Je mets l'oreillette.
Ãa y est. AllÃŽ ? Bonjour !
*- C'est Jean.
- Ah ! Justement, on part de Cassis
avec Julie et le petit.
*- Mauvaise nouvelle,
ils ont refusé ta mutation.
- Bon. Je te rappelle.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Plus besoin de quitter ton travail.
Ils m'ont refusé ma mutation.
- Ah⊠putainâŠ
- T'énerve pas, ça sert à rien.
- Mais je m'énerve pas.
Je m'énerve, là ?
- Non.
- Alors, arrête de me dire :
"Ne t'énerve pas." Merde !
Elle soupire.
- Ãa va ?
Je comprends.
Vois ce que tu peux faire.
*- Je te rappelle.
- Encore merci, Jean.
- Pourquoi tu le remercies ?
Ãa a pas servi qu'il te pistonne.
- C'est pas de sa faute.
Un handicapé m'est passé devant.
Ils sont prioritaires
sur les pistonnés !
- Faut être handicapé
pour habiter la CÃŽte ?
- Mais non !
- Je me faisais une joie de déménager.
- Mais ça te faisait plus envie.
- Parce que je savais
qu'on déménageait.
Du coup, je me dis qu'on passe à cÎté
de quelque chose.
- Si tu veux, cet étéâŠ
- Je m'en fous, des vacances.
Tu m'as promis la mer !
T'as tellement bossé
qu'on se voyait plus.
Je veux vivre là -bas toute l'année.
Tu m'entends, Philippe Abrams ?
- Oui, mon amour.
T'es énervée, là ?
- Oui, et alors ?
- Ãa sert à rien.
Elle soupire.
- Pourquoi tu fais toujours tout
pour me contrarier ?
La porte claque.
Musique sautillante
âŠ
- Bonjour.
- Bonjour.
- T'es fou de venir ici !
Personne t'a suivi, hein ?
On t'a pas vu entrer ici ?
T'as parlé à personne, hein ?
- Oh, Jean !
On bosse à La Poste !
- Chut ! Je risque gros.
Parle moins fort.
- Tu risques quoi ?
J'ai pas eu le poste.
Ãa fait 11 ans que je me crÚve
au bureau de Salon !
- Si tu parles aussi fort,
moi, je suis foutu.
- Je méritais cette mutation
plus qu'un handicapé.
- Je te rends ton argent.
- Trouve-moi autre chose,
c'est la guerre avec Julie !
- Ã Sanary-sur-Mer,
le directeur part en préretraite.
C'est l'affaire
de quelques semaines.
- Sanary ? Parfait !
Il me faut cette place.
- Oui, mais parle moins fort,
merde !
Le téléphone sonne.
Voilà !
- Quoi ?
- Chut !
*- M. Sabrier ?
- Oui, j'écoute ?
*- Vous êtes occupé ?
Le directeur veut vous voir.
- Qu'est-ce qu'il me veut ?
*- Je ne sais pas.
*Vous êtes disponible ?
- J'arrive tout de suite.
Bon. Tu ne sors pas
en même temps que moi.
- Faisons la demande
en mettant que je suis handicapé !
- T'es malade !
- Je peux avoir fait une erreur
dans le formulaireâŠ
- Tu risques gros. TrÚs gros.
Je te le déconseille.
Si la faute est avérée,
toi, t'es mal, moi, je suis mort.
Chut ! Ah !
On frappe.
J'arrive.
Merci, docteur, de vous être déplacé.
- Docteur ?
- Non, je ne vais pas me mettre
en arrêt maladie.
Merci. Au revoir, docteur.
Bonjour.
Bonjour.
Musique sautillante
âŠ
- Julie !
âŠ
(En chÅur)
- Ã Sanary !
- Merci. Vous m'avez encore
sur le dos pendant 2 jours.
- M. le directeur,
un inspecteur veut vous voir.
- Un inspecteur de quoi ?
- De la direction,
ça concerne votre mutation.
- Faites-le patienter 5 minutes.
- D'accord.
Merde !
Pssshh !
Oh ! Merde !
âŠ
Merde ! J'aurais dû l'essayer avant !
Il soupire d'effort.
Cri de surprise
On frappe.
Bonjour.
- Bonjour.
- Je suis Philippe Abrams.
- Monsieur Lebic.
Je viens éclaircir les détails
de votre demande de mutation.
- Mais bien sûr.
Soupirs d'effort
âŠ
âŠ
Les gamins du quartier
m'ont crevé les pneus.
Ces sales gosses feraient mieux
de bosser à l'école.
- Vous voulez de l'aide ?
- Non ! C'est à moi de le faire.
Asseyez-vous, je vous en prie.
Moi, c'est déjà fait.
Que puis-je pour vous ?
- Vous êtes handicapé
depuis combien de temps ?
- C'est assez difficile
pour moi d'en parler.
J'étais tout petit. C'est flou.
Revivre ce traumatisme terribleâŠ
Bris de verre
Excusez-moi.
⊠Spasmes musculaires⊠Pardon.
C'est bien. Ãa va, vous savez.
- Il y a eu 2 demandes
de mutation à votre nom.
L'une, toute récente.
"Personne à mobilité réduite",
pour le poste de Sanary.
Et celle-ci, pour Cassis, qui a 6 mois,
comme valide.
Ãtes-vous ces deux mêmes personnes ?
- Je⊠J'aiâŠ
J'ai fait ces deux demandes.
Ãa, oui.
La premiÚre⊠en tant que valide,âŠ
⊠pour être traité
comme quelqu'un de normal,âŠ
⊠comme tout le monde.
C'est important pour nous, handicapés,âŠ
⊠de voir dans le regard de gens valides
autre chose que de la pitié.
- C'est tout à votre honneur.
- Si ça remet en question ma mutation,
je suis prêt à âŠ
- Pas du tout. Il s'agit d'une
vérification malheureusement nécessaire.
Je vois tant de fausses déclarations
pour obtenir des postes convoitésâŠ
⊠comme sur la CÎte d'Azur.
- Oh non !
- Si.
- Oh⊠Quelle honte !
- Je ne vous le fais pas dire,
monsieur Abrams.
Vous vous plairez à Sanary.
- Merci.
- Bien.
Je ne vous dérange pas plus longtemps.
- Vous ne me dérangez pas.
Fracas du fauteuil
Quelle honteâŠ
- Cinglé, va !
T'es complÚtement cinglé.
- T'es mon ami, Jean.
Tu vas m'arranger le coup.
- Je vais rien t'arranger du tout.
Je t'interdis de dire
qu'on est amis, surtout ici.
Je ne suis pas l'ami d'un malade
qui prétend être handicapé.
- J'ai fait ça pour Julie.
J'aurais pas dû.
Je m'en veux terriblement.
Il soupire.
- Bon⊠J'ai une bonne
et une mauvaise nouvelle.
- Je suis suspendu ?
- Pire.
- Viré ?
- Pire encore.
- Pire que viré ?
- T'es muté dans le Nord.
- Le Nord ? Non ! Ã Lyon ?
- Ah non⊠pas à Lyon.
Dans le Nord nord.
- Me dis pas qu'on m'envoie à Paris ?
- Pas à Paris.
Plus au nord.
- En Belgique ?
- Non. Avant, il y aâŠ
le Nord-Pas-de-Calais. PrÚs de Lille.
- "L'île" ? L'île de quoi ?
- Pas une île ! La ville de Lille.
- C'est horrible !
- Tu commences lundi prochain.
- Lundi qui vient, là ?
Je peux pas ! J'ai pas de vêtements
chauds, je sais pas où habiter.
- Il y a un logement de fonction
pour le chef d'établissement.
- Putain⊠C'est où qu'ils m'envoient ?
- Ã Bergues.
- "Beurgues" ?
- Bergues.
- Je la refuse, cette mutation.
- Tu peux pas, c'est disciplinaire.
Il soupire.
- Et la bonne nouvelle ?
- C'est ça.
- Hein ? Et la mauvaise ?
- Tu vas y rester 2 ans.
- Deux ans ?
- Minimum.
- Deux ans dans le Nord ? Non !
- C'est ça ou le licenciement
pour faute grave.
- Comment je vais annoncer ça à Julie ?
J'ai rien dit pour Sanary.
- Je te fais sortir quand ce sera dégagé.
Maintenant !
Allez, go ! Go ! Go !
Il souffle.
- Bonsoir, mon amour.
Dis donc,
il y a des apparts fabuleux à Sanary.
Faut pas traîner pour visiter.
- On n'y va plus.
- Quoi ?
- Un contrordre.
- Encore un handicapé
qui t'est passé devant ?
- En quelque sorte, oui.
- C'est pas possible.
- On m'a proposé bien mieux.
- Tu m'as fait peur ! Où ça ?
- Où ça ?
à Beurgues.
- Quoi ?
- Ã Beurgues, la belle ville de Beurgues.
- Beurgues ?
- Dans le Nord-Pas-de-Calais !
Formidable, non ?
- Philippe, qu'est-ce que t'as fait ?
- Moi ? Rien !
- Me prends pas pour une conne.
Ceux qui travaillent bien,
on les laisse dans le Sud.
T'as fait quelque chose de grave ?
- Pas du tout. Au contraire.
J'y reste 2 ans
pour accumuler des points.
Comme ça, je suis prioritaire
sur tout le monde.
Revenir de 2 ans dans le Nord,
c'est comme si on était handicapé.
- Refuse.
J'irai pas mourir de froid là -bas.
- Mourir de froid ?
On va pas vivre dehors là -bas.
- Je veux pasâŠ
⊠perdre mes orteils.
- Pourquoi tu les perdrais ?
- Je veux pas aller dans le pÃŽle Nord.
- On va pas dans le pÃŽle Nord,
on va dans le Nord.
- Philippe, dis-moi la vérité.
- J'ai eu une super promotion.
Je comprends pas ta réaction.
- J'appelle Jean.
- OK. Je me suis fait passer
pour un handicapé.
- Pour un handicapé ?
- Je suis désolé.
- T'iras tout seul, au pÃŽle Nord.
La porte claque.
Musique énigmatique
Chant des cigales
âŠ
âŠ
- Bonjour.
âŠ
(Accent du Sud)
- Qu'est-ce que c'est ?
Hein ? Qui c'est ?
- Philippe, le mari de Julie,
votre petite-niÚce.
- Ah ! Elle m'a dit que tu voulais venir
m'emmerder. Qu'est-ce que tu veux ?
- EuhâŠ
Voilà ⊠je dois partir
dans le Nord-Pas-de-Calais.
Une mutation.
Julie m'a dit que vous connaissiezâŠ
⊠la région de Lille.
- Oui. En 1934, ma mÚre a couché
avec un cheutemi.
- Pardon ?
- Je dis qu'en 1934,âŠ
⊠ma mÚre a couché avec un cheutemi.
- Un "châtiment" ?
- Non, pas un châtiment.
Un cheutemi.
Ils s'appellent comme ça, là -haut.
Les femmes, les enfantsâŠ
Les cheutemis.
- Des "cheutimis" ?
- Même les animaux,
c'est des cheutemis. Les chiensâŠ
Les chats, c'est des cheutemis.
Les vaches, les poulets, les veaux,
c'est des cheutemis.
Et la langue aussi.
Ils font des "o" Ã la place des "a".
Des "que" Ã la place des "che".
Et les "che", ils les fontâŠ
Mais à la place des "ce".
C'est des fadas.
Et quand tu crois tout savoir,
tu apprends que serpilliÚre,âŠ
⊠ça se dit "wassingue". AlooooorsâŠ
- Et c'est comment, la vie,
tous les jours ? C'est tranquille ?
- Dur⊠Dur, dur.
Y a que ceux qui sont
dans le charbon qui vivent bien.
Les autres, c'est que des miséreux.
Et puis, ça meurt jeune, là -bas.
TrÚs jeune.
Heureusement,
ma mÚre est redescendue dans le Sud.
J'avais 10 ans.
Je supportais plus le froid.
- Il fait trÚs froid ?
- Ooooh⊠PfffâŠ
En été, ça va. Parce que tu as zéro, un.
Mais l'hiver, ça descend, ça descend.
Ãa descend.
- 10, -20âŠ
- 20, -30.
Tu dis : "Je reste couché",
ils te foutent du -40.
- Moins 40 ?
- C'est le Nooord !
Tu m'as demandé, mon petit.
C'est le Noooord !
Je t'ai répondu ?
Alors, ça va.
Musique énigmatique
âŠ
Chute
- Tu vois, "brouillards givrants".
- C'est quoi, ça ?
- C'est l'horreur.
- Non, regarde : 6° le matin,
11 l'aprÚs-midi. C'est pas si froid.
- Parce que tu crois que c'est vrai ?
- Ben⊠oui.
Non ?
- Ouvre les yeux, le Nord fait pression
pour faire rajouter des degrés.
Sinon, personne irait là -haut.
- Tu crois ?
"Brouillards givrants"âŠ
"Beurgues"⊠Il doit pas l'avoir, ça.
*- Itinéraire en cours de calcul.
- Il l'a !
*- VeuillezâŠ
- Tais-toi, connasse.
- Pardon de pas venir,
c'est au-dessus de mes forces.
- Tu es mieux ici, au chaud,
avec le petit.
- T'enlÚves ta doudoune ?
- Je vais avoir chaud, et puis
dans le Nord, je vais attraper la mort.
- Habitue-toi tout de suite
à porter ce truc tout le temps.
Elle pleure.
- RaphaëlâŠ
Prends soin de ta maman.
Je compte sur toi.
- Oui, papa.
- Tout ça, c'est de ma faute.
- Non, Julie.
C'est pas toi, c'est le destin.
Je t'appelle dÚs que j'arrive dansâŠ
Le Nord-Pas-de-Calais.
Musique grave
âŠ
Chant des cigales
âŠ
âŠ
AllÃŽ, M. Bailleul ?
*- Oui.
- Philippe Abrams,
votre nouveau directeur.
Je pars du Sud, là .
J'arriverai dans la soirée.
On se retrouve devant la mairie.
*- Oui.
- Je vous entends mal,
la ligne est mauvaise.
Bon. Ã ce soir.
Il allume la radio.
"Le Plat Pays" de Jacques Brel
*Avec la mer du Nord
*Pour dernier terrain vague
*Et des vagues de dunes
*Pour arrêter les vagues
*Et de vagues rochers
Que les marées dépassent
*Et qui ont à jamais le cÅurâŠ
*à marée basse
- Oh ! Merde !
Merde, merde, merde.
- Gendarmerie nationale.
Papiers du véhicule.
- Pardon, je roulais trop vite.
Excusez-moi,
j'ai la tête ailleurs.
Je reconnais ma faute.
- Vous étiez à 50 km/h.
- 150 !
- Non, 50. Deux fois 25.
- 50 ? C'est possible, ça ?
- C'est dangereux de rouler
trop lentement sur l'autoroute.
Je dois vous verbaliser.
- Je suis muté dans le Nord,
je veux pas y arriver trop tÃŽt.
- Dans le Nord ?
- Oui. Le Nord-Pas-de-Calais.
- Allez-y.
- Merci.
- Appuyez sur le champignon,
quand même.
Courage, va.
Jacques !
Oh, putain⊠Le Nord-Pas-de-CalaisâŠ
*- Vous êtes arrivé à destination.
Coup de frein
- C'est pas possible.
Musique sautillante
âŠ
Cri
- Mon Dieu ! Ãa va ?
Vous n'êtes pas mort ?
- Bienvenue, M. le directeur.
- M. Bailleul ?
- Ouais, ch'est mi.
Ouh ! Vingt diousse !
- Faut appeler les secours.
- Cha va, cha va.
- J'aurais pu vous tuer !
- Ch'est pas grave, cha va.
J'vous ai reconnu à vot' plaque.
Ichi, ch'est 59.
J'vous ai fait signe d'arrêter
vot' carÚte. Mais j'ai rin, j'ai rin.
- Votre mâchoire,
vous êtes blessé ?
- Heiiin ?
- Vous avez mal
quand vous parlez ?
- Quo ?
- Votre mâchoire, ça va ?
- J'ai mal à min tchu.
Chuis tombé sur min tchu, quo.
- Le "tchu" ? Vous voulez pas qu'on aille
montrer votre mâchoire à un médecin ?
- Non. J'ai rin, vingt diousse.
- Vous vous exprimez
d'une façon trÚs particuliÚre.
- Parc' que j'parle ch'ti, ch'est cha ?
- Pardon ?
- J'parle ch'timi.
- Putain !
C'est ça, le fameux "cheutimi" ?
- Vot' logement de fonkchion
est au-dessus de l'poste.
Et voilà .
- FormidableâŠ
- Voilà , ch'est là .
- Merci.
- Bon ben⊠Bonne nuit, M. le directeur.
Et pis, Ã d'main.
- Eh ben, oui. Ã demain.
Bailleul, attendez !
Y a pas de meubles !
Ils sont où ?
Hein ? J'comprends pas.
C'est pas meublé ?
- L'anchien directeur,
il est parti avec.
- Pourquoi ?
- Pac'que ch'est p't' être les chiens.
- Quels chiens ?
- Les meubes.
- Je comprends pas, là .
- Les meubes, ch'est les chiens.
- Chez les chiens ?
Des chiens avec des meubles ?
Pourquoi donner ses meubles
à des chiens ?
- Il a pas donné ches meubes à des kiens,
il est parti avec.
- Pourquoi vous dites
qu'il les a donnés ?
- J'ai jamais dit cha.
- Pourquoi des chats ?
Vous avez dit des chiens.
- Non.
- Vous avez dit :
"Ils sont chez les chiens".
- D'accord ! J'ai dit :
"Les meubes, ch'est les chiens."
- C'est ce que je dis !
- Les chiens à lui.
- Ah ! Les "siens", pas les chiens !
- Les chiens, ch'est cha.
- Les chiens, les chatsâŠ
Tout le monde parle comme vous, ici ?
- Tout le monde y parle ch'timi.
Y en a même qui parlent flamand.
In het Vlaams,
dat is heel wat anders, hÚ.
- Je vais m'amuser, moi !
- Qu'est-ce que vous voulez faire ?
- Amenez-moi à l'hÎtel.
- Un hÎtel à Bergues, à c't'heure ?
Vingt dieux !
Ch'est ichi, m'baraque.
- On dirait même pas du français !
- Hein ?
- Non, rien.
- Ch'est pas trÚs grand,
mais mi, j'ai des meubes.
- C'est gentil de m'inviter
à dormir chez vous.
- Vous voulez manger quequ' kose ?
- Je préfÚre aller dormir.
Je suis trÚs fatigué.
- Faut vite aller se coucher, alors.
Ch'est là -haut.
- Vous êtes marié ?
- Mi ? Y a pas de danger.
Mi et les femmes, vous chavez !
- Vous vivez seul ?
- On est chez m'mÚre.
- Chez votre mÚre ?
- Ouais. Ch'est cha chambre.
Elle dort.
Au fond, y a la challe de bains.
LÃ , ch'est la chambre.
Faut pas qu'on fache trop de bruit.
Vous êtes blanc
comme un linche.
- Non, non.
- Vous voulez un pyjama ?
- Merci, j'ai ce qu'il faut.
- Oh⊠bougez pas.
Musique énigmatique
âŠ
- Oh !
D'accordâŠ
- Vous devez aimer l' lavande !
Ch'est des draps propresâŠ
⊠parfumés à la lavande.
Cha chent bon
quand on a son nez d'dans.
On fait euch' lit tous les deux ?
- Ãa va, c'est bon.
Je vais me débrouiller.
Bonne nuit.
- Bonne nuit.
DormezâŠ
⊠bien.
- Vous⊠auchi.
Philippe vérifie que la porte
est bien fermée.
Il soupire.
Musique douce
âŠ
- Oh ! Ben ichi, ch'est complet.
Monchieur Abrams, ch'est l'heure.
M. Abrams, faut vous réveiller.
Hou ! Hou !
Cri
- Vous m'avez fait peur.
- Vous auchi.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Et vous ?
- Comment ça ?
- Pour le petit déjeuner.
- Il est quelle heure ?
- 7 h 15.
BientÎt l'heure d'aller à l'poste.
- On est toujours dans le Nord ?
- Ben oui. Ch'est une maison,
pas une péniche.
- Un thé, s'il vous plaît.
- Y n'a pas. Y a que du café.
- Et quoi d'autre ?
- Rien. Du café.
- Un café, alors.
- Pourquo qu'il dort dans t'chambre,
ch'ti là ?
Ch'est t'chambre.
T'as pas à prêter t'chambre.
- Y n'a pas, d' thé ?
- J'aime pas cha.
T'entends qu'ech que j'te dis ?
- J'allais pas lui demander
de dormir dans le chalon.
Ch'est min nouveau patron.
- Ch'est pas une raison, Antoine.
- Bonjour, madame.
- Bonjour.
- Asseyez-vous.
- Vous avo rin bougé à l' chambre
de min tchiot ?
- Eeeuuuhhh⊠non, madame.
- Vous avo r'fait l' lit ?
- Ben⊠pas encore.
- Arrête, maman.
Elle rigole.
- Ch'est pas parce que ch'est
tin directeurâŠ
⊠quin va faire des maniÚres.
Hein, min garchon ?
- C'est du caramel ?
- Deule chicorée.
On en rajoute dans l'café.
- De la quoi ?
- Deule chicorée.
Goûto avant d'in dire du mal.
Ch'est pas bon ?
- Si, si. C'est trÚs bon.
Vous mettez quoi, sur le pain ?
- Ah, cha ?
Ch'est du maroilles.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un fromage qui chent un peu fort.
Comme eul Vieux-Lille.
Vous voulez goûter ?
- Non.
- Vous avo tort. Ch'est moins fort
dans l'bouc qu'Ã l'odeur.
- Ch'est bon, hein ?
- C'est aussi fort à l'intérieur !
- Trempez-le dans l'café, cha adouchit.
Allez-y, trempez.
- Je préfÚre pas.
- Allez !
- Ch'est bon, hein ?
- Hé ! Jeune homme !
Ch'est deule faluche à l'cassonade.
Vous n'avo rin mangé.
- Merci, madame.
- Ch'est pas trop tÃŽt.
Min tchiotâŠ
T'es beau. Rentre pas trop ***.
- Non, maman.
Au revoir.
- Ch'est promis ?
- Oui.
- Spéciale, votre mÚre.
- Je l'ai toujours connue comme cha.
- Y a du maroilles dedans ?
- Non. Vous avez toujours l'odeur
dans l'nez.
- Tout pue votre fromage.
- Respirez par eule bouche pour aérer.
Ch'est le maroilles.
- Il fait pas si froid que ça.
- Pour un mois d'avril, fait même ko.
- C'est à cause du réchauffement
de la planÚte.
C'était plus rude dans le temps ?
- Avant, en avril,
on faisait des bonhommes eud' neige.
- Ah oui.
- Mi, c'qui me manque le plus,âŠ
⊠ch'est de distribuer
le courrier en traîneau.
- Vous vous foutez de moi, là ?
- Un tchiot peu.
- Ãa me fait pas rire du tout.
- Pourquoi avoir choisi l'Nord
si vous avez peur eud froid ?
- Chalut, Antoine !
- Cha va, tizaute ?
- M. Abrams,
le nouveau directeur de l'Poste.
- Bonjour, M. Tizaute.
- "Bonjour, M. Tizaute" !
Rires
- Elle est bien bonne !
- Vous foutez pas de ma gueule
si je comprends pas.
- Ch'est pas contre vous.
- Vous vous croyez malins avec
votre accent et votre fromage qui pue ?
- Excusez-nous, mais c'estâŠ
D'où que c'est que vous allez ?
- Ã la poste. Je vous laisse rigoler
avec votre copain.
- Nadine lui a dit :
"Va t'faire voir, connard."
- M. Abrams,
laissez-moi vous présenterâŠ
⊠Fabrice Canoli.
Not' plus ancien postier.
- Bienvenue à Bergues.
- Oui, on me l'a déjà dit.
- Et Yann Vandernoout qui ch'occupe
d'la partie Banque Postale.
- Vous êtes du Chud ?
- Du Sud, S-U-D.
Le "Chud", je sais pas où c'est.
Freinage brusque
- Quoqu' ch'est cha ?
- Ã c'soir !
- Travaille bien !
- Bonjour !
Ferme eute bouc,
tin nez va carrer d'dans.
Vous devez être M. Abrams ?
Annabelle,
je suis au courrier recommandé.
- Vous me montrez mon bureau ?
- Oui. Je vous y accompagne.
- Pfff⊠Bon.
J'ai du courrier à distribuer.
- Tête de con⊠Je vais lui rappeler
que "Sud", ch'est un syndicat.
- Sois sympa un tchiot peu.
Ch'est un gentil, cha se voit.
- C'est un drÃŽle.
Il va nous foutre eul brun. Je l'sens.
- Oh !
- Vous l'connaissez, l'aut' boubourse
qu'a déposé Annabelle ?
(En chÅur)
- Non.
- Oh⊠Oh non !
- Quo qu't'as dans t'tête ?
T'as encore oublié t'gamelle.
- Maman, je mange
avec les collÚgues, ce midi.
(Elle chuchote)
- Dépense pas tes sous pour rin.
- C'est pas pour rin,
c'est pour manger.
- Prends. Fais pas tin frimeux.
- Qu'est-ce queâŠ
- Maman, j'ai 35 ans, hein !
- Ferme eud gif. Eute langue va être usée
qu'tes bras s'ront encore neufs !
- Bonjour, Mme Bailleul.
- Encore là , chelle-là ?
MmmâŠ
Il soupire.
- MamanâŠ
Comment il trouve sin bureau ?
Musique triste au piano
- Ãa va passer vite.
Ãa va passer viteâŠ
Ãa va passer vite.
Ãa va passer viteâŠ
Juste deux ans, ça passe vite.
âŠ
- Bonjour, Annabelle.
- Bonjour.
- Bonjour.
*- Cha va, M. Vasseur ?
*- Comme un vu, min garchon.
*Il est arrivé, tin nouvieau patron ?
*- Oui. D'puis ch'matin.
*- J'pourro pas l'vir ?
*- Euh⊠Chi. Ch'est possible.
- Oui ?
- Un client voudrait vous voir.
- Pour quoi faire ?
- Il veut vous voir.
*- Qu'est-ce que je peux faire
pour vous ?
*- Chi content d'vir
ch'ti qui va s'occuperâŠ
⊠d'min compte.
Faut pas me raconter des carabistoules.
Faut pas m'un baver, hein.
*- J'ai pas compris, là .
Il faut quoi ?
*- Y faut nin eume baver
des carabistoules à mi.
Larsen
- Marche pas, ce truc.
*- Quo qu'c'est qu'teu baves ?
- Deux secondes.
*Deux secondes, monsieur.
Voilà .
Qu'est-ce que vous voulez ?
- J'avo acaté gramint d'matériel
pour min gardin.
Ch'est qu'y avo fort draché.
Eune berdoule.
- Je crois que c'était mieux avantâŠ
Oui ?
- J'éto fin bénache,
mais min livret O, i n'a eu des rus.
Chuis pas là pour braire,
mais si vous pouviez faire une avance.
Jusqu'Ã l'prochaine quinzaine
deume retraite.
- Prochaine⊠RetraiteâŠ
- Ch'est oui ou non ?
- Bougez pas.
Vous vous appelez comment ?
*- Annabelle.
- Vous voulez bien
vous occuper de monsieur ?
Parce que⊠Voilà .
TrÚs bien.
*- Je vous écoute, M. Vasseur.
Vous venez déjeuner avec nous ?
- Vous déjeunez où ?
- à la baraque à frites.
- "La baraque à frites"âŠ
Quel joli nomâŠ
- Bonjour.
- Cho vo ?
- Il est où, votre restaurant ?
- Hein ? Quel restaurant ?
- Votre restaurant, là âŠ
"La baraque à frites."
- Ch'est pas un restaurant.
C'est une baraque à frites.
C'est là .
- C'est pour emporter ?
- C'est une caravane.
- Cheto une caravane.
Ils dorment plus d'dans,
ils font des frites.
- Suivant !
Vous voulez quo ?
- Bonjour, Momo.
Comme d'habitude ?
(Ensemble)
- Ben oui.
- Deux frites fricadelle et un américain.
- Martine !
Fricadelle et un américain.
- Vous voulez quo ?
- Ãa marche !
- Comme vous.
- Rajoute une frite fricadelle.
- Quelle sauce ?
- Piccalilli.
- Piccalilli !
- Et un Piccalilli !
- C'est de la nourriture gitane.
- Hein ?
- Non. Ch'est une spécialité d'ichi.
- C'est bon.
Qu'est-ce qu'y a dedans ?
- On peut pas dire
c'qu'y a dans la fricadelle.
- Ichi, dans ch'nord,
tout le monde sait ce qu'y a d'dans.
Mais personne eul dit.
- Comme les Américains
avec eul Coco.
- Le quoi ?
- Le Coco-Colo.
- Ah ! Le Coca-Cola !
- C'est ce qu'il vient de dire.
Le Coco-Colo.
- Jolie petite place.
- Ch'est la grand-place.
- L'église est charmante.
- Ch'est pas une église.
- Cha a rien de religieux.
Ch'est notre beffroi.
Au Moyen Ãge,
cha prévenait de l'arrivéeâŠ
⊠des envahisseurs.
- D'où qu'ils viennent ?
- Arrête.
- On voit toute eule région d'là -haut.
Antoine vous fera visiter.
C'est le carillonneur.
- Le quoi ? "Carillonneur" ?
- En haut, y a plus de 50 cloches
qu'on appelle un carillon.
Seul Antoine sait en jouer. Ils sont
carillonneurs eude pÚre en fils.
Quand il joue, c'est magnifique.
On l'entend à des kilomÚtres, hein ?
- Ch'est vrai.
Freinage brusque
- Une frite et une biÚre.
- Antoine ! On parlait de ti !
- Tu parlais pas de tin motard,
le frimeux ?
Il est pas là , eul boubourse ?
- Arrête, c'est pas drÎle.
- Je peux frimer aussi avec min vélo.
Il imite le vrombissement.
- Venez vous asseoir.
- Mais j'le reconno, lui.
Ch'est le chudiste.
T'as pas congelé, encore ?
- Ãa va pas bien ?
- Je l'invite à dormir à m'baraque,âŠ
⊠il voit des photos de nous
au carnaval,âŠ
⊠et il bloque eule porte de chambre.
T'avo peur que j'tombe amoureux ?
Rire
- Me manquez pas de respect
ou je vous colle un avertissement.
- Oh, milliard ! J'ai peur !
- Bon.
- Ch'est pour nous.
- On t'a pas appris à dire merchi,
din tin pays ?
- Arrête ! Cha suffit, là .
Tu d'vrais avoir honte.
Il arrive à peine.
Imagine-toi dans le Chud
et qu'on t'parle comme ça, hein ?
Gros renvoi
Tic-tac
Musique sautillante
âŠ
- Antoine, ch'est pas un mauvais bougre.
- Oui, mais il m'a insulté. Il est
interdit de boire pendant le service.
- C'est s'mÚre qui lui complique la vie.
- C'est pas une raison.
- Vous lui mettez pas
l'avertissement, hein ?
- Vous avez oublié quelque chose ?
- Cha va, M. le directeur ?
On s'est mis d'accord
avec les autres.
On a tous donné un p'*** quequ'chose
pour vous meubler là -haut.
Une caillÚle.
- Regardez !
- Un tabouret.
- OhâŠ
- Voilà .
- Ch'est un tchiot peu disparate,
mais c'est mieux, non ?
- Une tchiote braderie de Lille
sans les prix d'ssus.
- C'est trÚs gentil.
Vous n'étiez pas obligés. JeâŠ
- Chuis un peu déçu, quand même.
- Pourquoi ?
- On va plus dormir ensemble.
Rires
- Comment vous remercier,
à part la baraque à frites ?
- On a qu'à aller dîner
dans ch'vieux Lille.
- J'ai mal à min dos.
- Cha va ! Tu manges avec eute bouc,
pas avec tin dos.
- Vous connaissez ch'vieux Lille ?
- Encore un de vos fromages qui puent ?
- Oui. Mais ch'est auchi une belle ville.
Musique enjouée
âŠ
- C'est moi qui invite.
- Ch'est pas les spécialités
qui manquent.
- Le chicon au gratin, ch'est bon.
- Le chichon au gratin ?
- Non, le chicon. C'est des endives
avec de la béchamel pis du gratin.
Pis la tarte au maroilles, aussi.
- Le maroilles, je connais.
- On peut pas partir
sans qu'il goûte à la carbonnade !
- La quoi ?
- C'est comme eul pot-au-feu,
mais avec deule biÚre.
- On va pas tout commander.
- On prend un peu de tout
et on picore ?
Hein ?
- Ben voilà !
Rires
- Ch'est pas compliqué de parler
le ch'timi. Nous, on dit pas :âŠ
⊠"Pardonnez-moi, je n'ai pas bien saisi
le sens de votre question."
On dit : "Heiin ?"
- "Hein" ?
- Non. Cha, ch'est le "un"
de un, deux, trois.
- Faut qu'cha sorte eud là .
Heiiin ?
- Heiin ?
- Formidable !
Quand on commence à parler
ch'ti ou picard,âŠ
⊠on est cousins,âŠ
⊠faut juste rajouter le "hein"
à la fin de chaque phrase.
- J'ai compris. Heiin !
- Impeccable.
- D'accord, heiin ?
- Ãa y est.
Vous parlez le ch'timi.
- Oh, putain !
- On dit pas "putain" comme chez vous.
On dit "Vingt de diousse" !
- Vingt de diousse, heiin ?
- Bravo, biloute !
- Bravo qui ?
- Biloute.
Tout le monde s'appelle biloute.
Ch'est le surnom à tout le monde.
- Ãa veut dire quoi, "biloute" ?
- Biloute ? Ãa veut dire⊠euhâŠ
Ãa veut rien dire.
- Cha veut dire "p'tite quéquette".
- "P'tite quéquette" ?
- Enfin, non. Rien à voir
avec une quéquette, ch'est affectueux.
- Ah ! D'accord !
Apprenez-moi des gros mots,
c'est important.
- On dit pas "merde",
on dit "du brun".
- On dit pas "un con",
on dit "un boubourse".
- Ah ! Chez nous, on dit "couillosti".
- Ch'est joli.
- On dit pas "bordel" mais "milliard".
- Milliard ! Du brun ! Heiiin ?
J'ai remarqué aussiâŠ
On dit pas "moi", on dit "ti".
Non. On dit pas "moi", on dit "mi".
Et pas "toi",âŠ
⊠mais "ti".
- Voilà . Ch'est cha.
- C'est comme "ce" devient "che",
et "che" devient "que".
- Ah oui ! Par exemple, les "chiens",
c'est des "kiens".
- Voilà .
- Passez une commande !
- Non.
Chi, cha fera un exercice pratique !
- Bonne idée ! Saque eud'dans.
- "Saque" quoi ?
- Euh⊠saque eud'dans.
- Ãa veut dire quoi ?
- Euh⊠"Allez-y, n'ayez pas peur."
- BonâŠ
Garchon !
- Non. Faut que cha sorte eud là .
- Garchooon !
(Tous)
- Voilà ! Génial !
- Bonsoir.
- Bonsoir, biloute, heiiin !
Mi, avec euch l'équipe deule Poste,
on voudraitâŠ
- On "voudro".
- On voudrooo !
On voudrooo a'recomminderâŠ
⊠eule même kose.
Chi vous plaît, heiin ?
- Excusez-moi, je suis de la région
parisienne et j'ai rien compris.
(En chÅur)
- Ouais !
- Bon, allez. Ã d'main !
- Ã d'main !
- Au revoir ! Ã demain.
Son téléphone sonne.
AllÃŽ ?
- Philippe ! Mon Dieu !
Ãa va, tu n'as rien ?
- Ãa va pas ?
- Tu devais pas m'appeler en arrivant ?
(Tout bas)
- Oh meeerde !
- Il t'est rien arrivé ?
- Non. Excuse-moi, c'estâŠ
Ãa été trÚs⊠euhâŠ
TrÚs compliqué.
- Ils t'ont fait quoi ?
- Rien. Je voulais pas t'inquiéter.
Mais maintenant, tout va bien.
- Tu peux tout me dire.
- Te dire quoi ?
- C'est l'horreur, c'est ça ?
*- Pas tant que ça.
*Bon, c'est le Nord,âŠ
⊠mais il fait pas si froid.
Et en plus, ils sont trÚsâŠ
Comment dire⊠accueillants.
- Arrête ! Philippe, arrête.
- Quoi ?
- Ne recommence pas. Ne mens pas.
Fais pas le fort pour m'épargner.
*Tu peux me dire que tu souffres,
je suis ta femme !
- C'est la vérité !
- Philippe !
- C'est vrai, c'est l'horreur. J'en bave.
C'est horrible.
- Tu vois comme je te connais !
- OuaisâŠ
- Mon pauvre amour !
*Rentre à la maison,
je vais m'occuper de toi.
*- J'ai hâte d'être dans 15 jours.
Ãa va être un cauchemar.
- Je suis fiÚre du sacrifice
que tu fais pour ta famille.
*Je t'aime.
- Ben⊠moi aussi, je t'aime.
- C'est gentil !
- Hé !
- On a failli attendre !
- Il nous a invités.
- Merci !
La fanfare joue
"Un clair de lune à Maubeuge"
âŠ
- Antoine !
Antoine, ça va ?
âŠ
- Bonjour !
Bonjour, Antoine !
Bien dormi ?
Bonjour, Yann !
- Bonjour, M. le directeur.
Cha va bien.
- Pardon. Bonne journée !
- Rue Nationale. Ouais !
- Cha va ?
- Bonne tournée !
Rire
- Bonne journée !
- Et vous, bonne soirée ?
- Merci. TrÚs, trÚs bonne.
- Ch'est ouvert.
Carillon
âŠ
- J'ai pas vu les 15 jours !
- Soyez prudent,
c'est un long voyage, hein.
- Faites attention.
Téléphonez en rentrant.
Laissez sonner deux coups.
- Arrête, t'es pas s'mÚre.
à lundi !
- Bon week-end !
- Il est pas là , Antoine ?
- C'est sin jour eud carillon.
Vous entendez pas ?
âŠ
- C'est lui qui joue ?
- Ouais.
- Il est doué !
- Ch'est le meilleur.
âŠ
- Au revoir, hein !
Morceau classique au carillon
âŠ
âŠ
Musique enjouée
âŠ
- Papa !
- T'es pas couché ?
- J'arrivais pas à dormir.
Fais voir tes orteils !
- Je les ai tous, tout va bien.
- Ãa va, mon chéri ?
T'as fait bonne route ?
T'as pas trop maigri.
- Non, ça va.
Je vais coucher Raphaël.
- Fais-moi voir tes orteils !
- Je les ai pas perdus !
- Un, deux, trois, quatre, cinq,âŠ
⊠six, sept, huit, neuf, dix.
Ãa va, il a rien !
- Bonne nuit, chéri.
- Bonne nuit.
- Allez. Dors bien, bonhomme.
- Reprends de la bouillabaisse.
Elle est bonne ?
C'est meilleur réchauffé.
Prends de la soupe au pistou.
Une tartine de tapenade ?
- Non, merci.
- T'adores ça !
- Je sais, mais j'ai plus faim.
- Pleure si ça te fait du bien.
- MerciâŠ
J'arrive pas.
- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
- J'ai du mal à en parler.
- Ils sont horribles ?
- Ils sont⊠Ils sontâŠ
Déjà , ils boivent.
Tous. Beaucoup.
- Mais ils ont que ça.
- Quand ils parlent, on comprend rien.
Ãa fait des "quo", des "hoeuuur",
des "biloute", des "heiiin" !
- Des alcooliques !
- Pas vraiment. C'est qu'ils boivent
pour se réchauffer.
- Et il fait froid tout le temps !
Quel cauchemar !
Mon amourâŠ
Tu as de quoi tenir 15 jours.
- C'est passé si vite.
Je serais bien resté un jour de plus.
- Sois fort, mon amour.
Tiens, cadeau.
Doublée en laine polaire.
- Merci.
- Mets-la !
- Il fait pas si froid que ça,
là -haut.
- Ne me surprotÚge pas.
Mets-la !
Notes de piano
âŠ
Musique sautillante
SirÚnes de police
âŠ
- Oh !
160 km/h ! Vous allez mieux, on dirait.
- Merci.
- Vous n'allez plus dans le Nord ?
- Si. Mais en fait, j'aime bien.
C'est bien.
- Ah bon⊠Je suis content pour vous.
Ãa vous fera 4 points et 150 euros.
- Oh ! Du brun !
- Pardon ?
- Non, rien.
- Descendez.
- Bonjour.
- Bonjour, tizaute !
- Ch'est couvert.
- Il va dracher, heiiin ?
Portez ça d'urgence
au responsable du centre de tri.
- Tout de suite.
- Et confirmez-moi
qu'il l'a reçu en mains propres.
- J'vous appelle et j'vous dis quoi.
- Qu'il a bien le dossier en main.
- Oui. J'vous appelle et j'vous dis quoi.
- Je viens de vous le dire, quoi !
- J'ai bien compris.
- Vous m'appelez.
- Oui, ch'est ça.
Je le lui remets, je vous appelle.
Et j'vous dis quoi.
- Ben, je sais pas, moi !
Par exempleâŠ
"AllÃŽ, c'est Antoine.
J'ai donné le dossier au responsable."
C'est clair ?
- Oui. Je suis pas boubourse,
je vous appellerai.
- Voilà . Vous m'appelez.
- Et j'vous dis quoi.
- Regardez-moiâŠ
Vous avez bu.
- Non !
- "J'vous dis quoi",
ch'est une expression ch'tie.
Ãa veut dire :
"J'vous dis ce qu'il en est, quoi."
- Ah, d'accord !
Pardonnez-moi.
- Ch'est pas grave.
- Vous me dites quoi.
- Ben que le dochier est bien arrivé !
En chÅur "Les Corons", de P. Bachelet
- Au NordâŠ
C'étaient les corons
La terre
C'était le charbon
Le ciel
C'était l'horizon
Les hommes
Des mineurs de fond
(En chÅur)
- Allez, Lensois, allez !
Allez, Lensois, allez !
Percussions
- Allez, Lensois, allez !
Allez, Lensois, allez !
Allez, Lensois, allez !
- Allez, Lensois, allez !
*- Merci, supporters.
Les joueurs sont de retour.
Foule en liesse
Cri
- Teno.
Min gamin a oublié s'gamelle.
Min Antoine, il est fort influenchable.
Faut pas l'prendre partout
avec vous comme cha.
Y peut pas aller à l'baraque
à frites tous les jours.
J'pourro compter sur vous ?
- Oui, madame.
- Hein ?
- Oui, madame.
Musique énigmatique
âŠ
- Eh benâŠ
Ch'est du propre.
âŠ
J'diro rin, mais j'en pense pas moins.
Cha alorsâŠ
- Voilà , madame.
Pardon, c'était un peu long.
Au r'voir !
Suivant !
Bonjour. Ch'est pour quo ?
*- Pour faire timbrer l'enveloppe.
Des beaux timbres !
*Mon tchiot les collectionne.
- Oh ! Ch'est mignon.
*Cha va, cheux-là ?
Ch'est un n'hérisson dessus.
*- Oui, parfait.
*- L'enveloppeâŠ
*Waouh !
*Vingt de diousse ! 26 kilos !
- 26 kilos ?
*Ch'est pas possible.
Ch'est des grammes.
*- J'me disais aussi,
qu'est-ce qu'y a d'dans ! PfffâŠ
EeuuuuhhâŠ
*17 n'hérissons.
- 17 timbresâŠ
*⊠pour 26 grammes !
Ch'est des timbres à combien ?
*- Ch'est pas grave si j'mets auchi
des z'hiboux ?
*J'n'ai pas assez des n'hérissons.
- Vous vous trompez, hein.
*- Faut la jouer fine, y a pas
assez d'place pour les n'hérissons.
*Va falloir
que j'en mette eud l'aut' cÎté.
- 17 timbres pour 26 grammes !
Arrêtez, vous vous trompez !
*- J'ai avalé quelques z'hiboux,
mais j'vous les compte pas.
- Mais arrêtez !
- Donne-moi cha, Antoine.
Pousse-toi.
*Je m'en occupe. Vous aurez rien
à payer, ch'est pour nous.
*Vous inquiétez pas.
J'arrive.
- I just called to say
I looove youâŠ
Tu te rappelles ?
- Arrête ça. Rentre à t'maison.
Va t'reposer.
- Je chais pas ce que j'ferais sans ti.
- Tu boirais po.
Crois-moi, cha te ferait du bien.
Musique enjouée
âŠ
Rires
âŠ
- Vingt diousse !
Alors ?
- C'est génial !
Génial !
- Hein ?
- Oh là là âŠ
Bon brun !
- Ch'est bien, hein ?
- Ãa va ?
- Mi à la mer, cha va.
On va pas braire.
- "Braire" ?
- Cha veut dire "pleurer".
- Et "rigoler" ?
- Rigoler, on dit rigoler.
- C'est pareil !
- Faut bien qu'on parle
un tchiot peu français !
- Au travail, tout va bien ?
- Pas de problÚme.
Les aut' pensent comme mi,
mais c'est mi qui vous l'dis.
On est heureux de vous avoir
comme directeur.
- Merci, Antoine.
Vous habitez une région accueillante.
- On peut être
une région accueillante,âŠ
⊠mais chi y a personne
pour être accueilli, on chert à rin.
Ch'est nous qu'on vous remercie.
- Mais de rien, heiiin !
- Un grand proverbe ch'timi dit :âŠ
⊠"Quand un étranger vient vivre
dans ch'Nord, il braie 2 fois.
"Quand il arrive et quand il r'part."
- J'étais un peu mal en arrivant.
- Vous le serez plus en partant.
- Non.
- Ch'est ce qu'on va vir.
- Le Sud, c'est chez moi.
- Ch'est ce qu'on va voir.
- Voilà : 10, 20, 30.
Au revoir !
- Alors, qu'est-ce qu'on fait ce soir ?
- Ben⊠Ch'est vendredi, là .
- Vous rentrez plus ?
- Dans le Chud !
- C'est déjà vendredi ?
(Tous)
- Oui !
- Vingt de diousse !
Rires
Julie ?
(En chÅur)
- Surpriiiise !
- J'ai invité tes amis
pour te remonter le moral.
- Papa !
- Julie nous a raconté l'enfer
que tu vis là -haut.
- Quand j'ouvre la poste, il fait nuit.
Le jour se lÚve à 11 h 30 !
Et à 17 h, bim !
D'un coup, la nuit tombe.
- Oh !
- Ils sont tellement blafards, blancsâŠ
- Ils manquent de lumiÚre.
- Et il y a l'hygiÚne.
Il y a eu un début d'épidémie.
LaâŠ
Le⊠choléra.
- Le choléra ?
- Oui.
- T'as fait des vaccins ?
- Je vais être obligé, là .
- Faut vérifier tes rappels.
- Le Nord, c'est pire que l'enfer.
- Bizarre, j'y ai bossé.
J'en garde un bon souvenir.
Rire
âŠ
- On pourrait aller en Belgique ?
- Ah ouais, ça peut être sympo.
Faut que je bosse.
- Cha te gêne qu'il nous voie ensemble ?
- Pas du tout.
- Embrache-moi !
- C'est ridicule. Allez, Ã ch'soir.
- Embrache-moi !
- Aïe !
- T'as un problÚme ?
- Non, cha va.
- Quoi, le postier ?
- Quo qu'tu baves ?
- T'as du courrier pour mi ?
- Arrête, Tony.
- J'ai un SMS. Comme tu sais pas lire,
j'vais te l'dire oralement.
- Arrête !
- "Il est interdit de s'garer
devant eule poste. Chigné, eul facteur."
- Elle est po lo, ta mÚre ?
Elle range eute chambre ?
- Non, arrêtez !
- Tu veux t'battre ?
- Chuis contre la violence contre
les hommes. Mais contre les objetsâŠ
Fracas
- Il est malade, li !
- Arrêtez !
- Aïe !
- Antoine !
- Arrêtez ça !
Aidez-moi.
Arrêtez, Bailleul.
Arrêtez !
Arrêtez !
- Oh là !
M. le directeurâŠ
- M. le directeur ?
- Cha va pas.
- Chi, cha va.
- Il répond pas.
- Cha va, là .
Allez. Venez, M. le directeur.
- Il sait po dire non.
Vous chavez comment ça che passeâŠ
Vous allez chez les gens,
vous leur apportez du courrier.
"Tu prendras bien un verre, Antoine !"
Pis de fil en aiguilleâŠ
- Il se bat devant la poste
en tenue de postier.
Il sait pas dire "non"
mais je sais dire "stop".
- Un blâme, ch'est peut-être beaucoup.
- Ne prenez pas sa défense !
- Je prends pas sa défense.
J'veux qu'il aille mieux.
Avec un blâme, ça s'arrangera pas.
- Vous savez quel est son problÚme ?
C'est qu'il est amoureux de vous.
- Ben, en faitâŠ
On a été ensemble un an.
- Pourquoi l'avoir quitté ?
- C'est lui qui m'a quittée.
- Je comprends pas.
- Moi, j'étais trÚs heureuse avec lui.
J'ai tenu tête à sa mÚre
qui est envahissante.
Je me suis fâchée avec elle.
Et j'ai demandé à Antoine de choisir.
Il a choisiâŠ
- Je suis directeur,
je suis pas assistante sociale !
Morceau classique au carillon
âŠ
âŠ
C'est magnifique, Antoine. Continuez.
- Vous êtes monté pour eume donner
un diplÎme eude musique ou un blâme ?
- Il faut parler à votre mÚre.
- à ma mÚre ?
- J'ai parlé avec Annabelle.
Vos ennuis sont liés à votre mÚre.
- Non.
- AntoineâŠ
- Faut que j'ménage ma mÚre.
Elle a eu une vie diffichile.
- Dites-lui enfin
ce que vous avez sur le cÅur.
On est tous pareils.
Ma femme, je l'aime.
Et pourtant, je lui mens.
- Comment ça ?
- Ce serait long à expliquer.
- J'savo pas qu'vous étiez marié.
- Ben, si.
- Pourquoi que vot' femme vient pas
vivre ichi avec vous ?
- Ma femme estâŠ
Assez déprimée. Dépressive, même.
La faire venir dans le NordâŠ
⊠aurait été pire.
- Pourquoi ?
- Ãa aurait été pire pour elle
de quitter là -bas. Où qu'elle aille.
- Ah, d'accord.
- Antoine, ce que je vous demande,âŠ
⊠c'est de faire attention
pendant le travail.
Vous réglerez pas vos problÚmes
en buvant.
Ãa va les aggraver.
- J'ai été un vrai babache.
- On fait tous des erreurs.
L'important, c'est de les réparer.
- Chi c'est réparable !
- C'est toujours réparable.
Sauf sa moto !
Rires
- Vous essayez ?
- De quoi ?
- De jouer du carillon.
- Oh non.
- Pourquoi ? Ch'est comme eul piano.
- Mais on va m'entendre partout !
- On n'a qu'Ã brancher l'casque.
Allez-y, biloute.
Cloche
- Pas celle-là !
Vingt dieux !
- Pas facile !
- Plus aigu.
Il joue quelques notes
- OuiâŠ
Il joue "Ã la claire fontaine"
âŠ
- Antoine, attendez !
Je vous accompagne.
- Je connais la route.
- Il est temps
que vous appreniez à dire non.
- Ch'est vous le patron.
Musique sautillante
âŠ
Ah benâŠ
âŠ
- Cha va, biloute ?
- Monsieur Mahieux.
- Philippe Abrams,
le directeur de la poste.
- C'est gentil de venir.
Entrez deux minutes.
- Hop, hop, hop ! Non merci, M. Mahieux.
C'est gentil, mais on va y aller.
Il est un peu tÎt pour l'apéritif.
- Et un tchiot café ?
- C'est différent.
C'est pas de refus.
- Une tchiote goutte de g'niÚvre ?
- Pas pour mi.
- Non, merci !
- Cha va vous réchauffer,
vous qui êtes du Chud.
Hein, Antoine ? Allez.
- Je peux pas boire ça !
- C'est typique du Nord.
Au pire, cha va vous désinfecter.
Allez !
Santé !
- Santé !
Il tousse.
- Prenez un canard,âŠ
⊠cha adoucira.
- Un canard ?
- OuiâŠ
- Pas de canard !
- Allez, allez !
- Merci pour le café, Jules, heiiin !
- R'viens quand tu veux,
eule porte est grand ouvert.
- Eh ben, Ã demain !
- Bonne journée !
- C'est ça, ouais.
Musique légÚre
Vous voyez, Antoine,âŠ
⊠comment on peut être
sympathique avec l'usagerâŠ
⊠en buvant juste du café.
- J'vois tout à fait.
- Mais stop !
Fini, faut pas abuser.
Plus de "GeneviÚve" !
- G'niÚvre !
- Faut pas sonneeer,
sinon y vont nous offrir à boire !
- C'est un recommandé.
- Ah ça, c'est différent.
Mais on rentre pas.
On ne boit pas !
- C'est qui ?
- On reste à la porte, on n'entre pas.
C'est beaucoup trop dangereux.
- J'me disais,
j'connais cette voix !
- M. Vasseur, quelle bonne surprise !
- Ch'est pour un recommandé.
- Ãa y est, je parleee ch'timi
couramment.
Je comprends tout.
Ch'timi, 2e langue.
Ãcrit, lu, parlé. Heiiin ?
- Ãa se fête.
J'vous offre un p'*** quequ' chose.
- Alleeez. Oh, allez, dis doncâŠ
- Elle est là , GeneviÚve ?
- GeniÚvre !
- Du geniÚvre, j'en ai pas.
J'bois pas d'alcool.
Il me reste peut-être du "tchiot jaune",
comme on dit chez vous.
On m'en a offert.
- Du tchiot jaune ?
- Du pastis.
- Oh ! Du pastis, comme chez moi !
Du tchiot jaune !
- Mi, j'veux pas boire.
- Ãa va pas vous faire de mal.
- Faut pasâŠ
- Un petit verre. Je ferme les yeux.
- J'préfÚre pas.
- Bailleul !
C'est un ordre.
Ãa vient de la direction.
- Avec beaucoup d'eau.
- Oui.
- Voilà , la jeunesse.
- Allez. Et pas plus haut
que le verre, hein !
Hé ! Ferme. Stop ! Niet !
- Ch'est m'rue.
- Oh ! Gare à vot' mÚre.
Rires
Ils font "chut".
- Pour qui t'amÚne eun' coquile
Avec du chirop qui guile
Tout l'long d'tin minton
Te t' pourlÚqu'ras tros heur's ed long
Dors min p'*** Quinquin
Min p'*** pouchin, min gros rojin
Te me f'ras du chagrin
Si te n'dors point ch'qu'Ã d'main
(Ãmue)
Eh ben, merchi.
- C'est magnifique.
- Ch'est bieau.
- Coucou, les biloutes !
C'est la poste !
- On n'est pas obligés
de dire bonjour à chaque fois.
- J'ai soif !
- Ah ! Bonjour, madame.
- Bonjoouur.
- Vous avez vu comment j'ai refusé
la 5e biÚre ?
Hein ? Ferme.
Aimable et ferme.
- Vous avez eu tort,
ch'était du Picon biÚre !
Ch'est trÚs bon pis ça soûle pas.
- Il faut boire avec modération.
Qu'est-ce qu'on dit ?
- Merchi.
- Non. On dit non !
- Non, merchi.
- Voilà .
Rire
J'adore votre région !
J'adore votre région.
Rires
J'adore le Nooord !
Rires
Vous aussi, je vous adore.
- Mi aussi, je vous aime bien.
Rire
J'vous aime bien, mi aussi.
Fou rire
- On va se tutoyer, Antoine, heiiin ?
AntoineâŠ
Vingt de diousse !
Du brun !
Rires
J'ai mal au cÅur.
- Tant que t'as pas mal au cul,
tu peux t'asseoir eud'ssus !
Rires
âŠ
On tambourine à la porte,
sonnerie insistante.
âŠ
- Bonjour, Antoine.
âŠ
- Arrête de sonner, il a ouvert la porte.
- Oooh ! Monsieur Leborgne !
Ooon n'a pas de courrier.
- Mais on veut boire.
- Pour fêter notre amitié.
- Ben⊠Entrez, alors.
Musique sautillante
âŠ
- Tu fais la course ?
- Oh non !
- Le dernier arrivé à la poste
est un double boubourse !
- Oh non !
Attention, le stop !
Philippe, le stop !
Coup de frein
Vingt de diousse !
Musique sautillante
- Fonce, Antoine !
On va les semer !
- Arrêtez-vous !
âŠ
Il hurle.
Cris de frayeur, fracas
- Oh là là !
- Vingt de diousse !
- La vache, min tchu !
- Ãa va ?
- C'est quiiii ?
- Police nationale.
- On est entre fonctionnaires !
Poste de Bergues, direction.
- Suivez-nous !
- Oh ! Arrête, biloute !
Attends, on est entre ch'tis.
J'suis devenu ch'ti.
Rire
J'suis devenu ch'ti, moi.
Allez, bilooouuute.
Fais po ton babaaache.
- Calmez-vous !
- Vous êtes pas ch'timis !
Toi, t'es pas ch'timi.
Fais voirâŠ
Il est pas ch'timi !
Il est pas ch'timi.
AttendsâŠ
On va à la baraque à frites,
je vous paie une frifricracadelle.
Momo ! Un, trois⊠quatreâŠ
Quatre frites fricadelle !
S'il te plaît.
Attends, on n'a pas mangé !
Antoine rit aux éclats.
- Allez !
- Oh non, attends.
Le téléphone sonne.
- AllÃŽ ?
*- AllÃŽ ?
- Mon amour ?
Je serai pas là ce soir, mais demain.
Je suis au commissariat.
- Mon Dieu ! Tu t'es fait attaquer ?
- Non. C'est juste
que j'ai un petit peu bu.
Alors, je me suis fait arrêter.
*- En voiture ?
- Non. à vélo.
- Qu'est-ce que tu faisais soûl
sur un vélo ?
- J'apprenais à dire non à l'alcool.
- Mon amour⊠Qu'est-ce qui se passe ?
Faut pas que tu noies ton désespoir
dans l'alcool.
*C'est dur, mais il faut tenir.
- D'accord.
- Il faut que je te laisse,
ils vont me dégriser.
Je t'aime.
*- Je t'aime plus que tout.
Brossage de dents
âŠ
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Fais voir tes mains.
Tu trembles pas.
Tu ressens pas les effets du manque ?
- Non, ça va.
- Oh nonâŠ
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- T'as bu mon parfum ?
Ãa arrive quand on est alcoolique.
- Non. Je tiens le coup !
- Je préfÚre te donner un verre
plutÃŽt que tu boives mon Givenchy.
- OuaisâŠ
Coup de frein brusque
- Qu'est-ce que tu fais ?
JulieâŠ
- J'ai été trop faible, pardon.
- C'est quoi ?
- Mes valises. Je pars avec toi.
- Euh⊠Et Raphaël ?
- Mes parents le récupÚrent.
On lui trouvera une école dans le Nord.
- Mais ton magasin⊠le travail ?
- J'ai pris un congé sans solde.
Je viens vivre dans le Nord.
- Julie, non !
Musique angoissante
- J'ai un peu peur,
mais je suis heureuse.
On se quitte plus, maintenant.
Tu vas voir.
à deux, on sera plus fort.
âŠ
- T'as ta ceinture ?
- Oui, bien sûr.
Klaxon
- Mais il est malade, lui !
- Bon⊠Vous rouliez à quelle vitesse ?
- Ã la bonne.
- On va vous faire une prise de sang.
- Mon mari n'a pas bu.
Il s'est juste parfumé la bouche.
- Va avec la dépanneuse.
- Je reste avec toi.
- Non. Rentre à Salon,
occupe-toi de l'assurance.
Je prends le train.
- C'est mieux.
- D'accord, mon chéri.
Fais attention à toi.
Je te rejoins dÚs que possible.
- Génial !
Il frappe.
Dans mon bureau !
Je dois vous parler.
L'heure est grave.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Ma femme arrive.
- C'est une bonne nouvelle !
- Non, vraiment pas.
- Cha va pas entre vous ?
- Si, justement.
Depuis que 1000 km nous séparent,
ça va mieux.
Ma femme est dépressive.
Ãa l'aide de savoir
que je vis dans le Nord.
Ãa focalise sa dépression
sur du concret.
- J'ai peur de comprendre.
- Je lui ai menti.
Elle croit que je vis l'horreur.
Plus j'en bave,âŠ
⊠plus elle s'occupe de moi
et mieux elle va.
- Ch'est tordu.
- On n'a jamais été aussi heureux
que depuis que je vis ici.
- Mais vous lui avez dit quoi chur nous,
exactement ?
- Oh⊠euhâŠ
Quelques clichés.
Des lieux communs.
J'ai rien inventé deâŠ
J'ai dit que vous étiez un peuâŠ
un peu basiques.
Un peuâŠ
Un peu simples.
Un peu rustres.
Parfois vulgaires. Un peuâŠ
Abrutis.
Arriérés aussi.
Puis quelques autres trucs.
Musique triste au piano
âŠ
- Bonjour, mon amour.
C'est vachement joli !
- Mon amour⊠faut que je t'avoue
quelque chose.
Cris
(En chÅur)
- Bienvenue dans ch'Nord, Julie !
Allez !
Cris
(En chÅur)
Vive Julie !
Julie ! Julie !
Cris
- Bienvenue.
- Bienvenue dans ch'Nord.
Brouhaha
âŠ
- Viens !
(En chÅur)
- Julie⊠Julie⊠JulieâŠ
Julie⊠JulieâŠ
âŠ
- JulieâŠ
Cris de joie
- Santé ! Faut boire, heiiin !
- On va la choyer,
eule femme deul patron.
Cris, rires
- Ãa, c'est sûr !
Brouhaha, aboiements de chiens
âŠ
- Fous-moi l'camp !
Brouhaha
Tu reviendras quand t'auras des sous !
Regarde-moi ce bazar !
- Mais on est où, là ?
- à Bergues, ma chérie.
- M'ssieurs damesâŠ
- Toutes ces moules, là !
Celui-là , quoi qui m'rave eute mette
si m'ravisse. Il m'a jamais vue ?
- Arrête, la mÚre,
avec tes carabistoules !
Brouhaha, aboiements de chiens
âŠ
- C'est qui, tous ces gens ?
- Des mineurs deule mine.
- Hé, biloute ! Biloute !
- Les mines, c'est pas arrêté ?
- Pas chelle-là .
Ch'est vrai qu'y n'a plus gramint.
Mais une fois fermée,
on continue à vivre eud'dans.
Où veux-tu qu'on aille, heiin ?
Cris d'enfants
Brouhaha
- Rent' Ã t'maison, hein !
Vingt de diousse !
Eud gosse que c'est !
- Toudis les mêmes.
J'vais lui mettre une claque dans s'gif.
Musique énigmatique
- Ã d'ta l'heure.
- Ã d'ta l'heure !
âŠ
- LÃ , y a la mairie.
Au bout, la poste.
En face, la salle des fêtes,âŠ
⊠mais y a pu d'fêtes.
- C'est pire que ce que tu m'as raconté.
- J'ai essayé de te le dire.
Je voulais pas que tu voies ça.
âŠ
- C'est pas là que tu vis ?
- Si. Mais c'est exposé plein sud,
c'est assez lumineux.
Il tambourine.
- On passe à table à 9 h.
Faut pas être en r'***, heiiin !
- On dîne pas tous les deux ?
- Non. C'est le repas d'accueil.
Si on n'y va pas,
ils vont me le faire payer.
Parle-leur, ils seront contents.
- C'est sympa, de manger dehors.
- Faut pas qu'on reste trop ***
à cause des chacals.
- Qu'est-ce qu'on mange ?
- Deule viand'.
- C'est quoi, comme viande ?
- Cha dépend de ch' qu'on trouve.
Miaulements
- Attends, tu vas voir, toi !
Miaulement
- Merde ! Raté.
- Y en a assez.
Viens manger, va.
- J'arrive.
Ils rotent.
- Ã taaaab' !
Ils mastiquent
et déglutissent salement.
âŠ
(Ã voix basse)
- Je peux pas, je peux pas.
Passe-moi du pain.
âŠ
Petit cri d'effort
âŠ
- Et demain,âŠ
⊠on fait un cache-cache
à la mine.
(En chÅur)
- Oh ouais !
- Ch'est bien !
- Ch'est bien !
Rires
- Ils sont partis dormir dans leur mine ?
- Ãa leur ressemble pas,
il est qu'une heure du matin.
Des voisins se disputent.
- On entend vachement les voisins.
Qu'est-ce qu'ils disent ?
- Ils s'engueulent.
C'est comme ça tous les soirs.
Dispute, cris de femme
Coups de feu
- Ãa y est, c'est réglé.
- Quelqu'un est mort !
- Non. Il tire au plafond
pour calmer sa femme.
- Quel cauchemarâŠ
mais quel cauchemar !
Comment tu vivrais ça pendant 2 ans ?
Comment t'as tenu jusque-là ?
Je boirais bien quelque chose.
- C'est trop dur pour toi.
Je te ramÚne au train demain matin.
- D'accord.
Mais pour prendre toutes mes affaires.
Hors de question
que Raphaël nous rejoigne.
Il vivra deux ans chez mes parents
s'il faut. Moi, je m'installe ici.
- Impossible ! Je veux pas.
- Je t'aime.
C'est ta vie, c'est la mienne aussi.
- Alors ?
- J'entends rin.
Ils dorment p't'être.
- HéâŠ
On peut terminer
par un p'*** incendie.
- Cha va pas, non ?
- T'es babache, ti !
- Mi, tout che que je propose,
ch'est du brun.
- Mais non !
- Chut !
- C'était bien,
le coup de feu.
- J'en tire un autre !
- Non ! Yann, cha suffit.
Allez, on rentre.
- Allez, viens.
Tu viens pas ?
- Faut pas qu'il y ait plus personne
d'main.
- Ah oui, ch'est vrai.
- Annabelle !
- Mmm ?
- Che serait mieux que tu dormes ici.
- Antoine⊠s'il te plaît.
- Si demain chuis tout seul,
cha va faire louche.
Elle va se douter de quequ' chose.
- C'est moi
qui me doute de quequ' chose.
- Pour une fois qu'on est tous les deux
à Bergues sans ma mÚre.
- Bonne nuit.
Musique douce
âŠ
Musique énigmatique
âŠ
- Alors, ça va ?
- Non.
- Mi non plus.
- Julie veut rester ici.
- Dans ch'Nord ?
- Non, ici. LÃ !
- Hein ?
- On a tout fait pour la dégoûter,âŠ
⊠et elle veut vivre ici !
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle m'aime.
- Milliard ! Quel brunâŠ
- J'ai voulu me faire muter
sur la CÃŽte pour mon couple,âŠ
⊠et c'est dans le Nord
que ça s'arrange.
- Tant mieux, chi tout s'arrange.
- Comment je fais ?
Elle veut plus partir de ce trou.
- Dis-lui la vérité.
- Elle m'aime, je vais pas tout gâcher
en lui disant la vérité.
- Ch'est lâche.
- Non, c'est pas lâche.
- Elle t'aime, ti auchi.
Et t'oses pas être franc.
Réagis en Ch'ti.
- J'ai pas de leçon à recevoir
d'un boubourse de 35 ansâŠ
⊠qui dit pas à sa mÚre
de lui lâcher la grappe.
- Quo qu'tu baves ?
- Question courage,
t'es pas mieux que moi.
- M'mÚre, je lui parle quand je veux.
- Eh ben, vas-y.
- Va plutÎt parler à t'femme !
- Occupe-toi de ta mÚre.
Je m'occupe de ma femme.
- DisâŠ
Musique énigmatique
- Julie ?
Julie !
- Madame Abrams !
- Julie !
âŠ
- Je peux vous aider ?
- Je cherche la poste de Bergues.
- Bergues ?
Ch'est pas par ichi, Bergues.
- On n'est pas à Bergues ?
- Ah non.
Ch'est l'ancienne cité miniÚre, ichi.
Bergues, c'est plus loin.
- Ah bonâŠ
Merci.
- Montez !
J'va vous déposer.
Montez !
J'va pas vous minger.
Musique sautillante
âŠ
- Ma femme a disparu.
*- Non. Elle vous attend là -haut.
J'ai dû tout lui dire.
- Ben ouiâŠ
- C'est pas Versailles, mais on vit bien.
Les Ch'tis m'ont prêté leurs meubles.
Ils sont gentils avec moi.
- Tu m'as raconté n'importe quoi.
- J'ai tenté de te dire la vérité,
tu m'as pas cru.
Je t'ai dit ce que tu voulais.
- T'as fait tout ça
pour pas que je reste.
- Moins on se voyait,
mieux ça allait entre nous.
On se séparait
pour mieux se retrouver, non ?
- Je veux rentrer dans le Sud.
- Ah ! Min tchiot biloute !
Du courrier pour mi ?
- Non. Faut que j'te parle.
- Qu'est-ce qu'y a ?
T'es malade ?
T'as une maladie ?
- Non, non.
Tu m'coupes pas, t'écoutes.
Même si t'as quelque chose à dire,
ça changera rien. Ch'est comme cha.
- J'ai rin dit.
- OuiâŠ
Voilà ⊠J'vais quitter l'baraque.
J'vais prendre un appartement
à mi, avec Annabelle.
Même chi tu l'aimes pas,
mi, je l'aime.
Ch'est elle que j'ai choisie.
Bon. Qu'est-ce que t'as à dire ?
- Eh ben, ch'est pas trop tÃŽt.
Je m'demando
quand t'allo t'décider.
- Euh⊠T'es pas fâchée ?
- Pourquo que j'sero fâchée ?
Ch'est tout ce qu'eune mÚre demande.
Que sin gamin trouve enfin sin bonheur.
Je t'ai pas élevé pour mi toute seule.
Et⊠si tu m'faiso
un tchiot bilouteâŠ
⊠ou une tchiote biloute,
cha me fero plaisir, tu sais.
Hein ?
- D'accord, maman.
- Ch'est tout ce que t'avo à dire ?
J'ai mes patates à finir.
- Merchi !
Valse lente
âŠ
- Prends le temps de réfléchir.
Je suis là , si tu as besoin.
Je viens, j'arrive tout de suite.
Embrasse Raphaël.
âŠ
*- Bonjour, Annabelle.
*- Bonjour. Vous désirez ?
*- J'viens pour t'féliciter.
Bravo !
T'as gagné min garchon.
Cha y est, j'y fous la paix.
Ch'est fini, j'le surveille plus.
à partir d'aujourd'hui,
ch'est vous deux que j'ai à l'Åil.
Et vous avo intérêt à être heureux,
ou vous auro affaire à mi.
T'as compris ?
*Hein ?
*- MmmâŠ
*- Tous mes vÅux de bonheur !
*- Merchi.
"I just called to say I love you"
de Stevie Wonder
- J'ai connu Annabelle sur c't' air !
"I just called to chay I love you."
Il est de chez nous, le chanteur.
"Ch'ti⊠Viwonder" !
- J'ai pas le cÅur à rire.
Comment ça s'est passé pour toi ?
- Impeccabe. J'ai parlé à m'mÚre.
Je lui ai dit que j'épousais Annabelle.
- Elle a réagi comment ?
- Elle veut qu'on lui fasse
un tchiot biloute.
- C'est génial.
- Faut juste que je prévienne Annabelle.
- Tu lui as pas parlé ?
- J'ai trop peur qu'elle dise non.
- Elle est avec son motard ?
- J'sais nin. J'espÚre pas.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- J'ai besoin de vous, c'est urgent.
- Ãa peut pas attendre demain matin ?
- C'est un ordre. Descendez !
Vous restez là .
Surtout, vous bougez pas.
Elle est en bas. T'es prêt ?
- J'ai le trac.
- Vas-y ! Saque eud'dans !
Il joue
"I just called to say I love you"
âŠ
âŠ
Philippe joue "La Marche nuptiale"
- Avant d'me donner ta réponse,
sache que j'ai quitté ma mÚre.
- J'chais.
Elle m'l'a dit.
- C'est oui, alors ?
Rires de joie
"I just called to say I love you"
au piano
- C'est joli, c'que t'as fait.
- J'ai plus d'draps, maintenant !
- T'as mis l'temps, Antoine Bailleul !
âŠ
âŠ
Vrombissement de moteur
- JulieâŠ
Au début, on vivait n'importe où.
On était heureux
parce qu'on était ensemble.
Comment on a pu oublier ça ?
Je t'aime.
Je veux que tu viennes vivre
dans le Nord.
Je veux plus qu'on se quitte.
Jamais.
Valse lente
âŠ
- Pourquoi vous vous embrassez
devant tout le monde ?
- Venez, on va perdre nos orteils.
âŠ
âŠ
Applaudissements
- Vive les mariés !
âŠ
âŠ
- Ch'est la poste.
Ch'est pour ti, Philippe.
- Merde⊠La DRH.
- Cha fait plus de 3 ans,
cha devait bien arriver un jour.
Alors ?
- Porquerolles.
- Ch'est formidable, cha, Porquerolles !
- OuaisâŠ
- Ã ce soir. Bonne route !
- Ch'est toudis pareil,
avec les directeurs.
Vous débarquez,
faut faire vot' mote.
Et quand tout roule,
vous vous sauvez comme des voleurs.
- Arrête eud râler.
- Pour eule route, deule chicorée.
Deule faluche.
Et une bir pour ti.
- Merci beaucoup.
- AllezâŠ
Oh là là âŠ
- On ira vous vir en vacances.
Le Chud, c'est pas aussi bieau
que l'Nord, mais c'est bien aussi.
Musique triste
âŠ
- Merci, biloute.
- T'as pas à me remercier, biloute.
âŠ
- Oh, que siâŠ
- Tu vois, j'avo raison.
- De quoi ?
- "Un étranger qui vient ichi
il braie deux fois.
"Quand il arrive et quand il r'part."
- Je pleure pas.
- Chi, tu pleures.
- Non, je pleure pas.
- Oh chi, tu pleures.
- Non.
- Non, tu pleures pas.
âŠ
(En chÅur)
- Au revoir ! Bon voyage !
Valse lente
âŠ
âŠ
âŠ
âŠ
- Il est parti avec les meubles ?
- Ch'est peut-être les chiens.
- Quels chiens ?
Fou rire
C'est pas meublé ?
- L'anchien directeur est parti avec.
Fou rire
- PourquoiâŠ
C'est pas meublé ?
- L'anchien directeur est parti avec.
Fou rire
- Pourquoi donner
ses meubles à des chiens ?
- Mais non⊠Mais non.
- Les chiens, les chatsâŠ
Tout le monde parle comme ça ?
- Chez les ch'timis,
on parle ch'timi.
- Eh benâŠ
Et l'flamand, non ?
- Pardon.
Rire
- Chez nous, on dit un "coustouilli".
Fous rires
Non⊠cous⊠"coustouillu".
- Nous, on dit "couillosti".
- "Couillosti" !
Fou rire
Bonsoir, biloute. Heiiin !
Rires
Euh⊠MiâŠ
Euh⊠miâŠ
Mi⊠avec eulâŠ
Mi⊠euch⊠avecâŠ
Rires
Biloute, attends.
Bonsoir, biloute. Heiiin !
Mich⊠Pas "mich" !
Bonsoir, biloute. Heiiin !
Mi avec euch⊠euhâŠ
Mick avec euch !
Fous rires
Attendez !
Mich avec euchâŠ
Mi avec euch eul⊠avec euch eulâŠ
Mi⊠AttendsâŠ
Mi avec eud l'équipe
eud euch deule posteâŠ
On voudraitâŠ
On voudraitâŠ
- On "voudro".
On voudro a'recomminderâŠ
⊠eule même kose, heiiin !
Fou rire
- Pardon !
- Vous avo intérêt
à être heureux. Compris ?
Chinon, ch'est affaire que vousâŠ
Vous avo intérêt
à être heureux.
Chinon vous avo à l'faireâŠ
Vous avo intérêt
à être heureux.
Compris ?
Chinon, ch'est affaireâŠ
Vous avezâŠ
Merde !
- PremiÚre !
- C'est gentil de dire bonjour.
Entrez 2 minutes.
- Non merci,
on va y aller.
C'est tÎt pour l'apéro.
- Et un tchiot café ?
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Quoi ?
- C'est pas une pub !
- C'est coupé.
- Entrez.
- Hop, hop, hop !
Non merci, c'est bien gentil.
Mais on va y aller.
Il est trÚs tÃŽtâŠ
Fous rires
- Hop, hop, hop !
Non merci, M. Mahieux.
On va y aller.
Il est un peu tÎt pour l'apéritif.
- Et un tchiot café ?
- Ah ! Un café, là c'est diffâŠ
- Dommage !
- Bonjour, M. Mahieux.
- Philippe Abrams,
le directeur de la banque.
Fou rire
- Du pastis !
Comme chez moi ! Allez.
- J'veux pas boire.
Fous rires
- C'est coupé !
- Il faut pas.
- Juste un verre.
Fous rires
- Il faut pas.
- Je ferme les yeux.
- Mais non, jeâŠ
- Il faut pas.
- Un verre. Je ferme les yeux.
Fous rires
(En chÅur)
- JulieâŠ
Julie⊠Julie⊠JulieâŠ
âŠ
Rot
Fou rire
- Annabelle.
Je suis au guichet "courlis"âŠ
Fou rire
- Reprends. Reprends ça.
"Ferme eute bouc,
tin nez va carrer d'dans."
Fou rire
- Ãa va, mon chéri ?
- PapaâŠ
Je veux pas perdre mes orteils.
- Pourquoi tu les perdrais ?
- Je veux pas aller dans le pÃŽle Nord.
- Mais tu vas pas dans le pÃŽle Nord.
On va dans le Nord !
Il est con !
Fous rires
- Je risque gros.
- J'ai pas eu le poste !
Je me traîne le cul
au bureau de Salon depuis 11 ans.
Il bredouille.
- Je méritais la⊠Quoi ?
Fous rires
Il joue n'importe quoi
- Vive les Ch'timis ! Yeah !
Rires