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Tu me tues comment,
aujourd'hui ?
Je te tranche la gorge.
AIlô ?
Le commissariat central ?
Vous dormez ou quoi ?
Un crime vient d'être commis.
Oui, un crime.
Rue du Temple, au n°1.
Pas rue du Temps, crétin !
Rue du Temple !
Augusta Terzi.
Appartement 1.
Vous avez noté ? Répétez.
Je vous en prie.
Après vous.
Un instant !
Félicitations, commissaire.
Nous avions besoin
d'un homme à poigne,
d'un homme comme vous.
La situation politique
nous est favorable.
Et j'ai des idées.
Ne vous inquiétez pas.
Allez chercher
une quinzaine de verres.
- Qu'y a-t-il ?
- Un meurtre, commissaire.
- 1, rue du Temps.
- Du Temple.
Madame Augusta Terzi...
Quand a-t-on téléphoné ?
Il y a 10... 20 minutes.
- 10 ou 20 ?
- Ce n'est pas précisé.
Il faut être précis...
Toujours précis !
Nous avons vérifié
nom et adresse.
Votre légèreté permet aux suspects
de se forger des alibis !
Vous comprendrez
quand je ne serai plus là.
"Un agent tire..." Qui est-ce ?
Vous ne le connaissez pas.
Bien entendu,
le coup est parti tout seul.
On dirait.
Va rue du Temple, allez !
Félicitations.
Allons, souriez !
En voilà, des têtes d'enterrement !
Soyez tranquille, votre fils
s'en tirera avec 10 ans.
Tout ça, ce n'est plus mon rayon.
Venez tous !
Vous êtes enfin débarrassés
de la sangsue !
Venez tous !
Panunzio !
Faisons déboucher
la bouteille à Panunzio.
- Le voilà !
- Félicitations.
Toruzzo ! Tu viens avec moi.
Félicitations.
Ce ne sera pas facile
pour moi de te remplacer.
Penses-tu !
En voilà une idée !
- Et Panunzio ? Où est-il ?
- Je suis là, commissaire !
On va le voir ?
Ce Proietti, il a avoué,
finalement ?
Il s'en tient au suicide.
Bois. C'est du champagne,
ça éclaircit les idées.
Il n'y a rien à éclaircir.
Je suis innocent.
Elle s'est suicidée
pour que j'aie des ennuis
ou elle a perdu l'équilibre.
La tête lui a tourné, sans doute.
Tu l'as poussée.
Non ! D'abord, je dormais.
C'est même vous qui m'avez réveillé.
Et puis, je suis un violent !
Je l'aurais étranglée,
moi, cette salope !
Bois, bois, innocent !
Bois !
Ici, tout le monde est innocent.
Le seul coupable,
c'est moi.
Silence !
Ce n'est pas
pour flatter un supérieur,
qui est aussi un ami,
mais nul autre que toi
ne méritait cette promotion.
Ces dernières années,
sur 102 affaires de meurtres,
10 seulement sont restées impunies.
Et je suis sûr que,
sous ta direction,
la section politique
aura l'efficacité
de la brigade criminelle.
Je te souhaite là-bas
les mêmes triomphes qu'ici.
Et je bois
à ta santé
et à ta magnifique carrière.
Assez de lèche-bottes !
Le carnaval est fini.
Confirmé. 1, rue du Temple.
Mangani, Panunzio, allons-y !
Je vous rejoins.
Pas de déclaration ?
C'est le mari.
Alors ?
Des tas de coupures de journaux
et même une photo de toi.
- Où est-elle ?
- Par là.
Découvrez-la.
Le coffret à bijoux est vide.
- Et ça ?
- 300000 lires en espèces.
Style décadent à la d'Annunzio...
Nous n'avons pas trouvé
un seul sous-vêtement.
Pas même un cache-sexe.
Quel désordre !
Ils étaient au lit.
Ils faisaient l'amour.
Il y a eu orgasme ?
À première vue, non.
Recouvrez-la.
Emporte cette bouteille
et ce verre.
Les locataires n'ont rien vu ?
Nous relevons leur nom.
Ça ne va pas ?
- Qui habite à côté ?
- Un chirurgien célèbre.
Au-dessus de tout soupçon.
L'appartement est à quel nom ?
À celui de la victime.
Qui hérite ? Le mari ?
Ils sont séparés depuis 3 ans.
Arrêtez-le et interrogez-le.
Regarde ça.
Elle posait pour des photos
du genre "sang à la une".
Il y en a toute une collection.
Du travail d'amateur
et plutôt puéril.
Qu'est-ce que tu en dis ?
Mets-toi sur le lit
et retourne-toi.
Voilà comment
nous avons trouvé
la putain éventrée.
- Viens ici, maintenant.
- Où ?
Une hôtesse de l'air
fait l'amour avec un Turc, en vol.
Nous la retrouvons étranglée
dans les toilettes de l'aéroport.
Arrête-toi !
- Et maintenant, laquelle ?
- Celle de l'espoir de la chanson !
En 1967, jeune chanteuse yé-yé
égorgée et recouverte
de disques de musique sacrée.
Crime érotico-mystique.
Le tueur, un ex-séminariste,
est retrouvé quelques minutes après
écoutant, pratiquement en extase,
la voix de la victime
devant un juke-box !
C'était un organiste,
pas un séminariste.
Ne bouge pas.
On fait celle
de la révolutionnaire ?
Jeune étudiante contestataire
étouffée par le titulaire
de la chaire de sociologie
avec des billets de 10000 lires.
Violée après décès.
Écarte les jambes, comme ça.
Ne bouge pas.
Ça ne vous excite pas
de les trouver comme ça ?
Quelquefois.
Une fois, un détail m'a excité.
Un accessoire...
- Quel accessoire ?
- Je n'ose pas...
Attention.
- Commissaire...
- Quoi ?
- Pour moi, c'est un parfait crétin.
- Qui ?
- L'assassin.
- Pourquoi ?
Non seulement un crétin,
mais un être superficiel et vain.
Il prend les bijoux,
mais il laisse 300 000 lires !
Il s'habille, se lave,
se bichonne, se pomponne.
- Et alors ?
- Il se chausse,
va patauger dans le sang
et laisse des empreintes partout !
Précieuses pour nous, certes...
Mais quel crétin !
Si, c'est un crétin.
Espérons que c'est le mari,
pour en finir vite !
- Alors ?
- Nue.
- Violée ?
- Non, tuée après avoir fait l'amour.
Aucune trace de lutte
dans l'appartement
mais une ambiance trouble,
morbide, décadente.
Et il y a du sang partout.
Descends, je prends le volant.
Un corps superbe, il paraît ?
Une peau de satin,
une peau de grande courtisane.
Un détail
pour tes lecteurs de gauche :
Aucun sous-vêtement
dans l'appartement.
- Fétichisme ?
- Non.
- Elle n'en portait pas.
- J'ai mon titre.
Fais-moi plaisir, Patanè,
insiste sur le mari.
Commissaire...
Vous ne me connaissez pas.
Je parle bien au célèbre
chef de la brigade criminelle ?
Non, vous ne me connaissez pas.
Vous ne m'avez jamais vue.
Je ne fréquente pas
les policiers, moi !
Qui je suis ?
Peut-être une voleuse,
une détraquée,
une tueuse !
Un des 30 assassins
toujours en liberté.
Comment je m'appelle ?
À toi de le découvrir,
tu es si fort et si célèbre !
À propos, tu devrais maigrir.
Commissaire, au secours !
Quelqu'un est entré chez moi,
j'entends ses pas.
Depuis des mois,
je me sens traquée.
C'est quelqu'un qui veut
me posséder, me violer.
Le voilà !
Il est sans pantalon.
Quelle horreur !
Et je suis seule... nue.
Je mourrai violée !
C'est mon destin ! Au secours !
Toujours vêtue de noir,
toujours en deuil.
Ne vous faites pas d'idées.
Physiquement,
vous ne m'intéressez pas.
Vous êtes trop poilu.
Vous devez transpirer beaucoup
et sentir le cirage à plein nez.
Comme tous les flics, avouez.
Un flic est plein de secrets,
comme un prêtre.
C'est votre esprit qui m'excite.
J'admire beaucoup la police.
J'ai l'âme d'une indicatrice.
Je ferais tout pour être interrogée
par vous !
Pour ça, adresse-toi
à ta putain de sœur !
- Qui est là ?
- Police.
Et qui cela pouvait-il être ?
Un voleur ou un flic.
Qui était ici ?
Un homme.
Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?
Pourquoi m'avez-vous téléphoné ?
Je vous préviens.
Je ne paie jamais.
Charmant...
Il fallait appeler les mœurs,
pas la criminelle.
Pour qui me prenez-vous ?
Qu'est-ce que tu veux ?
M'amuser, c'est tout.
Tous ces millionnaires,
comment les as-tu connus ?
Toujours le téléphone ?
Vous êtes fort ! Bravo !
Quel policier !
Mais là, il y a une erreur.
En 1966,
j'étais seule comme un chien.
Debout !
Toruzzo...
Comment ça va ?
J'espère que vous apprécierez
la nouveauté de ces réunions.
À l'américaine !
Pour le genre de travail qui nous
attend, nous sommes bien peu.
Et nous devons être
beaucoup plus !
Depuis aujourd'hui,
je dirige la section politique.
Jusqu'à hier,
je me suis occupé d'assassins
avec un certain succès.
Il est significatif
que l'on m'ait
justement appelé, moi,
dans la conjoncture actuelle,
à la direction
de la section politique.
Il en a été décidé ainsi
car, entre les délits de droit
commun et les délits politiques,
les différences, de nos jours,
s'amenuisent
au point de disparaître.
Gravez ceci dans vos mémoires :
Tout criminel
est un agitateur en puissance.
Tout agitateur
est un criminel en puissance.
Dans notre ville,
subversion et crime
ont déjà tendu des fils invisibles
qu'il nous appartient de trancher.
Quelle différence y a-t-il
entre des pilleurs de banques
et la subversion organisée,
institutionnalisée, légale ?
Aucune !
Les deux ont le même objectif,
avec des moyens différents :
La destruction de l'ordre établi.
6000 prostituées fichées,
grèves et occupations d'édifices
en augmentation de 20%,
2000 maisons de passe
dénombrées.
En un an, 30 attentats
contre des biens d'État,
200 viols.
Marche de protestation
de 50000 élèves du secondaire.
Attaques de banques
en augmentation de 30%.
10000 agitateurs de plus.
6000 homosexuels fichés.
Plus de 70 groupes subversifs,
agissant hors de la légalité.
Banqueroutes frauduleuses
en augmentation de 50%.
Un nombre indescriptible
de revues politiques
incitant à la révolte.
L'abus de la liberté
menace le pouvoir traditionnel
et les autorités constituées.
Il tend à faire de chaque citoyen
un juge
et nous empêche d'exercer librement
nos fonctions sacrées.
Nous sommes
les protecteurs de la loi
que nous voulons immuable,
sculptée dans l'éternité !
Le peuple est mineur,
la ville est malade.
À d'autres, la tâche de guérir,
d'éduquer.
À nous, le devoir de réprimer !
La répression est notre vaccin.
La répression est la civilisation !
N'applaudissez pas,
je vous en prie.
Soyons modestes... au travail.
Là, les communistes,
puis les partisans,
les trotskistes,
maoïstes et anarchistes.
- Et les gouvernementaux ?
- Par là.
Ici, les diverses
tendances catholiques.
Au fond, les sociaux-démocrates
et la droite.
Avec le progrès, tout ceci
sera condensé et rassemblé
dans deux petites pièces.
S'il vous plaît, venez ici.
J'aimerais jeter un œil
sur les dossiers
de mes ex-collègues
pour une blague.
Depuis 15 jours, toutes nos archives
lui sont transmises.
C'est ça, le progrès.
- Faisons un essai.
- D'accord.
Imaginons que l'affaire Terzi
ait des mobiles politiques.
- Adresse ?
- Rue du Temple, n°1.
- Quelle zone ?
- Centrale.
L'ordinateur va nous dire
si la rue du Temple
abrite des individus
politiquement dangereux.
Comment ça marche ?
Comme ça.
Ma parole !
Mais c'est l'Amérique ici !
La révolution !
Une de nos vieilles connaissances.
Un individu socialement
et politiquement dangereux.
Pace Antonio.
Né à Ravenne, le 24 mars 1946.
Étudiant en chimie.
Membre du conseil de faculté.
Contestataire. Fanatique.
Dangereux.
- Téléphone sur écoute ?
- Cela va de soi.
Depuis mai 1968.
Belle tête d'assassin.
Je vais le foutre au bloc !
Commissaire, je vous en prie...
- Révérend...
- Il ne vaut mieux pas, mon fils.
- Un cigare ?
- Merci.
Assieds-toi.
Alors, tu es content ?
Si on veut.
Retomba sur le général Cadorna.
La formation d'un centre-gauche,
cette année,
pourrait être
le Caporetto du gouvernement.
La tension monte dans le pays.
Je serais plus tranquille
avec une équipe plus fournie.
Il me faut 100 hommes de plus
et des fonds pour mes indics.
J'en parlerai au ministre.
Je voudrais...
Voyons ça...
Je voudrais tellement...
- Dis-moi...
- Écoute...
Louer...
3 appartements,
dans un quartier discret et calme
pour mes indics,
pour établir avec eux
des contacts plus...
confidentiels.
À toi de voir.
Mais moi, officiellement,
je ne sais rien.
J'ai fait une autre liste
de 630 numéros
à mettre sur écoute.
Est-il bien nécessaire
de demander une autorisation ?
À toi de voir.
Autre chose ?
Cette femme qui a été tuée,
il y a 3 jours...
- Qui ? Mme Terzi ?
- Tout à fait.
Une belle femme.
J'ai vu les photos.
Je la connaissais.
J'ai eu une aventure avec elle.
C'était comment ?
Bien ?
En fait, c'était...
Je voulais te demander...
Estimes-tu indispensable
d'informer les enquêteurs
de ce fait ?
Moi, je ne sais pas.
Qu'en penses-tu ?
Je ne sais pas...
Pour moi, c'est le mari.
Faites entrer Panunzio.
Je vous ai apporté
une photo souvenir
de la glorieuse criminelle.
Asseyez-vous.
Oui. Mon cousin est communiste
et secrétaire de syndicat.
Mais que puis-je y faire ?
Il ne met pas les pieds chez moi.
Je ne le vois jamais.
Si, une fois par an,
pour être tout à fait exact,
à NoëI.
Je ne suis qu'à 2 ans
de la retraite.
Ne me faites pas transférer.
J'ai deux fils étudiants.
Je dois les surveiller de près.
Où en est l'affaire Terzi ?
Nous avons un indice intéressant.
Sous les ongles de la victime,
le labo a trouvé un fil bleu
venant sans doute d'une cravate.
L'assassin n'était pas nu ?
Alors selon vous, les hommes nus
portent une cravate ?
C'est vrai !
Personne n'avait pensé à ça !
Le mari, vous l'interrogez ?
Oui, commissaire.
On l'interroge depuis ce soir.
Empreintes digitales ?
Rien de spécial.
Il n'y a que les vôtres.
Les miennes ?
Les miennes !
Oui, sur une poignée.
Et sur une tasse à café.
Vous avez dû avoir sommeil.
Celle-là, dans la ***.
Mais nous y sommes tous entrés.
Dans la cuisine.
Mais nous y sommes tous allés.
Et vous devez avoir manipulé
quelque chose.
Sur le téléphone.
Où est-ce ? Voilà !
Mais vous avez téléphoné ce soir-là.
Je m'en souviens très bien !
Sur un verre à liqueur.
Vous avez eu un malaise,
vous vous rappelez ?
Et vous avez bu un cordial
que je vous ai servi moi-même.
Ça ne va pas ?
Alors, monsieur ou madame,
tu nous dis quand tu t'es lancé
dans l'homosexualité ?
Avant ou après
t'être séparé de ta femme ?
Elle t'a foutu dehors ?
Parce que tu jetais l'argent
par les fenêtres ?
Ce n'est pas si simple,
je l'aimais bien, Augusta.
Il est cuit.
Je pose les questions à ma manière
et il craque.
Tu te décides,
champion de la pédale ?
Tu vas parler ?
Nous savons tout de toi !
Remarque, c'est logique :
Tu es une gonzesse,
elle était belle, tu l'as tuée.
Ce n'est pas vrai !
- Parle !
- Je veux un avocat !
On n'est pas en Amérique, ici !
Quand on aura changé
le code, d'accord !
Tu es un artiste,
un garçon sensible.
Mets-y du tien.
Il va tout nous dire, à présent.
Reprenons du début.
Le jour où ta femme a été tuée,
à quelle heure es-tu rentré ?
Je vous l'ai dit.
Redis-le.
- À 4 heures.
- Et ensuite ?
J'ai pris ma voiture
et je suis allé sur la route de Rome.
Il y a eu un embouteillage monstre.
Des milliers de personnes.
Invraisemblable, mais...
C'est un ***.
L'embouteillage,
c'est un peu usé, comme alibi !
Je vous ai dit tout
ce que je savais.
Pas tout...
et surtout pas spontanément.
Pour ta carrière,
tu te servais de ta femme.
Un de tes collègues nous l'a dit !
Je finirai bien par te réveiller !
Interroge-moi !
Faisons quelque chose ! Ne dors pas !
Laisse-moi tranquille.
J'aime que tu me questionnes.
Tu es si méfiant !
Tu me rappelles mon père.
Allez, interroge-moi.
Interroge-moi !
Pour commencer, descends du lit !
À genoux et tiens-toi droite.
Droite !
Je comprends.
Le silence fait toujours peur.
Tiens-toi droite !
Imagine que des heures terribles
t'attendent.
Questions cruelles, menaces, tout !
Tâche de te rappeler
ce que tu as voulu oublier,
de te rappeler ce que tu as fait
de plus honteux.
Et dis-toi que je peux
tout savoir de toi
parce que l'État
me donne les moyens
de mettre à nu un individu.
- Droite !
- Ordure...
Je vais te faire croire
que je sais tout
pour créer en toi
un complexe de culpabilité.
J'en ai marre !
Pose-moi des questions !
Tu veux que je t'interroge ?
Alors, parle, parle, parle !
Avoue les choses
les plus honteuses.
Ce n'est qu'en avouant
tes faiblesses, tes saletés,
que tu obtiendras mon pardon.
Je vois. Comme avec les enfants.
Nous redevenons tous des enfants,
surtout devant l'autorité !
Devant moi, qui représente la loi !
Tiens-toi droite !
La loi...
Reste à terre !
La loi...
toutes les lois,
connues et inconnues.
Le suspect devient un enfant.
Et moi, le père.
Le modèle inattaquable.
Mon visage est celui de Dieu,
de la conscience.
C'est une mise en scène, pour mieux
traquer les sentiments cachés.
N'aie pas peur. Tiens.
Je t'explique tout ça
parce que c'est la base même
de l'autorité :
Celle des professeurs,
des dirigeants de partis,
des percepteurs.
Je vais te montrer comment nous
avons trouvé la putain de la foire.
Finalement, policiers et délinquants
se ressemblent.
Même façon de parler,
mêmes habitudes...
et parfois mêmes gestes.
Tu es enfant !
Plus que tous ceux que j'ai connus.
Je te défends de dire
que je suis un enfant !
Tu ne dois pas le dire, compris ?
Les autres sont des enfants !
Tu as fini de nous faire marcher
avec ton embouteillage ?
Nous allons te laisser réfléchir,
tout seul.
Tu penseras
à ce que tu dois dire et faire.
Tout le monde sort.
Mangani, tu gueules trop !
C'est toi qui m'as appris.
Prenez un peu de café.
C'est vous le décorateur
de la villa Moroni ?
On m'en a parlé.
Des solutions intéressantes.
Style Liberty, n'est-ce pas ?
Quand avez-vous vu votre femme
pour la dernière fois ?
3 jours avant sa mort.
Elle me faisait chanter.
Je recevais des coups de téléphone
anonymes, une voix d'homme.
C'était lui.
Lui ?
Celui qui était avec ma femme.
C'est lui qui téléphonait,
et sur un ton
habitué à commander.
Pourquoi ce chantage ?
Pour me faire souffrir.
M'humilier.
Donnez-moi des détails.
Un jour, l'homme m'a appelé
et m'a dit
qu'il fallait me faire ficher
à la police comme travesti.
Il avait le bras long, je crois.
Un militaire, peut-être.
Un agent du Trésor.
Augusta aimait
les hommes importants.
Le nom, le nom de ce...
Si je le savais,
je ne serais pas ici.
C'est lui l'assassin, je crois.
Un pressentiment.
Vous avez oublié son nom ?
Je ne l'ai jamais su.
Soyez tranquille.
Tout finira bien.
Alors ?
Pour moi, il est innocent !
Il est innocent.
À 16 heures,
le dimanche 24 août,
j'ai tué Augusta Terzi...
de sang-froid.
J'ai une circonstance atténuante :
La victime se moquait de moi
systématiquement.
J'ai laissé des indices
partout,
pas pour brouiller les pistes,
mais pour prouver,
pour prouver...
pas pour brouiller les pistes,
pour prouver...
que je suis
au-dessus de tout soupçon.
Pourtant...
Pourtant,
si tu fais condamner
un innocent à ta place,
le fait d'être
au-dessus de tout soupçon
n'est pas prouvé.
1,2 kg.
900 lires.
C'est vraiment pour la police ?
Vous ne savez pas lire ?
- Patanè, à la rédaction...
- Un instant.
Rédaction...
AIlô ? Patanè ?
- Votre nom ?
- Je ne peux pas le dire.
La ligne est surveillée.
C'est une blague ou quoi ?
La criminelle a reçu un paquet
contenant les bijoux
d'Augusta Terzi,
un soulier de l'assassin,
une lame de rasoir...
ce qui disculpe le mari.
Inutile de camoufler ta voix,
je te reconnais.
En 1948,
2000 graffitis à la gloire
de Staline ont été effacés,
50 pour Lénine,
1000 pour Togliatti.
30 pour Tito.
300 pour Mussolini.
Et 411
pour des personnes inconnues.
Par contre, en 1956,
les Staline tombent à 100.
- Une chute énorme.
- Et Togliatti ?
Stationnaire.
En 1958,
100 "Vive Khrouchtchev !",
50 pour Mao
et 500 "À bas Staline !"...
Qui, par ordre supérieur,
n'ont pas été effacés.
L'an dernier, les "Vive Mao !"
Étaient 3000.
Hô Chi Minh : 10000,
Che Guevara : 1000,
"Vive" et "À bas" Marcuse : 11.
Et un nouveau : "Vive Sade !"...
Le marquis...
Cette année,
sont prévus 10000 Mao,
500 Trotski, 10 Amendola
et peut-être 500 "Vive Staline !".
Que font-ils ?
Va les contrôler
et vérifie s'ils ont un passé.
Les jeunes...
Ils écrivent sur les murs !
Les étudiants et les ouvriers
rôdent la nuit !
Ils parlent de révolution
au téléphone,
à la faculté, à l'atelier !
Des tonnes de peinture rouge
pour nous insulter !
Je sais ce qu'il faudrait
pour arrêter ces agitateurs,
ces destructeurs de l'autorité !
Pace a été convoqué
à la criminelle.
- Qui l'interroge ?
- Mangani.
Nos jeunes collègues
doivent retourner à l'école,
noyauter les facultés, les usines,
porter les cheveux longs
et endosser des bleus de travail !
Nous devons tout savoir,
tout contrôler !
Servons-nous de nos fils,
au besoin !
- L'écoute d'Antonio Pace...
- Tout de suite.
L'affaire Terzi.
- Que se passe-t-il ?
- Des nouvelles importantes.
Je te tiens au courant.
Commissaire, une signature.
- Antonio ? Où étais-tu ?
- À la police.
À la politique ?
Ils remettent ça ?
- Non, à la criminelle.
- Pourquoi ?
Pour la femme tuée
dans mon immeuble.
Ils veulent te mouiller ?
Non, ils interrogent les locataires.
- Que leur as-tu dit ?
- Rien.
Même pas
que tu couchais avec elle ?
- Salope !
- Ferme-la, on nous écoute !
Je vais en profiter pour parler
à "l'écouteur" de service !
Camarade, toi qui as
la tâche ingrate d'espionner
la naissance
de la révolution italienne,
sache qu'on t'exploite,
fils du peuple !
Joins-toi à nous
ou demande une augmentation !
Coupez.
- Un instant.
- Quoi ?
Idées exécrables sauf la dernière.
30 ans de service et j'en suis
encore à 140000 par mois !
- Et alors ?
- S'il n'y avait pas la culture...
Je vends des livres chez moi.
Je vous apprendrai à faire
du porte-à-porte !
Rédaction...
- Votre nom ?
- Je ne peux pas le dire.
La ligne est surveillée.
C'est une blague ou quoi ?
La criminelle a reçu un paquet
contenant les bijoux
d'Augusta Terzi...
À qui te fait-il penser ?
- Le premier, c'est Patanè.
- Et l'autre ?
Ce paquet, il est arrivé ?
Oui, mais la nouvelle
a été publiée une heure avant.
Donc, ce n'est pas le mari,
puisqu'il est ici.
Il peut avoir un complice.
Pour moi, le mari est innocent
et devrait être relâché.
Cette affaire est entre mes mains
et le mari restera en prison !
On le garde en prison.
Quand comprendras-tu ?
Le mari est innocent.
Mieux vaut le garder en attendant
que l'opinion publique l'oublie.
Bureaucrate !
Tu as peur de l'opinion publique !
Ne t'en fais pas.
Ne t'inquiète pas.
C'est un réactionnaire
depuis la nuit des temps.
Il ne pense
qu'à se faire bien voir.
C'est une vieille pantoufle
à mettre au placard.
Que veux-tu ?
Je lui dis quoi ?
- À qui ?
- À Mangani.
À quel propos ?
Il veut savoir qui m'a téléphoné
au sujet du colis avec les bijoux.
Et alors ?
C'est toi !
Comment aurais-je pu te téléphoner
avant d'avoir reçu les bijoux ?
Tu m'as téléphoné !
Ne crie pas sur les toits
que je te téléphone.
Je ne te téléphone pas !
Je te fais des faveurs
et tu dois faire attention.
Virez-moi cette machine !
Allez tous travailler.
Et vous, partez !
J'ai un conseil à vous demander.
Qu'est-ce qui t'arrive ?
Allez, viens avec moi.
- Ça ne nous aide pas...
- Un télégramme.
Quoi encore ?
Dans cette ville,
on ne tue pas que les putains,
mais l'ordre et l'équilibre social.
En 24 heures,
3 occupations de locaux :
Mal logés, étudiants, enseignants.
Les Italiens ! En 6 mois,
81 millions d'heures de grève !
- Tu as un cachet ?
- Non.
Selon vous, le mari est innocent ?
Évidemment.
Il y a un moyen
de prouver son innocence :
Trouver l'homme à la cravate.
Oui, il le faut.
La cravate bleue
que vous portiez le soir du crime...
- D'où vient-elle ?
- De chez Cenci.
Ils en ont vendu 2.
Une à vous.
Et l'autre
à une dame.
Augusta Terzi !
C'est la victime qui a offert
la cravate à son assassin !
Elle a offert la cravate
à son assassin.
Vu leurs rapports,
elle n'a pas pu la donner à son mari.
Ça me paraît logique. Ça l'élimine.
En quoi puis-je t'aider ?
Qu'est-ce que je peux faire ?
Tu veux ma cravate bleue ?
Tu peux aller chez moi.
Ma femme de ménage te la donnera.
Elle est là, le matin.
- Tu as un cachet ?
- Je peux passer chez vous ?
Mais tu comprends, tous ces...
3 occupations en 24 heures :
Étudiants, mal logés, enseignants...
Enseignants !
Je peux y aller ?
Moi, à cette chienlit,
je préfère les criminels !
Je peux vraiment passer chez vous ?
Quelle horreur !
Enlève-moi ce maillot.
Ta maman n'en saura rien, va !
Et change de chemise !
On dirait un serveur suisse.
Tu portes de vraies chaussettes
de curé, de sacristain !
Ou de ce que tu es : Un policier.
Tu n'as rien de plus clair,
de plus ***,
de plus normal.
Les gens doivent changer
de trottoir quand tu passes
parce que tu as l'air d'un flic.
Tu pues le commissariat,
la paperasse et les cellules !
Au moins,
les curés sentent l'encens !
On devrait vous fournir
du déodorant !
Je te tuerais bien
de mes propres mains !
Quel courage !
C'est toi qui mènerais l'enquête !
Qui pourrait te démasquer ?
Puis-je vous demander un service ?
Oui.
Voudriez-vous m'acheter
toutes les cravates bleues ?
Celles-là.
Pourquoi n'y allez-vous pas ?
Ils me prendraient
pour un concurrent.
Rendez-moi ce service.
Ça va chercher gros,
dans les 50 à 60000 lires.
D'accord, voilà...
Je suis curieux.
Pourquoi juste les bleues ?
Je suis impresario dans le théâtre.
Je monte un spectacle :
Le titre est :
"50 cravates bleues
"pour 50 nanas".
Merci beaucoup. Je vous attends.
- Où ?
- Sous la colonnade.
Dépêchez-vous.
Voilà...
4000 lires, c'est ce qui reste.
Vous savez la meilleure ?
Ils m'ont pris pour un flic,
ils m'ont même fait un rabais.
Ils m'ont appelé adjudant !
- Comptez-les, il y en a 25.
- Quel est votre métier ?
- Quoi ?
- Votre métier ?
Moi ? Je suis plombier,
mais je travaille
quand ça me chante.
Pour qui votez-vous ?
Comment ça ?
- Ça ne vous regarde pas.
- Répondez !
Je vote pour qui me plaît !
Je prends une cravate,
gardez les 24 autres.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
C'est quoi, cette embrouille ?
Expliquez-moi.
Je vais le faire.
Allez immédiatement à la police
avec ces 24 cravates.
À la criminelle.
Je ne suis pas dans le théâtre,
je suis...
un assassin.
Quoi ?
Un assassin.
Un assassin !
Vous lisez les journaux ?
La femme de la rue du Temple,
c'est moi qui l'ai tuée.
Vous ? Un homme comme il faut ?
Vous me faites marcher !
Non. Mais vous êtes
dans de sales draps.
Pourquoi ?
J'ai rien fait, moi !
Taisez-vous un instant.
Quiconque est en rapport
avec un assassin
a des comptes à rendre !
Courez à la criminelle
et décrivez-moi en détail.
Donnez l'heure, le lieu
et les circonstances
de notre rencontre.
Regardez-moi bien,
examinez-moi en détail.
On n'est pas tous les jours
à 20 centimètres d'un assassin !
Rappelez-vous
comment je suis coiffé,
si j'ai une moustache,
ce que je porte.
Laissez-moi au moins
rentrer chez moi
prévenir ma femme
et voir mon fils...
Allez à la police !
Mais je ne suis pas rasé !
Comportez-vous en citoyen !
- Attendez...
- Allez à la police !
Allez à la police !
Écoutez...
- Allez à la police !
- Revenez !
Passe au rouge !
Tu es au-dessus de la loi !
Mais non, je ne veux pas.
Passe au rouge, passe au rouge !
Tu veux que je passe au rouge ?
Tu peux faire n'importe quoi !
Fais-le. Allez, c'est parti !
Je fonce !
Tu as vu ?
Voilà l'agent.
Montre-lui
ta belle carte de service.
Fais-lui voir
que tu es quelqu'un !
Il doit trembler !
Papiers.
Police.
- Toi...
- Pardon, commissaire.
Tu peux commettre
tous les crimes, tu entends ?
Tu me rappelais la décapitée
de Castel Gandolfo.
Viol sous l'eau.
Tu serais capable de me tuer ici
sans te faire prendre ?
Thème : Comment tuer sur une plage
sans être découvert.
Le gardien du parking m'a vu.
Et le préposé aux billets.
Les baigneurs.
Nos voisins de cabine.
Le gardien du parking
est le plus dangereux.
Tu parles !
Un gardien qui dénoncerait
quelqu'un comme toi !
Impossible !
Pour qu'on t'accuse,
il faudrait que tu signes ton crime !
Ne me pousse pas à l'illégalité.
Ça me serait trop facile.
Allez...
prépare un beau crime.
Je te couperai la tête
et je la cacherai.
Non, je la jetterai à la mer,
aux poissons.
Ton corps sera découvert le soir,
dans la cabine
par une baigneuse.
Le juge de Latina
ne te verra que le lendemain,
en état de décomposition avancée.
Salope !
Augusta !
Augusta, assez plaisanté !
Sors de là !
Allez !
Pour ces baraques, il faudrait
un décret de démolition !
Mettez les patins.
Votre collègue est venu.
Le Napolitain, vous savez ?
Biglia ?
C'est ça, Biglia.
Il voulait quoi ?
Il cherchait une cravate
mais je ne la lui ai pas donnée.
Évidemment, puisque je la porte !
Alors, il y en a deux
parce que j'ai vu l'autre hier,
dans une chaussure.
Il voulait aussi voir
vos chaussures.
Un vrai fouineur !
Il m'a posé plein de questions !
Lesquelles ?
Si vous receviez des femmes.
Et après ?
Si vous avez été fiancé.
- Et ?
- Ce que vous faites le dimanche.
- Sortez, j'ai du travail.
- Je n'ai pas fini.
Plus *** !
Ouvriers de la criminelle !
Pour vous faire gagner du temps,
voici ma cravate !
Qu'y a-t-il ?
- Il a fait quoi ?
- Meurtre.
Il a tué son patron.
Tu peux venir ? Il y a un type...
Que se passe-t-il, ce matin ?
- Tu m'expliques ?
- C'est sans doute un mythomane.
Monsieur voudrait te poser
quelques questions.
Qui est-ce ?
Alors ?
Excusez-moi, excusez-moi,
mais peut-être que...
Non, c'est sûr, je me suis trompé.
À quel sujet ?
J'ai dû vous confondre
avec un autre.
Avec qui ?
Au début,
il croyait t'avoir reconnu.
Il dit qu'un type bizarre
lui a donné de l'argent
pour acheter ces cravates.
L'homme a déclaré
être l'assassin d'Augusta Terzi.
- Laisse-le parler !
- Vas-y.
C'est exactement
ce qui s'est passé.
J'ai rencontré cet individu
qui m'a dit de courir à la police.
Qui c'est ?
Je ne sais pas, un fou,
un impresario de théâtre,
de music-hall ou de cinéma.
Et j'ai marché, évidemment.
Il m'avait pourtant averti
que j'aurais des ennuis !
Votre métier ?
Moi...
Je suis plombier.
Rétameur.
Plombier.
Plombier ou rétameur ?
- Autrefois, on disait rétameur.
- Alors, dis "rétameur" !
- Comment ?
- Je suis rétameur.
Ne vous en faites pas.
- C'est vrai ?
- N'ayez pas peur.
Vous êtes un citoyen.
Et nous respectons les citoyens.
Mangani, venez avec moi un moment.
On réglera nos comptes après.
C'est une confrontation
sans aucune garantie
de procédure ?
Mangani, je vais te démolir !
Méfie-toi !
Que faites-vous ?
Allez travailler !
Je me suis trompé.
Je n'avais pas bien vu.
Ce n'est pas lui. Il est en bleu,
l'autre était en beige.
- J'ai une idée.
- Me touche pas.
Je vais les garder tous les deux,
le mari et le rétameur aux cravates.
- Qu'en dis-tu ?
- Fais ce que tu veux.
Je ferai ce que j'ai à faire.
À présent, cher rétameur,
dites-moi la vérité
ou je vous boucle pour longtemps !
Tu as envie de recommencer
à faire des rondes ?
Enlevez-moi cette machine !
Je n'y suis pour personne.
- Tu es seul ?
- Oui.
C'est toi qui as autorisé
une enquête sur moi
à propos de l'affaire Terzi ?
Je demanderai au service
un rapport détaillé.
Et puis, toi et moi,
nous en parlerons ce soir.
Ça, ça ne suffit pas.
J'exige une enquête
sur toute la criminelle !
J'ai de la dynamite
entre les mains :
Rapports sur les méthodes,
la vie publique et privée !
D'accord,
mais à tes risques et périls.
Je viens chercher
3 enregistrements.
Je ne peux rien donner.
Ordre supérieur.
Depuis quand ?
Je ne peux pas le dire.
Ordre écrit ou verbal ?
Commissaire, n'insistez pas.
Quelle importance,
que j'emprunte 3 bandes ?
Je risque ma place !
- Nous tenons tous à nos places.
- Justement, moi aussi.
Soyez patient.
Rendez-moi ce service...
je m'en souviendrai.
À vos postes !
Ça venait d'où ?
S'il vous plaît !
Les agents de service seulement !
Les autres, restez en arrière !
Du calme !
Avec précaution !
L'affaire est grave !
Laissez-le passer.
Ne touchez à rien.
Cette fois, ils sont foutus !
Les voilà. Ils arrivent.
C'est incroyable !
Il y a eu 2 autres attentats
à 18h30:
L'un à l'American Express,
l'autre au Palais de justice.
Laissez passer.
L'explosion s'est produite ici.
À mon avis,
il faut agir fermement !
Nous les connaissons tous.
Il faut qu'ils paient !
Ne reculons pas devant eux !
Carte blanche à tous !
C'est clair ?
Oui.
Larbins des patrons !
Le pouvoir à la classe ouvrière !
Mort aux patrons !
Rejoins tes compagnons !
À bas la guerre !
Vive la guérilla !
Rentrez tous !
Ils sont tous là, ils vont payer !
Pas un mot aux journaux,
pour le moment.
- Nous avons des indics parmi eux ?
- Cinq.
Gardons-les jusqu'à ce soir.
Qu'est-ce que vous voulez ?
Vous me regardez !
Moi ? Je ne vois rien.
Je suis à moitié aveugle.
Occupez-vous de vos affaires !
Oui, je suis seule et pressée.
Je t'écoute.
Seule...
Seule !
Tu me fais une scène
au téléphone ?
Surveille la ligne,
pendant que tu y es.
Fais-moi suivre, mets une caméra
de télévision dans mon lit !
Tu as 500 hommes sous tes ordres.
Fais-moi filer,
tu sauras qui je vois et où je vais.
"Le moment est venu
de mettre fin à notre liaison."
Ta lettre de rupture
de roman-feuilleton,
tu peux te la fourrer où je pense !
Tu te sauves ?
Je ne vais pas te faire
une scène de jalousie.
Tu es libre.
Tu peux t'envoyer qui tu veux,
je m'en fous !
Mais je veux le savoir, le voir.
Nous devons être complices.
Tu ne peux pas me faire ça.
Je suis un homme respectable.
Je représente le pouvoir.
Tu devrais baiser le sol
que je foule !
Qui est ce Pace ? Traînée !
Un ami à moi,
qui habite au-dessus.
Jeune, beau et révolutionnaire.
Révolutionnaire !
Tu vas regretter ça, saleté !
Imbécile !
Tu n'es pas au commissariat,
mais chez moi ! Dégage !
Tes méthodes n'ont pas cours ici,
compris ?
Tu fais l'amour comme un enfant
parce que tu es un enfant !
Ne crie pas.
Je parie que tu fais encore au lit !
Tu n'es rien, rien !
Tu es incompétent...
sexuellement incompétent !
Tu as compris ?
Je te défends
de me toucher !
Tu es un enfant, un enfant !
Ne bougez pas. Restez assis.
- Ça fait 16 heures qu'on est là.
- Encore un peu de patience.
On est crevés.
Ce sont les mêmes noms
qu'il y a 30 ans.
La révolution est comme la syphilis.
C'est dans le sang.
Nous ne les supportons plus.
Fascistes !
Même en prison,
ils sont divisés.
En 2 heures, les voilà en 4 groupes.
Une vraie réaction en chaîne.
Heureusement, sinon ce serait dur.
Je veux interroger Antonio Pace
mais envoie-moi d'abord
son voisin,
le gueulard à moustaches.
Larbin des patrons !
Lève-toi. Tiens-toi droit.
Tout le poids du corps
sur les genoux.
Tu n'es pas un cheval
qui va à 4 pattes.
Tu es un citoyen démocrate,
pas un cheval !
Tu préfères quoi ?
Boire un autre litre d'eau salée
ou rester à genoux ?
C'est toi qui vois.
Si tu te lèves,
il faudra tout boire...
jusqu'à la dernière goutte.
Tout !
Remets-toi à genoux.
Il valait mieux ne pas boire !
D'ici 10 minutes, tu pourrais
être libre et boire tout ton soûI !
"Je meurs de soif
auprès de la fontaine !"
Étudiant...
Je ne veux pas t'envoyer
aux assises.
Nous ne sommes
ni la Gestapo ni les S.S.
Mais la police d'une démocratie,
toujours heureuse d'éviter
une condamnation à un citoyen.
Tu es jeune.
Je ne veux pas gâcher ton avenir.
Tiens-toi droit !
Tu peux être marxiste,
anarchiste, extrémiste,
maoïste...
Tu peux lire le Petit Livre rouge,
faire ce que tu veux.
Tu n'es pas un cheval !
Tu es le citoyen d'une démocratie.
Et je dois te respecter.
Mais le terrorisme,
les menaces,
les bombes,
qu'est-ce que ça a à foutre
avec la démocratie ?
Si tu me dis qui a fait le coup
de l'American Express,
tu agis en démocrate, tu comprends ?
Je sais que ce n'est pas toi.
Mais je suis persuadé
que tu connais le nom de l'auteur.
Donnez-moi un peu d'eau.
Je ne veux pas faire
de toi un mouchard,
mais un vrai démocrate.
Tu m'as compris.
Parlons en hommes
modernes et civilisés.
Qu'est-ce que c'est
que cette démocratie ?
Avouons-le :
C'est l'antichambre du socialisme.
Moi, je vote socialiste.
N'aie pas peur.
Je suis ton confesseur.
Ici, tout le monde parle.
Il ne t'arrivera rien.
Je suis une tombe.
Tout cet immeuble est une tombe !
Alors, tu vas me dire la vérité ?
Tu vas la dire ?
Tu vas le dire, ce nom ?
Tu vas le dire que c'est Pace ?
Pace, qui a placé la bombe
le jour où il est venu !
C'est lui qui les fabriquait ?
Amène-moi Antonio Pace.
Celui-là a fini.
Debout.
C'est fini, tu es libre.
Si tu as besoin de quelque chose,
téléphone-moi.
Je ne voulais pas...
Je ne voulais pas.
Laissez-nous seuls.
Allez boire un café.
Laissez-moi seul
avec le "camarade".
Un de tes amis t'a accusé.
On ne sort pas de prison diplômé,
mais au mieux, braqueur de banques.
Pace Antonio,
né à Ravenne en 1946.
Ex-étudiant en chimie.
Anarchiste individualiste.
3 mois de prison en 1968
pour résistance
à la force publique.
Qu'est-ce que tu crois ?
Tu sais qui je suis ?
L'amant de la femme
de l'étage au-dessous qui a été tuée.
Par qui et quand ?
Pour moi, c'est toi qui l'as tuée
le dimanche 24 août.
À quelle heure ?
Tu as dû la tuer entre 17 h et 19 h,
heure à laquelle
nous nous sommes croisés.
Puisque tout est si clair pour toi,
dénonce-moi !
- Ça te plairait ?
- Dénonce-moi !
Tu es ici et tu y resteras.
Un criminel à la tête
de la répression, c'est parfait !
Tu dois me dénoncer !
J'ai commis une faute
mais je veux payer !
Arrête de crier !
Fais ton boulot.
Tu dois me dénoncer
parce que je suis...
Ouvrez !
Et à la prochaine occasion,
je te téléphone.
Je te tiens, à présent !
Ne fais pas l'enfant, raisonnons !
- Je veux sortir.
- Retenez-le !
Ce n'est rien, relâchez-le,
relâchez-le.
L'étudiant...
"Je te tiens"...
"Je te tiens"...
Comment vas-tu ?
Vous êtes convoqué
pour l'affaire Botta ?
Non, pour l'affaire Terzi.
La belle femme qui a été égorgée ?
Fermez-la.
Je vous ai dit de vous taire.
Bonjour, commissaire.
- Ça va ?
- Moi, très bien.
Pallottella ?
Présent.
C'est à toi. Approche.
Laissez. J'y vais.
C'est pour demain ?
Ferme la porte.
Avance, Pallottella.
Approche. Viens, demi-sel,
fils de garce,
petit minable.
Voilà le fonctionnaire,
le flicard.
Tu ne comprendras jamais
le sens profond de mon geste,
de mon sacrifice
par lequel j'entends rétablir
dans toute sa pureté
la notion d'autorité.
Incapables !
Comment ?
L'assassin d'Augusta Terzi,
je vous le livre !
Je suis désormais
à la disposition de la justice.
Vous me trouverez chez moi.
- Ces choses arrivent.
- Mais ça ne devrait pas.
En tout cas, vous allez
rentrer chez vous.
Je vous en prie, venez.
Maintenant,
vous pouvez me reconnaître.
Non, non, je ne vous connais pas.
Je ne connais personne.
Au secours !
Qu'est-ce que tu as fait ?
Tu n'as pas pensé à nous ?
À tes collègues ?
Faites votre devoir.
Article 247:
"Cas où l'on peut ordonner
la détention à domicile.
"Quand les circonstances
"et la valeur morale de l'inculpé
le permettent,
"le procureur de la République
"ou le juge de première instance,
peut stipuler par décret,
"qu'au lieu d'être écroué,
"l'inculpé restera provisoirement
"en état d'arrestation
"à son domicile."
Commissaire ?
Ils sont tous là.
Venez.
Excellence...
Je suis confus d'avoir dérangé
de si hautes instances.
Mangez-le !
Où étiez-vous, cher collègue,
entre 15 et 19 heures,
le jour où fut assassinée
madame Terzi ?
Excellence, messieurs...
j'y étais parce que je l'ai tuée.
Tu peux le prouver ?
J'ai une mauvaise nouvelle :
Il y a un témoin.
L'étudiant Pace, agitateur notoire
m'a vu entrer.
Ce n'est pas vrai.
L'étudiant Pace a un alibi de fer.
Il n'était pas à Rome !
Je l'ai cuisiné des heures
et à ma façon !
Excellence, les sanglantes
empreintes de pas, chez Mme Terzi,
proviennent de ma chaussure gauche.
Mon ami,
il en existe beaucoup
de cette pointure
et de ce modèle.
J'en ai une paire.
Moi aussi.
Mais j'ai laissé
mes empreintes digitales partout,
même sur les robinets de ***
parce qu'après la "chose",
votre Excellence,
je me suis lavé.
Bizarre.
On a relevé des empreintes partout
mais pas les tiennes.
Le fil bleu accroché
à l'ongle de la victime
vient de ma cravate.
Alors, donne-nous cette cravate.
- Je l'ai détruite.
- Pourquoi ?
J'étais partagé entre le désir
de vous mettre sur mes traces
et celui d'user de mon petit pouvoir
pour les dissimuler.
Dédoublement, dissociation...
névrose.
Une maladie contractée
pendant l'exercice
permanent et prolongé du pouvoir.
Une maladie professionnelle
commune aux personnalités
qui tiennent les rênes
de notre petite société.
Moi, je me porte bien.
Assez de psychologie.
Il nous faut des preuves tangibles.
Pas des mots mais des faits !
Les 25 cravates
ont été achetées sur mon ordre
par cet idiot.
Faux ! Il ne t'a pas reconnu !
Avouons-le, entre nous :
Il a nié par peur,
quand il a compris qui j'étais...
un policier.
Je ne tolérerai pas
ces allusions insultantes
pour nous et l'institution !
Allons au but.
Le mobile ?
- Quel serait le mobile ?
- Elle se moquait de moi !
De moi et de la police !
De la police !
Et donc, de vous tous, messieurs...
Mobile impossible à démontrer.
Veuillez m'excuser,
mais nous abordons un sujet privé.
Un instant.
Un peu de discrétion, Excellence.
Près d'elle, toujours davantage
s'affirmaient mon infantilisme,
mon incompétence humaine.
Absurde ! Improbable !
Science-fiction !
Alors, je l'ai tuée par jalousie.
Tu ne la connaissais pas.
Continue ! Prouve-le !
- Ce n'était pas ta maîtresse.
- On ne vous a jamais vus ensemble !
Une minute, messieurs.
Je vais vous chercher la preuve
de ma culpabilité.
Je reviens dans un instant.
Tu as commis un crime inutile.
Quelqu'un d'autre m'aurait tuée.
C'était mon destin.
Fais ce qu'ils disent,
pense à tes collègues,
pense à ta carrière.
Ces photos prouvent que la victime
a été photographiée ici.
Examinez les meubles, le sol.
La voici
dans quelques photos érotiques
à mi-chemin
entre d'Annunzio et la série noire.
Tout le monde sait
que j'adore prendre des photos.
Quelle honte !
Les bras m'en tombent !
Quel immature !
Il n'a jamais eu l'esprit de corps !
Santé.
Je ferai ce que vous voudrez.
Bravo, fiston !
Tu as quelque chose à dire ?
Je confesse mon innocence.
Bon. Signe ici.
Tout est rentré dans l'ordre.
Un ennemi toujours en liberté
connaît les faits.
Il s'en servira contre moi,
contre nous tous,
contre le pouvoir,
contre Dieu !
C'est un compte à régler.
Je vous en prie,
mettez-vous à l'aise, messieurs.
Sous-titrage TITRA FIlM Paris