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Bonjour à tous !
Je suis Joey Dee.
Je vais vous apprendre le twist.
Préparez-vous pour le bal.
Tout d'abord,
familiarisez-vous avec la brochure.
Gardez-la à portée de main
et suivez les instructions.
Prêts !
C'est parti !
Dansons le...
Dansons le twist !
Leçon numéro 1
La vie sous toutes ses formes
exprime le rythme.
On peut apprendre à danser
en écoutant la musique
et en s'imprégnant du rythme.
Un... deux... sur le côté.
Un... deux... trois...
dans l'autre sens.
Un... deux... trois...
dans l'autre sens.
Mettez-vous en cercle et faites
quatre pas entre chaque position.
Et souvenez-vous :
vous avez toute la salle.
Prêts ?
Les coudes.
Un... deux... tendez.
Un... deux... les doigts.
Un... deux... les doigts à nouveau.
Un... deux... tendez.
Maintenant avec de la musique.
- M'accordez-vous cette danse ?
- Avec plaisir.
- Je m'appelle Tom Clark.
- Je m'appelle Sue Jensen.
Au début des années 50,
il y avait surtout des danses de bal,
très raides,
dénuées d'expression personnelle.
C'était ennuyeux.
Il n'y avait que la musique
de la génération de mes parents.
On ne voulait pas danser dessus.
Pas moi en tout cas.
Moi et les autres jeunes
cherchions autre chose.
Superbe musique
et les Lindy Hop ici, au "Savoy"...
la maison des pieds heureux.
Le plus grand dancing de New York,
Harlem et du monde.
L'envoûtement de la danse,
l'excitation et la joie.
C'est ce que le rhythm'n'blues
apportait aux gens :
une invitation à taper des mains,
sourire, sauter.
Même sans avoir le rythme,
vous ressentiez quelque chose.
En réalité,
tout est dans les sensations.
En fait,
j'étais danseur de claquettes.
Au début des années 50,
moi et mon partenaire Honey Coles
faisions quelques apparitions
à "l'Apollo Theater"
avec quelques groupes
de rhythm'n'blues.
Que le spectacle commence
à "l'Apollo Theater" !
Avec les artistes de Harlem !
La plupart des groupes
ne préparaient pas de jeu de scène
et après nous avoir observés,
ils nous ont demandé
comment faire tel ou tel pas.
Donc je leur montrais quelques pas.
Et je suis devenu le chorégraphe
de la plupart des groupes.
Je leur ai appris des pas de jazz
comme le charleston
et d'autres pas anciens.
Ils étaient très bons.
Ils disaient aux groupes :
"J'aime bien tel mouvement,
celui qui fait comme ça."
Ils les faisaient mieux que le groupe !
Grâce à la chorégraphie,
tout le monde était dans l'ambiance
et voulait danser.
La plupart des chansons
dans les juke box
avaient des paroles osées,
suggestives.
Les gamins les écoutaient tellement
qu'on ne faisait plus attention !
Ma première chanson
s'appelait "Get It".
"Vas-y. Vas-y.
Tu sais que je veux te voir dedans."
Et on en a vendu
250 000 exemplaires !
Les patrons de King Records
passaient souvent
et me félicitaient de ma chanson.
Ils disaient :
"Ecris d'autres paroles cochonnes".
J'ai sorti la chanson :
"Work With Me Annie".
Dans les ghettos de Detroit,
on dit "Work With Me" :
quand on dit : "T'as travaillé ? ",
on parle de sexe.
C'était une des chansons
les plus chaudes enregistrées.
Les gamins aiment
ce qui est vrai, brut.
Ce type de disque
leur permettait de s'épanouir.
"Work With Me Annie"...
Allô, Frank ?
Mes parents ont dit "non".
Mais je sortirai demain soir
pour te retrouver.
Promis.
A demain soir.
J'étais dans ma chambre
à écouter la radio.
Je suis tombée sur la radio "Black"
de Philadelphie : WDAS.
Cette musique était différente.
Ça m'a tout de suite donné envie
de me lever pour danser.
On le ressentait dans notre âme.
C'était le genre de musique
que l'on ressentait
et le corps suivait.
Tous les adolescents
vivaient la même expérience.
Ils écoutaient du rhythm'n'blues
et voulaient danser dessus.
C'est votre fidèle Alan Freed
sur WINS New York,
cité des nouveaux rythmes.
Viola dédicace celle-ci
à son petit ami Jimmy
qui joue arrière à Stanford High.
Ils ont baptisé le rhythm'n'blues
"rock'n'roll" pour attirer les Blancs.
Les Blancs se sont mis à jouer.
Mais pour nous, ça ne changeait rien.
On dansait sur la musique,
on allait aux concerts de rock.
Ça réunissait tous les adolescents.
La génération de nos parents
n'y comprenait rien.
Je pense que ça les effrayait.
Pour eux,
nous étions incontrôlables.
Le rock'n'roll,
c'est du bruit musical
symptomatique de la décadence
d'une jeunesse irresponsable.
Ce rythme sauvage est un appel
à la luxure et au crime.
Dieu merci,
certains ont peur de Dieu.
Ils nieront, c'est un péché.
Vous êtes des adolescents
engouffrés. Vous avez sombré.
Vous êtes piétinés.
Vous êtes abandonnés par le démon.
Ce rythme à deux temps a été introduit
aux Etats-Unis d'Amérique
par un complot communiste
pour corrompre la jeunesse
à chacune de ses apparitions.
Nous avons établi un comité
de vingt hommes
pour se débarrasser
de ce rock'n'roll de nègres,
vulgaire et animal.
Le rock'n'roll doit s'en aller.
Et voilà !
La meilleure solution !
Comment la NBC peut permettre
ce genre de choses !
Ce n'est pas de la musique.
C'est de l'obscénité !
Votre chanteur préféré ?
Elvis Presley !
Si vous aimez le rock'n'roll,
vous êtes obligé de bouger.
C'est ce qui m'est arrivé.
Je ne peux pas m'en empêcher.
Dans vos lettres,
vous nous avez dit
vouloir apprendre le mambo chez vous.
Mon mari déclare pouvoir vous apprendre
les bases en une minute.
Votre professeur : Arthur Murray.
Avancez le pied gauche
et regroupez les pieds
vers l'avant, puis vers l'arrière.
Avec de la musique, Ray.
Jeannie, vous m'accompagnez ?
La télévision n'avait
que des programmes familiaux.
On craignait que les jeunes
qui regardent du rock'n'roll
deviennent des délinquants juvéniles.
Avant de voir du rock dans votre salon,
il fallait faire le ménage.
Quelle heure est-il ?
Eisenhower a pris une journée...
La nouvelle Edsil 1958...
La famille américaine préférée...
Si vous vous trouvez
sous une explosion nucléaire...
Les Reines du Bowling...
Vous êtes sur WFIL TV,
sixième canal à Philadelphie.
Voilà la chanson qui sera
dans les dix premières.
Je ne sais pas où.
Danny et les Juniors : "At the Hop" !
American Bandstand était un programme
où les artistes
se produisaient chaque jour.
Les adolescents y allaient pour danser.
Au bout de six mois,
le producteur nous a demandé
de devenir membres du comité.
C'est comme ça que ça a commencé.
On avait une carte.
On n'avait plus à faire la queue.
Avec cette carte du comité, on pouvait
dépasser tout le monde
et rentrer directement.
Dans la rue,
on signait des autographes.
Quand vous avez 15 ans.
Ce n'est pas rien !
Vous passez à la télévision,
vous avez des fans.
On se sentait importants.
Tous les jeunes
nous regardaient
pour voir nos coiffures,
nos vêtements.
Ils nous considéraient
comme des modèles pour eux.
- Ton nom ?
- Carole Scaldeferri.
- Comment tu l'épèles ?
- S.C.A.L.D.E.F.E.R.R.I
- Quel âge as-tu ?
- 15 ans.
Quelle est ta couleur de cheveux ?
Elle est devenue célèbre
grâce à son peigne.
Bien plus ***,
Bette Midler jouait à Philadelphie.
Je suis allé la voir
et je l'ai entendu dire :
"Je suis Carole Scaldeferri".
Elle avait un peigne.
Je n'en revenais pas.
C'est incroyable
que vingt ans plus ***,
elle parle de Carole
dans un spectacle.
*** Clark plaisantait à propos
de mon peigne.
Il n'aimait pas
que je me peigne à la télé.
- Il te les prenait ?
- Il en avait beaucoup.
Il disait :
"Carole, donne-moi ton peigne."
A la fin de la semaine,
il en avait plein.
- Ça devait être parfait ?
- Oui. Pas de peigne.
Il ne voulait ni chewing-gum,
ni qu'on danse avec sensualité.
Beaucoup de choses
nous étaient interdites.
Tout le monde devait
être impeccable à la télévision.
Si on se baladait ?
Les Diamonds : "The Stroll" !
En allant dans différents endroits,
vous découvriez de nouveaux pas
ou un nouveau style de danse.
Si vous le refaisiez sur le plateau
et que *** l'aimait,
il vous mettait en avant.
Jimmy et moi étions ensemble au lycée.
Un jour, il m'a proposé d'aller
à l'émission
pour participer
à un concours de jitterburg.
Jimmy dansait très bien,
donc j'ai accepté.
C'est comme ça qu'on y est allés.
Plus ***, nous leur avons
montré une danse
qu'ils ne connaissaient pas :
"le strand".
*** nous a filmés plusieurs fois
pendant qu'on dansait
et c'est devenu populaire.
Le strand se dansait déjà avant
qu'on ne le montre.
Peut-être pas par les Blancs,
mais par les Noirs.
On voyait ça au lycée.
- On l'a présentée...
- Comme "le strand".
Pas comme une danse noire
mais comme une danse.
Nous l'avons popularisée.
On l'a fait exploser au grand jour.
On ne pouvait pas dire que
des Noirs nous l'avaient apprise.
Pourquoi ça ?
On devait dire
qu'on l'avait inventée.
Dès le lendemain,
après avoir dit ça, il y avait
entre 50 et 100 personnes à l'extérieur
prêts à nous frapper.
Ils étaient tous noirs.
Ils vous ont frappés ?
Ils étaient à nos trousses.
On avait une protection.
On a été surpris
quand il nous a demandé à l'antenne
où on avait appris cette danse.
On ne savait pas quoi dire.
Il ne nous avait pas interdit
de dire que c'était les Noirs.
Mais au moment
où il nous a posé la question,
on ne voulait pas dire
qui nous l'avait appris.
On les trouvait vraiment
meilleurs que nous.
Mais nous en retirions tout le mérite
à travers nos lettres de fans.
C'était vraiment injuste
avec le recul.
Surtout qu'à l'époque
on n'avait pas l'impression de...
- Voler quelque chose.
- Exactement.
Alors qu'on le faisait.
Que veulent faire
les jeunes de Denver ?
Danser !
Bienvenue au Top 10
des dancings sur "Big M"...
Jim Lounsbury pour le dancing
du samedi après-midi...
Dave Sennet Dance Party
retransmis par...
Le Art Laboe Show !
- Quelle note ?
- 90.
- Pourquoi 90 ?
- C'est une bonne chanson pour danser.
C'est l'heure du madison.
Vous êtes superbes !
Un sourire !
A mon signal, vous ferez
2 pas en avant et 2 en arrière.
Puis vous revenez devant.
Vous êtes superbes.
2 pas en avant et 2 en arrière,
vous croiserez deux fois
et vous pointerez votre carabine.
C'est parti !
En joue !
Les jeunes Blancs essayaient
de danser comme les Noirs
mais ils ne bougeaient
pas les hanches !
Surtout sur Bandstand
et ce type de programmes.
Et si vous bougez pas les hanches,
ça marche pas !
C'est parti !
J'ai donné au monde
la danse la plus folle.
Un morceau appelé "The Twist".
Viens ma chérie
Dansons le twist
Viens ma chérie
Dansons le twist
Prends ma petite main
Et fais comme ça
J'observais mon groupe sur scène
et ils se tortillaient.
La chanson est née comme ça.
Leurs jambes se levaient
comme ça
et descendaient lentement.
Et ils recommençaient.
Ils imitaient les gamins
dans les rues ?
Je ne sais pas
d'où ils ont sorti ça. Vraiment.
Je pense qu'ils faisaient ça
comme un jeu.
Ça venait comme ça sur scène.
Tout pour attirer l'attention
ou pour choquer.
Je savais que ça allait marcher.
Mais King le sortit sur la face B
d'une chanson d'amour :
"Teardrops On Your Letter".
Je leur disais :
"Le hit est de l'autre côté.
Tournez le disque."
Rien à faire !
On nous a vus twister
au Royal Theater à Baltimore.
Puis ils l'ont refait à la télévision
au Buddy Deane Show.
Quand Buddy Deane les a vus
danser, il a été très choqué.
Il a appelé Dean Clark et a dit :
"Tu as vu ces gosses danser ?
C'est de Hank Ballard
et les Midnighters."
*** a dit :
"Je ne veux pas entendre.
C'est encore une chanson obscène !"
- C'était comme ça.
- Comme une chaloupe ?
Il suffisait de...
remuer les hanches.
Tout est dans les hanches.
Il fallait jouer des hanches.
C'était osé pour 1959.
Ça ne se faisait pas.
Il n'y avait que le jitterburg
et Elvis Presley qui tournait.
Les gosses devenaient fous
en dansant
sur "Tutti Frutti" de Little Richard.
Et là, on avait ça !
Ce mouvement très suggestif.
Le twist était indécent avec vous ?
Rien n'est indécent avec moi.
Je fais tout bien.
J'ai le talent qu'il faut.
Je faisais des imitations.
J'étais un gamin cinglé.
Je faisais tout le monde :
Harry Belafonte, Nat King Cole,
Les Platters,
Elvis Presley, Jerry Lee Lewis,
tout le monde.
Certains gosses
twistaient sur Bandstand.
Ils imitaient les gamins des ghettos.
Ma maison de disque
m'a dit : "Chante "Le Twist".
Tu as la voix de Hank Ballard."
Ils ont tout organisé
et j'ai chanté.
C'est un phénomène.
Ça touche tout le pays.
La danse la plus chaude
de ces 4 dernières années : le twist.
Mesdames et messieurs :
Chubby Checker !
J'étais à Miami en 1960.
Je me baignais
quand j'ai entendu cette chanson
exploser sur une radio blanche.
"On me joue sur une radio blanche.
Je vais devenir une superstar."
Mais c'était Chubby Checker.
Je pensais que c'était moi.
Il m'avait vraiment bien imité.
Et je lui en suis reconnaissant.
Il faut un maître pour rivaliser
avec moi. Il a réussi.
Je pensais que c'était moi.
Je vous jure.
Mais c'était Chubby Checker.
Sans lui, ça n'aurait jamais été le hit
que c'est devenu.
Sans aucun doute.
J'ai montré aux gens la conception
que j'avais du twist.
Tu lâches ton partenaire.
T'écrases ta cigarette avec les pieds.
Tu te frottes les fesses
avec une serviette
au rythme de la musique.
Les gens comprenaient ça.
Tu n'oses pas danser
parce que tu ne sais pas.
C'est pas un problème
avec le twist.
Tu n'as qu'à faire les pas.
Avoir un peu d'imagination
et c'est tout bon.
C'est la raison de son succès.
C'est la recette du succès :
simplicité, facilité.
Et il y a un rythme,
c'est tout.
Une fois que les gens m'avaient vu,
il n'y avait plus
qu'à continuer sur la lancée.
On le faisait sur Bandstand
et surtout on pouvait
bouger les hanches.
Chubby Checker bougeait
les hanches en chantant
pour enseigner le twist
et la façon dont il fallait le danser.
Ça devenait donc socialement acceptable
de bouger les hanches.
Personne n'allait mal vous juger
à cause de ça.
L'autre révolution par rapport
à ce qui se faisait avant
c'est qu'on n'avait pas à suivre
son partenaire.
Vous n'aviez pas à revenir
vers votre partenaire.
Il dansait de son côté
et vous du vôtre.
C'était la grande nouveauté
de cette danse.
La façon de danser a changé
à partir de là.
Le twist a quitté les charts.
On cherchait autre chose.
J'ai fait le "Hucklebuck",
j'ai fait le "Pony".
On pensait que ça en finirait là.
On pensait avoir tiré
toutes nos cartouches.
On avait déjà fait quelques tubes :
deux ou trois numéros 1...
"Combien de temps ça peut durer ?"
Vous allez tourner
de 45 degrés.
Un, deux, pliez les genoux.
Un, deux...
Il semble que je sois doué...
Voilà, c'est ça.
- Entraînez-vous un peu, d'accord ?
- Oui.
J'ai fait des schémas.
Voilà la position de départ.
Les pieds écartés.
Un pied doit être légèrement
devant l'autre.
Position 2,
vous tournez à droite.
A 3, tournez à gauche.
Puis vous refaites
le même mouvement en continu.
- Essayez de faire comme moi.
- D'accord.
Tournez !
A l'arrivée des années 60,
il semble que les anciennes attitudes
aient rajeuni.
Des gens de plus de 30 ans
dansaient le rock. C'était inouï.
Faites passer le mot
que la torche a été transmise
à une nouvelle génération d'Américains.
A la fin des années 50,
j'avais créé mon groupe :
Joey Dee and The Starliters.
On était le groupe
le plus chaud du New Jersey.
On a fini par obtenir un contrat
à New York,
au "Peppermint Lounge".
Il était au beau milieu
du quartier des théâtres.
Un soir,
il pleuvait à torrent.
Des gens très bien habillés
sont entrés.
On voyait qu'ils avaient les moyens.
Ils se sont assis dans un coin.
Il y avait deux couples
et un homme.
Au milieu du concert,
j'ai fait le twist
et les jeunes ont suivi.
Deux d'entre eux,
un garçon et une fille, se sont levés
et ont dansé parmi les voyous
et les durs à cuire.
Le lendemain, j'ai appris
qu'une de ces personnes
était un journaliste
du nom de Charlie Knickerbocker.
Il a écrit sur Hope Hampton,
qui était une de celles qui dansaient.
Ce soir-là, il y avait environ
dix personnes devant la salle.
Le lendemain, une vingtaine,
une quarantaine
jusqu'à ce que l'endroit
soit inondé de monde.
De nos jours, les bas quartiers
vont au "Peppermint Lounge".
Il se niche dans un quartier
de Manhattan sur la 45ème rue,
à l'est de la 7 ème avenue.
Pour les habitués du "Peppermint",
le twist n'est pas nouveau.
Mais la haute société le découvre.
Les Rolls Royce se mélangent aux motos.
Maintenant, ils jouent des coudes
pour entrer au "Peppermint Lounge".
L'écharpe en vison
se mêle au pull-over
et au blouson de cuir noir.
Le "Peppermint" compte
parmi ses clients
Jean Smith, la soeur
du Président des Etats-Unis,
et le sénateur américain,
Jacob Javits.
Même le statut social
ne vous garantit pas d'entrer.
Une centaine de clients
est refusée chaque soir.
Judy Garland fut
une des premières à venir.
Shelley Winters
ne passait jamais inaperçue.
Elle avait déjà le tempérament
qu'on lui connaît.
John Wayne "The Duke" est venu.
On m'a demandé
s'il avait dansé le twist.
J'ai dit non.
Sinon, je n'aurais plus été fan.
On ne demande pas
au "Duke" de twister.
La fièvre du twist
frappe les cafés chics.
"Sans le twist, je serais morte."
Janet Huffsmith.
J'ai commencé
comme serveuse.
Un soir, je me suis levée
et j'ai sauté sur la rampe en fer forgé
pour danser.
Les gens sont devenus
complètement fous.
Ils venaient et disaient :
"On veut voir la fille
qui danse sur la rampe en fer forgé."
Donc, mon patron m'y a mise
et j'ai commencé à danser.
Au début,
quand le "Lounge" a décollé,
on dansait sans chorégraphie.
Puis un chorégraphe est venu
pour structurer le spectacle.
Là, on est plus ou moins devenues
professionnelles.
On remuait les fesses
et les franges de nos fesses
devaient aller à 100 à l'heure.
C'est ce qui nous a rendues
aussi célèbres.
Tout le monde voulait remuer les fesses
aussi vite que nous.
C'était juvénile mais les adultes
voulaient le faire.
Ils passaient de danses collet monté
à quelque chose
où ils pouvaient s'exprimer
et passer un moment d'enfer !
Les Blancs migrent à Harlem
comme les hirondelles à Capistrano.
"Smalls" est un bar,
un night-club.
Les gens ont commencé à affluer Uptown
une fois que le twist a commencé.
Mardi soir a été une grande soirée,
avec deux groupes :
un devant et un derrière.
On organisait un concours de twist
pour quiconque voulait essayer.
On remportait tellement de concours
qu'on nous appelait
les "meilleurs twisteurs du monde".
On l'était !
Le groupe adorait les défis.
Avec les "Lindy Hop", on avait acquis
une bonne résistance.
On adorait défier les groupes
parce qu'on les atomisait.
Joey Dee
était avec les "Peppermint Twisters".
On s'est vus lors d'un concours.
Il m'a dit :
"Mes danseurs contre les tiens !"
Ils étaient populaires
au "Peppermint". Nous au "Smalls".
Le jour du concours,
on y est allés...
mais pas eux !
Est-ce que c'est à la mode ?
Oui, c'est très à la mode.
Qu'est-ce qui est hors du coup ?
Ne pas le faire
est hors du coup.
On vous juge hors du coup.
Je ne connais personne
qui ne le fait pas.
Le numéro 1 depuis 13 semaines.
Le voilà : Chubby Checker
et "Let's Twist Again".
C'est ce que les gens attendaient.
C'était totalement différent.
Ils étaient prêts.
Ils avaient besoin de renouveau.
Le jour où le twist
est arrivé à la Maison blanche.
Je n'ai rien contre le twist lui-même
mais il révèle
une évolution de nos moeurs.
Qu'est-il arrivé à notre conception
de la beauté,
de la décence et de la morale ?
La danse la plus vulgaire
jamais inventée
Roseland Dance City condamne le twist
De nombreux journaux
trouvaient ça vulgaire
à cause des mouvements.
Mais c'était pour s'amuser,
se désinhiber. C'était fait pour ça.
"La dépravation des moeurs, du goût
et de la bienséance",
une déclaration vieille de 50 ans
sur "Ragtime".
Les critiques du twist sont
aussi violentes que le twist lui-même.
Le danseur chorégraphe,
Geoffrey Holder, déclare :
"Ce n'est pas une danse
et c'est devenu obscène.
"C'est du sexe artificiel
détourné en un spectacle bon marché."
Bob Hope rajoute :
"S'ils coupaient le son,
ils seraient tous arrêtés".
Je ne trouve pas ça sexy.
On se défoule
et on passe un super moment
sans penser au sexe.
A quoi vous pensez ?
A des verts pâturages...
des fleurs, Venise...
à un jardin Perse.
A tout à part au sexe...
Le twist :
certains y voient une menace.
D'autres, l'annonce d'une
nouvelle libération.
Nous sommes avec
le Pr. Marshall McLuhan
qui va nous faire part
de son avis.
Je ne le vois pas
comme une danse torride.
Ça a l'air cool, insouciant,
comme une conversation sans mot.
Vous ne trouvez pas ça sexy ?
Je dirais plutôt très cool
et peu sexy.
Je pense que la sensualité appartient
aux danses particulières
qui avaient cours ces dernières années
où toute la personne
n'est pas impliquée.
Dans le twist,
on est entièrement impliqué.
Tout le corps est impliqué
simultanément avec désinvolture
comme dans une conversation
hautement expressive,
sans mot.
Vous twistez ?
Oui, il m'est arrivé de twister
sans même m'en rendre compte.
Et nous n'en sommes
pas très loin, Percy.
Nous sommes dans un état
de conversation agitée
assez proche du twist.
Il suffit d'arrêter de parler
et utiliser plus nos mains.
Je suis de retour comme promis.
Prêt à danser le twist à nouveau ?
Allez à la page des schémas
de la brochure.
Vous l'avez ?
Bien.
Ceux qui ont un partenaire,
dansez face à face
en laissant assez d'espace
pour pouvoir balancer les bras
sans vous heurter...
A cause de toute cette publicité,
le twist a cessé d'être une danse.
C'était devenu un argument
de vente publicitaire.
Du jour au lendemain,
on entendait parler du twist
pour tout et n'importe quoi.
C'était un commerce.
Un très gros commerce.
Les produits dérivés du twist :
le meilleur filon depuis Davy Crockett
Coiffure pour danser le twist
Pour danser, c'est le twist...
et pour de beaux cheveux,
la vaseline Hair Tonic.
Quand j'étais au "Peppermint",
un producteur est venu
pour faire un film sur le twist.
Il savait qu'il ferait de l'argent
avec "twist" dans le titre.
Ça a très bien marché
dans les drive-in.
- Cette danse a un nom ?
- Tu ne vois pas ce que je fais ?
Tu te tortilles frénétiquement.
C'est ça, le twist !
Et si tu flanches,
éloigne-toi de mes hanches !
C'est ça qu'ils appellent "le twist" !
... de Chubby Checker
dans "Twist Around The Clock".
Twistez plus longtemps
grâce à cette paire.
La botte "Thomas McMann Twist"
de Chubby Checker
dans "Twist Around The Clock".
Twistez plus longtemps
grâce à cette paire.
Je ne savais pas où j'allais.
C'est devenu immense, monstrueux.
- Rob ?
- Oui.
- Peux-tu m'aider ?
- Oui.
Tu pourrais m'arrêter
pour que je puisse mettre la table ?
- Il est excitant !
- Il est superbe !
- C'est Fred.
- Fred ?
Quand Rick et ses amis
font la fête à la maison,
on sait qu'il faut prévoir
beaucoup de lait frais.
Ces gosses ont de l'énergie !
Pas étonnant,
ils boivent du lait !
Le twist encore au top !
J'ai été numéro 1,
deux fois en deux ans...
C'est le seul disque à avoir fait ça :
la version de Chubby Checker.
Vous y croyiez ?
Je t'ai dit que j'avais un
pressentiment sur "The Twist".
En fait,
ça ne m'a pas tellement surpris...
Mais si !
Deux fois numéro 1 en deux ans !
Bien sûr que si !
Un des auteurs de Motown m'a dit :
"Ecoute.
Tout le monde fait du twist."
On avait sorti
"Please Mr. Postman" en 61
donc on a fait "Twisting Postman".
Il n'a pas été numéro 1 comme
"Please Mr. Postman"
mais on était dans la vague,
dans le twist avec "Twisting Postman".
On voyait un facteur danser le twist.
Il serait encore en train
de distribuer le courrier !
Il twiste vers la gauche...
Twiste vers la droite,
Twiste en rond
S'il n'avait apporté le courrier
Pour m'apaiser,
Je t'aurais laissé tomber...
Je suis heureuse
Qu'il soit arrivé à temps
Pour soulager ma peine de coeur
C'est un facteur qui twiste
C'était ça "Twisting Postman".
C'était l'hystérie.
Tout le monde était devenu fou.
Que font les jeunes
en ce moment, Bill ?
Le singe : faites comme si
vous teniez deux cordes.
Vous tirez dessus
en bougeant la tête.
Pliez les genoux.
- Voilà vous faites le singe.
- Vraiment ?
Mettez la main droite comme ça
et l'autre là.
Cette paume vers le sol,
l'autre monte,
et bougez les hanches.
C'est le "frug".
Un, deux...
Avec laquelle je le fais ?
Vous êtes adulte...
Oui, ça ne fait pas de doute.
Tout le monde cherchait
le prochain twist à faire.
Toutes ces danses étaient inventées :
le "poney", le "singe",
le "frug", la "mouche"...
Elles avaient des noms incroyables.
Toutes les semaines,
il y avait une nouvelle danse.
C'était dur de rester à la page.
Les jeunes font un "Millie"
comme au charleston.
Pied gauche en avant,
puis le droit...
J'étais avec mon partenaire
de l'American Bandstand.
On était en été.
Une grosse mouche est entrée
dans la maison.
On a ouvert la porte pour la chasser.
On a commencé à dire
qu'on avait inventé une danse.
C'était le cas !
On a dansé et ajouté des pas
avant de s'en rendre compte.
Quand Chubby Checker
est venu,
*** Clark m'a demandé
de remonter sur scène
pour l'apprendre à Chubby Checker.
Pour qu'il le fasse bien.
C'était vraiment amusant.
C'est une telle joie
d'avoir inventé quelque chose.
Ils ont fait la chanson
pour danser dessus.
En 1962, j'ai eu la chance
d'enregistrer un disque.
Ma mère était là
pendant l'enregistrement.
Ma grand-mère aussi.
J'ai fait l'enregistrement
en trois minutes et je suis partie.
C'était la chanson la plus drôle
que j'avais entendue.
Surtout pour moi qui chantais :
"Jésus, garde-moi près de la croix".
"The Mashed Potato" !
Vous imaginez !
Ça a été un tube !
Et voilà que je deviens célèbre
avec ce tube.
Le comble, c'est que
je ne savais pas danser !
Pour régler le problème,
*** Clark a engagé
les meilleurs danseurs du moment.
Et c'est eux qui dansaient.
J'en savais juste assez
pour m'éloigner derrière eux.
Je revenais, dansais un peu
et retournais derrière.
Mais j'avais toujours peur
de trébucher.
Les gens avec tickets
pour le Motown,
formez une file derrière la barricade.
Quand les portes s'ouvrent,
ne courez pas !
Je répète : ne courez pas !
Vous serez admis un par un.
Motown a créé une vraie hystérie
avec "Mickey's Monkey".
Je l'avais mis au point avec
l'auteur, Mickey Stevenson,
et Smokey Robinson
and The Miracles.
Ça donnait une bonne alchimie :
la chorégraphie portait la chanson
et inversement.
Je ne saurais dire
ce qui a fait le succès
de cette chanson.
On en a vendu un million.
Un jour, on faisait le "Monkey",
le lendemain, le "Hitchhike".
J'étais très occupé
pendant cette période.
- Depuis quand dansez-vous le limbo ?
- 8 ans.
- Et vous ?
- Ça fait 10 minutes.
- Alors ?
- J'adore.
Nous sommes dans un labo de chimie
à l'université de Georgie.
Cette jeune femme exécutait
la danse, molécule à gogo,
inventée par le chimiste
Don Hicks.
De quoi s'agit-il ?
Cette danse imite les vibrations
des molécules.
Voici un mannequin moléculaire.
Elle est une molécule d'eau.
Ses mains, des atomes d'hydrogène,
sa tête, un atome d'oxygène.
Elle se comporte
comme les molécules d'eau :
les deux atomes d'hydrogène
s'approchent de sa tête
vers l'oxygène...
puis s'éloignent.
Chaque mouvement imite la manière
dont la molécule se déplace.
- On peut prendre une autre molécule ?
- C'est exact.
Les danses commençaient
à devenir ridicules.
Les maisons de disques,
ou qui que ce soit,
cherchaient quelque chose d'inventif.
Mais ça n'arrivait pas.
Les gens ont commencé à dire :
"C'est ridicule.
Je ne vais pas faire ça.
J'ai l'air ridicule.
Je ne le ferai pas !"
Elvis Presley chante
"Bossa Nova Baby"...
On dit que vous n'êtes
que des Elvis Presley anglais !
J'ai vu Paul...
Je les aime...
On vous aime, les Beatles !
On danse sur leurs disques,
c'est merveilleux.
La discothèque, c'est génial !
Danser est devenu très libre,
très spontané.
Les pas importaient moins.
C'était votre interprétation
de la musique
qui s'exprimait à travers vous.
La danse a énormément évolué :
les règles étaient brisées.
Personne n'allait nous arrêter
car chacun faisait sa propre danse.
On ne pouvait plus
faire machine arrière.
Dans les anciennes façons de danser,
on n'était pas forcément
d'humeur romantique.
Pourtant notre partenaire nous serrait.
Là, j'aime bien
car on peut se tenir à distance
et danser comme bon nous semble.
On adorait danser.
On se sentait vivants.
On était passionnés et libres.
Je pense que
cette énergie a été transmise.
On le voit dans la façon
de danser aujourd'hui.
La façon dont les jeunes dansent.
Il y a ce même type d'énergie,
d'émotion.
Si vous bougez pas les hanches,
ça marche pas.
Les meilleurs twisteurs du monde !
Adaptation : Aurélia Naamani
Sous-titrage
CEDRA PRODUCTIONS
Pour devenir un expert,
comme vous avez les bases,
suivez la brochure
et apprenez les variations.
Vous serez très vite
un champion de twist.
Au revoir à tous.
J'espère que vous avez apprécié.
Je vous avais dit que ce serait facile.