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Voici l'histoire vraie
d'une amitié indestructible.
Mon histoire et celle
de mes 3 seuls vrais amis.
2 d'entre eux,
des tueurs,
sont morts avant 30 ans.
Le 3e, ex-avocat,
vit hanté par un passé atroce
qu'il n'ose ni oublier
ni affronter.
Je parle en leur nom,
au nom des enfants
que nous étions.
Hell's Kitchen
Été 1966
Nous étions inséparables.
Heureux dans notre univers clos.
Les rues du West Side
étaient notre terrain de jeux,
royaume de béton
dont nous étions les maîtres absolus.
C'était un quartier d'immigrés
irlandais, italiens, portoricains
et d'Europe de l'Est,
hommes rudes à l'existence rude.
Nos logements,
tout en longueur, étaient minables.
Peu de mères travaillaient.
Tous les couples allaient mal.
J'en ai déjà enterrée une, tu sais!
La violence conjugale régnait.
On ne divorçait pas,
se séparait rarement.
L'Église était puissante.
La mort seule
défaisait les mariages.
La vie était rude mais
pour les enfants, le quartier
était plus sûr que bien d'autres.
Le crime y était interdit.
Sinon, le châtiment
était terrible et parfois définitif.
Un dealer de l'extérieur
avait introduit de l'héroïne.
Un sachet tua le fils
d'un truand portoricain.
Le dealer n'en vendit plus jamais.
Cette terre d'innocence
était régie par la corruption.
Nous allions souvent à l'église.
Nous y servions la messe.
Aux enterrements, de préférence:
pour le pourboire de 3 $...
ou plus,
avec une gueule de circonstance.
C'était à qui inventerait
la meilleure farce.
J'avais ramassé
le "criquet" d'une bonne sœur.
Ça allait faire mal.
Le criquet indiquait aux filles
de se mettre debout,
à genoux ou de s'asseoir,
selon le nombre de clics.
De ma poche, je semai la panique.
Défenseurs de la Foi,
soldats du Christ...
Vous recevrez les dons
du Saint-Esprit.
Vos parents seront fiers de vous.
À votre baptême,
des vœux ont été prononcés...
Donne-moi le criquet.
- Quoi?
- Donne.
Levons-nous.
Prions.
Avec des nonnes, c'est facile.
À l'église, John et moi étions assidus.
Nous songions à devenir prêtre.
Le pouvoir du prêtre nous intriguait,
ce monde secret
de confession des pires actions.
La confession valait
tous les livres, tous les films.
Les péchés étaient vrais,
nous connaissions leurs auteurs.
La tentation était trop forte.
Faut pas se faire choper.
Si nos mères sont là?
Si elles se confessent?
- Et si on entend pire?
- Quoi?
Un meurtre.
Si on nous avoue un meurtre.
Mais non.
On écoute mais sans se marrer.
Aussitôt, le confessionnal s'anime.
Je...
couche avec des hommes mariés.
Des pères de famille.
À chaque fois je veux arrêter
mais je n'arrête pas.
Voilà... je suis...
enceinte.
Le père?
Allez savoir.
Vous allez faire quoi?
Je connais votre avis
mais j'ai le mien.
J'hésite.
Bon, je file.
Merci les gars,
je sais que vous le garderez pour vous.
Elle savait.
Oui.
Pourquoi nous déballer tout ça?
Sans doute le besoin de se confier.
Le Père Carillo était un fils de docker.
Aussi à son aise dans les bouges
qu'à son autel pendant la messe.
Il avait été loubard
avant de trouver Dieu.
C'était un ami,
un ami prêtre.
C'est mauvais, ces saletés.
Allez, Père.
Moins que les clopes.
Peut-être.
Rien de nouveau?
Tu veux te faire curé?
Pourquoi?
Tu t'entraînes pour la confession?
Je comprends rien.
- Ah, bon?
- Non.
Je dois être mal renseigné.
Sûrement.
À ce soir.
Pourquoi?
Je distribue des livres
aux vieux et aux handicapés.
Ta mère est d'accord.
Tu m'étonnes!
Shakes, je veux t'éviter des ennuis.
Mais j'en ai jamais.
C'est tout ce que je veux.
- C'est tout?
- Oui, je te le jure.
Faut pas jurer.
Ni écouter les gens à confesse.
À ce soir.
À ce soir.
Michael était le plus déniaisé:
Il avait embrassé
une fille plus d'une fois.
Son grand amour, c'était Carol,
la métisse portorico-irlandaise.
Son père, veuf, l'élevait.
Peu expansive,
elle était à l'aise avec nous.
C'était notre guetteur
au Gala des Patineuses.
Pendant que la foule, dehors,
faisait la queue,
nous regardions les patineuses
à moitié nues enfiler leur costume.
C'est ça, le paradis.
Carol, tu veux mater?
Je connais.
T'as vachement du bol!
Qu'elle est belle.
Je peux mourir maintenant sans regret.
À l'époque le caïd du quartier
s'appelait King Benny.
C'était un ancien tueur
de Lucky Luciano.
Luciano a fait de grandes choses.
Mais c'est pas dans les bouquins.
King Benny a exécuté le contrat
sur Mad Dog Coll, ce connard.
Il a trafiqué de l'alcool,
avant d'ouvrir des boîtes de nuit.
Je l'ai découvert à 14 ans.
Môme, il faisait pas des étincelles.
Il savait pas se battre.
Et un jour, comme ça,
un irlandais, un mec de 25 balais,
balance King Benny
du haut d'un escalier.
Il se pète les dents du devant.
Tu sais ce qu'il fait?
Il attend.
Il attend huit ans pour se venger.
Il coince le mec aux bains-douches,
dans le jus.
K. Benny enlève ses dents,
il les pose sur le lavabo.
Il regarde le mec et dit:
Quand je me regarde,
je vois ta gueule.
Il sort un flingue
et le plombe 2 fois
dans chaque jambe.
Et il lui dit:
Toi, dans ton bain,
tu verras la mienne.
Plus personne l'a emmerdé, depuis.
La vengeance.
La vengeance.
Je peux vous parler?
Je veux bosser pour vous,
rendre service.
Tu es le fils du boucher?
Quel genre de boulot?
Tout. Peu importe.
Peu importe?
On dit que vous avez du boulot.
Qui ça, "on"?
Les gens du quartier.
Eux...
Dis-moi:
ils savent quoi, ces cons?
Que vous embauchez.
Excusez-moi.
Pas si vite.
Reviens demain si tu veux bosser.
- Quand?
- Quand tu veux.
Vous serez là?
Je suis toujours là.
Ce 1er boulot me rapporta 25 $
par semaine, pour 45 mn de mon temps.
On me donnait un sac en papier
à livrer à un poste de police.
Vite payés, les pots de vin!
Fais voir ton sac.
Vous savez à qui c'est?
Ouais et on crève de trouille.
Donne. Donne, bordel!
Vous jouez à quoi?
- Répondez.
- Du calme.
Ils m'ont volé.
Vous l'avez volé?
- C'est dans le sac.
- Donnez.
- Mon cul!
- Ah, oui?
Et là?
T'énerve pas.
Vous crânez plus.
Vous voilà tout cons.
Le sac!
Tiens, Shakes, tire-toi.
- Et eux?
- C'est tes potes?
Alors, taille-toi!
J'ai besoin de quelqu'un avec moi.
Et s'il n'était pas venu?
Tu veux quoi?
Mes copains.
Tu te crois en colo?
Ils sont sérieux,
je les connais bien.
Bon, amène-les.
Nos rapports avec K. Benny
inquiétaient le Père.
Pas pour maintenant,
pour après,
quand on nous donnerait des armes.
Il voulait l'éviter.
- Tu bosses pour lui?
- Ça paie.
- D'autres choses paient.
- Moins.
Au lieu de sermonner
du haut de sa chaire,
le Père aimait discuter
en tirant des paniers.
Bravo.
J'ai ton cours de dessin.
J'ai pas de ronds.
C'est gratuit,
le prof est un ami.
Non. Ça servira à rien.
C'est un 1er pas.
Pour aller où?
T'en sortir.
Si ça te sortait d'ici...
- Vous le pouvez tous.
- On joue?
J'ai une histoire.
Les lépreux?
Ça me fout des cauchemars.
Non. Michel-Ange.
Il était pauvre, aussi.
Peintre et sculpteur.
Le Pape lui offre
un bon boulot, bien payé.
Pourquoi à lui?
Le Pape voulait un beau plafond
pour son église.
C'est un petit boulot.
Pas pour Michel-Ange.
Il avait besoin de cet énorme salaire...
pour sauver son père des usuriers.
Il faisait quoi?
C'était un petit escroc,
il fauchait du fric, des chèvres...
Des poules, tout.
Des poules?
- Vous savez quoi?
- Quoi?
Son plafond fut un chef d'œuvre,
divinement peint.
Il a pu rembourser?
Chaque sou.
Il l'a peint en combien de temps?
En neuf ans.
Neuf ans?
Sacré plaftard!
Un boiteux a repeint
tout mon appart en 2 jours.
Que faire de vous?
Faites-nous peindre.
C'était la Chapelle Sixtine.
- Titine?
- Sixtine.
Y a eu une Cinq-Tine?
Hiver 1967
L'actualité comptait peu.
Le monde changeait d'heure en heure,
nous le voyions à la télévision.
Les contestataires
parlaient de vie nouvelle,
de monde meilleur.
Pendant qu'ils défilaient,
nous enterrions les jeunes du quartier
tués au Viêt-Nam.
Les visages de la télé
nous laissaient sceptiques.
C'étaient ceux de privilégiés.
Une vague féministe déferla sur le pays,
réclamant l'égalité.
Nos mères servaient des hommes
qui les maltraitaient.
Pour nous, l'actualité
était vide de sens.
Cela aurait pu se passer ailleurs.
Nous pensions à autre chose.
Nous allions à l'hôpital voir John,
qui avait eu le poumon perforé
par un des amants de sa mère.
Tu aimes ça?
Sinon, ne dis rien.
Le Père n'en resta pas là.
- Je suis pressé.
- John Reilly.
Le merdeux?
Je l'ai juste remis à sa place.
À l'hôpital.
Il est pas mort.
Ça lui servira de leçon.
Tu pèses combien? 100 kg?
T'es costaud.
D'après toi, John pèse combien?
40 kg?
Moins qu'un poids plume.
Tu es hors catégorie.
C'était une baffe de rien du tout.
La prochaine fois, ce sera moi.
Je suis pas dans ta catégorie
mais je pèse plus de 40 kg.
Il te faudra pas un médecin
mais un curé, après.
Pour prier sur ta dépouille.
À dimanche.
Le Père aurait fait un bon tueur.
Dommage qu'il soit passé en face.
Nous perdions 7 à 6
dans un match de base-ball
contre Maldonado et 3 de ses potes.
Allez, Davy.
Vas-y, il est nul.
Ta gueule.
Qui c'est?
Sa frangine.
Qu'est-ce qu'elle a?
Un cancer. Aux jambes.
Pense à ton jeu.
Faut marquer.
Davy, vire-moi cette lopette!
Il t'aura pas, Davy!
T'es pas handicapée de la langue.
Allez, tour de circuit.
Tu mates quoi, enflure?
Elle te la fait au charme.
Tu peux le battre, Mikey.
Tu vois, il est nul!
Avale ta langue, l'infirme.
Tu pouvais lui payer une glace.
T'as niqué le match.
On est l'Armée du Salut.
Y a pas de Marine du Salut?
Vous avez paumé.
Crachez 1 $ chacun.
Il est pas meilleur.
Aujourd'hui, si.
Vous l'avez laissé.
Parce que Mike
en pince pour les infirmes.
T'en mêle pas, Gros.
Mous comme de la chique.
Vous vous ramollissez.
Un jour, ça fera mal.
C'est nos oignons, pas les tiens, vu?
Faut toujours être dur.
Si t'es faible,
on te bouffe tout cru.
La rue, c'est comme une assiette.
Vous êtes les hors-d'œuvre.
Vous vous ferez bouffer
et adieu Berthe.
Charrie pas, Gros.
Pour un match...
On prend l'habitude d'être mou.
Faut être teigneux
et se faire respecter.
Bon, on se calme.
On se croirait chez Confucius.
Marre-toi, bite molle.
C'est juste un conseil.
Faites-en ce que vous voulez.
Merci, Gros.
L'attitude de Michael
nous avait surpris.
Perdre exprès pour faire gagner
la petite infirme s'était imposé à lui.
Été 1967
On va se baigner.
Le thermomètre frôlait les 37° le jour
où notre vie a basculé.
Je grille, moi. On prend des sandwichs,
des sodas et on fonce aux docks.
Y a un petit vent.
On est entourés de murs.
- Le diable tiendrait pas.
- Vos gueules, je bronze.
Il fait 36.
- Y a du vent.
- Du vent chaud.
On pique des hot-dogs?
Non, ce type là, faut s'en méfier.
Ça le fait vraiment chier
quand on l'arnaque.
C'est des hot-dogs
ou que dalle.
Choisis.
Que dalle, c'est moins risqué.
Ça vaut pas le coup.
C'est à qui d'y aller?
À toi.
- C'est ton tour.
- Moi?
- C'est pas à moi.
- Si.
Je viens d'y aller.
C'est pas vrai.
Si, juste après lui.
J'y vais pas.
- Pourquoi?
- Si je descends, je m'évanouis.
Moutarde, oignons.
Pas de soda.
Je te connais.
C'est une impression.
C'était simple.
Je m'approchais du type
et je commandais.
Quand il me tendait le hot-dog,
je me sauvais sans payer.
Il avait une alternative pourrie.
Rester là et encaisser
ou me poursuivre.
S'il le faisait,
mes copains se régalaient.
Et 2 serviettes.
Paie-moi, voleur!
Je fonçais.
Devant le pressing de T. Mug,
devant le cordonnier.
Il me poursuivait,
sa grande fourchette à la main.
C'est lourd.
Banane, c'est les bouteilles de gaz.
Ça pèse des tonnes.
On peut le pousser, à 3?
Le pousser où?
Plus loin.
En revenant, le mec,
il sera scié de pas le retrouver.
Il fatiguait.
On se faisait face.
Il était mort mais pas enterré.
Il tiendrait encore 10 mn.
Lâche-moi.
Y a un os?
Shakes tarde trop.
Il devrait être là.
Te bile pas pour lui.
On n'avait pas dit l'engin.
Il rapplique.
Il est là?
J'ai une idée, vite.
Le métro.
L'idée était aussi simple que stupide.
Le chariot en haut de l'escalier,
on attendait le type.
On lâchait tout à son arrivée.
Et on s'enfuyait,
le laissant se débrouiller.
J'ignore ce qui nous a pris.
Mais on allait le payer.
Ça a duré 1 mn.
Mais dans cette minute,
tout a basculé.
Il se barre!
Doux Jésus,
qu'avez-vous fait, mes enfants?
Au nom du Ciel,
qu'avez-vous fait?
On vient de tuer un homme.
Pendant que J. Caldwell
se remettait, à l'hôpital,
on nous inculpait
pour blessures par imprudence.
Pardon, papa.
Pardon et puis quoi?
Mon fils...
Calme-toi.
Te fous pas en rogne.
Tu sais rien de la taule.
Maman, viens.
C'est pas vrai. Salaud.
C'est un môme.
Il a pas à y aller.
Personne ici n'a à y aller.
J'ai fait assez de taule
pour nous tous.
Il vous faut un servant?
Tu vas te rappeler?
Molo pour la flotte
et bien servi en vin.
Et je sonne dès qu'ils s'endorment.
Habille-toi. On a 5 mn.
Ça va me manquer.
Tout ça.
J'ai tout essayé.
En vain, pour l'instant.
Je peux m'enfuir.
On peut tous se tirer.
Se mettre au vert.
Personne nous cherchera.
Personne voudra savoir.
Où on va.
Si tu fuis, tu fuiras toute ta vie.
Se cacher ne change rien.
Les gens se souviennent.
Fais face à ton acte.
Je peux pas, mon Père.
Je veux pas.
J'ai trop les jetons.
Moi aussi, j'ai peur.
Nul n'a plus peur que moi
mais tu dois le faire.
Ça ira.
Tu t'en sortiras.
Tu comprends?
Viens, notre public attend.
J'ai repéré 3 poivrots et 4 veuves.
Plus Ralphie qui pionce au dernier rang.
Le mauvais temps amène la foule.
C'est un de mes préférés.
Quoi?
"Ce que vous faites
au plus petit des miens,
c'est à moi que vous le faites."
Le vendeur, pour nous,
n'existait pas réellement.
Il comptait trop peu pour être respecté.
Pourtant, il travaillait dur,
et avait une famille en Grèce
qu'il espérait faire venir.
Ses journées étaient longues.
Nous n'avions vu qu'un repas gratuit.
Thomas Marcano,
vous serez détenu 18 mois au plus
et 1 an au moins
au Foyer Wilkinson.
John Reilly,
vous serez détenu 18 mois au plus
et 1 an au moins,
au Foyer Wilkinson.
Lorenzo Carcaterra.
Il est tenu compte
de votre arrivée
postérieure au vol du chariot.
En conséquence, vous serez détenu
1 an au plus et 6 mois au moins,
au Foyer Wilkinson.
Michael Sullivan.
Vous serez détenu 18 mois au plus
et 1 an au moins,
au Foyer Wilkinson.
Et sans l'intervention du Père Carillo
qui a fait votre éloge,
la peine eût été plus sévère.
Je doute de votre bonté.
L'avenir dira si j'ai tort.
Je peux vous demander un truc?
Quoi? Vas-y.
C'est mes vieux,
ils ont l'air prêts à s'entre-tuer.
Vous me les surveillez?
D'accord.
Quoiqu'on vous dise,
dites-leur que je vais bien.
Leur mentir?
Mensonge pieux, vous avez le droit.
En route.
Sois fort.
Le Foyer Wilkinson
abritait 780 jeunes délinquants,
dans 5 sections distinctes.
Il avait l'aspect
que ses directeurs voulaient qu'il ait:
Celui d'un lycée ou d'une faculté.
On nous a affectés au 2e étage,
Section C.
Chacun sa cellule de 3 m x 3 m.
En moins d'une heure,
la panique m'a envahi.
On découvre vite
si l'on est dur ou courageux.
J'ai vite su que je n'étais
ni l'un, ni l'autre.
Bonjour, Carcaterra.
Vire tes fringues.
Ici?
Tu veux une cabine?
Y en a pas. Allez.
Devant vous?
Magne-toi!
Cette merde à ton cou,
enlève-la.
C'est Marie, Mère de Dieu.
Rien à branler. Enlève.
Tout.
Quoi, à poil?
Voilà, tu y es.
Je savais que vous étiez pas si cons.
Et maintenant?
Rhabille-toi.
L'un des 4 gardiens d'étage,
chez nous, Nokes,
était nommé chef.
Ferguson, fils d'un flic assassiné,
avait postulé
dans deux services de police.
Pour Styler,
son job payait ses études de droit.
Addison avait eu son bac.
Il voulait un travail régulier.
Il n'y avait pas d'anges, à Wilkinson.
Presque tous méritaient d'être là.
Beaucoup étaient récidivistes.
Tous étaient violents.
Peu regrettaient leurs actes.
Côté réhabilitation,
zéro.
Pourquoi t'as fait ça?
Tu m'as frôlé.
Et?
Ça m'emmerde.
Me touchez pas,
toi et tes cons de potes.
Battez-vous!
Alors, vous n'avez rien appris, ici.
Vous êtes les mêmes charlots
qu'en arrivant.
Bon.
Finissez de déjeuner.
Y a rien à voir.
Allez. Assis. Dépêchons.
Moi aussi?
Non, pas toi.
Retourne chez toi. Tu as terminé.
On réglera ça plus ***.
Au dîner.
Vous avez eu votre déjeuner?
Je l'ai senti.
Tu l'as senti?
Elle est bonne.
Où tu vas?
Déjeuner.
Inutile de refaire la queue,
y a bien assez à manger, à vos pieds.
Vous le sentez.
J'ai pas faim.
Je m'en branle.
Tu manges parce que je te le dis.
J'ai pas faim.
C'est moi qui décide.
Mange.
Et vous, là. Vous matez quoi?
À genoux!
Et finissez votre putain de repas.
Allez.
Et que ça saute.
Vous avez de la purée.
Bouffez-moi cette gelée.
Bouffez, tas d'enculés.
Je vais pas attendre
toute la journée. Vite.
Vous attendrez
qu'ils aient fini de bouffer.
Compris?
Toi, prends du pain.
C'est bon, avec du pain.
Bouffez!
Allez. Voilà.
Voilà.
Montrez-leur comme vous m'obéissez.
L'obéissance, vous pigez?
Vous voyez comme il m'obéit.
Ta relève est finie, Nokes.
Je suis pas prêt.
J'ai encore
deux trois saletés à nettoyer.
C'est mon service. Je m'en charge.
T'en mêle pas. Ça te regarde pas.
Cette fois-ci, je reste.
M'emmerde pas, négro.
Au contraire.
Toi, emmerde-moi.
Je te le demande.
Tu empiètes sur ma garde.
Je me tire...
pour cette fois.
C'est déjà ça de pris.
Relevez-vous.
C'est dramatique, je vous jure.
Je vous comprends pas.
Vous semblez ignorer
l'obéissance et la discipline.
Je sais pas comment c'était chez vous
mais chez moi,
avec mon père, fallait obéir.
Si on désobéissait, ça chiait.
Il fallait être obéissant et discipliné.
C'était pas toujours de la tarte
mais pour apprendre, on apprenait.
Là, à droite. Entrez.
C'est pas compliqué.
Faut obéir, être discipliné.
Ni plus, ni moins.
On se comprend?
Face au mur.
Toi aussi.
On a été dérangés, au réfectoire mais...
ici, on ne nous dérangera pas.
Vous voulez quoi?
Une pipe.
Face au mur!
À genoux.
Je n'ai pas d'images nettes
de ces sévices sexuels.
C'est enfoui,
au plus profond de moi.
Mais je me souviens
que c'était le jour de mes 14 ans
et la fin de mon enfance.
J'avais écrit à mon père
de ne pas venir.
En me regardant,
il aurait vu ce qui m'arrivait.
Michael avait fait comme moi.
La mère de Tommy avait pas la force.
Celle de John venait peu.
Seul le Père venait régulièrement.
La vie est belle. D'accord?
Nokes avait dit: Pas un mot au Père.
Sinon, la punition serait terrible.
Tu as maigri.
Pas de petits plats, ici.
Aujourd'hui, je vous vois tous les 4.
Je l'aimais
mais je ne pouvais pas le regarder.
Il aurait vu la vérité,
derrière ma peur et ma honte.
Tu n'as rien à me dire?
Tu es sûr?
Faut plus venir, mon Père.
Ça me touche
mais je crois que c'est pas bien.
À la prison d'Attica,
j'ai vu un vieil ami.
Vous avez des potes en liberté?
Moins que je voudrais.
Il a fait quoi?
Triple meurtre.
Il a tué 3 hommes, il y a 15 ans.
C'est un bon pote?
C'était mon meilleur ami.
On était très proches,
comme vous quatre.
On est passé ici.
Eh, oui.
Ça n'a pas été facile.
Ça ne l'est pas plus pour vous.
Cet endroit l'a tué.
Il se foutait de tout, après.
Résiste à ce lieu.
Ne te crois pas plus dur que tu n'es.
Faut que j'y aille.
À bientôt, chez nous.
Je compte sur toi.
Essuie tes larmes, cache-les.
Montre pas que tu pleures.
Leur fais pas ce plaisir.
Tu seras vite dehors.
Ça ira?
Je ne voulais plus le lâcher.
Jamais personne
ne m'avait été si proche.
Malgré leur dureté, bien des détenus
s'endormaient en pleurant.
Il y avait d'autres pleurs
que ceux de peur ou de solitude.
Moins forts, étouffés.
Plaintes de douleur et d'angoisse.
Ces pleurs-là brisent une vie.
Les entendre une fois,
c'est ne jamais les oublier.
Cette nuit-là,
c'était John qui pleurait,
quand Ferguson est passé le voir.
Au lieu de 36 comptes-rendus,
je n'en ai trouvé que 6.
Combien en manque-t-il?
On se calme. Les maths, c'est à côté.
Je veux vous aider.
Ne me croyez pas
ou fichez-vous-en,
mais c'est vrai.
Tu as une seconde?
J'ai rien fait.
Non.
Ton compte-rendu est très bien.
Tu as aimé "Le Comte de Monte-Cristo".
J'adore.
Encore plus depuis que je suis ici.
Pourquoi?
Il se laissait battre par personne,
le Comte.
Il encaissait les coups, les injures.
Tout. Et il en tirait des leçons.
Mais après,
le moment venu, il agissait.
Tu admires cela?
Non, je le respecte.
Tu as le livre, chez toi?
En B.D.
Ce n'est pas la même chose.
Faut que je file. Y a l'appel.
Attends.
J'ai quelque chose pour toi.
Je veux que tu l'aies.
Sérieux?
Tu l'adores, il faut que tu l'aies.
Je peux pas payer.
C'est un cadeau. T'en as déjà eu?
Y avait longtemps.
C'est pour te remercier.
De quoi?
De m'écouter.
Même si tu es le seul.
Vous êtes un bon prof.
On peut parler du Comte en cours.
Ça leur plaira, tu crois?
Y a des chances.
Quel passage leur lire?
Fastoche: son évasion du Château d'If.
Tiens, la vedette. Ton vestiaire.
Un simple match.
Un match banal de football américain.
Mais qu'on a payé cher.
Gardiens contre détenus.
Eux, ils s'entraînaient.
Pas nous, vu les délais.
Juste 2 h d'échauffement.
On ne nous demandait pas de gagner.
Mais d'être là.
Le plus dur, ici, c'est qui?
"Dur", comment?
- Que tout le monde écoute.
- Rizzo.
Le noir, là-bas.
Michael voyait une ouverture... une chance
de mettre le match à notre niveau.
D'égaliser le terrain. Mais il avait
besoin d'aide. Il avait besoin de Rizzo.
Avec ce black au prénom italien,
on avait notre chance.
Je sais pas qui tu es dehors,
je m'en tape.
Ici, les matons gagnent les matchs.
Pourquoi?
Ils me font pas chier.
Ils me foutent la paix.
Si j'en amoche un sur le terrain,
c'est fini.
Sans gagner, évitons de morfler.
Mais t'es habitué.
Pourquoi samedi?
Samedi, on répondra.
Tu te touches.
Ils te baisent autrement.
T'es qu'une bête, pour eux.
- Je m'en branle.
- Mon cul.
Les cogner samedi n'y changera rien.
- Alors, pourquoi?
- Pour qu'ils se sentent dans notre peau
pendant deux heures.
Pas de fantaisies, Bamboula.
Et y aura pas de casse. Pigé?
Face.
Il a dit "face". C'est "face".
Tu vas crever, enculé!
Tu vas crever!
Chopez-moi, enfoirés.
C'est gagné. J'ai une de ces pêches.
Putain, quel pied.
Barrez-vous!
Marre-toi bien, sale merdeux.
Pendant 1 h 30,
nous étions sortis de la prison,
transportant le match,
au-delà des grilles,
dans les rues de nos quartiers.
C'étaient 90 minutes de liberté.
Alors, Nokes. Beau match.
Enfin, une victoire.
Mais ça ne dura pas.
Ça ne pouvait pas durer.
Je n'avais qu'une envie: mourir.
Je n'étais pas seul, au trou.
Mes amis étaient là,
chacun dans une cellule,
avec sa douleur et ses peurs.
Rizzo était là.
J'avais perdu la notion du temps.
Je t'ai cru mort.
Je préférerais.
John et Tommy sont... à côté.
Comment ils vont?
Ils sont vivants.
Qui est mort?
Rizzo.
Ils l'ont tué.
Ils l'ont battu à tour de rôle,
ils l'ont mis en charpie.
Rizzo était mort par notre faute.
On lui avais dit
que se heurter aux matons
au cours d'un match idiot avait un sens,
que ça nous aiderait à continuer.
Là encore, nous avions eu tort.
Printemps 1968
- Tu sors quand?
- Nokes a une lettre du dirlo.
Il me l'a montrée et il l'a déchirée.
C'est pour quand?
Fin du printemps, début de l'été.
Dommage qu'on reste,
qu'on sorte pas tous ensemble.
Rêve pas.
On tirera notre année complète.
Je peux dire au Père
de passer des coups de fil.
- Pour une remise.
- On n'a rien à dire.
Je suis pas d'accord.
Dès qu'ils sauront,
les gens se bougeront.
Personne doit savoir.
Ni le Père, ni King Benny,
ni le Gros, ni ma mère.
Personne.
Je suis d'accord.
Je saurais pas quoi dire,
si ça se savait.
On peut le dire à personne.
On nous croira pas
ou on se foutra de nous.
Faudra plus en parler, après.
On doit vivre avec.
En parler, ça pourrit la vie.
Alors, il vaut mieux se taire.
La vérité reste entre nous.
Je voudrais pouvoir dormir
sans la peur
d'une visite en pleine nuit.
Si je pouvais,
je serais content.
Un jour, tu pourras. Promis.
C'était la fin de ma détention
à Wilkinson.
J'avais mes papiers.
Ultimes souvenirs de mon séjour.
Je n'ai pas entendu la clé,
ni le claquement du verrou.
Tu devrais dormir.
Je voulais te dire au revoir.
Mes copains aussi.
Je lui ai dit, carrément:
"Payé ou non, je fais pas."
T'as mis tes heures sup'?
- Je veux.
- Moi, on me les paie pas.
Mes 3 matinées, on me les paie?
Une partie de nous
est morte cette nuit-là,
cette nuit de cauchemar,
la nuit du 1er juin 1968,
l'été de l'amour.
Ma dernière nuit à Wilkinson.
Automne 1981
À 20 h 25,
deux hommes sont entrés.
Ils étaient connus dans le quartier.
Fondateurs du gang du West Side.
Les pires du lot.
Le blond passait
la moitié de sa vie en taule.
Voleur et assassin,
parfois sur contrat.
Suspect dans 4 affaires de meurtre.
Alcoolique, cocaïnomane,
il avait la gâchette facile.
Il avait tué un type
qui le doublait dans une queue.
Le brun avait commis
son premier meurtre à 17 ans.
Pour un salaire de 50 $.
Il buvait, se droguait
et ne voyait jamais sa femme.
C'est une honorable
tentative de changement.
Mais les Républicains...
On a du pain sur la planche.
On va gagner.
Il a le charisme nécessaire.
Reagan va y arriver.
Jerry... De quoi ils causent?
Du discours de Reagan.
Offre-leur un verre de ma part.
Tu leur dis que les Républicains
ne sont pas les bienvenus ici,
et que soit ils changent de bord, soit
ils changent de sujet de conversation.
D'accord.
Monsieur vous l'offre,
à une condition:
Vous connaissez la règle:
ni religion, ni politique.
Vous comprenez.
Commande pour moi, je vais ***.
Je peux vous aider?
Pas tout de suite.
Bon appé***.
Tu connais le taux de divorces,
chez nous?
Je t'ai pris du bacon, des frites
et ton pain allégé,
je sais que tu adores.
Ça te va?
Mate le mec, à la table.
Mate-le bien.
L'enfoiré!
C'est lui?
Tu déconnes?
Je suis scié.
Salut. Ça faisait un bail.
Qui vous êtes?
Et tu t'assois?
Moi qui croyais que tu serais content.
J'attendais mieux de toi.
Vu ton expérience, tes efforts.
Garder le fric des autres...
- C'est minable.
- Vous voulez quoi?
Patience. Ça va venir.
Il a pu nous oublier.
On était tes jouets.
On a du mal à oublier, nous.
Tu nous as laissé tant de souvenirs.
Tu nous situes pas?
Je vais t'aider.
John Reilly et Thomas Marcano.
D'accord.
Y a longtemps.
Ça va?
On a grandi.
Vous voulez quoi?
Toujours pareil: te voir crever.
T'as pris le pâté en croûte.
Y a mieux mais tu le sauras jamais.
T'as merdé.
Vous étiez des dégonflés.
Vous deux.
Vous tous.
Morts de trouille.
J'ai essayé de vous endurcir.
- De vous former.
- Je me gourais, alors.
Je croyais que t'aimais
baiser des gamins.
Enculés, vous brûlerez en enfer.
Après toi.
Ça fait mal?
Jerry,
on aurait dû emporter des sandwichs.
- J. Reilly, comment plaidez-vous?
- Non coupable.
Thomas Marcano?
Non coupable.
Vous serez détenus
sans droit de caution.
Jamais nous n'avions reparlé
de Wilkinson entre nous.
Nous étions bons amis
mais nos rapports avaient changé.
Nous dérivions ensemble,
sans savoir
quand il faudrait affronter le passé.
Et d'un, Shakes.
Un quoi?
Sean Nokes.
Michael était procureur adjoint,
à l'époque.
Il me fixa rendez-vous à Queens
et raccrocha.
- Qu'est-ce qu'ils ont dit?
- Quoi?
- John et Tommy.
- C'est comme un rendez-vous clandestin?
Déconne pas.
Ils ont parlé de Nokes.
John, oui.
Il a dit quoi?
"Et d'un, Shakes. Et d'un."
- C'est Snyder, leur avocat?
- King Benny va le faire remplacer.
King Benny va le faire remplacer.
Non. Il est très bien.
- Il picole.
- Il est très bien.
Pour quoi faire?
- Tu fais le reportage?
- Moi?
Je bosse aux horaires.
À part les horaires de films,
je sais rien d'autre.
On boit un café?
Marchons.
Je vais attaquer
John et Tommy aux assises.
- T'es con ou quoi?
- Laisse-moi finir.
Prends un congé.
Sauve ta peau.
Je ne veux pas gagner le procès.
Je veux le perdre.
Ça veut dire?
Qu'on va se venger.
John et Tommy ont commencé.
C'est pas comme j'avais prévu
mais c'est fait.
À nous deux, on peut finir.
Finir quoi?
Tu as lu le Comte de Monte-Cristo?
Oui, il y a 10 ans.
Moi, c'est mon livre de chevet.
Ça parle de vengeance.
D'une vengeance tant attendue.
Le moment est venu.
Notre moment.
De quoi faire?
De nous venger, tous.
De régler tout ça.
J'ai dit qu'ils étaient de mon quartier,
que je connais la mentalité.
Ils m'ont cru.
Et le lien entre eux et Nokes?
Les dossiers sont détruits
au bout de sept ans.
On n'est jamais allé à Wilkinson.
Je vais attaquer les matons.
Accuser Wilkinson.
Tout faire péter.
Adam Styler, flic des stups.
Rackette les dealers pour de la dope.
Cocaïnomane. Le reste est là.
Henry Addison. Travaille pour la Ville.
Carrément, l'enfoiré.
Animation de secteur.
Sexuellement,
il aime toujours les gamins.
Ralph Ferguson
bosse dans les services sociaux.
- Tu fais ça depuis quand?
- Divorcé,
un fils. Enseigne le catéchisme.
Rien à dire.
C'est pourquoi il me le faut.
Je vais le faire témoigner,
en tant que meilleur ami de Nokes.
C'est lui qui m'ouvrira
la porte de Wilkinson.
Tu veux vraiment?
On a enterré ça depuis longtemps.
Tu éteins pour dormir?
Tu mets John et Tommy au courant?
Non, ils seront plus naturels.
Le verdict devait être inattaquable.
Avec Snyder comme défenseur.
Le quartier
passerait des messages et se tairait.
Deux spécialités locales.
Pour communiquer, c'était simple.
Il me laissait au journal
des messages signés Gloria.
Ou j'envoyais un môme du quartier
acheter le Times,
il écrivait "Edmund"
dans un coin de page
et le déposait devant chez Michael.
La réussite du plan
dépendait du secret absolu.
Et de la survie de Michael.
Les tueurs de John et Tommy
devaient être rappelés.
Après ce soir, nous ne le verrions plus.
Sauf au tribunal.
- C'est tout?
- Non.
4 témoins oculaires
sont prêts à déposer.
J'en parlerai à K. Benny.
J'en prends deux.
Mais vous, donnez-m'en un.
- De quoi?
- De témoin.
Un témoin qui leur fournisse un alibi.
Un témoin béton.
Ça a un nom?
Faux témoignage, pour le juge.
Et pour nous?
Un service.
Amène-moi Danny Snyder.
- Snyder, l'avocat?
- Tu en connais d'autres?
- Non.
- Amène celui que tu connais.
Je ne peux plus, maintenant,
vous devez le savoir.
Je n'ai plus l'habitude.
Il vous faut un jeune.
Comme moi, avant.
Un jeune, c'est pas mieux.
Il n'a pas
votre aisance dans le prétoire.
Quand je le trouve.
J'ai eu 4 affaires, l'an dernier.
Combien j'en ai gagné?
Aucune.
Absolument aucune.
Dans deux cas,
le jury m'en a voulu personnellement.
Sûrement des innocents.
C'est dur de les faire acquitter.
Je ne comptais pas plaider.
Je voulais négocier puis me débiner.
Je n'avais pas prévu de plaider.
Vos projets ont changé.
Je me tromperais,
je dirais ce qu'il ne faut pas,
je me planterais.
- Ne prenez pas ce risque.
- La vie est un risque.
Plaît-il?
La vie est un risque?
J'étais jamais venu.
- Je dois faire quoi?
- Écoutez,
on vous fournira
les réponses et les questions.
Vous n'aurez qu'à lire.
Vous savez lire?
- En quelle langue?
- Pas d'écart.
Ne buvez pas.
Et ne perdez pas.
Si je perds?
Vous ferez la grande sieste.
Tiens, je connaissais pas.
Je ne suis plus de taille.
Un bus écrase un type, il attaque.
Bon, ça, j'aime bien.
Une dame qui glisse au supermarché,
- d'accord...
- La discussion est close.
Je suis alcoolique. C'est aux assises.
Ce n'est pas pour moi.
- Ça l'a été.
- Oui mais...
Vous avez cédé à l'alcool.
Dessaoulez d'ici demain.
Soyez pas si inquiet.
Vous n'avez rien à perdre,
comme tout le monde.
Je ne veux pas être pesant
mais en dehors de...
ou en plus de l'alcool, j'ai un léger
problème de drogue. Rien de...
Taille-toi.
Le gang du West Side
reçut la visite de K. Benny.
Il ordonna
de continuer à insulter Michael.
Qu'on le traite de traître, de rat.
Personne ne devait le tuer.
Ce contrat-là
ne pouvait venir que de K. Benny.
Les ordres des truands
fondirent sur le quartier
comme l'express de nuit.
Les "pensionnaires" de K. Benny
entraient en piste.
C'était le nom de ceux qui avaient été
en maison de redressement.
Tu paies pas, merdeux?
J'ai besoin d'un grand service.
Je t'attends.
- T'as vu K. Benny?
- Putain.
Quel merdier.
Un avocat poivrot.
En face de lui, un débutant.
Un livreur de journaux
qui joue les *** Tracy.
Y a quatre paires de zyeux
qu'ont tout vu.
Les 2 accusés
ont tué plus que le cancer.
À côté, le Général Custer
serait acquitté.
Pour Nokes, ils savent pas.
Ils croient à une histoire de dope.
On a besoin de ton aide, Gros.
Si on vous chope, ça fera très mal.
La vraie taule, cette fois.
La grande.
C'est plus des bons petits.
C'est des tueurs.
De sang froid.
Je sais...
ce qu'ils étaient
et ce qu'ils sont devenus.
On fout pas sa vie en l'air
pour se venger.
Toi et l'avocat,
vous pouvez vous en tirer.
- Comme il faut.
- On n'a pas le choix.
Je dînais parfois avec Carol.
Fidèle au quartier.
Assistante sociale.
Elle s'en faisait toujours pour nous.
Quand on sortait,
elle marchait entre Michael et John.
Pendue à leurs bras.
Entre le procureur et le tueur.
Bats-moi ou épouse-moi.
Je suis trop crevée.
Tu veux pas une bière?
À défaut de mieux.
Plus un gros bisou.
Vendu.
- T'as l'air crevé.
- Merci.
T'as trop de boulot pour dormir?
Tu sais quoi, au juste?
Ce qui se raconte par ici.
Ce qui est écrit dans ton canard.
On raconte quoi?
Que John et Tommy vont tomber,
trahis par leurs copains.
- Tu le crois?
- Comment ne pas le croire?
Ou on a tout faux.
Il l'a prise ou non, l'affaire?
- Il l'a prise.
- C'est suffisant, non?
Tu connais très bien Michael.
Peut-être mieux que moi.
- Je l'ai cru. Je ne sais plus.
- Si.
Je ne sais plus!
Il se fait charger de l'affaire.
C'est quel genre d'ami?
Le meilleur.
Le genre qui lâche tout
pour aider les copains.
Sois un peu plus clair.
Tu sais bien qu'ici,
tout n'est qu'arnaque ou combine.
Pourquoi, là, ce serait différent?
J'ai faim.
Je vais acheter à manger.
Il y a une frontière, chez Michael,
qu'on ne franchit pas.
On peut essayer. Je l'ai fait.
Il s'est refermé.
Impossible de le toucher,
de respirer à côté.
Je culpabilisais.
J'ai plus insisté.
- Tu l'aimes toujours?
- J'y pense pas.
Sinon, je dirais oui.
Mais t'es avec John?
S'il est possible d"'être" avec John.
Il a bien changé.
Comme nous tous.
Il a beaucoup de sensibilité.
Mais ça se voit pas tout de suite.
Pourquoi tu m'as jamais draguée?
Tu étais avec Mikey.
- Il était le premier.
- Et après lui?
- C'était à Tommy.
- Enfoiré!
J'en sais rien.
Parce que...
je pensais que tu voudrais pas et...
Tu avais tort.
Tu avais tort.
Quoi? Dis-le.
À ton boulot, tu as des dossiers.
Tu y as accès.
Il nous faudra des renseignements.
Oui. Tout ce que tu veux.
- D'accord.
- Où tu vas?
Tu veux des renseignements?
Tu veux des dossiers, j'y vais.
- Mais non, je...
- Alors, quoi?
Tu vois toujours John?
1 h par semaine, à la visite.
Bon.
Oui.
Mais ne lui dis pas qu'on se voit.
Ne dis rien. Plus il se croira foutu,
mieux ça marchera.
Qu'est-ce qui se passe?
Tu veux une Rolls?
Tu viens pas ici.
Tu vas en Angleterre.
Du champagne? Va en France.
Du fric? Vois un juif.
Mais si tu veux
de la saloperie bien planquée,
du secret inavouable,
une seule adresse:
La Cuisine du Diable.
Le Bureau des Merdes Trouvées.
Perdues ailleurs, trouvées ici.
Laisse béton.
Il n'y a plus que deux témoins.
Les autres se sont ravisés.
Lesquels?
Les costards, au rade.
Reste plus que le couple.
Pour l'instant.
Tout se met en place?
Sauf ton témoin.
Cette poche du billard reste vide.
Je sais bien.
Quand on vous a bouclés,
j'ai regretté de pas pouvoir faire plus.
Vous aimez les pigeons?
Tout ce qui sait fermer sa gueule.
Michael avait un objectif.
Une condamnation.
Du Foyer Wilkinson.
Et des quatre gardiens.
Je vous apporterai preuves
et témoignages.
Je les situerai sur les lieux.
Des témoins confirmeront
leur présence, ce soir-là.
Munis de ces preuves,
vous rendrez, après vos débats,
un verdict
écartant tout doute raisonnable.
Vous me comprenez
si vous regardez la télé.
John. John Reilly et...
T. Marcano sont deux innocents,
vite arrêtés dans...
vite inculpés
sans l'ombre d'une preuve.
Au moins, il a retenu leur nom.
C'est gentil de passer.
Une autre cuillère.
Elle est sale.
- Tiens.
- Elle est là pour ça.
Ça va, le boulot?
On m'a pas lourdé.
Tu sais, p'pa,
je suis allé au tribunal.
J'ai vu John et Tommy et...
ça m'a rappelé l'enfance.
Le poulet, ça vient?
Et?
Non.
Je me faisais des idées.
Ça baigne, sinon?
Oui. Impec.
Ça sert à quoi?
À prier.
D'où ça sort?
Elle te croit où, ta mère?
C'est pas autorisé.
Ta mère a la liste.
Elle connaît mal la langue.
C'est pas de notre faute
si elle est con!
Dis-nous une prière.
On veut t'entendre prier.
Il a besoin d'un motif.
Mains sur la table.
Écarte les jambes.
Réfléchis à une prière.
- On n'entend rien.
- Prie...
ou il t'enfile son bâton.
Vous êtes bénie...
Béni soit...
- Plus fort.
- Je vous salue, Marie...
Plus fort!
Prie, enculé!
À haute voix!
Prie comme à l'église!
- Je suis en retard.
- Ça fait rien.
J'ai une idée de témoin,
mais je ne suis pas sûr.
Je veux que tu m'accompagnes.
- Où on va?
- Chez lui.
- Où c'est?
- Au presbytère.
Non!
Comment était l'audience?
Comme un 1er round de boxe.
On se guette, on s'étudie.
Et nos petits gars?
Ils préféreraient être ailleurs.
On tient toujours plus
à la brebis qui s'égare.
Il n'est pas trop ***.
Il reste une chance d'en sauver deux.
Une dernière chance.
Légale, cette chance?
Les dernières ne le sont jamais.
K. Benny mène le bal?
Il est dans le coup mais il pilote pas.
Qui pilote?
J'aurais dû m'en douter.
Qu'il demande l'affaire,
c'était bizarre.
C'est un bon plan.
Michael a tout prévu.
Il est paré pour tous les cas de figure.
Pas tous. Il vous manque un truc
ou tu ne serais pas là.
On vous la fait pas.
Non.
Alors? Il vous manque quoi?
Un témoin.
Quelqu'un qui leur fournisse un alibi.
Un prêtre, ce serait parfait.
Pas n'importe lequel.
Tu me demandes...
Tu me demandes de mentir?
De prêter serment puis de mentir.
Sauvez deux de vos brebis.
Ils l'ont tué?
C'est donc vrai.
Ils l'ont abattu froidement.
Exactement.
J'ai besoin d'un verre.
Ça vous dit?
C'est un énorme service.
On le sait.
Non, je ne crois pas.
Vous m'avez dit, pour un truc sérieux,
de m'adresser à vous.
Je parlais de places de base-ball.
J'en ai pas besoin, Père.
Je cherche un témoin.
Et cette vie volée?
Quelle valeur avait-elle?
Pour moi,
aucune.
Pourquoi?
Dis-moi.
Il était gardien à Wilkinson.
Ça vous va?
Si le Père était impliqué,
il méritait de savoir.
S'il ne l'était pas, je savais que
la vérité ne sortirait pas de là.
Et je voulais que Carol sache.
On n'était que des mômes.
Pas si durs que ça.
Ils nous rabaissaient.
J'ai raconté les tortures,
les coups, les viols.
Comment, terrorisés,
nous implorions une aide divine
qui n'est jamais venue.
Je leur ai tout dit.
John hurlait, la nuit.
On n'entendait que lui.
Il voulait se faire prêtre.
Et il baisse son froc.
Une pipe, moi, je savais pas.
J'ai comme effacé ce que je pouvais.
Je respirais plus.
Je m'étouffais.
Il m'arrachait les cheveux.
Je me suis évanoui.
Je me rappelle, pour rigoler,
ils nous emmenaient à la cave,
ils en attachaient 3 ensemble
et le dernier les regardait les baiser.
J'ai une décision à prendre.
Je prie que ce soit la bonne.
Ce sera la bonne, Père.
Quelle qu'elle soit.
Vous étiez à table, en train de dîner.
- Et 2 hommes sont entrés?
- Oui.
Vous les avez vus aller vers M. Nokes?
J'ai remarqué, oui.
Vous entendiez leur conversation?
- Vous avez vu les armes?
- Non.
Entendu les coups de feu?
Ça, oui.
Et après?
Qu'est-ce qu'ils ont fait?
Ils sont sortis, tranquillement.
Là, Mme Salinas,
avez-vous bien vu leur visage?
Oui, j'ai levé les yeux,
à ce moment-là.
- Vous l'affirmez?
- Oui, absolument.
Ils sont ici, aujourd'hui?
Oui.
Montrez-les aux jurés.
Ils sont là.
Votre Honneur, pouvons-nous noter que
Mme Salinas a identifié les accusés
John Reilly et Thomas Marcano comme
étant les deux hommes en question?
- C'est noté.
- Merci, j'ai terminé.
Maître,
vous êtes prêt?
Oui, M. Le Président.
Bonjour. Quelques petites questions.
Ce ne sera pas long, Mme Salinas.
Vous n'avez bu que du vin,
en dînant?
Exact.
Vous en êtes sûre?
C'est tout? Une bouteille de vin?
Oui, une bouteille de Chianti.
Et préalablement?
Comment ça?
Au déjeuner, peut-être.
Aviez-vous bu, à midi?
Oui.
Quoi?
Je faisais des courses.
J'ai déjeuné sur Madison Avenue.
Je vous demande ce que vous avez bu.
Un martini.
Et?
Sûrement du vin.
Oui et...
combien de verres de vin, d'après vous?
Un verre ou deux.
- Plutôt deux?
- Oui, plutôt. Environ.
Est-ce que vous...
On se croirait chez le dentiste.
J'aurai dû lui épingler son texte.
Dites-moi... Ensuite...
Au dîner...
Non, rayez ça.
À quelle heure avez-vous déjeuné?
Objection.
Ce qu'elle a fait ce jour-là
est sans lien avec l'affaire.
Pas ce qu'elle a bu.
Rejetée.
À quelle heure avez-vous déjeuné?
- 13 h 30.
- Qu'avez-vous mangé?
C'est loin.
Une salade. Je déjeune léger.
Un martini,
2 verres de vin et une salade?
Oui.
Et du vin au dîner,
6 h plus ***. C'est bien ça?
Vous veniez de boire du vin
quand vous les avez "vus"?
Deux verres.
Diriez-vous que 4 verres de vin
et un martini,
en 6 h, c'est beaucoup pour vous?
Oui.
Eh, oui.
Vous aviez entendu des coups de feu,
avant ce soir-là?
Décrivez-nous.
C'est fort. Comme un pé***.
Ce bruit...
- vous a fait peur?
- Beaucoup.
Vous avez fermé les... yeux?
Tant que ça tirait.
Après, j'ai regardé.
Vous pensiez
qu'ils allaient tous vous tuer?
J'en savais rien.
Mais ils avaient tué le type.
Aviez-vous peur d'être abattue
par les deux tueurs?
- Oui.
- Pourtant, malgré votre peur, malgré...
le risque encouru,
vous avez regardé leur visage
quand ils sont partis?
- Oui.
- C'est bien ça?
Vous avez regardé leur visage?
Vous les avez vraiment regardés?
Je les ai aperçus au passage.
Aperçus? Mais pas bien regardés?
Je les ai vus.
Vous les avez aperçus, madame.
Aperçus, avec les yeux paniqués
d'une femme qui...
avait peut-être trop bu.
Objection.
Inutile, j'ai terminé.
Merci, madame.
Veuillez descendre.
6 h 15, dimanche matin.
Frank Magcicco était de la criminelle.
Excellent flic, intègre,
réputation solide.
Et neveu de K. Benny.
Davenport bossait à l'I.G.S.
Il voulait être capitaine à 40 ans.
Pour cela, il devait coincer le maximum
de ripoux en un minimum de temps.
Frank, explique-moi.
Fais ce qu'il te dit.
Avec ça, tu seras un héros.
Tu lui en veux, à ce Styler.
Pourquoi?
- Autre chose.
- Ben, voyons.
Personne ne doit savoir où tu as eu ça.
Personne.
- D'où ça vient?
- Du ciel.
Tu vois, comme ça.
Nom de Dieu.
- Il manque que des aveux.
- Je te laisse faire.
- Mais fais ça violemment.
- Même des photos!
Ce ripou ramasse 5 000 $ chaque mois.
Depuis 3 ans.
- 4 ans.
- Ça s'arrête là.
- T'as de quoi le condamner?
- Ça dépend du jury.
Montre ça au jury.
Je t'écoute, Eliot Ness.
Il y a 3 semaines,
le cadavre de Lopez, un dealer,
a été retrouvé à Jackson Heights.
- Avec 3 balles dans le crâne.
- Continue.
Voici l'arme du crime.
Et les douilles.
Pas d'autre lapin dans ton chapeau?
Les empreintes sont celles de Styler.
- Sois sympa.
- Quoi?
Si j'atterris sur ta liste noire,
préviens-moi.
Que je m'excuse à temps.
Pour le reste, vois avec Frank.
On est en contact.
Fais gaffe. Y a avis de tempête.
Je fais ce que je peux.
Hé, Ness.
T'as jamais pensé à être flic?
Passer chez les méchants?
Le corps du Christ.
Michael avait agi en procureur adjoint
déterminé à obtenir une condamnation.
Il connaissait la marque
et le calibre de l'arme du crime.
Mais il n'avait pas l'arme,
ni de mobile à proposer au jury.
La tension, le travail exténuant
et l'inquiétude le minaient.
Vous les avez vus?
Oui.
Et ils m'ont regardé.
Ils vous ont parlé?
Ils m'ont regardé et ils sont sortis.
Ils ont tué Nokes?
Je sais que c'était eux.
Un succès serait celui de tous.
Un échec lui incomberait.
Le Père Bobby Carillo, as du bras roulé,
était la clé d'un plan
garantissant l'impunité générale.
Vous vous êtes retourné
quand ça a tiré?
Mais pourquoi pas?
J'avais peur pour elle.
- Ils vous menaçaient?
- Non.
Ils menaçaient quelqu'un d'autre
dans l'établissement?
Sans avoir vu, je sais.
Si vous n'avez pas vu tirer les accusés,
comment le savez-vous?
Pourquoi la panique?
Shakes a eu tort. C'est risqué.
Personne m'envoie.
Je voulais te voir.
Pourquoi?
Depuis qu'ils ont parlé,
Shakes est sans nouvelles du Père.
C'est une décision difficile.
- S'il refuse?
- Ce sera la merde.
Que Shakes retourne le voir.
Dis-lui de tout lui raconter.
Il comprendra.
C'est fait.
J'étais là, avec eux.
J'ai tout entendu.
Tu sais?
Si tu me l'avais dit.
Ça aurait changé tant de choses.
Si tu avais pu parler.
Peut-être...
Ça va, Shakes?
Dis à ta femme
que ton régime fait de l'effet.
Toujours fan de Doris Day.
Je l'aime bien.
Tu connais la strega?
Ce cyclope à verrues?
On peut pas la louper.
Elle se sert des têtes.
Porte ça à la sorcière.
Elle en fait quoi?
Elle ôte les yeux.
Génial.
Elle les mélange
avec de l'eau et de l'huile.
Et puis?
En cas de migraine, on va la voir.
Elle consulte les yeux
et dit qui vous a envoyé la migraine.
Elle prononce quelques mots
et la migraine disparaît.
Parfois, celui qui l'avait envoyée
disparaît aussi.
Le mec, Addison,
celui qui bosse pour la Ville,
il quitte son poste dans 15 jours.
Il tient pas
à ce qu'on sache qui il est.
Ni à ce que circulent
certaines photos de lui.
- Il le sait?
- Il va le savoir.
Les gamins de ses partouzes
lui coûtent cher.
Il a du fric mais il roule pas sur l'or.
- Il a des dettes?
- Il devait 8 000 $ à un mec.
J'ai remboursé.
Vous?
La dette d'Addison m'appartient.
- Vous détestez ça.
- Je hais Addison.
Ça va devenir salissant.
À moi de jouer.
Et j'aime jouer seul.
T'es un bon môme.
Reste-le.
Sa mère l'avait baptisé
Edward G. Robinson, comme son idole.
Fidèle à Hollywood,
il se faisait appeler Little Caesar
et était devenu un caïd de la drogue.
Son fils allait dans une école privée.
Rizzo, comme son frère à lui,
mort à Wilkinson.
- Tu vas me donner de l'argent.
- D'accord.
Je marche.
Tu me rembourses quand?
Moi, jamais.
Quelqu'un d'autre.
Je le connais?
Ton frère l'a connu.
Rizzo?
- Comment?
- Henry Addison
était maton en maison de redressement.
Il bossait dans celle de Rizzo,
avant et après sa mort.
Bip,
compte-moi 8 000 $,
dans une enveloppe.
T'as de la bouteille, papy.
Les papys, toujours.
Tu bossais pour les Ritals.
Quand je pouvais.
T'avais de la gueule.
Tu donnais un peu de classe au bizness.
T'inspirais le respect
par tes costards, par ta tchatche.
J'ai toujours aimé ça, chez toi.
Navré pour toi: mon tailleur est mort.
J'irai voir notre ami.
Il me rendra mon fric.
Il te doit plus que du fric.
Rien ne vaut plus.
Ça, si.
Quoi, papy?
Qu'est-ce qui vaut plus?
Rizzo.
C'est l'homme qui a tué ton frère.
Il est mort d'une pneumonie.
Officiellement.
Où est l'utilité?
Ferguson enseigne le catéchisme.
Votre requête est surprenante.
Je sais, M. Le Juge. Je veux dresser
un portrait de la victime.
Autre chose qu'un avis de décès.
Pas d'objection, Maître?
Non, aucune.
L'accusation appelle
R. Ferguson à la barre.
Merci de venir de si loin.
Dommage que ce soit pour ça.
En tant qu'ami de Nokes,
votre témoignage sera précieux.
On peut pas imaginer meilleur ami.
Vous étiez son meilleur ami?
Le plus proche, oui.
Depuis longtemps?
Dix-sept, dix-huit ans.
Vous vous voyiez souvent?
Dès qu'on pouvait. Le week-end.
Aux congés. Pendant les vacances.
- Quel homme était S. Nokes?
- Un type bien.
Trop bien
pour se faire tuer par des loubards.
Objection. Avis personnel.
Je demande son avis.
Rejetée.
Reprenez.
Avait-il des ennemis?
Aucun.
Je vous remercie.
J'ai terminé.
C'est une prison?
Non, une maison de redressement.
Vous y faisiez quoi?
Un service classique.
Maintenir la discipline.
Les amener à l'heure en classe.
Éviter les bagarres. Les coucher.
Rien de folichon.
Vous aviez le droit d'employer la force
pour "maintenir la discipline"?
- La force?
- Pouviez-vous les frapper?
Non, bien sûr.
Aucun gardien, jamais,
n'a frappé un enfant?
C'est sûrement arrivé.
C'était...
grand. Mais c'était pas la règle.
Non. Resserrons le champ.
Avez-vous, vous ou Nokes,
frappé les garçons
que vous gardiez à Wilkinson?
Dois-je répéter la question?
Alors, répondez.
Quelques indisciplinés, parfois,
étaient frappés.
Comment?
- Pardon?
- Coups de poing?
Gifles? Coups de pied?
Ou de matraque?
- Ça dépendait.
- Qui décidait?
Un gardien.
Quel pouvoir sur un gamin!
C'était le boulot.
La torture aussi?
Car on torturait?
Torturer?
C'est à dire?
Alors, définissons.
Brûlures de cigarettes.
Passages à tabac.
Enfermement solitaire,
sans manger, dans le noir.
Cela arrivait?
- Parfois.
- Qui torturait?
- Des gardiens.
- Lesquels?
Je me souviens pas... de tous.
Nommez-en un.
Face au mur.
J'espère que vos questions
vont nous ramener à l'affaire.
- Oui.
- Je vous le souhaite.
Des abus sexuels
ont-ils été commis à Wilkinson?
Oui, on me l'a dit.
Non,
je vous demande ce que vous avez...
vu.
Pitié, non, Ferguson!
Vous adorez ça.
Oui, j'en ai vu.
Vous ou Nokes,
avez-vous violé des garçons?
Avez-vous, vous et Nokes,
violé des détenus à Wilkinson?
Maîtres.
Approchez.
Je me suis tapé Johnny.
Vous pouvez m'expliquer?
- C'est mon erreur.
- Maître,
c'est votre témoin
et il vous explose à la figure.
Pitié, Ferguson. Non.
- Pourquoi? Vous adorez ça.
- Non!
Veuillez répondre.
Je passerai te voir demain.
Souviens-toi:
j'aime ça en douceur.
Vous et Nokes... c'est exact?
Votre ex-femme laissait-elle Nokes
seul avec votre enfant?
Notre enfant?
Oui. Laissait-elle
Nokes seul avec votre enfant?
Ça ne se posait pas.
Il n'était jamais seul avec lui.
- Ça n'arrivait pas.
- Jamais.
A- t-elle exprimé...
J'ai ici une déclaration
où elle s'explique là-dessus.
- Objection.
- Accordée.
Tout en douceur.
Il me touchera plus jamais.
Oui.
Oui.
Oui, quoi?
Nokes avait des rapports
avec certains garçons.
Vous étiez là?
Vous y avez assisté?
Avez-vous fait plus qu'y assister?
Je picolais, alors...
D'autres gardiens étaient-ils présents?
Avec vous et Nokes?
Plus d'une fois?
Vous croyez toujours
que Nokes était un type bien?
C'était mon ami.
Un ami qui violait
et torturait des enfants.
J'ai terminé.
Je veux que ça s'arrête.
Le témoin peut disposer.
Ne vous éloignez pas de chez vous.
On va vouloir vous interroger.
Michael mena les deux actions de front:
tour à tour accusateur et défenseur,
il démasqua le vrai Ferguson
sans révéler au jury
le mobile de John et Tommy.
Little Caesar,
toujours la photo de Rizzo sur lui,
alla voir Addison.
Ne pouvant rembourser,
Addison lui offrit
l'occasion de venger Rizzo.
Davenport ne traîna pas, pour Styler.
Il le fit inculper
pour l'assassinat d'un dealer,
corruption et subornation.
6 à 2, pour moi.
Les gens font ça l'été.
Le froid, ça fait pleurer.
J'emmerde les gens.
Molo.
Je te ferai pas le bouche à bouche.
T'es pas mon type.
John et Tommy sentent un truc,
ils savent pas quoi.
Quelles taches, ces deux là.
Snyder a fait très fort.
Il est bon.
Je m'attendais à une loque.
C'est un poivrot, pas un con.
Il nous faut l'acquittement.
Alors, sors-les du stand de tir.
Mets-les à l'abri.
Pour ça, il te faut un témoin.
Là, il nous joue "l'Homme Invisible".
S'il vient pas?
S'il faut continuer sans lui?
Seule la rue compte.
Le tribunal, c'est pour les riches.
Ils ont du blé, des avocats.
Cette justice-là coûte cher.
Pas celle de la rue.
Celle-là, elle est pas aveugle.
Elle y voit clair.
Il nous faut les deux.
Alors, il te faut un témoin.
Mesdames et Messieurs les jurés,
ignorez la déposition de Ralph Ferguson.
Elle ne figurera pas dans les minutes.
J'ai terminé, M. Le Président.
- Tout est dit?
- Tout est dit.
La défense est prête?
Je ne sais pas.
M. Le Président, je ne sais pas.
Vous ne savez pas?
- Je ne... Nous attendons...
- Bien.
Demain, à 9 h, j'entendrai
votre témoin ou vos conclusions.
À 9 h.
Tout va bien?
À la bonne heure.
- Vous êtes en retard.
- J'étais à la messe.
La défense appelle le Père R. Carillo.
Vous connaissez
presque tous vos paroissiens?
Je les connais tous.
Vous connaissez
J. Reilly et T. Marcano?
Oui.
- Depuis quand?
- Depuis leur enfance.
- Ils ont été mes élèves.
- Quand?
Y a presque 20 ans.
Dans le procès intenté à
John Reilly et Thomas Marcano,
jurez-vous de dire la vérité,
toute la vérité, rien que la vérité?
Je le jure.
Les activités pastorales,
la messe, la confession.
Père,
vous rappelez-vous
où vous étiez le 1er novembre?
- Oui.
- Où étiez-vous?
Au match de basket
des Knicks contre les Celtics.
À quelle heure a commencé le match?
- 19 h 30.
- Pour finir à?
21 h 30, 22 h.
Vous vous rappelez qui a gagné?
Les Celtics, hélas.
McHale et Parish ont débordé nos gars.
C'était pourtant la Toussaint.
Une autre fois, appelez-moi.
D'accord.
Vous étiez seul?
Non, avec 2 amis.
Qui?
John Reilly et Thomas Marcano.
Les accusés?
Oui. Les accusés.
À 20 h 25,
l'heure à laquelle, selon la police,
S. Nokes a été tué,
vous étiez encore au stade avec eux?
Oui.
Vous vous êtes quittés à quelle heure?
Vers 22 h 30.
Ou un peu plus ***.
Ils m'ont déposé au presbytère.
- Ils ont dit où ils allaient?
- Non.
Mais après avoir "curetonné",
ils ont dû foncer dans le 1er bar.
Puisque les accusés...
étaient avec vous à 20 h 25,
ils n'ont pu abattre Nokes,
comme le prétend l'accusation?
À moins d'avoir tiré du stade.
Non.
On ne l'a pas tué de là-bas.
Alors, ce n'était pas eux.
Plus de questions.
Merci, père.
À vous, M. Sullivan.
On vous a offert les billets?
- Je les ai achetés.
- Ce jour-là?
8 jours avant le match.
Personne d'autre ne savait?
Je ne pense pas.
On vous a vu les acheter?
- Personne?
- Non.
- Vous avez un reçu?
- Non.
Payé par chèque?
- Carte de crédit?
- Non, en liquide.
C'est mon habitude.
Vous aimez vos garçons, non?
Beaucoup.
Vous feriez tout pour eux?
Tout ce que je peux.
Absolument.
Tel un bon père veillant sur ses fils.
Il y a de ça, oui.
En bon père, vous les protégeriez
d'une de leurs actions?
Qu'ils l'aient commise
ou qu'on les en accuse, oui.
Un meurtre, par exemple?
Oui.
Je récapitule.
Personne ne vous a vu
ni au guichet, ni au stade.
Vous n'avez pas de trace, pas de reçu.
C'est exact?
Oui.
Quelle preuve avons-nous?
Que vous étiez bien avec les accusés?
Ma parole de témoin... et de prêtre.
Nous y étions.
Et un prêtre ne mentirait pas.
C'est ça?
Avec les souches,
il n'aurait pas besoin.
Je les garde toujours.
Tenez?
Pourquoi?
Pourquoi les garder?
Pour le jour
où ma parole ne suffirait pas.
On en a déjà douté?
Non, personne.
Il y a toujours une 1ère fois.
J'ai terminé.
Merci, père
Merci.
Veuillez descendre.
Je le reverrai toujours,
mentant, à la barre,
pour venger John et Tommy.
Il témoignait autant pour eux
que contre Wilkinson
et le mal qui avait régné là-bas.
Je regrette qu'il ait eu à le faire.
Pour l'accusation
de meurtre avec préméditation,
jugez-vous John Reilly
coupable ou non?
Non coupable.
Pour l'accusation
de meurtre avec préméditation,
jugez-vous l'accusé T. Marcano
coupable ou non?
Non coupable.
Le jury est remercié.
Bonjour.
Un hot-dog, s'il vous plaît.
Avec du condiment.
Beaucoup.
Donnez-lui 2 serviettes.
Bien joué, Maître.
Tu fais quoi, maintenant?
Moi? Je me casse.
J'attends un peu et je démissionne.
Après un tel fiasco,
ils vont pas me retenir de force.
Change de camp:
avocat de la défense, ça paie mieux.
Les criminels sont majoritaires.
Rien qu'avec la bande de John et Tommy!
Ta fortune est faite.
Non, merci.
Ras le bol du judiciaire.
Je veux faire autre chose.
- Quoi?
- Je sais pas encore.
T'es trop vieux pour le base-ball...
Me flingue pas mes projets.
Tu me fais flipper.
Tu t'en sors toujours.
J'ai besoin de calme.
De fermer les yeux
sans voir défiler mon passé.
J'en peux plus.
Enfin...
Peut-être que j'oublierai.
Gardons le contact.
- S'il me faut un avocat.
- Trop cher pour toi.
S'il me faut un ami?
Je te trouverai. Compte sur moi.
Comme toujours.
Un mois après l'acquittement,
personne n'avait repris contact.
Notre vie était vite redevenue
comme avant le meurtre de Nokes.
Carol avait retrouvé
ses ados en difficulté
et ses mères célibataires.
John et Tommy
avaient rejoint leur bande.
J'étais devenu apprenti journaliste
à la section "spectacles".
Michael, comme promis,
avait donné sa démission.
Comment te remercier?
C'est énorme! T'as réussi!
Pas moi, c'est l'idée de Mikey.
Je voulais le buter.
Et puis?
J'aimais mieux
être condamné par un pote.
Mais, comme avocat, il craint.
Il me faisait pitié.
Pas de pitié pour les avocats.
Dans mes bras, Maître.
C'est toi, le Comte!
En chair et en os, à New York.
Quel malade. Bon.
C'est un bar ***?
Ça l'était jusqu'ici.
J'ai pas droit à un bisou?
Les 4 Gladiateurs.
Le plus mauvais groupe du quartier.
Shakes voulait quel nom?
Il voulait: "Le Comte et ses Cristo".
Chouette.
- Oh, oui...
- Les albums auraient volé bas!
Tu exagères.
On avait quand même un public.
Sans compter les sourdingues.
Une pour Carol.
- J'ai fait mes adieux.
- Allez.
Vous n'avez personne à tuer?
Chantons, on ira après.
- Je déconnais.
- Du vin?
Attaque. Pas trop lent.
Démarre.
- Vous en connaissez beaucoup?
- Une.
Va
Fièrement
Va fièrement
Rapide comme le vent
Va fièrement, p'*** gars
Oublie cette fille
Non, ne l'oublie pas!
Le 16 mars 1984,
on a retrouvé
le cadavre boursouflé de John,
tué par de l'alcool trafiqué.
Il était soupçonné de 5 meurtres.
Il venait d'avoir 29 ans.
Thomas Marcano
est mort le 26 juillet 1985.
Tué de 5 balles à bout portant.
On a trouvé son corps 8 jours après.
Il avait sur lui
une croix et une image pieuse.
Il avait 29 ans.
Michael Sullivan vit en Angleterre.
Il est menuisier, en province.
Il n'exerce plus le droit
et il ne s'est jamais marié.
Sa vie est calme et solitaire.
Carol est toujours assistante sociale.
Fidèle au quartier.
Célibataire,
elle élève seule son fils âgé de 12 ans.
Le petit,
John Thomas Michael Martinez adore lire.
Sa mère le surnomme Shakes.
C'était notre soirée et nous l'avons
fait durer le plus longtemps possible.
Ce fut une fin heureuse et la dernière
fois que nous étions ensemble.
Plus rien, jamais, ne nous séparerait.
La division correctionnelle des mineurs
de l'État de New York déclare
que les conditions décrites dans le centre
de redressement n'ont pas existé
et que rien dans leurs archives
ne prouve les accusations.
Le procureur de Manhattan déclare
qu'un tel procès n'a jamais eu lieu
et nie tout incident décrit dans ce film.
Lorenzo Carcaterra déclare que les noms,
dates et lieux ont été changés.
Il s'en tient à son histoire.
Synchro by Truc007