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Je vais mourir.
St-John ?
Je l'ai trouvée à la porte.
Elle est pâle comme la mort.
Hannah, donne-moi de ce lait chaud.
Nous aurions trébuché
sur son cadavre au matin.
Elle nous aurait hantés pour l'avoir chassée.
Ce n'est pas une vagabonde.
J'en suis certain.
Voici du lait.
Voilà.
- Demande-lui son nom.
- Quel est votre nom ?
Jane Eyre.
Dites-nous comment
nous pouvons vous aider.
Votre nom ?
Où êtes-vous ?
Je dois me cacher...
St-John, il faut la réchauffer.
Emmenons-la à l'étage.
Va-t-elle mourir ?
Où es-tu, sale rat ?
Je sais que tu es là.
Si tu te montres en disant :
"Pardonnez-moi, maître Reed",
j'y réfléchirai.
- Maman.
- John.
Te voilà.
- Ce livre m'appartient, sale rat.
- Il appartient à mon oncle Reed.
Misérable garnement gâté !
- Maman !
- C'est une honte !
Maman !
- Petite diablesse !
- Elle m'a attaqué.
- Je te hais, John Reed ! Je te hais !
- Emmenez-la !
- Enfermez-la dans la chambre rouge.
- Non !
Je vous en prie ! Elle est hantée. Non !
Je vous en prie !
Si vous ne restez pas tranquille,
vous serez ligotée.
Nous faisons cela pour votre bien.
Priez pour votre pardon,
ou quelque chose de terrible va descendre
par cette cheminée et vous attraper.
Laissez-moi sortir !
Pitié, tante Reed ! S'il vous plaît !
Savez-vous, Jane Eyre,
où les malfaisants vont après la mort ?
Ils vont en enfer.
Et qu'est-ce que l'enfer ?
Un gouffre rempli de feu.
Voudriez-vous tomber
dans ce gouffre et brûler à jamais ?
Non, monsieur.
Comment pouvez-vous l'éviter ?
Il faut que je reste
en bonne santé et ne meure pas.
Quelle est son ascendance ?
Elle est orpheline.
Sa mère était la sœur de mon mari.
Sur son lit de mort,
il m'a demandé de prendre soin d'elle.
Je l'ai toujours traitée
comme une des miennes.
Si vous l'acceptez à l'école Lowood,
M. Brocklehurst,
surveillez-la de près.
Elle a du venin plein le cœur,
et cela me peine de dire
que son pire défaut est la malhonnêteté.
Soyez tranquille,
nous déracinerons la malice
de cette petite plante ingrate.
Et ses vacances,
elle les passera à Lowood.
Vous pouvez partir.
Vous avez dit que je mentais. C'est faux.
Je dirais alors que je vous aime,
et je ne le dis pas.
Vous me rebutez plus
que quiconque au monde.
Les gens croient que vous êtes bonne,
mais vous êtes méchante et avez le cœur dur.
Je dirai à tout le monde
ce que vous avez fait.
Il faut corriger les enfants.
Je ne suis pas malhonnête.
Mais vous êtes passionnée.
Mon oncle Reed est au ciel,
comme ma mère et mon père.
Ils savent que vous me détestez à mort.
Ils voient tout ce que vous faites
et vous jugeront, Mme Reed.
Sortez.
Suivante. Montrez-moi vos mains.
Arrêtez-vous là.
Très bien.
Suivante.
Enlevez votre belle robe.
Restez là.
Montrez-moi vos mains.
Mon nom est Jane Elliott.
Qui peut-on quérir pour vous aider ?
Personne.
Il ne faut pas que l'on me trouve.
Liez-moi à Vous
d'un lien d'amour inséparable.
Ceux qui Vous aiment,
et eux seuls, seront satisfaits.
Car sans Vous, toute chose est vide et vaine.
- Amen.
- Amen.
Qu'il est bon de vous voir, Mlle Elliott.
Nous pensions la semaine dernière
vous accompagner vers une tombe anonyme.
Elle a lu The Bride of Lindorf
et voilà que tout n'est que vierges abattues
et morts spectaculaires.
Désolée pour tous ces problèmes.
Mais non, voyons.
Rien d'enthousiasmant n'est arrivé
depuis le sermon de St-John
sur la chute de Babylone.
J'espère ne pas manger
trop longtemps à vos dépens, M. Rivers.
Alors, dites-moi où vous placer.
Indiquez-moi juste où trouver du travail.
Vous êtes trop faible. Pas vrai, Di ?
Non. Restez avec nous.
Vous retournez à vos postes à la fin du mois.
Que fera Mlle Elliott alors ?
Je m'efforcerai de vous aider,
si c'est ce que vous voulez.
De tout mon cœur, monsieur.
L'école où vous étiez, Mlle Elliott,
cette institution charitable,
à quoi vous a-t-elle préparée ?
Était-ce une éducation exhaustive ?
Des plus exhaustives qui soient.
- Un peu d'esprit...
- Un peu d'esprit...
- ... aidera...
- ... aidera...
- ... un homme chanceux.
- ... un homme chanceux.
Encore une fois. Un peu d'esprit...
Un peu d'esprit...
- ... aidera...
- ... aidera...
... un homme chanceux.
... un homme chanceux.
Burns !
Je ne vous tolérerai pas
devant moi avec cette attitude.
Tout le monde debout.
Je vois que vous mortifiez
la chair de cette fille.
Monsieur, elle n'était pas...
C'est votre tâche de faire
qu'elle soit contrite et se sacrifie. Continuez.
La nouvelle.
Voici le piédestal de l'infamie,
et vous y resterez toute la journée.
Vous n'aurez rien à manger ni à boire,
car vous devez apprendre à quel point
la vie de pécheresse est aride.
Les enfants, je vous exhorte à l'exclure,
à la repousser à partir de ce jour.
Retenez la main de l'amitié
et refusez votre amour à Jane Eyre,
cette menteuse.
Comment supportes-tu d'être frappée ?
Mme Scatcherd me frappe
pour me rendre meilleure.
Mes péchés la tourmentent.
Qu'elle me frappe
et je prendrai son fouet et le casserai.
Elle en trouverait vite un autre.
Mon père disait que la vie est trop courte
pour la passer à nourrir l'hostilité.
Chez ma tante, j'étais seule et méprisée.
Elle me croyait indigne d'amour
et de tendresse.
Tu es aimée.
Il y a un monde invisible autour de toi,
un royaume d'esprits
ayant pour mission de te protéger, Jane.
Ne les vois-tu pas ?
Jane ?
Puis-je faire quelque chose ?
Vous faites quelque chose déjà.
Je peux voir ?
Ils sont fantastiques.
St-John...
Non, Marie, je vous en prie...
Regardez comme Jane est habile.
C'est ainsi que vous me percevez,
Mlle Elliott ?
Eh bien. Je suis bien féroce.
Jane.
Tu gèles. Tes petits pieds sont nus.
Viens au lit et couvre-toi.
Comment vas-tu ?
Je suis heureuse, Jane.
Je rentre à la maison.
Tu retournes auprès de ton père ?
Je pars auprès de Dieu.
Ne sois pas triste.
Tu as la passion de vivre, Jane.
Un jour, tu atteindras les régions de l'extase.
Ne me quitte pas.
J'aime t'avoir près de moi.
Je ne te quitterai pas.
Personne ne t'éloignera de moi.
Helen !
Helen !
M. Rivers ? Je me demandais si vous aviez
entendu parler d'un travail pour moi.
Je vous ai trouvé un emploi déjà.
J'attendais pour vous le dire,
car il est humble et je crains votre mépris.
Je suis prête à faire n'importe quoi.
J'ai pris la paroisse il y a deux ans.
Il n'y avait pas d'école.
J'en ai ouvert une pour garçons.
Je veux en ouvrir une pour filles.
La maîtresse aura un logis
payé par des bienfaiteurs
et recevra 15 livres par année.
Vous voyez comme c'est modeste et ignoble.
M. Rivers, merci. J'accepte.
De tout mon cœur.
Mais vous me comprenez ?
C'est une école de village,
des filles de villageois.
Que ferez-vous de tous vos beaux talents ?
Je les mettrai de côté
jusqu'à ce qu'on en veuille.
Jane.
Vous serez très seule ici.
Je n'ai pas peur de la solitude.
C'est la première maison où je ne suis pas
dépendante ni subordonnée.
Merci, M. St-John.
C'est petit et simple, comme je vous disais.
Cela me conviendra très bien.
Faites bonne route, Mlle Eyre.
Au revoir, Mlle Eyre.
- Faites bonne route.
- Merci.
- Au revoir, Mlle Eyre.
- Au revoir, Mlle Eyre.
Les filles !
Au revoir.
Thornfield, mademoiselle.
Attendez ici, mademoiselle.
Comment allez-vous, ma chère ?
- Êtes-vous Mme Fairfax ?
- C'est exact.
Vous avez dû faire un voyage fastidieux.
Vos mains doivent être gelées. Voilà.
Seigneur. Comme vous êtes jeune.
J'ai beaucoup d'expérience, je vous assure.
Bien sûr. Je suis sûre que nous avons
de la chance de vous avoir.
Leah, demande à Martha d'apporter
un peu de vin chaud et un sandwich ou deux.
Venez plus près du feu.
John porte votre coffre à votre chambre.
Je vous ai mise au fond, j'espère que ça va.
Les chambres à l'avant sont mieux meublées,
mais elles sont lugubres et isolées, je trouve.
Je suis heureuse que vous soyez venue.
C'est une grande et vieille maison,
mais j'avoue qu'en hiver on s'y sent
un peu maussade et seul.
Leah est une gentille fille, et John et Martha
sont eux aussi de braves gens,
mais c'est des domestiques,
et on ne peut leur parler d'égal à égal.
- Vais-je rencontrer Mlle Fairfax ce soir ?
- Qui ?
Mlle Fairfax, mon élève ?
Vous pensez à Mlle Varens,
la pupille de M. Rochester.
Elle sera votre élève.
Qui est M. Rochester ?
Le propriétaire de Thornfield.
M. Edward Fairfax Rochester.
Je croyais
que Thornfield Hall vous appartenait.
Mais quelle idée, mon enfant. À moi ?
- Je ne suis que l'intendante.
- Pardonnez-moi.
Il y a un lien éloigné
entre M. Rochester et moi,
sa mère était une Fairfax,
mais je n'en ai jamais profité.
Seigneur. Moi, propriétaire de Thornfield ?
La maison sera joyeuse cet hiver.
Avec Mlle Varens et vous ici,
nous nous amuserons beaucoup.
Je crois que l'hiver dernier,
où s'il ne pleuvait pas il neigeait,
et s'il ne neigeait pas il poudrait,
je vous le dis, pas une seule âme n'a visité
cette maison de novembre à février.
Quand le printemps est arrivé,
j'étais soulagée de ne pas être devenue folle.
J'ai demandé à Martha d'allumer un feu.
J'espère que vous serez à l'aise.
Retournez cette parcelle
avant l'arrivée du gel.
- Et en haut aussi ?
- Oui.
Il faut ouvrir la fenêtre
dans le bureau pour aérer.
Je n'ai jamais vu de maison si vieille.
Magnifiquement entretenue.
Les visites de M. Rochester sont
toujours inattendues.
Il n'aime pas
que tout soit drapé quand il arrive,
alors je garde la maison toujours prête.
Venez rencontrer Mlle Varens.
Vous ai-je dit qu'elle est française ?
Sophie a pleuré
car personne ne nous comprend.
Personne ne peut
nous parler sauf M. Rochester,
mais il est parti.
Pourriez-vous la questionner
sur ses parents ?
M. Rochester a omis
de me dire quoi que ce soit sur elle.
Où vivais-tu, Adèle,
avant de venir à Thornfield ?
Avec maman,
mais elle est partie
avec la Sainte Vierge maintenant.
Sa mère est décédée.
Maman m'apprenait à danser
et à réciter des poèmes.
Elle me laissait toujours
m'asseoir sur les genoux
des messieurs qui venaient
lui rendre visite et chanter pour eux.
Puis-je chanter pour vous, mademoiselle ?
Ce serait ravissant.
Adèle va nous montrer ses talents.
Comme c'est français.
Très bien. Très bien.
Nous allons faire une presse. Ferme le livre.
Un papillon.
Et qu'est-ce que c'était auparavant ?
Une chenille.
"Je vais partir à pied en ville."
"Ne pars pas", le supplie la bonne.
"Le Gytrash traîne dans ces collines."
Qu'est-ce que c'est ?
Un esprit du Nord
tapi dans l'attente des voyageurs.
Il habite la carcasse des bêtes,
possède les chevaux, les grands chiens.
On ne le reconnaît qu'à ses yeux,
aussi rouges que le charbon brûlant,
et si l'on tombe sur l'un d'eux...
Quoi, qu'est-ce qu'il fera ?
Rien. Ce n'est qu'une histoire.
Sophie m'a raconté qu'il y a une dame
qui se promène dans cette maison le soir.
Je ne l'ai jamais vue,
mais les gens disent
qu'elle a les cheveux noirs comme l'ébène,
la peau blanche comme la lune
et les yeux bleus comme deux saphirs.
Elle peut aussi traverser les murs.
Il y a des personnes qui disent
qu'elle vient pour te sucer le sang.
C'est ridicule.
Que faites-vous ici ?
Je vous attendais pour le thé.
Je n'ai pas besoin de thé, merci.
C'est une vie tranquille, n'est-ce pas ?
Une jeune femme est condamnée
au calme dans cette maison isolée.
Je voudrais qu'une femme puisse
vivre d'action, comme un homme.
Cela me tourmente
que l'horizon là-bas soit notre limite.
Je voudrais parfois avoir
le pouvoir de voir ce qu'il y a au-delà.
Si je pouvais voir tout ce que j'imagine...
Je n'ai jamais vu de ville,
je n'ai jamais parlé à des hommes.
Je crains que toute ma vie s'écoule...
On dit que l'exercice
et l'air frais guérissent tout.
J'ai quelques lettres à mettre à la poste.
Iriez-vous les porter ?
Debout ! Debout, maudite bête ! Debout !
- Reculez.
- Êtes-vous blessé, monsieur ?
Puis-je vous aider ?
D'où arrivez-vous ?
D'un peu plus bas, de Thornfield Hall.
Je suis la gouvernante.
J'allais poster une lettre.
Puis-je aller chercher de l'aide ?
La gouvernante.
Vous pouvez m'aider vous-même.
Tenez sa bride et guidez-le vers moi.
Si vous en avez la gentillesse.
Aidez-moi plutôt à me déplacer
jusqu'au cheval. Venez.
Je vous prie de venir ici,
Mlle la gouvernante.
Tenez ça.
Dépêchez-vous avec votre lettre.
Qui sait ce qui se terre
dans ces bois sombres ?
Leah, va allumer le feu
dans la chambre du maître.
- Et dis à Martha de faire du thé.
- Oui, madame.
M. Rochester est ici.
Allez changer votre robe.
Il désire vous rencontrer.
- Leah, prends sa cape.
- Je dois me changer ?
Je m'habille élégamment
quand M. Rochester est là.
Toutes mes robes sont pareilles.
Vous devez en avoir une meilleure.
Il est de très mauvaise humeur.
Son cheval est tombé sur le chemin Hay
et sa cheville est foulée.
Le médecin est avec lui depuis un moment.
Où étiez-vous passée ?
Monsieur, voici mademoiselle.
Faites-la asseoir.
J'ai interrogé Adèle,
je vois que vous avez travaillé fort avec elle.
Elle n'est pas intelligente et n'a aucun talent,
mais elle s'est améliorée en peu de temps.
Merci, M. Rochester.
- Vous habitez ici depuis trois mois ?
- Oui, monsieur.
Et d'où venez-vous ?
Quelle est votre triste histoire ?
Je vous demande pardon ?
Toutes les gouvernantes en ont une.
Quelle est la vôtre ?
J'ai été élevée par ma tante,
Mme Reed de Gateshead,
dans une maison plus luxueuse que celle-ci.
J'ai fréquenté l'école Lowood, où j'ai reçu
une éducation dépassant mes espérances.
Je n'ai pas de triste histoire, monsieur.
- Où sont vos parents ?
- Ils sont morts.
- Vous souvenez-vous d'eux ?
- Non.
Pourquoi n'êtes-vous plus
chez Mme Reed de Gateshead ?
Elle m'a chassée, monsieur.
Pourquoi ?
J'étais un fardeau et elle ne m'aimait pas.
Pas de triste histoire ?
Je remercie chaque jour
le Ciel d'avoir envoyé Mlle Eyre.
Elle est inestimable...
Ne vous dérangez pas à me la dépeindre.
Je porterai mon propre jugement.
- Je lui dois cette entorse.
- Monsieur ?
Vous avez subjugué mon cheval.
Ce n'est pas vrai.
Attendiez-vous les vôtres sur ce chemin ?
Je n'ai personne, monsieur.
Je parle des lutins, des farfadets
et des petits hommes verts.
Ils sont malheureusement tous partis.
Vos terres ne sont pas
assez sauvages pour eux.
- Adèle m'a apporté cela. C'est de vous ?
- Oui, monsieur.
Où avez-vous pris vos modèles ?
Dans ma tête.
Cette tête que je vois là sur vos épaules ?
Oui, monsieur.
Qui est-ce ?
L'étoile du soir.
- Étiez-vous heureuse en peignant ceci ?
- Oui.
La peinture est l'un
des plus grands plaisirs que je connaisse.
Alors, vous avez connu peu de plaisirs.
En êtes-vous satisfaite ?
Aucunement. J'imagine
des choses que je ne peux pas rendre.
Vous avez bien attaché
les ombres de vos pensées.
Mais vos dessins sont étranges
pour une écolière.
Bonne nuit.
Viens, Adèle.
Père qui avez pitié, nous Vous remercions
humblement de Votre générosité.
Amen.
- Amen.
- Amen.
Assieds-toi comme il faut, Adèle.
Pilot !
Pilot, viens ici !
Continue, plus bas !
À côté de la rivière !
Il est très brusque et imprévisible.
Quel genre d'homme est-il ?
C'est un bon maître.
Il est de bonne compagnie, quand il...
Sauf quand il est de mauvaise humeur.
Adèle.
Il faut que je recharge.
À trois. Un, deux, trois.
Prête ?
Je crois que c'est bon, monsieur.
Emmenez-le à la rivière.
Allez.
Je n'en veux pas.
Oh, ma boîte, ma boîte.
Emporte-la et ouvre-la.
Oh, ciel, que c'est beau.
- Magnifique.
- Mlle Eyre.
Je n'aime pas les enfants.
Pas plus que ne j'apprécie les vieilles sottes.
Mais vous pourriez me convenir.
Comment, monsieur ?
En me distrayant
de la bourbe de mes pensées.
Monsieur, je vous remercie
mille fois de votre bonté.
C'est ce que maman disait.
Exactement.
Et c'est comme cela qu'elle me ruinait.
Allons l'essayer, d'accord ?
Votre regard est très direct, Mlle Eyre.
Me trouvez-vous beau ?
Non, monsieur.
Pourquoi ? J'ai tous mes membres et traits.
Je vous demande pardon, monsieur.
J'aurais dû répondre
que la beauté importe peu.
Vous rougissez, Mlle Eyre.
Même si vous n'êtes pas plus jolie
que je suis beau, j'avoue que cela vous va.
Je vois que vous êtes
fascinée par les fleurs du tapis.
Allez, parlez-moi.
J'aimerais vous décoincer, Mlle Eyre.
Vous avez l'air d'un autre monde.
Je ne veux pas vous traiter en inférieure.
Mais vous m'ordonnez de parler ?
Mon ton autoritaire vous blesse-t-il ?
Il y a peu de maîtres
qui demanderaient si leurs subalternes payés
sont blessés par leurs ordres.
Leurs subalternes payés ?
J'avais oublié le salaire.
Sur cette base mercantile,
consentirez-vous à me parler en égal
sans croire
que la demande est faite par insolence ?
Je ne confondrais
point la familiarité avec l'insolence.
J'aime la première. La seconde,
aucun être libre ne devrait la subir.
Sottise.
Même contre un salaire.
La plupart des gens libres
se soumettraient à tout pour un salaire.
Je vous serre la main
en esprit pour votre réponse.
Il n'y a pas trois gouvernantes sur 3 000
qui m'auraient répondu
comme vous l'avez fait.
Alors, vous les avez
peu fréquentées, monsieur.
Je suis un oiseau comme les autres,
avec ma triste histoire habituelle.
Je vous envie.
Comment cela ?
Votre ouverture, votre esprit non pollué.
Quand j'avais votre âge,
le destin a changé le cours de ma vie.
Puisque le bonheur m'est refusé,
j'ai droit au plaisir à la place.
Et je l'obtiendrai, quoi qu'il en coûte.
Alors, vous dégénérerez encore plus.
Mais, Mlle Eyre,
si le plaisir
que je cherchais était doux et frais,
si c'était une inspiration,
s'il portait les robes d'un ange lumineux,
qu'en serait-il alors ?
Pour dire vrai, monsieur,
je ne vous comprends pas.
Je crains que la conversation ne me dépasse.
Vous avez peur de moi.
Je n'ai pas peur.
Seulement, je ne veux pas dire de bêtises.
Riez-vous parfois, Mlle Eyre ?
Rarement, peut-être.
Vous n'êtes pas d'un naturel austère,
pas plus que je suis méchant.
Je vois en vous le regard d'un drôle d'oiseau
à travers les barreaux d'une cage,
un prisonnier vif et agité.
Libre, il s'élèverait vers les nuages.
- Leah, as-tu vu Mme Poole ?
- Oui, madame.
Le maître n'est pas d'humeur à l'erreur.
Qui est là ?
Réveillez-vous, monsieur !
Monsieur ! Réveillez-vous !
La couette ! Donnez-la-moi !
Un bruit m'a tirée de mon sommeil.
Quel bruit ?
Il y avait quelqu'un à ma porte.
Restez là.
Ne faites pas de bruit.
N'en parlez pas.
Vous n'êtes pas une bavarde idiote.
- Mais...
- Je répondrai de cette affaire.
N'en dites rien.
Oui, monsieur.
Est-ce ainsi que vous me quittez ?
Jane, le feu est une mort horrible.
Vous m'avez sauvé la vie.
Ne me croisez pas comme une inconnue.
Que dois-je faire, alors ?
Je suis heureux de vous devoir la vie.
Vous n'avez pas de dette.
Je savais que vous m'apporteriez du bien.
Je l'ai vu dans vos yeux en vous observant.
Leur expression n'a pas frappé
mon être profond pour rien.
On parle d'affinités naturelles. Vous...
Bonne nuit, monsieur.
Vous me quittez, donc ?
J'ai froid.
Partez.
M. Rochester ne nous a pas fait appeler,
aujourd'hui ?
Il est parti. Vous ne saviez pas ?
Il est parti après déjeuner.
Il est allé chez les Leas. Chez M. Eshton.
Je crois que Blanche Ingram est là-bas.
C'est sa grande favorite.
Je l'ai vue il y a deux ans
quand M. Rochester a fait une fête ici.
C'est une fille des plus élégantes.
Ils ont chanté un duo ensemble.
Ils créaient une charmante harmonie.
J'étais surprise
qu'il ne demande pas sa main,
mais elle est sans fortune.
À tout autre point de vue,
ils iraient très bien ensemble.
Peut-être en a-t-il l'intention à présent.
Il est plus probable qu'il soit parti en Europe.
Il part souvent sans grand au revoir,
et je ne le revois pas pour un an.
J'ai ramassé la literie brûlée du maître.
Bien. Va faire le lit.
L'Angleterre est
une grande puissance, Adèle.
Les navires britanniques partent
vers les limites de notre empire,
voguant sur les cinq océans
et aux quatre coins du monde.
Du Canada, ici, jusqu'au sud de l'Afrique
et au cap de Bonne-Espérance.
De ce côté de l'océan Indien,
en Australie et en Nouvelle-Zélande,
et jusqu'en Birmanie,
en Chine et en Malaisie occidentale.
Qu'avez-vous, mademoiselle ?
Rien.
Sur ces horizons lointains,
on trouve toutes sortes d'hommes.
Il revient demain.
Il m'a donné des instructions
pour préparer les chambres.
J'irai chercher plus
de personnel à l'auberge George.
Mlle Ingram vient.
Il nous faut des draps, des matelas...
J'irai chez George maintenant.
Non, non, je dirai à Martha...
Puis-je vous aider, Mme Fairfax ?
Les pièces donnant au sud
pour Lady et Mlle Ingram.
Le Colonel et Mme Dent doivent
avoir vue sur la rivière.
Le maître est vraiment
entiché de cette demoiselle.
Il a peut-être demandé sa main déjà.
- Je dis qu'il le fera avant la fin de la semaine.
- Tu verras.
Adèle.
Qu'est-ce qu'elle dit ?
M. Rochester est là.
Tout le monde dehors.
Qu'elle est belle, non ?
Sa démarche est tellement élégante.
- Edward.
- Permettez-moi, Mlle Ingram.
J'avais oublié
à quel point Thornfield est masculin.
- Je crois que vous avez besoin de fleurs.
- J'ai la plus belle à mon bras.
Éloigne-toi de la fenêtre, Adèle.
Ce soir, il veut vous voir
toutes les deux dans la salle à dessin.
Certainement pas moi.
On m'a dit de vous dire que si vous résistez,
il viendra vous chercher lui-même.
Mais je n'ai pas de robe.
Ne vous inquiétez pas,
mon enfant, qui le remarquera ?
Mademoiselle !
Je croyais que vous n'aimiez pas les enfants,
M. Rochester.
C'est vrai, Lady Ingram.
- Pourquoi l'avoir prise à votre charge ?
- On me l'a laissée.
- Pourquoi ne pas l'envoyer à l'école ?
- Elle a une gouvernante.
La pauvre enfant. J'ai eu plusieurs
de ces détestables démones dans le passé.
C'est vrai.
M. Rochester,
faites attention à la gouvernante.
- Maman croit qu'elles sont hystériques.
- Ou dégénérées.
Je remercie le Ciel d'en avoir fini avec elles.
J'ai survécu à mon éducation par miracle.
Je me souviens de Mlle Wilson qui criait :
"Vilaine enfant !"
Elle essayait de mettre le feu à ses cheveux.
Souvent, ajouterais-je.
Enfin, assez parlé de cette race terne.
Nous devrions passer à la musique
et à un nouveau sujet.
- Signor Eduardo, à quoi aurons-nous droit ?
- Je vous offre la beauté.
Il n'y a rien de nouveau à dire.
Je vous redonne la beauté mâle.
- Eh bien, c'est mon fils.
- Ah oui.
Un homme ne devrait pas
tenir compte de son apparence.
Il ne devrait avoir que force et bravoure.
Gentilhomme ou bandit de grand chemin,
sa beauté repose dans sa puissance.
Et vous vous contenteriez d'un pirate ?
Pourquoi avez-vous quitté la pièce ?
Je suis fatiguée, monsieur.
Pourquoi ne pas être venue me parler ?
Je ne vous ai pas vue depuis des semaines.
Cela serait normal et poli
de me souhaiter une bonne soirée.
Vous aviez l'air occupé.
Vous êtes pâle.
Je vais bien.
Qu'avez-vous fait durant mon absence ?
J'ai instruit Adèle.
Vous êtes déprimée.
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Vos yeux sont pleins de...
- Quoi ?
- Un gentilhomme veut vous voir, monsieur.
De Spanish Town, en Jamaïque.
Je crois qu'il vient bien d'un endroit chaud,
car il refuse d'enlever son manteau.
M. Richard Mason.
Je l'ai conduit dans la pièce du matin.
Ai-je fait bien fait ?
Conduisez-le dans mon bureau.
Jane, c'est un coup terrible.
Si je devais aller auprès de ces gens
pour qu'ils me regardent en raillant
et me quittent l'un après l'autre,
que feriez-vous ? Partiriez-vous avec eux ?
Non, monsieur. Je resterais avec vous.
Vous risqueriez la condamnation pour moi ?
Pour tout ami le méritant.
Richard.
Fairfax.
Comment diable vas-tu ?
Très bien.
Je suis désolé. Je vois que tu as des invités.
Ça ne fait rien. Viens.
Que s'est-il passé ?
- Où est M. Rochester ?
- Attendez-moi.
Je suis là. Soyez tranquille.
Une servante a fait un cauchemar, c'est tout.
Je dois vous renvoyer à vos appartements.
Avant que la maison ne se calme,
- on ne peut s'occuper d'elle.
- Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ?
Mlle Ingram, mesdames, s'il vous plaît,
retournez à vos nids
comme les colombes que vous êtes.
- Tout va bien.
- Une vieille maison bruyante.
Viens, ma petite fleur.
J'avais raison : ce n'était rien.
Je vous en prie.
Suivez-moi.
Pouvez-vous nettoyer cela ?
Oui.
Bois, Richard. Cela te redonnera des forces.
- Est-ce que ça va faire mal ?
- Bois !
Je dois aller chercher le médecin.
Épongez le sang quand il y en aura.
Donnez-lui de l'eau s'il en veut.
Ne lui parlez sous aucun prétexte.
Et, Richard,
ne lui parle pas, sinon je te tuerai.
Comment va-t-il ?
Il dort.
Dépêchez-vous, Carter.
Soyez sur vos gardes.
Le soleil se lève. Il doit partir.
Jetons un coup d'œil, d'accord ?
La chair est lacérée et coupée.
C'est très fâcheux.
- Fairfax.
- Conduisez !
Vous avez passé une drôle de nuit.
Oui, monsieur.
Vous n'avez montré aucune peur.
J'avais peur de la pièce intérieure.
- Vous n'étiez pas en danger.
- Qui a commis cet acte de violence ?
Je ne peux pas vous le dire.
Pourquoi les protégez-vous ?
Il pèse sur ma vie une erreur capitale.
Ses conséquences pourrissent
mon existence.
J'ai essayé de la fuir durant des années.
Ce printemps,
je suis rentré le cœur retourné.
J'ai rencontré une douce inconnue
dont la compagnie m'a ravivé.
Avec elle, j'ai l'impression
de pouvoir vivre à nouveau,
de manière plus élevée, plus pure.
Dites-moi,
puis-je faire fi de l'obstacle
des mœurs pour l'atteindre ?
Il y a un obstacle ?
Une entrave ne tenant
qu'à une pure convention.
De quoi s'agit-il ?
Si vous affectionnez quelqu'un, monsieur,
le sort ne peut vous faire obstacle.
Oui.
Si la dame est d'origine noble
et que ses sentiments sont réciproques...
Jane, de qui pensez-vous que je parle ?
De Mlle Ingram.
Je demande ce que ferait Jane Eyre
pour préserver mon bonheur ?
Je ferais n'importe quoi, monsieur.
Tout ce qui est juste.
Vous me fascinez.
J'ai l'impression
que je peux maintenant vous parler
de celle que j'aime,
car vous l'avez rencontrée et la connaissez.
C'est une perle rare, n'est-ce pas ?
Fraîche et saine,
sans souillure ou tare.
Je suis sûr qu'elle me redonnera vie.
Vous avez l'air ridicule.
Ce jeu est ridicule.
Pardonnez-moi, monsieur.
Cette créature rampante veut-elle vous voir ?
Pardonnez-moi.
Cela vient de mon ancienne nourrice, Bessie.
Elle dit que mon cousin John Reed est mort.
Il a dilapidé sa fortune et s'est suicidé.
Le choc de la nouvelle a causé
une attaque à ma tante.
À la tante qui vous a chassée ?
Elle m'a fait demander.
Je l'ai quittée en mauvais termes
et je dois répondre à ses vœux.
Promettez de ne pas rester longtemps.
M. Rochester, je n'ai reçu aucun salaire.
J'ai besoin de fonds pour le voyage.
Combien vous dois-je ?
Trente livres.
En voici cinquante.
C'est trop.
- Prenez votre salaire, Jane.
- Je ne peux pas.
Alors, en voici seulement dix.
Maintenant, vous avez une dette envers moi.
En effet.
Pendant ce temps, je mettrai cela à l'abri ici.
Me faites-vous confiance ?
Pas du tout, monsieur.
On ne peut vous faire confiance.
Jane Eyre.
Deux fois, je vous ai fait du tort.
Et j'ai trahi le vœu que j'avais fait à Reed.
N'y pensez pas, je vous prie.
Ouvrez cette boîte.
Prenez la lettre et lisez-la.
"Madame,
"auriez-vous la gentillesse de m'envoyer
l'adresse de ma nièce, Jane Eyre ?
"Je voudrais qu'elle vienne
me voir à Madeira.
"La fortune a béni mes affaires.
Je suis sans enfant, et je veux l'adopter
"et lui léguer à ma mort
tout ce que j'aurai à laisser.
"Bien à vous, John Eyre, Madeira."
Cela date d'il y a trois ans.
Pourquoi ne l'ai-je jamais su ?
Parce que je lui ai écrit
que vous étiez morte du typhus à Lowood.
Vous m'avez condamnée à mort.
Vous m'avez maudite.
Je vous aurais aimée
si vous me l'aviez permis.
Vous êtes née pour me tourmenter.
Alors, aimez-moi
ou détestez-moi à votre guise.
Je vous pardonne complètement.
Soyez en paix.
Cher oncle,
Il y a quelques années, ma tante Reed
vous a faussement informé de ma mort.
Je vous écris
pour vous dire que je suis en vie
et heureuse d'apprendre que j'ai un parent.
J'ai hâte à vos lettres
et espère vous rencontrer un jour.
J'habite en ce moment à Thornfield Hall,
où je suis gouvernante au service
de M. Edward Fairfax Rochester.
Vous voici.
C'est comme un de vos tours,
d'apparaître au crépuscule.
Si j'osais, je vous toucherais
pour savoir si vous êtes réelle.
Venez, Jane.
Reposez vos pieds errants sur un seuil ami.
Merci, M. Rochester, de votre bonté.
Je suis étrangement heureuse de revenir.
Ce n'est pas encore officiel,
mais il a commandé des bijoux à sa banque
et se prépare à partir en Europe.
Mademoiselle.
Il apprend à chanter
les opéras que Mlle Ingram préfère.
Ils feront leur annonce bientôt,
j'en suis certaine.
Vous serez bientôt marié.
Mlle Fairfax vous a donc dit
que je me mettrai la corde sacrée au cou.
Adèle devrait aller à l'école,
et il me faut chercher une autre situation.
Félicitations, monsieur.
Thornfield est un endroit
agréable au printemps, n'est-ce pas ?
Oui, monsieur.
L'endroit vous manquera.
C'est toujours ainsi dans la vie.
Dès qu'on s'installe, une voix crie :
"Lève-toi et remets-toi en route."
Je vous trouverai
une nouvelle situation, Jane,
et j'espère que vous l'accepterez.
Je serai prête
quand vous donnerez vos ordres.
Dois-je vraiment perdre
une loyale subalterne payée comme vous ?
Oui.
Nous avons été bons amis, oui ?
Oui, monsieur.
J'ai un drôle de sentiment à votre sujet,
comme si une corde
quelque part sous mes côtes gauches,
était solidement attachée
à une telle corde en vous.
Si vous partez,
je crains que
cette corde de communion ne casse.
Je crois que je saignerais par en dedans.
Et vous, vous m'oublierez.
Comment cela ?
J'ai vécu une vie enrichissante ici.
On ne m'a pas marché dessus.
Je n'ai pas été pétrifiée.
On ne m'a pas tenue à l'ombre.
Je vous ai connu, M. Rochester,
et cela me tourmente d'être séparée de vous.
Alors, pourquoi devez-vous partir ?
- À cause de votre femme !
- Je n'ai pas de femme.
- Mais vous allez vous marier.
- Jane, il faut que vous restiez.
Pour ne devenir rien pour vous ?
Suis-je une machine sans sentiments ?
Croyez-vous que parce que je suis pauvre,
obscure, simple et petite,
je suis sans âme et sans cœur ?
J'ai autant d'âme et de cœur que vous.
Si Dieu m'avait accordé beauté et richesse,
j'aurais fait qu'il vous soit
aussi pénible de me quitter que l'inverse.
Je ne vous parle pas avec la chair mortelle.
C'est mon âme qui s'adresse à la vôtre,
comme si nous avions trépassé
et nous tenions égaux aux pieds de Dieu,
- tels que nous sommes.
- Oui.
Je suis un être humain libre
et doté d'une volonté
que j'exerce maintenant pour vous quitter.
Laissez votre volonté
décider de votre destin.
Je vous offre ma main, mon cœur.
Jane,
je vous demande de vivre à mon côté.
Vous êtes mon égale et ma semblable.
Voulez-vous m'épouser ?
- Vous moquez-vous de moi ?
- Doutez-vous de moi ?
Tout à fait !
- Votre fiancée est Mlle Ingram.
- Mlle Ingram ?
C'est une machine sans sentiments.
Vous êtes un être rare et surnaturel.
Pauvre et obscure comme vous êtes,
veuillez me prendre pour mari.
J'ai besoin de vous.
- Vous me voulez pour épouse ?
- Je le jure.
- Vous m'aimez ?
- Oui.
Alors, monsieur, je vous épouserai.
- Bonne nuit. Bonne nuit, mon amour.
- Bonne nuit.
Suis-je un monstre ?
Est-ce à ce point impossible
que M. Rochester puisse m'aimer ?
Non.
J'ai depuis longtemps remarqué
que vous étiez comme son chouchou.
Mais vous êtes si jeune,
et connaissez mal les hommes.
Je ne veux pas vous inquiéter, mon enfant,
mais laissez-moi vous mettre sur vos gardes.
Les hommes dans sa position...
Disons
qu'ils n'ont pas l'habitude
d'épouser leur gouvernante.
Méfiez-vous de vous-même et de lui
jusqu'à ce que vous soyez mariée.
Je vous en prie,
tenez-le à distance.
Viens.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Jane Eyre n'a rien à dire ?
Tout semble irréel.
Je suis bien réel.
Vous êtes, monsieur,
ce qu'il y a de plus fantomatique.
Je ne serai plus Jane Eyre.
Edward !
Venez !
Préparez l'attelage d'ici une heure.
- Ayez courage, Jane.
- Oui.
Venez.
Je vous ordonne
et vous demande à tous deux,
comme vous répondrez au jour du jugement,
quand les secrets
de tous les cœurs seront révélés,
que si l'un de vous connaît un empêchement,
alors que vous n'êtes pas liés par la loi,
de le confesser maintenant.
Edward Fairfax Rochester...
Ce mariage ne peut avoir lieu !
- Il y a un empêchement insurmontable.
- Continuez.
- "J'affirme et peux prouver...
- Continuez !
"... qu'Edward Fairfax Rochester était,
il y a quinze ans, marié à ma sœur,
"Bertha Antoinetta Mason,
à l'église Saint-James
"de Spanish Town, en Jamaïque."
J'ai en ma possession une copie du registre.
Signé, Richard Mason.
Elle vit à Thornfield Hall.
La fille n'en savait rien.
Elle croyait que tout était juste et légal.
Elle n'a jamais rêvé qu'elle se faisait piéger
dans une fausse union par un escroc.
Venez, Jane.
Venez tous rencontrer ma femme.
Partez !
Partez, tous ! Partez !
Vous avez 15 ans de retard.
- Mme Poole.
- Il fallait avertir, monsieur.
Voici Bertha Antoinetta Mason.
Ma femme.
Antoinetta. C'est moi, Richard.
Elle a ses moments de calme et ses rages.
Les fenêtres sont munies de volets
pour ne pas qu'elle s'y jette.
Nous n'avons pas de meubles,
car tout peut lui servir d'arme.
Je l'emmène sur le toit
chaque jour en la tenant bien,
car elle croit pouvoir voler.
Mon démon.
Jane.
Pardonnez-moi. Je ne vaux rien.
Comment le pourrais-je ?
Jane.
Aucune larme.
Pourquoi ne pleurez-vous pas ?
Pourquoi ne me vous criez rien ?
Je mérite vos foudres.
- J'ai besoin d'eau.
- Bien sûr.
Jane.
Comment allez-vous maintenant ?
J'irai bientôt mieux.
Je vous connais. Vous réfléchissez.
Rien ne sert de parler,
vous réfléchissez à quoi faire.
Tout est différent, monsieur.
Je dois vous quitter.
Non. Non !
Jane, ne m'aimez-vous pas ?
Alors, l'essentiel demeure.
Soyez ma femme.
Vous avez une femme.
Je vous donne mon honneur, ma fidélité...
Vous ne pouvez pas.
... mon amour,
jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Et la vérité ?
Je vous aurais dit la vérité.
Vous êtes malhonnête, monsieur !
J'ai eu tort de vous mentir.
Je m'en rends compte. C'était lâche.
J'aurais dû en appeler
à votre âme comme en ce moment.
Bertha Antoinetta Mason.
Mon père la voulait pour sa fortune.
Je lui avais à peine parlé avant le mariage.
J'ai vécu avec elle quatre ans.
Son caractère a mûri, ses vices ont surgi,
elle était violente et impure.
Seule la cruauté aurait pu la retenir,
et je n'en ai pas.
J'étais enchaîné à elle pour la vie, Jane.
Même la loi ne pouvait point me libérer.
- Avez-vous déjà visité un asile, Jane ?
- Non, monsieur.
Les patients sont encagés,
appâtés comme des bêtes.
Je lui ai évité cela, au moins.
- Jane.
- J'ai sincèrement pitié de vous, monsieur.
Non.
Qui offenseriez-vous en vivant avec moi ?
- Qui s'en soucierait ?
- Moi.
Vous préféreriez me rendre fou
que de violer une loi humaine ?
Je dois me respecter.
Écoutez-moi.
Écoutez.
Je pourrais vous briser
entre mon doigt et mon pouce,
comme un simple roseau dans mes mains.
Quoi que je fasse dans cette cage,
je ne peux vous atteindre.
C'est votre âme que je veux.
Pourquoi ne venez-vous pas
de votre propre gré ?
Aidez-moi, mon Dieu !
Jane !
Jane !
Jane !
Je vous ai demandé comment vous alliez.
Très bien.
Trouvez-vous le travail trop dur ?
Pas du tout.
La solitude vous pèse-t-elle ?
J'ai à peine le temps de la remarquer.
- Merci, les filles.
- Oui, madame.
Alors, peut-être vivez-vous dans le passé.
Quand je suis venue à votre porte,
je n'avais rien.
Maintenant, j'ai un toit et un travail,
libre et honnête.
Je remercie Dieu
de la générosité de mes amis.
Ce que vous avez quitté
avant que je vous rencontre, je l'ignore.
Mais je vous conseille de résister
à la tentation de regarder en arrière.
C'est mon intention.
Il y a un an,
j'étais moi-même des plus misérables.
Je méprisais cette faiblesse,
je l'ai durement combattue et j'ai gagné.
Je me demande
si nous sommes faits du même alliage.
Vous êtes ambitieuse, je crois.
Cette petite école ne vous retiendra pas
bien longtemps.
- Est-ce de vous ?
- Oui.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Rien.
Bonne nuit.
Jane.
Mlle Eyre.
Qu'est-ce qui vous a tiré
de votre foyer par une telle nuit ?
Pas de triste nouvelle, j'espère.
Comme vous vous alarmez facilement,
Mlle Eyre.
- Assoyez-vous, je vous prie.
- Merci, Mlle Eyre.
J'ai vu une annonce
dans le Times d'un notaire du nom de Briggs
qui cherche une Jane Eyre.
J'ai connu une Jane Elliott.
Ce papier a prouvé mes doutes.
Alors, je lui ai écrit.
Il a fait le récit d'une gouvernante.
- Et de son employeur, M. Rochester...
- M. Rivers.
Je devine vos sentiments, mais écoutez-moi.
Vu que vous en savez tant,
pouvez-vous me dire comment il va ?
- Qui ?
- M. Rochester.
Je ne sais rien de lui.
Mais il me cherche ?
Non.
M. Briggs vous cherche.
Que veut-il de moi ?
Il veut vous dire que votre oncle,
M. John Eyre de Madeira, est mort,
et qu'il vous a laissé toute sa propriété,
et que vous voilà riche.
Quoi ?
Vous êtes riche,
toute une héritière.
Demanderez-vous combien vous valez ?
Combien ?
Vingt mille livres.
Si vous aviez commis un meurtre
que j'aurais découvert,
vous ne sembleriez pas plus effarée.
- Il doit y avoir une erreur.
- Pas du tout.
Cela semble vous rendre terriblement triste,
dois-je dire.
Je vous en prie,
assoyez-vous. Je vous ai causé un choc.
M. St-John.
- La dette que j'ai envers vous et vos sœurs...
- Ce n'est rien.
Vous m'avez sauvé la vie.
Je vous prie de leur écrire.
Cet argent nous a libérés.
Elles auront 5 000 chacune,
et vous aussi, si vous acceptez.
Pas question.
Acceptez-moi comme sœur,
et nous pourrions vivre ensemble,
- à la maison Moor.
- Je vous ai annoncé la nouvelle trop vite.
Vous êtes confuse.
Mon seul parent est mort.
Vous avez une famille.
Vous ignorez ce que l'isolation signifie.
Vous ignorez ce que signifie être riche.
J'ai toujours été seule.
Je n'ai jamais eu de frères ou sœurs.
Acceptez-moi parmi vous.
Hésitez-vous à me prendre ?
Non, Mlle Eyre.
Bien le contraire.
J'écrirai à mes sœurs, suivant votre désir.
Mon frère.
On nous force à travailler tant qu'il fait jour.
Jusqu'à la nuit tombée,
quand nul ne devrait travailler.
Aidez-nous à choisir
le chemin le plus difficile,
car si notre maître souffre éternellement,
nous le devons aussi.
Amen.
- Amen.
- Amen.
- Bonne nuit.
- Bonne nuit.
- Bonne nuit.
- Bonne nuit.
Bonne nuit.
Jane n'est-elle pas notre sœur, aussi ?
Bonne nuit.
Jane.
Je pars en Inde dans six semaines.
Je vois vos talents
et pourquoi vous les avez.
Dieu voulait que vous soyez
la femme d'un missionnaire.
Je veux demander votre main.
Ce n'est pas pour moi.
Vous avez toute ma confiance.
Et sachez ceci :
en vous,
je reconnais une âme sœur.
Je vous accompagnerai en Inde.
- Jane.
- J'irai si je peux y aller libre.
Libre ?
Comment emmener une fille
de 19 ans si elle n'est pas ma femme ?
Je vous aime comme un frère.
Pas comme un mari.
Mon cœur est muet.
Alors, je dois parler à sa place.
Vous avez dit que vous viendriez.
Nous devrions nous marier.
Il ne fait aucun doute
qu'assez d'amour suivrait.
Assez d'amour ?
Oui, bien assez.
D'amour ?
Oui. Sous toutes ses formes.
Pardonnez-moi, mais le mot même d'amour
est une pomme de discorde entre nous.
Mon cher frère,
abandonnez vos projets de mariage.
Pourquoi ce refus ?
Cela n'a aucun sens.
- Je veux sincèrement être votre amie.
- On ne peut se sacrifier à moitié.
- Il faut tout donner.
- De vous marier me tuerait !
Cela vous tuerait ?
Cela vous tuerait ?
Ces mots sont faux,
ce n'est pas ceux d'une femme.
Je sais vers où se tourne votre cœur.
Dites son nom.
Dites-le. Dites-le !
Jane.
Pourquoi ne pas vous être défaite
de cette passion sans loi ?
Jane !
C'est une offense à moi et à Dieu !
Qu'est-ce qu'il y a ?
Où êtes-vous ?
Attendez-moi.
Pourquoi parlez-vous dans le vide ?
Jane.
Jane.
- J'arrive !
- Jane !
Attendez je vous prie, mademoiselle.
Jane Eyre.
Je croyais
que c'était des gitans qui venaient.
Puis je vous ai vue et je me suis dit
que c'était impossible,
que vous étiez un fantôme.
Personne ne sait comment cela a commencé.
Je crois
que Mme Poole avait trop bu de gin et d'eau,
et pendant qu'elle dormait,
Mlle Rochester a décroché les clés.
Elle a fait ce qu'elle a raté il y a un an,
et mis le feu à l'endroit.
Nous aurions tous dû périr dans la fumée,
mais M. Rochester s'est démené
jusqu'à ce que nous soyons tous en sûreté.
Puis il est entré la chercher.
Les flammes montaient si haut
que les hommes ont accouru du village.
Je l'ai vue debout sur le toit.
Tout au bord.
J'ai entendu M. Rochester
la supplier de descendre.
Mais elle a sauté.
M. Rochester est resté là,
il n'a pas bougé
jusqu'à ce que les flammes le dévorent.
Je ne savais pas.
Je ne savais pas que c'était sa femme,
je vous le promets.
Pourquoi vous êtes-vous enfuie,
mon enfant ?
Je vous aurais aidée.
J'avais des économies.
Vous auriez pu m'en parler.
Où est-t-il ?
Pilot.
Qui est là ?
Cette main...
Jane Eyre.
Jane Eyre.
Edward, je suis revenue à vous.
Fairfax Rochester qui n'a rien à dire ?
Vous êtes vraiment un être humain, Jane.
Je le crois sincèrement.
Un rêve.
Réveillez-vous, alors.