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JUSQU'AU BOUT DU MONDE
PREMIÈRE PARTIE
C'est en 1999 que le satellite
nucléaire indien devint fou.
Nul ne savait
où il allait tomber.
Il survolait la couche d'ozone
comme un oiseau de proie.
Le monde entier était en alerte.
Claire s'en moquait bien.
Elle vivait son propre cauchemar privé.
Le même rêve revenait chaque nuit:
elle planait au-dessus d'un pays inconnu,
agréablement d'abord,
mais le vol devenait chute...
la chute devenait panique,
et elle se réveillait.
- Pietro !
- Tu es encore là ?
Tu as vu le type
dans la chambre verte ?
- Quel type horrible !
- Il ne se réveille pas.
Drogues à effet prolongé.
Vachement dangereux.
- Tu voudrais bien...
- Rappeler le Dr Fabrini ? Bien sûr.
Pietro, encore.
Tu devrais être couché.
Je ne dors plus, docteur.
Dormir est "out".
Nous qui connaissions bien Claire
l'adorions pour son optimisme,
son énergie et son courage.
On préférait se rappeler ça,
et oublier
sa tendance à l'autodestruction.
Ça faisait partie d'elle, on l'acceptait.
Quand Claire m'a quitté,
je me suis replié complètement.
Je ne voyais plus personne,
j'évitais de sortir de l'appartement.
Dans ma solitude,
des choses me sont arrivées.
J'ai recommencé à prier,
comme je le faisais autrefois.
Avec hésitation au début,
puis j'ai senti que ça me faisait du bien.
De cette paix, me vint
le début de mon premier roman.
Claire était le personnage principal.
Le début: "Depuis deux mois, Claire...
errait de fête en fête, de drogues
en rencontres d'un soir,
excuses pour s'oublier elle-même,
jusqu'à ce qu'elle réalise
que si elle voulait continuer à vivre,
elle ne pouvait continuer ainsi.
Bonjour, Claire. Votre ordinateur de bord
est connecté. Initialisation en cours.
Appuyez sur 1
pour activer la carte infographique.
Rappel amical :
vous dépassez la vitesse autorisée, Claire.
Bouchon sur les prochains 30 km.
Autre itinéraire non disponible.
Je suis désolée, Claire.
Le satellite provoquait des encombrements.
Les gens évacuaient
toutes les zones possibles de retombée,
comme le sud de la France.
Seule Claire, toujours impatiente,
fuyait les encombrements,
préférant se fier à elle-même,
et à l'inconnu.
Ce qui changea le cours de sa vie,
et de toutes nos vies.
Vous quittez la zone cartographiée.
Vous êtes aux commandes, Claire.
Claire se sentait étrangement légère.
Elle savait qu'elle aurait dû mourir ici,
sur ce haut plateau de Lozère.
C'était un miracle qu'elle soit en vie.
Les anges avaient dû faire
une erreur, lui laissant....
un cadeau précieux:
une nouvelle vie, qui lui servirait,
cette fois, à être une meilleure personne.
Elle pourrait se rendre utile.
Tout ce qu'il lui fallait,
c'était une opportunité, une mission.
La tête de Claire tournait.
Était-ce un piège ?
Ou l'opportunité qu'elle cherchait ?
Elle passa une nouvelle nuit sans
sommeil, tenant les cauchemars éloignés.
Claire pensait à son avenir,
tandis qu'elle roulait vers St.Étienne.
Avec sa part, elle pourrait s'offrir
un appartement sur la Seine.
Une vie tranquille,
avec vue sur la Tour Eiffel.
Mais voulait-elle vraiment cela ?
Faites une pause, Claire.
Tu sais à quelle heure
tu vas y aller, Günther ?
- Non.
- Attends la nuit, ok ?
- Ok, j'attendrai.
- Ok.
- Comment va Anton ?
- Anton va bien.
Il va bien ? Mes yeux !
Ne quitte pas un instant.
Sam ?
- Je peux vous aider ?
- Tu es toujours là ?
Ne quitte pas, Günther.
Ce sont mes yeux.
- Je ne vois rien.
- Ça va déjà mieux.
- Vous avez des yeux tristes.
- Je ne suis pas quelqu'un de triste.
Günther...
je dois y aller, ok ?
À demain. Embrasse Anton et Irina
pour moi. Au revoir.
Si vous voulez laisser un message
sur notre répondeur,
n'hésitez pas...
Idiot !
Laissez-le
en conversation avec lui-même !
Merci pour l'aide.
Bonjour, Makiko. Ça va ?
Gene est avec toi ?
Non, je ne l'ai pas vu
depuis ton départ.
L'appartement en face de chez toi,
il est vendu ?
Il est toujours libre.
Claire, tu vas bien ?
Je t'en prie, reviens.
Je suis tellement désolée.
- Excusez-moi, où est-il ?
- Qui ?
- Le mec, au téléphone.
- Le quoi ?
Le type qui était là, à l'instant.
Vous ne l'avez pas vu ?
Non, j'étais au téléphone, moi aussi.
Ça fait rien.
Makiko, je dois y aller.
Je t'appelle demain.
C'est encore moi.
Vous pourriez m'emmener ?
Je ne crois pas que ce soit
une bonne idée.
Un type vous cherche.
- Je sais.
- Il est armé.
Vous pouvez démarrer ? Il arrive.
Qu'est-ce qu'il veut ?
- Il veut me tuer.
- Pourquoi ?
Je dois de l'argent,
je ne peux pas payer.
- À lui ?
- Non, pas à lui... à des truands.
C'est incroyable. On dirait
que j'attire les criminels.
Je ne suis pas un criminel,
et je suis aussi attiré par vous.
C'est ça. Vous êtes un type
normal, avec une femme et un gosse.
C'est vrai.
C'est peut-être le début
d'une nouvelle mode.
Je n'ai pas rencontré
de gens normaux depuis des semaines.
- Vous étiez où ?
- Partout... et je rentre.
- Fatiguée ?
- Moi ? Jamais !
Je pourrais conduire.
Vraiment, ce serait un plaisir.
Montrez-moi votre femme
et votre gosse.
Allez, vous avez bien une photo.
D'accord, vous pouvez conduire.
Il a vos yeux.
Pardon. Ça va ?
- Parti avec le pare-brise.
- Un sacré accident.
Quoi encore ?
- Il faut m'aider !
- J'aimerais, mais comment j'explique ça ?
- Quoi ?
- La voiture, les dégâts !
- Je ne parle pas de ça !
- Quoi alors ? La sacoche ?
- Que dois-je faire ?
- Parlez-leur, empêchez-les d'approcher !
Je vais essayer.
Comment ça va, les gars ?
Vous parlez anglais ?
Un peu...
Vous avez eu un accident ?
- J'ai dit qu'on était en lune de miel.
- Ils ont cru ça ?
Alors, qui j'ai épousé ?
- Trafiquante ou braqueuse ?
- Faites votre choix.
- La musique vous dérange ?
- Non, allez-y.
C'est beau.
Qui est-ce ?
- Des enfants pygmées.
- Pygmées ?
Vraiment, oui :
de jeunes Pygmées du Cameroun.
J'écoute ça depuis des semaines.
Je n'ai jamais rien entendu de pareil.
- Ma mère a enregistré ça.
- Au Cameroun ?
- Qu'est-ce que vous faites ?
- Tout, rien.
Si je dis "chanteuse", vous me demandez
ce que j'ai fait : rien.
J'ai détruit tous mes enregistrements.
J'ai rompu avec mon ami.
Il a baisé avec ma meilleure amie.
J'ai été en Italie.
Maintenant je rentre à Paris.
Retour aux sources ?
- En quelque sorte.
- C'est bien.
J'en ai besoin.
Et vous ? Que faites-vous ?
Je voyage...
et je vois.
Les accès de surface à Paris
sont réservés aux véhicules commerciaux.
Particuliers, empruntez les souterrains.
Frais débités sur votre carte de crédit.
Bonsoir.
- J'ai dormi longtemps ?
- 500 kilomètres.
Je n'ai pas dormi autant
depuis des semaines.
J'ai rêvé que j'étais enceinte,
je me balladais avec...
Je me sentais très légère.
Qu'est-ce que ça signifie ?
Je ne sais pas,
que vous voulez être enceinte.
Je ne vais pas plus loin.
- Si vous restez à Paris...
- Non, non.
Je suis Claire.
Je suis Trevor McPhee.
Bonne chance pour votre vie,
Trevor.
- J'espère que vous apprendrez à dormir.
- On verra.
Chez vous. C'est où vous allez
quand vous n'avez plus d'autres endroits.
Donc Claire revint à l'appartement
qu'elle partageait avec moi.
Qu'elle revienne pour une heure,
ou un jour, peu m'importait.
Je remerciais Dieu qu'elle soit revenue,
saine et sauve.
- C'est toi.
- J'ai bousillé la Rover.
Ça va ? Tu n'es pas blessée ?
Non, je vais bien.
- Pardon.
- Non. Toi, pardonne-moi.
- Je ne l'ai pas revue depuis.
- Je sais, Gene.
D'ailleurs, je n'ai vu personne
depuis que tu es partie.
Je m'inquiétais tellement pour toi.
Ça semble... différent.
J'ai essayé de repeindre pour oublier.
Ça n'a pas marché.
Je n'ai pas arrêté de penser à toi.
Je n'ai aimé personne comme je t'aime.
- Tu me crois ?
- Oui, je te crois.
Où étais-tu ?
À Venise.
J'ai habité chez Luca.
Je suis beaucoup sortie.
J'ai beaucoup pleuré.
J'avais oublié comme tu sens bon.
Tu as l'air changé.
Je suis riche, maintenant.
Tu as entendu parler
du hold-up de Nice ?
Ceux qui ont fait le coup
sont rentrés dans ta voiture.
J'ai dû les emmener.
Ils m'ont dit
qu'ils avaient braqué une banque
et m'ont demandé de monter
l'argent à Paris.
On appelle la police.
Non, je ne veux pas.
30% de tout ça m'appartient.
Voyons, Claire.
Ils ont pillé une banque,
tu crois qu'ils vont
hésiter à nous le reprendre ?
Ils ne sont pas comme tu crois.
Ce sont des types bien.
Vraiment, l'un d'eux
est un très bon batteur.
Ils étaient désespérés.
Alors je me suis dit : pourquoi pas ?
Je pourrais acheter cet appartement
en face de chez Makiko.
Pourquoi veux-tu acheter
un appartement ?
Je veux un endroit à moi, c'est tout.
Il y a différentes devises.
Je me suis dit que tu m'aiderait
à calculer combien me revient.
Et je pourrais t'en donner une part.
Qu'est-ce qui se passe ?
Mon auto-stoppeur m'a volée.
Ton auto-stoppeur !
Il a laissé un reçu.
C'était vraiment un type bien...
Tu as l'air de connaître
beaucoup de types bien.
- J'avais confiance en lui.
- Bien sûr, et il t'a volée !
On ne peut pas être fâché
de se faire voler de l'argent volé.
Salut Claire, salut Gene.
Claire, j'ai demandé à l'agent immobilier
de te faire visiter l'appartement
demain après-midi.
Retrouve-moi là-bas à 14h.
Il pleut beaucoup,
j'espère que tu n'es pas dehors.
...7 à 0.552... ça fait...
attends...
j'ajoute au sous-total...
J'aime t'aimer.
- Bon titre de chanson.
- Trop mièvre.
Ça dépend.
C'est quoi ?
Des Pygmées.
Des Pygmées.
C'est très stupide.
Vous ne pouvez vendre
avec un prix si élevé.
Il est raisonnable pour l'époque où nous vivons,
mais je peux vous montrer d'autres appartements.
C'est le seul que je veux.
- J'aime la vue.
- Moi aussi.
Ce n'était qu'une passade. Tu chantais,
alors on a été au cinéma.
Je ne t'en veux pas, Makiko.
Allons, tu es mon amie.
J'ai fait quelque chose de mal.
Je dois réparer.
Ne sois pas stupide.
On est en 1999.
Je pourrais t'aider pour l'appartement.
Elle ne trouvera jamais personne à ce prix.
Je la ferai baisser.
"On ne peut être fâché
de se faire voler de l'argent volé".
- Quoi ?
- Rien.
Je pourrais convaincre le peintre
de faire pression sur elle aussi.
Je pourrais aller voir le directeur
de ma banque, on est bons amis.
Il devient fou parce que
plus personne n'emprunte d'argent.
Les intérêts sont trop élevés.
Il te ferait un bon pourcentage, 19%.
Claire, où tu vas ?
Qu'est-ce que j'ai dit ?
Surveillez la maison
jusqu'à ce que je sois à Berlin.
M-A-N-G-E-R strasse 26.
Mangerstrasse, ok ?
Suivez-le.
Non, ça ne vous regarde pas.
Rappel.
Ne quittez pas.
Bonjour ! Winter, c'est le nom,
recherches, la profession.
- Je peux vous aider ?
- Non... peut-être... je ne sais pas.
- C'est moins cher qu'on ne croit.
- J'y penserai.
Je vais à Berlin.
- Ce soir ?
- Un ami a des ennuis.
Tu n'as pas d'amis à Berlin !
Les amis voyagent.
- Je viens avec toi.
- Non, Gene, tu ne peux pas.
Je me faisais du souci.
Je savais Claire autodestructive.
S'il y avait du danger,
elle l'attirerait.
S'il y avait un risque
d'être blessé, elle le serait.
Que cherchait-elle ?
Claire était sûre
de retrouver Trevor à Berlin.
Une personne sensée comme moi
aurait cherché à se protéger
de son imagination, mais Claire
n'écoutait pas ce genre de pensées raisonnables.
Elle était impulsive, têtue,
et amoureuse de l'idée d'être amoureuse.
La seule chose qui la préoccupait,
ce n'était pas de retrouver Trevor McPhee,
mais ce qu'elle ferait
après l'avoir retrouvé.
Berlin était une grande ville.
10 millions de gens y vivaient.
Il n'y avait plus de taxis,
alors Claire pédala.
Tous les grands penseurs
étaient persuadés...
que ce serait possible dans 100 ans.
Donc ce jour est un grand jour
dans l'histoire,
et ta famille est très fière
d'être avec toi en ce jour
où tu vois nos visages.
Je sais, je parle trop.
- Anton, c'est pour Edith, pas pour Henry.
- J'en arrive à elle.
Bonjour, Edith chérie.
Merci pour la musique,
mais vous devez de l'argent à la banque.
Je pensais avoir mérité ma part.
On verra ça plus ***.
Vous êtes suivi.
- Vraiment ?
- Pas moi, le Noir... dans la rue.
Montrez-moi.
Qui est-ce ? Tu le sais ?
- Vous êtes à quel hôtel ?
- L'Adlon.
Attendez-moi là-bas. On ira dîner.
C'est promis.
Oncle Anton, je vais devoir...
- Alors, vous êtes une amie de Sam ?
- Non, de Trevor.
Regardez-les ! On est au bord de la
destruction et tout ce qui les intéresse
c'est rire et boire.
Ils ne ce rendent pas compte que ce
satellite peut causer la fin du monde ?
Si c'est la fin du monde,
pourquoi ne pas sortir et s'amuser ?
- Je pourrais tomber amoureux de vous.
- Non !
- Je vous aimerai dans mes rêves.
- Je me souviendrai de vous aussi.
Un jour, je ne serai plus en vie.
Quand ce jour viendra, souvenez-vous
de moi comme je suis maintenant.
Bien sûr, Trevor McPhee
n'était pas venu.
Claire aurait pu rentrer à Paris,
mais elle avait une mission :
retrouver et protéger Trevor.
Elle avait une piste.
Je l'ai.
- Gros gibier: 85.000 dollars.
- Il est recherché ?
Un consortium de mines d'opale
en Australie
offre une prime juteuse
pour sa capture.
- Qu'a-t-il fait ?
- Sans doute volé des opales.
- Moi aussi, il m'a volée.
- Combien ?
Je préfère ne pas le dire.
Je veux simplement le trouver.
Normalement, je vous prendrais 4.500,
mais comme je vais toucher
une grosse prime de ces gens,
et... si vous êtes libre
pour m'assister,
je récupèrerai votre argent
pour 3.000.
Vous voulez l'homme ou l'argent ?
Pas d'importance, vous verrez bien.
Ce qui me préoccupe
c'est le tueur qui le cherche.
Alors il vaudrait mieux
être rapides et les premiers.
Rapides et les premiers,
quel programme !
Trevor le retors s'envole pour Lisbonne.
Vous voulez votre argent ?
Allons, ma jolie, votre chapeau.
On prend le vol suivant.
Vous suivez ou vous restez ?
L'amour ou l'argent ?
À tous les coups l'on gagne.
Vous êtes un poète, M. Winter,
et vous le savez.
Vous auriez une aspirine ?
J'ai un mal de tête terrible.
Elle avait toujours imaginé
un détective comme un dur,
un Sam Spade ou un Philip Marlowe.
Mais Philip Winter
était un coeur tendre,
dont la spécialité était
de retrouver les enfants disparus.
Quelle sont exactement vos relations ?
Amants ?
Désolée de vous décevoir.
Je le connais très peu, en fait.
Je ne suis pas déçu.
Et maintenant ?
J'ai dit non. Non, c'est non.
Regardez :
je le tiens !
La compagnie de sa carte de crédit
a été offline pendant 8 heures,
mais j'ai fini par avoir accès :
il est à l'hôtel Alhambra.
Alors, on fait quoi ?
Avec la douceur on obtient tout.
Winter était un naïf.
Pour lui l'affaire était dans le sac,
la traque était terminée.
Il était content de lui.
Il fut heureux d'accorder à sa cliente
une rencontre avec son gibier.
Je ne braque pas les banques, moi.
D'abord vous me volez,
puis vous me posez un lapin.
Vous êtes entrée ici par hasard
et vous m'avez trouvé ?
- Trois pays en trois jours, bébé !
- Ne m'appelez pas "bébé" !
Vous étiez par hasard dans le midi,
puis chez mon oncle à Berlin ?
Pour vous sauver la vie.
Par hasard, vous prenez
le petit déjeuner à Lisbonne ?
Une sacrée coïncidence !
Quelle agence ?
Je n'ai pas besoin de vous poursuivre.
Un détective s'en charge, dehors.
Et ce n'est pas sorcier de vous trouver.
Dès que vous utilisez votre carte
de crédit, ça se met à sonner.
C'est drôle ?
Vous me plaisez bien.
J'ai du mal à me persuader
que vous êtes un agent.
Si j'étais un agent, je n'aurais pas
besoin d'un chasseur de primes.
- Un chasseur de primes ?
- Oui,
ceux à qui vous avez volé les opales
offrent une prime pour vous.
Votre chasseur de primes
nous laisserait faire une promenade ?
Avec de l'argent, M. McPhee,
tout est possible.
Et ça ?
Ça ferait l'affaire ?
Hé, une minute !
- Pourquoi ils vous poursuivent ?
- Pour savoir où je vais.
Vous fuyez la police ?
- Qu'avez-vous dit ?
- Qu'on se mariait comme ça dans notre pays.
Dans quel pays ?
Vous êtes... en lune de miel ?
- Quand je dis non, c'est non.
- Sortez. Vous travaillez pour moi !
Vous ne faites pas le poids.
Les Australiens me donneront 85.000.
- Et vous me devez 3.000.
- Va te faire foutre !
- Je savais que ça me vaudrait des ennuis.
- Pose-le sur le fauteuil !
- Je dé*** les armes.
- Pose-le.
Par ici.
Lentement. Au pied du lit.
Détache-moi.
Ta main. Comme ça.
Claire, aide-moi.
La clé.
Un instant.
Où est mon opale ?
Non, Claire, non.
Je regrette.
Tu me fais courir trop de danger.
Trevor, attends !
On n'a qu'à le payer,
j'ai de l'argent.
Rends-le moi.
Vous le trouverez en bas
dans la poubelle, c'est sa place.
Salaud !
Vous venez de me faire perdre
85.000 dollars.
Pour couvrir mes frais.
Tournez-vous.
Ce que Claire ressentait,
elle ne pouvait le justifier
ni l'expliquer à personne.
C'était comme une toquade, une douleur
qu'elle n'avait plus éprouvée depuis ses 16 ans.
Elle était déterminée
à accomplir sa mission
quoi qu'il en coûte.
Que faire d'autre ?
Retourner à son ancienne vie ?
Elle haïssait cette idée.
Non, je la monterai moi-même.
Quel étage ?
Sixième, monsieur.
Vous pouvez prendre l'ascenseur.
- Toujours là ?
- Vous ne pouvez pas me laisser.
"Vous ne pouvez pas me laisser" !
Vous m'avez engagé, puis viré.
Vous m'avez menti et abusé.
Vous m'avez coûté une année de revenus !
Comment pourrais-je
vous emmener avec moi ?
Je suis fauchée...
Il a cru qu'on était associés.
Il a pris mon argent !
Tout est de votre faute !
Je ne peux pas vous avancer Paris,
mais je peux vous offrir Moscou.
Attendez au bar de l'Ukraina. Je
l'attraperai, et puis je vous emmènerai dîner.
- D'accord ?
- D'accord.
- Salut, Gene.
- Salut, Claire.
Devine : j'ai besoin d'argent.
5.000 dollars.
- Tu les envoies à l'hôtel Ukraina, à Moscou ?
- Doucement, Claire.
J'ai peu de temps.
Ma carte se termine.
Devine qui est là.
- Claire, où est-tu ?
- Dans l'avion de Moscou.
O-L-I-V-E...
J'ai oublié. R...
Elle s'appelle Dr Nora Oliveira.
- Je ne partage pas votre chambre !
- Vous voulez que je paie deux chambres ?
- Payez la mienne.
- Vous réalisez...
Inutile de discuter avec des inconnus.
Il n'y a pas une chambre libre.
Regarde. Il ne reste rien.
La conférence a tout pris.
- Gene, c'est...
- Winter.
Pas une chambre dans tout Moscou.
Je m'appelle Winter.
Et vous ?
Quoi ?
C'est un détective.
Un divan, c'est tout ce qu'on a.
Là-bas. 1.500 roubles la nuit.
1.500 roubles la nuit ?
- À prendre ou à laisser.
- On le prend.
Mon programme "Pêche".
Connecté à son passeport
et à sa carte de crédit.
- Il loue une voiture, passe une frontière...
- Très impressionnant, M. Winter.
Mais il passe
beaucoup de frontières ce soir.
Le bloc de l'Est !
Rien que des pépins.
C'est une panne,
ils ont des super-puces vietnamiennes...
Qu'allez-vous faire ?
Demain je dois trouver un agent local.
À quoi ressemble ce Trevor McPhee ?
Grand, bel australien
avec un accent américain.
Qu'a-t-il fait ?
Demandez à ma cliente.
C'est exactement ce que je vais faire.
- Merci de votre coopération.
- De rien.
Je sais que tu ne dors pas.
Je t'aime toujours, mais c'est un autre
genre d'amour, c'est comme une échelle...
- Je suis une échelle ?
- Une échelle avec un barreau cassé.
Et quand je te vois...
je sais que j'ai perdu la vie
quand le barreau s'est cassé.
Pardonne-moi.
Je te pardonne, mais
je ne te fais plus confiance.
Je peux te comprendre, avoir
de l'affection pour toi, mais...
En ce qui te concerne, c'est fini.
Ton auto-stoppeur...
le type qui t'a volé ton argent...
Tu couches avec lui ?
Tu l'aimes ?
Je m'en remettrai.
- Alors c'est là.
- Exact.
Votre programme bloc de l'Est est périmé.
Vous voulez économiser de l'argent,
mais ça vous coûte de l'argent.
Je vous ferai un bon prix
sur la mise à jour.
Trevor McPhee,
c'est son nom ?
C'est lui, Trevor McPhee.
Chassez votre homme, et pas de prime.
Ce type a les papiers de Trevor McPhee.
- Qui est-ce ?
- Vous permettez ?
Je suis l'Ours chasseur de primes,
je les trouve ici, je les trouve là,
je les trouve où qu'ils soient.
L'Ours, serveur du fichier Primes.
Je cherche.
Une minute.
J'identifie.
Je le tiens !
C'est votre homme.
- Récompense :500.000 dollars.
- Les puces vietnamiennes !
Trop chères pour vous, dommage !
Qui nous dit que la prime
va avec la tête ?
Il faut me faire confiance.
C'est si difficile ?
Que veux-tu faire ?
Je veux seulement mon argent.
Combien faudrait-il pour m'équiper,
matériel et logiciels ?
Épousez-la ! battez-la,
mais ne courez pas après ce type.
Elle ne veut pas baiser
avec vous, mais avec lui.
Vous ne comprenez pas
la nature de notre relation.
Et puis, tout ça vous dépasse.
Ce glaçon vous vend un ordinateur,
et vous voilà détective ?
Vous rentrerez de Moscou fauché.
Voiture saisie, électricité coupée.
Ordinateurs HS, poubelles pas vidées...
Avouez que vous en rêvez,
mais ce n'est pas dans vos prix.
Pour que la technique suive,
il vous faut un détective.
Je rentre à Berlin.
Mais demandez-vous ce que vous ferez du
tigre, quand vous l'aurez attrapé.
Un moment, M. Winter.
Rendez-moi mon opale, s'il vous plait.
Pour mes frais.
Cinq mille.
Parfois Claire devait admettre
qu'elle avait inventé une part de Trevor,
projetant sur lui la personne
qu'elle avait envie de rencontrer.
Quand elle pensait cela elle
paniquait, retardant l'échéance,
prolongeant son séjour à Moscou
d'un jour, puis deux, puis trois...
trouvant un hôtel de plus,
un concierge de plus.
- Vous gagnez.
- Pas trop tôt.
Ça m'a coûté la peau des fesses.
On ne s'est pas déjà rencontrés ?
Ça se peut.
- Qu'allez-vous faire de tout cet argent ?
- Commençons par un verre.
Winter parti, c'était moi
l'ange gardien de Claire.
Non, ce n'est pas vrai,
je voulais juste la récupérer.
Alors je me montrais aimable,
attendant que sa passion retombe,
faisant semblant de chercher le seul homme
au monde que je ne voulais pas trouver.
Malheureusement, mon ours savant
le retrouva rapidement...
Je pus au moins démontrer
que c'était un individu louche.
Il s'appelait Sam Farber,
pas Trevor McPhee.
Il était recherché par les États-Unis
pour espionnage industriel.
On s'est déjà rencontrés.
Dans le midi de la France.
Vous êtes l'amie de Sam Farber.
Vous voulez dire Trevor ?
McPhee ! C'est lui aussi.
Dites-lui qu'il est
en rupture de contrat
avec le Sunset Lab, à Palo Alto.
La caméra a été mise au point chez eux,
- avec des fonds gouvernementaux.
- C'est un scientifique ?
Il m'a volée, trahie, il a pris mon
argent, et je ne suis pas son amie.
Mais vous allez me dire
où il est, d'accord ?
Si je le savais, je ne serais pas
ici avec vous. Je serais avec lui.
Je ferais l'amour avec lui.
Pourquoi j'ai dit ça ?
Je vous ai donné du Pentotal,
c'est un sérum de vérité.
Ça ne fait rien.
Moi, je vous ai donné cinq somnifères.
Garce !
- C'est vraiment un criminel ?
- Garçon...
- Café...
- Et après ? Moi aussi.
Je suis impliquée
dans le braquage de la banque à Nice.
Ils ont eu Raymond, mais Chico, ça va.
Ce qui m'inquiète, c'est que
les flics remontent à Gene.
Il est innocent,
et moi, je suis blonde.
Arrêtez vos conneries !
Ne vous endormez pas.
Je veux savoir ce que Trevor a fait.
Je vous ai déjà dit...
Ça ne me fait jamais autant d'effet...
Je crois que c'est un espion.
Je croyais qu'il n'y avait plus d'espions.
Ici, à Moscou, en 1999.
Je ne suis pas une touriste,
je suis une voleuse.
J'ai volé ceci pour protéger
l'homme qui a volé mon argent.
Je l'avais obtenu des gens
qui ont l'ont volé à ceux
qui l'avaient volé dans une banque.
Vous me suivez ?
On sait qu'on ne peut pas recommencer.
Notre bébé ne peut plus naître.
C'est ça le plus triste.
Comme une rivière qui ne coulera plus,
un jour qui n'arrivera jamais...
Pourquoi continues-tu
à être si bon, pourquoi...
es-tu si doux et gentil,
c'est ta punition ?
Je cherche...
Je cherche...
Une minute...
Je le tiens !
Il prend le transsibérien !
Farber a réservé sur le train de Pékin,
départ de Moscou à 23h10.
La comptabilité devient très compliquée.
Je te dis au revoir.
Ce serait trop pénible, face à face.
Pour moi aussi.
Je t'aime toujours, échelle brisée.
Je t'aime toujours, échelle brisée.
Excusez-moi.
Excusez-moi.
Il n'y avait pas d'autre train
avant trois jours.
Évidemment Claire ne pouvait pas attendre.
10 minutes plus ***, elle
filait en moto au sud-est vers Pékin.
Si elle avait été au nord-ouest,
elle aurait pu trouver Trevor.
C'est incroyable que Sam
m'ait retrouvée en Sibérie !
Je regrette que tu me voies
dans un endroit si laid,
Mais hélas... le monde est comme ça.
J'aurais préféré que Sam me trouve
à Lisbonne, avec les enfants.
À la place, Claire filma
son voyage pour moi.
4 jours plus ***,
elle dépensa une fortune
pour me le vidéofaxer à Paris.
- Comment vous appelez-vous ?
- Non, vous !
Charlie Yu.
Voilà, Gene, j'apprends le chinois.
Je sais déjà "ni hao",
qui veut dire "bonjour".
Voilà, Gene, c'était mon film d'amateur.
Je suis à Pékin,
hôtel Tiananmen, chambre 1407.
Appelle-moi dès que tu rentres.
J'attends ton appel.
Claire, c'est moi.
Je viens de voir ton message.
- Il faut puiser dans le frigo ?
- Je n'ai besoin de rien, Gene.
- Je suis perdue.
- Tu es dans une impasse ?
- J'ai perdu sa trace.
- À Pékin, ça ne m'étonne pas.
- Où alors ?
- Tu ne renonces jamais, toi.
Rentre et oublie tout ça.
Regarde-moi. Je suis Claire.
À quoi t'attends-tu ?
Bon...
- Tu te rappelles le théâtre pour enfants ?
- Il est à Tokyo ?
Je t'y retrouve mardi soir. D'accord ?
World News, dernière minute.
La protestation contre le plan américain
d'abattre le satellite a pris
un ton nouveau avec l'assassinat
de l'ambassadeur US
aux Nations Unies à Berlin.
Les terribles images des derniers
instants de l'ambassadeur
ont été enregistrées
par l'assassin lui-même.
Si les USA abattent le satellite, une
réaction en chaîne peut détruire le globe.
Que notre mort soit un ultime
avertissement: ne touchez pas au satellite !
Peu m'importe de devenir un cadavre,
nous sacrifions nos vies
parce que le sort de la planète
dépend de ce que font
les américains. Adieu !
Pour World News, Nomi Morris,
Berlin.
J'ai cru que tu n'arriverais
jamais. Où est-il ?
Si tu disais: "Ça fait plaisir de te
voir. J'aime bien ton costume."
Je dé*** ton costume,
mais ça fait plaisir de te voir.
Tu te souviens de notre
première visite à Tokyo ?
C'était l'été 94.
- Notre premier été.
- Le bon vieux temps.
C'était le dernier concert
des Rolling Stones.
En fait, ce n'était pas
vraiment le dernier ?
Vous avez un gaijin nommé McPhee-san,
ou Farber-san... dans cet hôtel ?
- Farber-san ?
- Oui, Farber-san.
Il dit que c'est au 7e. Je ne suis
pas sûr. Vous pouvez l'écrire ?
Vous jouez encore au détective,
ou vous êtes le garçon d'étage ?
Où est Claire ?
J'ai vu un type lui courir après,
ça n'a rien de neuf.
- Encore à faire la gueule ?
- C'est mieux que se la faire casser.
Votre amie Krassikova
nous a vendus au plus offrant :
CIA, KGB, Yakuza, chasseurs de primes,
Dieu sait qui est sur ce coup.
Ici finit l'informatique et commence
le vrai travail de détective.
- On a peu de temps.
On ? Ça signifie que vous m'engagez ?
Vous engager ?
Certainement pas !
Vous savez qui je suis ?
- Vous n'étiez pas l'ange de Lisbonne ?
- Je suis à nouveau l'ange.
Sortez-moi d'ici.
Je vous en prie.
Gene, pardonne-moi.
Tu es saine et sauve...
- J'ai besoin de ma sacoche.
- Pourquoi faire ?
Claire, ça ne me plait pas.
Ça ne me plait pas du tout.
Si sais que tu ferais mieux
de rentrer avec moi.
Tu ne le connais pas.
Toi si ?
Il a besoin de moi, maintenant.
Il aura besoin de ça aussi.
Merci.
Ça fait du bien.
Ça repose.
Ils continuèrent
à se déplacer toute la nuit,
jusqu'à ce qu'ils soient sûrs
de n'être plus suivis.
Par hasard ils se retrouvèrent
dans un train qui quittait Tokyo,
ils n'en connaissaient pas
la destination.
Claire avait pris les billets
à la gare de Shinjuku
en désignant des symboles
qu'elle ne savait pas lire.
- Où allons-nous ?
- Je ne sais pas.
Tout ce que Claire savait c'est
qu'elle avait enfin trouvé sa mission.
L'homme qu'elle aimait était presque
aveugle, et il avait besoin d'elle.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE
DE LA TRILOGIE
JUSQU'AU BOUT DU MONDE
JUSQU'AU BOUT DU MONDE
DEUXIÈME PARTIE
C'est en 1999 que le satellite
nucléaire indien devint fou.
Nul ne savait
où il allait tomber.
Il survolait la couche d'ozone
comme un oiseau de proie.
Le monde entier s'inquiétait de la
volonté américaine de l'abattre.
Beaucoup d'experts disaient
que détruire un engin nucléaire...
dans l'espace provoquerait
une catastrophe bien plus grande.
Pendant ce temps,
Claire Tourneur poursuivait un nommé
Sam Farber autour du monde.
Je la suivais à distance.
Un matin de novembre 1999,
je perdis la trace de Claire.
J'errai pendant des heures dans Tokyo,
jusqu'au crépuscule,
me disant que si Claire avait quitté
ma vie, peut-être pour toujours,
je n'avais aucun droit
de continuer à la suivre...
Alors, je m'aperçus que moi aussi
j'avais été suivi.
Ne laissez pas tomber.
On va la retrouver.
- "On" ?
- Vous et moi.
Ok, moi.
Vous voulez du thé ?
Je ne pourrais pas vous payer,
même si je le voulais. Désolé.
Si vous savez conduire,
pas besoin de payer.
On irions-nous conduire ?
Là d'où viennent les opales.
Où est-ce ?
Coober Pedy, sud de l'Australie.
95% des opales viennent de là.
- Ils ont l'air fatigués.
- Ils viennent de loin.
Claire et Trevor étaient arrivés
dans un village de montagne, Hakon,
et avaient trouvé une auberge
traditionnelle, un ryokan.
Ils dormirent toute la nuit
et le jour suivant.
Ils ignoraient que par chance
ils étaient venus au bon endroit.
Le propriétaire du ryokan
était M. Mori,
un homme qui avait la passion
des herbes médicinales.
Sur les yeux, un sachet par jour.
Merci beaucoup.
J'ai entendu, j'explique.
Chaque nuit.
J'ai compris. Merci beaucoup.
Les herbes ne furent pas le seul
cadeau que leur donna M. Mori.
Il montra à Claire son univers
de montagnes, d'arbres et de fleurs.
Un jour il lui dit :
"J'ai appris une chose :
L'Oeil ne voit pas comme le coeur."
Pour la première fois de sa vie,
Claire se sentait en paix.
Elle était enfin utile.
J'en connais déjà beaucoup sur toi.
Je suis au courant pour la caméra...
Je sais que tu l'as volée.
Mon vrai nom est Samuel Farber.
Je suis le fils du Dr Henry Farber.
Cette caméra... est son invention.
Le gouvernement US la voulait,
mais lui se méfiait des usages
qu'on risquait d'en faire.
Eux veulent nous la voler.
Cette caméra...
prend des images...
que les aveugles peuvent voir.
Ma mère est aveugle.
Ce que je fais c'est
recueillir des images...
pour qu'elle les voie.
Je veux que ma mère puisse voir...
et que mon père sache que je l'aime.
Tu aurais pu me raconter ça plus tôt.
Je t'aime.
- Tu connais San Francisco ?
- C'est là qu'on va ?
Oui, je dois enregistrer
ma soeur Elsa.
J'y suis déjà allée.
On ira dans mon bar préféré : Tosca's.
Ils ont du brandy au chocolat chaud.
- Ça a l'air dangereux.
- Moins que ce que tu as vécu.
Ce que nous avons vécu.
Les voyants sont au vert ?
Ils y étaient, mais ça
repasse au rouge sans arrêt.
Laisse tes yeux
obéir à l'ordinateur.
La trame passera au vert.
Recommence.
Ta mère pourrait vraiment voir
ce que je vois, Trevor ?
La caméra enregistre ce que tu vois,
mais aussi les réactions
de ton cerveau
à ce que voient tes yeux :
le processus biochimique
de la vision.
Plus tu te concentres,
mieux l'ordinateur peut lire et
transmettre ton expérience de la vision.
Ça fait un mal atroce.
J'ai déjà les yeux en feu.
Pas étonnant que tu sois
presque devenu aveugle.
La rouge vous plait ? J'y crois pas !
À tous les deux ?
- Les essuie-glace marchent ?
- Tout marche.
Et toi, mec, tu marches ?
Allez, sortez le plastique
et on en parle plus !
Non, pas de plastique,
on a du liquide.
- T'es un enculé, toi.
- Le traitez pas d'enculé.
Je le traite de ce que je veux,
mademoiselle.
On veut celle-ci et on paie cash.
Personne veut de cash.
Bernie veut pas de cash !
- Je veux payer cash.
- Avec du cash, vous me mettez en danger.
Non, je risque ma vie.
On me poignarde,
je reste les tripes à l'air !
Je crois que vous exagérez.
Ah, j'exagère ?
Et ça, alors ?
Va-y, enculé.
Rends-moi riche !
Passe à Bernie.
Tu veux jouer ?
Le bon filon !
Bon, je prends tout.
Et là-dedans ?
Cassez-vous de chez moi,
ou j'appelle mes potes les flics !
Vous êtes faits l'un pour l'autre !
Foutez le camp d'ici !
Trouve-toi une carte de crédit, enculé !
- Pourquoi pas à la maison ?
- Elsa, on ne peut pas.
Si elle est surveillée,
on sera arrêtés.
J'en ai marre de tous ces plans secrets,
"nous contre le monde".
Je me suis fait du souci
pendant 3 ans.
Je ne veux pas que ça recommence.
Tu dois le faire, pour Maman !
C'est la dernière fois.
Tu es mon dernier enregistrement.
Sinon, Maman ne te verra jamais.
Je trouverai un endroit sûr.
Je te rappellerai. Ce numéro est sûr ?
Sam, c'est la ligne du comptable.
Je te rappelle.
J'essaie de rappeler Chico.
Selon le Pentagone, une explosion
nucléaire dans l'espace
serait sans danger.
Mais est-ce vrai ?
D'après les experts, elle
déclencherait une réaction en chaîne
entre les satellites de défense
déjà déployés.
Guettez le grand flash dans le ciel !
C'était Jim Haywood, en direct des USA.
Il vient.
- C'est terrible. Je me sens si mal.
- Pourquoi ?
Il veut être mon sponsor.
Une voyante lui a dit que je serais celle
qui le mènera au "Top of the Pops"
Ce n'est pas drôle.
On a même pas assez pour un hamburger.
Alors ?
Regarde, c'est toi !
Toi, debout !
Qu'est-ce que tu as, Miss Amérique ?
Tu me dis ?
- Rien. Je suis pas d'ici.
- Je sais, tu es du pays de Merde.
Tu as un truc, je le veux.
Tout le monde au trou !
Repartez ! Vite !
Sam se rappela du Tosca's,
le bar dont Claire avait parlé,
où ils servent du brandy au chocolat.
Il vécut de ce breuvage
pendant trois jours et trois nuits,
attendant Claire.
Il avait toujours le sac qui avait
servi à transporter l'argent volé
entre le sud de la France et Paris.
Le traceur était toujours après.
Chico n'avait eu aucun mal
à le retrouver.
- Où étais-tu ?
- Ne demande pas.
Ne demande jamais.
Notre sauveur !
J'ai toujours voulu venir en Amérique !
Majestueuse, fantastique, bam, ping,
l'Amérique de plastique !
Comment nous avez-vous trouvé ?
J'ai acheté une voiture
et j'ai fait tous les bars.
Non, ça ne va pas.
Ne n'arrive pas à me concentrer.
Je suis désolé, Elsa.
Allez-y, Elsa.
Quel soulagement.
Je suis furieuse contre vous.
On vous croyait morts.
Je finissais par m'y habituer.
Comme c'est étrange,
que ça arrive enfin.
Je faisais un rêve
où Henry te rendait la vue,
comme il l'avait toujours promis.
Tu voyais mon visage,
mais quelque chose n'allait pas,
tu disais :
"Non, ce n'est pas ma fille."
Je disais :
"Mais si, c'est moi."
Quel bonheur, tu vas me voir.
J'aimerais être plus belle pour toi.
Il y a 5 ans, j'étais encore belle.
C'est incroyable.
Regarde mon visage !
Ma mère va voir mon visage.
Heidi,
viens ici.
- Voici Heidi.
- J'ai cinq ans.
Tu t'es enfuie avant sa naissance.
Elle a ta bouche, Maman.
- Comment tu t'appelles ?
- Luther.
- Tu sais conduire, Luther ?
- Bien sûr.
Voilà les clés,
c'est une automatique.
- Je vois ça.
- C'est ton jour de chance !
C'est ma voiture ?
- Elle marche ?
- Oui, merci.
Australie, nous voilà ! Les aveugles
verront et les infirmes marcheront !
Fais marcher ça, grande gueule !
Merci.
Vous savez conduire ce truc ?
Ce mec m'a donné une voiture.
Bonne route, Luther !
Je vais essayer !
J'espère qu'il y a de l'essence.
L'argent de Chico leur permit
de sortir incognito des États-Unis.
Sur un navire marchand coréen
à destination de Sydney.
Le voyage dura 3 semaines.
Ce fut un voyage tranquille,
une sorte de lune de miel.
Claire ne savait toujours pas
où ils allaient.
Sam ne voulait pas lui dire.
Pour Chico le voyage était un peu
trop calme, alors il appela un ami.
C'est pas les injecteurs,
c'est pas les bougies.
- Peut-être la pompe à essence.
- Oui, ça doit être ça.
- Tu as une... 7/16 ?
- C'est ça.
Salut, Claire. Tu sais quoi ? J'ai convaincu
l'agence de te vendre l'appartement
au prix d'origine.
Si tu es toujours intéressée,
l'offre tient jusqu'à vendredi.
Makiko, c'était il y a un siècle.
Tellement de choses ont changé...
Je suis en Australie maintenant. Regarde.
Tu ne veux plus acheter l'appartement ?
Non, je ne sais même pas
si je reviendrai.
Mais où que j'aille
je te garderai dans mon coeur.
Je cherche.
Donnez-moi une minute.
Je la tiens !
Claire Tourneur fait un appel
avec sa carte de crédit
Depuis Coober Pedy, Australie.
Vous voulez le mien ?
Elle est ici, à Coober Pedy !
Elle vient de téléphoner.
Winter, vous êtes génial.
J'ai du flair, et je m'en sers.
Alors ? Où allons-nous ?
Où trouver Claire ?
C'est un trou perdu.
Roulons, on finira par les trouver.
Tout encrassé.
Contre l'avis des Nations Unies,
les USA menacent
d'abattre le satellite en plein ciel.
Le monde est horrifié
par les conséquences imprévisibles
de cet acte.
David, c'est inutile.
Les ailettes sont cassées.
Allons voir Adam.
Il aura peut-être une autre pompe.
Votre nom ?
Son vrai nom est Farber.
Sam Farber, probablement.
Je voulais en finir avec le mythe
de Trevor McPhee.
Conséquence directe, ça se mit
à sonner un peu partout.
À Moscou...
et au motel du coin.
- Sam Farber.
- Qui c'est ?
À bientôt.
Burt était un célèbre chasseur de primes,
Parti à la recherche d'un voleur
d'opales, Trevor McPhee.
Mais il était passé
au bien plus lucratif Sam Farber.
Raconte-moi une autre histoire.
Trouble de l'ordre public.
C'est si étrange, à Coober Pedy ?
Pas de quoi les arrêter.
C'est un écrivain célèbre,
Eugene Fitzpatrick, un écrivain français !
Bien sûr, j'ai vu la caméra. Je l'ai même
fait marcher. J'ai enregistré à San Francisco.
Alors, où elle est ?
Il usait d'un sérum de vérité.
Il adorait la vérité,
il la cherchait tout le temps.
En anglais !
Assez !
Où est Sam Farber ?
Au moins l'un de nous est à sa place.
Vous êtes loin du compte !
Encore un peu, il vous pousserait
des oreilles sous les bras.
Je ne suis ni un espion ni un voleur.
- Alors ?
- Vous ne savez pas ?
Après m'avoir suivi autour du monde ?
Si vous lui faites du mal,
je vous tuerai.
Sam voudrait que je m'occupe du sac.
On vous emmène ?
Ça va ? Il t'a fait du mal ?
Chico... est arrivé à temps.
Tu as caché le sac ?
David a pris le sac.
Elle va bien.
Elle a juste pris des somnifères.
Qu'est-ce que tu t'es fait
à la jambe ?
Tu m'entends ?
C'est toi...
échelle brisée.
Dis-moi juste où tu vas.
Je veux y être.
Tu l'aimes ?
Ouí.
J'espère qu'il t'aime.
Où est ton sac ?
Il voyage à part.
Merci, mon pote.
Je les ai repérés. On y va !
Très bien, Chico! Allons-y.
Tu vas rencontrer ma mère et mon père.
Tu pourras parler français avec ma mère.
Ça y est.
Ils ont abattu le satellite !
- Mon ordinateur est naze.
- Le mien aussi.
Une explosion nucléaire
efface tous les circuits.
Et les mémoires d'ordinateurs.
C'est l'effet IEM.
C'est la fin du monde.
Les fils de pute !
Deux ans de ma vie, effacés !
Qui se soucie de votre oeuvre ?
Et celle de Goethe ? Pensez-y.
Goethe. Disparu !
Goethe !
Que savez-vous donc de Goethe ?
Que savez-vous de moi ?
Vous me croyez né de la dernière pluie ?
Mets ta ceinture. On doit se poser.
C'est le restant.
La région avait été abandonnée
il y a des années,
lors des grandes sécheresses
des années 90.
Personne pour confirmer
ou démentir leurs peurs.
Mais tous les signes, montres arrêtées,
panne du moteur,
des circuits électriques,
indiquaient une seule cause :
une explosion nucléaire.
Ils continuaient vers leur
destination : la maison,
portés par la conviction
qu'elle était toujours là,
que les parents de Sam
étaient toujours vivants.
L'apparition d'un diesel
ne niait pas la certitude
de l'explosion,
mais ils savaient au moins
qu'ils n'étaient pas seuls sur Terre.
D'ailleurs, tout le monde
fut sauvé par les diesels.
C'est David !
Oui, et Buzzer !
Montez à bord !
Bonne chance, Gabriel.
- C'est le satellite nucléaire.
- On sait.
Au moins tu es saine et sauve.
Dieu merci, tu es vivante.
M. Winter...
beaucoup de personnes disparues, hein ?
Dépêchons-nous, ça peut devenir radioactif.
Vous avez des relevés ?
Non, mais rien d'électrique ne marche.
Sans manivelle, on était coincés.
Que chante-t-il ?
Il chante la Nature.
La Nature, c'est comme la Bible.
Cet arbre est Jonas.
Ce rocher, la baleine.
Tout a une histoire.
Il est le gardien de ce morceau de Nature,
de cette partie de l'histoire.
S'il ne la maintient pas vivante
en la racontant,
elle mourra.
Et nous avec.
C'est là, tandis que nous fuyions
les vents mortels
qui pouvaient apporter
pour de bon la fin du monde,
que je réalisai que la perte
de mon roman m'avait rendu libre,
libre d'en écrire un nouveau.
Non tourné vers le passé,
mais cette fois vers le futur.
Je recommençai donc tout,
écrivant un nouveau début :
"C'est en 1999 que le satellite
nucléaire indien devint fou.
Nul ne savait où il allait tomber.
Il survolait la couche d'ozone
comme un oiseau de proie..."
Une voiture approche. Maisie !
- Qu'as-tu à la jambe ?
- Rien, maman.
Voici Claire.
Et sa soeur, Maisie Mbtjana.
Vous ne devriez pas être ici.
C'est ce que je lui dis depuis trois jours.
Mais elle avait une intuition.
Tu connais mes intuitions.
On se tire !
Plus on reste ici, plus c'est dangereux.
On sera en sécurité au Centre !
Maggie, Linda,
c'est bon d'être rentré.
Sam, Claire nous suit ?
Ça va vous plaire ici.
Ce sont de braves gens.
- Tu avais raison, Edith.
- Des relevés ?
Pas encore.
Vous étiez où ?
- À 400 km.
- Aucune trace.
Maman...
Les cas d'irradiation que j'ai lus...
ça me donne des cauchemars.
- Aucune trace, tante.
- Merci.
Notre médecin, Lydia.
- Lydia, voici Claire.
- Bonjour, Claire.
Vous n'avez rien.
M. Fitzpatrick...
Pourriez-vous m'aider, s'il vous plait ?
Bon vieux diesel.
Autant de bagages, c'est une erreur !
Il a peur de manquer.
- Magnifique...
- Il en reste une.
- Vous êtes d'où ?
- Irlande.
Berlin.
Ça fait un bout jusqu'ici !
Vous devriez vous entendre avec le doc.
Farber, un type un peu bizarre,
mais ils le sont tous par ici.
- Laissez-moi vous aider.
- Ça ira.
Fais vite, Sam.
Je reste avec Claire.
- Et ta jambe, Sam ?
- C'est rien. Je peux marcher.
À gauche, au fond,
la porte métallique,
c'est l'entrée
du laboratoire de Henry.
Farber !
Je savais qu'il y avait
une jolie fille !
C'est un grand plaisir, Claire.
Je vous pardonne
de nous avoir retardés.
Ce que tu attendais.
Enfin !
Incroyable, les ordinateurs
du Centre Culturel
balayés par cette idiotie indienne.
35 langues disparues, comme ça.
Mais nos bandes numériques
sont intactes, Dieu merci.
Content de te voir, père.
Sam, pardon.
Je deviens comme mon propre père.
Voilà ce qui arrive
quand on vieillit.
Tu t'es donné du mal pour nous.
Tu crois qu'on trouve ça normal,
mais c'est faux.
Alors repose-toi.
La deuxième vision attendra.
Non, allons-y !
Sammy, tu es blessé...
- Ne brusque rien.
- Non, faisons-le !
Très bien. S'il se sent
capable, autant y aller.
Farber, ne lui fais pas ça !
Celle-ci : mon frère Anton.
Obsessionnel.
- Ça ne va pas ?
- Il a toujours été comme ça, je l'oublie.
- Je me conduis mal.
- Il sait ce que tu as enduré pour lui ?
- Je ne crois pas.
- Quelqu'un devrait lui dire.
Toute la famille a souffert.
Mais je suis le seul à t'avoir.
Qu'est-ce qu'on va faire de vous ?
Vous ne pouvez pas rester là !
- On va vous trouver un endroit où loger.
- Très très beau.
Quand mon père s'est caché, il a
construit le laboratoire dans cette caverne.
Seuls les Mbantua la connaissent.
Sans eux, rien n'aurait été possible.
Père est venu ici il y a 40 ans,
jeune ophtalmologiste.
Je pourrais emprunter
la machine à écrire ?
Bien sûr.
Les enfants ne font que jouer avec.
Tu risques d'avoir un choc.
- Karl.
- Sam.
C'est le génie de l'informatique
qui a suivi mon père
depuis l'institut de Californie.
Il a transféré puis effacé tous
ses fichiers sur l'ordinateur de l'institut.
C'était le week-end
de Thanksgiving 1995.
Ça a pris trois jours et trois nuits.
C'est un génie. En arrivant, ils
n'avaient que 2000 gigas et la caméra.
Il leur a fallu quatre ans
pour construire ce labo.
Alors attendons un jour de plus.
- Sam, nous sommes épuisés.
- Non. Lydia travaille ici.
Elle suit les aspects médicaux.
Peter est le frère de peau
de mon père, mon père aborigène.
Content de vous avoir avec nous, Claire.
Vidéo, électronique, demande à Ned.
Ronda, biochimiste.
Elle suit les ondes cérébrales.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Tu n'as pas vu ce programme ?
- Non.
- On travaille dessus en ce moment.
Henry ? Calme-toi.
Et reste calme.
Embrasse-moi.
Ne le repousse pas cette fois. Je préfère
ne voir personne de notre famille.
Vraiment.
Plutôt ne jamais voir un seul visage
que de le perdre encore.
Compris.
C'est son visage
que je souhaitais le plus voir.
Et c'est le cadeau
que tu n'as pas pensé à me faire.
Ça ne nous aide pas,
de céder à l'émotion.
D'accord.
Si tu es calme, je suis calme.
Moi, je suis calme.
Je peux avoir un café ?
Oh, non. Pas de caféine pour toi.
Un cordial au citron, oui.
- J'ai modifié le PRZ.
- Note, Karl. Échantillon de 2 Mo.
Prête, ma mère ?
Oui, Sammy.
- Alors on y va.
- Oui.
- Sois prudent.
- Toi aussi. Je t'aime.
Sam a eu à boire ?
Que se passe-t-il ?
Pas aujourd'hui !
- Edith est trop fatiguée !
- Fatiguée ? Edith Eisner ? Non.
Voici Edith Eisner,
je cite sa biographie :
Edith Eisner est infatigable.
Elle a attendu ce jeune homme
sur la piste 3 jours et 3 nuits.
Et pendant une catastrophe nucléaire.
Voilà comment elle est. Indestructible.
- Sam, tu veux à boire ?
- Ça va, maman.
Edith, pourquoi tant de hâte ?
Je vais bien, Maisie.
Occupe-toi de Sam !
Tu peux en mourir, ma soeur !
Je préfère mourir de ça
que de quoi que ce soit d'autre.
C'est une affaire d'hommes !
C'est l'affaire de Henry et Sam,
donc c'est mon affaire.
Je t'en prie, Maisie, laisse-moi.
C'est une erreur. Ce vieillard
finira par te voler tes rêves.
Ça ne te regarde pas.
Laisse-nous, Henry sait ce qu'il fait !
Où tu vas, Lydia ? Il n'a pas
besoin de béquille maintenant.
Prépare-le. 10 milliwatts.
Au plus 20.
- Tante Maisie va bien ?
- Oui.
Idiot !
Tu ne devrais pas faire ça maintenant !
Je n'en crois pas mes yeux.
Je ne les ai pas vus depuis... 14 ans !
Ma belle-soeur, Irina.
Une femme extraordinaire.
Et Anton, mon frère. Il a 82 ans...
C'est ton frère aussi, Peter.
- Incroyable.
- Il a besoin d'un coiffeur.
Bon Dieu... 14 ans !
Que lui fait-elle ?
Elle le détend. Laserponcture.
Pour se concentrer, il faut
éliminer l'excitation nerveuse.
- C'est ce qu'il me faut.
- Comme tout le monde.
Tic, tic, voilà les radiations !
Quand nous remonterons,
elles nous tueront.
Que se passe-t-il ?
On y est presque.
Image primaire récupérée.
- On la passe en virtuel ?
- Oui, faites ! Ronda ?
Ça va, ici.
Ça tourne !
Vous permettez ?
Venez par ici.
L'ordinateur transfère
l'enregistrement de Berlin
dans mon système.
Sam doit le revoir,
et l'ordinateur compare
l'activité cérébrale de la
deuxième vision avec la première,
pour en extraire uniquement
ce qui concerne l'image,
qui devrait alors
être transmise au cerveau récepteur.
Ça exige une grande discipline des yeux.
J'ai enregistré un peu.
C'est épuisant.
Scan dans cinq secondes.
- Ned, c'est brouillé.
- Non.
Ned, tu te souviens de la dernière fois ?
C'est ce qu'elle voit en ce moment ?
Avec toute l'information
qui doit être traitée...
Ce qu'il regarde a une minute d'avance
sur ce que nous voyons.
C'est le temps que met l'ordinateur
à rétablir l'information.
Ce n'est pas très bon.
On ne va pas transmettre ça !
- Pousse à fond, Ned !
- Je l'ai déjà fait.
Ça redevient vert.
Il est fatigué.
Non, ça redevient rouge.
C'est insuffisant.
Ça a commencé ?
Toujours en phase de reconnaissance.
Patience, Edith.
- Reste calme !
- Je suis toujours calme !
Ce jour est un grand jour
dans l'histoire
et ta famille est très fière
d'être avec toi en ce jour
où tu vois nos visages.
Je sais, je parle trop.
- Anton, c'est pour Edith, pas pour Henry.
- J'en arrive à elle.
Bonjour, Edith chérie.
Si nous pouvions être avec toi
pour partager ce moment...
Il ne suffisait pas de lire une bande.
Celui qui avait pris les images
devait les revoir.
On avait d'abord enregistré l'acte de voir,
on lisait à présent l'acte de se souvenir.
Avec ces deux grilles d'information
et l'enregistrement vidéo,
l'ordinateur devait retraduire
les images en ondes cérébrales,
et les reproduire
dans le cortex visuel de l'aveugle.
Rémanence médiocre.
Même pas 20% !
Impossible d'émettre ça.
Ça va la troubler.
Cerveau déconcentré.
Ondes trop faibles.
Il n'est pas en état.
J'ai tout vérifié.
Tout va bien à l'intérieur.
Sa concentration n'est qu'au rouge.
C'est insuffisant. Tu n'es qu'au rouge !
Ne me parle pas !
Tu abuses, Henry !
Tu te sers de ta femme !
tu te sers de ton fils !
tu te sers de mon peuple !
Vide ton esprit !
Ne pense plus !
Henry ! Tu n'aides pas !
Pas de quoi travailler.
Ni forme, ni définition, ni couleur.
Vide ton esprit, bon Dieu !
Ne regarde que le point focal !
Rien d'autre que le point focal !
Merde !
Eh bien, voilà... C'était fou,
de faire ça en étant fatigué !
Quoi ?
C'est de la folie
de faire ça en étant fatigué !
Enfin, la science connaît
toujours un lendemain.
Ne me fais pas la leçon,
vieillard pitoyable !
Pitoyable ? Tu n'as jamais supporté
la pression, jeune homme !
Vous êtes des gamins !
Pourquoi est-ce que j'oublie
comment tu es ?
Tu as disparu,
je t'ai cru mort ou en prison,
et j'ai perdu un an à te chercher !
- Et je n'ai pas dit merci ?
- Jamais !
J'ai perdu ma femme
et mon enfant à cause de toi !
Sam, que pouvais-je faire ?
Avoir confiance en moi !
Reconnaître tes torts, pour une fois !
Ça suffit.
Arrêtez, tous les deux.
Pardon.
Quand je travaille avec lui, j'échoue.
Quoi que je fasse, chaque fois.
Pardon.
Ça n'a pas marché ?
C'est une bonne chose.
Alors ?
Tout ce voyage... pour rien.
Bonsoir.
Charmant, ton nouveau copain.
Tu ne sais pas ce qu'il vit !
C'est ton fils ?
Ça me fait mal de voir des enfants.
Dans un aéroport, je regarde un petit
garçon, j'ai les larmes aux yeux.
C'est comme une maladie.
C'est ridicule.
Je voudrais tant l'embrasser,
j'en ai mal aux bras,
là et là.
Il est mort ?
Non.
Non, il est juste...
Il n'a pas besoin d'être comme ça.
Il a toujours été comme ça, mais...
...autrement aussi.
Il a toujours été orgueilleux, mais il a su faire des choses pour les autres.
Ces gens l'aiment.
Il les a aidés à combattre le trachome.
Il a tout donné pour réussir ça.
Et c'était désintéressé.
Mais il est égoïste, et obsessionnel.
Je suis comme lui. Obsessionnel.
J'ai négligé ma famille,
ma femme et mon enfant.
On a rompu au téléphone,
depuis Coober Pedy.
Après, je me foutais de tout.
J'ai retrouvé mes parents,
grâce à David, presque par accident,
j'étais tellement fâché contre Henry
que je lui aurais cassé la figure.
Après un moment
j'ai voulu foutre le camp.
C'est pour ça que je me suis proposé...
pour les enregistrements.
C'est pas parce que j'étais gentil.
Ça fait longtemps
que je ne suis plus gentil.
Je ne comprends pas toute cette agitation.
Dans peu de temps nous serons morts.
Pas dans mon livre.
Dedans je ne meurs pas, ni vous.
Je sauve votre peau, Winter !
Ça ne sert à rien d'écrire.
Vos histoires ne m'aident pas.
Winter, le futur est toujours une fiction.
Je m'inquiète plus de...
la réalité...
que de la fiction.
Je me soucie du présent,
M. Fitzpatrick.
Le présent se suffit à lui-même.
Mais c'est notre devoir de réaliser
le futur avec notre imagination.
Mince ! Vous avez l'air
d'avoir traversé l'enfer !
Ça doit être le paradis.
Vous n'avez rien. Pas de radiations.
Venez, on va s'occuper de vous.
Noël passa, inaperçu.
Les nuits de décembre 1999
étaient pleines d'angoisse muette.
À la radio, on n'avait que des parasites.
Nous ignorions s'il restait des villes,
si nos parents, nos enfants, nos amis
étaient en vie, brûlés ou malades.
Nous partagions les mêmes peurs,
mais personne n'osait en parler.
FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE
DE LA TRILOGIE
JUSQU'AU BOUT DU MONDE