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LE DICTATEUR
Toute ressemblance
entre le dictateur Hynkel
et le barbier juif
est purement fortuite,
Cette histoire se déroule
entre deux guerres mondiales,
un temps où la folie se déchaînait,
la liberté piquait du nez
et l'humanité
était rudement secouée,
LA GUERRE MONDIALE
A la fin de la guerre,
la Tomainie faiblissait.
Avec une révolution à l'arrière,
elle implorait la paix,
tandis qu'au front,
l'armée se battait,
persuadée qu'elle allait
écraser l'ennemi.
La Grosse Bertha,
un puissant canon,
apparaissait
sur le front de l'Ouest
pour semer la terreur
chez l'ennemi.
Son objectif, à 120 km :
la cathédrale de Notre-Dame.
Portée : 95 452.
Prêts !
Feu !
A votre poste.
Correction de tir :
95455.
Culasse verrouillée !
Prêts à tirer !
Prêts... feu !
Obus défectueux.
Nous allons l'examiner.
Vérifions le détonateur.
Le détonateur.
Attention ! Planquez-vous !
- Des avions !
- Ils visent Bertha !
Vite, à la DCA !
Au canon !
Vous êtes fou ?
Descendez !
Debout ! Que faites-vous ?
Vous êtes fou ?
L'ennemi a percé !
Tous les hommes au front !
Rassemblez les canonniers.
Prenez vos grenades.
Où est ta grenade ?
Donne-lui une grenade.
Allons, avancez.
Pressez.
Excusez-moi, comment fait-on...
Tire la goupille,
compte jusqu'à dix et lance !
On les aura !
Pas le moment de se gratter !
Reprends-toi !
Prends !
En avant !
En rangs !
Vous, par ici !
Reposez armes !
Prêts à attaquer...
En avant !
Vous voilà !
L'ennemi !
Le ratons pas !
Je peux entrer ?
Ami.
- Quelle division ?
- 21ème d'artillerie.
Prends ça et retiens-les.
Feu à volonté. Je reviens.
Camarade, au secours !
Je suis épuisé.
Aide-moi à arriver à mon avion.
Merci, mon gars. Ça te vaudra
la croix de Tomainie.
Ce n'est rien.
Heureux de vous rendre service.
Tu m'as sauvé la vie.
Je vous attache.
Je n'y arriverai pas seul.
Tu dois rester avec moi.
Tu sais piloter ?
Je peux essayer.
Pose ma main sur le manche,
je suis trop faible.
Prenez ce canon !
L'ennemi arrive !
Mets ma main sur la commande !
On les aura !
Prends ces dépêches.
Si elles arrivent
au Gal Schmelloffel,
la Tomainie peut vaincre !
Je vais m'évanouir.
Ne dites pas ça.
Désolé, mon vieux.
Où suis-je ?
Vous me reconnaissez ?
Oui, ça va mieux.
Le sang remonte à ma tête.
Qu'y a-t-il là-dessous ?
On dirait le soleil.
Il brille vers le haut.
Etrange. Les gaz ?
Affreux ! Je n'en ai pas dormi.
Non, le gaz, le carburant.
Presque à sec.
On devrait arriver.
Quelle heure est-il ?
A peu près midi moins une.
Etrange.
Nous échappons
aux lois de la gravité.
De l'eau !
Vite, je vais m'évanouir !
Attendez.
On aura des ennuis
si vous recommencez.
Attendez...
Prenez !
Un problème...
Je n'y arrive pas !
Il n'y en a plus !
Qu'y a-t-il ?
La ceinture.
Desserre-la !
J'essaie !
On est à l'envers.
Je sais !
Le manche !
Impossible !
Voilà, plus de carburant.
C'est la fin.
Une cigarette ?
Pas maintenant !
Je n'en aurai plus besoin.
En quel mois est-on ?
En avril.
Le printemps en Tomainie.
Hilda est dans le jardin
et soigne les narcisses.
Comme elle aime les narcisses.
Elle ne les coupe pas
de peur de leur faire mal.
Pour elle, ce serait
comme supprimer une vie.
Tendre et douce Hilda.
Une âme délicate.
Elle aimait les animaux
et les petits enfants.
On a atterri !
Les dépêches !
Camarade, où es-tu ?
Les dépêches, où sont-elles ?
Vite, chez le général !
Livrons ces dépêches,
ou nous sommes vaincus !
La guerre est finie !
Nous avons perdu !
LA PAIX
DEMPSEY BAT WILLARD
LINDBERGH
TRAVERSE L'ATLANTIQUE
EMEUTES EN TOMAINIE
LE PARTI DE HYNKEL
PREND LE POUVOIR
Cependant, le barbier juif,
amnésique, reste hospitalisé
pendant des années,
ignorant des changements
survenus en Tomainie.
Hynkel dirigeait le pays
d'une poigne de fer.
Sous la Double Croix,
la liberté était bannie,
on n'entendait plus
que la voix de Hynkel.
Adenoid Hynkel a dit :
"La Tomainie était à terre,
elle se relève."
"La démocratie sent mauvais."
"La liberté est détestable."
"La liberté de parole
est contestable."
"La Tomainie a
la plus grande armée du monde."
"La plus grande marine du monde."
"Pour rester grands,
faisons des sacrifices."
"Serrons-nous la ceinture."
Il s'adresse au maréchal Herring,
ministre de la Guerre.
Puis à M. Garbitsch,
ministre de l'Intérieur.
Il rappelle les combats
de ses débuts,
partagés par ses deux
loyaux camarades.
Son Excellence vient
de faire allusion aux Juifs.
En conclusion, il rappelle
que pour le reste du monde,
il n'a que paix en son cœur.
Une annonce.
Radio Pari-mutuel
vous a transmis en direct
le discours de Hynkel
aux enfants de la Double Croix.
L'interprète anglais,
Hyndrich Stick,
son traducteur personnel,
lisait, semble-t-il,
un texte préparé.
La suite dans un instant,
A vous, Tomainie.
Son Excellence
va descendre les marches.
Excellence !
Vous êtes blessé ?
Prenez l'autre voiture.
Son Excellence
est accueillie par des mères
et des enfants de Tomainie.
Il s'arrête devant une mère.
Photo.
Même le bébé, subjugué,
est tout sourire
devant Son Excellence.
Quittant le lieu de son triomphe,
il rentre par la Hynkelstrasse,
bordée des chefs-d'œuvre
de la Tomainie moderne :
la Vénus d'aujourd'hui,
le Penseur de demain.
- Alors ?
- Le discours ?
Très bien.
A propos des Juifs,
vous auriez pu être plus violent.
Exciter la colère du peuple.
La violence contre les Juifs
lui fera oublier sa faim.
Peut-être. Le ghetto est calme,
ces derniers temps.
Bonjour, M. Jaeckel.
Pourquoi bon ?
Ça pourrait être pire.
Si vous pensez ça,
vous avez beaucoup d'imagination.
Vous avez entendu Hynkel ?
Je n'ai rien entendu.
J'ai mes soucis à moi.
Vous avez de la chance.
Des nouvelles du barbier ?
Toujours à l'hôpital.
Il y est
depuis la fin de la guerre.
Pourquoi ne pas
louer sa boutique ?
Il refuse. Il écrit toujours
qu'il va revenir.
Quel dommage de la laisser vide.
Pourquoi s'en faire ?
Avec les impôts,
il ne l'aura bientôt plus.
Vous avez peut-être raison.
Ce n'est pas un si bon jour.
Vous l'avez dit.
Hannah.
Veux-tu m'apporter
ma blague à tabac ?
Tout le monde a des ennuis.
Oui, tout le monde.
Voyez cette pauvre Hannah.
Elle ne trouve pas de travail.
Son père tué à la guerre,
sa mère morte l'an dernier.
Même pas de quoi payer sa chambre.
Je ne vais pas la mettre à la porte.
Plus de tabac.
Je livre Mme Shoemaker.
Prends la clé.
Nous sortons.
Je ferme tout au cas où la milice
revient faire du grabuge.
Regardez ! Des tomates,
des pommes de terre !
J'en ramène un cageot.
Le camion !
Vous n'avez pas le droit.
Mets-le sur mon compte.
Des tomates bien mûres !
Faites donc quelque chose !
Si j'étais un homme !
Que ferais-tu, ma jolie ?
Ensemble vous êtes braves,
mais pas un ne se battrait !
Le camion, c'est pour fuir
si on rend les coups ?
On va t'emmener !
Allez-y, emmenez-moi.
Vous serez décorés !
Attaquez-vous à des femmes,
à des gens sans défense !
Ne la volez pas, la pauvre.
Rendez-lui ses tomates !
Je devrai tout recommencer.
Porcs !
Amenez le patient 33.
Un cas intéressant. Amnésie.
Un soldat juif,
ici depuis la guerre.
Pour lui, quelques semaines.
Sait-il ce qui s'est passé depuis ?
Pas du tout.
Il ne pense qu'à sa boutique,
qu'il croit avoir à peine quittée.
Il va avoir des surprises.
J'en ai peur.
Le 33 est parti.
On devait l'examiner.
Il a disparu.
Laissons-le courir,
ce n'est pas un cas grave.
Nous ne pouvons rien pour lui.
Allez, tirez-vous.
Dégagez.
Qu'est-ce que tu fais ?
Je n'en sais rien.
Ne touche pas à ça.
Ne soyez pas bête.
Quand tu me parles,
dis "Heil Hynkel" et salue.
Qui êtes-vous ?
Je vais te montrer !
Viens au QG.
C'est ma boutique.
Je m'en fous. Amène-toi.
Tu veux te battre ?
Tu vas me suivre.
Je vais te donner une leçon !
Vous êtes de la police ?
Arrêtez cet homme !
Agression contre un milicien !
Vous verrez mon avocat !
Il m'a mordu le doigt !
Pardon,
je ne voulais pas vous frapper.
Vous avez été superbe.
Mais ne restez pas là, filez !
- J'appelle la police.
- Pas ça !
Vous êtes fou ?
En voilà d'autres !
- D'autres quoi ?
- Attendez.
Entrez !
Pas la peine de faire le brave.
Qui vous a frappés ?
C'était toute une bande !
Allez vous faire soigner.
On enquêtera plus ***.
Quelle heure est-il ?
C'est bon, ils sont partis.
Merci.
C'était un vrai plaisir !
Vous êtes courageux
de rendre les coups.
Nous devrions tous
en faire autant !
Nous pouvons les battre,
pas seuls, mais ensemble.
On a été pas mal, non ?
Vous êtes le barbier !
Celui qui était à l'hôpital.
M. Jaeckel parle souvent de vous.
Nous ne pensions plus vous revoir.
Les miliciens vont vous chercher !
Cachez-vous.
Je prends la clé de la cave.
C'est lui ?
Heil Hynkel !
Qui ça ?
Ne fais pas le malin,
j'ai dit "Heil Hynkel".
Pas ici. Amenons-le dehors.
Avant qu'on t'emmène,
tu vas finir ça.
Vas-y, peins !
Attendez !
J'ai une idée formidable.
Le commandant Schultz !
Le chef !
Le sous-chef !
Bon, vous !
Qui vous a dit de pendre
les gens aux réverbères ?
Mes ordres étaient
de veiller à la propreté.
Un Juif a attaqué nos hommes.
Où est-il ?
C'est lui ? Debout !
Toi !
Tu ne me reconnais pas ?
Tu m'as sauvé la vie !
Bizarre, je t'avais
toujours cru aryen.
Je suis végétarien.
Rappelle-toi ! Nous avons fui
dans mon avion !
Nous nous sommes écrasés.
Je me souviens maintenant.
Comment allez-vous ?
Qu'a fait mon ami ?
On peignait sa vitrine,
et il a résisté.
En homme courageux.
Je regrette cet incident.
Pas de mal.
A l'avenir,
tu ne seras plus ***é.
Si toi ou tes amis avez
des ennuis, préviens-moi.
Qui a fait ça ?
Un ami !
Le palais de Hynkel était au cœur
de la plus grande
machine de guerre du monde.
Au centre, l'énergie
d'Adenoid Hynkel
dont le génie dirigeait
toute la nation,
dont l'activité incessante
l'occupait nuit et jour.
Le maréchal Herring.
Assez !
Une vraie trouvaille, je crois.
Un uniforme pare-balles,
léger comme de la soie.
J'organise une démonstration.
Deux minutes, pas plus.
Je vous en donne une.
Le professeur Kibitzen.
Que les actes parlent.
Un uniforme pare-balles...
Efficace à 100%.
Tirez !
Loin d'être efficace !
Où est ma secrétaire ?
Appelez-la.
Prenez une lettre.
Ici Herring, dans la tour,
Nous avons une merveille.
J'arrive.
Le parachute
le plus compact du monde.
Il se porte comme un chapeau.
Et s'ouvre en 8 mètres.
Démonstration, professeur.
Pourquoi me faites-vous
perdre mon temps ?
Envoyez-moi Garbitsch.
M. Garbitsch.
Assez !
Que signifient
ces millions attribués
à des camps de détention ?
Nous manquons de munitions.
Quelques arrestations.
Rien d'astronomique.
5 à 10 000...
par jour.
Quelques contestataires.
Que contestent-ils ?
La durée du travail,
les salaires réduits,
la nourriture,
la qualité de la sciure dans le pain.
Et quoi encore ?
Elle vient des meilleurs bois.
Le peuple travaille trop.
Il lui faut une diversion.
Le peuple !
Nous pourrions brûler
les maisons des Juifs,
lancer une attaque
spectaculaire sur le ghetto.
Il faut mieux. C'est le moment
d'envahir l'Osterlich. Quand ?
Dans trois mois.
Trop long. Et Napaloni
pourrait l'envahir avant moi.
Frappons maintenant.
Il faudra
des capitaux étrangers.
Empruntez !
Tous les banquiers ont refusé.
Un pourrait accepter...
Epstein.
Epstein ! Un Juif ?
Soyons magnanimes !
Empruntons à Epstein.
Ce sera difficile,
vu notre politique envers les siens.
Eh bien, nous changerons
cette politique.
Ordonnez à Schultz de cesser
les persécutions des Juifs,
enfin, jusqu'à ce que
cet emprunt soit négocié.
Je ne comprends pas.
Tout est si calme dans le ghetto.
Tu n'imagines pas
ce qui se passait avant.
Ce Hynkel !
Tu étais à l'hôpital, inconscient.
Tu ne peux pas savoir
la chance que tu avais.
Au pire, nous pouvons
partir en Osterlich.
C'est toujours un pays libre.
Tôt ou ***, nous devrons partir.
Enfin, ça fait plaisir de te revoir.
C'est comme autrefois.
Et les affaires ?
Tout doux.
Les hommes sont
en camp de concentration.
Si tu coiffais les femmes...
Les salons de beauté, ça rapporte.
Tu t'y connais ?
Tu peux apprendre.
Exerce-toi sur Hannah.
Hannah, assieds-toi là.
On va te rendre belle.
Belle ? Pour quoi faire ?
Il va s'exercer
pour ouvrir un salon de beauté.
Vous ne me couvrirez pas de boue ?
On va en enlever.
Me rendre belle ?
Bien sûr. Il ne peut pas
te rendre plus moche.
Mme Shoemaker, pour son linge.
Je vais le lui donner.
Reste là et amuse-toi.
Je t'ai vue le regarder !
N'écoutez pas M. Jaeckel.
Votre boutique me plaît.
J'aimerais avoir un commerce.
Les ménages, c'est sans avenir.
Si j'économise, j'aurai peut-être
une boutique un jour.
Je n'y arrive pas.
L'argent me glisse entre les doigts.
J'ai toujours dépensé
tout ce que je gagnais.
Pourquoi pas ? Demain,
on ne sera peut-être plus là.
Vous croyez en Dieu ?
Moi oui. Mais sans lui,
vivrait-on autrement ?
Moi pas.
La vie serait belle
si on vous laissait en paix.
Ces temps-ci, ça va mieux.
Peut-être grâce à vous,
avec le commandant Schultz.
Ils nous laissent en paix.
C'est trop beau.
Vous faites des rêves ?
Moi oui.
C'est le seul moment
où je suis heureuse.
Parfois je me laisse aller,
je ne sais plus ce que je fais.
Nous nous ressemblons.
- Nous sommes distraits.
- Vous trouvez ?
J'aime les gens distraits.
Comme le type qui met sa montre
dans l'eau et tient l'œuf...
Il paraît que tous les grands hommes
sont distraits.
Mes parents n'étaient pas
de cet avis.
Bien sûr, vous avez une raison,
votre blessure.
Moi, je suis née comme ça.
Pourquoi les femmes
n'ont-elles pas de moustaches ?
Quel idiot je suis !
Je vous fais un shampoing.
Ce que je suis jolie !
Comment faites-vous ?
Vous devriez essayer.
Soigné, vous seriez beau.
Le marchand de pommes de terre.
J'y vais.
Faites attention.
Vous n'avez pas de mal ?
Soyez prudente.
Bonjour !
Il se passe quelque chose.
Les miliciens m'ont aidée.
S'ils cessaient de nous haïr !
S'ils nous laissaient vivre
comme autrefois !
Ce serait merveilleux
de ne pas devoir émigrer.
Je ne veux pas m'en aller.
Malgré les persécutions,
j'aime ce pays.
Peut-être
ne devrons-nous pas partir.
Ce serait si beau
qu'ils nous laissent vivre heureux !
Rien ne marche !
Ni plume, ni crayon !
Je suis entouré
de sténographes stupides !
J'apporte une plume !
Inutile.
Je ne l'enverrai pas !
Dehors !
Nous venons d'inventer
un fantastique gaz toxique.
Il tuera tout le monde !
Plus ***.
B-76 demande M. Herring.
Une femme, mon agent secret.
Qu'elle vienne ici.
Des nouvelles d'Epstein ?
Ses administrateurs
sont tous aryens,
et l'emprunt est assuré.
Une grève à l'usine d'armements.
- Qui est le meneur ?
- Il y en avait cinq.
- Fusillez-les !
- C'est déjà fait.
Et combien de grévistes ?
Toute l'usine, 3000.
Fusillez-les tous. Je ne veux pas
d'ouvriers mécontents.
Ce sont des spécialistes.
Formons-en d'abord d'autres
et fusillons-les après.
Pas de clémence !
Le rythme de production
en sera affecté.
Bien, gardez votre rythme.
Epargnez les grévistes,
qu'ils reprennent le travail.
Mais signalez-les pour l'avenir.
C'est de mon ressort,
je m'en occupe.
Etrange, ces meneurs
sont tous bruns. Pas un blond.
Les bruns sont pires que les Juifs.
Exterminons-les.
Pas si vite. Les Juifs d'abord,
les bruns ensuite.
Nous n'aurons de paix
qu'avec une race aryenne pure.
Quelle merveille ! Une nation
de blonds aux yeux bleus.
Une Europe, une Asie,
une Amérique blondes !
- Et un dictateur brun !
- Dictateur du monde !
Pourquoi pas ?
César ou rien.
Le monde est décadent, épuisé.
Aucune nation ne vous résistera.
Dictateur du monde !
Votre destin. Tuons les Juifs,
exterminons les bruns,
il en sortira notre rêve,
une pure race aryenne.
De beaux Aryens blonds.
Ils vous adoreront comme un Dieu !
Ne dites pas ça !
Je me fais peur à moi-même !
Oui, dictateur du monde.
Après l'Osterlich, nous n'aurons
même plus à combattre.
Les nations capituleront !
Dans deux ans,
l'univers vous obéira !
Laissez-moi !
Je veux être seul !
César ou rien !
Empereur du monde !
Mon monde à moi...
Notre heure enchantée.
Travaillez en musique.
La 5ème Danse hongroise de Brahms.
Notre émission s'achève.
A 6h, Adenoid Hynkel s'adressera
aux enfants de la Double Croix.
C'est comme autrefois.
Pourvu que ça dure.
Lisez les journaux.
Il paraît que Hynkel va rendre
leurs droits aux Juifs.
Peut-être.
Que vous faut-il ?
Les affaires reprennent.
On ne nous tracasse plus.
Ce n'est pas rassurant ?
C'est l'ennui avec vous,
Vous avez tant vu de malheur
que sans, vous êtes malheureux.
Mes souliers du dimanche !
Sur le rebord de la fenêtre.
Je n'ai pas le châle.
J'en ai un.
Que se passe-t-il ?
Elles habillent Hannah
pour sortir ce soir.
Elle a un galant.
Le barbier.
Oh, ces mains.
Elles sont calleuses.
Je n'y vais pas.
Sotte, il sait
que tu fais des ménages.
J'emprunte des gants à Mme Morris.
Vois s'il est prêt.
Pas encore, il polit
la tête d'un chauve.
Mauvaise nouvelle !
Il faut retarder l'invasion.
Epstein refuse
de nous prêter l'argent.
Epstein refuse ?
Appelez Schultz.
Epstein refuse !
Qu'a-t-il dit ?
Il s'est plaint des persécutions
et a dit qu'il ne fait pas affaire
avec un fou.
Il aura affaire à ce fou
plus qu'il ne croit.
D'abord, j'aurai affaire aux siens.
Rassemblez la milice.
Nous montons une farce
médiévale dans le ghetto.
Le moment me paraît mal choisi.
Ces incidents
démoralisent tout le pays.
Vraiment ?
Depuis quand
vous souciez-vous du ghetto ?
Je parle dans l'intérêt
du Parti et de l'humanité.
Vous avez besoin de vacances.
D'air frais.
D'exercice au grand air.
Je vous envoie
dans un camp de concentration.
Arrêtez le commandant Schultz.
Ecoutez-moi.
Votre cause est condamnée
parce qu'elle s'appuie
sur la persécution d'innocents.
Pire qu'un crime,
c'est une erreur tragique.
Traître !
Démocrate faux jeton !
Schultz,
pourquoi m'as-tu abandonné !
Les notes pour votre discours.
Je n'en aurai pas besoin.
Je ne m'adresserai pas
aux enfants de la Double Croix,
mais aux enfants d'Israël.
Ce Hynkel n'est pas
un si mauvais type.
Très amusant.
Demandez l'insigne de Hynkel !
Rentrons !
Vite !
Attendez.
Qu'est-ce que c'est ?
Eteignez la radio !
La milice !
Fermez la porte !
Fais monter les femmes
et les enfants. Ferme à clé.
Les hommes, restez ici.
Nous devons résister.
Autant mourir que vivre ainsi !
Un instant !
On a une visite à rendre ici.
Le commandant Schultz interdit
de toucher à cette maison.
Ces Juifs nous ont attaqués.
Je m'en fiche,
on n'entre pas ici.
Tu l'as vu toi-même !
Je n'y peux rien,
ce sont ses ordres.
Allons-nous-en.
Ordres ou pas, j'aurai cette fille !
Dehors !
Schultz arrêté !
Vous entendez ?
Il a arrêté le commandant Schultz.
Un Juif a corrompu
notre commandant !
Schultz est accusé de trahison
et vous savez pourquoi.
C'était un ami du ghetto,
un ami de ce barbier !
On aura le barbier !
Les miliciens vous cherchent !
- Sur le toit !
- Non, je reste.
Je me battrai.
Tu veux être assassiné ?
Sur le toit, vite.
C'est ici.
Enfoncez la porte !
On va lui faire une coupe,
au barbier.
Les grenades !
Adieu, ma boutique.
Nous pouvons recommencer.
L'Osterlich est toujours
un pays libre.
M. Jaeckel dit
que c'est magnifique.
Des champs verdoyants,
des pommiers, des vignes...
Son frère a une vigne en Osterlich.
M. Jaeckel dit qu'il m'emmènera.
Nous irons tous ensemble.
Ce sera merveilleux
de vivre à la campagne.
Bien mieux
que dans une ville enfumée.
En travaillant dur,
nous économiserons
et nous achèterons une ferme.
Les poulets, ça peut rapporter.
Regardez cette étoile.
Comme elle est belle !
Avec tout son pouvoir,
Hynkel ne peut pas toucher à ça.
La voie est libre.
Schultz s'est évadé.
Il se cache dans ma cave.
Il tient une réunion à minuit,
il veut que tu y sois.
Hannah, viens aider Mme Jaeckel
pour le dîner.
Je ne comprends pas.
De la folie, ce dîner à minuit.
Que nous veut-il, ce Schultz ?
Que nous fassions sauter le palais.
Les Juifs ne devraient pas
se mêler de ces choses.
Schultz parle si bien
qu'ils sont hypnotisés.
Je savais
qu'il mijotait quelque chose.
Je l'ai vu mettre une pièce
dans un des gâteaux.
Ne vous en faites pas.
J'ai tout arrangé.
Messieurs, puis-je
avoir votre attention ?
Nous sommes ici
pour délivrer le pays d'un tyran.
Pour cela, l'un de nous doit mourir.
Jadis, la tribu aryenne
des Longobards
faisait des sacrifices humains
au dieu Thor.
La victime était
désignée par le sort.
Ce soir, l'un de vous sera choisi.
Chacun recevra un gâteau.
Dans l'un d'eux
est cachée une pièce.
Celui qui la trouvera périra
pour libérer son peuple.
Il rejoindra la longue liste
des martyrs de l'histoire
et délivrera sa patrie
d'un tyran.
Chacun de nous souhaite
être choisi
et mourir pour la Tomainie.
A mon regret, je ne puis
participer à ce sacrifice.
Pourquoi ?
Il est trop connu.
Ce doit être l'un de nous.
Je ne vois pas de raison.
Si mon honneur est en cause,
la situation est gênante...
Je m'excuse pour mon ami.
En notre nom à tous, je déclare
que c'est un privilège
de mourir pour notre patrie.
J'attendrai dehors
que le libérateur soit désigné.
En attendant, Heil Hynk...
Qu'est-ce que je dis !
Notre honneur est en jeu.
Allons-y.
Messieurs, voici la pièce.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
On s'est moqué de nous.
Oui, moi.
J'ai mis une pièce
dans chaque gâteau.
Faire sauter les palais,
tuer les gens !
On a déjà assez d'ennuis !
Hannah a raison.
Nous étions fous.
Rentrons chez nous
et mêlons-nous de nos affaires.
D'après les journaux,
Schultz se cache dans le ghetto.
Lisez vous-même.
Hannah, lis.
"Le mystère de la disparition
de l'ex-commandant Schultz.
"La police suppose
qu'il se cache dans le ghetto.
"On recherche un barbier juif,
un ami de Schultz,
"pour l'interroger."
Pour vous interroger,
ce n'est pas grave.
Ils ont interrogé Meyerberg,
et on ne l'a jamais revu.
C'est M. Mann.
Vous avez lu les journaux
à propos de Schultz ?
Ce serait grave pour vous
qu'on le trouve ici.
Il y a des mouchards partout.
Qu'a-t-il ?
On le recherche pour l'interroger.
Et le commandant ?
Il est à côté.
Si on trouve Schultz
dans cette maison,
c'est le camp de concentration
pour tous,
et en plus, on nous coupera la tête.
Est-ce que je discute ?
Mettez-le dehors.
Ne le chassez pas !
Bien sûr que non.
Mais j'aimerais savoir
combien de temps il va rester.
Le petit déjeuner est servi.
Merci, le mien m'attend chez moi.
Fouillez les maisons
de l'autre côté.
Quoi encore ?
Ils cherchent Schultz.
Il se cache par ici.
Ils cherchent toujours quelqu'un.
C'est moi, ouvrez !
Ils viennent ! Les miliciens
fouillent toutes les maisons !
Préviens le commandant.
Vous lui avez dit ?
Les miliciens vont fouiller.
Montez sur le toit, tous les deux.
On ne peut pas laisser tout ça.
Oui, faites mes valises.
Prends celle-ci.
Vide l'étagère.
Qu'on ne trouve pas ça ici.
Ils sont là. Montez sur le toit.
Qu'ils n'oublient rien.
- Mes clubs de golf.
- Le carton à chapeau !
Je vais avec lui.
Plus ***.
Sur le toit, ce soir.
Regarde où tu es !
Je n'y vois pas, un instant.
Tu as lâché mon sac !
Non, il est là.
Ne lâche pas l'autre !
Pas mes clubs de golf !
Reviens, on va te voir !
Attention !
Tu as eu de la chance.
Excusez-moi.
Pardon, je vous dérange encore.
Le voilà !
Bonjour, comment allez-vous ?
Comme ça...
Commandant, votre ami.
Ton silence sera apprécié.
SCHULTZ CAPTURE
SUR UN TOIT DU GHETTO
CAMP DE DETENTION
POUR SCHULTZ
Où vas-tu ?
Au fumoir.
Par là !
L'Osterlich !
L'Osterlich est un beau pays,
Vous l'aimerez,
Nous attendons avec impatience
votre libération
pour que nous soyons
à nouveau tous réunis,
J'ai le plaisir
de vous annoncer qu'enfin
nous pouvons marcher
sur l'Osterlich.
Ceci grâce au génie
du maréchal Herring,
à qui je vais épingler
un signe de ma reconnaissance.
Tournez-vous.
Au maréchal Herring !
A l'invasion de l'Osterlich !
Eléphant !
Napaloni a mobilisé
sur le front d'Osterlich !
60 000 hommes à la frontière.
Il va occuper l'Osterlich !
Je ne peux pas le croire !
Vous ne pouvez pas !
Il nous vole l'invasion !
Tout était en place...
Déclarons la guerre à Napaloni.
Tête de lard !
Mobilisez toutes nos divisions.
Attaquons la Bactérie !
- C'est notre perte !
- Obéissez !
Signez ceci.
Je signe ! Quoi ?
Une déclaration de guerre.
Je signe ! Une plume.
Je signe !
C'est Napaloni.
Parlez-lui.
Qu'est-ce que je dis ?
Soyez aimable, charmant.
Comment allez-vous ?
Non, il joue peu en ce moment.
Vous avez fait 92 ?
Parler à Son Excellence ?
Il est un peu enroué.
Il ne peut pas parler.
Puis-je prendre un message ?
Vous êtes au courant
de ses mouvements de troupes,
il veut vous en parler.
Qu'il vienne ici !
Son Excellence serait ravie
de vous inviter en Tomainie.
Je m'occupe de tout.
Il vient.
Il verra le plus grand défilé
militaire de tous les temps !
Convaincu de ma force,
il me laissera l'Osterlich !
Et ça ?
Votre déclaration de guerre.
La paix est déclarée !
2 975 000 citoyens impatients
sont massés devant la gare
et attendent Benzino Napaloni.
Voici notre Chef bien-aimé
qui vient l'accueillir.
Cette rencontre historique cimente
la vieille amitié de notre Chef
et du dictateur de Bactérie.
Il salue l'ambassadeur de Bactérie.
Occupez-vous de la photo.
Que la presse veille à bien
photographier notre Chef,
de face, pas de dos.
Le train privé de Napaloni
entre en gare.
Du wagon rose et blanc,
Napaloni et sa femme
passeront sur le tapis rouge
où Hynkel
leur souhaitera la bienvenue.
C'est quoi, ce cafouillage ?
Ils sont allés trop loin.
Apportez le tapis !
Papa, on ne descend pas ?
Pas de tapis.
Qu'est-ce que ça fait ?
Moi, Napaloni,
je ne descends jamais sans tapis !
Il repart en arrière !
Descendons, il est arrêté.
Boucle-la !
Enlevez-le !
Restons ici
jusqu'à ce qu'ils se décident.
Vous avez le tapis, déroulez-le.
Mon ami !
Quel plaisir !
Bienvenue en Tomainie.
Les photos, Excellences.
Encore une.
Quel plaisir d'être ici,
mon ami.
Encore une photo ?
Mon ambassadeur ?
Vous voilà, Spook.
Occupez-vous de Mamma.
Hynkie, tu connais ma femme ?
C'est elle. Allons-y.
La Tomainie... très joli.
L'horloge retarde de 2 mn.
Des gens très gentils.
Je dis, les gens sont très gentils.
Merci.
C'est mon mari !
Il n'envahira pas l'Osterlich !
Ce pays m'appartient !
Nous ne discuterons pas
de l'Osterlich.
La rencontre a pour seul but
de l'impressionner,
de lui faire sentir
votre supériorité.
Napaloni
est agressif et dominateur.
Commençons
par le remettre à sa place.
Mais comment ?
Psychologie appliquée.
En lui faisant sentir
son infériorité.
Il y a des moyens subtils.
A cette rencontre,
il devra toujours
lever les yeux vers vous,
Vous le regarderez de haut.
Il sera toujours
en position inférieure.
Il sera assis à côté de votre buste
qui le regardera sans cesse.
Où est-il ?
Il se repose.
Je le ferai entrer
par l'autre bout de la pièce.
Autre triomphe psychologique.
Il devra
faire le chemin jusqu'à vous.
Sr Napaloni quitte sa chambre.
Il arrive. Vite ! Une fleur.
Toujours au-dessus et en premier,
que ce soit pour entrer
ou pour sortir.
Salut, Hynkie !
Comment va ?
Mon frère dictateur.
Tu es un brave petit, Hynkie.
Je suis content de te revoir.
Et mon ami Garbitsch !
Quel joli endroit !
Je viens de prendre
une bonne *** froide.
Quand elle sera réparée,
elle sera au poil.
Asseyez-vous donc.
Mon ami Hynkie, le dictateur...
Faut croire que je grandis.
On m'a donné une chaise de bébé !
Pas pour moi !
Je suis mieux ici.
C'est un très joli pays,
les gens sont très gentils.
Ils vous ont accueilli
avec enthousiasme.
Bien sûr !
Ils aiment les nouvelles têtes.
Je déplore l'incident
survenu à Mme Napaloni.
Je déplore le Napaloni
survenu à l'incident...
Mme Napaloni, à la gare.
Elle a pas l'habitude
de la vie publique.
Allumette !
Ne t'excuse pas.
J'ai trouvé !
J'adore ce palais.
Ivoire et or,
quelle jolie combinaison.
Pas comme ce tape à l'œil.
Dis donc, Garbitsch,
quel est le programme ?
Un grand bal, ce soir.
Et cet après-midi,
un défilé de l'armée.
Y en a pas pour longtemps !
Je crains que si.
Vous avez une grande armée ?
Modestement...
Oui, j'ai entendu dire ça.
Alors, je vais me faire raser.
Dans le palais.
Hynkie, tu as des ombres.
On se fait raser ensemble ?
Avec plaisir.
Le salon de coiffure !
Je le sens.
Joli, très joli.
La bibliothèque de l'Empereur.
Très adapté !
Je préfère le moderne !
Quand on me rase,
j'aime regarder quelque chose.
Je vais mettre du verre partout.
En tournant la tête,
je verrai les montagnes.
Et par ici, je verrai
à travers le plafond.
- On voit quoi ?
- La salle de bal.
Dans mon palais d'été,
j'ai un salon de coiffure.
Aussi avec des murs de verre.
Pas possible !
Et des poissons rouges
dans les murs.
Des poissons dans les murs ?
Qui les nourrit ?
Personne. Ils sont morts.
Alors je fais un nouveau salon.
Au stade Hynkel,
devant 500 000 spectateurs,
le plus grand défilé militaire
de l'histoire du monde.
Notre Chef bien-aimé
et Napaloni assistent
à cet événement historique.
Rien, je mâche.
Des cacahuètes ?
J'en ai déjà pris.
L'artillerie lourde de Tomainie.
Pas mal.
Je veux te montrer
mes bombardiers, ils arrivent.
D'où ça ?
C'est à 700 km !
J'ai appelé il y a 1/2 heure,
ils sont en retard.
L'artillerie légère de Tomainie.
Très légère.
Et enfin les tanks,
orgueil de notre armée.
Le dernier cri
de l'armement moderne.
Où sont les hélices ?
- Pour aller sous l'eau !
- Des tanks, sous l'eau ?
T'as jamais entendu parler
des tanks aéromarins ?
Ils vont sous l'eau
et volent en l'air.
C'est dépassé. Nous travaillons
sur les cuirassés volants.
Mes avions !
Et voici la 34ème
division aérienne de Hynkel.
Nos avions !
C'est vrai, les tiens.
Garbitsch !
L'invasion de l'Osterlich !
C'est simple. Nos troupes
seront cachées à la frontière.
Pour écarter les soupçons,
vous irez à la chasse.
Au moment voulu, vous apparaîtrez,
vous retrouverez l'armée
et passerez la frontière.
Herring et moi vous attendrons
dans la capitale.
D'abord, Napaloni
doit retirer ses troupes.
Nous verrons ce soir.
Où est-il ?
Je le cherche.
En attendant, vous devriez
danser avec Mme Napaloni.
Un argument de poids.
Le poids sera sur moi !
Trouvez-le et prévenez-moi !
Pourquoi si triste ?
Parce que je parle pas.
Accordez-moi cette danse.
Vous dansez admirablement !
A ravir !
Très bien !
Bien !
Cher Adenoid !
Je te cherchais.
Prenons un sandwich
et allons causer
dans un endroit tranquille.
Excellente idée ! Le buffet.
Un vieux proverbe tomainien.
Très drôle.
J'aimerais comprendre.
Cette histoire de frontière.
Pas de problème.
Ce sera rien du tout.
Vous aussi, dehors !
Dehors.
Comme je disais, la frontière.
Affaire de détail,
simple formalité...
Des fraises.
De la moutarde anglaise ?
Le truc fort ?
De la crème.
Hynkie, de mon point de vue,
c'est très simple.
Voilà. Tu t'engages
à ne pas envahir l'Osterlich,
je m'engage à ne pas l'envahir.
On signe le traité,
et je retire mes troupes.
Vos troupes partent, et je signe.
C'est ça.
Attends, tu ne comprends pas.
D'abord on signe,
puis je retire les troupes !
Oui, je signe
quand vos troupes se retirent.
Spook, le traité.
Tiens ça !
Regarde.
Tu signes le traité d'abord,
je retire mes troupes après !
Où est le problème ?
Tu veux que je commence !
Je ne signe pas
quand vos troupes y sont !
Je ne les retire pas
avant que tu signes !
Pourquoi pas ?
L'Osterlich est un pays libre.
Vos soldats à la frontière...
Ils y resteront
jusqu'à ce que tu signes.
Ou que je les chasse !
Nous n'avançons pas !
Comme dit le proverbe latin...
Des fraises !
Et mon sandwich ?
Donnez-m'en un autre.
On me traite pas
comme un invité, ici.
Si nous discutions
calmement de tout cela.
Je suis calme !
Qu'il signe,
et je retire mes troupes.
Que penserait mon peuple
si je signais
avec vos soldats
à la frontière d'Osterlich ?
Signez,
ou pas un soldat ne part !
Pas avant que la frontière
ne soit dégagée.
Alors ils restent !
Je les chasserai !
Un geste, et mon artillerie
vous réduira en bouillie !
Mes avions bombarderont
votre artillerie, comme ça !
Tu veux une guerre mondiale,
tu l'auras !
Vous et le monde,
je vous jette à la mer !
Des fraises !
Excellence, un important...
J'ai mes canons dans la passe,
s'il commence, il y passe.
Excellence, qu'avez-vous ?
Je ne vous reconnais pas.
Quoi ? Garbitsch, viens voir.
Qu'est-ce qu'il a, Hynkie ?
De la moutarde sur ses fraises.
Pas étonnant, de Hynkie.
La Bactérie...
La Tomainie...
On ne traite pas ainsi
la Bactérie !
La Bactérie, voilà ce que j'en fais.
Regardez !
Une insulte à mon peuple !
Il déchire des spaghetti !
Qu'il signe le traité,
ou c'est la guerre !
Mais j'ai rendez-vous.
La presse internationale.
Alors, la conférence ?
Tout va très bien.
Comment êtes-vous entré ?
Que fait cet homme ici ?
Que personne n'entre
dans le palais ce soir.
Il reste quelques
points de détail à régler...
Pardon, nous avons du travail.
La presse ! Le monde saura
que vous vous battez !
L'accord est-il impossible ?
Qu'il signe !
Rien du tout !
Je dois vous parler seul à seul.
Signez !
Lui donner l'avantage ?
Un chiffon de papier !
Il retirera ses troupes,
et nous envahirons aussitôt.
Je signe.
Mon petit Hynkie !
Mon frère dictateur !
Je savais que tout irait bien !
Deux prisonniers évadés
en uniformes d'officiers.
Déclenchez l'alerte !
Les avions nous cherchent.
Vers les bois !
Non, la frontière est par là.
L'invasion d'Osterlich...
maintenant ou jamais.
Les canards !
Tu as entendu ?
C'est venu de là !
Un chanteur !
Où tu as dégoté ce costume ?
Pas de réplique !
Où est Schultz ?
Tu refuses de parler ?
Au camp, il parlera !
Le village de Pretzelberg.
Si nous passons,
nous serons en Osterlich !
Par les bois ?
Ils grouillent de soldats.
Nous serions suspects.
Il faut jouer le jeu.
Soutenir les regards.
Les bluffer.
Tu es un milicien.
Les voilà !
Tu vois ce qu'ils font ?
- Ils nous regardent.
- Ignore-les. Avance !
Ils nous suivent.
On court ?
Jamais de la vie !
Rien qu'un peu ?
Marche !
On pourrait accélérer...
Décidez-vous.
Peut-être ralentir...
- Avance !
- On n'est pas pressés !
Il est là !
Sonnez le rassemblement !
Demi-tour ?
Non, avance !
Excellence, tout se déroule
selon le plan.
Je suis en liaison avec
le maréchal Herring, en Osterlich.
Nous tenons la route.
Derrière nous, 200 tanks
et 500 mitrailleuses.
Prêts à démarrer ?
Schultz, heureux
de vous revoir parmi nous.
Où allons-nous ?
Tu envahis l'Osterlich.
RAFLES SUR LES GHETTOS
LES BIENS JUIFS CONFISQUES
Ils arrivent !
L'OSTERLICH
ATTEND SON CONQUERANT
Le monde attend vos paroles !
Il a un air étrange.
Et Schultz, que fait-il ici ?
Gracié, je suppose.
Son Excellence, M. Garbitsch,
ministre de l'Intérieur,
ministre de la Propagande.
La victoire aux valeureux !
Aujourd'hui démocratie,
liberté et égalité
sont des mots
qui abusent le peuple.
Nulle nation ne peut
progresser avec eux.
Ils entravent l'action.
Donc nous les abolissons.
Désormais, chacun servira
les intérêts de l'Etat.
Gare à ceux qui refuseront.
Les Juifs et non-Aryens
perdront leurs droits civiques.
Ce sont des êtres inférieurs,
des ennemis de l'Etat.
C'est le devoir de tout Aryen
de les haïr et de les mépriser.
Cette nation est annexée
à l'Empire de Tomainie
et son peuple obéira
aux lois de son grand chef,
le dictateur de Tomainie,
le conquérant d'Osterlich !
Le futur empereur du monde !
Vous devez parler !
Je ne peux pas.
C'est notre seul espoir !
Espoir...
Je regrette,
mais je ne veux pas être empereur.
Ce n'est pas mon affaire.
Je ne veux ni régner, ni conquérir.
J'aimerais aider tout le monde,
Juifs, chrétiens, Noirs, Blancs.
Tous, nous désirons nous entraider.
Vivre du bonheur des autres,
pas de leur malheur.
Nous ne voulons ni haïr,
ni mépriser.
Il y a place pour chacun.
La terre est riche
et peut nourrir tout le monde.
La vie peut être libre et belle,
mais nous avons perdu ce chemin.
La cupidité a empoisonné les âmes,
élevé des barrières de haine,
nous a plongés dans le malheur,
le bain de sang.
Nous maîtrisons la vitesse,
mais nous nous enfermons.
La mécanisation
nous laisse dans le besoin.
Notre science nous a rendus
cyniques et brutaux.
Nous pensons trop,
nous sentons trop peu.
Plus que de machines,
nous manquons d'humanité.
Plus que d'habileté, de bonté.
Sans ces qualités,
la violence dominera la vie.
L'avion et la radio
nous ont rapprochés.
La nature de ces inventions
appelle la bonté,
la fraternité universelle.
En cet instant, ma voix
atteint des millions d'hommes,
de femmes,
d'enfants qui désespèrent,
victimes d'un système
qui contraint à torturer
et à emprisonner des innocents.
A ceux qui m'entendent, je dis :
ne désespérez pas.
Notre malheur actuel
est né de la cupidité,
de l'amertume de ceux
qui redoutent le progrès.
La haine passera,
les dictateurs mourront,
et le pouvoir pris au peuple
reviendra au peuple.
Tant que des hommes mourront,
la liberté ne périra pas.
Soldats !
N'obéissez pas à des brutes
qui vous méprisent
et vous oppriment,
qui vous dictent vos actes
et vos pensées !
Qui font de vous du bétail,
de la chair à canon.
Ne cédez pas à ces êtres dénaturés
aux cerveaux et aux cœurs
de machines !
Vous n'êtes ni des machines,
ni du bétail, mais des hommes,
Vous portez l'amour
dans vos cœurs !
Vous n'avez pas de haine !
Seuls haïssent les dénaturés !
Ne luttez pas pour l'esclavage,
combattez pour la liberté !
St Luc écrit : "Le royaume de Dieu
est en l'homme."
Non pas un, ou un groupe,
en tous les hommes ! En vous !
C'est vous, le peuple,
qui avez le pouvoir
de créer les machines,
de créer le bonheur !
Vous avez le pouvoir de rendre
cette vie libre et belle,
d'en faire
une merveilleuse aventure.
Au nom de la démocratie,
usons de ce pouvoir,
unissons-nous ! Combattons
pour un monde nouveau,
qui donnera à tous un travail,
un avenir aux jeunes,
une sécurité aux vieux.
En promettant cela,
des brutes ont pris le pouvoir.
Ils mentaient ! Ils n'ont pas
tenu leurs promesses.
Les dictateurs se libèrent,
mais asservissent le peuple.
Luttons pour accomplir
ces promesses !
Pour libérer le monde,
abolir les barrières nationales,
abolir la cupidité,
la haine et l'intolérance.
Luttons pour un monde de raison
où la science et le progrès
mèneront au bonheur de tous !
Soldats ! Au nom de la démocratie,
unissons-nous !
Hannah...
m'entends-tu ?
Où que tu sois, lève les yeux !
Les nuages se dissipent !
Le soleil perce !
Nous sortons de l'obscurité
dans la lumière !
Nous entrons
dans un monde nouveau,
un monde meilleur,
où les hommes s'élèveront
au-dessus de leur haine,
de leur brutalité.
Lève les yeux !
L'âme de l'homme a des ailes
et il apprend enfin à s'élever.
Il vole vers l'arc-en-ciel,
vers l'espoir, vers l'avenir,
l'avenir glorieux
qui appartient à toi,
à moi, à nous tous !
Lève les yeux, Hannah !
Tu as entendu ?
Ecoutez...