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Y a-t-il une idée originale
sous mon crâne dégarni ?
Peut-être que plus heureux,
je perdrais moins de cheveux.
La vie est courte.
Il faut que j'en profite.
Aujourd'hui, c'est le premier jour
du reste de ma vie.
Je suis un cliché ambulant.
Il faut qu'un médecin
examine ma jambe.
Ça ne va pas. Une bosse.
Le dentiste a rappelé.
Il faut que j'y aille.
Si j'arrêtais de tout repousser,
ça irait mieux.
Je ne fais rien. Si j'étais pas si gros,
je serais plus heureux.
Je n'aurais pas à être tout le temps
en pan de chemise.
Personne n'est dupe.
Gros tas. Je devrais me remettre
à courir. 8 km par jour.
M'y mettre vraiment.
Pourquoi pas l'escalade ?
Il faut que je change de vie.
Que dois-je faire ?
Il faut que je tombe amoureux.
Il me faut une copine.
Je dois lire plus, m'améliorer.
Et si j'apprenais le russe ?
Ou à jouer d'un instrument ?
Pourquoi pas le chinois ?
Un scénariste qui parle chinois
et qui joue du hautbois...
ce serait cool.
Je devrais couper mes cheveux.
Arrêter de duper les autres
et moi-même sur ma calvitie.
N'est-ce pas pitoyable ?
Être vrai. Sûr de soi.
N'est-ce pas
ce qui séduit les femmes ?
Les hommes n'ont pas
à être séduisants.
Ce n'est pas vrai,
surtout de nos jours.
L'homme est autant sous pression
que la femme.
Pourquoi me sentirais-je obligé
de m'excuser de vivre ?
C'est peut-être mon cerveau.
Voilà ce qui cloche : mon cerveau.
Mes problèmes se réduisent
à un déséquilibre chimique...
ou à des synapses défectueuses.
J'ai besoin d'aide.
Mais je serai toujours laid.
Rien n'y changera.
Taisez-vous !
Plateau de "Being John Malkovich"
Été 1998
Essayons de régler nos problèmes
de caméra aujourd'hui.
John Malkovich
Acteur
Réduisons le temps entre les prises.
Ces masques tiennent très chaud.
Je veux que ce soit clair pour tous.
Ne restez pas là
sauf si la scène l'exige, d'accord ?
Ce n'est pas pour moi,
mais pour les gens qui sont...
- Merci, John.
- ... sous le latex.
- J'aime ma robe.
- Très bien.
Les gars, faites comme il a dit.
Thomas Smith
Premier assistant réalisateur
Tout le monde en place !
Lance Acord
Chef opérateur
Faites-la tourner un peu plus
autour de la table.
Charlie Kaufman
Scénariste
Continue tant qu'il faut.
Tu es dans l'axe.
Tu veux bien quitter la scène ?
Vérifions la distance focale.
Que fais-je ici ?
Pourquoi suis-je venu ?
Personne ne me connaît.
Je suis sur cette planète depuis
40 ans et je ne comprends rien à rien.
Pourquoi suis-je ici ?
Comment suis-je arrivé là ?
Hollywood, Californie
Quarante milliards et quarante ans
auparavant
J'ai mal à la jambe.
C'est peut-être le cancer.
Il y a une bosse.
Je commence à suer. Arrête.
Il faut que j'arrête de suer.
Voit-elle les gouttes sur mon front ?
Elle a regardé mes cheveux.
Elle me croit chauve.
On vous trouve génial.
Merci, ça fait plaisir.
On a tous adoré le scénario
de Malkovich.
- Merci.
- Ce style est si unique.
J'aimerais entrer dans votre cerveau.
Ce n'est pas drôle, croyez-moi.
Que pensez-vous
de notre petit projet délirant ?
Je trouve le livre formidable.
- Laroche est désopilant.
- C'est vrai.
Orlean rend les orchidées
passionnantes.
Sans compter ses rêveries
sur la Floride, le trafic d'orchidées...
les Indiens...
C'est le style New Yorker. Génial.
Je voudrais y rester fidèle.
Je préfère laisser le film exister
plutôt que de créer...
- une intrigue artificielle.
- Génial !
Je ne suis pas sûre de savoir
ce que ça veut dire.
Moi non plus,
je ne suis pas sûr de savoir.
Je ne voudrais pas faire
une production hollywoodienne...
genre un film sur un vol d'orchidées...
ou remplacer les orchidées
par des coquelicots...
et en faire un film sur la drogue.
- Oui.
- Ne peut-on faire un film...
sur les fleurs, tout simplement ?
Je croyais qu'on avait dit que...
Susan Orlean et Laroche
pourraient tomber amoureux et...
D'accord, mais je refuse
que ce soit bourré de sexe...
d'armes, de poursuites en voiture...
ou de personnages, vous voyez...
qui apprennent de grandes leçons
de la vie...
ou qui mûrissent
ou qui finissent par s'aimer...
ou qui surmontent des obstacles
pour triompher à la fin.
Le livre n'est pas comme ça.
La vie n'est pas comme ça.
Un point c'est tout.
Et tout ça me tient vraiment à cœur.
New Yorker Magazine
Trois ans auparavant
John Laroche est grand
et maigre comme un clou.
Il a les yeux clairs
et les épaules tombantes.
Il est très mignon, même s'il lui
manque toutes les dents de devant.
Il y a deux ans, je suis allée
en Floride pour The New Yorker.
C'était après avoir lu un article
sur un Blanc et trois Séminoles...
arrêtés pour avoir volé
des orchidées rares...
à la Réserve d'État de Fakahatchee.
State road 29, Floride
Deux ans auparavant
Comme la sélection naturelle œuvre...
uniquement
pour le bien de chaque être...
... toutes les facultés physiques et
mentales tendront vers la perfection.
Il est intéressant d'observer
une rive où s'entremêlent...
Polyrrhiza lindenii.
Une orchidée-fantôme.
Scie-la, Russell.
RÉSERVE D'ÉTAT DE FAKAHATCHEE
Je peux vous demander ce que
vous avez dans ces taies ?
Oui, monsieur, c'est votre droit.
- Alors je vous le demande.
- Comme vous voulez.
Voyons voir.
Nous avons cinq espèces
de broméliacées...
une pépéromia,
neuf variétés d'orchidées.
Soit environ 130 plantes en tout.
Mes collègues les ont prises
dans les marécages.
Il est illégal de prendre plantes
ou animaux des réserves d'État.
N'oubliez pas...
que toutes ces plantes, sans exception,
sont menacées.
Justement, c'est une réserve d'État.
Oui, monsieur, c'en est une.
- Mais...
- Tous mes collègues sont séminoles.
Je vous l'ai dit ?
Vous connaissez l'affaire...
État de Floride
contre James E. Billie ?
Vous savez que même si le Chef Billie
a tué un puma de Floride...
alors qu'il en reste quoi, quarante...
- Quarante.
- Quarante.
L'État n'a pu engager de poursuites...
parce que c'est un Indien
et c'est son droit.
Même si nous, les écologistes blancs,
désapprouvons ces actions.
- Mais...
- Sans parler des vaines tentatives...
de poursuite contre des Séminoles
pour braconnage de feuilles de palmiers.
Ils font le toit de leurs huttes,
leurs chickees, avec ces feuilles.
C'est bien ça, hein ?
Des chickees ?
Oui, c'est ça. On s'en sert
pour faire les chickees.
Oui, mais je...
Je ne peux pas vous laisser partir.
- Attendez ici un instant.
- D'accord.
Charles, c'est toi ?
Tu as mangé ?
J'ai mangé le cocktail de crevettes.
C'était le tien ?
Je ne me souvenais plus,
alors je l'ai mangé.
On devrait peut-être écrire nos noms
sur notre nourriture.
- Qu'est-ce que tu as ?
- C'est mon dos.
Tu vas être content.
J'ai un plan pour partir de chez toi.
- Un plan, c'est un boulot. C'est ça ?
- Roulement de tambour !
Je vais être scénariste,
comme toi.
Ce n'est pas juste une combine
pour vite gagner de l'argent.
Cette fois, je vais m'investir.
Je vais participer à un séminaire
de trois jours. C'est 500 $.
C'est des conneries, ces séminaires.
C'est vrai, en théorie.
Celui-là est différent.
Il est très estimé par l'industrie.
Donald, ne dis pas "l'industrie".
Désolé, j'ai oublié.
Charles, ce type sait écrire
des scénarios.
On vient de partout
pour suivre ses cours.
- Je te rembourserai...
- Je vais t'expliquer.
Quiconque prétend avoir "la" réponse
attire les désespérés...
- que ce soit dans le domaine religieux...
- Il faut que je m'allonge.
Excuse-moi, je suis désolé.
C'est bon, continue.
- Donc...
- Désolé, vas-y.
Il n'y a pas de règles.
Celui qui prétend qu'il y en a,
n'est qu'un...
Pas des règles. Des principes.
McKee a écrit qu'une règle, c'est :
"Ça doit être fait ainsi."
Un principe, c'est : "Ça marche depuis
aussi longtemps qu'on s'en souvienne."
Je commence un scénario
sur les fleurs.
Il n'y a pas de film sur les fleurs.
- Je n'ai pas d'exemple.
- Et Flowers for Algernon ?
Ça ne parle pas de fleurs.
Et ce n'est pas un film.
Désolé, je l'ai jamais vu.
Vas-y, continue.
Ces enseignants sont dangereux...
si ton but est d'innover.
C'est le but de tout écrivain.
Écrire, c'est voyager dans l'inconnu.
Ce n'est pas comme construire
une de tes maquettes d'avion.
McKee a reçu la bourse
Fulbright, Charles.
Tu as reçu la bourse Fulbright ?
Dis un truc. Je la traîne ici
et j'en décoince pas une.
Fais-la rire.
Dis un truc drôle.
Je dé*** les soirées.
Pourquoi on est venus ?
Parce qu'on est branchés
et qu'on crée les tendances.
Je dirais plutôt des vieux ratés
assis par terre.
Bon sang, Charlie, parle pour toi !
Bon...
Charlie, on va s'occuper de toi.
On va régler le problème de Charlie
Kaufman une bonne fois pour toutes.
De quoi as-tu besoin ?
Quoi, quoi, quoi ?
C'est bien que tu fasses
les orchidées.
Ça va te faire du bien,
te changer les idées.
Ça va te ramener sur terre de penser
au grand écran, à la nature, etc.
J'en reviens pas
qu'ils m'aient confié ce boulot.
Après ce déjeuner...
Je transpirais comme un porc.
Je disais n'importe quoi.
Je faisais pitié à voir.
Tu étais tendu
parce qu'elle était jolie.
Comment sais-tu qu'elle était jolie ?
On se connaît depuis huit mois.
Je sais ce qui te fait transpirer.
Peu importe.
Où en étions-nous ?
Il te faut une nouvelle tenue.
Cette chemise en flanelle...
ne te met plus vraiment en valeur.
Merci d'être venue avec moi
ce soir, Amelia.
Commencer.
Commencer.
Comment commencer ?
J'ai faim.
Je devrais me faire un café.
Ça m'aiderait à réfléchir.
Je dois d'abord commencer.
Le café sera ma récompense.
Un café et un muffin.
Bon, je dois définir les thèmes.
Peut-être banane-fruits secs.
J'aime bien ce muffin-là.
On peut mourir
en chassant les orchidées.
Rivière Orinoco, Venezuela
Cent ans auparavant
Le chasseur d'orchidées
William Arnold...
s'est noyé pendant une expédition.
Osmers a disparu
sans laisser de traces en Asie.
Xishuangbanna, Chine
Margary a survécu aux rhumatismes,
à la pleurésie et à la dysenterie...
mais il a été tué
en achevant sa mission...
au-delà de Bhamo.
Laroche aimait les orchidées,
mais je...
je crois qu'il aimait les difficultés
et les morts liées à leur quête...
presque autant
que les orchidées elles-mêmes.
J'exerce le métier d'horticulteur
depuis 12 ans.
Miami, Floride
Six mois plus ***
J'avais mes plantations,
mais l'ouragan a tout détruit.
Je suis conférencier en botanique.
J'ai fait plus de 60 conférences
sur la culture des plantes.
J'ai écrit des livres
et des articles de magazine.
Je suis un spécialiste
des orchidées...
et de la micropropagation asexuée
des orchidées en cultures aseptiques.
C'est du travail de laboratoire,
rien à voir avec vos jardineries.
Je suis le type le plus intelligent
que je connaisse.
- Merci.
- C'est tout naturel.
M. Laroche ?
Je suis Susan Orlean.
J'écris pour The New Yorker.
C'est un magazine...
Je connais bien The New Yorker.
"The New Yorker ?
Oui, The New Yorker." C'est ça ?
Tout à fait.
J'aimerais écrire un papier
sur votre situation...
Vous voulez en parler ?
Je me fous de ce qui se passe ici.
Je suis dans mon droit.
J'irai jusqu'à la Cour suprême.
Ce juge peut aller se faire voir.
- Vous en parleriez vraiment ?
- Certainement.
On commence sur State Road 29.
Un van blanc cabossé,
lancé à vive allure, tourne...
pour entrer dans la réserve
d'État de Fakahatchee.
Le conducteur est un homme maigre
sans incisives.
Il s'appelle John Laroche.
Je dois faire une pause.
- J'ai adoré le concerto de Sibelius.
- Moi aussi, c'était génial.
- La fin était un peu étrange...
- Non ! C'était plein de passion.
On était transportés.
Le soliste était excellent.
D'une justesse et d'une précision...
Je n'en reviens toujours pas.
- J'aimerais jouer comme ça.
- C'est le cas.
Charlie, c'est faux.
Au mieux, je suis médiocre.
J'aime t'écouter jouer.
Merci, Charlie.
Nous y sommes.
Tu fais quoi, maintenant ?
Je devrais aller me coucher.
Beaucoup de travail m'attend demain.
Bonne nuit, alors.
J'aimerais ne pas rentrer.
Mais ce scénario me donne
du fil à retordre.
Il faut que je voie plus grand.
Je décris simplement la vie de Laroche.
Ce n'est pas assez.
Je veux écrire sur les fleurs.
Bref, je n'y arrive pas
et je dors plutôt mal en ce moment.
Je devrais rentrer...
et essayer de bien dormir.
Je serai d'attaque demain.
Autrement, je ne serais pas rentré.
Je comprends. J'espère que tu vas
y arriver, Charlie, sincèrement.
Merci, c'est sympa
de m'avoir accompagné.
Je me suis bien amusée.
Il y a une exposition d'orchidées
à Santa Barbara le week-end prochain.
Tu peux venir, si tu veux.
Non, je...
Je ne pense pas pouvoir me libérer.
Vraiment pas.
J'ai quelque chose de prévu, désolée.
C'est pas grave.
Bonne nuit, alors.
J'aurais dû entrer.
Quel lâche !
Quel abruti ! J'aurais dû l'embrasser.
J'ai foiré.
Je devrais la rattraper
et l'embrasser.
Ce serait romantique.
On pourrait le raconter à nos enfants.
C'est ce que je vais faire
tout de suite.
Floride
Trois ans auparavant
- Merci d'être venu me prendre.
- Ce van est pourri.
Quand je toucherai le jackpot,
à moi la super caisse !
Vous avez quoi comme voiture ?
C'est une voiture de location.
- C'est une Lumina.
- Génial.
Je crois que c'est ça que je prendrai.
C'est parti.
Où est-ce qu'ils ont appris
à conduire ?
Le monde est fou.
J'ai été très impressionnée...
par ce que vous avez fait
en horticulture.
Ce que vous devez savoir...
c'est que je cherche une foutue plante
qui rapporte.
La fantôme.
L'orchidée-fantôme ?
Bordel
Drôle d'odeur
Cette salope se fait rare.
Je suis le seul au monde
à savoir la cultiver.
L'idée, c'était que les Indiens
aillent la chercher.
Tant que je n'y touche pas,
la Floride ne peut pas me poursuivre.
Il n'y aura plus de cueillette sauvage
car on les trouvera en magasins.
Je suis un héros,
les fleurs sont sauvées.
Laroche et la nature
remportent la mise !
Folies des grandeurs
Génial.
Vous avez noté cette partie ?
Oui, pas de problème.
Il n'y a pas de fleur plus sexy
qu'une orchidée.
Ce nom vient du latin orchis,
qui signifie testicule.
Hé, Charles.
J'ai raconté mon scénar à maman.
Ne dis pas "scénar".
Elle a dit que c'était
un croisement entre...
Silence of the Lambs et Psycho.
Vous devriez vous associer.
Elle est très bonne pour la structure.
Pourquoi Amelia ne vient plus ?
T'as essayé de passer à l'action,
c'est ça ?
Jardinerie séminole
Je cherche John Laroche.
J'écris un article sur John.
- J'espérais le voir.
- Il n'est pas là.
Vous étiez dans les marécages
avec lui ?
Je vous ai vu au tribunal.
Je m'appelle Matthew Osceola.
Susan Orlean. Enchantée.
Je pourrais peut-être vous parler ?
J'aimerais essayer de comprendre...
Vous avez de très beaux cheveux.
Merci beaucoup.
Merci. Je les ai...
Je les ai lavés ce matin.
J'ai utilisé un nouveau démêlant.
Je vois que vous êtes triste.
C'est touchant.
Je suis fatiguée, c'est tout.
Voilà mon problème.
Nous pourrions parler...
- je recueillerais des informations...
- Je n'en ai pas envie.
Rien de personnel.
Les Indiens sont comme ça.
Angraecum sesquipedale.
Quelle merveille !
Darwin l'a décrite.
Charles Darwin ?
Le type de l'évolution ? Allô ?
Vous voyez ce long nectaire ?
Darwin a émis l'hypothèse
qu'un papillon...
doté d'une trompe de 30 cm
la fécondait.
Tout le monde l'a pris pour un fou.
Puis, ils ont découvert ce papillon
qui a une spiritrompe de 30 cm.
- La spiritrompe, c'est la langue.
- Oui, je sais.
Ne nous éloignons pas du sujet.
On n'est pas là pour s'engueuler.
Ce qui est merveilleux...
c'est que chacune de ces fleurs
a une relation spécifique...
avec l'insecte qui la féconde.
Une orchidée ressemble à un insecte.
L'insecte est attiré
par cette fleur...
son double, son âme sœur...
et tout ce qu'il veut,
c'est lui faire l'amour.
Puis l'insecte s'envole...
repère une autre fleur,
lui fait l'amour et la féconde.
Ni la fleur ni l'insecte
ne comprendront jamais...
la signification de ces copulations.
Comment se douteraient-ils
qu'ils font tourner le monde ?
Car c'est le cas.
En accomplissant leur tâche...
quelque chose de sublime se produit.
Ils nous montrent comment vivre.
Le seul baromètre que nous ayons,
c'est notre cœur.
Une fois qu'on a repéré sa fleur,
plus rien ne nous arrête.
C'est un sacré personnage.
Sans dents de devant.
- Ça ne semble pas le gêner.
- Il devrait les faire arranger.
C'est presque sociopathe
de se montrer comme ça.
Oui, mais il taille
de super pipes, chérie.
Il n'empêche qu'il est fascinant.
Ça m'a l'air d'être le gros lot, Sue.
C'est possible.
Je n'en sais rien. Il...
Il vit avec son père, il est obsédé
par la mort de sa mère...
Ses lunettes de soleil
pendouillent toujours à son cou.
J'adore.
- Parle-leur du van.
- D'accord, le van, le van...
- Je dois aller aux toilettes.
- Non, parle-nous du van.
- C'est renversant.
- Qu'y a-t-il dedans ?
- Tu l'as fait dans le van.
- Tais-toi.
David, ne leur dis rien.
Je te l'interdis.
On en était au van.
David !
Le van était rempli de cochonneries.
Tais-toi !
... du terreau, des pelles,
des papiers de bouffe, de l'engrais.
Enfin, elle espère
que c'était de l'engrais.
Elle n'en était pas sûre.
Laroche a une odeur très particulière.
Elle a dit...
que son obsession ne lui laissait
sans doute pas le temps...
d'avoir une hygiène corporelle.
Les orchidées bénéficient peut-être
de toute l'eau disponible.
Je voulais désirer quelque chose autant
que ces gens désiraient ces plantes.
Mais...
je ne suis pas faite comme ça.
J'imagine que j'ai une passion
moins encombrante.
Je voudrais ressentir ce que ça fait
d'être habitée par la passion.
"Celui qui aura la chance de voir
une orchidée-fantôme...
"oubliera tout le reste."
Si l'orchidée-fantôme
était vraiment un fantôme...
elle serait assez ensorcelante
pour qu'on ait envie de la retrouver...
en dépit des années
et des kilomètres.
Si cette fleur existait réellement,
je voulais en voir une.
Ce n'est pas que j'aime
particulièrement les orchidées.
Je voulais juste voir cette fleur...
qui attire les gens de façon
si puissante et si singulière.
Votre collection comptait
combien de tortues ?
J'ai fini par m'en désintéresser.
Je suis tombé amoureux
des fossiles de la période glaciaire.
Je me suis mis à les collectionner.
Seuls les fossiles me semblaient
intéressants dans ce monde à la con.
Puis, j'ai réargenté de vieux miroirs.
Ma mère et moi avions plus...
de miroirs hollandais
du 19ème que quiconque.
Vous nous avez peut-être vus
dans Mirror World ?
Je dois en avoir un exemplaire.
J'aimerais savoir comment
vous vous détachez d'une passion...
pour laquelle vous vous êtes
tant investi.
Les tortues ne vous ont
jamais manqué ?
C'était votre seule raison
de vivre à 10 ans.
Je vais vous raconter une histoire.
Autrefois, je suis tombé très amoureux
des poissons tropicaux.
J'avais 60 aquariums chez moi.
Je plongeais pour trouver
les poissons.
Anisotremus virginicus, Holacanthus
ciliaris, Chaetodon capistratus.
Et j'en passe.
Puis un jour, j'ai dit :
"J'emmerde les poissons."
J'ai laissé tomber et j'ai juré
de ne plus plonger dans la mer.
Voilà comment
"j'emmerde les poissons".
C'était il y a 17 ans. Je n'ai jamais
remis un orteil dans l'eau depuis.
Mais j'adore la mer.
Mais pourquoi ?
J'en avais ma claque.
Si l'on aime vraiment quelque chose,
est-ce que ça ne devrait pas durer ?
À l'évidence, ce n'était pas
le cas de Laroche.
Il allait de l'avant.
Parfois, j'aurais aimé pouvoir
faire de même.
Bonjour.
Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?
Une tarte au citron.
Une petite part.
Et un café, avec du lait écrémé.
Des orchidées !
J'adore les orchidées.
Génial. C'est...
Je vous ramène votre tarte
tout de suite.
J'ai toujours voulu voir
une exposition d'orchidées.
Ces fleurs sont tellement sexy.
Allons voir ce qu'il y a derrière.
Quoi ?
- Je te raconte l'intrigue ?
- Fous le camp.
J'essaie juste de faire quelque chose.
Merci, c'est vraiment sympa.
C'est l'histoire d'un tueur en série.
Non, attends.
Il est pourchassé par un flic.
Il se fiche du flic en lui donnant
des indices sur la prochaine victime.
Il la tient déjà en otage
dans une cave.
Le flic ne pense plus
qu'à identifier la victime...
et ce faisant,
il tombe amoureux d'elle.
Même s'il ne l'a jamais vue.
Elle représente...
l'inaccessible, comme le Saint-Graal.
- Un peu évident, non ?
- Oui, mais attends :
on découvre que le tueur...
souffre de schizophrénie, tu suis ?
Il est à la fois le flic et la fille.
Ils ne forment qu'un.
Trop fort, non ?
À part les tueurs en série, rien n'est
plus éculé que la schizophrénie.
En plus, tu explores le concept...
que flic et criminel ne sont
qu'une seule personne.
Tous les films policiers
sont basés là-dessus.
Maman a aimé
cette tension psychologique.
Et puis, comment écrire ça ?
Tu y as pensé ?
Comment quelqu'un peut
être prisonnier dans une cave...
et travailler dans un commissariat
en même temps ?
- Avec un trucage.
- Mais non !
Écoute bien.
Voilà ce que je te demande :
selon la logique de ce film
avec un seul personnage, c'est ça ?
Tu me suis ?
Comment pourrais-tu...
Qu'est-ce qui ferait...
Maman a raison, c'est tendu.
C'est la rencontre
entre Sybil et Dressed to Kill.
Cool ! J'ai adoré Dressed to Kill.
- Jusqu'au dénuement du 3ème acte.
- Tu te trompes de mot.
Désolé, je... Je m'excuse.
- Une tarte au citron ?
- Oui, ça me dit bien.
Je vais vous en donner
une très grosse part.
- Merci, c'est vraiment adorable.
- Je suis adorable, non ?
- Toujours dans les orchidées ?
- Oui.
J'ai un ami qui en a
une toute petite, rose...
qui pousse sur la branche d'un arbre.
- J'arrive pas...
- Un épiphyte.
Oui, c'est ça !
Vous vous y connaissez !
Pas vraiment. Je débute.
Les épiphytes ne sont pas
des parasites.
Ils se nourrissent
de l'air et de la pluie.
Je suis impressionnée.
C'est formidable.
Il y a plus de 30 000 espèces
d'orchidées.
- Ça fait un paquet, hein ?
- Oui.
Je reviens avec une grosse part
de tarte pour mon expert en orchidées.
Je me demandais également si...
Samedi, je vais à Santa Barbara voir
une exposition d'orchidées et...
- Je suis désolé.
- Euh...
- Veuillez m'excuser.
- Je vous ramène votre tarte.
On a dénombré plus
de 30 000 espèces d'orchidées.
Il y en a une
qui ressemble à une tortue.
Une autre à un singe.
Une autre à un oignon.
Une autre à une institutrice.
Une autre à une gymnaste.
Une autre à une lycéenne
à la peau crémeuse.
Une autre à une intellectuelle...
avec qui on fait
les mots croisés au lit.
Une autre à une beauté du Middle West.
Une autre à Amelia.
Une qui a les yeux qui dansent.
Une qui a des yeux
qui portent la tristesse du monde.
Je me suis marié.
Ma sublime femme et moi...
enfin mon ex-femme, la salope...
avons ouvert une jardinerie.
Les gens ont commencé
à me demander des trucs...
à admirer mes plantes
et à m'admirer.
Je pense que des gens venaient me voir
parce qu'ils étaient seuls.
Vous savez
pourquoi j'aime les plantes ?
Parce qu'elles savent s'adapter.
L'adaptation est un processus
complexe.
Ça veut dire...
que vous avez trouvé
comment vous épanouir.
Oui, mais c'est plus facile
pour les plantes.
Elles n'ont pas de mémoire.
Elles ne font que passer à la suite.
Mais pour une personne...
s'adapter est presque honteux.
C'est comme...
prendre la fuite.
Keener !
Ça va, toi ?
Ne te jette pas sur les nouvelles.
Quoi, la maquilleuse ?
Elle s'est jetée sur moi.
Ne me fais pas honte.
Je dois travailler avec ces gens.
Ne t'inquiète pas. Écoute...
je voulais te demander
comment tuer des gens.
T'en fais pas,
c'est pour mon scénario.
Je n'écris pas ce genre de trucs.
Allez, s'il te plaît.
C'est toi, le génie.
Tiens : le tueur est un professeur
de littérature.
Il découpe des morceaux de ses
victimes jusqu'à ce qu'elles meurent.
Il s'appelle lui-même :
"le déconstructeur."
- C'est pas mal. J'aime bien.
- Je plaisantais, Donald.
Je vois, désolé.
Tu m'as eu.
Ça te dérange pas si je l'utilise ?
- C'est vraiment bien.
- J'ai scindé la scène de Cassie...
- du début à la fin.
- J'ai vu. Pourquoi as-tu fait ça ?
Je voulais plus de tension.
Quand on la retrouve plus ***...
- Est-ce que tu changes...
- C'est plus tendu.
Le public rentre dedans très vite.
- Ça te plaît ?
- Oui, beaucoup.
Tu es splendide ce soir.
Merci, Donald.
C'est gentil de me dire ça.
- Tu ne la trouves pas superbe ?
- Je rentre, Donald.
C'est vrai ? Allez !
Hé, c'est Amelia.
Salut, Amelia !
Salut, Donald, salut Charlie !
- Salut.
- Amelia, on ne te voit plus.
- Ça me fait plaisir.
- Voici ma copine, Caroline.
- Elle est maquilleuse pour le ciné.
- Salut.
Voici David, mon ami.
- Salut.
- Salut, enchanté.
- Amelia a beaucoup parlé de vous.
- Salut. Donald.
Caroline.
- Bel appareil.
- Comment tu vas ?
- Tu me connais, à l'ouest.
- Charlie...
ça me fait plaisir de te revoir.
Le boulot ?
Une catastrophe.
Je ne sais pas ce que je fais.
C'est mon problème.
Je ne veux pas t'ennuyer.
Tu as tes problèmes aussi.
Nous avons chacun nos problèmes.
Je vais y aller.
Je dois rentrer pour travailler.
- Tu viens ?
- Non, je dors chez Caroline.
On va faire crac-crac
dans la baraque.
Donald, t'es vraiment débile !
À plus, Charlie.
Écrire sur une fleur,
la mettre en scène...
je dois montrer son évolution.
Pour cela, il faut remonter
aux origines de la vie.
Quel a été le parcours
de cette fleur ?
Par conséquent,
j'en déduis par analogie...
Angleterre
Cent trente-neuf ans auparavant
qu'il est probable que tous les êtres
organiques de cette Terre...
descendent d'une même
forme primordiale...
dans laquelle la vie a été insufflée.
C'est le parcours de l'évolution,
de l'adaptation.
Notre parcours à tous. Celui qui nous
unit les uns aux autres.
Darwin dit qu'on vient tous
d'un organisme unicellulaire.
Et pourtant, je suis là.
Il y a aussi Laroche et Orlean.
Et l'orchidée-fantôme.
Chacun enfermé dans son corps...
dans des instants d'histoire.
C'est ça.
Voilà ce que je dois faire :
assembler le puzzle de l'Histoire.
Commencer
avant l'apparition de la vie.
Tout est...
sans vie.
Puis, la vie apparaît...
avec les êtres
qui n'ont qu'une cellule.
C'est avant le sexe,
car tout est asexué.
Puis arrivent les méduses...
et le poisson à pattes qui marche.
C'est alors qu'on voit des dinosaures.
Eux, ils restent pas mal de temps.
Puis arrive un astéroïde et...
... les insectes, les mammifères,
les primates, les singes.
Les vieux singes laissent la place
à des singes plus évolués.
Les grands singes.
Et l'homme.
On voit l'histoire de la civilisation
humaine : la chasse, la guerre...
les maladies, la solitude
et la technologie.
On termine par Susan Orlean
au New Yorker...
qui écrit sur les fleurs
et le film commence.
C'est l'idée que j'attendais.
Ça n'a jamais été fait.
McKee est un génie !
Il est désopilant : il faisait rire
tout le monde avec ses blagues.
Mais il est aussi sérieux.
Tu l'adorerais.
Lui aussi pense
que seule l'originalité compte.
Selon lui, chacun écrit
dans un genre...
et chacun doit trouver
son originalité dans ce genre.
Séminaire d'écriture
Il n'y en a pas eu de nouveau depuis
Fellini et ses faux documentaires.
Moi, je fais dans le thriller,
et toi ?
Toi et moi partageons le même ADN.
Peut-on connaître pire solitude ?
Qu'est-ce que tu dis ?
Quoi de neuf ?
Je ne veux pas vous déranger.
Je voudrais juste d'autres infos.
Vos paroles ne sont pas
dénuées d'intelligence, John.
Je suis le plus intelligent.
Donc...
qu'est-il arrivé à votre jardinerie ?
Tout allait bien.
Mais parfois, il nous arrive
une tuile, le ciel nous tombe dessus.
Nord de Miami
Neuf ans auparavant
Les affaires marchent, Johnny ?
Tout roule, oncle Jim.
L'année dernière était comme un rêve.
Mes comptes sortent enfin du rouge.
Amen, chéri.
Je suis si fière de vous deux...
Désolé, je ne peux pas vous répondre.
- Restez ici.
- Hé.
- Qui est mort ?
- Ne bougez pas, monsieur.
- Qui est mort ?
- On y va !
J'ai tué ma mère et mon oncle.
C'est comme ça
que j'ai perdu mes dents.
Ma femme est restée dans le coma
pendant trois semaines.
Elle a demandé le divorce
peu après avoir repris conscience.
Si je venais d'échapper de peu
à la mort, je ferais de même.
Pourquoi ?
Parce que je le pourrais.
C'est comme de recevoir carte blanche.
Personne ne peut vous juger...
si vous avez failli mourir.
Moi, je l'ai jugée.
Peut-être qu'on me jugeait aussi.
Un mois après,
l'ouragan Andrew est arrivé.
Il s'est abattu
comme un ange de Dieu...
et a emporté tout ce qui me restait.
Tout.
Ça m'aurait brisé le cœur
de refaire une jardinerie.
Quand les Séminoles ont appelé...
ils voulaient un expert pour gérer
leur jardinerie, j'ai accepté.
Je ne voulais pas faire quelque chose
de conventionnel.
Je voulais leur faire quelque chose...
d'époustouflant, vous voyez ?
Oui, je vois, John.
Je vois.
"Je voulais leur faire quelque chose
d'époustouflant."
C'est magnifiquement écrit.
Votre style est si unique.
Merci beaucoup.
- On est de grands fans.
- Merci.
Laroche est désopilant.
- Oui.
- C'est drôle et frais.
Et triste, d'une certaine façon.
Quels sont vos projets ?
Random House m'a demandé...
d'en faire un livre,
donc je vais m'y atteler.
- Et...
- Susan, nous sommes intéressés.
- Vous voulez en faire un film ?
- Exactement.
Ça alors !
- C'est vraiment...
- Qu'en dites-vous ?
- C'est exaltant.
- Bien.
C'est drôle. Je n'y avais pas pensé.
Je n'ai jamais écrit de scénario.
Ne vous en faites pas.
Nous avons des scénaristes pour ça.
Salut, superstar.
C'est Marty, le super agent.
Je voulais juste te dire
que ça fait 13 semaines.
Valerie voudrait un premier jet.
Si tu pouvais faire en sorte
qu'elle le reçoive lundi, ce serait bien.
Appelle-moi quand tu auras
ce message. Adios, amigo.
Quoi ? Qu'est-ce qui te fait rire ?
- Tu es un génie.
- Quelle réplique ?
Tu es un génie.
Tu es un génie.
"Augustus Margary,
le chasseur d'orchidées...
"porte un chiffon répugnant autour
de la tête pour calmer la douleur.
"Son pantalon est taché à cause
d'un sphincter incontrôlable...
"suite à la dysenterie.
"Chaque pas dans cette jungle touffue
lui arrache un gémissement."
Je suis foutu.
Ouverture sur Laroche qui déclare :
"J'adore modifier les plantes.
"La génétique, c'est cool."
On voit des fleurs et...
Il faut montrer le procès.
Laroche : "Bébé, j'ai subi
des mutations. D'où mon intelligence"
C'est drôle. Ouverture sur l'aube
des temps. Non !
- Laroche arrive dans les marécages.
- Le Blanc est fou !
J'ignore comment l'adapter.
Ce n'est pas mon domaine.
Je me suis surestimé.
Tu la vois ?
Je l'ai enculée.
Non, je déconne.
Je peux peut-être t'aider.
Ça parle de fleurs.
Ça ne parle pas que de fleurs.
Il y a aussi ce type taré, non ?
Il est drôle, non ?
"Son personnage ne suffit pas
à en faire un livre."
Orlean "se réfugie
dans de longs passages." Etc.
"Aucune narration ne les lie."
New York Times Book Review.
Je ne peux pas structurer
cette merde délayée du New Yorker.
Qu'est-ce que j'aimerais l'enculer !
- Désolé.
- Ce bouquin ne suit aucune histoire.
Bien. Inventes-en une !
Il n'y a pas meilleur que toi
pour inventer des histoires.
- C'est toi le roi.
- Cette fois, je ne voulais pas faire ça.
C'est l'œuvre de quelqu'un d'autre.
J'ai une responsabilité
vis-à-vis de Susan.
Je voulais évoluer en tant qu'écrivain,
faire quelque chose de simple.
Montrer aux gens combien
les fleurs sont passionnantes.
Elles sont passionnantes ?
J'en sais rien.
Moi, je trouve qu'elles le sont.
- Il faut que tu me sortes de là.
- D'accord.
Charlie, tu les mènes en bateau
depuis des mois.
Ne rien leur donner serait terrible
pour ta carrière.
Mon scénario s'écrit tout seul.
Là, je travaille
sur un système d'images.
Mon thème de la schizophrénie
m'a fait choisir un motif...
de miroirs brisés pour refléter
le moi fragmenté du personnage.
Bob dit qu'un système d'images
augmente l'émotion esthétique.
- Bob dit...
- On dirait une secte.
Non, ce sont les bonnes
techniques d'écriture.
Je t'ai photocopié
les 10 commandements de McKee.
Toi aussi, tu l'as au-dessus
de ton bureau.
LES 10 COMMANDEMENTS
DE ROBERT McKEE
Tu n'aurais pas dû faire ça.
C'est une aide très précieuse.
Charles, je vais mettre une chanson.
Happy Together.
Les personnages chanteront
et danseront en pyjamas.
Ça brisera la tension.
Au début, j'hésitais à mettre
une chanson dans un thriller...
mais Bob dit que Casablanca, un des
plus grands scénarios jamais écrits...
fait justement ça :
il mélange les genres.
Je n'ai pas dormi depuis une semaine.
- Je veux me coucher.
- Compris.
Bonne nuit.
- Allô ?
- Bonsoir.
John, c'est encore Susan.
Salut, Susie Q.
Comment ça va ?
Super. Je me familiarise
avec Internet.
C'est fascinant.
Je fais dans le ***.
Ces cons sont prêts à payer
n'importe quoi...
pour des photos de nanas.
Ils se foutent qu'elles soient
grosses ou moches.
Ça a l'air sympa.
C'est génial, plutôt.
John, je n'ai pas envie
de vous ennuyer, mais...
j'aimerais voir
une orchidée-fantôme.
- Oui ?
- J'espérais que ça ne vous...
Oui.
D'accord, je vous emmène.
- Demain.
- C'est vrai ?
Je vous remercie de tout cœur.
Oh, John.
Putain.
Il y a trop d'idées,
de choses, de gens...
trop de directions à prendre.
Je commençais à croire
que l'intérêt d'être passionné...
est que ça réduit le monde...
à une taille plus gérable.
Sa vision est tellement
touchante et triste.
C'est tellement vrai.
J'aime te regarder.
J'aime aussi te regarder, Charlie.
J'ignore comment m'y prendre.
J'ai peur de te décevoir.
Tu as écrit un livre magnifique.
Je n'arrive pas à dormir.
Je perds mes cheveux.
Je suis gros et repoussant.
Chut ! Ce n'est pas vrai.
Ce n'est pas vrai.
Essaie de voir les choses simplement.
Concentre-toi sur un aspect
de l'histoire.
Trouve cet aspect...
pour lequel tu te passionnes
le plus...
et sers-t'en de base.
Susan Orlean :
délicate, hantée par la solitude...
fragile et magnifique.
Elle est à côté de son mari
qui dort, insensible.
Elle dit en voix-off :
"J'imagine que je dois avoir
une passion moins encombrante.
"Je voudrais ressentir ce que ça fait
d'être habitée par la passion."
Salut vous deux !
Vous êtes bien matinaux.
- Tu as l'air tout content.
- Oui, j'ai de nouvelles idées.
Vous êtes tellement intelligents.
C'est une usine à cerveaux ici.
- Moi aussi, j'ai des idées ce matin.
- Elles sont vraiment bonnes.
Enfin, à la sauce Donald.
Je vais... Hein ! Quoi ?
Je vais mettre une poursuite.
Le tueur...
s'enfuira à cheval avec la fille.
Le flic les suivra en moto.
Ce sera un combat
entre la moto et le cheval.
La technologie contre le cheval.
Ils ne sont toujours
qu'une personne ?
C'est là toute la subtilité.
- Ça a l'air super.
- Merci.
- Merci.
- Je t'avais dit que ça lui plairait.
- Tu es ma muse.
- J'adore être ta muse.
J'en suis tellement content.
J'ai commandé au nom de Kaufman.
- Valerie.
- Salut, Charlie.
C'est drôle de tomber sur toi.
J'aurais dû te rappeler.
Je m'étais absenté.
- C'est pas grave.
- J'y tenais car...
ça avance bien maintenant.
Je voulais te le dire.
C'est génial.
J'ai hâte de te lire.
Tu devrais t'asseoir.
Je suis avec Susan.
Elle meurt d'envie de te voir.
- Assieds-toi.
- Susan est ici ?
Elle est venue faire une lecture.
Elle est au téléphone.
Assieds-toi,
elle meurt d'envie de te voir.
Je vais devoir y aller parce que...
J'adorerais la rencontrer...
mais je ne veux pas
me sentir redevable.
Quand on rencontre quelqu'un
sur qui on écrit...
c'est très dur de s'en séparer.
Je t'appelle bientôt.
J'ai presque terminé.
J'ai presque terminé.
Dis à Susan que j'adorerais
la rencontrer ultérieurement.
- Quand elle voudra.
- D'accord.
Ce n'est pas l'histoire de Susan.
Je n'ai rien à voir avec elle.
Je ne peux pas la rencontrer.
Je ne comprends rien à rien
mis à part ma misérable...
petite existence.
Je n'arrive qu'à écrire
sur ma propre petite personne...
Ouverture sur Charlie Kaufman.
Gros, vieux, chauve, repoussant,
il est au restaurant...
avec la sculpturale Valerie Thomas,
cadre exécutif du studio.
Kaufman, qui essaie
de décrocher un scénario...
tente de l'impressionner.
Il sue abondamment.
Le gros Kaufman chauve
fait les cent pas dans sa chambre.
Il s'enregistre
dans son dictaphone et dit :
"Le gros et repoussant
Charlie Kaufman...
"est au restaurant
avec Valerie Thomas."
Le répugnant Kaufman...
se masturbe en regardant
la photo de Susan...
Que veux-tu ?
J'ai fini mon scénario.
J'ai terminé.
Tu veux bien le montrer à ton agent ?
Je l'ai intitulé : The Three.
Merci. Merci aussi pour ton idée.
Je l'ai modifiée un petit peu.
Maintenant, le tueur fait aussi manger
les corps aux victimes.
Caroline a un tatouage
d'un serpent se mordant la queue.
- Ourobouros.
- J'ignore ce que c'est.
Le serpent, il s'appelle Ourobouros.
Je ne crois pas. C'est bien
qu'il ait cette manière d'opérer...
car quand il force la femme,
qui est lui, à se manger...
il se mange lui-même.
Je suis fou.
- Je suis Ourobouros.
- J'ignore ce que ça veut dire.
- Je me suis mis dans mon scénario.
- C'est étrange, non ?
C'est de l'égoïsme, du narcissisme.
C'est du solipsisme, c'est pitoyable.
Je suis gros et pitoyable.
Tu devais avoir de bonnes raisons,
Charles. Tu es un artiste.
Je suis trop timide pour parler
à la femme qui a écrit le bouquin.
Je suis pitoyable.
J'ignore comment écrire,
comment rendre les fleurs fascinantes.
Je crains.
- Je suis dans le scénario ?
- Je vais à New York.
Je vais la rencontrer.
C'est ce que je dois faire.
Ne t'énerve pas contre moi...
mais Bob y tient un séminaire
ce week-end.
Si tu es coincé...
Et elle dit :
"Laroche est désopilant."
Un peu que je suis désopilant.
- Qui va me jouer ?
- Il faut d'abord que j'écrive le livre.
Puis ils trouveront un scénariste.
Je devrais me jouer.
Beaucoup de gens aspirent
à quelque chose d'exceptionnel.
Ils seraient prêts à tout pour cette
passion, mais peu passeraient à l'acte.
C'était extrêmement puissant.
C'est grisant d'être
avec quelqu'un de si vivant.
Venez, suivez-moi.
Elles sont tout près.
Je peux vous poser une question ?
On n'est pas perdus.
J'ai déjà fait ça
des millions de fois.
Quand un truc m'ennuie, je dis :
"Je l'emmerde", et je continue.
Putain...
Un cadran solaire.
Je l'installe, on attend
quelques minutes...
et on verra
dans quelle direction va le soleil.
On devrait se diriger
vers le sud-ouest.
Vous collectionnez quelque chose ?
Pas vraiment, non.
Oui, vous savez...
la collection en elle-même
importe peu.
Il s'agit surtout d'être capable...
Ce que j'aime avec les ordinateurs...
c'est que je suis en plein dedans.
Mais ce n'est pas comme un truc vivant
qui va partir ou mourir.
- John, je suis désolée, je...
- D'accord.
Ça va, j'ai compris.
On emmerde le cadran solaire.
Je sais comment nous sortir d'ici.
Je connais ce foutu marécage
comme ma poche.
Vous êtes comme les autres.
Putain de sangsues !
Vous vous collez à moi
et vous me pompez le sang.
Mê***-vous
de vos affaires...
de ce qui vous intéresse ?
Rombière de mes deux !
La vie semblait remplie de choses
comme l'orchidée-fantôme.
Merveilleuses à imaginer,
faciles à aimer...
mais un peu irréelles...
éphémères...
et inaccessibles.
Trois ans plus ***
"... mais un peu irréelles, éphémères
et inaccessibles."
C'est Marty.
Comment ça va ?
Ça t'a aidé de parler avec cette...
Susan Orlean.
Ça a été.
Donc, euh, tu avances ?
J'ai Valerie sur les talons.
- L'inspiration ne se commande pas.
- Bien, j'ai compris.
Je t'appelle également pour The Three.
C'est remarquable.
- C'est quoi ?
- Le scénario de Donald.
Un thriller intelligent, à cran.
Je n'ai rien lu de mieux cette année.
- Bien.
- Je vais en tirer un max !
Deux mecs talentueux
dans la même famille.
Tu pourrais peut-être demander
à ton frère de t'aider ?
- Marty, ne dis pas ça. Je...
- C'était juste une suggestion.
Il est incroyablement doué
pour la structure.
- Je dois y aller.
- D'accord. Adios, amigo.
Termine ce...
Merde !
SÉMINAIRE D'ÉCRITURE
DE ROBERT McKEE
Ces trois prochaines journées
vont être longues.
Dans des années, dans un cocktail
mondain, vous vous féliciterez...
d'avoir passé un week-end
avec un connard d'Hollywood.
- Je suis pitoyable. Je suis un raté.
- Donc...
quelle est l'essence de l'écriture ?
J'ai échoué. J'ai paniqué.
J'ai cédé. Je ne vaux rien.
Qu'est-ce que je fous ici ?
Qu'est-ce que je fous ici ? Merde !
C'est ma faiblesse, mon manque
de conviction qui m'ont amené ici.
Des réponses toutes faites,
des raccourcis vers le succès.
Je suis ici car ma descente
dans les abysses a été vaine.
C'est le risque qu'on prend à
vouloir faire quelque chose de nouveau.
Je devrais partir et recommencer.
Je dois affronter ce projet.
Que Dieu vous garde
si vous utilisez une voix-off.
C'est une solution de facilité.
N'importe quel abruti peut s'en servir
pour illustrer des pensées.
Vous avez une heure pour déjeuner.
Il ne peut y avoir de protagonistes
sans désir.
Ça n'a absolument aucun sens.
C'est sans queue ni tête.
Tu me suis ? Bien.
Quelqu'un d'autre ?
Et si le scénariste essaie d'écrire
une histoire où rien ne se passe ?
Où les gens n'évoluent pas,
où ils n'ont aucune révélation ?
Ils luttent, ils sont frustrés,
mais ça n'avance à rien.
Un reflet plus fidèle du monde réel.
Le monde réel ?
Ce putain de monde réel.
Primo, si ton scénario
n'a ni conflit, ni crise...
ton public pleurera d'ennui.
Deuzio, rien ne se passe
dans le monde ?
Tu es complètement taré ?
Des gens sont tués tous les jours.
Il y a des génocides, la guerre
et la corruption.
Chaque jour, quelque part
dans le monde...
quelqu'un se sacrifie
pour sauver quelqu'un d'autre.
Il n'y a pas une seule journée
sans que quelqu'un décide...
de détruire quelqu'un d'autre.
Les gens trouvent l'amour,
le perdent.
Un enfant regarde sa mère se faire
battre à mort devant une église.
Quelqu'un meurt de faim.
Un autre trahit son meilleur ami
pour une femme.
Si la vie ne t'inspire pas...
c'est que tu n'y as foutrement
rien compris, mon ami !
Et comment oses-tu me faire perdre
deux précieuses heures avec ton film ?
Je n'en ai rien à foutre !
Je n'en ai strictement rien à foutre !
D'accord, merci.
- Merci.
- C'est gentil.
Merci beaucoup, M. McKee.
Maintenant, j'envisage l'écriture
différemment.
- M. McKee.
- Oui ?
Vous m'avez hurlé dessus ce matin.
Dis-m'en plus.
C'est moi qui croyais
que rien ne se passait dans la vie.
Oui, je te remets.
- Bon courage.
- Je dois vous parler.
Rien que d'être ici, ça me fait peur.
Les gens m'intimident.
Ce que vous avez dit
ce matin m'a remué.
Ça ne s'appliquait pas
qu'au scénariste...
mais aussi à l'être humain.
Je vous en prie.
Écoute...
un petit remontant me ferait du bien.
"... mais un peu irréelles, éphémères
et inaccessibles."
Puis que se passe-t-il ?
C'est la fin du livre.
Je voulais que ce soit simple...
sans grands personnages,
ni dramatisation.
Je voulais montrer ces fleurs
comme œuvres divines.
Je voulais montrer que Orlean n'avait
jamais vu l'orchidée-fantôme.
Le sujet, c'est la déception.
Je vois.
Ce n'est pas un film.
Il faut que tu dramatises un peu.
Impossible, j'ai des pages de faux
départs et de mauvaises approches.
- J'ai dépassé mon délai.
- Je vais te dire un secret.
La dernière scène fait le film.
Épate-les à la fin
et c'est un succès.
Il peut y avoir des défauts,
des problèmes, mais s'ils sont soufflés...
tu as un succès assuré.
Trouve une fin.
Mais ne triche pas.
Et n'ajoute surtout pas
un deus ex machina.
Tes personnages doivent changer...
mais le changement doit venir d'eux.
Fais ça et tout ira bien.
Vous le promettez ?
M. McKee.
- Tu as déjà suivi mes cours ?
- Pas moi.
Mais Donald, mon jumeau, oui.
Je suis là grâce à lui.
- Des scénaristes jumeaux ?
- Oui.
Julius et Philip Epstein...
qui ont écrit Casablanca...
- étaient jumeaux.
- Vous l'avez dit en cours.
Le meilleur scénario jamais écrit.
Résidence des grands auteurs.
- Donald.
- Salut, comment ça se passe ?
Tu t'en sors avec cette journaliste ?
Je voulais te féliciter
pour ton scénario.
Super, non ? Marty dit qu'il peut
en faire un succès et en tirer un max.
C'est génial, Donald.
Je voulais te remercier pour ton aide.
Je ne t'ai pas aidé.
Tu m'as hébergé.
Ton intégrité m'a poussé
à tenter le coup.
Ça n'a pas été facile.
Catherine veut jouer Cassie.
Je t'en prie !
S'il te plaît, Donald.
Catherine Keener ?
- Catherine Keener est chez moi ?
- On joue au Boggle.
Elle est géniale.
Tu devrais la fréquenter.
Oui. Écoute...
J'ai réfléchi.
Peut-être que ça te dirait de passer
quelques jours avec moi à New York.
Oui, bien sûr.
Je voulais faire lire mon scénario...
et tu pourrais peut-être le lire,
si tu veux bien.
Bien sûr, j'en serais très honoré.
Merci, Charles.
Alors, que ferais-tu ?
Ce scénario se moque de moi, non ?
- Désolé. J'essayais de...
- C'est pas grave, c'est drôle.
D'accord, c'est bon.
Alors, que ferais-tu ?
Toi et moi sommes si différents.
On a des talents différents.
Je sais.
Juste pour rire...
comment le grand Donald
le terminerait ?
Arrête.
"Le grand Donald."
Je crois que tu loupes un truc.
- Comme quoi ?
- Écoute.
J'ai fait des recherches dans l'avion.
"Ce genre d'histoires se révèle
parfois être autre...
"un condensé de vie qui s'épanouit...
"comme ces boules de papier
qui, dans l'eau...
"deviennent des fleurs.
La fleur est si belle...
"que vous n'arrivez pas
à croire qu'à l'origine...
"ce n'était que du papier et de l'eau."
Déjà, c'est contradictoire. Elle a dit
qu'elle se fichait des fleurs.
- Ce n'est qu'une métaphore.
- Mais de quoi ?
Pourquoi la boule devient une fleur ?
Ce n'est pas dans le livre.
- J'en sais rien. Tu pinailles.
- Peut-être.
Je crois que tu devrais parler
à cette femme, la rencontrer.
Je ne peux pas.
- Vraiment.
- Je vais le faire.
Je me ferai passer pour toi.
Je veux le faire.
On va creuser cette histoire
et on va terminer ton film.
Il faut que tu te comportes comme moi.
J'ai une réputation à tenir.
Tu ne dois pas faire le con.
- Je suis pas con.
- Tu m'as compris.
Pas de flirt, pas de blagues.
Ne ris pas comme tu fais.
Je ne vais pas rire.
Je dois me faire passer pour toi.
C'est un honneur.
Il est temps que je sorte
la grosse artillerie.
Vous voyez toujours Laroche ?
J'ai cru déceler une attirance pour lui
entre les lignes. Votre réponse ?
Notre relation était
de type reporter-sujet.
Évidemment, ce genre de relation
aide au développement de l'intimité.
J'étais, par définition, passionnée
par tout ce qu'il disait.
Mais la relation se termine
quand le livre se termine.
- Déception inavouée.
- Quoi ?
Rien.
Une dernière question.
Si vous pouviez dîner
avec un personnage historique...
qui choisiriez-vous ?
Je dirais...
Einstein ou...
Jésus.
Très bien.
Réponse intéressante.
- Elle ment.
- Comment ça ?
- Que s'est-il passé ?
- Elle a bien répondu à tout.
- Trop bien.
- Peut-être parce qu'elle a dit la vérité.
Tu m'as fait honte ?
Quand on répond trop bien,
on ment.
Jésus et Einstein,
c'est une réponse toute faite.
- "Jésus et Einstein" ?
- Charles, j'ai une idée.
Achète-moi des jumelles.
C'est quoi : "Jésus et Einstein" ?
Chante avec moi !
C'est pour quoi, ces jumelles ?
Allez, allez.
Elle raccroche.
Elle est bouleversée.
Arrête de la surveiller.
Laisse-la.
Elle pleure.
Elle est à son ordinateur.
La morale réprouve ce que tu fais.
United...
À destination de Miami.
Onze heures...
cinquante-cinq, demain.
- C'est pas fini avec Laroche ?
- Ses parents sont en Floride.
Elle ne vient pas d'appeler
ses parents, vieux.
Ne dis pas "vieux".
Un type entre.
Pas mal.
Ça doit être son mari.
Elle se comporte bizarrement, non ?
Tu ne trouves pas ?
Qu'est-ce qu'elle lui cache ?
Elle est peut-être lesbienne
et hésite à lui dire.
Qu'en penses-tu ?
Tu as regardé le site ***
de Laroche ?
Non, j'essaie de lire.
Je vais aller voir son site ***...
pour faire des recherches !
- Ne dis rien à ma vieille.
- Maman ?
Non, pas maman.
On devrait aller à Miami demain.
Laisse tomber.
Certaines nanas sont pas mal.
Tu sais quoi ?
On va à Miami demain.
- J'ai dit non.
- Oh que si, petit. Viens voir.
Filles de Miami en bikini
J'ai fini par comprendre
que le changement n'est pas un choix.
Ni pour une espèce de plante,
ni pour moi.
Ça se produit et on est différent.
Fakahatchee
Trois ans auparavant
La seule différence
entre la plante et moi...
c'est qu'après,
j'ai menti sur mon changement.
J'ai menti dans mon livre.
J'ai fait croire à mon mari...
que tout était pareil.
Mais quelque chose s'est produit
dans le marécage.
Regardez !
Je vous avais promis
le joyau de la Fakahatchee.
C'est une fleur.
Rien qu'une fleur.
Autant que je la prenne...
puisque je suis là.
Mon site *** va être génial.
Il y a quelque chose
que je ne vous ai pas dit...
et que j'aimerais vous dire
sur la fleur.
Ça pourrait vous aider.
Je venais de commencer.
Un soir, je suis revenu
chercher un truc.
Ils ne voulaient la fleur
que pour en extraire la drogue.
C'était un rituel...
vous savez, les jeunes,
ils aiment planer.
Matthew...
- Lui aussi, il se...
- Bien sûr.
Matthew vivait de cette merde.
Une fois, je l'avais fasciné...
par mes cheveux et ma tristesse.
Voilà ce que ça fait.
C'est ce que je voulais vous dire.
Je pense que ça vous plairait, Susie.
Ça aide les gens à être fascinés.
Je peux extraire la drogue.
Je les ai vus faire.
Je dois être le seul Blanc
à savoir le faire.
J'y tiens, Susie.
J'en ai ma claque des orchidées.
Vous avez reçu mon colis ?
- Hé, John ?
- Oui ?
Je suis très heureuse.
J'en suis content.
Très heureuse.
Vous pouvez refaire ce...
Non, continuez.
Je voudrais une tonalité.
Il faut que vous teniez.
Je vous accompagnerai
et ensemble...
- Je ne peux pas le faire seule.
- Je fais lequel ?
- Oui, oui, oui.
- D'accord, c'est bon.
- C'est ça.
- On l'a.
On l'a.
C'est super étonnant.
Vous vous sentez
seul parfois, Johnny ?
J'étais un gamin étrange.
Personne ne m'aimait.
Mais j'ai toujours pensé...
que si j'attendais assez...
quelqu'un viendrait et...
me comprendrait.
Comme ma maman.
Sauf que ce serait une autre.
Elle me regarderait
et dirait doucement :
"Oui."
Comme ça.
Et je ne serais plus seul.
J'aimerais être une fourmi.
Elles sont si brillantes.
Aucune ne l'est autant que toi.
C'est la chose la plus gentille
qu'on m'ait jamais dite.
Je t'aime bien, voilà tout.
Floride
Trois ans plus ***
Je n'ai pas le temps.
Je vais me rapprocher.
Reste ici.
Non, attends !
Je vais y aller.
C'est à moi d'y aller, non ?
Enfin...
c'est ma...
- Enfin, tu vois...
- Vas-y.
Tu vas y arriver.
Déchire-les.
Vas-y, déchire-les.
Chérie, je sais pas trop
ce qui t'a pris.
C'est toi qui m'as prise la dernière fois,
si je me souviens bien.
Nom de Dieu !
Rentre là-dedans !
Ta gueule !
Assieds-toi, putain !
- Qui c'est, Johnny ?
- T'es qui ?
Je faisais que... Personne.
- Je faisais que...
- Attends un peu.
C'est le scénariste.
- Celui qui adapte ton livre ?
- Oui.
Incroyable !
Enchanté.
Alors, mon vieux...
- qui va m'interpréter ?
- J'en sais rien. Je...
Je devrais jouer mon personnage.
Pourquoi...
- Il m'a suivie ?
- Non, je dois y aller.
Oui, j'ai été ravi de te rencontrer...
mais je vais te donner mon numéro.
Je flippe, là, Johnny.
Que fait-il ici ?
Pourquoi il m'a suivie ?
- Que sait-il ?
- Je ne sais rien de rien.
- Il a vu la serre.
- Merde.
Merde.
Vous allez en parler
dans le scénario ?
J'ignore de quoi vous parlez.
Il ment.
- Retiens-le.
- Assis !
On doit le tuer.
- Quoi ?
- Que veux-tu qu'on fasse ?
- Qu'est-ce qu'on...
- Assis !
Susie...
il faut que tu te calmes.
Tu prends tout ça trop à cœur.
- Tu ignores...
- Je peux pas le laisser.
Je ne peux pas laisser le monde entier
savoir pour nous...
et le reste.
Pourquoi ?
- Je te fais honte ?
- Pas du tout.
Comment peux-tu dire ça ?
Je suis journaliste,
alors la drogue...
On ne peut tuer personne.
Alors je le ferai.
Toute seule.
- Susan...
- Assieds-toi, bordel !
- Je ne...
- Fous-le dans sa voiture !
Éteins le moteur et descends.
Cours ! Cours ! Vas-y !
Susan ! C'est quoi ce merdier ?
- J'ai rien pu voir.
- Bordel de merde !
Aide-moi à trouver la torche.
C'était un homme ?
Oui, un gros.
C'est tout ce que je peux dire.
C'est ridicule.
On va devoir se séparer.
Tu ne peux pas me laisser
toute seule. Je refuse.
- Ils vont nous trouver.
- Je ne crois pas.
Je veux pas mourir, Donald.
J'ai raté ma vie, je l'ai ratée.
- Mais non. Et tu ne vas pas mourir.
- Je l'ai ratée.
Je t'admire, Donald, tu sais ?
J'ai passé ma vie paralysé,
à me demander ce qu'on pense de moi...
- alors que toi, tu es insouciant.
- Je ne suis pas insouciant.
Non, tu ne comprends pas.
C'est un compliment.
Une fois, au lycée...
je te regardais par la fenêtre
de la bibliothèque...
- tu parlais à Sarah Marsh.
- J'étais tellement amoureux d'elle.
Je sais. Tu flirtais avec elle,
elle était très gentille avec toi.
- Je m'en souviens.
- Quand tu t'es éloigné...
elle s'est moquée de toi
avec Kim Canetti.
C'était comme si elles
se moquaient de moi.
Tu n'en savais rien ?
- Tu avais l'air si heureux.
- Je les avais entendues.
Et ça te rendait heureux ?
J'aimais Sarah, Charles.
Il était à moi, cet amour.
Je le possédais.
Même Sarah n'avait pas le droit
de me l'enlever.
Je peux aimer qui je veux.
Mais elle te trouvait pitoyable.
C'était son opinion, pas la mienne.
Tu es ce que tu aimes,
pas ceux qui t'aiment.
C'est ce que j'ai décidé
il y a longtemps.
Qu'est-ce que tu as ?
Merci.
Pour quoi ?
Non, chut !
Écoute, je les entends.
Je les entends,
je les entends respirer.
- Les gars ?
- Charlie !
Où est le van ?
- Ils sont partis ?
- J'en sais rien. Peut-être.
John ? John !
Merde !
Il m'a tiré dessus.
C'est pas con ?
Tais-toi. Arrête de rire.
Donald ? Ça va aller.
Ça va aller, Donald.
Ne t'endors pas. Surtout ne dors pas,
Donald. Regarde-moi.
Regarde-moi.
Ne me quitte pas des yeux.
Ouvre les yeux.
Donald, je t'en prie, ouvre-les.
Donald, je t'en prie, ouvre les yeux.
Donald !
Donald ! Ouvre les yeux !
Regarde-moi.
Au secours !
Pas un geste !
Je regrette.
Mais je n'ai plus le choix.
Je ne suis pas un tueur.
Tu t'es mis dans...
- Au secours !
- Non, non !
Gros tas de merde !
- Il est mort, connard !
- La ferme !
- Tu as gâché ma vie, gros porc !
- La ferme !
Je t'emmerde ! Tu n'es qu'une pauvre
droguée, vieille, seule et pitoyable !
Seigneur !
C'est fini. Tout est fini.
J'ai faux sur toute la ligne.
Je veux ma vie d'avant.
Je veux celle que j'avais
avant que tout déraille.
Je veux redevenir un bébé.
Je veux recommencer.
Je veux recommencer.
- Allô ?
- Maman.
Charles ?
Charles, c'est toi ?
Charles, que se passe-t-il ?
Tu vas bien ?
Donald dit : "C'était son opinion,
pas la mienne.
"Tu es ce que tu aimes,
pas ceux qui t'aiment.
"C'est ce que j'ai décidé
il y a longtemps."
Kaufman se met à pleurer.
Il essaie de remercier son frère,
mais les mots ne sortent pas.
- Alors, comment ça va ?
- Ça va.
Il me manque.
- Et le scénario ?
- Ça va, j'ai presque fini.
Je serai heureux
de passer à autre chose.
J'imagine.
Et toi, ça va ?
Puis en janvier, David et moi
sommes allés à Prague. Inoubliable.
- Ça a l'air génial.
- Les marionnettes sont super.
J'en ai entendu parler.
Il y a aussi cette église ornée
de crânes et d'os humains.
Quarante mille crânes et os.
J'ai pensé à toi quand j'étais là-bas.
Charlie, je suis avec quelqu'un.
Pourquoi fais-tu ça maintenant ?
Je t'aime.
Je devrais y aller. J'ai...
des trucs à faire.
Je pars ce week-end.
- Des millions de trucs.
- Oui.
Je t'aime aussi, tu sais.
Je dois rentrer chez moi.
Je sais comment terminer.
Kaufman rentre
après avoir déjeuné avec Amelia.
Il sait comment finir son scénario.
Merde, c'est une voix-off.
McKee détesterait.
Comment montrer ses pensées ?
J'en sais rien.
On se fiche de McKee.
Ça semble bien.
Conclusif.
Je me demande qui va m'interpréter.
Quelqu'un de pas trop gros.
J'aime bien ce Gérard Depardieu
mais peut-il jouer sans accent ?
Peu importe, c'est fini.
Et c'est déjà pas mal.
Donc : "Kaufman rentre
de son rendez-vous avec Amelia...
"empli d'espoir,
pour la première fois."
Ça me plaît.
C'est bien.
"Chacun de nous est une cellule,
lieutenant.
"Nous formons un corps
qu'on ne voit pas.
"Comme l'océan est invisible
aux poissons. On se dé***.
"C'est idiot : une cellule du cœur
qui dé*** celle du poumon."
Cassie dans THE THREE
À la mémoire de Donald Kaufman