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Deux anciennes maisons,
réputées d'égale dignité,
dans la belle Vérone
où se place notre scène
pour d'anciennes querelles,
de nouveauxse mutinent,
le sang civil vient souiller
le poing des citoyens.
Or dans le sein fatal
de ces deux ennemis,
deux enfants amoureux, sous des astres
défavorables, s'éveillent à la vie
leurs malheureux effondrements,
dans le tombeau ensevelira,
la haine que leurs pères
l'un pour l'autre conçoivent.
Les terribles péripéties
de leurs funestes amours
et l'effrayante assiduité
de leurs parents, dans une querelle
que rien, hormis la mort de leurs
progénitures, n'aura le pouvoir d'épuiser.
Telle sera dans les deux prochaines heures,
le spectacle de notre scène.
DANS LA BELLE VERONE
Deux illustres maisons,
réputées d'égale dignité,
dans la belle Vérone,
où se place notre scène,
pour d'anciennes querelles,
de nouveaux se mutinent,
le sang civil vient souiller
le poing des citoyens.
Or, dans le sein fatal de ces deux ennemis,
deux enfants amoureux, sous des
astres défavorables, s'éveillent à la vie.
LE PERE DE JULIETTE
LA MERE DE JULIETTE
LE PERE DE ROMEO
LA MERE DE ROMEO
LE CHEF DE LA POLICE
LE FILS DU GOUVERNEUR
LE MEILLEUR AMI DE ROMEO
Un chien du clan des Capulet,
ça m'excite au plus haut!
Prince des excréments!
Urinoir royal! Pourriture!
The boys! The boys!
LA BANDE DES MONTAIGU
- Je vous rappelle que la dispute est entre nos
maîtres. - Et nous, leurs hommes de main.
LA BANDE DES CAPULET
Tohu-bohu, discorde et branle-bas!
Je suis un beau morceau de chair!
Je suis...
un beau morceau de chair!
UN CAPULET
- En voici un de chez les Capulet!
- Provoque-le, je te couvre.
Je vais leur faire la nique. Pour eux, ce sera
la honte s'ils le supportent sans broncher.
Vas-y, je te couvre!
- C'est à moi que vous faites la nique?
- Euh...oui monsieur, je vous fais la nique.
Est-ce que vous me la faites à moi,
cher monsieur?
- Suis-je dans mon droit
si je réponds que oui? - Non!
Non, monsieur c'est pas à vous que je fais
la nique, mais je fais la nique monsieur!
- Monsieur nous cherche querelle?
- Querelle, monsieur? Non, monsieur!
Parce que si vous nous cherchez querelle,
je suis votre homme.
Mon maître est au moins égal au votre.
- Pas supérieur?
- Voici du renfort. Dis supérieur!
- Si, monsieur, supérieur!
- Tu mens!
Dégainez si vous êtes des hommes!
Mais que faites-vous donc,
pauvres fous?
LE COUSIN DE ROMEO
Rengainez vos armes!
VERSEZ DE L'HUILE SUR LE FEU
LE COUSIN DE JULIETTE
Toi tu dégaines au milieu
de cette racaille sans courage?
Tourne-toi Benvolio,
et contemple ta mort.
Ce n'est que pour rétablir la paix.
Remets ton arme dans son étui,
ou bien sers t'en
pour les séparer comme moi.
La paix?
La paix?
Je dé*** ce mot-là...
comme je hais l'enfer,
tous les Montaigu,
et toi.
*** ***!
***.
- Viens! Plions! Viens!
- A moi!
En avant!
Pour d'anciennes querelles,
de nouveaux se mutinent. Le sang civil...
Epargnez ces gens!
Qu'on me donne ma grande épée!
Je ne te laisserai pas
aller provoquer d'autres folies.
Sujets rebelles,
Ennemis de la paix!
Jetez à terre vos armes
de si mauvaise trempe!
De vos sanglantes mains,
stoppez toute torture!
Jetez immédiatement vos armes au sol!
Trois rixes fratricides,
pour quelques paroles en l'air, par ta faute,
Capulet, et la tienne Montaigu,
ont par trois fois
troublé le calme de nos rues.
S'il arrivait à l'avenir
que d'autres troubles endeuillent la cité,
ce jour-là, vous paierez
de vos vies ce manquement à la paix.
Où est donc Roméo?
L'a-t-on vu aujourd'hui?
Je suis bien aise qu'il n'ait
pas été pris dans cette rixe.
Madame, dans le bosquet de sycamore,
à la pointe du jour,
j'ai vu votre fils.
Bien des matins,
on l'y a aperçu qui pleurait,
augmentant de ces larmes
la fraiche rosée de l'aube.
Et fuyant la lumière chez nous,
mon sombre fils
s'enferme dans sa chambre
bouclée à double tour,
il enclot même les volets,
congédiant le soleil radieux
et se fait à lui-même une nouvelle nuit.
Pourquoi...
cet amour querelleur,
cette haine amoureuse!
Ce tout créé d'un rien!
Cette pesante légèreté,
cette vanité sérieuse,
cet innommable chaos
des plus aimables formes.
Noire et funeste humeur
qui augure le pire...
à moins d'en écarter la cause
par quelques bons conseils.
Je vous prie de vous tenir à l'écart.
Je connaitrai ces chagrins
ou ses rebuffades.
Allons, madame, laissons-les.
Belle matinée, cousin.
Le jour est-il encore si jeune?
ll est à peine levé cousin.
Comme les heures tristes
semblent longues.
N'est-ce pas mon père
qui vient de partir si vite?
Lui-même.
Quelle est cette tristesse
qui allonge les heures de Roméo?
C'est de ne pas avoir
ce qui les rend trop brèves quand on l'a.
- L'amour?
- L'absence
- d'amour?
- L'absence des faveurs de celle que j'aime.
Hélas, se peut-il que l'amour,
si doux d'aspect,
soit si tyrannique et rude à l'épreuve?
Hélas, se peut-il
qu'avec un bandeau sur les yeux,
il trouve sans y voir
le chemin qui mène à son objet.
Où irons-nous dîner?
..le feu fait encore rage.
Certains des Capulet sont en fuite.
La loin'est pas respectée...
Oh mon dieu!
Qu'est-ce que c'est encore cette bagarre?
- Cousin, je...
- Non, ne m'explique rien, j'ai tout entendu.
On a beaucoup à faire ici avec
la haine, mais plus encore avec l'amour.
Pourquoi alors cet amour querelleur,
cette haine amoureuse,
ce tout créé de rien!
Cette pesante légèreté,
cette vanité sérieuse,
cet innommable chaos
des plus aimables formes!
Ces plumes de plomb, ces...
Tu ris, je le vois.
Non, cousin, je pleurerais plutôt.
Tendre coeur, et de quoi?
- De voir ton cher coeur si accablé.
- Adieu mon cousin.
Attends-moi, avec toi je veux faire quelques
pas, et je serais blessé si tu n'y consens pas.
CELIBATAIRE DE L'ANNEE
Mais Montaigu est passible
lui aussi de la même sanction.
ll serait étonnant que des hommes
de notre âge ne maintiennent pas la paix.
On vous prête à tout deux
une honorable réputation,
et cette longue querelle
est des plus regrettables.
Mais maintenant mon seigneur,
que dites-vous de ma requête?
Mais je l'ai dit je crois, je le répèterai donc:
ma fille est encore étrangère
à la vie du monde.
Que deux étés de plus voient
leur gloire épuisée
avant de décréter
qu'elle peut être épousée.
De plus jeunes qu'elle
ont fait d'heureuses mères.
Et trop vite fanées
sont ces mères trop précoces.
Ce soir, selon l'usage ancien,
je donne une fête
dans ma modeste demeure.
Vous pourrez à loisir
contempler de fraîches beautés à peine
écloses, à faire pâlir la nuit la plus sombre.
Ecoutez-les toutes, regardez-les,
et accordez la préférence à celle
qui vous en paraîtra la plus digne.
Venez.
Dis-moi, sans rire, de qui es-tu amoureux?
Sans rire cousin,
je suis amoureux d'une femme.
J'avais visé juste
quand j'ai vu que tu étais épris.
Tu es un fin tireur
et j'aime une vraie beauté!
Qui vise une belle cible,
cousin, la touche vite.
Cette fois, tu as mis à côté.
Elle ne peut pas être touchée par Cupidon.
Elle refuse l'assaut
des regards assassins,
et l'or qui pourrait corrompre une sainte,
elle lui ferme son giron.
A-t-elle donc fait voeu
de rester toujours vierge?
Elle l'a fait,
et l'abstinence est ici gaspillage.
- Suis mon conseil, oublie de penser à elle.
- Enseigne-moi comment cesser de penser.
ll suffit de rendre leur liberté à tes yeux.
Examine d'autres beautés.
Ah ça Roméo, tu es fou à lier!
Non, pas fou,
mais plus lié qu'un fou ne peut l'être.
Enfermé dans une prison,
privé de nourriture, fouetté et tourmenté.
Salut l'ami!
PAS DE TICKET. PAS D'ARMES.
Ce soir,
dans sa somptueuse résidence,
le grand etriche Capulet
donnera sa traditionnelle fête.
Une belle assemblée.
Le Signor Placentio, sa femme et ses filles,
madame veuve Vitruvio,
et ses adorbles nièces, Rosaline...
A cette fête, chez les Capulet,
soupera la belle Rosaline,
que tu aimes tant aujourd'hui,
parmi les plus admirables beautés de Vérone.
Si vous n'êtes pas du clan des Montaigu,
entrez boire une coupe de vin!
Vas-y donc, et d'un oeil impartial,
compare-la à d'autres
que je te montrerai.
Je suis sûr de te faire prendre
ton cygne pour un corbeau.
J'irai, soit, non pour voir
ce que tu prétends
mais pour jouir encore
de la splendeur de mon adorée.
DEMEURE DES CAPULET
Juliette!
Juliette!
Juliette!
Juliette!
Nourrice!
Nourrice, où est ma fille?
Qu'elle vienne me trouver.
Je l'en ai priée, madame.
Dieu me plaise!
Julieta!
Juliette!
Juliette!
Juliette!
Madame, je suis là.
Que voulez-vous?
Nourrice, laisse-nous un instant.
Nous avons à parler.
Nourrice, reviens!
Tout bien réfléchi,
mieux vaut que tu assistes
à notre entretien.
Nourrice, tu sais
que ma fille est dans le bel âge.
Tu es le plus joli bébé
que j'ai eu en nourrice.
Si je ne me trompe, je fus
votre mère à peu près vers cette âge.
Vous êtes encore fille.
Bref, pour en venir au fait!
Le valeureux Paris désire te fiancer.
Et quel homme, Julieta!
C'est un homme de l'univers entier.
C'est bien simple, c'est une statue!
ll n'y a pas de fleur
qui lui soit comparable dans l'été de Vérone...
Ah oui c'est une fleur!
Une véritable fleur ...
Nourrice!
Ce soir,
vous le verrez à notre fête.
Lisez bien, je vous prie,
le livre de son visage et les délices
que la beauté y a tracé de sa main.
A ce livre d'amour magnifique,
à cet amant détaché,
il ne manque qu'une jolie couverture.
Ainsi vous partagerez
tout ce qu'il possède
en le faisant votre,
sans que vous-même soyez en rien diminuée.
Bien au contraire,
une femme gagne gros auprès d'un mari.
Parlons bref,
est-ce que son amour t'agréera?
Je tâcherai de l'agréer
s'il suffit de regarder pour en être touchée
mais s'en mettre
plus de forces dans mes regards
que les miens
citent vos encouragements à le faire.
Madame, les invités sont là.
Go!
Nous vous suivons.
Juliette!
Allons fillette!
A tes beaux jours donnent des belles nuits.
C'est la brute capillaire!
Qu'il crève dans la misère!
Pourquoi partager cette seule et unique vie
Une épouse perdue et délaissée de plus
Année après année
Toujours les mêmes larmes
Jeunes coeurs
Restez libres
Ne vous laissez pas prendre!
INVITATION A UN BAL COSTUME
Comme Rosaline et moi
Mon doux Roméo,
on veut que vous dansiez.
Non, je ne danserai pas,
crois-moi.
Vous avez des souliers de bal et le pied
léger, mais moi j'ai le coeur lourd.
Ah, vous êtes amoureux?
Empruntez donc
les ailes de l'amour et planez!
C'est sous le fardeau
de l'amour que je me noie.
Voilà qui est bien oppressant
pour une chose si tendre.
L'amour... tendre?
ll n'est que trop dur,
trop brutal, trop impétueux,
et il pique telle une ronce.
Si l'amour est brutal avec toi,
sois brutal avec lui.
Perce l'amour qui tu perces
et possède-le.
Allez tout le monde,
on le prend par les jambes!
- N'y allons pas, ça n'a pas de sens
- Peut-on savoir pourquoi?
- J'ai fait un rêve cette nuit.
- Moi aussi.
- Et qu'as-tu rêvé?
- Que souvent les rêveurs se font étendre.
Les rêves ne mentent aucunement
à ceux qui sont étendus.
Oh! Je vois que la reine Mab t'a rendu visite.
Elle est l'accoucheuse
des rêves parmi les fées,
C'est elle qui vient
pas plus grosse qu'une agathe,
à l'index d'un magistrat,
trainée par un équipage
de petits atomes
pénétrer le nez des hommes
lorsqu'ils sont endormis.
Son carrosse est une coque de noix évidée,
son cocher est un petit grillon,
tout vêtu de gris,
et dans cet atour elle galope, nuit
après nuit, dans le cerveau des amoureux,
et c'est ainsi qu'ils rêvent...
d'amour;
ou sur les doigts d'hommes de loi
qui sitôt rêvent d'honoraires.
Elle roule parfois sur le cou d'un soldat,
et le voilà qu'il rêve
qu'il tranche des gorges étrangères;
mais aussitôt effrayé,
bredouille une prière et puis se rendort.
C'est cette sorcière qui,
quand les filles sont étendues sur le dos,
vient peser sur elles, et la première
leur enseigne comment soutenir la charge,
faisant d'elles des femmes
de belle carrrure!
C'est elle!
Oui, c'est elle!
La paix, Mercutio, la paix!
Tes paroles sont vaines.
Oui.
Les rêves dont je parle
prennent naissance
dans les cervelles paresseuses
enfant du néant,
produit d'une vaine fantaisie,
progéniture aussi matérielle
que l'air et plus inconstante que le vent,
qui caresse en ce moment
le sein glacé du Nord,
puis dans une bouffée de colère
va se tourner vers le Midi,
encore humide de rosée.
Ce vent dont tu parles
nous emporte loin de nous-mêmes!
Le souper est achevé
et nous arriverons trop ***!
Bien trop tôt, je le crains.
Car mon esprit appréhende qu'un sort
funeste enclos encore dans les astres,
ne fasse une hypothèque amère
et redoutable des réjouissances de cette nuit
et ne marque le terme...
de la vie méprisable
enclose dans ma poitrine...
par quelque vil
arrêt de mort prématuré.
Mais que celui qui tient
le gouvernail de mon destin
commande ma voilure!
En route joyeuse troupe!
LA FETE COMMENCE,
DANS LA DEMEURE DES CAPULET
Ta drogue est foudroyante.
ll fut un temps
où je savais murmurer
des histoires à l'oreille
des jolies dames pour leur plaire.
Amore! Amore!
Amore...
La fiierté peut endurer bien des procès
et la volonté d'acier est inébranlable
Mais mon âme pleure
de regarder les étoiles sans toi
Mon coeur transi
est empli de chagrin
Oh, oh
La douleur...
car je t'embrasse
Oh
je t'embrasse
Madame,
votre mère vous demande!
Touche-moi
Sois vrai et pur
Voulez-vous m'accorder cette danse?
Cet homme-là, Juliette.
Cet homme-là!
Quoi!
Cet esclave s'est permis
de venir insulter notre fête?
Je jure par le sang et l'honneur de ma race
que je me sens fondé à le tuer sur place!
Mon neveu, qu'il y a-t-il?
Pourquoi fulminer ainsi?
Oncle, c'est cet infâme Roméo.
Un ennemi de chez les Montaigu.
- Roméo dis-tu?
- C'est lui.
Allons gentil neveu, calme-toi.
Ne lui cherche pas querelle. Je ne voudrais
pour tous les trésors de cette cité
qu'il lui soit fait outrage
dans ma modeste demeure,
ainsi donc, prends patience,
et ignore sa présence!
Je ne saurais tolérer cet homme.
ll sera pourtant toléré.
Exécution!
Monsieur le freluquet!
J'entends que vous le tolériez.
Exécution!
Mon oncle, c'est une ignominie!
Portez l'émeute parmi nos hôtes?
Est-ce que mon coeur
a aimé jusqu'alors?
Jurez que non, mes yeux,
car je n'avais jamais vu
de vraie beauté jusqu'à ce soir.
Où es-tu maintenant?
Où es-tu maintenant?
Car je t'embrasse
Je t'embrasse maintenant
Si je viens profaner, de ma main
loin d'en être digne, cet autel sacré,
ma pénitence sera douce.
Mes lèvres se prêtent
comme deux belâtres rougissants
à effacer l'affront
de ce rude toucher par un tendre baiser.
Bon pélerin,
vous êtes trop sévère pour votre nom,
qui ne fait que montrer dévotion courtoise.
Car les saintes ont des mains
que tout pélerin est en droit de toucher.
Paume contre paume,
tel est le pieu baiser des pélerins.
Les saintes n'ont-elles pas de lèvres,
tout comme les pélerins?
Oh oui pélerin, des lèvres
qu'il leur faut garder pour prier.
Et bien chère sainte,
fassent les lèvres comme les mains.
Elles prient, exauce-les, de crainte
que leur foi ne se change en désespoir.
Une sainte demeure immobile,
même si les prières sont exaucées.
Alors ne bouge pas,
tandis que je recueille le fruit de mes prières.
Dave!
Ainsi le péché qu'ont commis
mes lèvres par tes lèvres se trouve effacé.
Alors le péché passe
sans celle qui vous l'ôte?
Quoi, tu me l'aurais pris?
Quelle douce façon de pousser à la faute!
Rends-moi mon péché.
ll y a de la religion
dans vos baisers.
Juliette! Juliette! Oh!
Juliette?
Juliette!
Madame, votre mère aimerait beaucoup
vous dire un mot.
Venez par ici!
C'est une Capulet?
ll s'appelle Roméo et c'est un Montaigu,
le fils unique de votre grand ennemi.
Viens partons.
Nous avons vu le meilleur de la fête.
Oui, j'en ai peur.
C'est mon malheur qui vient ensuite.
Je suis un beau morceau de chair!
Je suis un beau morceau de chair!
Je suis un beau morceau de chair! Je suis!
Mon unique amour a jailli
de mon unique haine.
Je l'ai connu trop ***
et vu trop tôt sans le connaître.
Prodigieux amour auquel je viens de naître,
qui m'impose d'aimer un ennemi détesté.
Je vais me retirer,
mais son intrusion de ce soir,
aussi douce qu'elle puisse sembler,
lui vaudra d'amers regrets.
Un beau morceau de chair! Je suis...
un beau morceau de chair...
Roméo!
- Roméo!
- Roméo!
Roméo!
Caprices!
Passion! Amoureux fou!
Je t'en conjure
par les yeux brillants de Rosaline,
son vaste front
et sa lèvre purpurine,
par son pied menu,
sa jambe droite et sa cuisse frémissante!
Oh Roméo, si tu étais la queue d'une poire,
et elle une nèfle fendue...
Qui se rit des cicatrices,
celui qui n'a jamais été blessé.
Roméo!
Bonne nuit!
Je vais dans mes draps de belle toile,
j'ai trop froid pour la belle étoile.
Silence!
Quelle lumière brille à cette fenêtre?
C'est l'est,
et Juliette est le soleil.
Lève-toi beau soleil,
et tue cette envieuse lune,
déjà malade et pâle de chagrin,
en voyant sa servante
beaucoup plus belle qu'elle.
Ne sois pas sa servante
puisqu'elle est envieuse.
Sa robe virginale est maladive
et blême. Seules les folles la portent.
Oh, retire-la!
C'est elle, c'est mon amour.
Oh, si elle savait que je l'aime!
Hélas!
Elle parle.
Oh, parle encore, bel ange!
Roméo.
Oh, Roméo!
Pourquoi donc es-tu Roméo?
Renie ton père
et refuse le nom qu'il t'a transmis.
Ou si tu ne veux pas, fais serment
de m'aimer, je cesserai d'être une Capulet.
Dois-je en entendre davantage,
ou dois-je répondre à cela?
C'est ton nom seulement
qui est mon ennemi.
Tu resterais toi-même
si tu n'étais pas un Montaigu.
Qu'est-ce qu'un Montaigu?
Ce n'est pas la main,
ni le pied, ni le bras,
ni le visage,
ni la moindre partie
de la personne humaine.
Oh, prends un autre nom!
Qu'est-ce qu'un nom après tout?
Si celle que nous appelons une rose portait
un autre nom, ne sentirait-elle pas aussi bon?
Roméo, même s'il ne s'appelait pas Roméo,
garderait cette perfection
qui m'est chère, quelque soit son titre.
Ah, Roméo, défais-toi de ton nom,
qui n'est pas ta personne et, à la place
de ce nom, prends-moi toute entière.
Je vais te prendre au mot.
N'es-tu pas Roméo
du clan des Montaigu?
Ni l'un ni l'autre, pure beauté,
si l'un et l'autre te déplaisent.
Comment es-tu entré,
dis-moi, et dans quel but?
Les murs de ce jardin
sont escarpés,
ta mort certaine
dans cet endroit, étant qui tu es.
Sur les ailes légères de l'amour,
j'ai volé par-dessus ces murs.
Des clôtures de pierre
ne sauraient barrer la route à l'amour,
qui ouvre toujours
ce qui lui est possible.
Et voilà pourquoi
ta famille ne saurait m'arrêter.
S'ils te voient, ils te tueront.
J'ai le manteau de la nuit
pour me dérober à leurs yeux.
Mais si tu ne m'aimes pas,
laisse-les me trouver ici.
Mieux vaut perdre la vie
par leur haine qu'attendre la mort
sans être aimé de toi.
Tu sais que le masque de la nuit
couvre mon visage,
sinon l'embarras d'une fille
empourprerait mes joues
pour les mots que tu m'as entendu
prononcer ce soir.
Oh, comme je voudrais
respecter les formes,
je voudrais...
je voudrais effacer ses paroles mais...
..mais non, adieu les apparences.
Est-ce que tu m'aimes?
Je sais que tu vas dire oui
et je te croirai sur parole,
mais si tu fais un serment,
tu ne peux le violer.
O noble Roméo, s'il est vrai
que tu m'aimes, proclame-le sincèrement.
Madame,
je m'engage par cette lune sacrée
qui dépose ses gouttes d'argent
sur la cime des arbres...
Ne jure pas par la lune!
Cette inconstante qui en un mois
varie constamment sur son orbe,
de crainte que ton amour
ne devienne aussi variable.
Et par quoi faut-il que je jure?
Ne jure pas du tout.
Ou alors si tu veux,
jure par ton adorable personne
qui est le dieu de mon idolâtrie,
et je te croirai.
Si l'amour...
de mon coeur...
Oh non, ne jure pas! Bien que tu sois ma joie,
ce serment cette nuit ne m'en donne aucune.
C'est trop brutal, trop irréfléchi,
trop soudain, tout comme l'éclair
qui cesse d'être
avant qu'on ait pu dire ''il éclaire''.
Bonne et douce nuit!
Ce bourgeon de l'amour,
s'il mûrit dans la brise d'été,
sera peut-être une splendide fleur
à notre prochaine rencontre.
Bonne nuit.
Bonne nuit!
Vas-tu me laisser aussi insatisfait?
Quelle satisfaction veux-tu avoir ce soir?
L'échange de ton voeu
d'amour fidèle contre le mien.
Je te l'avais donné
avant que tu l'aies demandé!
Juliette!
Trois mots cher Roméo,
et bonne nuit encore.
Si le but que poursuit ton amour
est honorable et ton propos le mariage,
fais-moi dire au matin
par quelqu'un que je veillerai à t'envoyer,
l'endroit et l'heure
à laquelle tu entends accomplir le rite,
et je déposerai
mon destin à tes pieds
et te suivrai mon seigneur
jusqu'au bout du monde.
Julieta!
Voilà, voilà, voilà, j'arrive!
Mais si ton but est déloyal,
je te supplie de...
- Juliette!
- Voilà, voilà, j'accours!
de..cesser de me poursuivre
et de me laisser à mes larmes.
Demain j'envoie quelqu'un.
Pour le bien de mon âme.
Mille fois bonne nuit.
Nuit mille fois assombrie
de perdre ta clarté!
Juliette!
Julieta!
Bonne nuit.
L'amour bondit vers l'amour,
comme l'écolier referme le livre;
mais l'amour et l'amour se quitte,
le regard lourd,
comme l'écolier va à l'école.
Roméo!
A quelle heure demain
dois-je envoyer quelqu'un?
Que ce soit pour neuf heures.
Je n'y manquerai pas.
Cela me semble vingt ans jusque là.
Bonne nuit.
Bonne nuit. Bonne nuit.
Le chagrin de se séparer
est tellement doux
que je te dirais
inlassablement bonne nuit.
Juliette!
Toi et moi toujours
et pour toujours
Toi et moi toujours
et pour toujours
Ca a toujours été toi et moi...
O puissante et bénéfique est l'action
des plantes, des herbes et des pierres
quand on connaît leurs qualités.
Car il n'est rien
de si vil sur cette terre
qui n'apporte quelques bienfaits particuliers
à ceux qui y vivent.
Et rien n'y excelle, au point que
détourné de son véritable usage,
il ne finisse par se rebeller,
se perdre et trébucher.
La vertue elle-même
mal employée devient vice,
et le vice, bien souvent par l'action
peut être racheté.
Sous la jeune écorce
de cette fleur fragile,
un poison a sa demeure,
et un remède y puise sa puissance.
Si on la respire,
elle stimule l'odorat et toutes les facultés.
Si on l'absorbe,
elle éteint tous les sens et le coeur.
Ainsi deux despotes en guerre ont établi leur
camp dans la plante comme dans l'homme,
grâce et l'esprit rebelle.
Quand le plus mauvais des deux est
prédominant, aussitôt le chancre de la mort
dévore la plante que nous sommes.
Bonjour, mon père!
Bénédicité!
Quelle est cette voix qui,
dès l'aurore, si gracieusement me salue?
Bonjour, Roméo.
Bonjour.
Mon jeune fils, c'est le propre d'un esprit
chagrin de quitter son lit si tot.
Sauf bien entendu si,
et je le devine cette fois,
notre Roméo a déserté son lit cette nuit!
Tu as touché juste,
et mon repos n'en fut que meilleur.
Dieu pardonne au pécheur!
Etais-tu avec Rosaline?
Avec Rosaline?
Mais non, cher confesseur!
J'ai oublié ce nom
et les peines de ce nom.
Voilà qui est bien, cher fils.
Mais alors où étais-tu?
Je suis allé à la fête qu'offrait mon ennemi
et là, soudain, quelqu'un m'a blessé
que j'ai blessé moi aussi.
Pour nous deux, le remède
dépend de toi et de ta médecine sacrée.
Sois plus clair, doux enfant,
et explique-toi sans artifice.
Une confession qui fait semblant
n'obtient qu'un semblant d'absolution.
Soit, apprends donc
que mon coeur s'est épris cette nuit
de la fille du riche Capulet.
Nous nous sommes rencontrés,
nous nous sommes reconnus et,
nous avons échangé nos voeux.
Je t'expliquerai chemin faisant
mais avant tout je te prie
de consentir à nous marier dès aujourd'hui.
Grand saint François!
Peut-on changer de la sorte!
Cette Rosaline pour laquelle tu avais
tant de passion, est-elle si vite délaissée?
L'amour des jeunes gens en vérité n'est
pas dans le coeur mais plutôt dans les yeux.
Tu m'as souvent reproché
mon amour pour Rosaline.
Votre idolâtrie,
pas votre amour, mon fils.
Je t'en prie...
ne me gronde pas!
Celle que j'aime à présent me rend
grâce pour grâce et amour pour amour.
ll n'en allait pas ainsi de l'autre.
Oh oui, elle voyait que
ton amour récitait son couplet
par coeur, sans avoir appris à lire.
Peut-être suis-je comme ma mère
Elle n'est jamais satisfaite
Cette union, par un heureux effet,
pourrait changerla haine
entre vos clans
en pure amour.
Voici à quoi ressemblent
les pleurs d'une colombe
Suis-moi, viens,
jeune inconstant, viens avec moi.
J'ai, pour t'apporter mon aide,
une excellente raison.
Cette union, par un heureux effet,
pourrait changer la haine
entre vos clans en pur amour.
Alors mon père,
nous n'avons plus une minute à perdre.
Avec sagesse et lenteur.
On trébuche quand on se précipite.
Peut-être suis-je trop exigeant
Peut-être suis-je
comme mon père, trop hardi
Peu-être suis-je comme ma mère
Elle n'est jamais satisfaite
Pourquoi nous crions-nous dessus?
LE MARCHAND DE VERONE
LES REVES SONT FABRIQUES
TIREZ UN COUP DU TONNERRE
Voici à quoi ça ressemble
Voici à quoi ça ressemble
Voici à quoi ça ressemble
Où diable ce Roméo peut-il être?
ll n'est pas rentré cette nuit?
Pas chez son père;
j'ai parlé à son domestique.
Toujours cette pâle donzelle
au coeur de pierre, cette Rosaline
qui le tourmente au point
qu'il en deviendra fou.
Tybalt lui a envoyé
une lettre chez son père.
- Je suis sûr que c'est pour le défier!
- Roméo répondra?
N'importe qui sachant écrire
peut répondre à une lettre.
Non, c'est à l'auteur de la lettre qu'il répondra.
Que je te nargue ceux qui me narguent!
Oh hélas, le pauvre Roméo, il est déjà mort!
Poignardé par l'oeil noir
d'une blanche demoiselle!
L'oreille perforée par une chanson d'amour!
La cible de son coeur fendue
par la flèche de l'archer aveugle!
Et ce serait cet homme-là
qui affronterait Tybalt?
- Pourquoi, c'est quoi Tybalt?
- Beaucoup plus que le roi des chats!
ll est le vaillant maître
des cérémonies du poing d'honneur!
ll se bat ainsi qu'on chante,
au pied de la note.
Respecter le rythme,
les écarts et la proportion.
ll observe les plus petites pauses.
Un, deux et à trois...
c'est pour toi.
Un vrai massacreur de boutons de soie.
Un duelliste.
pour tous les prétextes prêt à se battre.
Un passado inoubliable!
Un punto reverso!
Et un... hop!
Un quoi?
Le voici Roméo.
Roméo!
Benvolio!
Signor Romeo, le bonjour!
C'est un salut à la française,
pour s'accorder à votre costume.
Tu t'es conduit
comme un faussaire hier soir.
Le bonjour à vous deux.
Un faussaire, de quoi parles-tu?
De compagnie, tu nous a
faussé compagnie. Cela t'a échappé?
Pardon, cher Mercutio.
J'avais une affaire importante.
Dans un cas comme le mien,
on peut faire violence
à la politesse!
Dans un cas comme le tien,
il s'agit plutôt de la peau des fesses!
- Tu parles des frais de la politesse?
- Comme tu as joliment détourné la chose.
Tu l'avais si courtoisement introduite.
Oui, je suis une véritable perle
en matière de courtoisie.
- La fine fleur!
- Voilà.
Pourtant, mes propres perles
frisent la perfection!
Oh, c'est joli!
Te voilà enfin sociable.
Te voilà redevenu Roméo!
Maintenant tu es toi-même,
tels que l'art et la nature t'ont fait!
Oh, quel attirail!
Salutations, élégante et gracieuse dame.
Je désire avoir une conversation avec vous.
Oh, une maquerelle!
Une maquerelle! Une maquerelle!
Une maquerelle!
Une maquerelle!
Roméo!
Roméo!
Roméo!
Nous allons chez ton père.
Viendras-tu?
Nous allons y dîner.
Allez, je vous y rejoins tout de suite.
Adieu, dame du temps jadis. Adieu!
Au cas où vous auriez l'intention
de fourvoyer ma maîtresse, sachez que
ça serait, comme on dit,
une conduite indigne,
car elle est toute jeunette,
et donc, si c'est pour mener
un double jeu avec elle,
ce serait vraiment un mauvais tour
à lui jouer, et un vilain procédé.
Prie-la de venir à confesse
cet après-midi.
Ainsi, dans la cellule du frère Laurent,
ta maîtresse se verra confessée...
et mariée.
Aime-moi, aime-moi
Dis-moi que tu m'aimes
Dupe-moi, dupe-moi
Vas-y, dupe-moi
Aime-moi, aime-moi
Fais semblant de m'aimer
Alors douce nourrice! Quelles nouvelles?
- Nourrice! - Je suis épuisée!
Laisse-moi le temps de souffler!
J'ai mal à ma pauvre carcasse!
C'est que j'en ai fait
une équipée sauvage!
J'échangerais volontiers
ma pauvre carcasse contre tes nouvelles.
Allez, je t'en prie, raconte-moi!
Doux Jésus, quel hâte! Tu ne peux
donc pas attendre un petit instant?
Tu vois bien
que je suis complètement hors d'haleine!
Comment oses-tu dire
que tu es complètement hors d'haleine
puisqu'il t'en reste assez
pour dire que tu es essoufflée?
Est-ce que les nouvelles
sont bonnes ou mauvaises? Réponds à cela!
Ma foi, tu n'as pas fait la difficile.
Tu ne t'y entends guère pour choisir un mari.
Roméo? Non, pas lui.
Quoique son visage
soit plus agréable que tout autre,
et que sa cuisse soit sans pareille,
ainsi que, faut-il ajouter,
sa main, son pied et le reste.
De tout cela, je suis la plus convaincue.
Mais que dit-il de notre mariage?
Qu'en dit-il?
Mon dieu, que la tête
me fait mal! A...i...e, a...i...e ma tête!
- Et mon pauvre dos!
- Oh, la pauvre!
De l'autre côté!
Oh, comme j'ai mal!
Vrai, je suis bien triste de te voir souffrir.
Ma douce, ma si douce nourrice!
Répète-moi ce qu'a dit mon adoré.
Votre adoré a dit,
en honnête gentilhomme qu'il est,
et courtois, et galant et joli garçon,
et plein de vertus, je puis l'assurer.
- Où est donc votre mère?
- ''Où est donc votre mère?''
Quelle étrange façon de répondre!
Votre adoré a dit, en honnête
gentilhomme, où est donc votre mère?
Ah sainte vierge! Quelle ardeur!
A l'avenir tu feras tes commissions toi-même!
Oh, que d'histoires!
Répète-moi ce qu'a dit Roméo!
Vous aurez, je le crois,
la permission d'aller à confesse aujourd'hui.
Oui, en effet.
Alors hâtez-vous d'aller
rejoindre le frère Laurent dans sa cellule.
Avec lui vous attend un époux
qui fera de vous sa femme!
Tout le monde a le droit de se sentir bien
de se sentir bien
Mes frères et soeurs
Ensemble nous réussirons
Oh-oh, yeah
Un jour un esprit te montrera le chemin
Je sais que tu as souffert
Mais j'attendais de pouvoir t'aider
et je suis prêt à t'aider
toutes les fois que cela me sera possible
Nous sommes tous libres
Nous sommes tous libres
Oh, yeah
Ces violents plaisirs
ont des fins violentes.
Elles meurent en pleine gloire,
comme le feu et la poudre
que leur étreinte consume.
Le plus doux des nectars
écoeure par sa douceur même.
Ainsi donc, aime modérément.
Roméo te remerciera ma fille,
il le fera pour nous deux.
Oh, se sentir bien
Je t'en prie,
mon bon Mercutio, retirons-nous!
La chaleur est grande,
on a vu dans les rues des Capulet,
et si nos chemins viennent
à se croiser, on est bon pour la querelle.
Tu sais que ces jours de canicule, le sang
est malade et bouillonne dans nos veines.
Nous autres chats...
Toi, tu es comme ces paillards...
qui, dès qu'ils passent
le seuil d'une taverne,
vous flanque son arme sur la table
en s'exclamant: ''Dieu fasse
que je n'aie pas besoin de toi''.
Mais qui, à peine
la deuxième tournée a-t-elle opérée,
dégaine et menace la tenancière,
sans que la nécessité s'en soit fait sentir.
Ouah!
Suis-je un de ces individus?
Tu es ausi brûlé de la tête
que n'importe quel gars d'ici.
Par ma tête, voici les Capulet.
Par mon talon, ça m'est égal.
Suivez-moi de très près.
Messieurs, bonjour.
Un mot avec l'un d'entre vous?
Oh! Seulement un mot
avec l'un d'entre nous!
Doublez la mise!
Accompagnez ce mot d'une...
bourrade!
Vous me trouverez
bien disposé à cela, monsieur,
si vous m'en offrez l'occasion.
Ne pouvez-vous pas vous saisir
une occasion sans qu'on vous l'offre?
Mercutio!
Tu es toujours de concert avec Roméo?
De concert!
Quoi,
tu nous prends pour des musiciens?
Si tu nous prends pour des
musiciens, attends-toi à des dissonances!
Tiens, voici mon archet!
ll va nous faire danser, parbleu!
Et de concert!
Retirez-vous dans quelque endroit privé,
pour discuter de sang froid vos griefs
ou séparez-vous là.
Tous les yeux sont sur nous!
Les yeux sont faits pour
regarder. Qu'ils nous regardent!
Quant à moi,
personne ne me fera bouger de là.
La paix sur vous, monsieur,
car mon homme approche.
Mercutio!
Roméo!
L'amour que je te porte ne me dicte pas
d'autres mots que ceux-ci:
Tu es une racaille!
Tybalt,
la raison que j'ai, moi, de t'aimer...
me pousse à excuser
l'apparente violence d'un tel salut.
Je ne suis pas ce que tu dis.
Ainsi donc, au revoir.
Je sais que tu me connais mal.
Mon garçon, ceci ne saurait
excuser tous les torts que tu as faits.
Tourne-toi et dégaine!
Tourne-toi et dégaine!
Tourne-toi et dégaine.
- Tourne-toi!
- J'affirme que je ne t'ai fait aucun tort,
et je t'aime bien plus
que tu le pourrais croire
tant que tu ne connaîtras pas
la raison de mon amour.
Aussi, cher Capulet,
dont je chéris le nom,
tout autant que le mien,
estime-toi satisfait.
Estime-toi satisfait.
O l'infâme,
l'abjecte soumission!
Un peureux! Tiens!
Tybalt!
Terreur des rats!
Veux-tu faire un tour?
Que veux-tu?
Prince des chats,
une seule de tes neuffilles!
Je suis à toi!
Non, arrêtez-vous, Mercutio!
- Tu es blessé? - Oui, oui, une égratignure,
une égratignure.
Une égratignure!
Une égratignure...
Une égratignure!
Courage, mon ami.
Ce n'est qu'une petite blessure.
Elle fera bien l'affaire.
Viens me voir demain. Tu me trouveras
froid comme une pierre tombale.
La peste soit...
de vos deux maisons!
lls ont fait de moi
de la viande pour la vermine.
La peste, la peste soit
de vos deux maisons!
De vos deux maisons!
De vos deux maisons!
De vos deux maisons!
De vos deux maisons!
Non!
Pourquoi diable
t'es-tu jeté entre nous?
J'ai été touché par-dessous ton bras.
J'ai cru agir pour le mieux!
La peste soit de vos deux maisons.
Non! Non!
Non! Non!
Viens!
Mercutio!
Viens, douce nuit.
Viens vite, amoureuse au front noir.
Donne-moi mon Roméo.
Et quand je mourrai, que tu le prennes
et l'éclates en petites étoiles,
dès lors,
il embellira tant le visage du ciel,
que tout l'univers
sera amoureux de la nuit
et que nul ne pourra plus
adorer l'aveuglant soleil.
O, j'ai acheté
la demeure d'un amour,
mais je n'en ai pas
encore pris possession,
et je suis moi-même acquise,
sans encore en jouir.
Oh...ce jour se traîne
comme la nuit précédent
une fête, pour l'impatiente
qui a une nouvelle robe,
mais ne peut encore la porter.
L'âme de Mercutio n'est pas
très loin encore au-dessus de nos têtes.
Elle n'attend
que la tienne pour lui faire l'escorte!
C'est à toi, morveux,
d'aller la retrouver!
ll faut que toi,
ou moi, ou nous deux,
nous allions le rejoindre!
ll faut que toi, ou moi,
ou nous deux, nous allions le rejoindre!
ll faut que toi,
ou moi, ou nous deux,
nous allions le rejoindre!
Ah! Me voilà le jouet de la fortune!
Roméo!
Sauve-toi, va-t'en,
sors de ta stupeur!
Va-t'en!
Roméo!
Tybalt!
Où sont les vils instigateurs
de cette bagarre?
Benvolio,
qui a provoqué ce combat meurtrier?
Roméo leur a crié:
''Arrêtez, arrêtez amis!''
Tybalt ôte la vie au vaillant Mercutio,
et Tybalt gît ici...
où la main de Roméo l'a tué.
Prince!
Si tu es juste,
au prix de notre sang,
que soit versé celui des Montagüe!
Roméo...
qui lui parlait avec sagesse,
ne pouvait mettre un frein
à la bile impétueuse de Tybalt...
sourd à ses offres de paix.
C'est un parent des Montagüe.
L'affection le fait mentir.
Je réclame justice.
Tu dois, Prince, me l'accorder!
Roméo a tué Tybalt.
Roméo doit cesser de vivre!
Roméo l'a tué.
Mais il a tué Mercutio.
Qui va payer le prix
de ce sang qui m'est cher?
Pas Roméo, Prince.
Mercutio était son ami.
Sa faute n'a consisté qu'à prendre
ce que la loi eut tranchée: la vie de Tybalt.
Et pour cette offence,
je le bannis sur le champ.
Noble Prince...
Je serai sourd aux plaidoyers
et aux excuses!
Ni larmes ni prières
ne pourront racheter vos fautes!
Elles ne sont donc d'aucune utilité.
Que Roméo s'en aille à la hâte!
L'heure, où on le trouverait ici,
serait pour lui la dernière!
Roméo est banni!
Le bannissement...
Dis-moi plutôt la mort, sois charitable.
Car s'il est une chose
plus affreuse que la mort, c'est bien l'exil.
Oh non! Pas le bannissement.
L'affliction s'est amourachée
de ton mérite, et te voilà marié à la calamité.
Tu es banni d'ici,
tu es banni de Vérone.
Sois patient,
immense est le monde et sans limite.
ll n'y a pas de monde
hors des murs de Vérone.
Etre banni d'ici, c'est l'être aussi du
monde, et l'exil loin du monde, c'est la mort.
Le bannissement,
c'est la mort sous un faux nom.
En disant que je suis banni et non mort,
vous me décapitez avec une hache en or
et vous souriez
en me portant ce coup qui m'est fatal.
O péché mortel! Grossière ingratitude!
C'est une grâce exceptionnelle,
tu n'en as nulle reconnaissance.
Allez!
- Je viens de la part de Madame Juliette!
- Alors, bienvenue.
Où est le seigneur de Madame?
Roméo, par ici.
- Ah, monsieur!
- Nourrice.
Ah, monsieur!
La mort, c'est la fin de tout.
Parles-tu de Juliette?
Où est-elle?
Que devient-elle?
Et que dit-elle ma secrète épouse
de notre amour anéanti?
Oh, elle ne dit rien monsieur,
mais pleure et pleure,
puis s'écrit Roméo
et elle s'effondre sur son lit.
Comme si ce nom, telle une
balle l'atteignant de plein fouet
et l'abattant, aussi sûrement
que la main maudite qui a tué Tybalt!
Je te croyais fait
d'un plus riche métal.
Ta Juliette est vivante.
Voilà qui est heureux.
Tybalt voulait te tuer,
mais c'est toi qui l'a abattu.
Voilà qui est heureux.
La loi, qui te menaçait de mort,
devient ton ami et la transforme en exil.
Voilà qui est heureux.
Une pluie de bénédictions
tombe sur ta personne.
Pourquoi insulter
ta naissance, le ciel et la terre,
quand ta naissance, le ciel et la terre,
se sont tous trois unis pour que tu sois!
Tenez, voici un anneau
que madame m'a priée de vous remettre.
Oh! Comme ceci ranime ma confiance!
Va.
Rends-toi chez ton aimée
comme il était convenu.
Monte jusqu'à sa chambre,
va, et réconforte-là.
Hâtez-vous tous les deux!
Mais toi...
Veille à ne pas passer l'heure de la garde,
car tu ne pourrais plus rejoindre Mantoue,
où il faut que tu vives jusqu'à ce que vienne
le temps propre à annoncer votre mariage,
à réconcilier vos amis,
à implorer le pardon du Prince.
Alors, tu pourras revenir à Vérone
avec, en ton coeur, mille fois plus de joie
que tu n'auras versé
de pleurs en partant.
Va vite! Pars au petit matin!
Et attends ton heure à Mantoue!
Adieu.
O Dieu!
La main de Roméo
a versé le sang de Tybalt?
Coeur serpent,
caché sous un visage de fleurs!
Vit-on jamais un livre abriter une aussi
vile matière, sous une reliure aussi belle?
Comment se peut-il que le mensonge
ait une si somptueuse résidence?
Elle ne descendra pas ce soir.
Le temps des soupirs
ne favorise guère les soupirants.
Que voulez-vous!
Son cousin Tybalt lui était cher.
Tout autant qu'à moi.
Enfin,
nous sommes nés pour mourir.
Dès demain matin, je sondrai son coeur.
Ce soir, elle est murée dans son chagrin.
Parlerais-je mal
de celui qui est mon mari?
Oh pauvre seigneur!
Quelle langue caressera ton nom,
quand moi,
ta femme depuis trois heures,je le défiie?
Mais aussi méchant!
Pourquoi me tuer mon cousin?
Je t'embrasse
Car je t'embrasse, o-oh
Je t'embrasse
Je prends sur moi
de vous offrir l'amour de ma fille,
car je pense qu'elle
se conformera en tout point à ma volonté.
Et que dis-je!
Mieux, je n'en doute pas une seconde!
Mais, que penseriez-vous de jeudi?
Mon seigneur, je...
Je voudrais que jeudi fût demain!
Alors ce sera pour jeudi!
Ma femme...
Allez trouver
Juliette avant de vous coucher.
Dites-lui que jeudi,
elle sera mariée à ce noble seigneur!
Tu veux partir?
Le jour n'est pas encore levé.
ll faut partir et vivre,
ou rester et mourir.
Cette lueur n'est pas
celle du jour. Je le sais moi!
C'est quelque météore que le soleil exhale
pour te guider sur le chemin de Mantoue.
Je veux que tu restes encore.
ll n'est point besoin que tu partes.
Soit, qu'on me prenne alors.
Qu'on me mette à mort!
J'ai plus le désir de rester
que la volonté de partir.
Viens mort!
Et sois la bienvenue! Juliette le veut ainsi.
Mon âme, comment vas-tu?
Causons, le jour est encore loin.
Non, il est ici! ll est ici.
Sauve-toi!
Sauve-toi,
il fait de plus en plus clair.
Plus clair, toujours plus clair,
de plus en plus sombres nos tourments.
Madame!
Madame votre mère
vient dans votre chambre!
Ma fille, on est levée?
Fenêtre,
laisse entrer le jour et sortir
la vie!
Juliette?
- Crois-tu que nous ne nous
retrouverons jamais? - J'en suis sûr.
Crois-moi, mon amour. Tous ces
malheurs d'aujourd'hui nous seront l'objet
- de doux entretiens dans les temps à venir.
- Juliette!
Juliette!
O Dieu!
Un présage fatal assombri mon âme!
ll me semble,
à présent que tu es en bas,
apercevoir un mort
au fond de sa tombe.
Adieu!
O fortune, fortune!
Sois inconstante, fortune.
Et ne le retiens pas
longtemps sans me le rendre.
Tu as un excellent père, ma fille.
C'est lui qui,
pour mettre un terme à ton affliction,
a arrangé pour toi
un grand jour de fête,
auquel tu ne t'attends pas,
et que je ne croyais pas si soudain.
Madame, à la bonne heure,
mais ce jour quel est-il?
Et bien ma chère,
au chant du coq, jeudi matin,
ce si galant, jeune et noble gentilhomme,
le comte Paris,
aura le bonheur de te conduire
à l'église St Pierre, où il fera de toi
sa joyeuse épouse!
Ah non, par l'église St Pierre
et Saint Pierre lui-même,
il ne fera pas de moi
sa joyeuse épouse!
Voici ton père. Fais-lui ta réponse.
Et bien, ma femme?
Lui avez-vous notifié notre décision?
Oui, monsieur.
La sotte s'y refuse,
et elle vous remercie.
Je voudrais la voir marier
à son tombeau.
Comment?
Elle s'y refuse?
Elle n'est donc pas flattée?
Ne s'estime-t-elle
pas bénie, indigne comme elle est?
Que, grâce à nos efforts,
ce noble gentleman veut être son mari?
Flattée, sûrement pas,
même si je vous rends grâce pour vos efforts.
Flattée, je ne le serai jamais
d'un projet que je hais!
Faites-moi la grâce de vos grâces!
Mais veuillez prier
vos jolies jambes pour le jeudi qui vient!
Ecoutez-moi avec patience,
je voudrais dire un mot!
Non!
Ca suffit!
Ca suffit!
Tais-toi! Ne réplique pas!
Je ne veux rien entendre!
Vous perdez la tête?
Que le diable t'emporte!
Misérable gourgandine!
Que Dieu la bénisse! C'est vous
qui êtes à blâmer de la rudesse ici!
La paix, stupide nourrice!
Ecoute bien ceci.
Sois jeudi à l'église,
ou n'ose plus jamais me regarder en face!
Si tu veux être ma fille,
je te donnerai à mon ami.
Si tu ne veux pas l'être,
erre, mendie, crève de faim
dans les rues!
Tu peux me croire. Médite la-dessus.
car je tiendrai parole!
O ma tendre mère!
Toi, ne me rejette pas!
Retardez ce mariage
d'un mois, d'une semaine.
Ou, si vous ne le faites pas,
préparez mon lit nuptial
dans ce sinistre monument où repose Tybalt.
Ne t'adresse pas à moi.
Je ne dirai pas un mot.
Fais ce que tu veux faire,
j'en ai fini avec toi.
O Dieu!
O Nourrice! Quel moyen d'empêcher cela?
Qu'en dis-tu? N'as-tu donc
aucune parole de joie pour me réconforter?
Ma foi, je dirais ceci:
Je crois, quant à moi,
qu'il vaut mieux que vous épousiez ce Paris.
Oh, c'est un gentilhomme charmant.
Je crois que la chance
est votre amie dans ce second mariage.
ll surpasse de loin le premier.
Et de toute façon,
le premier est mort hélas!.
Ou il faudrait autant qu'il le fût,
car il est bien loin
et vous ne lui êtes d'aucune utilité.
Me dis-tu cela
du fond du coeur?
Et du fond de mon âme aussi. Sinon
maudits soient-ils l'un comme l'autre!
Amen.
Quoi?
Tu m'as consolée
de mon sort de merveilleuse façon.
Va et dis à ma mère que je me rends,
puisque j'ai déplu à mon père,
chez le frère Laurent,
pour me confesser et recevoir l'absolution.
Elle pleure sans mesure
la mort de son cousin,
à tel point que son père
considère avec quelque inquiétude,
ce chagrin qui sur elle
a pris un tel pouvoir,
et que, dans sa sagesse,
il veut hâter notre mariage,
afin d'endiguer ses larmes excessives.
Ah! Madame, mon épouse,
quelle bonheur de vous voir.
Votre épouse peut-être monsieur,
quand je pourrai être une épouse.
Ce ''peut-être'' ne peut pas ne pas être
et jeudi, il sera.
- Ce qui doit advenir adviendra.
- L'adage est attesté.
Venez-vous à confesse?
Avez-vous un instant de loisir,
mon père, ou dois-je revenir après la messe?
Mon loisir est à toi, pensive Juliette.
Monsieur, s'il vous plait
de nous laisser ensemble.
Oh Dieu me garde
de gêner vos dévotions!
Juliette, jeudi dès l'aurore,
je viendrai vous éveiller.
Jusque là, adieu
et gardez ce pieu baiser.
Ne me dis pas, frère,
que tu as su la chose
sans m'enseigner comment
je pourrais l'empêcher!
Juliette, la chose, hélas,
dépasse le pouvoir de mon esprit!
Si malgré ta sagesse
tu ne peux te montrer secourable,
admets au moins
que ma résolution est sage,
- etje l'exécuterai ici même, sans tarder!
- Mon enfant!
Parle sans retard!
ll me tarde à moi de mourir!
Je crois entrevoir une ombre d'espoir,
qui requiert
toute l'énergie d'un désespoir
égale au malheur
que nous voulons éviter.
Si, plutôt que d'être mariée à ce Paris,
si tu as le courage
et la force d'attenter à tes jours,
il est probable
que tu sauras affronter l'image de la mort,
pour éviter l'ignominie.
Et si tu oses cela,
je te donnerai ton remède.
Aucun souffle, aucune moiteur
ne trahiront le fait que tu vis.
Chaque membre,
dépourvu de sa souple mobilité,
sera raide,
froid et dure, comme sous le linceul.
Alors, lorsqu'à la pointe de l'aube,
le fiancé viendra te tirer de ton sommeil,
il te trouvera morte.
Tu seras transportée
sous ces vénérables voûtes
où sont ensevelis tous les Capulet.
Là, sous cet aspect emprunté
de cadavre sec,
tu resteras sans souffle
durant 24 heures,
puis tu t'éveilleras,
comme après t'être assoupie.
Au préalable,
dans l'attente de ton réveil,
Roméo, apprenant par mes lettres,
tous les détails de notre plan,
accourra, et cette même nuit,
tous deux vous vous enfuirez à Mantoue.
Je te donne cette fiole,
emporte-là dans ta chambre.
et une fois dans tes draps,
vide-la d'un seul trait.
J'adresse sur le champ
ma lettre à ton seigneur.
Y a quelqu'un?
NOUS SOMMES PASSES
POUR LlVRER UNE LETTRE URGENTE.
Et si cette mixture était inefficace?
Serai-je alors mariée demain matin?
- Que fais-tu? As-tu besoin de moi?
- Non, madame.
Nous avons choisi tout le nécessaire
qui convient à la grande journée de demain.
Laissez-moi seule à présent, je vous prie. Que
la nourrice veuille auprès de vous cette nuit.
Vous avez, je suis sûre,
beaucoup à faire
en ces circonstances si pressantes.
Bonne nuit.
Couche-toi vite et repose-toi.
Tu en as grand besoin.
Adieu madame.
Dieu sait quand nous nous reverrons.
Bonne nuit.
Roméo,
je bois à toi.
Requiem...
Comme le veut l'usage, dans ses plus beaux
atours, qu'on la porte à l'église.
Et depuis ce matin,
une ardeur singulière
me remplit de joyeuses pensées.
Je plane.
J'ai rêvé que Juliette arrivait
et me trouvait mort
et ses baisers insufflaient
tant de vie à mes lèvres que je renaissais,
et devenait empereur.
Oh moi!
Comme il doit être doux
l'amour que l'on possède,
si la seule ombre
de l'amour prodigue tant de joies!
Des nouvelles de Vérone!
Alors, Balthasar?
Tu ne m'apportes pas
une lettre du prêtre?
Qu'en est-il de ma dame?
Est-ce que mon père va bien?
Hein? Comment se porte ma Juliette?
Le malheur n'existe pas si Juliette va bien.
Alors le malheur n'existe pas.
Son corps repose
dans la chapelle de son clan
et son âme immortelle vit avec les anges.
Je l'ai vue étendue.
Pardonne-moi d'apporter
de si tristes nouvelles.
C'est ainsi donc?
Je te défie mauvaise étoile!
Juliette!
Juliette!
- Je partirai ce soir.
- Arme-toi de patience!
Laisse-moi!
Ta pâleur et tes yeux égarés
présagent un malheur.
Non! Erreur! Tu te trompes!
N'as-tu donc pas pour moi
une lettre du prêtre?
Qu'importe.
Tiens bon, Juliette.
Je serai près de toi cette nuit.
Je partirai ce soir.
Roméo est dans l'enceinte de Vérone.
La peur me saisit!
O combien j'appréhende
quelque issue fatale!
La lettre était d'une grande importance!
Je n'ai pu l'envoyer
ni trouver de messager qui puisse la remettre.
C'est une négligence
qui peut causer bien des malheurs.
Qu'on m'amène ces ennemis,
Capulet et Montaigu!
Donne-moi ce qu'il faut de poison,
et je veux que ce soit une drogue
si prompte à se répandre dans les veines
que celui qui est las de vivre
s'écroule dans l'instant.
J'ai ce poison fatal, mais Vérone a ses lois
et celui qui en cède, elle le condamne à mort.
Le monde est ton ennemi,
tout autant que sa loi!
Alors enfreins-la,
ne sois plus pauvre,
et prends ça!
Ma pauvreté consent
mais non ma volonté.
Je paie ta pauvreté
et non ta volonté.
Buvez toute la fiole,
et eussiez-vous
la force de 20 hommes, cela vous expédierait.
Voici l'or.
Un pire poison pour la conscience
que ces pauvres mixtures
dont le commerce est interdit.
Roméo n'en a donc pas eu connaissance.
Je vais réécrire à Mantoue.
D'ici une heure,
la belle Juliette va s'éveiller.
Elle cille, elle s'agite.
- Je t'en conjure.
- Vis et prospère, compagnon.
Adieu.
Si tu le veux.
Ne tentez pas un homme au désespoir!
Non! Non!
Non!
Rengainez! Non!
Ma bien aimée...
Ma femme...
La mort qui a recueilli le miel de ton haleine
n'a pas encore eu prise sur ta beauté.
Tu n'es pas encore conquise.
La beauté règne, rouge oriflamme,
à tes lèvres et sur tes joues,
et la mort n'y brandit
pas encore son divin étendard.
Juliette,
pourquoi demeures-tu encore si belle?
Le spectre immatériel
de la mort serait-il amoureux?
Te tient-il prisonnière de ses ténèbres
pour faire de toi sa maîtresse?
Oui,
c'est ici que mon repos éternel doit se jouer,
et soustraire à la funeste influence
des astres mon corps las de l'existence
Un dernier regard, mes yeux.
Une ultime étreinte, mes bras.
Et vous mes lèvres,
seuil du souffle vital,
d'un baiser nuptial vous salue.
Eternel pacte,
avec la mort vorace.
Roméo...
Qu'est-ce que ceci?
Du poison?
Et plus une goutte! Tu ne m'en as pas laissé
pour venir te rejoindre.
Je vais te donner un baiser,
en espérant que du poison
s'attarde sur tes lèvres.
Comme elles sont chaudes.
Ainsi...
sur un baiser...
je meurs.
JE T'AlME
Voyez quel fléau s'abat sur votre haine,
et comment, par l'amour,
le ciel aura tué vos joies!
Et en fermant les yeux sur vos discordes,
j'ai moi-même perdu deux parents.
Nous sommes tous punis!
Tous! Tous! Nous voilà châtiés!
La sombre paix
que nous apporte cejour.
De douleur,
le soleil ne montre point son nez.
Allons, de tout cela,
discuter alentours.
Certains seront punis, et d'autres pardonnés.
Mais jamais amours n'entraînèrent pires
maux que celles de Juliette et de son Roméo.